Texte intégral
ORIANE MANCINI
Bonjour Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être notre invité politique ce matin. Ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire, vous êtes également premier vice-président du MoDem. On va parler évidemment de sujets politiques avec vous. On est ensemble pendant vingt minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale représentée par Julien LÉCUYER de La Voix du Nord qu'on est ravi de retrouver. Bonjour Julien.
JULIEN LÉCUYER
Pareillement.
ORIANE MANCINI
Merci d'être avec nous. On va évidemment parler des questions agricoles dans quelques instants. Il y a beaucoup de sujets mais d'abord question politique sur la loi immigration. Il y a une tribune qui a été signée de parlementaires de la majorité présidentielle et de la Nupes qui a été publiée cette semaine, qui plaide en faveur de la régularisation des travailleurs sans-papiers notamment dans les métiers en tension. Est-ce que vous soutenez les députés MoDem qui ont signé cette tribune ?
MARC FESNEAU
Il y a une diversité d'opinion. Sur ce sujet de l'immigration, il faut qu'on arrive à tenir à la fois un objectif, sinon il n'y aura pas de d'intégration réussie, qui soit celui d'une immigration qui soit plus choisie si je peux dire et moins subie. Mais on sait à quel point les phénomènes migratoires sont très forts, on voit bien ce qui est en train de se passer en Italie de nouveau parce que quand la faim vous pousse, quand la guerre on pousse, on peut raconter ce qu'on veut ici sur un bureau, les gens partent de chez eux pour essayer de trouver un territoire qui leur soit plus favorable. Et ça peut s'entendre et se comprendre. Donc on a besoin de trouver un équilibre entre la gestion de ces flux migratoires, et derrière flux migratoires il y a des gens, vous avez des réalités humaines, donc c'est des mots qui sont un peu abrupts.
ORIANE MANCINI
Donc ils ont eu raison de la signer, y compris avec…
MARC FESNEAU
Non, non. Premier élément donc, essayer de gérer les flux et en même temps le faire dans des conditions raisonnables et qui soient acceptables parce qu'on ne peut pas accepter que tous ceux qui veulent venir chez nous puissent venir chez nous, parce que sinon on crée des déséquilibres qui sont trop forts. C'est tout le sujet de ces questions migratoires et sans être otage d'un camp ou d'un autre sur ces questions-là. Et le point d'équilibre, il est très compliqué à trouver - on va se dire les choses comme elles sont – d'où le fait que moi je ne trouve pas inintéressant qu'on puisse se poser la question à un moment d'aller devant les Français parce que chacun a du mal à sortir de sa posture dans cette affaire.
JULIEN LÉCUYER
Aller devant les Français, c'est-à-dire ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
MARC FESNEAU
À un moment, on ouvre la porte à la question référendaire donc il faut d'abord…
JULIEN LÉCUYER
Sur la question migratoire ?
MARC FESNEAU
Non mais c'est bien la question qui a été posée si j'ai bien compris.
JULIEN LÉCUYER
Oui, tout à fait.
MARC FESNEAU
Qu'on se dise : est-ce que là, il n'y a pas moyen de faire des Français le juge de paix de questions qui sont très en otage de ceux qui, d'un côté ou de l'autre, essayent de radicaliser les positions. En tous cas je m'interroge.
JULIEN LÉCUYER
Mais vous, vous y serez favorable.
MARC FESNEAU
Moi je répète, je m'interroge. Je me dis qu'est-ce qui peut faire qu'on ait un débat qui soit un débat éclairé et apaisé et pas un débat d'une caricature contre une autre. Vous voyez ce que je veux dire.
ORIANE MANCINI
Mais signer une tribune comme ça, est-ce que ça ne risque pas de fracturer la majorité ? En tout cas de l'abîmer, c'est ce que dit notamment Laurent MARCANGELI, le patron d'Horizons.
JULIEN LÉCUYER
Ça fait grincer au sein de la majorité.
MARC FESNEAU
Mais d'abord, on sait bien que sur la majorité depuis 2017-2018, cette question migratoire est une question qui parfois a fait des divergences à l'intérieur des groupes. Enfin, je ne pense pas…
JULIEN LÉCUYER
Ce n'est pas une surprise.
MARC FESNEAU
Ce n'est pas une surprise mais ça fait 6 ans que je connais cette majorité, elle a été moins fracturée que bien des majorités avant elle ; Enfin, on va dire les choses comme elles sont, elle a toujours été au rendez-vous de la solidarité. Alors qu'il puisse y avoir des expressions est une chose, l'expression ne doit pas éviter qu'à un moment on essaie de trouver un point de consensus. Mais le point de consensus il n'est pas seulement dans la majorité, c'est qu'est-ce que disent les LR, qu'est-ce que disent les gens qui à gauche sont plus modérés, qui essaient en fait de résoudre ce problème en conscience et pas avec des postures.
ORIANE MANCINI
Sauf que le en même temps c'est difficile, alors il vaut mieux trouver un accord avec les LR ou un accord avec la gauche ?
MARC FESNEAU
Ça ne peut pas être 0 régularisation d'un côté ou toutes régularisations. Pardon, ce n'est pas en même temps, c'est un point d'équilibre Le en même temps est un point d'équilibre dans cette affaire, on a besoin de trouver de l'équilibre qu'on ne trouverait pas sur un chemin qui soit un chemin du y'a qu'à faut qu'on, et ceux qui nous ont expliqué dans d'autres pays du monde, de l'autre côté de l'Atlantique par exemple, qu'ils allaient mettre des clôtures, des barrières, des murs et qu'ils allaient empêcher les immigrés de venir, ils n'ont jamais réussi à le faire. Donc ce n'est pas la peine d'avoir des postures dont on sait qu'on ne les tient pas. Et par ailleurs, on a besoin de travailler – c'est des questions du dérèglement climatique, des dérèglements géopolitiques - pour que, dans un certain nombre de pays, les choses ne se déstabilisent pas. Parce que c'est ça ce qui produit les flux migratoires.
ORIANE MANCINI
Mais qu'est-ce qu'il faut faire avec ce texte ? François BAYROU il dit : c'est un texte utile mais pas essentiel. Est-ce qu'il faut y renoncer si un accord n'est pas trouvé ?
MARC FESNEAU
On verra mais en tout cas, il y a des choses. Quand j'étais aux Relations avec le Parlement, j'avais en charge les budgets en particulier de ceux qui géraient les dossiers des gens qui font des demandes d'asile. On a un sujet, et ça c'est du réglementaire, et ça c'est de la politique publique, c'est vieux comme… On a plutôt amélioré les choses mais on a besoin d'accélérer les procédures parce que quand vous avez des gens à qui vous répondez 2, 3, 4 ou 5 ans plus tard compte tenu des recours, évidemment vous êtes dans une situation où c'est compliqué de les raccompagner aux frontières et, en même temps, vous mettez en scène parfois votre impuissance. Donc on a besoin d'avoir des procédures et c'est vrai que ça…
JULIEN LÉCUYER
Mais ça, ça peut passer par un règlement.
MARC FESNEAU
C'est ce que je viens de vous dire.
JULIEN LÉCUYER
On n'est pas obligé de passer par un projet de loi. Est-ce qu'il ne vaut mieux pas…
MARC FESNEAU
C'est là que François BAYROU a raison, c'est-à-dire qu'essayons de segmenter les problèmes. D'abord les obligations de quitter le territoire, est-ce qu'on ne peut pas les régler ? Alors on doit pouvoir les régler autrement que par la loi parce que ce n'est pas la loi. La loi, elle est posée là-dessus, il faut juste qu'on ait des politiques publiques qui le fassent mieux, donc c'est plutôt comme ça qu'il faut qu'on essaie de cheminer. C'est vrai, c'est plutôt…
JULIEN LÉCUYER
Mais alors ma question, c'est de savoir est-ce qu'il ne vaut mieux pas finalement arrêter les frais sur ce texte, voire la voie réglementaire, s'éviter un nouveau 49.3 au risque d'une motion de censure, ou bien essayer malgré tout de passer en force ?
MARC FESNEAU
La question, ce n'est pas de passer en force sur un sujet comme ça, ce n'est pas à mon avis le sujet.
JULIEN LÉCUYER
Ç'a été évoqué quand même, je veux dire, au sommet de l'État.
MARC FESNEAU
Vous me demandez mon avis.
JULIEN LÉCUYER
Oui, allez-y.
MARC FESNEAU
Je vous donne le mien. Je pense qu'on est dans un moment où les citoyens, et je pense qu'une partie des groupes politiques et des partis politiques ont un peu besoin d'apaisement, et sur bien des sujets je pense qu'on est… Essayons d'avancer sur ce sur quoi on peut avancer d'un point de vue pratique.
ORIANE MANCINI
Y compris la majorité, la majorité aussi a besoin d'apaisement.
MARC FESNEAU
Mais tout le monde a besoin d'apaisement. Je ne trouve pas qu'un pays puisse durablement fonctionner quand, en permanence, il y a de la tension. On voit ce que ça peut produire dans un certain nombre de pays. On voit bien comment la tension aux États-Unis, elle a produit à la fin ce qu'elle a produit au Capitole. Donc on a besoin quand même de se dire qu'il y a des débats qui sont complexes, il y a des débats qu'on peut trancher d'abord par de la réglementation de la politique publique. Peut-être qu'il aura besoin d'un texte, peut-être qu'il y aura besoin d'interroger la question référendaire ou d'interroger les Français mais on peut avancer sans immédiatement mettre un texte.
JULIEN LÉCUYER
Monsieur FESNEAU, ça veut dire que concrètement le texte-là, je crois qu'on l'évoque pour un passage au Sénat début novembre.
ORIANE MANCINI
Le 6 novembre.
JULIEN LÉCUYER
Le 6 novembre. Vous, vous dites : attendons, ça ne sert à rien d'y aller maintenant ?
MARC FESNEAU
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai dit : essayons de regarder si on a un point d'équilibre et c'est ça qu'il faut qu'on cherche. Si on n'a pas un point d'équilibre, c'est compliqué d'aller en permanence sur une question d'affrontement…
JULIEN LÉCUYER
À la confrontation.
MARC FESNEAU
Parce que de toute façon, on a ce point-là mais si on peut faire passer un texte, mais la question dans toutes ces affaires-là c'est est-ce que les gens peuvent sortir de leur posture ? C'est-à-dire est-ce qu'il y a des gens qui peuvent aller… Parce que le compromis et le dialogue, ce n'est pas "venez sur ma position sinon je vote contre"…
ORIANE MANCINI
Mais les gens dont vous parlez, ce sont Les Républicains ?
MARC FESNEAU
C'est un peu avec Les Républicains mais même à gauche.
JULIEN LÉCUYER
Même à gauche, oui.
MARC FESNEAU
Mais même à gauche, il y a un certain nombre de gens qui savent très bien qu'on ne peut pas régulariser tous les sans-papiers. Il y a un certain nombre de gens qui savent très bien qu'on ne peut pas faire autre chose. D'ailleurs quand ils étaient au gouvernement, ils passaient leur temps, y compris il n'y a pas si longtemps sous monsieur HOLLANDE, à nous expliquer qu'on ne pouvait pas accueillir les réfugiés syriens. Et d'ailleurs ça nous avait été reproché par les Allemands, donc il ne faut pas… Tous ces gens qui viennent nous donner des leçons aujourd'hui ils sont chacun dans leur posture comme si, à un moment, ils ne seront pas appelés - ce que je leur souhaite – à être en responsabilité. Et donc il faut toujours penser que ce que vous dites, un jour vous devenez comptable quand vous êtes en responsabilité.
ORIANE MANCINI
Une question sur Jean-Luc MÉLENCHON.
JULIEN LÉCUYER
Oui. On parlait de la gauche, on va parler d'une certaine gauche. La France insoumise, à l'occasion du 50ème anniversaire du coup d'État contre Salvador ALLENDE au Chili, Jean-Luc MÉLENCHON a dressé un parallèle entre Emmanuel MACRON, Élisabeth BORNE et Augusto PINOCHET. Je le cite : ils ont le même visage bestial commencé à Santiago du Chili. Qu'est-ce que ça vous inspire cette phrase ?
MARC FESNEAU
Je vais vous dire, plus rien ne m'inspire chez Jean-Luc MÉLENCHON d'autre chose que l'excès d'un homme qui d'abord n'a pas accepté ses défaites successives. Or, il devrait faire un travail sur lui-même parce que c'est comme ça, c'est la vie, il faut accepter aussi les défaites. De quelqu'un qui cherche à toute force…
ORIANE MANCINI
Et se retirer ?
MARC FESNEAU
… une surenchère verbale ? mais il prend de très lourdes responsabilités à faire ça.
JULIEN LÉCUYER
Pourquoi ?
MARC FESNEAU
Parce qu'il est exactement quand il fait ça comme monsieur TRUMP disant : on nous a volé l'élection, vous voyez ce que je veux dire. Et à ce moment-là, vous voyez ce que ça peut produire. Et après, il est le même à dire : attention, la violence !
JULIEN LÉCUYER
C'est un bout de feu, c'est ça que vous dites.
MARC FESNEAU
Oui, c'est un bout de feu. Moi j'avais dit à l'époque en 2018, au moment de la crise des Gilets jaunes, que c'est du pousse-au-crime insurrectionnel, voilà ce que c'est. Et moi je trouve que dans le moment qu'on traverse, si on est un responsable politique – si on est un irresponsable politique, c'est autre chose - mais quand on est un responsable politique, on ne doit pas avoir des mots comme ça qui sont objectivement… PINOCHET c'est des millions de morts, PINOCHET c'est Des gens qui étaient prisonniers. Monsieur MÉLENCHON aurait été sous le régime de PINOCHET, il aurait été en prison et ç'aurait été regrettable, ça nous aurait privés de sa parole. Vous voyez ce que je veux dire. Comparer une grande démocratie comme la nôtre, et la démocratie c'est accepter quand vous êtes au pouvoir de supporter les critiques.
JULIEN LÉCUYER
Mais quand la majorité rejette, LFI et RN, en dehors de l'arc républicain, est-ce qu'il n'y a pas une forme aussi de caricature qui risque aussi de vous être reprochée ?
MARC FESNEAU
Oui, mais enfin ça n'a rien à voir avec la question que vous posez, pardon, sur est-ce que nous ressemblerions de près, de loin ou de plus près ou plus loin à PINOCHET. Enfin, je veux dire, c'est grotesque franchement, de dire des choses pareilles c'est grotesque. Qui peut croire une chose pareille dans ce pays ? Et par ailleurs moment, il ne vous aura pas échappé que le président de la République, quand il a reçu les partis politiques à Saint-Denis, il a reçu l'ensemble de ceux qui sont…
JULIEN LÉCUYER
Ce n'était pas gagné au départ.
MARC FESNEAU
Je n'en sais rien, mais en tout cas ils étaient là. Alors après, les mêmes qui vous disent : vous les écartez trop loin, quand vous les mettez avec vous c'est vous les banalisez. Bon, il va falloir que chacun choisisse son camp camarade – comme disait l'autre – parce que soit ils sont dans l'arc républicain au sens qu'ils sont dans une démocratie, ils ont été élus donc on n'a pas à remettre en cause les choix des électeurs.
JULIEN LÉCUYER
Celui de président, oui.
MARC FESNEAU
Voilà, c'est ça l'arc. Ou alors on les exclut, mais on ne peut pas se faire reprocher de les exclure et de les inclure, parce que là on a quelque chose, un discours qui ne va pas. Et moi j'ai entendu chez vos confrères de dire : vous avez normalisé qui BARDELLA qui BOMPARD. Et si on ne les invite pas, on nous aurait dit : vous les avez exclus. Moi je pense que la démocratie nous donne ce qu'elle nous donne. Les citoyens ils choisissent, c'est des partis qui sont légaux, qui ne sont pas interdits par la justice.
JULIEN LÉCUYER
Il faut faire avec, c'est ce que vous dites.
MARC FESNEAU
Il faut faire avec, il faut surtout combattre leurs idées. Il faut surtout faire en sorte que ces gens-là ne prospèrent pas parce qu'ils prospèrent sur le malheur des gens et le populisme. C'est ça qu'il faut faire, le reste c'est de la littérature en fait. C'est des postures, c'est des jeux de posture. Et donc monsieur MÉLENCHON comme les autres, mais monsieur MÉLENCHON il se nourrit de ça. S'il n'y a pas tout ça, il n'existe pas monsieur MÉLENCHON parce que…
JULIEN LÉCUYER
Et pourtant, il reste très populaire. Vous avez vu les sondages Harris qui ont été diffusés.
MARC FESNEAU
Je n'ai pas dit qu'il était impopulaire, je vous dis que s'il n'a pas ça, il n'est pas… Simplement, il n'y a pas de majorité autour… Mais enfin, il faudra que monsieur MÉLENCHON comprenne un jour qu'il n'y a pas de majorité autour de lui. Aujourd'hui il a fait 16, 18, 20 %, c'est très remarquable mais…
JULIEN LÉCUYER
Il n'ira pas plus loin selon vous.
MARC FESNEAU
En tout cas à date, toutes les élections successives, il n'a pas dépassé cette barre-là. Donc 20 %, alors sauf dans les régimes qu'il soutient parfois, peut-être au Venezuela ou ailleurs, avec 20 % vous ne faites pas une majorité. C'est comme ça.
ORIANE MANCINI
Il y a un sujet parmi les sujets d'inquiétude des Français, il y a la question de la vie chère notamment dans l'alimentaire. Bruno LE MAIRE souhaite des négociations commerciales plusieurs fois par an entre producteurs et distributeurs et non plus seulement des négociations annuelles. Est-ce que les agriculteurs risquent d'être les grands perdants ?
MARC FESNEAU
Ce n'est certainement pas l'objectif et j'ai noté avec attention ce qu'a dit Bruno LE MAIRE, je crois, hier chez certains de vos confrères, qu'il ne peut pas être question que nous revenions sur ce qu'ont été les grands principes posés par le président de la République depuis 2017, qui est celui de la rémunération agricole pour une raison simple : si on ne rémunère pas les agriculteurs, on pourra toujours là aussi sur le plateau dire qu'on perd en souveraineté et qu'on n'est plus autosuffisants en fruits et légumes, en viande, etc, ç'aurait été simplement le produit d'une incapacité à rémunérer. Donc, on est dans un moment inflationniste, pendant 15 ans, sur l'alimentation, on a été pas stable, on a été déflationniste, c'est-à-dire que vous étiez à 100, et vous étiez à 90 ou 95 dix années plus tard, il n'y a aucun système économique qui puisse résister à ça. Et donc, il était temps qu'on sorte de cette spirale où, au fond, c'est l'agriculture qui faisait l'ajustement prix. Après, qu'il y ait besoin, entre la grande distribution et les industries agroalimentaires, de discussions qui soient plus actives et qu'il y ait plus de réactivité, quand vous avez une inflation qui fait +5, -5, ou +15, -15, sur des produits, en tout cas, matières premières, mais enfin, dans un produit, que dans un 1kg de pâtes, vous avez la part des céréales, elle est assez faible par rapport à l'emballage, à la transformation, aux salaires, et que je sache, les salaires n'ont pas baissé, et c'est tant mieux, ils ont même plutôt augmenté, et c'est tant mieux. Que je sache, l'énergie, il suffit d'aller à une pompe essence pour comprendre que, manifestement, ça n'a pas tout à fait baissé, et donc…
ORIANE MANCINI
Mais comment vous allez vous en assurer que les agriculteurs ne soient pas perdants ?
MARC FESNEAU
Eh bien, c'est la loi, en fait, on va s'en assurer parce que la matière première agricole, elle est préservée, et je n'entends pas que nous nous en rabattions là-dessus, et d'ailleurs, Bruno LE MAIRE non plus, il l'a redit hier. Le principe, c'est la rémunération de la matière première agricole à son prix. Par ailleurs, on demande aux agriculteurs de faire des efforts sur un certain nombre de transitions. Ça a un coût une transition…
JULIEN LÉCUYER
Comment, comment vous allez les inciter, parce que, en effet, la transition écologique, elle doit se faire…
MARC FESNEAU
Alors, c'est un deuxième sujet, si vous me permettez…
JULIEN LÉCUYER
Oui, mais attendez…
MARC FESNEAU
Mais la première façon de les inciter, c'est si ça vous coûte un peu plus cher, à vous, agriculteur, ça sera payé un peu plus cher, parce que si c'est pour leur dire : on vous demande de faire des efforts de productivité au fond, de baisses, parfois, de telles ou telles difficultés qui seraient posées sur un tel… et que ça n'est pas trouvé dans la rémunération, là aussi, on parle dans le vide, le premier élément pour assumer les transitions, c'est qu'elles soient rémunérés, et la seule manière de les rémunérer, c'est qu'elles soient dans les prix. Deuxième élément, il faut qu'on les accompagne budgétairement, ce que j'ai annoncé ce week-end dans une région que vous connaissez bien, Terres de Jim…
JULIEN LÉCUYER
Oui, j'ai lu…
MARC FESNEAU
Je me doute. A Terres de Jim, c'est des moyens d'accompagnement de la transition, pour ne vous donner qu'un seul exemple… 50 millions sur le budget, plus 250 millions sur France 2030 sur la transition pour les produits phytos, c'est quoi concrètement, c'est de la recherche, de l'innovation, pour trouver des solutions alternatives, du matériel pour réduire l'utilisation, les doses qu'on met à l'hectare sur un certain nombre de produits, ça, c'est du concret, et donc, ça, ça vient améliorer ou réduire plutôt le coût…
JULIEN LÉCUYER
Justement, l'État va accompagner les agriculteurs sur la transition, c'est ce que vous nous dites, il met beaucoup de millions sur la table, est-ce que ça s'accompagne aussi de contraintes plus fortes, c'est-à-dire des dates plus resserrées pour se transformer et pour transitionner ?
MARC FESNEAU
C'est l'objectif de la planification, je trouve que l'exercice de planification, il est parfois… comment dire… il peut être parfois effrayant quand vous regardez, parce qu'en fait, il y a, d'un côté, il faut réduire, l'idée, c'est la trajectoire de réduction des produits phytos, de l'autre côté, il faut être sobre à l'hectare, mais on sait que la contrainte climatique et le besoin en eau va être plus grand, donc il faut être sobre à l'hectare, et il y a plus d'hectares sans doute qui sont irrigués. D'un autre côté, il faut préserver la biodiversité, d'un troisième, quatrième côté, il faut produire pour se nourrir, et d'un cinquième côté, il va falloir produire plus de biomasse pour couvrir les besoins de carburants, de bio-ressources et d'un certain nombre de choses, et stocker du carbone, bon. La planification, elle vient poser tout à la fois, ce qui est quand même mieux que ce qu'on a fait pendant des dizaines d'années, c'est-à-dire, on faisait part silos, vous réduisez les phytos, nous, on s'occupe…
JULIEN LÉCUYER
Oui, sans cohérence entre chaque…
MARC FESNEAU
Oui, et moi, je trouve que l'exercice qui est porté par la Première ministre et l'ensemble des équipes qui sont autour d'elle et les ministres que nous sommes, c'est un exercice de lucidité, de crédibilité, l'affaire de la réduction des pesticides, c'est Grenelle de l'Environnement, Grenelle de l'Environnement, vous vous souvenez, c'était, il y a 15 ans, et depuis 15 ans, on n'a pas vraiment bien progressé, on a produit des interdictions parfois très nationales, on n'a rien trouvé des alternatives…
JULIEN LÉCUYER
On en a reculé certaines.
MARC FESNEAU
Oui, mais pourquoi, parce qu'on s'est retrouvé face à des impasses.
JULIEN LÉCUYER
Oui, mais est-ce que les intéressés ont fait les efforts suffisants pour faire les recherches ?
MARC FESNEAU
Ce n'est pas les intéressés seulement, c'est les instituts techniques, l'INRA et les agriculteurs dans leurs champs, pardon, s'il faut faire de la recherche génétique ou de la recherche sur les semences, c'est tout le monde qui doit le faire, et avec la puissance publique. Je dis souvent que l'interdiction ne produit pas la solution, on l'a sous les yeux, on a interdit les néonicotinoïdes, on n'a pas la solution, moi, j'ai entendu des gens comme monsieur JADOT, savamment, nous expliquer à des tribunes qu'il y avait une solution, la vérité, c'est qu'on ne l'a pas. Donc, mais ça ne veut pas dire qu'il faut en rabattre pour autant, vous voyez ce que je veux dire, il n'y a pas un double… c'est : il faut chercher des solutions, et donc, le travail qu'on fait de planification sur le sujet, c'est quelles sont les molécules dont on peut penser qu'elles sont à risque ou qu'elles sont trop utilisées, quelle est la trajectoire qu'on peut se donner, quelles sont les alternatives qu'on essaie de chercher, on a fait quelque chose, ça, c'est un exemple concret, le glyphosate, on a baissé de 30 % la consommation de glyphosate, on n'a pas produit une interdiction, on a dit : quels sont les usages sur lesquels on peut évoluer et les réduire, il y a des cas, l'agriculture de conservation des sols qui est bonne pour le carbone, où il y a besoin d'un peu de glyphosate, et puis, il y a des cas où on peut s'en passer, eh bien, là où on peut s'en passer, on s'en passe. Donc c'est comme ça qu'on va crédibiliser les choses, c'est-à-dire, la planif, ça donne des trajectoires et des moyens, et il faut essayer de ne pas perturber les trajectoires, même si la vie fait que les trajectoires sont parfois perturbées, c'est comme ça qu'on va y arriver.
ORIANE MANCINI
Un mot sur une autre annonce de Bruno LE MAIRE, c'est la fin de la défiscalisation du gasoil non-routier, à partir de 2024, ça concerne aussi les agriculteurs…
MARC FESNEAU
Non, ce n'est pas la fin de la défiscalisation du gasoil non-routier, c'est la baisse de la part de la défiscalisation, le gasoil non-routier, vous savez combien c'est, c'est 1,3 milliard, il est proposé cette année de réduire de 5 %, c'est-à-dire de 70 millions, donc ce n'est pas la fin du…
ORIANE MANCINI
Oui, mais ça sera une baisse progressive à partir de 2024…
MARC FESNEAU
C'est une baisse progressive, qui n'aboutit pas à la fin à la disparition totale…
ORIANE MANCINI
Mais qui va toucher les agriculteurs.
MARC FESNEAU
Oui…
ORIANE MANCINI
Est-ce que vous le déplorez ?
MARC FESNEAU
Absolument, oui, oui. Mais on ne peut pas, à la fois, là aussi… on ne peut pas à la fois dire, et je défends cette mesure dans sa globalité, c'est-à-dire, c'est une trajectoire, c'est 5 % cette année, 70 millions, et 2°) : ça retourne à l'agriculture, ce n'est pas une économie budgétaire. La fiscalité, ça doit servir à un objectif, la fiscalité du gasoil, c'était pour donner de la compétitivité, on a besoin de compétitivité en agriculture, je finis, à terme, l'objectif, c'est quand même qu'on utilise moins d'énergies non renouvelables et d'énergies émettrices de gaz à effet de serre, il n'y a pas d'alternative aujourd'hui sur le tracteur, parce que celui qui me montre un tracteur électrique de 180 chevaux, il va vite s'enfoncer dans le sol, voyez, c'est un peu lourd, bon. Donc l'objectif, c'est de dire : on fait de la défiscalisation qu'on viendra remettre sur d'autres formes de transition pour l'agriculture, mais qui ne vient pas pénaliser la compétitivité, mais on ne supprime pas le…
ORIANE MANCINI
Mais les agriculteurs ne seront pas perdants, aucun agriculteur sera perdant ?
MARC FESNEAU
Eh bien, l'objectif, c'est qu'ils ne soient pas perdants. Après, il faut trouver la tuyauterie, oui, mais, il faut trouver la tuyauterie, mais on ne peut pas dire…
ORIANE MANCINI
Mais ça, vous ne pouvez pas le garantir quand c'est un agriculteur qui soit perdant avec cette mesure ?
MARC FESNEAU
Non, mais l'objectif, c'est qu'aucun agriculteur ne soit perdant, voilà, donc, on va on va trouver les dispositions, qui fiscales, qui d'accompagnement, qui de défiscalisation d'une autre nature, qui permettent d'accompagner…
ORIANE MANCINI
Donc il y aura des compensations pour accompagner les agriculteurs ?
MARC FESNEAU
Oui, mais c'est simple, c'est : si c'est 70, il y a au moins 70 qui retourne agriculture, donc ce n'est pas quelque chose qui vient taper, je sais qu'il y a eu des inquiétudes, ça ne vient pas taper la compétitivité, ça vient accompagner, on ne peut pas dire : il faut passer d'une fiscalité brune vers fiscalité verte, là, c'est 1,3 milliard, et dire : on ne touche rien à cette niche fiscale, mais comme on est parfois, en particulier, sur ce sujet, sur des impasses, il faut trouver d'autres voies et moyens pour donner de la compétitivité à nos agriculteurs.
JULIEN LÉCUYER
J'avais juste une question sur les propos de d'Ursula Von DER LEYEN, la présidente de la Commission européenne, vous l'avez probablement entendue, elle a parlé du fait de conclure les accords du Mercosur, donc qui pourraient lier l'Union européenne avec des pays notamment d'Amérique du Sud d'ici la fin de l'année. C'est un accord qui qui ne plaît plus tellement à l'État français…
MARC FESNEAU
Il n'a jamais plu vraiment, à date et dans les conditions qui sont celles posées.
JULIEN LÉCUYER
Est-ce que vous dites à l'Union européenne, non, ce n'est pas possible à l'heure actuelle de construire ce…
MARC FESNEAU
Ce n'est pas moi qui suis en charge de ces dossiers, mais je vais vous répondre quand même…
JULIEN LÉCUYER
Ça intéresse peut-être le ministre de l'Agriculture que vous êtes…
MARC FESNEAU
Comme vous savez, je réponds à peu près toujours aux questions qu'on me pose, je n'ai pas la réputation de faire autre chose. La question qui est posée par la France, c'est de dire : on a signé des accords de Paris, on essaie de les faire appliquer, y compris, c'était la stratégie du Green Deal, à l'espace européen, si on signe des accords avec des gens qui ne les respectent pas, sur la déforestation, sur la lutte contre les gaz à effet de serre, alors, ce n'est pas la peine de signer les accords de Paris, ce n'est pas la peine de demander aux Européens et aux agriculteurs européens de les respecter dans les accords internationaux, vous voyez ce que je veux dire. Donc le Mercosur, pourquoi pas, dès lors que, dans cet accord, c'est ce que réclame le président de la République, et c'est ce qui fait que ça bloque aujourd'hui, alors, après, madame Von DER LEYEN dit quelque chose, il ne faut pas oublier qu'il y a quelques élections aussi dans ces pays-là, dans l'intervalle, pas au Brésil, mais ailleurs. Mais l'idée de dire qu'on laisse faire des accords internationaux qui ne viennent pas respecter des grands accords internationaux, que sont ceux de Paris, et donc, c'est ce qu'on appelle les clauses miroirs ou les clauses de réciprocité, donc la France continue à dire : on a besoin d'accords, et moi-même, comme ministre de l'Agriculture, je pense on a besoin d'échanges, y compris dans le dérèglement climatique, y compris agricoles, parce qu'on ne peut pas dire : on veut bien le vin et les spiritueux en dehors de nos frontières, et pas être en compétition avec d'autres sur d'autres sujets. Mais dans des règles qui ne nuisent pas à la planète. Et donc c'est ça qu'il faut qu'on essaie de défendre, et c'est ce que nous continuerons à défendre.
ORIANE MANCINI
Puisque vous parlez du dérèglement climatique, de violents orages ont touché les Pyrénées-Orientales ces dernières heures, des vignes ont été touchées notamment par la grêle, est-ce que vous allez prendre des mesures pour aider les viticulteurs ?
MARC FESNEAU
D'abord, on va essayer de quantifier les choses et de regarder les choses, une partie des vendanges ont été faites, dans les Pyrénées-Orientales, alors, c'est quand même quelque chose de terrible pour les Pyrénées-Orientales, et c'est quand même un message de soutien que j'envoie aux agriculteurs et aux territoires concernés, parce que, sécheresse pendant un an, et quand quelque chose tombe, c'est de la grêle, disons qu'il y a une forme de désespérance, on a fait un premier train de mesures, j'en parlais hier avec un des responsables d'ailleurs des Pyrénées Orientales, que je croisais, on est en train de regarder, c'était avant l'épisode de grêle, des mesures complémentaires sur la question de la sécheresse, après, on a changé, on a réformé le modèle de l'assurance-récolte, qui permet de mieux prendre en charge, on a plutôt bien marché cette année, d'ailleurs, les agriculteurs ont plutôt bien souscrit des contrats d'assurances, l'assurance doit prendre en charge les gros accidents climatiques, et l'État, les très gros, c'est ça le principe qu'on a posé. Donc on regardera dans le détail, mais je voudrais juste dire qu'il faudra qu'on soit vraiment aux côtés de ces agriculteurs, et en particulier de ces viticulteurs, en l'occurrence, qui qui subissent et qui peuvent avoir le sentiment que la succession d'aléas va rendre impossible la capacité simplement à produire dans ces territoires. Donc, on a, à la fois, à faire face à la crise et à trouver des modèles qui leur permettent de mieux résister à ces crises.
JULIEN LÉCUYER
Et à ce titre, Monsieur le Ministre, est-ce que vous diriez encore que la météo estivale a été assez normale ?
MARC FESNEAU
Eh bien, vous regardez les récoltes, il ne faut pas confondre le climat…
JULIEN LÉCUYER
Et la météo, c'est ce que vous alliez me dire…
ORIANE MANCINI
Et la météo…
MARC FESNEAU
Vous demandez aux gens du Nord, puisque vous les connaissez, que j'ai croisés à Cambrai….
JULIEN LÉCUYER
Oui, j'en connais quelques-uns…
MARC FESNEAU
Je ne les ai pas entendus me dire qu'ils avaient eu un été radieux, j'ai plutôt entendu le mot pourri, bon, est-ce que ça change le fait qu'il y a un dérèglement climatique et qu'on ait des températures moyennes qui soient plus élevées ? Non, mais en instantané, j'ai une production de céréales cette année qui est en augmentation de 6 % sur le blé tendre, et qui sur la moyenne des 5 ans est en augmentation de 3 à 4 %, c'est un fait, ça veut dire quoi, ça veut dire qu'on a eu moins de contraintes, pourquoi, parce qu'on a eu sécheresse hivernale, mais pas une sécheresse printanière et estivale, en tout cas dans le grand nord de la France, hors les départements, type les Pyrénées Orientales, et une canicule qui est arrivée tard, au mois d'août, dans mon propre département, on n'a pas dépassé les 30 degrés jusqu'au 15 août. Donc c'est une réalité. Et donc, si on pouvait avoir des débats, ce n'est pas vous, là, pour le coup où quand on dit quelque chose qui est juste un fait météorologique, j'étais en Bretagne, au SPACE, j'ai entendu les mêmes mots que ceux que j'ai entendus dans le Nord, voilà, et ce n'est pas faire grief au temps breton. Donc il ne faut…
JULIEN LÉCUYER
Donc vous n'êtes pas climato-sceptique.
MARC FESNEAU
Si on pouvait ne pas se faire de querelles et ne pas dire : quand il fait 20 degrés, il ne fait pas 40 degrés, et nous, on n'est pas devenus climatosceptiques, et je ne suis pas climato-sceptique, j'ai monté une filière bois énergie, il y a 15 ans dans ma collectivité, j'ai fait de la diversification végétale dans des cantines, il y a 15 ans, donc, mais si on ne peut plus décrire une réalité sans faire offense à une espèce… c'est une espèce de Sainte Inquisition qui s'organise, pour ne pas décrire une réalité, je pense qu'on fait un grand tort à la cause que nous défendons avec un certain nombre de ces gens-là, c'est-à-dire la cause du dérèglement climatique et de l'adaptation, on a une année qui est avec des températures moyennes très élevées, mais avec des phénomènes extrêmes qui ont plutôt touché le sud, et pas le Nord cette année. L'an dernier, au mois de juillet, au moment où j'ai parlé de cette question, on avait déjà eu 3 canicules, vraies canicules, on ne les avait pas eues au mois de juillet, et les récoltes s'en sont senties…
ORIANE MANCINI
On va parler du plan loup, Marc FESNEAU, que vous allez présenter dans les prochains jours, les attaques sur les élevages se multiplient, est-ce qu'il faut mieux réguler ?
MARC FESNEAU
Il faut qu'on trouve un équilibre sur cette question, d'abord, il faut quand même saluer la réussite du plan loup, je l'ai dit, ce qui est plutôt audacieux, au SPACE hier à Rennes ou avant-hier, on avait un objectif de 500 loups, et on en a plus de 1.100, bon, donc on a plutôt bien agi pour préserver cette espèce, donc vous ne trouverez pas sur le chemin de la démagogie, sur lequel certains veulent nous entraîner, c'est celui de l'éradication, jamais vous me trouverez sur chemin-là, et c'est bien qu'on ait des loups ; arrive un moment où victime de notre succès, d'une certaine façon, et là, vous me trouverez sur ce chemin-là, on avait une vingtaine de départements, il y a 10 ans, au début du plan loup, on n'en avait pas 500, il y a 5 ans, là, on en a 1.100, il y a une croissance exponentielle. Donc il faut qu'on ait des mécanismes qui fassent qu'on arrive à tenir une population démographiquement et génétiquement viable et qui soit viable aussi dans les territoires, on a maintenant 55 départements touchés, on a des élevages qui sont touchés. Donc essayons de simplifier les protocoles de tirs, j'écoute avec attention ce qu'a dit madame Von DER LEYEN…
ORIANE MANCINI
Donc ça veut dire qu'il faut augmenter les tirs pour vous ?
MARC FESNEAU
Non, mais on est déjà à 19 %, on va déjà les effectuer, ce qu'il faut, c'est qu'on arrive à les faire, on a réévalué tout de suite avec les collègues du ministère de la Transition écologique. Donc. Ça ne peut pas être une querelle entre l'écologie et l'agriculture, pour moi, il faut qu'on arrive à trouver un point d'équilibre, et il y a plein de sujets, je reviendrai si vous voulez sur le loup, mais il y a plein de sujets sur lesquels il faut qu'on travaille ensemble pour sauver d'autres formes de biodiversité. Donc c'est compliqué de trouver un équilibre sur cette question, qui est un peu passionnelle, mais ne pas trouver l'équilibre, c'est à la fin mettre en risque le loup, parce qu'on ne fait pas contre les populations locales, il ne faut pas raconter d'histoires, et de mettre en risque une autre forme de biodiversité, parce que l'élevage d'ovins en particulier, mais pas que d'ovins, il permet d'ouvrir les paysages, de lutter contre les incendies…
ORIANE MANCINI
De mettre en risque les éleveurs.
MARC FESNEAU
Comment ?
ORIANE MANCINI
Donc de mettre en risque les éleveurs.
MARC FESNEAU
Eh oui, et donc, et de mettre en risque les éleveurs et le système, et l'écosystème qui protège, on s'est tous se promenés en montagne, les paysages qu'on a sous les yeux, c'est des paysages qui sont là parce qu'il y a des éleveurs, et le cortège de flore et de faune qu'on a dans les prairies, s'il n'y a plus d'élevage, il s'embroussaillera et il brûlera, est-ce qu'on a intérêt à ça, donc il faut qu'on trouve un point d'équilibre, on va essayer de trouver un point d'équilibre de manière apaisée sur un certain nombre de sujets. Et j'ai noté avec intérêt, on est dans un cadre européen avec des règles européennes… Que la présidente Von DER LEYEN elle-même a dit qu'il fallait réinterroger la question, mais il y a d'autres espèces qui sont en risque et je ferai moi, sans doute, des propositions avec le monde agricole et auprès du monde agricole pour regarder quelles sont les autres espèces animales ou végétales qu'on doit essayer de préserver et qui aujourd'hui sont plus en risque que le loup. Essayons de traiter…
ORIANE MANCINI
Mais lesquelles ?
MARC FESNEAU
Non, je réserverai ces questions-là avec mes collègues des ministères concernés mais on a d'autres espèces qui sont menacées. Il y a des rapaces qui sont parfois menacés, je sais le combat qu'ont certains sur les pollinisateurs, vous voyez. Donc la biodiversité ce n'est pas que le loup, et donc on a besoin de travailler et là vous me trouverez au rendez-vous pour le faire avec les agriculteurs et aux côtés de mes autres collègues.
ORIANE MANCINI
Julien, vous avez une dernière question pour Marc FESNEAU. Alors pas Marc FESNEAU le ministre.
JULIEN LÉCUYER
Non.
MARC FESNEAU
Ça m'inquiète !
JULIEN LÉCUYER
On vous découvre, monsieur FESNEAU. Vous faites une apparition, paraît-il, dans un épisode de la série de France Télé Déter.
ORIANE MANCINI
On va voir les images.
JULIEN LÉCUYER
En tant que parent d'élève. Alors on a envie de vous poser la question de savoir si c'est une nouvelle carrière qui s'annonce.
MARC FESNEAU
C'est amusant parce que c'est un clin d'œil qu'on a fait dans une série qui est tournée dans un lycée agricole. La fiction est dans un lycée agricole et gentiment ils m'ont proposé de passer pour faire un clin d'œil aux équipes, aux acteurs, aux gens dont c'est le métier. Ce n'est pas mon cas, je ne suis pas en phase de reconversion. J'en ai nulle intention.
JULIEN LÉCUYER
Le politique est un peu un acteur.
MARC FESNEAU
Oui, enfin il ne faut pas faire trop théâtre non plus, vous voyez ce que je veux dire, chacun son registre.
ORIANE MANCINI
Donc ce n'est pas une nouvelle carrière qui s'ouvre.
MARC FESNEAU
Non, non, non, c'était faire un clin d'œil aux équipes puis faire un clin d'œil aussi à l'enseignement agricole. Donc c'est un peu, vous voyez… D'abord s'ils me retiennent et s'ils vont me trouver bon, il faut être modeste dans la vie. Et 2, c'était plutôt un clin d'oeil aux équipes, à toutes les équipes qui tournent et qui vont mettre en valeur l'enseignement agricole, et au fond faire un regard sur l'agriculture qui soit un peu différent. C'est la première fois qu'une fiction est tournée sur l'agriculture dans le registre de l'enseignement agricole. Et puis un clin d'œil aux équipes de l'enseignement agricole, donc je me suis prêté au jeu, ils m'ont proposé. Moi j'ai cru que j'allais jouer le rôle de ministre, je me suis dit "ça, je serai plus à l'aise". Parent d'élève, je le suis pas ailleurs mais ce n'était pas mon fils.
ORIANE MANCINI
Merci Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Merci à vous.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'avoir été notre invité. Julien, on regarde votre film.
JULIEN LÉCUYER
"La région derrière les Bleus" et puis aussi une très bonne nouvelle pour Dunkerque : 2 milliards d'euros investis de nouveau chez le fabricant de batteries VERKOR.
ORIANE MANCINI
C'est à lire dans La Voix du Nord ce matin. Merci Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Merci à vous, bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2023