Interview de M. Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion, à Europe 1 / CNews le 3 octobre 2023, sur la réforme des retraites, les différents régimes de retraite, la progression des salaires et du pouvoir d'achat.

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Média : Europe 1 - CNews

Texte intégral

SONIA MABROUK
Et place à « La grande interview » sur CNews et Europe 1. Bonjour à vous, Olivier DUSSOPT.

OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.

SONIA MABROUK
Bienvenu. Vous êtes ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion. On va parler ce matin de pouvoir d'achat, d'inflation, d'emploi, d'immigration. Et tout d'abord, l'Etat qui cherche de l'argent partout, et vous convoitez un petit trésor, un pactole, celui des retraites complémentaires du privé, l'excédent de ces retraites complémentaires. Est-ce que vous confirmez ce matin, Monsieur le Ministre, que vous pourriez leur ponctionner entre 1 et 3 milliards d'euros par an ?

OLIVIER DUSSOPT
Je confirme que depuis le mois de décembre, lorsque nous avons présenté la réforme des retraites, et notamment lorsque nous avons présenté aux partenaires sociaux les documents de concertation avant même que la réforme soit elle-même présentée, et globalement présentée, nous avons dit en décembre que la réforme que nous présentons est une réforme qui permet de ramener le système de retraite à l'équilibre, tous régimes confondus. C'est-à-dire que lorsque la réforme a des effets très positifs sur un des régimes, il y en a 42, il est normal que ce régime soit aussi mis à contribution pour financer l'équilibre général. Au mois de juillet, nous avons précisé la trajectoire financière, une fois la loi votée, aux partenaires sociaux. Donc ça n'est une nouveauté, ça n'est pas une information nouvelle…

SONIA MABROUK
Ce n'est pas une surprise, vous voulez dire ?

OLIVIER DUSSOPT
Non, ce n'est pas une surprise…

SONIA MABROUK
Et pourtant…

OLIVIER DUSSOPT
Et je vais jusqu'au bout, la réforme telle que nous l'avons portée, et telle qu'elle a été votée par le Parlement, va permettre à l'AGIRC-ARRCO, puisqu'on parle de cette retraite complémentaire, de dégager en 2026 entre 1 et 1,2 milliard d'euros, non pas.…

SONIA MABROUK
Oui, pardonnez-moi, parce que c'est bien géré par les syndicats et le patronat ?

OLIVIER DUSSOPT
Je vais au bout, l'AGIRC-ARRCO est excédentaire parce que c'est bien géré, mais sur le total des excédents de 2026, il y en a une partie, 1 milliard, 1,2 milliard qui n'existerait pas sans la réforme. Et nous considérons que cette partie d'excédent, nous, on dit 1,2 milliard, AGIRC-ARRCO dit : 1 milliard. Ça n'est pas si loin en termes de prévisions à trois ans. Et nous considérons que cet excédent qui n'existerait pas sans la réforme, on ne parle pas des réserves, mais d'une partie de l'excédent, il est normal qu'elle soit mise à contribution pour financer un certain nombre d'acquis de la réforme…

SONIA MABROUK
Donc vous nous répondez que vous pourriez ponctionner 1 milliard, 1,2 milliard dans cet excédent. Vous, vous dites, Olivier DUSSOPT, que c'est normal, ce matin, sur Europe 1, ce matin, un syndicaliste de Force ouvrière dénonce – je cite – un détournement de fonds de votre part.

OLIVIER DUSSOPT
C'est quand même assez fort de café. Et les bras m'en tombent. D'abord, parce que les mots employés ne sont pas à la hauteur de la situation. Et par ailleurs, vous dites que c'est un responsable syndical de Force ouvrière. Il fait partie de ceux, et c'est totalement légitime, je ne le conteste pas, qui se sont opposés à la réforme, ils sont opposés à la réforme. Mais par contre, ils souhaitent garder uniquement pour leur seul régime de retraite la partie d'excédent générée par la même réforme…

SONIA MABROUK
Oui, cet argent ne vous appartient pas, il n'appartient pas à l'Etat, il appartient aux retraités du privé…

OLIVIER DUSSOPT
Il appartient aux assurés et il appartient à l'intégralité du système de solidarité…

SONIA MABROUK
Pardonnez-moi, pour la solidarité, il y a l'impôt.

OLIVIER DUSSOPT
Il y a l'impôt pour la solidarité. Il y a aussi la cotisation. Et nous l'avons dit, je le répète, c'est une réforme qui a été construite avec l'ensemble des régimes pour un retour à l'équilibre global. Ça avait été dit dès le mois de décembre, il n'y a vraiment aucune surprise.

SONIA MABROUK
Oui, mais alors pourquoi les syndicats, vous dites Force ouvrière, c'est fort de café, mais alors le président du MEDEF, on ne peut pas dire que c'est un opposant acharné au gouvernement…

OLIVIER DUSSOPT
Ce n'était pas un opposant à la réforme…

SONIA MABROUK
Il a dit ce matin dans Les Echos, vous l'avez lu, Monsieur le Ministre…

OLIVIER DUSSOPT
Bien sûr…

SONIA MABROUK
Il dénonce votre interventionnisme grandissant. Il s'inquiète de vos propos à vous, Olivier DUSSOPT.

OLIVIER DUSSOPT
Parce que j'ai dit et j'assume que l'ensemble des régimes de retraite doit être mis à contribution dans le cadre de la réforme pour un retour à l'équilibre et pour financer un certain nombre d'avancées, je pense notamment au relèvement des petites pensions. Mais, je le répète, cet argent dont on parle, le milliard d'euros environ à horizon 2026, c'est un argent qui n'existerait pas s'il n'y avait pas eu la réforme…

SONIA MABROUK
D'accord. Donc l'Etat n'est pas en train de piquer de l'argent aux retraités du privé...

OLIVIER DUSSOPT
Non, je conteste ces termes, effectivement.

SONIA MABROUK
Et juste pour rassurer quand même, eh bien, ces retraités du privé, est-ce qu'ils pourraient perdre du pouvoir d'achat ? Est-ce que la revalorisation pourrait être moins importante, puisque vous allez quand même ponctionner ?

OLIVIER DUSSOPT
Aucunement, l'AGIRC-ARRCO a des réserves qui sont équivalentes à plus de quinze mois et avec un système qui permet d'être excédentaire. D'ailleurs, si le système est excédentaire, c'est aussi parce que les mêmes partenaires sociaux, y compris la plupart des organisations syndicales, en 2019, avaient voté le principe d'une décote, d'une décote de 10 % lorsque les gens prennent leur retraite avant 65 ans.

SONIA MABROUK
Ce qui est sûr, Olivier DUSSOPT, c'est que vous cherchez, l'Etat cherche de l'argent partout. Eric CIOTTI croit trouver une sorte de potentiel d'économies. Il l'a dit dans Le Parisien dimanche, et il vous appelle à aller plus loin pour réduire encore l'indemnité chômage, tout en dénonçant votre budget de camouflage. Qu'est-ce que vous lui répondez…

OLIVIER DUSSOPT
Nous avons déjà réformé l'assurance chômage deux fois…

SONIA MABROUK
Il dit : vous pourriez aller plus loin…

OLIVIER DUSSOPT
Nous l'avons réformée deux fois, et nous sommes les seuls à l'avoir fait. Personne ne l'avait fait avant. Nous l'avons fait en 2019…

SONIA MABROUK
Ça, vous dites à la droite qu'elle ne l'a pas fait, c'est ça ?

OLIVIER DUSSOPT
Personne ne l'a fait avant, effectivement. C'est le travail de Muriel PENICAUD et d'Elisabeth BORNE, la réforme de 2019 avec un changement des règles d'éligibilité à l'assurance chômage et de modalités de calculs. En fin 2022, j'ai porté une seconde loi de réforme de l'assurance chômage, qui s'appuie sur un principe très simple, que le Président de la République avait dit pendant sa campagne présidentielle, lorsque l'économie va bien, les règles sont plus incitatives à la reprise d'emploi. Lorsque l'économie va mal, on protège les demandeurs d'emploi, parce que c'est plus difficile de trouver un emploi. C'est ce qu'on appelle la contracyclicité. Ces deux réformes, elles ont permis de changer la donne de l'assurance chômage…

SONIA MABROUK
Donc vous fermez la porte…

OLIVIER DUSSOPT
Non, non, parce que je pense que sur la contracyclicité et la meilleure prise en compte de la conjoncture économique…

SONIA MABROUK
Contracyclicité, expliquez en quelques mots…

OLIVIER DUSSOPT
C'est prendre en compte l'état du marché de l'emploi. Et dire que lorsque l'économie crée de l'emploi, on protège un peu moins, lorsque l'économie détruit de l'emploi, on protège beaucoup mieux. On peut évidemment avoir quelque chose de plus graduel encore. Mais ce que je veux dire, c'est que l'assurance chômage de 2009 à 2019, en moyenne, c'est 1,9 milliard de perte chaque année. 1,9 milliard de déficit, en 2021, c'est 2 milliards d'excédent, et en 2023, c'est 4 milliards d'excédent, avec une trajectoire d'excédents pour l'assurance chômage, ce qui est bon signe pour la solidité de notre système de protection sociale.

SONIA MABROUK
Olivier DUSSOPT, la question brûlante de l'inflation sur le carburant. Il est vrai que certaines enseignes ont déjà démarré les opérations à prix coûtant. D'ailleurs, sur un plein, c'est une économie d'à peu près 2 à 3 euros. Il y a aussi l'indemnité carburant qui ne va pas rapporter bien plus. Très sincèrement, c'est un coup de pouce ou une aumône aujourd'hui ?

OLIVIER DUSSOPT
Ah, non, c'est un coup de pouce, et nous sommes le seul pays européen à avoir ce type de politique avec des chèques carburant, avec un bouclier énergie pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Aujourd'hui, un chèque carburant, tel que le Président de la République l'a annoncé, mais avec cette politique que mène la Première ministre, notamment auprès des distributeurs, pour faire en sorte que les consommateurs soient les mieux protégés possibles.

SONIA MABROUK
2 euros ?

OLIVIER DUSSOPT
Mais nous sommes dans une logique de frein à l'inflation et de frein à l'augmentation des prix. Je le répète, on peut toujours considérer, toujours, en la matière, et surtout en matière de pouvoir d'achat…

SONIA MABROUK
Qu'on peut faire plus ?

OLIVIER DUSSOPT
Oui, ou que ça n'est pas assez…

SONIA MABROUK
Non, mais c'est intéressant ce que vous dites, vous pouvez dire ce matin, Olivier DUSSOPT, qu'il n'y aura pas de coup de pouce supplémentaire, quoi qu'il arrive, même s'il y a une étincelle sociale ?

OLIVIER DUSSOPT
Vous savez que ça n'est pas dans mon champ de compétences ministériel. Mais ce que je dis, c'est qu'on peut toujours considérer, soit, qu'on peut faire plus, soit, qu'on ne fait pas assez. Ce que je dis, moi, c'est que, aucun pays européen ne fait autant. Et pour avoir été ministre du Budget pendant presque trois ans, je sais combien, lorsqu'on intervient sur le prix du carburant et sur ces questions-là, combien c'est extrêmement coûteux en matière de finances publiques, soit, par perte de recettes, soit par coûts nets. Et donc, il faut qu'on soit à la fois protecteur, c'est ce que nous sommes, les plus en Europe, mais aussi raisonnable, parce que, je le disais quand j'étais ministre du Budget, mais l'argent, ce n'est pas magique, ça ne pousse pas sur les arbres, même pour l'Etat…

SONIA MABROUK
Est-ce que vous diriez, par exemple, comme le ministre de l'Economie, Bruno LE MAIRE, il a eu cette phrase : Les Français ne s'appauvrissent pas. La question, c'est : parfois, est ce que, et je le dis, est-ce que les ministres vivent sur la même planète que les Français ?

OLIVIER DUSSOPT
Evidemment, oui. Mais vous savez, on a un appareil statistique qui est très performant et qui mesure qu'au cours des derniers mois, des dernières années, nous avons résisté, et résisté face à l'inflation à tel point...

SONIA MABROUK
Qui nous ?

OLIVIER DUSSOPT
La France, en général…

SONIA MABROUK
Mais quand vous voyez des gens qui... Monsieur le Ministre, vous les connaissez dans votre région, ceux qui font un arbitrage dans les courses, sur le carburant…

OLIVIER DUSSOPT
Ce que je veux dire, c'est que, parfois, et c'est normal, parce que, débord, on parle de moyenne, parfois, il y a des chiffres et des relevés statistiques qui peuvent surprendre quand on les lit…

SONIA MABROUK
Oui, mais la vie, la vraie ?

OLIVIER DUSSOPT
Justement, au deuxième trimestre de l'année 2023, pour la première fois depuis le début de la crise inflationniste, pour la première fois depuis cette poussée de l'inflation, la progression des salaires, en moyenne, et je parle de manière très générale, est plus importante que la progression des prix, ce qui signifie du pouvoir d'achat. Quand je dis ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'INSEE…

SONIA MABROUK
Mais vous savez que vous n'êtes pas audible quand vous dites ça…

OLIVIER DUSSOPT
Oui, mais j'allais le dire…

SONIA MABROUK
J'entends, vous lisez des statistiques, des chiffres têtus…

OLIVIER DUSSOPT
J'allais le dire avant vous, quand je dis ça, je sais très bien que ceux qui nous entendent se disent : mais, moi, quand je fais mes courses, ça coûte plus cher, et j'ai l'impression d'être moins riche aujourd'hui qu'avant. Et ça se respecte, parce que tout n'augmente pas de la même manière, parce que, en fonction de ce que vous achetez, de la manière dont vous vivez, du revenu que vous avez, vous n'avez pas la même composition de votre panier de courses, de votre caddie. Donc tout ça se respecte. Mais je peux assurer que, globalement, parce que nous sommes sur des chiffres globaux, la politique que nous menons est une politique protectrice, et ça n'empêche pas les difficultés que vous avez pointées…

SONIA MABROUK
Mais si les prix, alors, les prix continuent d'augmenter, on entend bien que vous ne pouvez pas faire de geste supplémentaire, eu égard à nos à nos déficits, notre dette. L'autre alternative, Olivier DUSSOPT, ce sont les salaires. Le président de la République avait annoncé lors des rencontres de Saint-Denis, une conférence sociale sur les bas salaires, sur les carrières et sur les branches sous le salaire minimum. Est-ce que d'abord, elle est confirmée vraiment, cette conférence, est-ce qu'il y a une date fixe ?

OLIVIER DUSSOPT
Elle est confirmée. Nous allons la réunir sous la présidence de la Première ministre, que j'accompagnerai bien évidemment le 16 octobre…

SONIA MABROUK
Le 16 octobre…

OLIVIER DUSSOPT
Au conseil économique, social et environnemental…

SONIA MABROUK
Quel objet ?

OLIVIER DUSSOPT
Et nous avons commencé…

SONIA MABROUK
Avec qui ?

OLIVIER DUSSOPT
J'ai commencé à échanger avec les partenaires sociaux. La Première ministre l'a indiqué, nous allons les recevoir en réunion bilatérale dans les jours qui viennent pour préparer cette réunion. Et nous souhaitons qu'elle puisse être d'abord partagée, parce que c'est important de parler de la même chose, partager les diagnostics sur l'évolution des salaires, l'évolution du SMIC, sur les effets de la prime d'activité, de ce qu'on appelle le tunnel d'exonération…

SONIA MABROUK
Vous allez parler des branches qui sont encore à un niveau inférieur du Smic…

OLIVIER DUSSOPT
On va parler des branches, on va parler…

SONIA MABROUK
Combien il y en a, d'ailleurs, Olivier DUSSOPT ?

OLIVIER DUSSOPT
On va aussi parler du temps partiel subi, parce que c'est aussi un facteur de pauvreté. Mais les branches, et c'est important de le souligner, parce que…

SONIA MABROUK
Il y en avait une centaine ?

OLIVIER DUSSOPT
Alors, plus. En fait, on a un mécanisme en France qui fait que lorsqu'il y a beaucoup d'inflation, le Smic n'est pas revalorisé dès le 1er janvier, mais il est revalorisé de manière plus régulière, plus rapide. La dernière fois que nous avons revalorisé le Smic d'un peu plus de 2 %, c'est le 1er mai, le 1er mai, le fait d'avoir augmenté le Smic fait que certaines branches professionnelles ont vu leurs niveaux de rémunération les plus bas passer sous le Smic. Alors, je précise que personne n'est payé sous le Smic, parce que lorsque votre niveau conventionnel est sous le Smic, vous êtes payé le Smic. Mais la conséquence, c'est que vous avez tout un début de carrière sans perspectives salariales, avec des carrières très plates, très écrasées. Les branches négocient. Nous avions 145 branches qui n'étaient pas conformes le 1er mai…

SONIA MABROUK
Et aujourd'hui ?

OLIVIER DUSSOPT
Aujourd'hui, nous en avons 60.

SONIA MABROUK
D'accord, mais comment…

OLIVIER DUSSOPT
60, vendredi dernier pour être très précis…

SONIA MABROUK
Comment faire plus, comment faire mieux, la CFDT, par exemple, appelait le gouvernement a supprimé les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui ne jouent pas le jeu de la revalorisation salariale. Est-ce que c'est un bon moyen de pression, pour vous ?

OLIVIER DUSSOPT
C'est un débat que nous avons depuis longtemps avec la CFDT, qui porte cette proposition depuis plusieurs années…

SONIA MABROUK
Et alors, qu'est-ce que vous en pensez ?

OLIVIER DUSSOPT
Nous avons deux problèmes, et que j'ai partagés avec madame LEON, la secrétaire générale de la CFDT. Premier problème, on parle de niveau conventionnel, c'est-à-dire qu'on parle du niveau de rémunération tel que fixé dans les conventions collectives. Lorsque vous êtes patron, patron de votre entreprise…

SONIA MABROUK
Ça ne vous dérange pas au début d'intervenir, et là, quand on vous demande de l'interventionnisme pour…

OLIVIER DUSSOPT
Mais attendez, non, mais, laissez-moi aller au bout parce que vous allez voir que je dis des choses qui ne sont pas loin de cela. Quand vous êtes salarié dans une entreprise et que vous appartenez à une convention collective où les salaires sont bas, rien n'interdit votre employeur de vous payer plus. Si nous disons que nous supprimons les exonérations pour tout ou partie aux entreprises de telle ou telle branche parce que la branche a une convention collective qui n'est pas au niveau, ça veut dire qu'on va sanctionner des entreprises qui, elles, jouent le jeu dans leur entreprise.

SONIA MABROUK
Donc vous ne voulez pas aller sur cette voie-là…

OLIVIER DUSSOPT
Et après, techniquement, c'est très compliqué de regarder entreprise, entreprise, qui respecte le cadre ou pas.

SONIA MABROUK
Donc, vous dites non à la CFDT.

OLIVIER DUSSOPT
Non, mais je pense qu'on peut pousser les choses plus avant, regarder…

SONIA MABROUK
Entre l'incitation et la... entre la carotte et le bâton…

OLIVIER DUSSOPT
Vous savez, on a déjà pris une disposition en 2022. Ça parait loin, 2022, mais ça ne fait qu'un an, en juillet 2022. Jusqu'en juillet 2022, quand une convention collective avait un niveau de rémunération trop bas, la branche avait 90 jours pour ouvrir la négociation. On l'a ramené à 45 jours. Cela explique aussi pourquoi, entre le 1er mai et aujourd'hui, nous sommes passés de 145 à 60 branches non conformes, il en reste 60 non conformes. Il n'empêche qu'il y en a 85 qui ont fait le boulot pendant l'été.

SONIA MABROUK
Donc, incitation, plutôt qu'obligation.

OLIVIER DUSSOPT
Incitation et puis il faut qu'on regarde avec les partenaires sociaux quels sont les points de sortie possibles…

SONIA MABROUK
Vous le ferez lors de cette conférence sociale, vous nous annoncez donc qu'elle se tiendra le 16 octobre. Autre texte à venir, Olivier DUSSOPT, et à vrai dire, là encore, je ne sais pas s'il y a une date ou c'est peut-être à la Saint-Glinglin sur le projet de loi immigration. Est-ce qu'on peut dire vraiment que ce texte va arriver au Parlement ?

OLIVIER DUSSOPT
Il a été examiné par la Commission des lois du Sénat au printemps dernier et aujourd'hui, il est prévu à l'ordre du jour du Sénat. C'est la volonté du gouvernement, au début du mois de novembre.

SONIA MABROUK
Le 6 novembre, c'est bien ça ?

OLIVIER DUSSOPT
C'est le 6, mais vous savez, le Sénat vient juste de se renouveler et je crois que l'ordre du jour précis doit être arrêté dans les jours qui viennent. Donc, chacun son boulot.

SONIA MABROUK
Est-ce que vous pouvez, Monsieur le Ministre, nous répondre clairement aussi sur le fameux article autour de la régularisation des sans-papiers dans les métiers dits en tension, est-ce qu'il sera bien dans le texte ?

OLIVIER DUSSOPT
Il est dans le texte que la Commission des lois a adopté.

SONIA MABROUK
Il le restera ?

OLIVIER DUSSOPT
Ce sont les sénateurs qui vont en décider.

SONIA MABROUK
Vous voulez qu'il reste ?

OLIVIER DUSSOPT
Moi, je pense que la réforme que nous menons gagne à être équilibrée.

SONIA MABROUK
Mais le président il semble, Olivier DUSSOPT, avoir reculé. Il a dit : « Les métiers sous tension, il faut quand même essayer de faire que ce soit nos compatriotes…

OLIVIER DUSSOPT
Mais bien évidemment. Mais bien évidemment, et…

SONIA MABROUK
Donc avant les travailleurs sans-papiers.

OLIVIER DUSSOPT
Mais c'est ce que nous faisons, et avec raison. Vous savez, depuis l'année dernière, là aussi depuis octobre 2022, j'ai par exemple demandé à Pôle emploi, agence par agence, de regarder dans les listes de demandeurs d'emploi, qui, par son parcours, par son diplôme, par son expérience, peut avoir une compétence, un lien avec les métiers qui sont les plus en tension. De convoquer tous les demandeurs d'emploi concernés, et de leur proposer des métiers en tension.

SONIA MABROUK
Vous savez comment ça s'appelle ? La priorité nationale.

OLIVIER DUSSOPT
Non, ça ne s'appelle pas la priorité nationale. Parce que figurez-vous que...

SONIA MABROUK
Enfin, vous donnez priorité aux Français.

OLIVIER DUSSOPT
Mais figurez-vous que chez Pôle emploi, il suffit d'être en situation régulière sur le territoire…

SONIA MABROUK
Mais pourquoi vous avez peur de ce mot ?

OLIVIER DUSSOPT
Mais…

SONIA MABROUK
C'est ce qu'a dit le président de la République.

OLIVIER DUSSOPT
Pardon, mais le Président la République n'a pas parlé de priorité nationale.

SONIA MABROUK
Eh bien, quand vous voulez, d'abord…

OLIVIER DUSSOPT
Le président de la République a dit, et à juste titre…

SONIA MABROUK
...à nos compatriotes…

OLIVIER DUSSOPT
... qu'avant de faire venir des personnes de pays non-européens, parce qu'on parle toujours d'immigration ou extracommunautaires, il faut s'assurer que toutes les personnes en situation régulière sur le territoire aient accès à l'emploi…

SONIA MABROUK
Priorité aux Français.

OLIVIER DUSSOPT
Aux Français et aux ressortissants étrangers présents sur le territoire.

SONIA MABROUK
Je n'ai pas dit autre chose, mais donc aux Français.

OLIVIER DUSSOPT
Priorité aux Français…

SONIA MABROUK
National.

OLIVIER DUSSOPT
Priorité à ceux qui vivent sur notre territoire.

SONIA MABROUK
Bien. Je voudrais qu'on conclue notre interview par cette séquence. Peut-être que vous allez là découvrir, le ministre, le porte-parole du gouvernement qui se mue en journaliste, regardez et écoutez.

OLIVIER VERAN - JOURNALISTE D'UN JOUR
Ok Charlotte. On va se mettre là, pour ne pas se faire écraser.

INTERVENANT
Ah mais moi, ça me semble être une très très bonne idée. Parce qu'aujourd'hui, il n'y en a pas.

OLIVIER VERAN
Est-ce que vous avez le sentiment que les politiques écoutent assez les Français ?

INTERVENANTE
Pas vraiment.

INTERVENANTE
Non. Oui, mitigé.

INTERVENANT
On a l'impression que les politiques sont très loin des préoccupations très concrètes.

OLIVIER VERAN
Est-ce que vous savez ce que c'est que le renouveau démocratique ?

INTERVENANT
Ouh lala !

SONIA MABROUK
Je ne sais pas, Olivier DUSSOPT, s'il est mieux en journaliste ou en porte-parole, Olivier VERAN.

OLIVIER DUSSOPT
C'est vous qui êtes journaliste. Moi, je ne le suis pas, donc je ne sais pas évaluer…

SONIA MABROUK
Apparemment, il se met dans la peau d'un journaliste.

OLIVIER DUSSOPT
Je ne sais pas évaluer.

SONIA MABROUK
Mais, vous avez vraiment besoin d'une application pour savoir ce que pensent les Français ?

OLIVIER DUSSOPT
Je pense que tous les moyens de communication sont bons, et que…

SONIA MABROUK
Il y a peut-être parfois trop de communication tue la communication.

OLIVIER DUSSOPT
Mais quand on communique moins, vous nous le reprochez aussi. Je pense que tous les moyens de communication sont bons, et qu'à chaque fois qu'on peut avoir un canal qui permet l'expression, c'est une bonne chose.

SONIA MABROUK
Bon, en tout cas, merci d'être venu vous exprimer ce matin, sur nos antennes, CNews et Europe 1. C'était votre « Grande interview ». Merci. A bientôt.

OLIVIER DUSSOPT
A très bientôt.

SONIA MABROUK
Sur notre antenne, évidemment. Bonne journée à vous


source : Service d'information du gouvernement, le 4 octobre 2023