Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le conflit au Haut-Karabakh et la situation au Sahel, à l'Assemblée nationale le 4 octobre 2023.

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Circonstance : Audition devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale

Texte intégral

Cette audition intervient à point nommé pour évoquer les situations du Sahel et du Caucase, qui nous préoccupent tous.

J'étais hier à Erevan, après y être allée fin avril, afin de manifester notre amitié séculaire et profonde pour l'Arménie, ainsi que notre soutien et notre solidarité dans l'épreuve que traverse son peuple.

En deux semaines, 100.000 Arméniens du Haut-Karabakh ont dû fuir leurs terres et leur foyer, pour trouver refuge en Arménie, après l'opération militaire déclenchée par l'Azerbaïdjan le 19 septembre, avec la complicité de la Russie et sous le regard de la Turquie. Cette opération a eu lieu alors qu'un blocus touchait le corridor de Latchine depuis neuf mois. Ce blocus avait été reconnu comme illégal dès le mois de février par la Cour internationale de justice, qui en avait demandé la levée.

Face à cette tragédie humanitaire, la France a répondu de façon immédiate. Nous avons porté notre soutien de 5 à 12 millions d'euros, de façon à aider l'Arménie à accueillir ces réfugiés dans des conditions dignes. Ce soutien passera par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ainsi que par les organisations non gouvernementales (ONG) présentes sur place et les dispositifs nationaux arméniens.

Nous avons répondu immédiatement et envoyé une aide médicale d'urgence après le tragique incendie qui a frappé une station-service près de Stepanakert et fait plusieurs centaines de victimes. Ce terrible accident a eu lieu le 25 septembre ; notre aide a été livrée dès le 29 septembre. Je me suis rendue à Erevan dans un hôpital accueillant une partie des grands brûlés victimes de cet accident et j'ai annoncé que quatre d'entre eux seraient évacués par la France vers des hôpitaux français, dans le cadre d'une opération que nous menons en coopération avec le ministère de la santé et de la prévention.

Notre réponse n'est pas seulement humanitaire mais aussi et surtout politique. Je voudrais le répéter : la France est de loin le pays qui a fait le plus, souvent trop seule, pour faire en sorte que la situation difficile dans laquelle se trouvaient les Arméniens du Haut-Karabakh soit mieux prise en compte par la communauté internationale.

Nous avons agi aux Nations unies et trois réunions du Conseil de sécurité se sont tenues à l'initiative de la France, encore récemment en septembre, en marge de l'Assemblée générale et après l'opération militaire. Dans ce cadre, nous agissons aussi avec nos partenaires américains, notamment pour créer les conditions qui permettront de défendre un projet de résolution visant à garantir une présence permanente des agences de l'Organisation des Nations unies (ONU) au Haut-Karabakh, et à réaffirmer le droit des populations arméniennes de ce territoire à revenir sur leurs terres et à y vivre dans le respect de leur histoire et de leur culture. La démarche est en cours. Je reste prudente car il faut réunir une majorité de voix et éviter l'usage de vétos.

La France agit également au sein de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), mais aussi dans le cadre de l'Union européenne (UE). C'est à l'initiative de la France qu'une mission européenne d'observation a pu se déployer en territoire arménien. Au-delà de la question du Haut-Karabakh, nous serons très vigilants face à toute tentative de menacer l'intégrité territoriale de l'Arménie. Le Président de la République l'a dit avec clarté et fermeté. Je l'ai répété sur place.

Il y a presque un an jour pour jour, à Prague, en marge de la première réunion de la Communauté politique européenne, l'Arménie et l'Azerbaïdjan avaient réaffirmé réciproquement leur respect de l'intégrité territoriale de l'autre partie, lors d'une réunion qui se tenait à l'initiative du Président de la République et du président du Conseil européen. Nous voulons bâtir sur cet engagement pour aller plus loin et nous assurer qu'il sera respecté.

Dans le prolongement de notre relation de défense avec l'Arménie, notre ministre des armées puis moi-même avons indiqué que la France avait donné son accord à la poursuite de l'acquisition de matériel défensif par ce pays, pour contribuer à sa protection. Cette décision était nécessaire alors que l'Azerbaïdjan n'a pas cessé de s'armer pour entreprendre des actions offensives. Elle a été prise de façon responsable et sans aucun esprit d'escalade.

Dans la même logique politique, nous renforçons notre présence dans la région méridionale du Syunik, frontalière de l'Azerbaïdjan. Ainsi, une consule honoraire sera nommée à Goris et nos relations économiques seront consolidées grâce à la mise en œuvre de grands projets d'infrastructures, dans les domaines des transports, de l'eau et de l'énergie. Un certain nombre de projets existent déjà.

Toujours dans le cadre de l'UE, j'ai écrit au haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, pour lui demander de renforcer les effectifs et le mandat de la mission d'observation européenne déployée à notre initiative sur le territoire arménien. Je lui ai aussi demandé d'inclure l'Arménie dans la liste des bénéficiaires de la Facilité européenne pour la paix (FEP), comme nous l'avons fait pour la Moldavie, soumise à certaines tentatives et menaces.

L'UE doit adresser un signal clair à tous ceux qui pourraient être tentés de menacer l'intégrité territoriale de l'Arménie. Toute action en ce sens donnerait lieu à des réactions robustes de notre part. Nous nous employons à rassembler les Européens sur cette ligne et espérons pouvoir compter sur le soutien des États-Unis.

La première ministre l'a dit hier lors de la séance des questions au Gouvernement : nous appelons à construire un plan européen d'appui à une Arménie indépendante, souveraine et démocratique. Nous cherchons à rallier davantage de partenaires européens à nos vues.

Je voudrais aussi souligner l'importance de la ratification par le parlement arménien de l'adhésion de ce pays à la Cour pénale internationale (CPI), alors que l'Arménie n'était jusqu'alors que signataire du Statut de Rome. Nous tenons à saluer ce pas important et courageux, qui renforce le positionnement de ce pays dans la lutte contre l'impunité et dans le camp de ceux qui recherchent la paix ; il n'y pas de paix sans justice.

Vous le constatez, la France ne ménage pas ses efforts, qu'elle n'entend pas relâcher. Nous n'avons pas attendu cette crise pour nous intéresser à l'Arménie et à la préservation des populations vivant au Haut-Karabakh.

Par ma présence hier, nous avons été le premier pays dont un membre du gouvernement s'est rendu sur le sol arménien depuis le déclenchement de l'opération militaire azerbaïdjanaise. Lors de la réunion informelle des ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept qui s'est tenue à Kiev le 2 octobre, j'ai encouragé mes collègues à se rendre en Arménie dans les jours et semaines à venir. Dans cette région comme ailleurs, la France reste à l'initiative.

J'en viens à la situation au Niger. Le 26 juillet, une poignée de généraux ont renversé un président démocratiquement élu, qui menait des réformes courageuses, obtenait des succès sur le plan économique, comme dans le domaine de la lutte contre les groupes armés terroristes, et luttait courageusement contre la corruption. Le président Bazoum est toujours retenu en otage avec son épouse et son fils dans des conditions inadmissibles. Cela est inacceptable et le mot "otage" pleinement justifié.

Face à cette tentative de putsch, la réaction de la communauté internationale a été ferme et unanime. Les Nations unies, l'Union africaine (UA), la CEDEAO, ainsi que les principaux partenaires du Niger, que sont l'UE et les États-Unis, exigent tous la libération du président Bazoum et le retour à l'ordre constitutionnel.

En première ligne, la CEDEAO a pris des mesures fermes pour faire plier la junte, notamment grâce à l'adoption de sanctions financières et économiques inhabituellement lourdes, qui sont d'application immédiate. Elle envisage aussi la possibilité d'un recours à une opération militaire régionale, si cela s'avérait nécessaire. Les pays de la région ne veulent pas voir ce putsch réussir. S'ils s'inquiètent de la fragilisation du Sahel et des conséquences de ces événements pour la lutte antiterroriste, compte tenu du rôle clef que jouait le Niger en la matière, ces pays redoutent aussi un possible effet de domino, qui pourrait toucher toute la région et même s'étendre jusqu'au Golfe de Guinée.

En soutien aux initiatives de la CEDEAO, la France a été au rendez-vous depuis le premier jour, ce qui est tout à son honneur. Nous avons suspendu immédiatement l'ensemble de nos coopérations civiles et militaires et avons refusé d'obtempérer, lorsque la junte a demandé le départ de notre ambassadeur et de nos forces ; nous n'avons pas à obéir aux injonctions d'un pouvoir illégal et illégitime. Nous avons continué de marquer notre soutien au président Bazoum et à la CEDEAO.

Après la réunion informelle ministérielle des affaires étrangères qui s'est tenue à Bruxelles à la fin du mois d'août, nous avons lancé des discussions sur l'adoption de sanctions européennes contre les putschistes. Ce nouveau cadre de sanctions devrait être mis en place d'ici à la fin du mois d'octobre.

J'insiste sur un fait car nous avons entendu des choses inexactes : la CEDEAO, qui rassemble les pays voisins du Niger, se trouve en première ligne pour faire plier la junte par la négociation, assortie des deux leviers que j'ai évoqués. La France est à l'écoute des pays de la région, en appui de leurs efforts et de leurs demandes.

Le 30 juillet, notre ambassade a subi une attaque organisée et très violente. En conséquence, nous avons décidé d'évacuer nos ressortissants, ainsi que la plupart de nos agents, hormis l'ambassadeur et un petit nombre de collaborateurs restés autour de lui. Grâce à la mobilisation du centre de crise et de soutien, de notre ambassade et de nos armées, nous sommes parvenus à rapatrier 1079 personnes en deux jours, parmi lesquelles 577 Français et des ressortissants de cinquante autres nationalités. Cette solidarité concrète, qui n'est pas qu'européenne, est à l'honneur de la France et nous avons reçu de nombreux remerciements de pays qui ont ainsi pu mettre à l'abri leurs ressortissants.

Pendant deux mois, notre ambassade a subi des violations multiples de la convention de Vienne sur le droit des traités. Son approvisionnement a été empêché, les véhicules diplomatiques ont été fouillés et des ambassadeurs européens qui rendaient visite au nôtre se sont vu en interdire l'accès, ce qui représente aussi une violation de leurs privilèges et de leur immunité diplomatique. Ces violations ne concernent donc pas que la France.

Devant le constat que la présence de nos forces n'avait plus d'utilité dans un pays où la coopération militaire avait été suspendue deux mois plus tôt, le Président de la République a annoncé le 24 septembre le retrait progressif de nos forces armées et le rappel de notre ambassadeur, qui est rentré à Paris il y a quelques jours. Nos forces mènent des discussions techniques avec la junte pour assurer ce retrait en sécurité.

Ce retrait était nécessaire. En effet, nos forces armées étaient présentes à la demande d'un gouvernement légitimement élu pour assurer une mission particulière d'appui à la lutte antiterroriste. Or les putschistes ne sont pas légitimes et ne luttent pas contre le terrorisme. Cette décision nécessaire ne signifie en rien un changement de notre position de fond : nous continuons de demander la libération du président Bazoum et de soutenir les efforts de la CEDEAO. Si celle-ci nous demandait de poursuivre, nous poursuivrions. Nous restons en contacts étroits et réguliers avec nos partenaires de la CEDEAO et de l'UA, dont j'ai reçu le président de la Commission il y a quelques jours, ainsi qu'avec nos partenaires européens et avec les États-Unis, afin d'unir nos efforts et de faire échouer ce coup d'État. Un retour à l'ordre constitutionnel reste possible et il est essentiel pour la démocratie dans la région, comme pour la stabilité du Sahel.

La situation sécuritaire au Sahel n'a jamais été si mauvaise. Ces putschs sont catastrophiques pour les populations et ceux qui critiquent la France et les gouvernements démocratiques africains, pour dissimuler leurs propres échecs en la matière, feraient bien de s'en souvenir. Au Niger, les attaques terroristes se multiplient depuis que nous n'agissons plus. Depuis le retrait des forces de l'opération Barkhane, le Mali subit une extension sans précédent des territoires contrôlés par les groupes armés terroristes et constate une reprise de la guerre avec les groupes armés du Nord. Pour sa part, le Burkina Faso continue de s'enfoncer dans une crise sécuritaire et une crise humanitaire dramatiques, dont nous parlons trop peu.

Enfin, rappelons que tout ceci se produit alors que les juntes ne respectent pas les calendriers de transition qu'elles avaient acceptés, empêchant tout retour à la démocratie et toute perspective d'amélioration de la situation. C'est dans ce contexte de dégradation brutale des conditions de sécurité que nous avons été contraints de classer en zone rouge les deux pays concernés, ce qui signifie que nous demandons aux Français de ne pas s'y rendre. Au Burkina Faso, notre ambassade comme nos instituts français avaient aussi fait l'objet d'assauts il y a un peu plus d'un an.

Étant responsables de la sécurité de nos agents, nous avons pris la décision de faire rentrer une partie de nos personnels et l'ensemble des familles, et je voudrais ici rendre hommage à notre ambassadeur au Niger, aux collaborateurs restés avec lui, ainsi qu'à toutes nos équipes présentes dans ces pays. Ces départs ayant réduit le format et la capacité d'action de nos ambassades dans ces trois pays, nous avons dû suspendre sur place une partie de nos actions de coopération. Je dis "sur place" pour préciser que les artistes, chercheurs, scientifiques et étudiants sont toujours les bienvenus en France dans les institutions culturelles, comme dans nos universités. Contrairement à ce que nous avons pu lire, il n'a jamais été question qu'il en soit autrement. De fait, 6.700 étudiants de ces trois pays poursuivent aujourd'hui leurs études en France et plusieurs centaines d'entre eux bénéficient de bourses du gouvernement français. Soyons-en fiers. Aucun pays n'en fait autant pour les jeunesses du Sahel et ces étudiants.

En raison du format réduit de nos ambassades, nous avons aussi été contraints de suspendre la délivrance normale des visas. Quand le format sera stabilisé dans les prochaines semaines, nous pourrons soigneusement réévaluer les conditions de sécurité, de façon à ajuster au mieux les mesures prises. Nous continuerons donc d'accorder des visas tandis que le Burkina Faso n'en délivre toujours pas à plusieurs de nos agents devant rejoindre leurs postes.

Bien sûr, nous n'abandonnons pas les plus vulnérables et maintenons notre aide humanitaire, qui est importante puisqu'elle s'élevait l'an dernier à près de 60 millions d'euros pour ces trois pays. Nous sommes fidèles à nos valeurs en restant aux côtés des populations qui souffrent et en alertant sur les errements de leurs dirigeants. Ne renversons pas les responsabilités : ce sont les juntes qui rendent la coopération difficile, pas la France.

La situation au Sahel, où trois juntes militaires instrumentalisent leur hostilité à la France pour cacher leurs forfaits, ne doit pas occulter l'ensemble de nos relations avec l'Afrique. Le continent est vaste et divers, l'Afrique ne se résume pas au Sahel et nous entretenons de très bonnes relations, en voie de progression, avec l'immense majorité des cinquante-quatre pays africains. Au cours de mes déplacements, je constate que la France est un pays attractif et influent dans la grande majorité des pays africains. Il faut considérer la réalité comme elle est et sans défaitisme : nos entreprises ont progressé et nos investissements ont doublé en quinze ans, comme le nombre de filiales de nos entreprises, notamment de nos petites et moyennes entreprises (PME). La France est devenue le second investisseur étranger sur le continent africain. Nos universités et nos écoles attirent un nombre toujours grandissant d'étudiants africains, puisqu'ils sont aujourd'hui 40% de plus qu'en 2017 : 92.000 au total. Grâce à la mobilisation de nos ambassades, nous voulons poursuivre sur cette trajectoire ascendante.

Depuis 2017, jamais la France n'a autant investi dans l'émergence du continent africain. Notre aide publique au développement (APD) est passée de 10 milliards à plus de 15 milliards d'euros par an, dont un tiers est consacré à l'Afrique. Notre pays est devenu le quatrième bailleur international, devançant en 2022 le Royaume-Uni, et nous sommes le seul pays dont les investissements solidaires ont progressé en Afrique.

Nous finançons des projets dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la formation professionnelle, des infrastructures, de l'adaptation au changement climatique et de l'égalité entre les femmes et les hommes. Nous finançons également le développement du secteur privé et fournissons un effort particulier en direction des PME et des start-up innovantes, dont le potentiel est remarquable. Nous accompagnons aussi nos diasporas quand elles veulent investir sur le continent. Enfin, nous soutenons une éducation francophone de qualité et formons chaque année plus de 20.000 enseignants en français.

Aujourd'hui, s'il y a une priorité dans nos relations avec les pays africains, c'est bien de travailler en partenariat, d'égal à égal, pour rénover la gouvernance mondiale, gérer ensemble nos défis communs et faire prévaloir ce que nous pouvons accomplir ensemble. Nous l'avons fait pendant la crise de la Covid, en livrant des médicaments et en développant des capacités de production des vaccins. Nous l'avons fait en Afrique centrale avec le sommet sur la protection des forêts tropicales qui s'est tenu à Libreville. Nous le faisons en ce moment avec le Kenya, afin de trouver des solutions de financement pour la transition écologique. Il s'agissait aussi du sens du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, dont l'ambition est d'affronter ensemble les enjeux de développement et de transition sans avoir à choisir entre les deux. Sur les 130 pays présents, 20 étaient représentés par leur chef d'État, ce qui prouve leur intérêt et leur adhésion à l'idée que nous pouvons agir ensemble.

Alors que notre système multilatéral fondé sur la règle de droit n'a jamais été aussi menacé, alors que les BRICS - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - gagnent du terrain et que certains pays veulent jouer sur la fragmentation du monde, nous travaillons avec nos partenaires africains pour rebâtir une gouvernance mondiale plus résiliente et plus juste, qui nous permette de trouver ensemble des réponses à certains défis communs. Cette évolution doit passer par un renforcement de la place de l'Afrique dans la gouvernance internationale. Nous avons déjà fait en sorte - pas seuls mais à la pointe du combat - que l'UA soit admise comme membre à part entière du G20. Nous militons aussi pour une réforme du Conseil de sécurité et espérons que la place des pays africains progresse dans les institutions financières internationales ; je le dis alors que les assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale doivent se tenir dans quelques jours à Marrakech.

J'en finirai en appelant à la lucidité et au refus du défaitisme, qui ne correspond pas à la réalité de nos relations avec l'Afrique.

(...)

R - Nous n'avons pas entraîné la CEDEAO mais avons été à ses côtés, à sa demande, et nous continuerons de soutenir ses efforts.

En ce qui concerne notre objectif, nos forces armées étaient présentes au Niger à la demande d'autorités légitimes pour exercer une mission précise d'appui à la lutte antiterroriste. Il est hors de question que cette mission s'exerce alors que des généraux putschistes retiennent le président démocratiquement élu en otage. Le Président de la République en a logiquement tiré les conclusions.

(...)

R - Au Gabon comme au Niger, nous sommes à l'écoute des pays de la région et de ce que décident les organisations régionales, qui n'ont pas adopté de sanctions dans le cas du Gabon. Nous sommes donc sur la même ligne.

Si au Gabon, le processus électoral était contesté, au Niger, un président démocratiquement élu est retenu en otage. Nos 1.500 soldats présents ne peuvent donc plus exercer leur mission dans ce pays. Il est hors de question de coopérer militairement avec des putschistes.

Je voudrais saisir cette occasion pour rendre hommage à nos militaires, qui ont agi de façon efficace au Niger, ainsi qu'à tous ceux qui, au Mali et ailleurs, ont perdu la vie pour mener la lutte antiterroriste, en obtenant de bons résultats.

Le retrait réduit la contribution de la France à la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest. Pour que d'autres n'en profitent pas, nous aurons besoin de mener dans les semaines à venir un dialogue approfondi avec les Européens, les États-Unis et les pays de la CEDEAO, sur la façon de gérer au mieux ce défi, alors que nous ne sommes plus présents au Niger.

(...)

R - Nous n'avons pas rompu nos relations diplomatiques avec le Niger : l'ambassade reste ouverte avec une toute petite équipe, à la différence de ce que nous avons dû faire au Soudan ou en Afghanistan. Il n'y a donc pas d'effacement. J'ai donné quelques chiffres sur l'Afrique et nos relations avec la quasi-totalité des pays africains, qui témoignent d'une progression avérée.

Les putschs échoueront. Ils ne mènent jamais les pays sur la voie du développement. Je veux croire en la résilience des modèles démocratiques et en leur plus grande efficacité, ce que l'histoire démontre.

Parler d'effacement au sujet du Gabon est absurde. La France y est très présente. À titre d'exemple, 25% des emplois du secteur privé y sont fournis par des entreprises françaises. J'ai rappelé la densité de nos relations avec la plupart des pays africains et la manière dont l'investissement de nos entreprises y a crû considérablement. Nous nous réjouissons notamment de la présence plus forte des PME, encouragée par notre diplomatie.

Nous menons une politique ambitieuse et volontariste, et le sentiment antifrançais n'est pas une donnée dominante, sauf peut-être dans l'esprit de quelques putschistes qui instrumentalisent des critiques, alors qu'ils conduisent leur peuple dans la difficulté. Ces agitations antifrançaises, où se déploient force drapeaux russes, surviennent dans un second temps et ne font pas partie de ce qui motive les peuples ou les putschistes.

(...)

R - Je le répète : l'opération Barkhane a été un succès sur le plan militaire. Pour le reste, il n'appartient pas à la France de faire la politique des pays africains. Les difficultés que vous mentionnez sont réelles et notre pays en a tiré les conséquences. La dimension politique a été prise en compte par l'ensemble des partenaires de ces pays. L'accord d'Alger a été remis en cause par la junte et, à la minute où nous sommes partis, le terrorisme s'est répandu. S'il préexistait, il était en tout cas combattu. Depuis le 26 juillet, le Niger compte plus de victimes d'attaques terroristes que lors des deux ans de la présidence Bazoum. Quant au sentiment antifrançais, il est un populisme comme un autre. Trouver un coupable extérieur à des comportements anticonstitutionnels et illégitimes ne mènera à rien de bon.

Vous avez mentionné le Tchad. Je ne crois pas vous avoir jamais dit ce que vous dites que nous vous aurions dit. Nous avons pris acte de la présence d'un président de transition et espérons que celle-ci sera pleinement respectée. Une transition est également nécessaire dans le cas du Gabon.

Enfin, en ce qui concerne le Niger, la France n'a jamais dit "nous ne partirons pas" mais "nous ne partirons pas sur injonction". Nous ne sommes pas partis sur injonction, pas plus l'ambassadeur que les forces armées.

(...)

R - Dans le cas du Haut-Karabakh, des crimes graves ont été commis ; il s'agit d'une violation flagrante des droits des populations arméniennes à vivre dans le respect de leur histoire, de leur identité et de leur culture. Nous soutenons la vision selon laquelle les Arméniens du Haut-Karabakh ont le droit de retourner sur leurs terres s'ils le souhaitent. Tel est l'objet de notre action aux Nations unies.

Il n'y a pas d'attentisme ; nous avons répondu parmi les premiers sur le plan humanitaire et notre action diplomatique ne date pas d'hier. Je m'étais déjà rendue en Arménie et, depuis plus d'un an, nous agissons à différents niveaux pour mobiliser plus fermement la communauté internationale autour de la nécessité de faire respecter le droit mais aussi les engagements pris par l'Azerbaïdjan, notamment dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu de 2020.

En ce qui concerne l'Arménie, le Président de la République a utilisé le mot "vigilance", que j'ai repris. Le ministre des armées a également rappelé la décision prise par la France il y a quelques années de coopérer avec ce pays ami en matière de défense et de sécurité et la possibilité, dans le prolongement des actions déjà menées, de permettre à l'Arménie de poursuivre l'acquisition de matériel de défense pour assurer sa protection si nécessaire.

Sur ces deux volets, notre action se déploie à tous les niveaux : au sein de l'Union européenne et aux Nations unies, où je maintiens l'espoir de voir une résolution progresser. Nous saisissons toutes les occasions pour appeler l'attention de nos différents partenaires sur le cas de l'Arménie et sur le risque que nous courons à ne pas être plus unis et plus fermes. Ainsi, lors de la réunion téléphonique à laquelle je représentais hier le Président de la République et qui réunissait les chefs d'État ou de gouvernement du G7, de la Pologne, de la Roumanie et le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), j'ai appelé l'attention des participants sur ce qui s'est passé au Haut-Karabakh et sur ce qui ne doit pas se passer en Arménie.

(...)

R - Le sentiment antifrançais n'est pas, en effet, à l'origine de ces différents coups d'État. La manipulation de l'information vient souvent dans un second temps. Elle relève des ressorts classiques du populisme et de la démagogie, en ayant recours à la désinformation et à la déstabilisation, sûrement avec l'aide puissante d'acteurs qui ne se situent ni dans le pays, ni sur le continent.

Nous avons pris en compte ce phénomène en créant des dispositifs de veille et de détection des manipulations de l'information. Nous n'avons pas recours aux fermes à trolls et à ce type de méthodes, notre travail reposant sur des discours prononcés à visage découvert et sur le refus de proférer des mensonges éhontés, d'inventer ou de diffuser des fausses nouvelles, ou d'accuser à tort. Dans ce contexte asymétrique, nous agissons avec cette difficulté de nous battre sans adopter les armes de nos adversaires. Ce choix que nous faisons au nom de la démocratie et de nos valeurs nous expose mais il est à notre honneur.

(...)

R - Au Gabon, nous agissons selon les principes que nous avons l'habitude de suivre et condamnons le coup d'État. Nous n'avons pas à nous substituer aux organisations régionales et, je l'ai rappelé, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) n'a pas adopté de sanctions. Nous espérons que la transition sera rapide.

Non, l'image de la France ne se dégrade pas en Afrique. De façon opportuniste, démagogique et populiste, elle est instrumentalisée dans trois pays qui ont procédé à des coups d'État. Je vous appelle à ne pas confondre l'Afrique avec le Sahel, ni avec l'instrumentalisation populiste de manifestations dont l'organisation survient souvent d'ailleurs en fonction des prises de position de notre pays sur ce qu'il se passe parfois en Afrique. J'ai rappelé nos efforts et nos progrès pour former les jeunesses africaines, résultant en une forte augmentation du nombre d'étudiants que nous accueillons, en complément des formations que nous offrons sur place. Aucun pays ne fait autant que la France en direction du continent africain ; il serait utile de nous pénétrer de cette réalité.

En ce qui concerne l'Arménie, je ne suis pas en mesure d'entrer dans les détails de la coopération en matière de défense, qui ne constitue pas un domaine nouveau de nos relations. Il s'agit de permettre le prolongement de la coopération existante, en donnant la possibilité à l'Arménie d'acquérir du matériel défensif, pour lui permettre d'être en situation de mieux se protéger si cela était nécessaire.

(...)

R - En ce qui concerne l'action de l'Union européenne, je témoigne du soutien constant que nous avons trouvé en la personne du haut représentant Josep Borrell. L'Union a immédiatement condamné la tentative de coup d'État, a appelé à la libération du président Bazoum et à la restauration de l'ordre constitutionnel. Lors de notre dernière réunion informelle de la fin du mois d'août, nous avons décidé à l'unanimité de la création d'un cadre de sanctions qui devrait être mis en place au mois d'octobre.

Par ailleurs, l'Union européenne a suspendu sa coopération avec le Niger, comme la plupart des États membres de l'Union. Je remercie aussi l'ambassadeur représentant l'Union européenne au Niger d'avoir manifesté son soutien à plusieurs reprises auprès de notre propre ambassadeur et d'avoir voulu lui rendre visite.

Nous travaillons à l'élaboration du cadre de sanctions tant avec l'Union africaine qu'avec la CEDEAO, qui doit nous donner des informations sur les personnes devant en faire l'objet.

(...)

R - Les propos du président mauritanien sont intéressants et il est le premier à qualifier le discours antifrançais de populisme. La France ne peut être tenue responsable de tout et ce n'est pas elle qui fait et défait les régimes.

En ce qui concerne l'article de presse que vous avez évoqué, sa quasi-totalité est inexacte. Nous n'avons jamais pris la décision de ne plus accueillir d'artistes ou d'étudiants de ces trois pays. Nous avons suspendu la coopération en dehors du domaine humanitaire car nous ne souhaitons pas financer des régimes putschistes qui peuvent se servir d'une partie de ce qu'ils reçoivent de leurs partenaires ou des institutions financières internationales pour aider des putschistes à mener d'autres coup d'État, comme le Mali est soupçonné de l'avoir fait avec le Niger. Quant aux visas, leur délivrance reprendra de façon plus large dès que nous aurons parachevé le recalage des formats dans des pays où nos consulats et ambassades ont fait l'objet d'attaques. La réduction de la coopération est due aux putschistes, pas à la France.

Enfin, le Président de la République n'a pas annoncé autre chose que le retrait des troupes du Niger, qui doit advenir d'ici la fin de l'année.

(...)

R - Vous avez dit "la CEDEAO, c'est la France". Voilà une manifestation de paternalisme : vous n'avez pas tourné la page de la Françafrique, que vous dénoncez sûrement par ailleurs.

Le Maroc n'a refusé aucune aide, ni celle de la France, ni celle des États-Unis, ni celle de l'Allemagne, ni celle de l'Italie. Le Maroc a souverainement décidé d'organiser les secours comme il l'entendait. Des contacts ont eu lieu à tous niveaux entre nous et les autorités marocaines pour définir leurs besoins, qui dépassent la phase d'urgence.

En ce qui concerne le franc CFA, on ranime des débats du passé qui oublient de rappeler l'essentiel : les pays se déterminent librement et l'objectif du système est de garantir la solidité et la convertibilité de leurs monnaies.

Enfin, je rappelle la position constante de la France sur la question du Sahara occidental : nous soutenons les efforts des Nations unies et du représentant spécial de leur secrétaire général.

(...)

R - Il faut continuer de convaincre et je plaide régulièrement auprès de l'Union européenne. J'observe par exemple que l'Allemagne évolue et que certains de nos partenaires, qui étaient moins attentifs que nous au sort de l'Arménie, ouvrent progressivement les yeux. Les pays d'Europe centrale et orientale comprennent mieux désormais que la Russie n'est plus celle qui protège l'Arménie mais qu'elle est complice de l'opération militaire menée par l'Azerbaïdjan.

La Première ministre a répondu hier à M. Bourlanges, en indiquant que nous travaillons à un plan de soutien européen. Il faudrait d'ailleurs l'élargir au-delà de l'Europe.

Enfin, sur la question des prisonniers, je me suis exprimée au Conseil de sécurité lors de la réunion que nous avions obtenue en urgence et j'ai rappelé la position de la France : nous demandons que les prisonniers soient relâchés lorsqu'ils ont respecté l'accord de cessez-le-feu, qu'ils n'ont pas pris les armes et ne se sont pas livrés à des actions constitutives de faits répréhensibles.

(...)

R - Nous avons qualifié de "crimes graves" les actions menées par l'Azerbaïdjan à l'encontre de la population arménienne du Haut-Karabakh. J'ai également salué hier le fait que l'Arménie devienne bientôt État partie au statut de Rome. Les domaines de compétence de la CPI sont larges et la Cour permet de remonter jusqu'aux responsables d'une action.

En ce qui concerne le gaz, il ne faut pas faire de liens entre les relations qui existent dans ce domaine entre l'Union européenne et l'Azerbaïdjan et la position des États membres sur le Haut-Karabakh, sur les droits des populations qui y vivent et sur l'Arménie. L'Azerbaïdjan n'est pas un fournisseur à titre principal de l'Union. Le doublement des livraisons dont il est question - qui représentent un pourcentage modeste - n'est pas encore intervenu.

Notre pays a été de longue date aux côtés des Arméniens. Je regrette qu'il faille que les événements récents ouvrent les yeux de certains de nos partenaires.

Je ressens la même émotion que vous devant les atrocités commises. J'étais aux côtés de grands brûlés venant du Haut-Karabakh hier et je ne cache pas mon émotion à l'égard de ce que j'ai vu.

(...)

R - La réunion que vous mentionnez était en effet exceptionnelle. Elle constitue un signal important et adresse à l'Ukraine un message de solidarité et d'unité dans la durée. Que la Russie ne compte pas sur notre lassitude ! Nous sommes unis pour accompagner ce pays dans le combat qu'il mène pour son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale, pour mettre en échec l'agression russe et pour accompagner l'Ukraine à terme sur le chemin qui la mènera vers l'Union européenne.

Ce Conseil informel ne peut donner lieu à des décisions formelles. Nous avons évoqué le soutien militaire et notre volonté de renforcer notre appui, dans une perspective de quelques années, concernant les possibilités de production. Par ailleurs, il nous faut continuer d'aider l'Ukraine à faire face à l'hiver et sans doute à la reprise des bombardements sur ses infrastructures civiles et énergétiques. Des décisions avaient déjà été prises en ce sens lors de la Conférence pour la reconstruction de l'Ukraine qui s'était tenue à Londres, au mois de juin.

Nous avons également abordé la question des réformes en vue du cheminement vers l'Union européenne. Un rapport de progrès de la Commission européenne doit être rendu début novembre et une décision devrait être prise par le Conseil européen de décembre.

Nous avons aussi travaillé sur le plan de paix ukrainien et sur la façon de le décliner, pour chacun des dix thèmes, en processus plus opérationnels à même de regrouper davantage d'États de la communauté internationale, comme cela s'est fait à Copenhague et à Djeddah.

Cette réunion manifeste notre volonté de rester durablement aux côtés de l'Ukraine. Que la Russie ne compte pas sur une érosion de notre détermination.

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R - Vous voyez la réalité de façon particulièrement noire en ne retenant que les éléments venant à l'appui de votre thèse. Il n'y a pas de crise entre la France et le Maroc. Nous entretenons avec ce pays un partenariat d'exception, au service de nos intérêts partagés. En ce qui concerne la cérémonie de remise des lettres de créance, qui a été reportée, elle concerne une trentaine d'ambassadeurs, parmi lesquels figure le nôtre.

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R - La façon dont nous luttons contre les groupes armés terroristes doit évoluer après la fin de l'opération Barkhane au Mali et les coups d'État au Burkina Faso et au Niger. Nous n'avons aucune intention de mener une coopération militaire avec des putschistes. Il faudra donc revoir les formes de notre coopération avec nos partenaires européens, mais aussi avec les États-Unis.

Il faudra aussi reconsidérer notre contribution dans le cadre de la nouvelle politique annoncée par le Président de la République en novembre 2022 puis en février 2023. Celle-ci consiste à déployer moins de forces militaires françaises sur le terrain de façon à augmenter les activités de formation et la fourniture de matériel et d'équipements, pour mieux répondre aux besoins de nos partenaires. La diminution des effectifs est en cours et a fait l'objet d'une concertation avec chacun des pays concernés par cette réarticulation.

Dans ce cadre, nous continuerons d'appuyer les pays qui nous le demanderaient dans des formes à déterminer. Cependant, d'une façon générale, la lutte contre le terrorisme est affectée par ces coups d'État ; la réalité sur le terrain le montre.

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R - Le dispositif de la loi de 2021 sur les biens mal acquis permet de restituer aux populations, au terme d'une procédure judiciaire, les recettes de la vente des biens saisis à travers des projets humanitaires et de développement. Ce dispositif est unique au monde et je ne comprends pas comment vous en venez à parler de complicité quand notre pays est exemplaire à cet égard.

Dans le cas du Gabon, aucune décision de justice n'a été rendue à ce jour concernant les membres de la famille Bongo mis en examen. Les procédures étant cours, je ne peux les commenter.

En ce qui concerne la Guinée Equatoriale, la justice s'est prononcée de façon définitive par un arrêt du 10 février 2020, confirmé par la Cour de cassation le 28 juillet 2021. Les biens confisqués sont donc propriété de l'État français et nos autorités travaillent à l'exécution de la décision, dans le cadre du mécanisme de restitution.

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R - La France a donné son accord, dans le prolongement des relations existantes, pour que nous travaillions à la possibilité pour l'Arménie d'acquérir du matériel de défense. Il faudra mettre en œuvre cette décision classique d'exportation de matériel militaire, qui relève du secret de la défense nationale.

Je crois avoir répondu sur le contrat gazier. De plus, la France n'est pas dépendante du gaz russe et azerbaïdjanais.

En ce qui concerne la condamnation des actions de l'Azerbaïdjan, nous n'y procédons pas seuls. Nous menons des efforts aux Nations unies pour examiner la possibilité de faire progresser une résolution qui aurait cet objectif, mais aussi celui de rappeler les droits historiques des populations arméniennes du Haut-Karabakh à revenir sur leurs terres si elles le souhaitent.

Par ailleurs, le Président de la République a rappelé notre vigilance. Il ne doit pas y avoir de doute sur le fait que nous aurions des réactions si l'intégrité territoriale de l'Arménie devait être remise en cause. Cette position est largement partagée et nous nous employons à ce qu'elle le soit de façon plus large encore.

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R - Le sentiment antifrançais, qui est plutôt un discours, n'entre pas dans les motivations des putschistes lorsqu'ils procèdent à un coup d'État.

En ce qui concerne le "démantèlement" que vous évoquez, sachez que, dès cette année et pour les quatre années à venir, nous réarmons l'appareil diplomatique français. Néanmoins, je ne ferai pas de lien de cause à effet entre notre présence diplomatique et l'apparition de coups d'État.

Nous intervenons massivement au Sahel, avec des volumes d'aide qui sont en hausse et une concentration qui, pour des raisons d'efficacité, ne procède plus par zones géographiques mais par objectifs, depuis le dernier Conseil présidentiel du développement.

Sur la question des prêts, vous avez raison pour la période avant 2017 mais ce n'est plus le cas. Depuis lors, nous avons augmenté l'APD de 50% et nous comptons aujourd'hui 1 milliard d'euros de dons dans le domaine du développement et 1 milliard d'euros dans celui de l'humanitaire.

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R - Au cours des entretiens bilatéraux que j'ai menés en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, j'ai rencontré mon homologue algérien et nous avons évoqué la question du Niger. L'Algérie avait proposé un plan, que les putschistes disent rejeter. De façon générale, ils semblent rejeter toute tentative de médiation, ce qui n'est pas de bon augure.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 octobre 2023