Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du Conseil européen,
Mesdames et Messieurs les chefs d'État ou de gouvernement,
Madame la Directrice générale,
Chers collègues,
C'est un grand honneur pour moi de coprésider au nom de la France cet événement sur la réforme de l'architecture financière internationale, qui doit être au cœur de nos réflexions, au cœur de nos préoccupations, comme ce fut le cas les 22 et 23 juin derniers, lorsque Paris a accueilli le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à l'initiative du Président de la République ; sommet auquel ont participé plus de 150 pays et organisations internationales.
Parallèlement, nous savons que la mise en œuvre des objectifs de développement durable est insuffisante. Nous ne sommes pas collectivement sur la bonne trajectoire. Et bien sûr, ce sont les pays les plus vulnérables qui en pâtissent en premier lieu, face à une crise climatique, une crise de la dette, mais aussi une crise alimentaire souvent, et une crise des financements. Nous devons accroître ces financements et les capacités de notre architecture financière internationale à financer. C'était là, encore, le sens du sommet de Paris de juin dernier.
Ce sommet a posé quatre principes clairs, que je voudrais résumer :
1 - aucun pays ne doit avoir à choisir entre lutte contre la pauvreté et protection de la planète ;
2 - chaque pays peut choisir son chemin car il n'y a pas de voie unique que l'on pourrait répliquer ;
3 - une hausse des financements publics est nécessaire, dont un choc de financements concessionnels ;
4 - le secteur privé doit être pleinement mobilisé et permettre un renforcement des capacités de levier des institutions financières internationales.
Cette ambition est reflétée dans le Pacte de Paris pour les peuples et la planète, ce qu'on appelle les "4P" désormais, qui pose les premiers jalons pour atteindre ces objectifs. Ce pacte contribue à structurer notre action collective dans les prochains mois. Nous saluons l'engagement de 33 pays déjà, ainsi que le soutien exprimé par de nombreux partenaires africains lors du Sommet de l'Afrique pour le climat qui s'est tenu à Nairobi tout récemment. Nous devons tous être mobilisés pour faire encore plus et être plus nombreux. Donc nous comptons sur votre soutien actif.
Nos propres engagements sont tenus. Depuis 2020, la France appelle à la réallocation de 100 milliards de droits de tirages spéciaux vers les pays qui en ont besoin. Cette cible est désormais atteinte et elle est même dépassée. Par ailleurs, celle de 100 milliards de flux Nord-Sud pour le climat le sera également cette année. Dans les deux cas, la France qui est désormais le quatrième bailleur mondial d'aide au développement a pris toute sa part en réallouant 7 milliards et demi de droits tirages spéciaux et en dépassant de plus d'un milliard son engagement financier pour le climat en 2022, qui était de 6 milliards, avec désormais 7,6 milliards d'euros.
Le sommet des 22 et 23 juin a aussi permis des résultats immédiats en scellant un partenariat pour une transition énergétique juste avec le Sénégal, le JETP, et en permettant aussi un accord sur la restructuration de la dette zambienne. D'autres engagements ont été concrétisés au sommet du G20, autre étape importante, comme l'augmentation sans hausse de capital, mais simplement par une nouvelle conception de la prise de risque, des financements fournis par les banques de développement. Et nous savons bien sûr que d'autres chantiers restent ouverts : je pense, par exemple, à la mise en place d'un prélèvement sur les émissions de carbone du transport maritime, dont on pourrait attendre quelques ressources.
La France pense qu'aucune question, même difficile, ne doit être écartée : la réforme de la gouvernance mondiale, y compris celle des institutions financières internationales, doit être menée avec ambition. Elle doit permettre une plus juste représentativité et une véritable prise de responsabilité. Nous devons prendre en compte les réalités démographiques, économiques d'aujourd'hui. En contrepartie, les pays qui seraient bénéficiaires de ces réformes doivent prendre la pleine mesure de l'impératif écologique qui les concerne. Le Président de la République a ainsi soutenu la recapitalisation de la Banque mondiale avec une place faite aux émergents, à la condition qu'ils s'engagent à prévoir une sortie des énergies fossiles et notamment à sortir du charbon, ce qui est vraiment la priorité. Notre ouverture à revoir les quotas du Fonds monétaire international signifie aussi qu'il faudra que des engagements clairs et significatifs soient pris pour restructurer la dette en Afrique. Les besoins de financement sont considérables.
Alors, poursuivons nos efforts, ensemble, pour retisser le lien de la solidarité entre pays développés et pays en développement et pour continuer de bâtir un système multilatéral représentatif, fondé sur des règles et dont l'ambition soit à la hauteur des défis. Je veux terminer sur cette note d'optimisme, d'espoir et d'exigence, comme l'a fait le Président du Sénégal, je pense que c'est une bonne direction à suivre maintenant, pour nous tous.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 septembre 2023