Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Dominique FAURE, bonjour.
DOMINIQUE FAURE
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
En charge au gouvernement des Collectivités territoriales et de la Ruralité. Le président MACRON vient de se poser en Israël. Que doit-on attendre, que peut-on attendre de ce voyage ? Beaucoup de Français espèrent des libérations d'otages.
DOMINIQUE FAURE
Bien sûr, et c'est un travail qu'il a entamé dès le 7 octobre, même de Paris. J'entendais que l'on s'interrogeait sur pourquoi si tard, en fait on peut faire beaucoup de choses à distance, et surtout préparer une venue. Le sujet des otages est au coeur de ses préoccupations, mais aussi évidemment une trêve humanitaire à Gaza bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Une trêve humanitaire, ça veut dire quoi ? On arrête les bombardements le temps de sortir les civils ou de faire rentrer des ambulances, de la nourriture ?
DOMINIQUE FAURE
Il faut entamer un processus de paix, et la trêve humanitaire peut être le moyen de rentrer dans ce processus de paix.
CHRISTOPHE BARBIER
Ça n'empêchera pas, Israël voudra entrer à Gaza pour détruire le Hamas, ça c'est l'objectif de guerre, et sur lequel personne ne reculera.
DOMINIQUE FAURE
Je pense que ça fait l'objet des discussions qu'il veut avoir. Il va profiter de son séjour peut-être pour rencontrer d'autres chefs d'Etat et tendre un petit peu ces échanges, personnellement, mais oui moi j'appelle évidemment, et le gouvernement appelle évidemment à un processus de paix entamé le plus tôt possible.
CHRISTOPHE BARBIER
Il rencontrera à Ramallah Mahmoud ABBAS ça rentre dans ce cadre-là ? C'est essayer d'obliger ABBAS a dit prendre ses distances avec le Hamas et à ouvrir peut-être ce dialogue ?
DOMINIQUE FAURE
Ouvrir le dialogue. Je pense que c'est la première préoccupation, bien sûr libérer les otages aussi, mais les deux sont étroitement liés, comme vous pouvez le comprendre.
CHRISTOPHE BARBIER
La France peut-elle empêcher un embrasement vers le Nord, c'est-à-dire faire pression sur le Liban, pour qu'il n'y ait pas d'attaque au Nord d'Israël ?
DOMINIQUE FAURE
Clairement, je pense que la France a un rôle à jouer, mais elle ne pourra jouer un rôle qu'avec l'OTAN, avec un certain nombre de pays, avec une alliance forte au niveau de l'Europe et avec les Etats-Unis.
CHRISTOPHE BARBIER
Hier, à l'Assemblée, Elisabeth BORNE a dit : il faut une perspective politique pour les Palestiniens. Deux Etats, c'est ce que la France veut réenclencher tout de suite comme logique ?
DOMINIQUE FAURE
Tout de suite, je pense que le président de la République le verra sur place, mais oui, enclencher deux étages, deux pays, je pense que c'est ce qui a du sens, si on milite pour ce processus de paix, comme nous le faisons au gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Hier, Mathilde PANOT, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée, a mis sous le même vocable crime de guerre, les actions terroristes du Hamas le 7 octobre et puis la riposte israélienne de l'armée. C'est un peu bizarre d'avoir le même vocable pour deux actions si différentes.
DOMINIQUE FAURE
C'est absolument inacceptable, et j'ai adoré votre billet d'humeur, je pense que nous devons condamner fermement le Hamas et son action terroriste. Les actes du Hamas ont été accompagnés d'atrocités, les civils n'ont pas été pris dans des combats, ils étaient visés.
CHRISTOPHE BARBIER
Et la France insoumise, en refusant ce que vous nous dites là, cette distinction-là, se comporte en quoi, en complice de ce Hamas ?
DOMINIQUE FAURE
A vrai dire, personnellement je ne comprends pas, ça dépasse les limites de l'entendement.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a un calcul électoral, électoraliste, il y a une un antisémitisme idéologique profond ? Qu'est-ce qu'ils cherchent ?
DOMINIQUE FAURE
Je ne sais pas vous dire. Je ne sais pas vous dire. Ce que je vois c'est que malgré tout, moi qui me déplace beaucoup dans le pays, je vois que clairement la notoriété, si on peut dire, de cette NUPES avec LFI au coeur, elle est en train de perdre du terrain. Clairement, ils ne sont plus crédibles de par leur position extrémiste, bien sûr dans la rue, dans le cadre de manifestations violentes, mais aussi dans l'Hémicycle.
CHRISTOPHE BARBIER
Les élus locaux vous disent ça quand vous les rencontrez à tous les coins de la France, que cette NUPES finalement provoque du rejet chez eux ?
DOMINIQUE FAURE
Oui. Les élus locaux me le disent effectivement, il y a d'abord très peu d'élus locaux LFIstes, mais si vous voulez il y a eu une sorte d'élan pendant la présidentielle, dont on voit véritablement que le soufflé redescend aujourd'hui.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a eu une cassure. Il y aura un avant, un après, position MELENCHON sur…
DOMINIQUE FAURE
Oui, moi je suis assez proche d'un certain nombre de, je ne vais pas dire d'élus de gauche, je suis élue sur une terre de gauche…
CHRISTOPHE BARBIER
Vous êtes membre du Parti radical, qui a toujours eu une position centrale.
DOMINIQUE FAURE
Centrale, bien avant Emmanuel MACRON, absolument, mais cette gauche très modérée, qui est très loin de LFI sur mon territoire, voilà milite pour une scission et je pense qu'elle n'est pas lointaine.
CHRISTOPHE BARBIER
La présidente de la région Occitanie, d'ailleurs, avait anticipé cela, a toujours refusé des accords idéologiques avec eux.
DOMINIQUE FAURE
Absolument, y compris pendant la présidentielle et législatives.
CHRISTOPHE BARBIER
Pour vous, la NUPES, c'est de l'histoire ancienne, ils iront vers l'éclatement.
DOMINIQUE FAURE
Oh, je ne vais pas jusque-là, laissons-les s'organiser. Ça sera je l'espère, le plus rapidement possible, de l'histoire ancienne, parce qu'on a envie de travailler avec des gens, des républicains, des démocrates, des gens…
CHRISTOPHE BARBIER
Une gauche responsable.
DOMINIQUE FAURE
Voilà, une gauche démocratique et républicaine.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors, en France on craint l'importation du conflit avec du terrorisme, avec des actes antisémites, ils sont déjà en train de flamber. Est-ce que cette angoisse elle remonte aussi par les élus locaux ?
DOMINIQUE FAURE
Aujourd'hui, moi ce que je ressens très fortement, c'est quand je leur parle d'être unis, d'être solidaires, les élus qui sont des gens responsables, me suivent. On voit ce qui s'est passé, cet attentat qui a eu lieu à Arras la semaine dernière. La semaine j'étais dans le Nord, j'ai rencontré Monsieur le Maire, c'est une violence incroyable. J'ai été dans un lycée échanger avec les jeunes, donc aujourd'hui, bien sûr, cette guerre au Proche Orient et ces attentats terroristes les interpellent, tous, tous les Français, mais ils voient que très près de chez eux la menace est réelle.
CHRISTOPHE BARBIER
Et ce qui s'est passé à Arras, crée une angoisse très concrète. Ce sont des régions qui gèrent les lycées, les départements qui gèrent les collèges. Est-ce qu'il faut mettre un bouton d'alerte dans tous les lycées comme le propose Carole DELGA, la présidente d'Occitanie ?
DOMINIQUE FAURE
Je ne sais pas si vraiment c'est la solution. Ce qui est sûr, c'est qu'il nous faut protéger nos enfants, il nous faut protéger nos lycéens, tout ce qui permettra de les protéger, et puis même de générer un sentiment de sécurité n'est pas à exclure. Donc il y a un de travail qui est en cours entre Gérald DARMANIN et Gabriel ATTAL, l'idée est de faire que les solutions que l'on proposera ou que l'on mettra en place, soient considérées comme efficaces par le corps enseignant et par nos forces de sécurité intérieure. Voyez, c'est un dialogue entre les deux parties, il ne faut pas en faire trop et il faut qu'elles soient considérées comme efficaces.
CHRISTOPHE BARBIER
Sortir les élèves radicalisés, 183 ne feront pas leur rentrée le 6 novembre avant de passer par un conseil de discipline, ça c'est une solution aussi ?
DOMINIQUE FAURE
Moi j'ai énormément apprécié quand Gabriel ATTAL est sorti sur ce sujet dans l'hémicycle, c'est clairement une bonne décision, une décision claire, voilà.
CHRISTOPHE BARBIER
La vidéosurveillance, comme le propose Laurent WAUQUIEZ pour sa région Rhône-Alpes, mettre le pays sous caméras, les lycées sous caméras, c'est une solution ou c'est en train de nous faire passer dans une société un peu de la paranoïa ?
DOMINIQUE FAURE
Alors je pense, c'est pour ça que je vous disais que le dialogue était nécessaire, et les solutions sont en train d'être travaillées entre les deux parties, le corps enseignant, encore un fois, et nos forces de sécurité intérieure. Je ne sais pas vous dire, à l'heure actuelle, si cette solution sera retenue, quels en sont les effets de bord, il faut toujours se garder d'avoir des solutions qui paraissent faciles comme ça au premier abord, et voir quels sont les effets de bord, quels sont les risques, mais en tout cas tout est bon à entendre et ces propositions sont actuellement étudiées.
CHRISTOPHE BARBIER
Les maires sont menacés, ils sont en première ligne, menacés par divers groupuscules, de l'extrême gauche, de l'extrême droite, des extrémistes écologistes, on le voit depuis des années, est-ce que vous allez leur fournir un statut de l'élu qui les protégera mieux ?
DOMINIQUE FAURE
Alors je travaille depuis le mois d'avril, le mois de mai, mis en place un pack sécurité avec 3400 gendarmes et policiers qui sont véritablement en charge de la sécurité des élus, de leurs familles, des mairies, le temps de travailler, puisque c'était au moment de la démission du maire de Saint-Brévin que j'ai effectivement, moi je me suis saisi du sujet et que l'on a accéléré tout ce qui était déjà fait pour les protéger, ensuite un plan de lutte contre la violence faite aux élus est sorti au mois de juillet, que j'ai porté, travaillé, avec une protection fonctionnelle, une protection psychologique
CHRISTOPHE BARBIER
Des sanctions renforcées ?
DOMINIQUE FAURE
Et, voilà, les sanctions renforcées, il me fallait attendre cette rentrée parlementaire, parce que là ça relève de décisions législatives, et donc il y a eu une proposition de loi au Sénat, qui a été votée à l'unanimité, qui augmente la sanction de qui s'attaque à un élu à 100.000 euros d'amende et sept ans d'emprisonnement, mais elle doit passer maintenant à l'Assemblée nationale, donc d'ici la fin de l'année, avec un peu un aller-retour entre les deux chambres, et je pense qu'à la fin de l'année on aura le texte qui nous permettra évidemment d'aller au maximum de cette sanction, puisque c'est celle qui s'applique d'ores et déjà aux gendarmes et aux policiers.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que les citoyens n'ont pas à un rôle à jouer auprès de leurs élus pour être plus solidaires, les aider, les conforter, les rassurer ?
DOMINIQUE FAURE
Oui, alors en fait j'appelle de mes voeux depuis déjà pas mal de temps un choc civique, et ce choc civique c'est comment interpeller nos concitoyens et comment leur dire qu'ils ont un rôle à jouer, exactement ce que vous dites cher Christophe BARBIER. Donc je pense que le travail que j'avais conduit sur ce choc civique, avec ma collègue en charge la citoyenneté, aboutit maintenant à ce que j'appelle une réserve territoriale citoyenne. Qu'est-ce donc ?
CHRISTOPHE BARBIER
Oui, qu'est-ce donc ?
DOMINIQUE FAURE
C'est tout simplement une envie de porter pour eux - évidemment les maires qui voudront embarquer ce sujet - l'idée que chaque citoyen puisse donner une heure, donc une réserve territoriale, donc sur la commune, pour sa commune. Alors vous allez me dire c'est du bénévolat, il donne déjà une heure, deux heures, trois heures, pour des associations sportives, ou culturelles, ou environnementale, en fait ce temps, que j'espère que l'on arrivera à mettre en place, c'est du temps pour sa commune et pour ses élus locaux, c'est ce choc civique, c'est-à-dire tous ceux qui sont responsables parmi nos citoyens, parce que moi je les entends, mais souvent on ne les entend pas beaucoup, et là c'est l'occasion de traduire leur solidarité par rapport à notre République, tout simplement…
CHRISTOPHE BARBIER
Et ils seront au service de ces élus pour des missions ?
DOMINIQUE FAURE
Ils seront au service des élus, ils seront au service de la commune, ils pourront être force de propositions, ça peut être sur des sujets environnementaux, ça peut être sur énormément de sujets, et ce n'est pas dans mon esprit aujourd'hui, puisque je suis en train de travailler sur ce sujet, ce n'est pas obligatoirement conduit avec le maire, mais c'est au service de sa commune et de sa municipalité.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'ils seront mieux rémunérés les élus bientôt, notamment des petites communes ?
DOMINIQUE FAURE
Alors vous me parliez du statut de l'élu, oui, bien sûr, nous allons organiser une Convention nationale de la démocratie locale le 7 novembre, ce n'est pas moins de 400 élus, on va se retrouver pour travailler. Alors une grande diversité, toutes les associations d'élus vont inviter des élus locaux, et l'objectif est double, à la fois améliorer les conditions d'exercice du mandat d'élu, vous savez ce sont ces irritants qui font que parfois les maires vont jusqu'à démissionner, eh bien on les a identifiés, pour une grande partie, 180 aujourd'hui, irritants dans la fonction de maire, et par ailleurs, deuxième sujet, le statut de l'élu, cette reconnaissance, dans laquelle on va trouver de la protection fonctionnelle, de la protection sociale, indemnités, un certain nombre de sujets sur lesquels j'avais été interpellée par les maires, je me suis saisie du sujet, on travaille avec toutes les associations d'élus, et l'AMF en tête, depuis maintenant le mois d'avril, et on va aboutir dans cette convention nationale le 7 novembre.
CHRISTOPHE BARBIER
Et le 20 novembre ce sera le Congrès des maires annuel. Est-ce que dans votre région l'A69 va voir le jour, est-ce que la démocratie représentative va s'imposer aux zadistes pour ce bras d'autoroute ?
DOMINIQUE FAURE
Je le souhaite, je le souhaite, parce que Castres l'attend, cette autoroute, depuis très longtemps. Je suis très très très mécontente de voir à quel point elle est attendue, par tous les citoyens de Castres, mais aussi de tout le Lauragais, de tout le Tarn, et à quel point ils l'attendent depuis longtemps, à quel point le tissu économique l'attend, à quel point ces villes moyennes, ce sont des villes qui reçoivent des habitants aujourd'hui, et à quel point on doit désenclaver cette ville. Oui, je milite et je pense que le gouvernement ira jusqu'au bout.
CHRISTOPHE BARBIER
Dominique FAURE, merci, bonne journée.
DOMINIQUE FAURE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 octobre 2023