Interview de Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux olympiques et paralympiques à LCI le 8 septembre 2023, sur le démarrage de la Coupe du monde de rugby.

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Média : LCI

Texte intégral

ADRIEN GINDRE
L'invité ce matin, c'est Amélie OUDÉA-CASTÉRA. Bonjour.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Bonjour.

ADRIEN GINDRE
Vous êtes ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. J'aurais envie de rajouter aujourd'hui la Coupe du monde de rugby, puisqu'elle commence ce soir au Stade de France. France -Nouvelle-Zélande, ce sera à suivre bien sûr sur TF1, un avec une soirée spéciale des 19h10, vous serez vous-même sur place.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Absolument.

ADRIEN GINDRE
Il y a tout de même dans les esprits encore, un souvenir, un spectre : l'année dernière, la finale de la Ligue des champions, les difficultés en termes d'organisation, est-ce que ce soit un nouveau fiasco est totalement impossible ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Écoutez, il faut, en toute chose, garder toujours les bonnes marges de prudence, mais ce que je peux vous dire c'est que nous avons énormément travaillé pour être parfaitement au rendez-vous ce soir, sur le plan de la sécurité, sur le plan des transports, sur le plan de l'accueil. On a fait je crois des progrès vraiment très importants.

ADRIEN GINDRE
On a mieux travaillé que l'année dernière.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
En qualité de coordination, d'anticipation. Des opérations aussi de prévention de la délinquance. On a vraiment je pense un terrain qui est maintenant super propice pour que la fête, le sport puisse parler, et donner de la joie aux Français.

ADRIEN GINDRE
Le fait que ce soit du rugby et non pas du foot, est-ce que ça rend la compétition moins risquée ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oh, je connais les comparaisons qu'on fait entre…

ADRIEN GINDRE
Les bisbilles entre les sports.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Non mais, écoutez, voilà, on a, je vous l'ai dit, effectué un très considérable aux côtés de l'organisateur France 2023, aux côtés de World Rugby. On a travaillé sur toute une série de dimensions, je l'ai dit, de coordination, d'anticipation. On a adapté nos textes. On va avoir jusqu'à 7 500 forces de police et de gendarmerie présentes sur le terrain. En complément, on aura…

ADRIEN GINDRE
Pour ce soir, ce qui est un chiffre très conséquent.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… un millier de stadiers qui ont été bien formés, complémentarité entre les forces de sécurité intérieure et ces agents de sécurité privée. Ce travail de fond, mené sous l'égide de Gérald DARMANIN, sur ces opérations de prévention de la délinquance, et puis une attention bien entendu, à tous les types de risques, de menaces, pour être là aussi parfaitement au rendez-vous. Sur les transports, un travail qui a été mené aussi de grande envergure…

ADRIEN GINDRE
On va en parler, de ça, plus tard.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
On a des renforts d'offres, des renforts d'effectifs, on a très bien travaillé avec les opérateurs…

ADRIEN GINDRE
Alors justement, sur les transports, Amélie OUDÉA-CASTÉRA…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… RATP, SNCF, de manière à avoir aussi des volontaires. On est tous mobilisé aux côtés des collectivités locales, qui ont elles-mêmes fait un très important, pour que ce soit la fête ce soir.

ADRIEN GINDRE
Il y a ce que vous, vous avez préparé, d'ailleurs le président soulignait cette semaine chez nos confrères de l'Équipe, 600 000 visiteurs étrangers, il y a bien évidemment la volonté de montrer notre capacité à recevoir, notre organisation.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Absolument.

ADRIEN GINDRE
Bon, la France ce sont aussi parfois des grèves, là il y a des préavis de grève qui ont été dépôts notamment à la RATP, par la Force ouvrière, la CGT, qu'est-ce que ça vous inspire, ces préavis de grève qui viennent précisément au moment où une compétition internationale commence ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Écoutez, ça ne sera pas les premiers, on se souvient tous qu'il y en avait eu aussi avant la Coupe du monde 98, avant l'Euro 2016. Moi j'ai vraiment envie d'appeler chacun à la responsabilité, on est très attentif au cœur du gouvernement à la qualité du dialogue social, c'est pour nous très important que ce soir les choses se passent le mieux possible. Le ministre Clément BEAUNE regarde tout cela de très près, en liaison avec Jean CASTEX bien sûr. Il est à la tâche et j'ai bon espoir que toutes les choses fonctionneront de manière très fluide. Aujourd'hui, les quelques grévistes qui sont concernés, ça n'est pas sur le cœur des métiers de conducteurs…

ADRIEN GINDRE
Ces sont des agents de station, pas des conducteurs.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Voilà, et on a prévu des renforts d'offres, des logiques de délestage, une information en temps réel vers les voyageurs pour les informer s'il y a des réallocations de flux qui doivent être faites, et on a mobilisé beaucoup de volontaires pour qu'il puisse y avoir le bon niveau d'information. En même temps qu'on a fait un travail de fond sur la qualité des cheminements entre les gares et le stade, pour fluidifier l'ensemble.

ADRIEN GINDRE
Avec une signalétique particulière. Je m'arrête juste un instant sur la question des transports, parce que ça crée aussi des inquiétudes pour l'année prochaine, les JO. Il y a quelque temps, nos confrères des Échos se livraient à un réquisitoire piquant, on va dire ça comme ça, sur tout ce qui n'est pas prêt et qui a été promis initialement dans le dossier de candidature. Alors, je fais une liste rapide, mais les lignes du Grand Paris Express, les nouvelles lignes de métro qui devaient être construites, 15, 16, 17, 18, le Charles-de-Gaulle Express, la rénovation du RER B en profondeur, la gratuité pour les spectateurs etc. Qu'est-ce qui peut encore être amélioré, qu'est-ce qui peut encore être fait dans les quelques mois qui nous séparent des JO ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, je pense qu'il faut se garder, c'est un tempérament un peu français de voir le verre à moitié vide. Je pense que le verre est plus…

ADRIEN GINDRE
Il y a quand même des choses qui n'ont pas été faites, qui étaient prévues pour 2024.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, mais c'est le lot commun de toutes ces candidatures. On pousse le réel, l'ambition…

ADRIEN GINDRE
On défend un dossier, et on ne le tient pas ensuite.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… et après il y a un principe de réalité qui prévaut, il y a des arbitrages qui se refont. Les Français sont aussi attentifs à ce qu'il y ait une bonne maîtrise des coûts de ces Jeux olympiques et paralympiques. Il n'y a pas d'impôt JO, on se tient le mieux possible à cet engagement-là, donc, voilà, moi je retiens que sur le plan de la sécurité on sera au rendez-vous. Sur le plan des transports, il y a quand même des investissements importants sur certaines infrastructures, je pense à la ligne 14 qui va être totalement accessible, en plus et est un grand axe de desserte. Je pense aussi à l'engagement que nous avons pris d'accessibilité aux personnes en situation de handicap, aux personnes à mobilité réduite, sur lesquelles il n'y aura pas le grand soir du métro parisien, certes, mais nous avons travaillé sur la mise en accessibilité des gares, sur la mise en accessibilité universelle, c'est-à-dire y compris pour les déficients visuels et sonores, de nos différentes lignes ; On a là aussi un travail sur les cheminements, pour que les fauteuils puissent très bien passer. Il y a vraiment une volonté aussi de mobiliser les volontaires, pour que l'on ait cet accompagnement humain, et puis que sur tous les détails, sur toutes les finitions, y compris la bonne marche des ascenseurs, on soit nickel, le jour J, pour qu'il y ait cette inclusion, pour les personnes en situation de handicap.

ADRIEN GINDRE
La Coupe du monde de rugby, elle sert d'une certaine manière de répétition grandeur nature pour ces JO ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Alors, je n'aime pas dire cela, parce que je trouve que ça la réduit un peu. Cette Coupe du monde elle s'annonce totalement exceptionnelle, c'est la première que l'on organise intégralement…

ADRIEN GINDRE
Donc vous devez être aussi irréprochable que pour les JO, dès ce soir.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… sur notre sol en France, donc ça n'est pas une répétition, c'est on est prêt, on est totalement prêt ce soir ou que ce soit une grande fête pour les Français, pour le monde entier. Je rappelle que pendant toute cette compétition on aura près d'un milliard de téléspectateurs, c'est les 20 plus belles équipes au monde, donc on a l'exigence d'être nickel pendant ces 51 jours de compétition, et ensuite bien entendu on apprendra des choses, le travail continue, on a encore 11 mois d'ici aux Jeux olympiques pour améliorer tout ce qui devra encore l'être…

ADRIEN GINDRE
Et tirer des leçons si nécessaire.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… et déployer cette qualité d'organisation, cette qualité de service sur l'ensemble des sites de compétition, et au-delà, avec les collectivités, qui sont embarquées soit dans le relais de la flamme, dans l'Olympiade culturelle.

ADRIEN GINDRE
C'est important, on l'entend dans vos propos, de saluer les collectivités, parce que vous êtes…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, parce que cette dimension d'engagement des territoires que l'on veut…

ADRIEN GINDRE
Il y a un peu de politique aussi.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Non, pas du tout…

ADRIEN GINDRE
Dans le bon sens du terme, c'est bien aussi de saluer… C'est parfois compliqué le travail entre l'État et les collectivités.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Vous savez, cette Coupe du monde de rugby, on a 10 000 hôtes, on a travaillé avec elles pour que les fans zones soient formidables, avec un soutien très important, pour qu'il y ait une bonne mise en valeurs de l'art de vivre à la française, de la gastronomie, des produits du terroir, tout cet engagement là il est super important, des territoires, c'est vraiment fondamental.

ADRIEN GINDRE
Amélie OUDÉA-CASTÉRA, les stades, les fans zones dont vous venez de parler à l'instant, on repense à ce qu'on a connu ces dernières années, l'épidémie de Covid. Il y a un nouveau variant qui commence à circuler. Est-ce que ça crée des inquiétudes chez vous ? Est-ce qu'il y aura des mesures sanitaires spécifiques ou on reste dans un cadre où tout est libre, tout est autorisé, sans restriction ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Non, il n'y a pas de protocole spécifique, on est évidemment très attentif, très vigilant, on l'est d'ailleurs à la diversité des risques sanitaires, y compris dans un tout autre registre, celui des canicules. On fait très attention à tout ça, en liaison avec l'organisateur et la Fédération Internationale qu'est World Rugby. Pas d'inquiétude sur ces sujets.

ADRIEN GINDRE
Alors, venons-en quand même aux joueurs, parce que c'est bien l'essentiel. Je faisais allusion aux propos d'Emmanuel MACRON dans l'Équipe cette semaine. Il a eu ces mots, il disait : "J'ai senti une équipe prête – en les rencontrant lundi, vous étiez d'ailleurs avec lui à ce moment-là – mais il dit sans exaltation…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
…à Rueil avec l'équipe.

ADRIEN GINDRE
Exactement. Il dit : "une équipe prête, mais sans exaltation, avec beaucoup de sérieux". Il n'y a pas d'exaltation quand on joue la Coupe du monde de rugby, il n'y a pas d'excitation des joueurs à se dire "ce soir on est en France, face à la Nouvelle-Zélande, au Stade de France" ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
C'est une régulation émotionnelle qui est très fine, et on a un maître en la matière avec Fabien GALTHIÉ, je pense qu'il a une finesse psychologique qui est assez exceptionnelle. Moi je me régale toujours de lire ses déclarations et la manière dont il positionne les choses. Il le dit, d'un côté ce soir on va jouer, au fond l'équipe la plus mythique au monde, qui n'a jamais été battue dans aucun match de poule dans une Coupe du monde de rugby, donc c'est un monument. Et face à ça, il faut bien régler les émotions, c'est-à-dire qu'il ne faut pas qu'il y ait de décharges d'adrénaline trop fortes non plus, pour ne pas perdre de l'influx, il faut être au bon réglage. Vous savez que ça c'est une des spécificités des sportifs de haut niveau, savoir se mettre en tension, mais que la pression génère un bon stress, pas une anxiété qui coupe les pattes. Donc c'est tous ses réglages et c'est la magie du sport aussi, cette bataille psychologique, cette préparation d'une grande finesse, pour que chacun soit au top ce soir à 21h15.

ADRIEN GINDRE
Les derniers jours ont quand même été marqués par les interrogations autour du cas de Bastien CHALUREAU, il y a eu plusieurs expressions. Le chef de l'État lui-même d'ailleurs disait : "Si sa condamnation – je rappelle une condamnation pour violences à caractère raciste en première instance en 2020 – il disait : si sa condamnation est confirmée en appel, il serait préférable – c'est le terme qu'a employé le chef de l'État – qu'il ne porte plus le maillot des Bleus". Qui décide de ce qui est préférable ou de ce qui se fera ? Seul le sélectionneur est habilité à dire, si la condamnation est confirmée en appel, oui je regarde un jour en équipe de France, ou non je ne le regarde plus ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, il y a un patron qui est le sélectionneur, mais évidemment la parole et la vision du chef de l'État elle est importante et elle sera le moment venu prise en compte. Mais j'allais dire, on n'est pour l'instant pas dans cette temporalité…

ADRIEN GINDRE
Oui, mais ça compte, parce que vous parlez souvent aussi de l'exemplarité, des valeurs…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… il y a la présomption d'innocence, comme il y a d'ailleurs le droit de recours en face. Le joueur s'est exprimé, il y a nié avoir tenu ces propos racistes, la justice maintenant doit faire sereinement son travail, dans le respect de la présomption d'innocence. Il faut que nous tous on laisse le XV de France se concentrer le mieux possible. La justice rendra son verdict, et le président de la République l'a dit, voilà, si… à la fois pas de justice fiction avant l'heure, ça n'a aucun intérêt, et de l'autre voilà s'il devait y avoir des faits graves et établis, je reprends les mots du président de la République, oui il serait préférable que, parce que nous sommes là à combattre toutes ces formes de discrimination, de racisme. Vous savez que je suis particulièrement engagée sur ces sujets-là, au cœur du sport français, je porte cet engagement. On forme des éducateurs pour qu'on éloigne absolument tout ça, et c'est des valeurs d'égalité, de fraternité, qu'on veut loger au cœur de l'ADN de toutes nos équipes de France, bien entendu.

ADRIEN GINDRE
Je précise juste un point, Amélie OUDÉA-CASTÉRA, vous avez raison, Bastien CHALUREAU nie avoir tenu des propos racistes, en revanche il reconnaît les violences. On peut être l'auteur de violences et représenter la France, porter son maillot ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Idéalement, on préférerait qu'il n'y ait pas ce type de comportements. Voilà. Maintenant l'erreur est humaine, on apprend de ses erreurs, de ses turpitudes. Je ne vais pas cautionner les violences, je suis peut-être, voilà, je ne vais pas faire de comparaisons, mais extraordinairement engagée sur ces sujets d'éradication de toutes les formes de violence. Donc, vous n'allez pas m'entendre cautionner ces violences-là. Maintenant, il y a un ordre de gravité, il y a des hiérarchies aussi qui peuvent être faites entre ces types de comportements, même si évidemment mon message est que toute forme de violence doit être retirée, doit être extraite du monde du sport, pour lui permettre d'être aussi inspirant qu'il peut l'être. Moi je le dis toute la journée, le sport c'est une valeur d'avenir, c'est quelque chose d'extraordinairement éclairant pour notre jeunesse. Il ne faut pas y injecter de la violence, sous quelque forme qu'elle soit.

ADRIEN GINDRE
On a compris votre message. Si on parle des résultats sportifs, qu'est-ce que serait un bon résultat pour l'équipe de France dans cette Coupe du monde ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Bon, on attaque cette Coupe du monde en étant, oui, dans le tiercé des favoris. Bon, je pense que cette équipe, depuis près de 4 ans, elle nous éblouit, on sait qu'elle est capable des plus grandes choses, donc on a envie de dire une victoire. Maintenant on sait que l'Irlande est très costaud, on sait que la Nouvelle-Zélande est très costaud, on sait que l'Afrique du Sud est dans une forme aussi très très bonne. Bon, voilà, tout peut se jouer, ce qui est important c'est de tout donner, et d'arriver à manager cette pression, pour qu'elle donne des ailes aux joueurs, qu'il y ait comme un 16e homme sur le terrain, et en même temps…

ADRIEN GINDRE
Et laisser la place au public.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… de regarder étape par étape, match par match…

ADRIEN GINDRE
Mais vous rappeliez, les Néo-Zélandais, en poules, ils ne perdent pas, pour le coup c'est une règle qui ne souffre pas d'exception jusqu'ici ; Vous avez quand même un pronostic pour ce soir ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Victoire du XV. On a démontré qu'on était capable de les battre en Coupe du monde, on l'a déjà fait à deux reprises. Voilà, c'est un adversaire incroyablement coriace, il faudra tout gérer, de la pression de l'événement en passant par la réaction au haka, en passant par cette projection de toutes les énergies…

ADRIEN GINDRE
A votre connaissance, il y aura réaction des Bleus pendant le haka néo-zélandais ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Non, je n'ai absolument pas de confidences à vous faire sur tous ces sujets, mais dans l'histoire récente on a vu qu'il y avait un moment…

ADRIEN GINDRE
On l'a vu à certaines reprises.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… de tensions et de réactions, de beaucoup d'intensité, et je pense qu'on sera tous attentifs à regarder ça ce soir.

ADRIEN GINDRE
Vous soulignez à l'instant l'importance du sport, la place dans la société etc. Quelles répercussions vous, vous attendez de ce moment, que ce soit en termes d'ambiance dans le pays, de moral des Français, de croissance économique même peut-être, on l'a vu sur le foot par le passé. Ce matin c'est dessinateur Kak dans l'Opinion, qui s'en amuse aussi, sur la popularité du président de la République, en disant : on pousse, on pousse avec les rugbymen, pour la popularité du chef de l'État. Qu'est-ce que vous pouvez avoir comme répercussion positive à l'issue de ces 2 mois de compétition ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Je pense que c'est des très beaux moments de cohésion, je trouve que là on sent depuis le début de la semaine une ferveur qui est incroyable, qui au fond prolonge un petit peu cette atmosphère de l'été. Le soleil est revenu et accompagne la fête. Je pense qu'on est tous derrière notre XV de France, tous conscients que c'est une chance extraordinaire d'accueillir cette Coupe du monde, et avec l'envie, voilà, que ça nous soude et que ça aussi ça nous permette d'avoir ces moments de passion, ces moments un peu différents, et de tous se retrouver derrière le maillot de l'équipe de France. Au-delà de ça, vous l'avez dit, il y a des retombées économiques qui sont importantes, et puis il y a un héritage qui doit profiter à la famille du rugby professionnel, mais surtout amateurs. L'Etat accompagne ça beaucoup, on accompagne les actions de formation d'un certain nombre d'apprentis, dans les clubs, on soutient aussi le développement des infrastructures en héritage de cette Coupe du monde de rugby…

ADRIEN GINDRE
Et des retombées politiques, des retombées de popularité.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… et on fait en sorte, voilà, d'être là. Eh bien, il n'y a pas de calcul, vous savez, il n'y a pas de calcul. On est là, c'est une année calendaire hallucinante qui s'ouvre pour le sport français. On est le 8 septembre 2023, le 8 septembre 2024 ce sera la clôture des Jeux paralympiques. On a un moment où c'est voilà, au sport français de démontrer à l'échelle planétaire qu'il peut être cette source d'inspiration formidable pour les Français, pour la jeunesse, cette source de cohésion, nous fédérer, et puis nous montrer voilà, le goût du dépassement, le goût de l'effort, le fait que le travail paie, tout ça…

ADRIEN GINDRE
Donc il y aura quand même des leçons à en tirer.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… et c'est assez formidable je pense.

ADRIEN GINDRE
Sur les Jeux olympiques, il y a toujours la question de l'objectif. Emmanuel MACRON dit cette semaine gagner le maximum de médailles au moment des JO, il avait fixé l'objectif d'être dans le top 5 des médailles, l'une de vos prédécesseurs, Laura FLESSEL, avait évoqué les 80 médailles, aujourd'hui c'est quoi l'objectif de la France pour les JO ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Cet objectif reste d'être dans le top 5 des Nations les plus médaillées, tant sur le volet olympique que sur le volet paralympique. Et on a des formidables réussites dans certaines disciplines, il y a des difficultés par ailleurs, qu'on ne nie pas, auxquelles on essaie d'apporter des solutions…

ADRIEN GINDRE
Récemment on les a vues, on les a vues dans l'athlétisme, on a vu également les difficultés au moment de la Coupe du monde de basket.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
On a une préparation avec les équipes de l'Agence Nationale du sport, moi je suis très attentive à être vraiment aux côtés des équipes du sport français, leur témoigner ma confiance…

ADRIEN GINDRE
Mais ça peut changer en un an ? Puisque vous rappeliez le calendrier, on arrive là sur les JO.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, c'est l'une des beautés du sport, vous savez, il y a beaucoup de choses qui se jouent dans la tête, il y a des déclics qui peuvent arriver. Moi j'ai vu, dans une discipline que je connais bien, qu'est le tennis, des retournements de situations avec la capacité en quelques mois de préparer un joueur, une joueuse, au top.

ADRIEN GINDRE
Mais après Tokyo, Teddy RINER disait : ça se prépare en 7 ans, ça ne se prépare pas en quelques mois.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, il y a un travail de fond, bien évidemment, bien évidemment, mais qu'on mène avec beaucoup d'ardeur, en ayant porté les moyens au service de nos athlètes, au service du sport français de manière massive, en termes de…

ADRIEN GINDRE
Il y a assez de moyens donnés par l'État aujourd'hui au sport français ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, et aujourd'hui quand on débriefe avec les athlètes, le sujet n'est pas un manque de moyens, le sujet c'est vraiment d'arriver à réunir toutes les conditions pour optimiser la performance de nos athlètes le jour J. Mais il y a aussi, dans des discussions, dans des éléments de partage, dans la manière de se préparer physiquement, psychologiquement, plein de choses qui peuvent être optimisées dans une dernière année de préparation, dans une dernière ligne droite.

ADRIEN GINDRE
Alors, si on regarde sur plus loin, les JO qui viendront dans les décennies à venir, on se dit aussi, vous y faisiez allusion, que la France elle a encore de la marge sur l'organisation de la société, la place que le sport prend dans la société. Vous travaillez avec vos collègues du gouvernement aussi sur sa place à l'école notamment. Je faisais allusion tout à l'heure au déplacement du président de la République, ça a été l'occasion de remettre en lumière toute une série d'annonces, de décisions, la création, la rénovation de 5 000 terrains de sport…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Pas de remettre en lumière, de porter des annonces nouvelles…

ADRIEN GINDRE
Porter, oui, selon celles que je vais citer, il y en a certaines qui étaient déjà évoquées, la généralisation des 2 heures de sport supplémentaires au collège…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… oui, mais le plan de bâti scolaire, le nouveau train de 5 000 équipements qui vont massivement bénéficier aux établissements scolaires, c'est une annonce du chef de l'État qui est totalement nouvelle, et c'était quand même assez exceptionnel de le voir porter comme il l'a fait, la place du sport à l'école.

ADRIEN GINDRE
Mais après…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Je ne sais pas si un chef d'État d'ailleurs, d'aucune autre Nation au monde, ne la portée avec autant de convictions, que ce qu'il a fait à Orthez mardi.

ADRIEN GINDRE
Il y a aussi la question, Amélie OUDÉA-CASTÉRA, pardon, de la faisabilité. Par exemple les 30 minutes de sport à l'école, que vous portez, très concrètement il y a des écoles où il n'y a pas de gymnase à côté, il n'y a pas forcément de cours qui permettent de réaliser cette activité etc. L'objectif, je pense que tout le monde peut à peu près s'y retrouver, et ensuite il y a la faisabilité, il y a le calendrier, il y a les moyens, il y a la manière dont ça s'organise tout ça. Vous parliez des collectivités, il y a des collectivités qui disent "ce n'est pas simple"…

ADRIEN GINDRE
… avec beaucoup de pragmatisme, il n'y a pas besoin de matériel lourd, on équipe aussi en kit, avec des ballons, des cerceaux, les différentes écoles, elles le seront intégralement d'ici la fin de l'année 2023, et justement on donne beaucoup de souplesse aux professeurs des écoles, pour pouvoir organiser ces 30 minutes. Et je rappelle que justement, prendre le temps de faire avec les enfants ces 30 minutes, c'est aussi rendre la classe plus calme, améliorer la capacité de concentration des enfants, et être moins du coup sur des moments un peu stériles, de faire la police dans la classe etc. Donc c'est vertueux, il y a de l'espace pour le faire, il y a le temps pour le faire, et il faut qu'on arrive à monter en puissance pour avoir une généralisation parfaitement effective de tout ça. Et puis, le plan sur le bâti scolaire viendra en effet renforcer. Sur les 5 000 équipements, il y aura un travail sur les 1 500 cours d'école pour les rendre plus actives, améliorer le design, avoir une marelle, avoir des terrains de jeux, des terrains pour le jeu…

ADRIEN GINDRE
Pour une Nation plus sportive…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
… y compris pour les petites filles qui sont souvent un peu oubliées.

ADRIEN GINDRE
Alors justement, sur les petites filles, je voulais vous entendre sur un point qui préoccupe certains défenseurs de la laïcité. Sur la partie école, le ministre Gabriel ATTAL a annoncé sur TF1 l'interdiction de l'abaya, le Conseil d'État a confirmé cette décision.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Valisé par… Voilà.

ADRIEN GINDRE
Ce dossier est clos. Il y a en revanche les interrogations sur la manière dont certaines jeunes filles évitent les cours de sport, refusent d'aller dans les vestiaires, parfois avec des certificats médicaux que l'on peut questionner, et probablement dans certains cas pour des raisons religieuses. Est-ce que c'est un levier que vous pouvez activer ? Est-ce qu'il y a une manière à envisager pour lutter contre ce phénomène ?

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
C'est absolument un point d'attention que je porte. Moi j'ai toujours dit à quel point il était important d'éliminer le plus possible des certificats médicaux qui n'ont pas de fondement avéré, sur le plan de la santé. Il n'y a rien de meilleur pour sa santé que de faire du sport. Donc c'est hyper important, y compris pour nos adolescentes, qui sont dans des moments de découverte…

ADRIEN GINDRE
Mais il y a un prosélytisme, y compris dans le sport aujourd'hui, et…

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Non. On a réglé un certain nombre de difficultés, vous savez que ce qui a pu se passer récemment autour de terrains de foot, c'est plutôt au contraire hors des portes de l'école, dans les clubs, que le cœur du problème se situe. Donc n'allons pas mettre le problème, là où il n'est pas.

ADRIEN GINDRE
Donc vigilance, mais pas de nouvelles décisions pour le moment.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
La vigilance du gouvernement, elle a été totale quand il s'est agi dans cette action, cette décision qui a été prise par le Conseil d'État, d'interdire, de valider plus exactement l'interdiction du port du voile, le temps et l'espace des compétitions, dans le foot amateur. C'est important de lutter contre tous les phénomènes de prosélytisme, tous les phénomènes de radicalisation, de séparatisme, et aussi au cœur de nos équipes de France, de garder un principe de neutralité. C'est tout ça la laïcité dans le sport.

ADRIEN GINDRE
Mais sans nouvelle décision, je vous comprends bien, c'est vigilance mais pas de nouvelles mesures.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Oui, et les fédérations sportives aujourd'hui savent que, à l'instar de ce qu'a fait la Fédération française de foot, elles peuvent limiter, interdire même le port du voile le temps des compétitions. Elles peuvent se saisir, elles ont le pouvoir réglementaire en la matière, en l'adaptant aux circonstances, à la dynamique de leur discipline, pour trouver les bonnes solutions et mettre les curseurs là où ils doivent être, tout en évidemment protégeant la liberté de conscience qui est aussi un élément essentiel de notre pacte républicain.

ADRIEN GINDRE
Merci beaucoup Amélie OUDÉA-CASTÉRA.

AMÉLIE OUDÉA-CASTÉRA
Merci à vous.

ADRIEN GINDRE
Bon match ce soir. Je rappelle que la soirée spéciale commence dès 19h10 sur TF1


source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2023