Texte intégral
DIMITRI PAVLENKO
C'est l'heure de retrouver Sonia MABROUK pour " La grande interview " Europe 1/Cnews.
SONIA MABROUK
C'est " La grande interview " Cnews et Europe 1. Bonjour à vous Clément BEAUNE.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
Et bienvenue, vous êtes le ministre en charge des Transports. Votre parole, Monsieur le Ministre, est très attendue, sur des sujets très concrets de préoccupations majeures, sur les prix à la pompe, sur l'inflation, on va en parler. Mais pendant ce temps, 12 heures d'échanges, 12 heures de débats, de discussions, entre Emmanuel MACRON et les chefs des partis invités à Saint-Denis. Vous parlez, alors que les Français attendent des gestes concrets. Qu'en est-il ressorti, de manière très précise ?
CLEMENT BEAUNE
D'abord, dans une démocratie, je pense que c'est toujours important d'avoir un temps de discussion, même et surtout d'ailleurs avec ceux qui ne pensent pas comme vous, avec des oppositions. C'est le signe d'une démocratie mature, responsable. C'était un pari. On a beaucoup glosé, voire ricané parfois sur le fait que tel ou tel ne viendrait pas. Tout le monde est venu autour de la table, avec ses convictions, sans renoncement. Tout le monde semble être resté longtemps, donc il n'y a pas eu de portes qui claquent ou de personnes qui auraient quitté la table des discussions.
SONIA MABROUK
Et pour quel résultat ?
CLEMENT BEAUNE
Eh bien d'abord, pour un certain nombre de premiers résultats concrets, par exemple l'idée d'une Conférence sociale. C'était demandé par certains partis, par certains syndicats de longue date. C'était des chantiers évoqués au moment de la réforme des retraites, on sait qu'il y avait des préoccupations qui se sont exprimées à cette occasion, qui dépassaient le cadre de la réforme des retraites elle-même, je pense à la pénibilité, aux carrières, au déroulement des carrières, à ce qu'avait dit le président lui-même pour les branches qui sont encore aujourd'hui sans salaire minimum. Un travail pour les salaires. Et donc c'est une bonne idée, une bonne chose qu'il y ait des projets concrets comme celui-ci, qui puissent réunir les différentes forces politiques.
SONIA MABROUK
Donc, si on vous comprend bien, une réunion pour décider d'une nouvelle réunion.
CLEMENT BEAUNE
Non. Je pense que…
SONIA MABROUK
C'est un petit peu ça.
CLEMENT BEAUNE
Moi j'assume que dans une démocratie il y ait du débat et de la parole. Le président de la République, il a fait une initiative inédite. On est dans une situation qui est aussi très particulière sur le plan géopolitique, on a la guerre à nos portes sur le Continent, ça a des liens directs avec la vie quotidienne d'ailleurs, quand il se passe, ce qui se passe en Ukraine et en Russie ça a des impacts sur le prix du carburant, sur le prix de l'énergie par exemple. C'était important aussi de demander aux différents partis politiques ce qu'ils pensent de ce qu'on doit faire en termes de politique européenne, de politique internationale. Ce qu'ils pensent en matière de décentralisation.
SONIA MABROUK
Vous les entendez matin midi et soir, donc on sait ce qu'ils pensent.
CLEMENT BEAUNE
Non, je peux vous dire, moi je prends un exemple très concret. Je travaille à un plan d'investissement dans les transports, notamment 100 milliards d'euros pour le ferroviaire. Je suis en train de consulter justement tous les groupes politiques pour leur demander s'ils sont prêts à voter avec nous ces investissements dans le train, dans la planification écologique, parce qu'on doit pouvoir se retrouver sur des sujets. Ça ne veut pas dire que par un coup de baguette magique et même par des heures importantes de discussions, on va tomber d'accord sur tout. Il y a un Parlement où chacun s'exprimera ensuite, c'est normal, mais qu'on puisse en France, ce que font beaucoup de démocraties parlementaires européennes, avoir des temps de discussions, poser des constats communs, ne pas s'invectiver, on est tellement dans une période où on s'insulte et on s'invective, qu'autour du président de la République lui-même, qui a pris ce risque et cette initiative, écouter et avancer, parce qu'il y aura…
SONIA MABROUK
Alors, avancer comment ?
CLEMENT BEAUNE
… un relevé de conclusions, de travailler sur certains chantiers, la planification écologique, la décentralisation, c'est précis.
SONIA MABROUK
C'est précis, mais il y a des choses plus urgentes, si je puis dire, en tous les cas dans l'immédiat, comme les prix des carburants…
CLEMENT BEAUNE
Ça fait partie de ces urgences qui ont été discutées aussi.
SONIA MABROUK
Alors, quel consensus finalement ? Parce que les prix à la pompe montent en flèche, Clément BEAUNE, vraiment c'est la mauvaise surprise de la rentrée, jusqu'à 2 € le litre, et parfois même sur les autoroutes du Sud ça a dépassé les 2 €. Tous les experts s'accordent à dire que ça ne va pas baisser de sitôt. C'est votre constat également ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, d'abord en un mot, qu'est-ce qui se passe ? Parce que c'est quand même important de comprendre les causes pour agir. Ce qui se passe, c'est là aussi la situation internationale. Ce n'est pas déconnecté, ce qui se passe à l'international c'est notre vie quotidienne à la fin. La Russie, l'Arabie saoudite notamment, ont réduit leur production de pétrole donc de carburant. Nous ne sommes pas un pays producteur, nous sommes un pays dépendant, et donc on subit, comme tous les voisins européens d'ailleurs, cette hausse des carburants qui est effectivement forte.
SONIA MABROUK
Parfois on subit plus, il y a des pays où c'est beaucoup moins cher.
CLEMENT BEAUNE
Alors, oui ça dépend, mais je le dis aussi, pour les Français qui ont vécu déjà des difficultés sur le carburant, sur les prix de l'énergie depuis le début de l'année, on est le pays où il y a eu le plus d'aides aussi. Sur le carburant par exemple, souvenez-vous c'était il n'y a pas si longtemps et ça vaut sur toute l'année, il y a eu 100 € donnés à tous les ménages modestes, ça ferait 10 centimes le litre pour les gens qui font à peu près 10 000 km par an, c'est la moyenne française. Il y a eu des aides très importantes, il y a plusieurs milliards d'euros…
SONIA MABROUK
Mais aujourd'hui, Clément BEAUNE ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, aujourd'hui…
SONIA MABROUK
Mauvaise surprise de la rentrée, vous imaginez des familles qui rentrent aujourd'hui…
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr.
SONIA MABROUK
Comment elles font ?
CLEMENT BEAUNE
Je vais être très honnête. L'Etat a fait beaucoup, et quand l'Etat fait des chèques, on a parfois critiqué aussi cette politique du chèque, on l'a assumée, dans les moments d'urgence, mais le chèque d'aujourd'hui c'est l'impôt de demain. Donc il faut faire attention aussi à nos finances publiques.
SONIA MABROUK
Donc fini la politique du chéquier dans ce domaine.
CLEMENT BEAUNE
On n'est plus dans le quoi qu'il en coûte, ça c'est clair. On n'est plus dans une espèce d'aide massive et qui ne serait pas ciblée. On a déjà ciblé beaucoup les aides au début de l'année, je le redis, c'est 100 € pour les ménages modestes. Et puis l'État ne va pas tout faire lui-même, c'est important que les entreprises, sur l'inflation en général, prennent leurs responsabilités…
SONIA MABROUK
Mais vous savez bien…
CLEMENT BEAUNE
Ce que fait TOTAL, non mais c'est important pour ceux qui nous écoutent…
SONIA MABROUK
Il l'avait fait, on se souvient des 20 centimes le litre.
CLEMENT BEAUNE
Et à la suite notamment de discussions avec l'Etat, la Première ministre l'a évoqué, TOTAL maintient, c'est très important pour ceux qui font leur plein, maintient son plafonnement dans ses stations, ses 3 500 stations en France, c'est un réseau important, maintient son plafonnement à 2 € maximum jusqu'à la fin de l'année au moins. Et donc je pense que c'était attendu et nécessaire…
SONIA MABROUK
Est-ce que c'est suffisant ?
CLEMENT BEAUNE
Eh bien ça permet…
SONIA MABROUK
Clément BEAUNE, à partir de quel niveau insoutenable, j'allais dire, pour les Français pour leur portefeuille, vous vous dites : non, il faut qu'on agisse ? Je le plus dire « la politique du chéquier, c'est terminé ».
CLEMENT BEAUNE
D'abord, on mène aussi une action pour agir sur les causes, pour que la production internationale à court terme puisse réaugmenter et qu'il n'y ait pas ces espèces de… Non mais c'est très important, l'un n'empêche pas l'autre. Deux, on a fait des aides qui valent encore les 100 €, ils ont bénéficié aux Français au printemps, ils permettent ces baisses pour toute l'année. Et puis TOTAL, je prends cet exemple parce que c'est la plus grande entreprise pétrolière en France, on le sait, a fait cet effort, c'était demandé, c'était attendu. On regardera, on a toujours été extrêmement vigilants, extrêmement protecteurs. Le ministre de l'Economie, parce que le portefeuille des Français ne se divise pas en tranches, il réunit les industriels de l'agroalimentaire, il réunit les distributeurs…
SONIA MABROUK
Vous avez vu le résultat.
CLEMENT BEAUNE
Eh bien, le ministre de l'Economie…
SONIA MABROUK
Chacun se renvoie la patate chaude.
CLEMENT BEAUNE
Non, ce n''est pas vrai, il y a eu des engagements…
SONIA MABROUK
Ah ben si, c'est ce qu'ils ont dit.
CLEMENT BEAUNE
Oui, mais le ministre de l'Economie y reviendra dans les jours qui viennent, peut-être même dans les heures qui viennent, il y a eu déjà un certain nombre d'engagements, le trimestre anti-inflation, des produits qui ont été ciblés pour qu'ils soient plafonnés, encadrés, et ce type de mécanisme qui responsabilise aussi l'entreprise, que l'Etat aide beaucoup, avec une politique de soutien à l'activité, eh bien doivent aussi prendre une part de leur responsabilité.
SONIA MABROUK
Clément BEAUNE, hier, à cette même place c'était Fabien ROUSSEL, qui a dit : mais ils sont complètement déconnectés des réalités, c'est pas possible, ces ministres ils ne font pas leurs courses, ils ne font pas le plein, ils n'achètent pas les fournitures scolaires pour leurs enfants.
CLEMENT BEAUNE
Alors, je rassure Fabien ROUSSEL, comme lui je fais mes courses, donc moi je ne donne pas de leçons de connexion ou de déconnexion, c'est absurde. La question c'est l'action. Une fois qu'on a dit connecté, déconnecté qu'est-ce qu'on fait ? Nous on assume d'avoir fait des aides, nous on assume qu'on a mobilisé les entreprises, TOTAL notamment, pour justement, vous le dites, parfois ça va dépasser 2 €, si on ne fait rien, TOTAL a plafonné. Je prends un exemple : il y a 3 500, je le disais, stations TOTAL, il y a plus de 2 000 stations où on dépassait les 2 €, et donc ça a été plafonné pour avoir un impact sur un pouvoir d'achat. Et puis je le dis aussi, parce qu'il ne faut pas mentir aux Français sur la réalité des prix de l'énergie. Les prix fossiles, on ne produit pas les carburants, ils vont continuer à augmenter dans la durée, je ne parle pas des 3 mois qui viennent, je parle des années qui viennent. Bon. Et donc il faut qu'on sorte avec aussi des politiques sociales, des énergies fossiles. Ce n'est pas abstrait, quand on va faire d'ici la fin le leasing à 100 €, parce que la voiture électrique est aujourd'hui encore un produit de luxe, pour que des ménages modestes, des classes moyennes, puissent accéder à la voiture électrique, ça sera maintenant et ça va être aussi des mesures de pouvoir d'achat très concrètes et d'écologie.
SONIA MABROUK
A la Une du Parisien ce matin, Clément BEAUNE, les chiffres alarmants des agressions sexuelles dans les transports franciliens. C'est vraiment un calvaire pour de nombreuses femmes. Il y a un an, je me souviens, vous aviez annoncé des renforts, une campagne aussi de sensibilisation, de prévention, certains d'ailleurs avait moqué une simple campagne. On a l'impression qu'il y a une impuissance aujourd'hui face à ce phénomène.
CLEMENT BEAUNE
Non, il y a une réalité extrêmement douloureuse. On a, Le Parisien le disait aujourd'hui, près de 60 000 plaintes par an dans les transports publics franciliens, qui malheureusement sans doute ne reflète d'ailleurs qu'une partie de la réalité. Plus ces faits sont dénoncés, mieux c'est, mais ils sont sans doute encore plus nombreux. Il n'y a pas un seul outil de réponse, et évidemment la première réponse c'est la présence et l'action policière. Avec le ministre de l'Intérieur on déploie à Paris et en Ile-de-France, progressivement d'ici les Jeux olympiques, et ça sera durable, plus de 1 000 effectifs de police supplémentaires, notamment…
SONIA MABROUK
Il n'y aura pas un policier derrière chaque femme pour la surveiller.
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr Sonia MABROUK, mais il est évident que…
SONIA MABROUK
Vous avez vu ce qu'elles font, elles mettent des chemises plus longues, elles s'adaptent…
CLEMENT BEAUNE
Je sais…
SONIA MABROUK
On dirait qu'il y a une forme… Enfin, on s'adapte à l'insécurité.
CLEMENT BEAUNE
Mais surtout pas, il ne faut jamais renoncer à ce combat.
SONIA MABROUK
Oui mais…
CLEMENT BEAUNE
Quelle est la réponse des pouvoirs publics, ce qu'on fait notamment de Valérie PECRESSE en Ile-de-France ? Plus de présence des forces de l'ordre et policières. Il faut le dire aussi, chaque acte, et quand je dis chaque ce n'est pas forcément les actes physiques, ça peut être une insulte, ne rien laisser passer, doit être dénoncé. On ne va pas faire une politique du chiffre, on essaie de baisser les choses artificiellement, quand une femme est victime d'un sifflement, d'un mot de trop, d'une insulte, il faut le dénoncer, et notamment un numéro qui est le 31 17, parce que ça permet une intervention rapide. Et puis on fait…
SONIA MABROUK
Là on parle de main aux fesses, des choses aussi beaucoup plus concrètes, tactiles. Tout évidemment fait partie des agressions.
CLEMENT BEAUNE
Tout doit être sanctionné, parce que tout est une agression et tout est une atteinte inacceptable. Donc on va continuer sur la présence policière, sur la prévention, sur les sanctions. Et puis on prend une mesure très concrète dans ce panel de mesures, parce qu'il n'y a pas une seule réponse, avec Valérie PECRESSE ça commence ce 1e septembre, dans les transports de bus en Ile-de-France il y aura la possibilité de l'arrêt à la demande. On a une zone d'arrêt de bus qui est un peu dangereuse, mal éclairée, où il peut y avoir des gens qui en profitent pour avoir ces gestes et ces agressions, eh bien on peut descendre ailleurs, on peut descendre plus près de chez soi, pour réduire les trajets. Je le dis, malheureusement il n'y a pas eu une réponse unique, c'est un combat extrêmement difficile, mais il faut commencer par le nommer et le dénoncer.
SONIA MABROUK
Bien.
CLEMENT BEAUNE
Avant il y avait une omerta, aujourd'hui on le dit. Et il y avait un sondage qui montrait que 100 % des femmes en Ile-de-France avaient déjà vécu une forme d'agression, un mot ou un geste…
SONIA MABROUK
Vous faites d'ailleurs un lien entre ces agressions et puis l'immigration ou la présence étrangère ?
CLEMENT BEAUNE
Non, moi je ne fais pas de lien, parce que…
SONIA MABROUK
Aucun. Il n'y en a pas selon vous ?
CLEMENT BEAUNE
Mais, je ne sais pas dire qui fait quoi, et je pense que ce serait se tromper, vous me dites aussi, soyons concrets, protégeons les femmes qui ont peur, ce n'est pas en ayant un grand discours général, dont je ne sais pas établir les contours sur immigration, insécurité, qu'on va répondre aux choses, c'est en n'ayant cette action policière qui concerne tout le monde, et malheureusement, j'ai lu un certain nombre d'exemples concrets en ayant des échanges avec des associations, je suis allé moi-même à Saint-Denis faire un parcours dans une station de métro la nuit, eh bien je pense qu'il y a tous les âges et tous les types d'agresseurs.
SONIA MABROUK
Un préavis de grève a été déposé sur les dates de la Coupe du monde de rugby, pile sur les dates de la Coupe du monde de rugby, à la RATP. Ce sont en particulier les agents de stations. Clément BEAUNE, est-ce que c'est une forme de chantage ?
CLEMENT BEAUNE
Non, mais ce sont certains agents. Je veux rassurer, évidemment pas tous, et se sont loin d'être le cas, pas tous les syndicats. Donc on a, le président de la RATP à ma demande, Jean CASTEX a encore une discussion. Je vais être très clair, on a engagé une discussion sociale extrêmement importantes à la RATP, qui a permis de revaloriser les salaires, d'attirer plus de recrutements…
SONIA MABROUK
Pas suffisamment pour certains, qui demandent des primes, de l'argent, de meilleures conditions de travail…
CLEMENT BEAUNE
Il faut, je le dis très clairement, on ne peut pas imaginer que la France ne soit pas au rendez-vous des grands événements internationaux.
SONIA MABROUK
Oui, mais ça c'est le principe, mais dans les faits ? Rugby et JO.
CLEMENT BEAUNE
Non. Donc, négociations sociales, bien sûr, négociations sociales et surtout un appel à la responsabilité.
SONIA MABROUK
Ah…
CLEMENT BEAUNE
C'est aujourd'hui, très peu de gens qui sont en train de se mobiliser, je pense qu'on va trouver une solution, mais je le dis aussi, moi je crois beaucoup au dialogue social, mais il faut être sérieux et responsable, quand on est agent d'un service public, on peut avoir des revendications, mais les grands événements internationaux on doit être au rendez-vous.
SONIA MABROUK
Bien. Appel au sérieux. Dans un entretien au magazine de l'Obs, Clément BEAUNE, vous avez indiqué votre position sur la légalisation de la GPA, la Gestation Pour Autrui, qui rappelons-le, est interdite en France. Vous êtes désormais favorable à sa légalisation, vous précisez, on l'a compris, après 2027. Mais tout d'abord, vous êtes le ministre des Transports, j'ai envie de vous demander, on vous attend sur plein de sujets, on en parlait, pas sur celui-ci pourquoi ?
CLEMENT BEAUNE
J'ai fait un long entretien où j'ai parlé de beaucoup de propositions…
SONIA MABROUK
Certes…
CLEMENT BEAUNE
…sur le prix des billets d'avion, sur les transports…
SONIA MABROUK
Mais reconnaissez que celui-ci a fait, a suscité beaucoup de réactions.
CLEMENT BEAUNE
Oui, mais je suis aussi un élu, je suis un responsable politique, on me pose des questions sur un certain nombre de convictions, et je me suis exprimé, ça ne résume pas toutes mes positions. Je vais être très clair et précis sur un sujet extrêmement lourd, parce qu'il touche à l'éthique, il touche au corps, il touche à la dignité humaine. Ça n'est pas dans le programme présidentiel ou législatif que nous avons proposé aux Français, que le président propose aux Français en 2022, c'est clair et net. Ensuite, ces débats de société mettent toujours du temps, et donc je pense que quand on est un responsable politique, c'est aussi une conviction personnelle que j'ai exprimée, on doit nourrir ces débats avec des arguments, il n'y a pas de vérité révélée.
SONIA MABROUK
C'est la personne, c'est l'homme Clément BEAUNE, plus que le ministre, qui donne son avis.
CLEMENT BEAUNE
Vous savez, je ne me découpe pas en différents rôles…
SONIA MABROUK
Non, mais vous vous êtes engagé, vous avez parlé de votre homosexualité de manière affirmée…
CLEMENT BEAUNE
Oui.
SONIA MABROUK
…de manière officielle, est-ce que ça fait partie aussi de, si je puis dire, de vos combats…
CLEMENT BEAUNE
Je ne fais forcément d'ailleurs le lien entre les deux, mais ça fait partie des combats pour les droits et pour l'égalité, qui fait partie en effet de mon ADN et de mes engagements. Et puis je l'ai dit aussi, puisque je crois que sur des sujets intimes, c'est vrai pour la fin de vie, c'est vrai pour la PMA qu'on a votée, j'en suis très fier, mais qui a été un long débat, c'est vrai demain, parce que ça sera un débat qui reviendra dans la société, la GPA, il faut réfléchir et poser des arguments. Il n'y a pas de vérité absolue…
SONIA MABROUK
Mais comment, vous entendez Clément BEAUNE ce qui est dit, on marchandises le corps des femmes, on loue un utérus pour avoir à tout prix un bébé. Il y a une rupture d'égalité, parfois ce sont des sommes extrêmement importantes pour pouvoir avoir une GPA aux Etats-Unis, ou, où-sais-je, dans d'autres pays.
CLEMENT BEAUNE
Mais, d'abord, encore une fois ces sujets sont compliqués, moi-même j'ai changé d'avis, ça veut dire qu'on peut réfléchir et je pense que…
SONIA MABROUK
Comment vous avez changé d'avis d'ailleurs ?
CLEMENT BEAUNE
Parce que j'ai rencontré des associations, parce que j'ai vu des familles, parce que je suis aussi un élu à Paris, où il y a un certain nombre de cas de GPA. Qu'est ce qui se passe en pratique, si on est tout à fait honnête, c'est que les gens le font, quand ils en ont les moyens, ils vont à l'étranger, ils font aux Etats-Unis, ils vont au Canada.
SONIA MABROUK
Beaucoup de couples reviennent avec des bébés.
CLEMENT BEAUNE
Oui, des couples d'ailleurs homosexuels ou hétérosexuels, parce que contrairement aux raccourcis, ça n'est pas qu'un sujet de familles homosexuelles…
SONIA MABROUK
Qui finissent par avois des papiers, évidemment…
CLEMENT BEAUNE
… et qui ont en général, parce que c'est l'intérêt de l'enfant évidemment, ensuite des papiers. Donc il faut aussi qu'on se pose ces sujets, avec lucidité, sans hypocrisie, mais avec notre propre régulation.
SONIA MABROUK
Vous avez eu le temps…
CLEMENT BEAUNE
J'ouvre un débat pour l'avenir.
SONIA MABROUK
Mais avec, sous quelle autorité vous l'ouvrez ? Emmanuel MACRON, de ce que l'on sait, même dans ses convictions les plus profondes, est contre la légalisation la GPA, ou alors il a évolué comme vous.
CLEMENT BEAUNE
Non, je ne prétends pas m'exprimer au nom de ses convictions. Le président de la République il a été extrêmement clair, c'est ça qui compte, il a dit : « ça ne se fera pas, je n'y suis pas favorable ». Et quand il a proposé un nouveau mandat aux Français, qui le lui ont donné, il a dit que ce ne serait pas autorisé. Ça c'est clair et net. Ensuite, sur ces sujets qui encore une fois nécessitent du temps, nécessitent des arguments, la société y reviendra dans 5 ans, dans 10 ans, je ne sais pas, on voit ce débat partout dans les des pays européens, je pense que c'est le rôle, dans un moment où, on en parlait au début, on a souvent le tweet facile ou le slogan rapide, il faut ouvrir des débats d'idées, qui percoleront dans la société…
SONIA MABROUK
Quitte à provoquer beaucoup de réactions.
CLEMENT BEAUNE
Mais, tant mieux si c'est des réactions d'arguments, et je ne prétends pas avoir encore une fois une vérité scientifique sur ces sujets. Je prétends être un homme qui a des convictions et qui participe au débat.
SONIA MABROUK
Merci Clément BEAUNE.
CLEMENT BEAUNE
Merci.
SONIA MABROUK
Merci d'avoir partagé vos convictions et vos propositions ce matin dans « La grande interview », sur Cnews et Europe 1. Très très bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2023