Texte intégral
Merci Madame la Ministre d'avoir rappelé que cela n'est pas mon premier séjour en Finlande, même si c'est la première fois que je vous rends visite en tant que Ministre des Affaires étrangères. Je suis heureuse de pouvoir le faire et de le faire en votre compagnie.
Nous avons une forte convergence de vues, vous l'avez entendu, sur la plupart des dossiers. Nous voulons l'une et l'autre une Europe forte, une Europe unie, une Europe qui protège ses citoyens et qui défend ses intérêts et ses valeurs. Et ceci vaut, comme vous l'a dit la Ministre, pour l'Ukraine. Il est remarquable que les 27 pays de l'Union européenne aient su réagir vite et fort à l'agression de la Russie contre l'Ukraine qui hélas perdure. Et sur ce point, nous devons rester unis et ferme. Et le message que vous a passé la Ministre je peux moi-même vous le passer : nous serons aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra pour qu'elle puisse se défendre, résister mais aussi reconquérir sa pleine souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Personne ne doit en douter.
Vous avez fait écho, Madame la Ministre, à un autre événement important et plus heureux cette année qui est l'entrée de la Finlande dans l'OTAN. Et je vous redis que la France est heureuse de voir la Finlande avoir pu rejoindre l'OTAN. Je me souviens de la belle cérémonie du 4 avril à Bruxelles à Evere, qui a permis d'accueillir votre pays dans la famille atlantique, de renforcer par cette entrée notre alliance et de renforcer au sein de l'alliance la composante européenne. Comme vous, je crois que l'Europe de la défense et l'alliance atlantique sont complémentaires et ce qui se passe dans l'aide que nous apportons à l'Ukraine d'ailleurs le démontre amplement.
Et puis nous avons aussi évoqué les moyens de renforcer encore l'Europe. Nous voulons qu'elle permette à ses citoyens de choisir leur destin. Aussi nous devons travailler pour le long terme. C'est tout l'agenda de souveraineté qui consiste à nous permettre d'avoir la liberté de choix de ce que nous voulons pour nos pays et pour nos peuples. Nous avons déjà beaucoup progressé pour réinvestir en Europe, pour nous réindustrialiser, tout en restant des économies ouvertes et compétitives.
Nous avons bien sûr évoqué un certain nombre de crises internationales. Ce qui se passe dans le Caucase, au Haut-Karabakh non seulement nous préoccupe mais suscite notre très claire condamnation. Nous devons chercher les moyens non seulement d'apporter de l'aide humanitaire aux populations réfugiées du Haut-Karabakh et à l'Arménie, mais aussi trouver les moyens de faire en sorte que l'Azerbaïdjan arrête son comportement contraire au droit international, à ses engagements et au droit humanitaire, et revienne à d'autres comportement. Notre soutien à l'Arménie est constant et, le président de la République l'a dit récemment, la France sera d'une extrême vigilance sur l'intégrité territoriale de l'Arménie.
Nous avons aussi parlé du Sahel, où les atteintes à la démocratie se sont multipliées ces dernières années : Mali, Burkina Faso, Niger.
Comme la Ministre, je voudrais aussi évoquer aussi les relations entre la France et la Finlande, ou devrais-je dire étant ici entre la Finlande et la France, qui sont excellentes et qui peuvent encore progresser notamment dans le domaine économique. Ce que nous faisons ensemble est déjà très positif. Je reviendrai dans un instant sur le sujet de l'énergie. Et dans d'autres domaines nous pouvons faire plus très certainement.
Ma visite aujourd'hui sera marquée aussi par l'inauguration officielle, quoiqu'elle soit déjà en fonctionnement, de la première centrale nucléaire de nouvelle génération qui a permis à la Finlande, cet hiver quand elle en avait besoin, d'avoir une production d'électricité qui lui permettait d'assurer ce qu'il fallait, à son pays. Au-delà de cette belle coopération finlando-française et du symbole que cela représente tout un potentiel de coopération. Dans le domaine nucléaire, nous serons à l'écoute des besoins que la Finlande aurait, mais aussi dans le domaine des énergies renouvelables. On en a évoqué quelques-uns tout à l'heure.
Voilà les principaux sujets dont nous nous sommes entretenus. Je crois qu'il y a peu de nuances entre ce qu'a dit la Ministre et ce que je vous dis.
Question de Radio-France à la ministre Elina Valtonen : Qu'est-ce que l'adhésion à l'OTAN a changé pour la Finlande et les Finlandais
[...]
CC (en anglais) - I mentioned that we are very happy to have Finland in Nato and I mentioned what it means to us and to Europe. I should have add that we would like to see Sweden in Nato as well. And we would like to see both Hungary and Turkey delivering on what they agreed.
J'ai mentionné que nous étions très heureux d'avoir la Finlande au sein de l'OTAN et j'ai mentionné ce que cela signifie pour nous et pour l'Europe. J'aurais dû ajouter que nous aimerions également voir la Suède rejoindre l'OTAN. Et nous aimerions voir la Hongrie et la Turquie mettre en œuvre ce qu'elles ont convenu.
Question de Iltalehti à la Ministre : Que devraient faire la France et l'UE pour arrêter la Russie qui envahit son voisin et faudrait-il prendre en compte les exigences de la Russie sur sa sécurité sur la Russie et l'Ukraine
R - Je crois que sur le premier volet de votre question, la position de la France et la position de tous les États membres de l'Union européenne est absolument claire : nous ne pouvons pas accepter ni en Ukraine ni ailleurs qu'un État envahisse son voisin sans raison, sans justification, sans provocation. Et ceci doit être étendu au-delà de l'Ukraine à toute situation internationale.
Deuxièmement, il est particulièrement choquant que ce soit un État membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies et donc chargé en tant que tel, non seulement de respecter les obligations qui sont les siennes au titre d'État membre des Nations unies, mais aussi des responsabilités particulières qui sont les siennes en tant que membre permanent du conseil de sécurité de faire respecter la charte des Nations unies qui n viole ses engagements, viole les principes fondamentaux de la charte, qui sont le règlement pacifique des différends, la non-agression, le respect de la souveraineté, le respect de l'intégrité territoriale. Et donc au-delà même du cas de l'Ukraine qui nous occupe aujourd'hui, et dont on s'occupera aussi longtemps qu'il le faudra, il est important de rappeler ce que sont les obligations internationales de chacun et en particulier des membres permanents du conseil de sécurité.
Suite à la conférence de presse, la Ministre a répondu à deux questions en français de la radiotélédiffusion publique finlandaise Yle :
Question sur le soutien à l'Ukraine
R - Il faut que notre soutien soit visible et visible également par la Russie. Donc nous continuons, notre message est clair. Il y a beaucoup en jeu : le sort de l'Ukraine évidemment, son indépendance et sa souveraineté. Mais aussi la stabilité en Europe et l'architecture de la sécurité sur notre continent. Et voilà la raison pour laquelle nous sommes résolus à être aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra.
Q. - Et la Pologne ?
R - La Pologne doit être solidaire. Je crois que la réponse que je viens de vous faire avait aussi cette signification.
Q. - La Suède ne peut pas adhérer à l'Otan parce que la Turquie bloque. Comment sortir de cette impasse ?
R - Nous souhaitons que la Suède entre le plus vite possible dans l'OTAN et rejoigne les membres de l'OTAN, comme la Finlande l'a fait. Et pour cela c'est très simple. Il faut que la Turquie et la Hongrie qui n'ont pas encore procédé à la ratification de son adhésion le fassent et, le faisant, mettent en œuvre ce qu'elles ont accepté lors du sommet de Madrid de juin 2022. Cela fait déjà plus d'un an, il faut le faire maintenant.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2023