Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bonjour à toutes et à tous et merci d'être avec nous, c'est un plaisir de vous retrouver, 0826 300 300, ce n'est pas compliqué, vous le savez, après les infos de 9h vous pouvez réagir, réagir à l'actualité, et réagir à ce que vient de dire, à ce que va dire notre invité ce matin, qui est Bruno LE MAIRE, ministre de l'Économie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno LE MAIRE bonjour.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous ce matin. Nous allons regarder la situation internationale, je rappelle que vous êtes diplomate à l'origine, je rappelle que vous avez beaucoup travaillé sur toutes ces questions internationales, Bruno LE MAIRE, plus de 1000 morts depuis samedi en Israël et à Gaza, les Israéliens qui sont en train de frapper la bande de Gaza, plus de 500 cibles dans la bande de Gaza, Israël qui réplique alors que les Israéliens ont vu 150 des leurs, des Israéliens, des étrangers, pris en otages par le Hamas, l'Iran appuie l'action du Hamas, nous sommes au bord d'une escalade, est-ce que vous craignez cette escalade ?
BRUNO LE MAIRE
Nous craignons tous l'escalade et l'embrasement dans la région. Cette attaque est un traumatisme sans précédent dans l'histoire d'Israël, c'est un traumatisme parce que le territoire d'Israël a été envahi, c'est un traumatisme parce que les roquettes ont fait des dizaines et des dizaines de morts, et c'est un traumatisme, parce qu'à l'heure où je vous parle, les combats se poursuivent et qu'Israël a plus de 150 de ses compatriotes qui sont pris en otages par le Hamas. Nous devons soutenir Israël, nous devons soutenir le peuple israélien, et nous devons marquer notre solidarité totale à l'égard du peuple israélien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et condamner, et condamner fermement, évidemment, l'opération terroriste du Hamas.
BRUNO LE MAIRE
Et je condamne fermement, sans aucune hésitation, l'attaque du Hamas. Est-ce qu'on a oublié que le Hamas est une organisation terroriste, classée comme telle par l'Union européenne, il faut savoir dans quel camp on est. On est dans le camp de ceux qui sont attaqués, de ceux qui souffrent aujourd'hui, le peuple israélien, ou du côté des terroristes et du Hamas ? le Hamas, je le rappelle, est une organisation terroriste qui s'en est pris avec une violence invraisemblable à l'État d'Israël et au peuple israélien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et soutenu par l'Iran, le Hamas. Est-ce que l'Iran soutient le Hamas pour porter atteinte à l'accord proche entre Israël et l'Arabie saoudite ?
BRUNO LE MAIRE
Ça fait partie des hypothèses. Je suis ancien diplomate, mais je ne suis pas, et plus, je ne suis plus diplomate…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, aux affaires.
BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères, donc Catherine COLONNA aura l'occasion de s'exprimer sur le sujet, je pense que ce que nous pouvons tous souhaiter aujourd'hui c'est effectivement éviter un embrasement régional, qui aurait des conséquences politiques importantes, et également des conséquences économiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que la France doit aider militairement Israël…
BRUNO LE MAIRE
C'est au président de la République…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme le font les États-Unis ?
BRUNO LE MAIRE
C'est au président de la République, à la ministre des Affaires étrangères, au ministre des Armées, de le décider, en tout cas je pense que moralement il est très important que nous montrions que le peuple français est aux côtés du peuple israélien, il ne faut pas sous-estimer le traumatisme complet dans lequel sont aujourd'hui des centaines et des centaines de familles israéliennes qui s'inquiètent pour leurs proches, pour leurs enfants, pour leur fille, pour leur fils, pour leur petite-fille ou pour leur petit-fils, c'est un traumatisme au plus profond de sa chair. J'ai eu l'occasion hier d'appeler un certain nombre de mes amis qui sont directement concernés, j'ai pu mesurer à quel point c'est un traumatisme humain extraordinairement profond, dans ce genre de cas on attend de ses amis qu'ils soient à vos côtés, qu'ils vous soutiennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Encore deux, trois questions Bruno LE MAIRE. Les soutiens financiers du Hamas sont multiples, ils viennent d'Iran, ils viennent de Turquie, parce que la Turquie soutient financièrement le Hamas, et le soutien financier vient aussi du Qatar, est-ce que l'on doit condamner ces soutiens financiers et intervenir, est-ce que le Qatar est complice du terrorisme ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense que pour le moment il est trop, à un moment où les combats se poursuivent, pour commencer à tirer toutes les conséquences, que nous regardions quels sont les flux financiers, comment est-ce que le Hamas est financé, nous le faisons, bien entendu, et nous faisons tout ce qui est nécessaire pour couper ces financements, mais aujourd'hui je pense que le temps est d'abord au soutien politique, moral, à l'égard du peuple israélien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le NPA, l'extrême gauche française, soutient l'opération du Hamas, LFI condamne toute violence, mais ne condamne pas l'acte terroriste du Hamas, La France insoumise est-elle complaisante vis-à-vis du Hamas, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense que c'est une nouvelle preuve de l'égarement de la France insoumise et de l'extrême gauche entre pays, il y en a eu de multiples dans le passé, c'en est une nouvelle, j'ai peur que nous ayons d'autres preuves de cet égarement dans les mois à venir, il n'y a, hélas, pas beaucoup de surprises dans cette position.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France insoumise est sortie de ce qu'on appelle l'arc républicain ?
BRUNO LE MAIRE
Je me méfie de ces mots qui ne veulent pas dire grand-chose, pour moi l'arc républicain je ne vois pas très bien à quoi ça correspond, je trouve juste que c'est choquant, que c'est choquant quand un peuple a été attaqué, qu'une nation est attaquée, qu'on sait bien que l'organisation qui a attaqué Israël veut la disparition même de cet État, la disparition même de cette nation, ça me choque au plus profond de moi-même qu'une formation politique française puisse soutenir l'attaquant et pas l'attaqué.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autre conflit, le Haut-Karabagh, l'Union européenne doit-elle suspendre les contrats gaziers passés avec l'Azerbaïdjan ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a des discussions qui sont en cours, comme vous le savez, le parti Renaissance a eu l'occasion de le dire à la présidente de la Commission européenne Ursula VON DER LEYEN, qui participait à notre réunion à Bordeaux, laissons les discussions se poursuivre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le sommet franco-allemand, vous allez partir pour Hambourg, là juste après…
BRUNO LE MAIRE
Dans quelques heures.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans quelques heures, ce sommet important, on va beaucoup parler énergie, on va beaucoup parler défense. A propos du prix de l'énergie Emmanuel MACRON s'est engagé à reprendre le contrôle des prix de l'électricité, c'est ce que vous allez dire aux Allemands, vous allez le répéter, vous allez leur dire que vous allez fixer les prix en France sans attendre la fin des discussions européennes ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai eu l'occasion de leur dire, quand je me suis rendu à Berlin il y a quelques semaines, où j'ai eu l'honneur de participer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était le 13 septembre.
BRUNO LE MAIRE
Au conseil des ministres allemand, j'ai eu l'occasion de le dire au ministre de l'Économie Robert HABECK, je lui ai dit à plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion de le dire au chancelier SCHOLZ qui m'a reçu à cette occasion, il y a un certain nombre de choses qui ne sont pas négociables dans l'économie française, le nucléaire en fait partie, nous avons des réacteurs nucléaires, c'est la source principale de notre approvisionnement en électricité décarbonée, le nucléaire français n'est pas négociable. Il y a une deuxième chose qui est une ligne rouge pour la France, et le président de la République l'a rappelé, c'est que nous avons une électricité décarbonée dont le coût doit correspondre au coût moyen de production de cette électricité. Pourquoi ? parce que c'est tout simplement la protection des ménages qui est en jeu et la compétitivité de notre économie, et puis c'est le choix qu'on a fait depuis plusieurs décennies, nos compatriotes qui ont payé pour les réacteurs nucléaires, depuis maintenant plusieurs décennies, ils sont en droit d'avoir en retour une énergie à un tarif qui soit le plus réduit possible et nos entreprises sont en droit d'espérer aussi une énergie compétitive. La troisième chose que nous souhaitons dire à nos amis Allemands c'est que nous pouvons, et nous devons trouver un accord ensemble. Quel est le défi ? ce n'est pas que France et Allemagne s'affrontent sur la question de l'énergie, c'est que nous soyons capables, France et Allemagne, ensemble, de faire face à aux décisions prises par les États-Unis avec "l'Inflation Reduction Act", qui ont aujourd'hui un coût de l'énergie parmi les plus compétitifs au monde, notre sujet c'est de nous mettre ensemble pour être compétitif face aux États-Unis, et certainement pas d'ouvrir un conflit entre nos deux pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une question encore plus précise, est-ce que les particuliers et les entrepreneurs paieront leur électricité à des prix proches des coûts de production l'année prochaine, en 2024, en France ?
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, c'est l'objectif, et c'est un objectif pas pour l'année prochaine, c'est un objectif pour les prochaines décennies…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que les prix vont baisser, ou ne pas augmenter de plus de 10 %…
BRUNO LE MAIRE
Je ne dis pas que les prix vont baisser, je dis que la France droit garder les prix attractifs pour les ménages, stables, c'est le plus important, qu'on évite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attractif ça veut dire moins de 10 %.
BRUNO LE MAIRE
Attractifs ça veut dire que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc une hausse…
BRUNO LE MAIRE
En janvier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une augmentation.
BRUNO LE MAIRE
En fonction de l'augmentation du prix d'électricité j'ai déjà dit que les chiffres qui avaient été avancés par la Commission de régulation de l'énergie, 10 à 20 % de hausse, il en était hors de question…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc moins de 10 %.
BRUNO LE MAIRE
Moins de 10 %, fixons cette limite. Mais ce n'est pas simplement pour janvier prochain que ça compte, c'est que nous puissions, pour les décennies qui viennent, garantir à tous nos compatriotes un prix de l'énergie stable. Garantir en deuxième lieu, c'est le deuxième objectif de cette réforme du marché européen de l'énergie, un prix attractif pour nos industriels, quand vous avez des sites de Fos-sur-Mer, de Dunkerque, qui sont des grands sites industriels, pour continuer à se développer, eh bien il faut qu'ils aient un prix de l'électricité qui soit le plus abordable possible, c'est notre avantage compétitif majeur numéro 1, une électricité décarbonée pas chère parce que nous avons fait le bon choix énergétique qui s'appelle le nucléaire, on a fait le bon choix, il est légitime qu'on en tire tout le profit. Et le troisième enjeu, qui est important, qu'on oublie parfois un peu trop dans la discussion, c'est qu'EDF puisse avoir des revenus financiers suffisants, il s'agit que le prix de l'énergie soit compétitif pour les entreprises…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour investir dans le nucléaire.
BRUNO LE MAIRE
Stable pour les ménages, mais qui soit aussi profitable pour EDF, il faut qu'EDF soit profitable, il faut qu'EDF puisse dégager des marges de manœuvres financières pour investir dans le nucléaire, investir dans le renouvelable aussi, puisque c'est une des entreprises qui investit le plus dans les énergies renouvelables, c'est cet équilibre-là que nous défendons, et, vous l'avez compris, nous le défendons, avec le président de la République, avec Agnès PANNIER-RUNACHER, bec et ongles. Pourquoi ? c'est le cœur de l'économie française, sa compétitivité et son attractivité, qui sont en jeu. Quand vous avez un investisseur américain qui vient en France, qui veut ouvrir une gigafactory, la première chose qui vous demande c'est le prix de l'énergie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que la France fixera ses prix de l'électricité, quoi qu'il arrive ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, la France, légitimement, demande que soit respecté son choix souverain en matière énergétique, qui est le choix du nucléaire, de la sobriété et des énergies renouvelables. Et je pense que nos amis allemands peuvent parfaitement le comprendre. Je pense qu'il y a surtout beaucoup d'incompréhensions qui doivent être levées ; de ce point de vue-là, Hambourg, c'est un rendez-vous très important pour lever des incompréhensions. L'Allemagne a fait des choix énergétiques, je les respecte, abandon du nucléaire et tout mettre sur les énergies renouvelables, la France fait un autre choix en maintenant des réacteurs nucléaires, respectons-nous les uns les autres et respectons nos choix souverains.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les prix des carburants maintenant, j'ai vu l'intervention du président de TOTAL, j'imagine que vous l'avez vue aussi bien sûr, Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il vous dit, c'est simple, si vous renouvelez, si vous reconduisez la contribution exceptionnelle sur les produits pétroliers, le raffinage...
BRUNO LE MAIRE
Taxe sur le raffinage...
JEAN-JACQUES BOURDIN
En l'occurrence, la taxe sur le raffinage, eh bien, les 1,99 euro, oubliez-les ! C'est ce qu'il vous dit, que lui répondez-vous ce matin ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai eu l'occasion d'échanger avec lui, je fais confiance à TOTAL pour maintenir cette opération, qui pour moi est une opération exemplaire. On combat l'inflation quand tous ensemble nous nous mettons à prendre les bonnes décisions pour faire baisser les prix, l'État, les entreprises, les distributeurs, tous ensemble, là on est efficace, donc je salue l'opération qui qui a été décidée par Patrick POUYANNE, le président de TOTAL, je salue l'efficacité de cette opération, 1,99 euro, au moins on sait qu'il y a un plafond, et donc je fais confiance à TOTAL pour maintenir cette opération. Je rappelle par ailleurs que la taxe sur le raffinage ne figure pas dans le budget initial du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas dans le budget initial, mais sera-t-elle reconduite ?
BRUNO LE MAIRE
Mais il y a un débat parlementaire, donc il y a des parlementaires qui sont…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable ? vous êtes favorable ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Moi en règle générale je n'aime pas trop les taxes, je pense que chacun l'a compris…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous êtes opposé à la reconduction de cette taxe ?
BRUNO LE MAIRE
Je respecte, aussi, ce que les parlementaires de la majorité, et d'ailleurs de beaucoup d'opposition nous disent, en nous disant "voilà, il faut impérativement que les énergies fossiles financent la transition écologique…"
JEAN-JACQUES BOURDIN
Profits multipliés par cinq pour les raffineurs entre le mois de juin et le mois d'août.
BRUNO LE MAIRE
C'est ce qu'il faut regarder, il faut regarder aussi les centaines d'emplois qu'il y a derrière, parce qu'on ne peut pas nous dire que le raffinage c'est des centaines d'emplois, c'est l'industrie, c'est la réindustrialisation, et dire de l'autre côté qu'on peut systématiquement aller rechercher leurs marges financières, ça va être l'objet du débat, ça ne figure pas, cette taxe, dans le projet de loi de finances initiale du gouvernement, après il y a un débat parlementaire, je respecte le Parlement, et en particulier les parlementaires de la majorité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, le coût de la vie, ça ne vous échappe pas, plus de 9 millions de pauvres en France qui vivent avec moins de 1 120 euros par mois, le 24 septembre Emmanuel MACRON disait, je le cite, "ça va se mettre en place, je vais y veiller personnellement, un accord sur la modération des marges dans tout le secteur alimentaire", il parlait des prix alimentaires, alors cet accord où en est-on, nous sommes le 9 octobre, où en est-on ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord nous y travaillons, et l'intuition du président de la République est juste, elle vient d'être confirmée hier par la présidente de la Banque centrale européenne Christine LAGARDE, qui dit elle-même, on ne peut accuser Christine LAGARDE d'être une dangereuse gauchiste, que les entreprises doivent tirer sur leurs marges pour faire baisser les prix, je ne saurais mieux dire. Donc l'accord de modération des marges, c'est ce que j'avais mis en place quand j'étais ministre de l'Agriculture, pour qu'on garde du revenu pour les producteurs agricoles, nous allons regarder, avec la DGCCRF, avec l'Inspection générale des finances, avec l'Observatoire des marges, quel est le niveau de marge des entreprises, et nous allons, sur une base, qui doit être une base volontaire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bloquer certaines marges ?
BRUNO LE MAIRE
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
BRUNO LE MAIRE
L'État n'est pas là pour bloquer les prix, bloquer les salaires ou augmenter les salaires artificiellement, ce n'est pas le rôle de l'État, mais il est là pour rassembler tout le monde, toutes les entreprises, et regarder comment est-ce qu'elles peuvent s'engager à modérer les marges pour, soit faire baisser les prix, soit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de contraintes à la modération.
BRUNO LE MAIRE
Soit Jean-Jacques BOURDIN, c'est très important, augmenter les salaires, car la meilleure réponse à la situation aujourd'hui c'est aussi que les entreprises, qui le peuvent, augmentent les salaires. Celles qui le peuvent c'est lesquelles ? c'est celle qui ont fait des marges plus importantes. Là aussi ça a été dit de manière très claire pas Christine LAGARDE hier, je soutiens cette approche, si nous voulons combattre l'inflation il faut que les entreprises qui le peuvent tirent sur leurs marges, soit pour baisser les prix, c'est pour ça qu'on avance la date des négociations commerciales au 15 janvier au du printemps 2024, soit pour augmenter les salaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soit pour augmenter les salaires, soit pour baisser les prix.
BRUNO LE MAIRE
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans contraintes aucune ? ce n'est qu'une incitation, une demande.
BRUNO LE MAIRE
Vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On vous surnomme un peu familièrement, et pas très joliment, "Bruno demande", vous demandez.
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne demande pas, j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, j'obtiens, et quand je n'obtiens pas je décide. L'accord sur la modération des marges doit être un accord volontaire, mais nous pouvons aussi décider. L'avancée des négociations commerciales devait être un accord volontaire, ça ne s'est pas fait, nous avons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ça ne s'est pas fait.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais nous l'avons décidé, donc j'ai mis sur la table un texte de loi, ce texte de loi sera adopté en octobre, et les négociations commerciales seront avancées au 15 janvier. Quand il faut décider, rassurez-vous Jean-Jacques BOURDIN, je sais décider. Quand vous avez un Américain qui veut racheter une des plus grandes entreprises de robinetterie nucléaire en France, qui s'appelle SEGAULT, malgré les pressions, malgré les messages qui me sont passés, j'interdis cette vente…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous avez dit non.
BRUNO LE MAIRE
Je décide, je dis non. Et que les choses soient très claires, je préfère, dans une économie de marché, travailler sur une base volontaire, je vois que ça donne des résultats, vous avez cité l'accord de TOTAL, c'est un accord volontaire, je vois ce qu'ont fait les distributeurs sur le prix des carburants, ils ont fait des efforts, c'est volontaire, je vois ce qu'ils ont fait sur les prix alimentaires, 5000 produits qui ont baissé, ou dont le prix a été bloqué, c'est volontaires aussi, mais si à un moment donné il faut prendre des décisions plus dures, je n'ai jamais hésité, depuis près de sept ans que je suis ministre de l'Économie, à le faire, je le redis, sur cette décision, l'entreprise française qui devait être rachetée par une grande entreprise américaine, c'est, je pense, une bonne illustration de ma détermination.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, le budget en discussion à l'Assemblée nationale à partir de demain, Bruno LE MAIRE, je regardais le commentaire de François BAYROU, la situation économique actuelle est inacceptable, vous comprenez ce petit commentaire de François BAYROU ? C'est inacceptable...
BRUNO LE MAIRE
La situation économique actuelle de la France est plutôt bonne, elle est solide, enfin, moi, je regarde encore...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes étonné !
BRUNO LE MAIRE
Je ne sais pas exactement ce qu'a voulu dire François BAYROU, moi, je suis par définition un homme de chiffres, comme ministre de l'Économie et des finances, je vois qu'on nous avait prédit une catastrophe en 2023, une récession, 1 % de croissance, Jean-Jacques BOURDIN, deux millions d'emplois créés, des usines qui rouvrent, et nous avons encore devant nous des perspectives d'ouvertures de nouvelles usines ; une réindustrialisation, qui doit être notre plus grande fierté dans un pays qui, depuis trente ans, ferme les usines, délocalise, sacrifie, plus de deux millions d'emplois industriels, rouvrir une usine, recréer des emplois d'ouvriers, d‘ingénieurs en France, eh bien, je pense que c'est la meilleure nouvelle qui soit arrivée à notre économie depuis longtemps. Donc l'économie française résiste et elle résiste bien. En revanche, le point plus difficile, c'est nos finances publiques...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et la dette...
BRUNO LE MAIRE
Donc là-dessus, quand on voit qu'il y a un point... et la dette. Donc quand on voit qu'il y a une chose qui est à corriger, eh bien, il faut le faire, nous avons beaucoup dépensé, et c'était utile et nécessaire pour faire face à la crise du Covid, on a évité des dizaines de milliers de faillites, on a évité des centaines de milliers d'emplois détruits, maintenant, eh bien maintenant, si jamais il devait y avoir une nouvelle crise, on le voit avec ce qui se passe en Israël, il faut reconstituer des réserves financières, c'est mon rôle. Et je serai intraitable sur la bonne tenue de nos finances publiques, sur les économies nécessaires et sur l'accélération...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que voulez-vous pour le budget, pour ce budget et les finances publiques justement, pour 2024...
BRUNO LE MAIRE
Je vois que le rapporteur général du budget vient de dire, dans sa grande sagesse, qu'il fallait plus d'économies, il a répondu à l'appel que j'avais lancé vendredi et samedi, disant que tous les parlementaires de la majorité qui souhaitent faire de nouvelles économies, en proposent, je les soutiendrai, je propose que nous nous fixions avec le rapporteur général du budget, avec les députés de la majorité, un objectif d'un milliard d'euros d'économies supplémentaires à l'issue du débat parlementaire, enfin, ce serait formidable si la France pouvait envoyer ce message, gouvernement et majorité, que nous sommes capables d'améliorer la copie du gouvernement, non pas avec de nouvelles dépenses, mais avec un milliard d'économies supplémentaires, voilà l'ambition que je fixe à notre majorité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'ai deux questions tout de même, l'une qui concerne tous ceux qui possèdent des voitures électriques, les bornes de recharge à domicile, est-ce que vous allez augmenter le crédit d'impôt ?
BRUNO LE MAIRE
On va en tout cas augmenter...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le faire passer de 300 à 500 euros ?
BRUNO LE MAIRE
Augmenter le bonus pour les véhicules électriques, la décision n'est pas encore définitivement arbitrée, mais il sera augmenté, nous allons regarder aussi ce qui peut être fait pour les bonnes électriques, accélérer le déploiement des bornes de recharge rapide, parce que, je reviens à votre première question sur l'embrasement en Israël et le risque d'embrasement au Proche-Orient...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Augmentation des prix du pétrole, c'est certain...
BRUNO LE MAIRE
Oui, 87 dollars ce matin, le prix du baril, on était à 84 la semaine dernière, c'est une augmentation qui est limitée, et je pense que les conséquences du conflit devraient être sur le plan économique limitées, s'il n'y a pas d'embrasement régional, mais la conséquence qu'il faut une nouvelle fois tirer, et je me demande combien de fois, combien d'épreuves il faudra que nous connaissions pour que, tous ensemble, nous prenions la mesure de cet impératif, nous devrons être totalement indépendants en matière énergétique, et il faut nous libérer le plus rapidement possible d'une énergie fossile que nous ne produisons pas, dépendre du pétrole dont le cours dépend de ce qui se passe au Moyen-Orient, en Russie, ou ailleurs, c'est aliéner la souveraineté et l'indépendance française, accélérer sur le déploiement de l'électrique, les véhicules électriques, l'hydrogène vert, les bornes de recharge, c'est construire notre indépendance pour les décennies qui viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je crois que vous allez lancer une grande campagne de communication adressée aux PME, aux TPE, aux indépendants.
BRUNO LE MAIRE
Je vais écrire à toutes les PME, toutes les TPE, tous les indépendants, dans tous les secteurs...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pour leur dire quoi ?
BRUNO LE MAIRE
Le bâtiment, les travaux publics, l'agriculture aussi, c'est très important, en leur disant : mais quelles sont les normes et les règles qui vous gênent le plus, que représente le coût le plus important, et qui représentent des délais supplémentaires de construction les plus importants, moi, je ne le sais pas, je ne suis pas entrepreneur de travaux publics, je ne suis pas entrepreneur de bâtiments, et je ne suis pas exploitant agricole, mais où que j'aille en France, j'ai à chaque fois la même remarque, j'étais à Cournon, au sommet de l'élevage, quelle est la remarque qui est revenue le plus souvent, vos normes nous emmerdent ! On n'y arrive plus, c'est trop compliqué, c'est trop difficile, c'est trop cher...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui est la réalité...
BRUNO LE MAIRE
Ça prend trop de temps...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui est la vérité.
BRUNO LE MAIRE
Je vois les acteurs du bâtiment, parce que chacun voit bien qu'il y a aujourd'hui une crise du logement, et qu'il faut y répondre, qui nous disent : mais avant de nous apporter des crédits ou des aides budgétaires, simplifiez les règles, simplifiez les normes...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous allez demander à toutes les PME, TPE de vous dire ce qu'ils...
BRUNO LE MAIRE
Je vais leur écrire, et je vais leur dire : mais, moi, je ne sais pas ce qui vous ennuie, vous me dites que c'est vraiment pour vous un obstacle, et que ça représente un surcoût supplémentaire pour les logements, pour la construction, pour la production agricole, dites-le-moi, moi, je prends l'engagement formel, tout ce que je peux simplifier, je le ferai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, deux questions pour terminer, le logement, vous étiez favorable à un report de l'interdiction de location des passoires thermiques. Pourquoi avez-vous changé d'avis ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je n'ai pas changé d'avis, mon avis, il est très simple, c'est que quand les Français ont un problème, il faut leur apporter une solution, c'est mon rôle de ministre, quand je rencontre des copropriétaires qui me disent : voilà, moi, j'aurais voulu rénover mon logement, mais je peux pas, parce que dans le reste de la copropriété, on ne veut pas changer la chaudière au fioul, qu'est-ce que je fais, eh bien, désolé, je n'ai pas de réponse, si je n'ai pas de réponse, j'essaie d'en trouver une, et ça continuera à être comme ça l'est depuis des années ma ligne politique : dialoguer, discuter, apporter des réponses aux gens, et pas des problèmes. Je constate que sur le diagnostic de performance énergétique, vous avez les propriétaires qui me disent : mais c'est absurde votre truc, ça favorise le chauffage au gaz plutôt que le chauffage à l'électricité, ça pénalise, Jean-Jacques BOURDIN, les petites surfaces qui sont demandées par les étudiants...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Évidemment, évidemment...
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, changeons le diagnostic de performance énergétique, puisque, visiblement, ça n'est pas le bon indicateur, je suis là, et j'ai toujours...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le diagnostic énergétique sera changé ?
BRUNO LE MAIRE
Je souhaite que le diagnostic de performance énergétique soit modifié pour tenir compte aujourd'hui des biais qu'il a, à la fois sur les modalités de chauffage et sur la taille des surfaces, je le redis, mais c'est un principe politique, Jean-Jacques BOURDIN...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais bien sûr...
BRUNO LE MAIRE
Nous sommes là pour apporter des solutions aux gens, pas pour leur poser des problèmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les propriétaires les plus modestes, qui sont les premières victimes, parce qu'ils ne peuvent pas, est-ce qu'ils seront aidés ?
BRUNO LE MAIRE
Et là aussi, on a augmenté, pour le coup, nous avons apporté avec Christophe BECHU une réponse très forte en leur disant : il n'y a pas assez de MaPrimeRénov', on augmente massivement MaPrimeRénov', 1,9 milliard d'euros de plus dans le budget. Donc je pense que nous avons tous conscience de la nécessité d'aider davantage les ménages modestes, mais on voit qu'il y a ici ou là des impasses. On ne peut pas laisser des gens dans des impasses, parce que l'impasse, ça crée de l'anxiété, et l'écologie ne doit pas être source d'anxiété, elle doit être source de liberté, et elle doit permettre à chacun de s'adapter au réchauffement climatique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, dernière question sur les fameuses retraites complémentaires. Vous voyez le débat évidemment...
BRUNO LE MAIRE
Oh, je le vois bien...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le voyez le débat.
BRUNO LE MAIRE
Je le vois bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus 4,9 %...
BRUNO LE MAIRE
Il a bien occupé mon week-end...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a bien occupé votre week-end.
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez me dire quelle est votre réflexion, Bruno LE MAIRE, s'il a occupé votre week-end, est-ce que l'État va récupérer 1 à 3 milliards de d'euros dans les réserves des retraites complémentaires ?
BRUNO LE MAIRE
Mais ce que je souhaite, c'est qu'on puisse trouver un accord avec les partenaires sociaux de l'Agirc-Arrco. C'est quoi l'enjeu ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont contre, opposés à ce qu'ils appellent une ponction de l'État...
BRUNO LE MAIRE
Oui, je n'aime pas ce mot de ponction. L'État n'est pas là pour ponctionner quoi que ce soit, qu'est-ce que nous voulons ? Nous avons fait une réforme des retraites, qui permet à l'Agirc-Arrco d'avoir plus de recettes, comme l'Agirc-Arrco, d'ailleurs, je le salue, avait été responsable qu'en voyant qu'elle faisait face à des déficits, elle avait pris des décisions difficiles sur l'augmentation des retraites ou sur les règles de la retraite à 64 ans, la fameuse décote. Aujourd'hui, elle a des recettes supplémentaires qui sont liées à la réforme des retraites, nous demandons juste une chose, que l'Agirc-Arrco et des partenaires sociaux fassent preuve de solidarité pour financer l'augmentation de 100 euros des plus petites retraites, et je souhaite que ça se fasse sur la base d'un accord. Là aussi je reprends ma philosophie politique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il n'y a pas d'accord il n'y aura pas de prélèvement.
BRUNO LE MAIRE
Je ne dis pas que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il n'y a pas d'accord il n'y aura pas de prélèvement.
BRUNO LE MAIRE
Je ne vais pas jusque-là Jean-Jacques BOURDIN, je dis simplement que la France gagnerait, et le débat politique gagnerait, à construire des compromis et des accords, et que je suis convaincu, j'écoute l'U2P, j'écoute la CPME, que plutôt que d'entrer dans un grand conflit, qui ne mènera nulle part, entre l'Agirc-Arrco, les partenaires sociaux d'un côté, et l'État de l'autre, chacun dans sa tranchée, on se tend la main, on regarde l'effort de solidarité qui est nécessaire pour les retraités les plus modestes, et on essaye de construire un accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Bruno LE MAIRE d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio, merci beaucoup…
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8h58, nous nous retrouverons, évidemment comme tous les jours, avec un immense plaisir, merci d'avoir inauguré aussi nos nouveaux studios…
BRUNO LE MAIRE
Bravo pour vos nouveaux locaux qui sont magnifiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci beaucoup Bruno LE MAIRE
source : service d'information du Gouvernement, le 10 octobre 2023