Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bonjour à toutes et à tous et merci vraiment d'être avec nous. Ce matin, notre invité est Aurélien ROUSSEAU, Ministre de la Santé et de la Prévention. Aurélien ROUSSEAU, bonjour.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous pour parler de quantités de sujets qui nous concernent directement. Je vais commencer avec la canicule, avec le temps qu'il fait, cette chaleur. Est-ce que notre santé est en danger ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Notre santé, en tout cas, elle est touchée par des épisodes de chaleur. Dès qu'on a cette canicule orange ou la canicule rouge, on sait que les organismes souffrent et quand je dis les organismes, c'est les personnes, les corps, et c'est aussi les services d'urgence. C'est aussi les infirmières qui doivent continuer leurs tournées, donc oui. En même temps, on connaît assez mal les effets de la chaleur, donc on a lancé une série de recherches. Mais ce qui est sûr, c'est que rien de tout ça n'est anodin et notamment pour les plus petits enfants. J'en voyais encore ce matin, des tout petits nourrissons dans les bras de leurs parents dans la rue : il faut faire attention aux plus fragiles dans ces périodes de canicule.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aurélien ROUSSEAU, on va rentrer dans le vif du sujet parce que dans quelques jours, fin du mois, projet de loi de financement de la Sécurité sociale présenté fin septembre, je crois, en Conseil des ministres. C'est bien ça ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Fin septembre. Alors très important, j'ai des questions très précises. Première question : est-ce que les franchises sur les médicaments vont augmenter ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Comme vous l'avez dit c'est fin septembre, donc il nous reste quelques semaines pour arbitrer. Ce que je peux dire simplement, c'est qu'on a des dépenses qui augmentent vite et rapidement, notamment sur les médicaments, sur les indemnités journalières donc sur les arrêts maladie, et on a des dépenses qu'on doit faire, pour l'hôpital, pour la médecine générale. Donc on va chercher effectivement des recettes et des économies et un nouveau rapport notamment aux médicaments. Donc la piste effectivement d'augmentation des franchises et une piste sérieuse avec, de l'autre côté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Doublement ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Sans doute le doublement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De 50 centimes à un euro.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Sans doute le doublement avec, par contre, une préoccupation majeure : c'est que ça ne soit pas les personnes, notamment celles qui ont des affections de longue durée, qui donc ont besoin de prendre très régulièrement des médicaments qui soient touchées donc on ne touche pas au plafond de 50 euros par an. Donc on regarde, on continue à travailler parce que c'est toujours pareil, on ne veut pas que des personnes qu'on imaginait préserver soient touchées donc on est là. Mais derrière ce sujet de la franchise, c'est aussi de se dire les uns et les autres que le médicament ce n'est pas un bien de consommation comme un autre. Je sors de chez le médecin, j'ai mon ordonnance pour mes enfants qui ont un rhume, je fais le détour par chez moi pour vérifier que tous les médocs je ne les ai pas eus déjà l'an dernier, je ne les ai pas dans ma dans ma pharmacie, avant plutôt que d'aller à la pharmacie pour récupérer la cinquantième boîte de pschitt pschitt pour le nez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui Aurélien ROUSSEAU, sauf que les médicaments sont en pénurie. On y reviendra tout à l'heure mais je voudrais continuer sur ces franchises. Donc augmentation des franchises sur les médicaments. Les soins infirmiers, soins de kiné, transport sanitaire aussi ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Non, on ne va pas ouvrir ces chantiers-là. On est dans une période où je pense…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Consultation chez le médecin non plus ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Je pense qu'aujourd'hui, on a intérêt à avoir des messages simples. Le pouvoir d'achat, ça pèse sur tous les Français donc on dit… Après consultation chez le médecin, vous avez raison d'y venir, c'est un double sujet. On va rouvrir une négociation avec les médecins sur leur rémunération, mais évidemment s'il y a une évolution elle sera remboursée par la Sécurité sociale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez rouvrir les consultations avec les médecins sur le tarif de la consultation ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Je souhaite le plus vite possible de pouvoir rouvrir les négociations avec les médecins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire possibilité d'augmenter la consultation qui est à 30 euros.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Non, qui est à 25 euros aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
30 euros proposés.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Les médecins demandent 30 euros, elle va passer à 26,50 euros au 1er novembre et donc le sujet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
30 euros, vous êtes favorable ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Aujourd'hui vraiment, ça va être une négociation au sens propre du terme, et je souhaite qu'on ouvre parce que par ailleurs, les médecins aussi subissent l'inflation et les médecins aussi se démettent sur le terrain - les médecins libéraux - pour faire face et pour assurer l'accès aux soins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour nous résumer, franchise sur les médicaments : oui, ça va augmenter, doubler ; le reste, toutes les autres franchises, on n'y touche pas. J'ai bien résumé ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
On a une franchise par ailleurs sur les visites chez le médecin, donc cette franchise qui est aujourd'hui à un euro, elle va sans doute également bouger.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Passer à 2 ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Sans doute passer à 2.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Passer à 2 euros. La franchise visite chez le médecin, ça passe à 2 euros. Augmentation de la branche famille, augmentation allocations, logement familial, précarité.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Tout ça, on va avoir les procédures habituelles d'indexation. Après on va aussi discuter très clairement encore une fois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez ouvrir, vous allez augmenter ou pas dans ce projet de loi PLFSS ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Alors sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, moi je suis concentré sur la branche maladie, mais effectivement on est sur des montants de 400 milliards d'euros à la Sécurité sociale. Donc oui on regarde, on cherche mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous cherchez les agents15 milliards d'euros d'économies.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Oui. Mais évidemment pas sur ce plan, pas sur le champ des dépenses sociales uniquement, mais il y a un sujet, oui et il faut le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Par exemple, quand les arrêts maladie et la dépense pour la Sécurité sociale augmentent de 7 %, de plus de 7 % l'an dernier, oui c'est une préoccupation. Et quand on dit responsabiliser, ce n'est pas responsabiliser pour dire stigmatiser la personne qui est en arrêt maladie ou le médecin qui prescrit, c'est de se dire tous collectivement, en fait ce système s'il n'est pas soutenable à la fin ça ne sera pas notre système e Sécurité sociale tel qu'on le connaît.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors qu'allez-vous faire justement ? Augmentation du nombre d'arrêts maladie, qu'allez-vous proposer ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Ça fait partie, par exemple, des discussions qu'on va avoir avec les médecins, pour être dans le choix à la fois des prescriptions et à la fois des arrêts qui soit le plus pertinent possible pour réduire un peu la voilure sur ça. Mais de l'autre côté, mais peut-être qu'on y reviendra, c'est aussi ce sujet le symptôme d'une France qui notamment a un rapport au travail qui a changé. On voit cette augmentation des arrêts maladie, notamment chez les plus jeunes de nos compatriotes, donc on ne peut pas non plus prendre ça juste comme quelque chose qu'il faudrait critiquer. Il faut qu'on regarde et qu'on s'interroge sur le travail. Et les arrêts maladie aujourd'hui, ce qui coûtent le plus cher, c'est de très loin les arrêts de plus de 6 mois. Donc là ça veut dire qu'il faut discuter de pénibilité au travail, de reconversion professionnelle, tous ces sujets qui sont au cœur du débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jours de carence, vous y touchez ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Aujourd'hui, la perspective n'est pas de toucher à cela. Moi je pense qu'avant de dégainer - pardon pour cette expression - des mesures aussi lourdes, il faut laisser le temps au dialogue social. La Première ministre l'a dit très clairement, je crois, devant le MEDEF. Mais par contre, personne ne peut s'exonérer de cette question : ni les salariés, ni les médecins, ni les employeurs, ni globalement la puissance publique dans ce qu'elle doit accompagner tous les efforts de prévention et de l'usure professionnelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aurélien ROUSSEAU, pénurie de médicaments - je vais y revenir - pénurie de médecins, services d'urgence temporairement ou définitivement fermés. Là, les chiffres varient. Est-ce que la santé des Français n'est pas en danger, franchement ? Notre système de santé est fragile aujourd'hui, plus que fragile.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Il est fragile, il est sur une ligne de crête. Il n'y a aucun doute là-dessus. Il est sur une ligne de crête et il faut l'assumer parce que les soignants aussi sont sur une ligne de crête. Il y en a beaucoup qui souffrent et y compris, je le dis, c'est vrai à l'hôpital mais c'est vrai aussi en ville. Les infirmières libérales qui ont fait leur tournée pendant la canicule, elles ont souffert et montré un grand courage. Et les médecins, quand plusieurs fois par jour vous devez refuser des patients, c'est dur aussi. Mais en même temps, de l'autre côté de cette ligne de crête, il y a des initiatives extraordinaires. J'étais à La Nouaille en Dordogne en juillet ou à Alès dans le Gard il y a 15 jours où on voit des organisations où les médecins s'organisent avec les infirmières, avec les pharmaciens pour apporter des réponses concrètes aux gens, et je trouve que c'est en train de bouger.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pénurie de médicaments, est-ce que les prix vont augmenter ? Combien de médicaments ? Quelle est la pénurie aujourd'hui en France ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Le sujet, il est circonscrit d'une certaine manière autour de l'Amoxicilline, donc autour de cet antibiotique le plus commun et autour du paracétamol. Donc on a proposé en contrepartie d'un engagement de livraison, que les laboratoires principaux qui font de l'Amoxicilline, on leur a proposé une augmentation de ce tarif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
10 %.
AURÉLIEN ROUSSEAU
De 10 %, et la plupart des labos ont répondu OK là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce qui est vrai pour l'Amoxicilline sera vrai pour d'autres médicaments, pour beaucoup d'autres médicaments.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Pas pour beaucoup d'autres mais pour d'autres médicaments.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelques exemples ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Aujourd'hui, on sait que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelques exemples, Aurélien ROUSSEAU.
AURÉLIEN ROUSSEAU
J'y viens. Le paracétamol dans les formules pour les enfants, ç'a été dur à trouver l'an dernier, et après on est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça va augmenter.
AURÉLIEN ROUSSEAU
J'espère que les mesures qu'on a mises en place vont permettre de limiter ce qui a été - je ne vais pas jouer avec les mots - on en trouvait mais c'est vrai que quand on fait cinq pharmacies pour en trouver, ça peut rendre dingue et je comprends ça. Je suis parent, je l'ai vécu aussi. Mais de l'autre côté, il faut qu'on se rende compte que c'est quelque chose qui ne touche pas que la France. On a essayé de s'organiser beaucoup plus en amont, et notamment des choses aussi concrètes que permettre… Il y a à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris un énorme établissement pharmaceutique qui gère les hôpitaux de tous les hôpitaux de Paris, et je les ai autorisés à produire des médicaments aussi pour faire face, si jamais il y avait des pénuries.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors Aurélien ROUSSEAU, le paracétamol va augmenter de 10 % à peu près si j'ai bien compris.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Non. On se concentre sur notre sujet majeur, c'est les antibiotiques parce que c'est un sujet évidemment qui est préoccupant et en même temps, on sait très bien qu'en France on est encore un des pays où on consomme le plus d'antibiotiques en Europe, de très loin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trop, et trop. Encore trop d'antibiotiques.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Oui, parce que quand on en consomme beaucoup non seulement ça coûte cher, mais ça à la limite, mais c'est surtout que ça crée de l'antibiorésistance, et la fois d'après les antibiotiques sont moins efficaces.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je parlais des hôpitaux, je parlais des services d'urgence tout l'heure. Est-ce que celles et ceux qui répondent au 15 vont être augmentés ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
On les a reçus hier, c'est les assistants de régulation médicale. Quand vous allez dans un plateau de centre 15, c'est eux les premiers que vous avez au téléphone.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au bout du fil.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Je l'ai dit, leurs revendications sont en partie légitimes. Ils ont eu au cours des dernières années des revalorisations, et notamment une amélioration de leur formation. Donc moi sur le principe, je l'ai dit, une partie des revendications, on va y faire droit. Mais simplement, alors je l'avoue, je suis un peu rustique peut-être, mais je veux être sûr de ce qu'on fait. On a vu souvent dans ces derniers temps des mesures qu'on prend, puis après on doit s'y reprendre à plusieurs fois. Donc moi je prends quelques semaines, un peu comme je l'ai fait avant que la Première ministre et le président l'annoncent, les mesures sur le travail de nuit. Je veux être sûr qu'on touche juste et que c'est bien ce qu'attendent les assistants de régulation médicale. Ils ont été reçus hier longuement, mais effectivement il va falloir qu'on fasse un mouvement et un effort parce qu'aujourd'hui, ils sont le pivot, avec les médecins régulateurs, de la réponse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un effort salarial et d'embauches.
AURÉLIEN ROUSSEAU
En termes d'embauches, c'est toujours pareil : ça fonctionne bien, le sujet c'est la fidélisation parce que ce sont des métiers, quand vous devez rester toute une nuit derrière votre téléphone pour répondre, c'est dur. Et c'est dur aussi parce qu'on le voit par exemple, il y a de plus en plus d'appels pour des urgences psychiatriques. Et donc par exemple, moi j'ai vu des expérimentations à Toulouse ou à Paris ou encore l'autre jour à Rouen, on va systématiser le fait qu'il y ait des infirmiers psychiatriques qui répondent aussi au téléphone, pour faire face à ces appels de détresse qui arrivent souvent vers le 15.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La prévention, vous êtes ministre de la Santé et de la Prévention. Le tabac, le tabagisme, prévention : plan national de lutte contre le tabagisme qui sera annoncé bientôt.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Absolument, dans les toutes prochaines semaines. Élisabeth BORNE a eu l'occasion de donner déjà une indication sur le puff, donc ce fait de vapoter mais avec un côté très récréatif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Interdiction quand ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Dès le début de l'année prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
1er janvier ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Est-ce que ce sera le 1er janvier ou le 1er février ? Je ne sais pas vous dire aujourd'hui et je ne veux pas dire de bêtise. C'est une dynamique collective. Le tabac, sa consommation s'est nettement réduite notamment chez les jeunes en France mais il faut consolider ça et il faut mobiliser toutes nos ressources parce que c'est quand même 75 000 décès par an, le tabac. C'est 75 000 décès et on sait que ces décès-là ils sont évitables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pas de taxe supplémentaire sur le tabac malgré les 75 000 décès. Pas de taxe supplémentaire sur l'alcool malgré les combien de décès ? Les dizaines de milliers de décès ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Mais Jean-Jacques BOURDIN, il faut se dire les choses clairement. Moi, en tant que ministre de la Santé, j'ai défendu l'augmentation notamment sur le tabac, une augmentation significative. Mais j'entends tout à fait, on a eu la discussion avec Bruno LE MAIRE, avec Élisabeth BORNE, avec le président de la République : est-ce que les Français si on augmentait d'un euro par exemple le paquet de tabac cette année, le paquet de cigarettes cette année, considèreraient que c'est une mesure de santé publique ou que c'est une mesure pour gratter quelques centaines de millions d'euros ? Moi je préfère me dire que l'an prochain, quand on aura une inflation bien moindre, on pourra faire une mesure globale de santé publique plutôt que de donner le sentiment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'an prochain, augmentation forte du paquet de cigarettes.
AURÉLIEN ROUSSEAU
L'an prochain, moi je reviendrai avec cette proposition et je pense que si on peut la porter, on la portera. Mais aujourd'hui, elle n'aurait pas été comprise et nos concitoyens, s'ils ont le sentiment qu'en plus de la cherté de la vie, de la cherté de l'alimentation on leur met sur le dos l'augmentation du tabac juste pour équilibrer le budget, personne ne le comprendrait et moi je pense que la santé publique et la prévention, c'est d'abord faire confiance aux gens et leur donner des éléments pour comprendre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la prévention, vaccination au papillomavirus, campagne de vaccination pour les à tous les élèves de 5e. Là encore, la Haute autorité de santé recommande la vaccination, elle recommande et même elle demande l'obligation de la vaccination. Pourquoi ne pas la rendre obligatoire cette vaccination ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Alors on a en France un rapport compliqué à la vaccination et aux vaccins. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui on est très en deçà, notamment chez les jeunes garçons, du niveau de vaccination d'autres pays. On a à portée de main pour de vrai le fait des d'éradiquer en une génération certains des cancers et notamment celui du col de l'utérus. Donc ce qu'on a décidé cette année avec Gabriel ATTAL, mais ç'a été lancé évidemment par nos prédécesseurs François BRAUN et Pap NDIAYE – et moi je veux leur rendre hommage pour ça notamment - c'est d'aller dans les classes, d'aller dans les collèges et de proposer cette vaccination. Alors cette vaccination, elle est aujourd'hui indiquée pour les jeunes filles et les jeunes garçons, et tout ce qu'on fait depuis le début de la semaine - vous avez peut-être vu une campagne de communication - c'est de permettre le dialogue entre les parents et les enfants, entre les parents et éventuellement les professionnels de santé, mais cette campagne elle doit prendre parce qu'on peut éradiquer des cancers aussi graves que du col de l'utérus, le cancer de l'anus, de la vulve, du vagin. Pardon, j'emploie ces mots, mais c'est la réalité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la réalité.
AURÉLIEN ROUSSEAU
… de la vie de milliers de Français. Donc je le dis, c'est à portée de main, et là on voit bien que la prévention ce n'est pas un supplément d'âme, c'est quelque chose qui nous protège du soin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors prévention avec ce nouveau traitement contre la bronchiolite chez les nourrissons. Totalement remboursé ce traitement ? Il sera totalement remboursé ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Oui, il sera totalement remboursé. Je rappelle quelques chiffres, pas pour assommer mais c'est 45 000 nourrissons qui ont eu un virus respiratoire de type bronchiolite. 70 % d'entre eux ont moins d'un an. On imagine le traumatisme que c'est pour des parents de trouver des nourrissons en réanimation pédiatrique. On a aujourd'hui une chance inouïe, on a un traitement d'immunisation qui va être mis à disposition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas un vaccin ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Ce n'est pas un vaccin exactement et moi, vous savez que je fais attention avec les mots. Ça n'est pas un vaccin, c'est un traitement avec un anticorps monoclonal qui est absolument sûr évidemment. Il est autorisé dans de très nombreux pays. Nous, on a sécurisé nos approvisionnements avec le laboratoire, et donc ce que nous recommandons, c'est que tous les nourrissons qui sont nés depuis 6 mois on puisse les immuniser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand l'administrer, au bout de six mois ? Entre 0 et six mois ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Oui, on l'administre avant que l'épidémie de bronchiolite n'arrive, et ça, c'est là aussi que c'est très important, c'est que nos concitoyens ils ont à la fois la possibilité évidemment de prendre soin de leur tout petit, quelquefois c'est des enfants de quelques jours, mais aussi de prendre soin du système de santé, parce qu'on a vécu l'an dernier 3 épidémies simultanées. On a avec le vaccin contre la grippe, avec le vaccin contre le Covid et le rappel pour les personnes fragiles et avec cette immunisation sur la bronchiolite, le moyen aussi de protéger l'hôpital. C'est là qu'il faut se saisir de cette chance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Se saisir de cette chance. La prévention, on en parlait, grande campagne de prévention ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Oui. Moi je suis vraiment convaincu qu'on doit aujourd'hui montrer notre système de santé. En fait il ne tiendra le coup dans la durée, pas juste pour cet été ou cet hiver, il ne tiendra le coup que si on a des réflexes de prévention. Sur le Covid par exemple, on est aujourd'hui en vigilance maximale pour suivre ce qui se passe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de cas ? On en est où là ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Aujourd'hui, on est encore à des nombres de cas qui sont limités. On est à une incidence pour 100°000 habitants qui est reconstituée entre 10 et 15, donc c'est quelque chose de très faible. On surveille les variants. On a notamment, vous savez qu'il y a 25 pays qui ont détecté un variant, nous on l'a détecté la semaine dernière et on a 6 cas. On surveille les eaux usées aussi pour voir. Donc on a une progression, une progression qui n'est pas très rapide mais on voit tous autour de nous des gens qui ont le Covid. Le réflexe c'est se laver les mains, gestes barrière et dès qu'on a des symptômes on porte le masque. Si on se diagnostique et qu'on peut, on reste chez soi. Il y a des gens qui ne peuvent pas rester chez eux. À ce moment-là, ils redoublent de vigilance et notamment avec le masque ou notamment s'ils doivent voir des personnes fragiles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je n'oublie pas non plus celles et ceux qui souffrent de Covid long. J'ai l'impression qu'ils sont complètement oubliés, abandonnés, laissés sur le carreau.
AURÉLIEN ROUSSEAU
En tout cas là où vous avez raison…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On n'en parle jamais.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Il y a cette perception de dire : il y a des gens qui ont, j'allais dire qui ont morflé - pardon pour l'expression - avec le Covid et qui continuent à en sentir les traces. On a des recherches qui sont faites et moi je souhaite, je l'ai dit dès ma prise de fonction, c'est toujours plus long que ceux qu'on souhaiterait mais je pense que le sujet du Covid long aujourd'hui on ne peut pas laisser les gens tout seuls avec ces séquelles. Et donc il y a de plus en plus, et je salue la mobilisation des hôpitaux, de plus en plus qui prennent en charge ces symptômes pour les accompagner, que ça soit par de la kiné, de la rééducation ou y compris un accompagnement psychologique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Maladie longue durée ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Aujourd'hui, on n'est pas sur le fait de basculer en maladie de longue durée mais je ne ferme aucune porte. Tout ça, la santé, ça marche par les preuves et par la recherche, et moi ça sera toujours la science qui sera mon guide en la matière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais terminer sur la fin de vie. Aide active à mourir instaurée avant la fin de l'année ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Je pense qu'on ne sera pas avant la fin de l'année, vu le calendrier parlementaire. Agnès FIRMIN LE BODO, ministre déléguée auprès de moi, a mené un travail et mène un travail remarquable de dialogue après la Convention citoyenne. On doit aussi en reparler avec les parlementaires, évidemment avec le président de la République et la Première ministre. Le chantier est là, c'est un chantier qui est à la fois très politique et très intime.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un référendum sur le sujet possible ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Je ne crois pas aujourd'hui. Je ne crois pas, du reste, que ce soit dans le champ du référendum pour dire les choses. Mais on a fait d'ailleurs une conférence citoyenne, le Parlement aura à se prononcer. Mais je pense qu'en ces matières, il faut prendre le temps et il faut prendre le temps notamment de travailler sur les mots. Qu'est-ce que ça veut dire consentement ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et puis soins palliatifs proposés sur tout le territoire, ce qui n'est pas le cas.
AURÉLIEN ROUSSEAU
Et évidemment, ma responsabilité et Agnès FIRMIN LE BODO est aussi très engagée là-dessus, c'est qu'on ait un plan de soins palliatifs qui soit à la hauteur et qui soit - vous avez tout à fait raison de le dire - à la hauteur partout sur le territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr. Plan qui est en préparation ?
AURÉLIEN ROUSSEAU
Qui est en préparation en effet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Aurélien ROUSSEAU d'être venu nous voir ce matin. Beaucoup d'informations, on a fait le tour de la question – enfin, j'avais mille questions à vous poser. Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2023