Interview de Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux olympiques et paralympiques à France 2 le 14 septembre 2023, sur le bilan de l'organisation de la coupe du monde de rugby et la préparation des jeux olympiques 2024.

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Média : France 2

Texte intégral

THOMAS SOTTO
Bonjour et bienvenue dans les 4V, Amélie OUDEA-CASTERA.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.

THOMAS SOTTO
Comme avant chaque match, on va commencer par les hymnes si vous voulez bien.
Est-ce que vous la trouvez jolie cette "Marseillaise" simple et basique ? C'était au stade de France au mois de février, l'an dernier, France-Irlande.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
La Mêlée des chœurs, c'est un beau projet pour ce mondial de rugby. Maintenant la manière dont ça a été pensé était trop compliqué.

THOMAS SOTTO
Mais qu'est-ce qui s'est passé avec cette cacophonie ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Des canons, de la polyphonie qui ne sont pas bien adaptés à l'ambiance de nos stades. On avait vu en août en plus le bonheur des Français de chanter la Marseillaise a cappella donc il faut tenir compte de tout ça. On a vraiment pris le taureau par les cornes et réajuster les choses en lien avec la maîtrise populaire de l'Opéra-Comique, avec l'Éducation nationale ; on retravaille avec World rugby, les fédérations, aujourd'hui, on est en capacité…

THOMAS SOTTO
Ça veut dire quoi ? Qu'on change, on va revenir à des hymnes plus classiques ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Plus simples, plus épurées ; une base avec des réarrangements sur la partie instrumentale et qui va nous permettre, je crois, de satisfaire à la fois les fédérations, les équipes et puis le public sans perdre la voix des enfants. C'était quelque chose d'important pour nous.

THOMAS SOTTO
Oui, parce que ce qu'il faut penser que les enfants ont fait ce qu'on leur a demandé ; ils l'ont fait très très bien. Il ne faut pas s'en prendre à eux. Certains ont été un peu touchés.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Ils l'ont fait très bien. 7 000 enfants, 300 professeurs de l'Éducation nationale à travers la France qui ont très bien travaillé avec la maîtrise populaire. Donc on veut essayer de proposer ces nouvelles versions. Elles ont été adoptées par déjà une série de nations.

THOMAS SOTTO
Ce sera plus simple, il n'y aura plus de canons et tout le monde pourra chanter en même temps.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Épuré, pas de polyphonie. Et on pourra... J'espère que tout ira bien ainsi désormais.

THOMAS SOTTO
C'est la première bonne nouvelle de cette matinée. Toutes les équipes ont disputé leur premier match de cette Coupe du monde de rugby. Quel premier bilan vous tirez de ce Mondial ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Beaucoup d'engouements. Il y a un record au niveau des spectateurs, il y a un record au niveau aussi des audiences à la fois télévisées et puis en digital. Il y a un record de ventes de maillots. Je crois qu'il y a une envie de ce XV de France qui est très très forte en France. Ils nous inspirent, ils nous font plaisir, ils donnent du bonheur ; ça va continuer. En même temps, on a eu un ou deux petits couacs sur l'expérience.

THOMAS SOTTO
Oui, des petits problèmes d'organisation quand même à Bordeaux, à Marseille, avant le match Angleterre-Argentine.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Et qu'on est en train vraiment de corriger. Ça a été d'ailleurs très vite corrigé dès dimanche dernier.

THOMAS SOTTO
Les Anglais nous ont jugés très sévèrement.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Oui, comme souvent.

THOMAS SOTTO
Parce que certains n'ont pas pu accéder au match ou ont raté le début des rencontres.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Clairement, il y a eu quelques défaillances dans l'organisation le samedi, vous l'avez dit, à Bordeaux, à Marseille. Elles ont été immédiatement corrigées le lendemain dans les deux mêmes villes, ce qui montre bien qu'il n'y a pas de problème structurel d'organisation. Je rappelle qu'il n'y a pas eu d'incident majeur, aucun problème de sécurité.

THOMAS SOTTO
Pour l'instant, la Coupe du monde est tenue ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Maintenant, on a resserré tous les boulons au niveau de l'expérience spectateurs parce qu'on doit aux spectateurs du monde entier qui viennent en France pour cette Coupe du monde, que cette expérience soit irréprochable, soit excellente. Donc, tout a été fait. Moi, je serais personnellement sur l'ensemble des stades de la compétition. Reparler à l'ensemble des parties prenantes, là aussi, pour que tout soit absolument nickel. C'est notre volonté. Je rappelle quand on organise au début un événement de cette ampleur, ce n'est pas inhabituel qu'il y ait ces petits rodages.

THOMAS SOTTO
Des petits réglages.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Maintenant, notre détermination est totale pour apporter le meilleur de cette expérience et on ne compte pas notre temps pour y parvenir.

THOMAS SOTTO
Plus anecdotique, on a manqué de bière dans certains stades, Amélie OUDEA-CASTERA. Alors, ça peut faire sourire, mais sur le fond, la bière avec alcool a-t-elle vraiment sa place dans les stades ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Il y a la loi Evin qui pose un cadre. Il y a des exceptions possibles en lien avec World rugby, les municipalités. Là, il y a une exception qui est prévue pour cette Coupe du monde de rugby. Et oui, il y a eu, là encore, à Bordeaux mais surtout à Marseille.

THOMAS SOTTO
Mais vous la comprenez cette exception, vous ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Je pense que ça fait partie de la culture du rugby. C'est important d'avoir en même temps les messages de prévention que nous portons avec Aurélien ROUSSEAU. Il y aura bien cette campagne dans les jours à venir.

THOMAS SOTTO
Elle aura lieu la campagne dont on a dit qu'elle a été…

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Il s'est expliqué là-dessus hier, absolument. Les messages ont été remaniés, la création a été remaniée mais l'intention demeure tout aussi forte de bien prévenir contre tous les excès en matière de consommation d'alcool. Maintenant, on sait que ça fait partie du spectacle. Il y a des villages rugby, ces fans zone également où c'est important pour les spectateurs. Tout ça doit être fait avec modération. Mais, oui, il y a eu des records en effet de consommation. Il a aussi fait très chaud, je rappelle qu'on était quasiment dans des moments de canicule et oui, les records ont été explosés. Plus de 80 000 gobelets de consommation de bière à Marseille pour ce fameux match Argentine-Angleterre.

THOMAS SOTTO
C'est quand même un peu curieux d'entendre se réjouir de ça. Mais il y aura de l'alcool aussi pour les…

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Non, je ne me réjouis pas, je le relève. Je le relève parce que ça explique aussi un petit peu certaines des lenteurs qui nous ont été reprochées aux buvettes et dans les réglages avec la bière Asahi et pour les tireuses à bière.

THOMAS SOTTO
Pour les JO, il y aura de la bière aussi dans les stades ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Non. Pour les JO, le choix a été fait qu'il n'y ait pas du tout d'alcool ni d'ailleurs dans les clubs 2024 (les fans zone) ni bien sûr dans l'enceinte de ces stades.

THOMAS SOTTO
Les jours. Ce n'est pas une année tranquille qui s'annonce pour vous avec donc ces Jeux olympiques en ligne de mire. On s'attend à du grandiose. Alors sauf dans la Seine où on redoute un peu des mycoses, les tests d'épreuves dans le fleuve n'ont pas été très concluants cet été ; souvent annulés pour cause de pollution excessive. Qu'est ce qui fera que la même cause ne produira pas les mêmes effets dans un an ? Autrement dit, est-ce que vous avez la certitude que les épreuves prévues dans la Seine se dérouleront dans la Seine ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Il y a eu deux épisodes très différents. Il y a eu ce qui s'est passé début août, qui était lié à des eaux pluviales. Il a plu de manière totalement anormal pour un été à Paris.

THOMAS SOTTO
Il se peut qu'il pleuve de manière anormale l'an prochain.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Et les infrastructures, on le savait, qui permettent de gérer cette dimension des eaux pluviales n'étaient pas encore prêtes. Elles le seront parfaitement pour les Jeux olympiques et paralympiques. Donc ça, ça n'est pas un point d'inquiétude. Les bassins d'orage se construisent en temps, en heure. Les budgets sont prévus.

THOMAS SOTTO
Donc ce risque-là est évacué ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Ce risque-là est évacué. Il y a eu ensuite une défaillance opérationnelle avec l'usine des eaux de la ville de Paris du côté de Tolbiac, des difficultés avec un clapet qui a été fuyant. Le déficit a été identifié. Il va être monitoré de manière beaucoup plus exigeante, beaucoup plus fine. Pour la suite et on verra de manière là aussi très étroite à ce qu'il n'y ait pas de problème de cette nature qui se résolve.

THOMAS SOTTO
Donc vous n'êtes pas inquiète ; il y aura donc des épreuves dans la Seine ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Non, je veux dire, elles ont pu se tenir en partie. On a, encore une fois, tout le dispositif ; le projet est très bien piloté par le préfet de la région Ile-de-France. On a des budgets très importants qui sont mobilisés là-dessus et on sera au rendez-vous de cette baignade, des épreuves dans la Seine et de la baignade ensuite en 2025.

THOMAS SOTTO
Il n'y pas de plan B ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Il n'y a pas de plan B parce qu'on veut faire absolument ces épreuves de triathlon, on veut faire ces épreuves de natation, de paranatation dans la Seine. On sera prêts et on met tout en œuvre pour que ces petits déficits de contrôle qu'il y a eu ça et là ; ces petits déficits ne se reproduisent absolument pas. Et nous y veillons, nous l'État, personnellement avec les autres parties prenantes du projet.

THOMAS SOTTO
L'autre question c'est : est-ce que nos athlètes seront prêts ? Les médailles aux championnats du monde d'athlétisme ; la France est repartie avec une médaille qui ne suffit pas à cacher la misère. Faut-il revoir nos ambitions à la baisse ? Quel est l'objectif de l'équipe France pour ces JO ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Non, il ne faut jamais revoir ses ambitions à la baisse ; il faut ajuster tout ce qui peut l'être en termes d'engagement, de concentration ; œuvrer pour qu'il y ait un esprit d'équipe qui demeure, qu'il y ait de l'émulation…

THOMAS SOTTO
C'est quoi l'objectif ? C'est le top 5 ?

Amélie OUDEA-CASTERA
L'objectif, c'est le top 5. Ce n'est pas le niveau, objectif top 5 côté olympique, côté paralympique et on fait en sorte d'être au côté des Fédérations pour les soutenir, en même temps piquer quand il faut aller un peu plus loin dans la qualité de la préparation olympique, son intensité. C'est le sens des propos que j'ai pu tenir dans cette réunion de débrief avec les équipes d'athlétisme et tout un programme de travail avec des jalons très précis ont été définis par le directeur de la haute performance. Il faut continuer, faire ça partout, je redisais d'ailleurs au président, les différentes fédérations olympiques hier, ce leadership dans la préparation dans chacun de ces jalons est capital, on veut être au rendez-vous de notre mission.

THOMAS SOTTO
On se pose aussi beaucoup de questions sur la capacité de nos réseaux de transport à absorber l'évènement surtout s'il y a des grèves pendant les jeux. Un député Renaissance, donc, de votre famille politique, Karl OLIVE, veut interdire les manifestations et les préavis de grève avant les grands événements sportifs, il demande une loi d'exception sur les sujets. La ministre des Sports et des JO que vous êtes y est-elle favorable à cette loi d'exception ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Moi, je ne demande pas de loi d'exception, je pense qu'il y a une méthode qui est celle de ce Gouvernement qui est d'être à la fois dans le dialogue social, le plus anticipé possible et d'être dans la responsabilité. Et là, je retiens pour la Coupe du monde de rugby on avait vu qu'il y avait un préavis de grève déposé par les aiguilleurs du ciel, le travail qui a été mené par Clément BEAUNE a permis de le lever.

THOMAS SOTTO
Oui, ils ont dit : "On fera une trêve olympique".

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
A permis aussi dans cet esprit de responsabilité que j'appelle de mes vœux de dire qu'il n'y aurait pas de nouveau mouvement social pour les Jeux olympiques et paralympiques. Je crois que notre pays a besoin de montrer qu'il est absolument exemplaire, qu'il est conscient qu'il reçoit le monde et que ça, ça nous oblige sur un certain nombre de dimensions.

THOMAS SOTTO
Donc, on se parle mais on oblige à…

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Et en même temps on anticipe ce dialogue social, c'est le sens des deux chartes sociales d'ailleurs qui existent, tant pour les Jeux olympiques que pour la Coupe du monde de rugby et de l'attention que nous portons à ce lien avec les partenaires sociaux. J'y ai veillé personnellement pour la Coupe du monde Rugby.

THOMAS SOTTO
A propos des transports avec les Jeux Paralympiques qui se dérouleront du 28 août au 8 septembre, ils seront surchargés en Ile-de-France, alors, oui ou non, une fois pour toutes, la rentrée scolaire en Ile-de-France sera-t-elle décalée en septembre prochain ? Est-ce que les Franciliens entreront plus tard ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Non. Elle ne sera pas décalée. Ce qu'on va regarder, c'est vraiment au cas par cas pour ceux des établissements qui sont à proximité immédiate de sites olympiques et paralympiques, comment on peut trouver des solutions de flexibilité pour les familles, pour les enfants, pour les professeurs…

THOMAS SOTTO
Donc une adaptation locale ? Mais pas de report.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Une adaptation micro locale pour quelques exceptions qui vont se compter sur les doigts des deux mains, au maximum et pas du tout de changement l'ensemble des familles. Vous savez, on fait attention avec ses Jeux olympiques et paralympiques, qu'ils perturbent le moins possible le cours normal de la vie de la nation et on le doit aux Français bien sûr.

THOMAS SOTTO
J'ai encore trois petites questions rapides : Paul POGBA qui a été contre contrôlé à testostérone, si ce contrôle est confirmé, est-ce que les sportifs qui sont pris comme ça doivent être bannis à vie ? Est-ce qu'il faut les sortir des équipes nationales ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Bannis à vie, non, il y a des suspensions qui sont très longues. On a vu d'ailleurs, là, avec ce qui était…

THOMAS SOTTO
Simona HALEP?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Simona HALEP et les quatre ans, donc c'est des durées très longues. Pour Paul POGBA, la procédure est en cours donc je ne vais pas m'exprimer là-dessus. Évidemment, c'est un épisode qui est triste et qui cause de la peine. Moi, ce que je veux quand même dire, parce que je sais qu'il y a eu des polémiques ces deux derniers jours, c'est qu'il y a un engagement de toutes les parties prenantes pour un sport propre. Après, je ne veux pas qu'il y ait des caricatures, je pense qu'il y a des généralisations. Oui, ça peut exister, il existe même des cas de dopage d'ailleurs dans le sport professionnel comme dans le sport amateur mais il y a surtout la volonté de toutes les parties prenantes, des moyens très forts qui sont mis à disposition des autorités de contrôle par l'Etat, un renforcement de plus de 50 % de ces contrôles en quatre ans et je pense qu'on est vraiment au rendez-vous de cette éducation, de cette culture antidopage de bout en bout, du plus jeune âge et aussi la nécessité contre le personnel, sur les entourages les athlètes ont besoin de ça.

THOMAS SOTTO
Je précise qu'il y a les journées européennes du patrimoine, que c'est important qu'il y a plein de lieux qui seront ouverts ce week-end et qu'on pourra y aller. Dernière question, est-ce que vous avez regardé le rugby ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Oui. Première fois que le sport est mis à l'honneur dans ces journées européennes et du patrimoine.

THOMAS SOTTO
On est dans le temps additionnel, vous avez regardé le rugby ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
C'est la première fois en quarante ans, ça se fête.

THOMAS SOTTO
France, vous regardez la demi-finale de volley ce soir, France-Italie à Rome ?

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Je suis dans le stade Pierre Mauroy à côté du président de la République. J'aurais un œil rivé sur cette demi-finale de volley, champion olympique contre les champions du monde, ça se regarde à Rome, pensez pour nos volleyeurs.

THOMAS SOTTO
Merci beaucoup d'être venu dans les 4V, allez les bleus, tous les bleus, du volley au rugby. Bonne journée à vous, Amélie OUDEA-CASTERA.

AMÉLIE OUDEA-CASTERA
Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2023