Interview de M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologie et de la cohésion des territoires, à Sud Radio le 2 novembre 2023, sur la tempête Ciaran, le premier sommet international dédié aux glaciers et aux pôles, la voiture électrique, les pneus neige, la présidentielle de 2027 et la politique migratoire.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Christophe Béchu - Ministre de la transition écologie et de la cohésion des territoires

Média : Sud Radio

Texte intégral

STEPHANIE DE MURU
Bonjour à tous. Mon invité politique aujourd'hui, Christophe BECHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Bonjour Christophe BECHU.

CHRISTOPHE BECHU
Bonjour Stéphanie De MURU.

STEPHANIE DE MURU
Merci d'être avec nous ce matin. Vous avez passé une partie de la soirée dans une cellule de veille, quel est le premier bilan de la tempête ?

CHRISTOPHE BECHU
On a une tempête qui a été conforme à ce qu'étaient les prévisions des météorologistes avec des vents extrêmement violents, y compris des pointes qui ont été mesurées aux alentours de 200 km/h, sur les pointes de la Bretagne, avec, à la minute où je vous parle, un mort dans un département qui n'était pas classé rouge, lié à une chute d'arbre. Des dégâts matériels importants, 1 200 000 foyers privés d'électricité, une circulation interdite sur les routes du Finistère compte tenu des nombreuses chutes d'arbres qui nécessitent des interventions, mais j'allais dire que globalement quand on compare aux grandes tempêtes qu'on a connu il y a 10 ou 20 ans les messages de prévention, la façon dont nous nous sommes préparés à cette tempête nous a sans doute permis d'éviter le pire.

STEPHANIE DE MURU
C'était la nuit, la population est restée à la maison, les consignes ont donc été respectées ?

CHRISTOPHE BECHU
Oui on avait la chance entre guillemets que ça arrive un jour férié, donc un jour où déjà les poids lourds ne circulent pas, mais avec une réactivité de la part des autorités pour prendre des mesures de restrictions de la circulation, de consignes, de prévention et puis on a activé également le dispositif FR-Alert qui a permis d'envoyer dans les départements qui était classée rouge des SMS pour rappeler aux gens ce qu'étaient les consignes de sécurité, en particulier de ne surtout pas sortir la nuit dernière. Je veux profiter de votre antenne pour dire que ça n'est pas fini, nous sommes sortis de la vigilance rouge pour le Finistère, à 8h00 ce matin nous sommes sortis de la vigilance rouge pour les Côtes-d'Armor, il nous reste un département qui est en vigilance rouge jusqu'en milieu de matinée qui est la Manche, mais nous attendons pour le milieu de la matinée qui correspondra au moment de la marée haute des vagues particulièrement hautes de 6 mètres, de 8 mètres, de 10 mètres en fonction des endroits, donc on a des risques de submersion marine et les consignes de prévention à la minute où on se parle ,c'est n'allez pas vous approcher pour admirer les vagues, les risques sont réels ce matin et plus largement durant toute cette journée sur ces territoires, soyez prudents parce qu'on peut avoir des arbres ont été fragilisés et qui tombent, on peut avoir des sujets sur des toits qui bref…

STEPHANIE DE MURU
Donc vous appeler la population à rester calfeutrée à domicile.

CHRISTOPHE BECHU
Je l'appelle à rester vigilante.

STEPHANIE DE MURU
En tout cas pas se promener au bord des côtes. 1,2 million de prix de foyers privés d'électricité, quand pourra-t-il être rétabli ?

CHRISTOPHE BECHU
Nous avons des équipes d'ENEDIS qui sont à pied d'oeuvre depuis déjà depuis cette nuit, le rétablissement va se faire tout au long de cette journée, je n'ai pas le détail de ces foyers, il y en a près de 800 000 qui sont en Bretagne là où les choses sont les plus concernées, ce que je peux dire c'est que l'écrasante majorité retrouvera de l'électricité dans cette journée.

STEPHANIE DE MURU
Alors on va évidemment de découvrir les dégâts au fur et à mesure de la matinée parce qu'il y en a forcément, vous le disiez, des vents quand même à 200 kilomètres heure pour certaines zones, concrètement que va faire l'Etat pour aider les sinistrés, est-ce que déjà le l'état de catastrophe naturelle va être déclaré ?

CHRISTOPHE BECHU
Ça, ce sont des décisions qui vont être prises dans la journée d'aujourd'hui quand on va effectivement comme vous venez de le dire consolider ce que sont les dégâts. Ce qui est certain c'est que la puissance de ses rafales de vent permettrait cette reconnaissance de catastrophe naturelle sur une partie du territoire à n'en pas douter. Ensuite je vous dis la priorité absolue c'est de constater, de vérifier que nous n'avons pas de. Dégâts qui nous auraient échappé et la priorité encore plus c'est d'aller rétablir le plus vite possible l'électricité et les conditions de circulation sur ces territoires tout au long de cette journée. Les équipes de l'Etat vont être à pied d'oeuvre et je veux saluer ceux qui dans les préfectures, sur le terrain travaillent, je veux saluer nos sapeurs-pompiers qui dans beaucoup d'endroits multiplient aussi les interventions à l'appel des particuliers et puis les agents d'ENEDIS qui là sont en première ligne dans le cadre de ce rétablissement de lignes électriques et vous en saurez plus dans la journée au fur et à mesure qu'on va avancer.

STEPHANIE DE MURU
Il y a également la question des transports, les TER sont interrompus jusqu'à demain, pareil pour les TGV ?

CHRISTOPHE BECHU
Alors les TER sont effectivement interrompus aujourd'hui, les TGV il n'y en a pas en direction de. Nantes et du Mans pour la journée d'aujourd'hui, ils devraient recommencer à circuler demain, des trains de reconnaissance de la SNCF vont être envoyés sur les différents réseaux ferroviaires avec des bûcherons qui seront susceptibles d'aller couper les arbres qui sont tombés sur les voies puisque c'est ça notre souci principal, de pouvoir rétablir les caténaires qui sont, qui ont pu être abîmés pour qu'on retrouve un niveau de circulation le plus normal possible demain, à la minute où je vous parle, je n'ai pas de raison de douter de cet objectif.

STEPHANIE DE MURU
Alors on a parlé de de bombe météorologique ou encore de tempête explosive, est-ce que la France doit se préparer à connaître de nouveaux phénomènes d'ampleur tel que celui-là, il y a déjà eu un des tempêtes, vous l'avez dit vous-même, monstres par le passé notamment celle de 1999, est-ce que on doit s'attendre à d'autres phénomènes ?

CHRISTOPHE BECHU
La réponse est oui, on en a connu il y a. il y a 20 ans, on en a connu il y a 10 ans, on va continuer à en connaître. La formation de ces de ces tempêtes, elle n'est pas liée au dérèglement climatique, il y a toujours eu des tempêtes quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve. Simplement le dérèglement climatique il accentue potentiellement l'intensité et les conséquences avec un niveau des océans qui va monter au fur et à mesure du temps sous l'effet en particulier de la fonte des glaces, les risque de submersion marine ou d'inondation sont plus importants avec des décalages de températures qui nous amènent à avoir des canicules en septembre, et donc une température de l‘eau potentiellement très chaude qui peut favoriser la création de phénomènes météorologiques compliqués, on peut s'attendre effectivement à des épisodes de davantage d'intensité.

STEPHANIE DE MURU
Donc ça veut dire, Monsieur le Ministre, que vous ne liez pas ces tempêtes directement aux phénomènes du réchauffement climatique, mais aux impacts de ce dernier ?

CHRISTOPHE BECHU
Moi, je crois qu'il faut être précis dans ce que nous disons aux Français, il y a des quantités de choses qui sont liées au dérèglement climatique, tout n'est pas lié au dérèglement climatique, de l'éboulement qu'on avait connu, il y a quelques semaines, en montagne, conduisant à la fermeture d'un axe entre la France et l'Italie. Ça, ce n'était pas le dérèglement climatique, les analyses qu'on a faites le montrent. Les tempêtes, il y en a eu avant, il y en a eu de tout temps, et en soi, une tempête n'est pas liée au dérèglement climatique. En revanche, le dérèglement, le réchauffement climatique accentue les intensités des épisodes que nous connaissons.

STEPHANIE DE MURU
Alors, vous avez tiré les leçons de certains événements comme Xynthia, il n'empêche, la France est encore en retard par rapport à d'autres pays sur les infrastructures, le Japon, les Etats-Unis, les Pays-Bas ont mis en place des digues, des barrages, est-ce que, clairement, il y a quelque chose de prévu sur ce point en France ?

CHRISTOPHE BECHU
D'abord, vous l'avez dit, en 99, il n'y avait rien, ce sont ces tempêtes, Lothar et Martin, qui ont conduit à mettre en place les dispositifs qui ont été déployés au cours de ces dernières heures, et qui nous ont permis d'éviter le pire, puisque, on a un bilan qui n'a rien à voir avec ce qu'on a connu il y a 10 ans ou il y a 20 ans ; mais on a encore devant nous du chemin à parcourir, et ce chemin, il est dans le cadre de ce qu'on appelle le plan national d'adaptation au changement climatique, à la toute fin de cette année, au tout début de l'année prochaine, je présenterai l'ensemble des mesures d'adaptation pour qu'on soit mieux préparé à tout type de risque, pas seulement les tempêtes, mais on a la question du retrait gonflement d'argile, c'est plus de 10 millions de Français qui sont potentiellement concernés, on a l'érosion du trait de côte, dont je parlais, on a des risques d'inondation qui sont liés comme nous l'avons vu il y a quelques jours avec Aline dans les Alpes-Maritimes, à des épisodes pluvieux Cévenols, méditerranéens encore plus intenses compte tenu du réchauffement climatique, sur tout ça, on doit à la fois changer une partie de nos règles, de nos référentiels techniques, puisque les températures seront plus élevées, il faut qu'on ait les réseaux de transport ou de télécommunication qui soient plus résistants à des températures qui sont plus élevées, il y a le sujet des digues, il y a la façon dont on se protège par rapport à ces épisodes, et ça, ce sont des mois de travail depuis janvier de la part de beaucoup de services d'Etat et d'entreprises, pour arriver, au début de l'année prochaine, à ce référentiel d'adaptation qui…

STEPHANIE DE MURU
Donc il faut s'habituer à la culture de risque…

CHRISTOPHE BECHU
Bien sûr, il faut renforcer notre culture du risque. Il faut renforcer nos réflexes de vigilance et de résilience parce que nous allons vers une augmentation de ce que nous appelons les catastrophes naturelles à cause du dérèglement du climat.

STEPHANIE DE MURU
Alors, on est tenté de vous dire qu'il faut un petit peu agir sur les causes, est-ce qu'on peut vraiment changer la donne, quand on sait que d'autres pays du monde n'ont pas le climat forcément sur la liste de leurs priorités, faute parfois de de volonté, mais aussi faute de ressources, on ne peut pas tout, tout seul ?

CHRISTOPHE BECHU
Pour être clair, l'inaction des autres ne peut pas nous servir d'excuse pour nous ne pas agir, je vais prendre une image, la planète, c'est comme si c'était un immeuble, on n'a pas le plus grand appartement, nous, la France, on a 0,8 %, j'allais dire de la surface, mais s'il y a un incendie dans l'immeuble, franchement, vous ne commencez pas à éteindre l'incendie dans votre propre appartement au motif que votre voisin chinois, qui a le plus grand appartement, lui, n'a pas commencé à éteindre les flammes sur son propre canapé et ses rideaux, ça ne marche pas, on doit à la fois faire le maximum chez nous, et c'est ce que nous faisons avec une planification écologique qui est unique ; et nous devons dans le même temps faire en sorte de mobiliser la communauté internationale avec une diplomatie qui doit se renforcer…

STEPHANIE DE MURU
Alors, vous le faites, vous le faites un petit peu, il y a le premier sommet international dédié aux glaciers et aux pôles, le One Planet Polar Summit, qui se tiendra à Paris prochainement du 8 au 10 novembre, un énième sommet, 40 chefs d'Etat qui vont sans doute venir en avion privé, ne pensez-vous pas qu'il faut abandonner les promesses, les discours et passer vraiment à l'action concrète, c'est ce que disent beaucoup de citoyens, que peut-on attendre vraiment de cette réunion concrètement ?

CHRISTOPHE BECHU
Il n'y a jamais eu de sommet organisé pour se pencher sur les pôles, et ce n'est pas une réunion de plus, en tout cas, je comprends que les gens se disent ça, mais, c'est quoi l'alternative, c'est de penser que si on ne se voit pas, que si on ne se met pas d'accord, il y aura plus d'actions, et qu'on a des pays qui aujourd'hui sont réticents et qui ne veulent pas bouger, qui vont s'y mettre tout seuls, comme ça, sans qu'il y ait une pression internationale qui se mette en place. Je crois au contraire que des moments comme ceux-là…

STEPHANIE DE MURU
Ça sert à quelque chose, vraiment.

CHRISTOPHE BECHU
Mais bien sûr, parce qu'ils permettent y compris d'ailleurs d'avoir une pression citoyenne autour des conclusions de ces différents sommets. Moi quand le pape annonce qu'il va venir à la COP 28, je pense que c'est un moyen de pression parmi d'autres pour que des Etats mesurent que ça contribue à braquer les projecteurs et qu'on ne pourra pas quitter cette COP juste en disant ‘on se retrouve l'année prochaine et puis on verra ce qu'on fait'. Et donc ce sommet sur les pôles pourquoi il est crucial ? Parce que les pôles par définition sont des endroits où il n'y a pas de souveraineté nationale, où on a en partage des territoires et des étendues glaciaires qui conditionnent en grande partie à la fois la température de la planète et nos réserves d'eau douce. Et ce sont des lieux qui sont doublement menacés par le dérèglement climatique parce qu'au fur et à mesure que les températures augmentent, les pôles fondent et plus les pôles fondent, plus potentiellement on peut se retrouver avec des lieux de conflits géopolitiques. Et là, si on n'est pas d'accord entre nous, si la communauté internationale ne décide pas de manière collective ce qu'on fait…

STEPHANIE DE MURU
Donc déjà se mettre d'accord et les actions concrètes ensuite.

CHRISTOPHE BECHU
Globalement, rien ne va assez vite. Ça ne va pas assez vite. Le rythme auquel les Etats sont en train de bouger ne va pas assez vite. Mais partout dans le monde…

STEPHANIE DE MURU
Vous ne vous sentez pas découragé quand même parfois, Christophe BECHU ?

CHRISTOPHE BECHU
Tous les matins, je me lève en me disant que tout est à faire. Il m'arrive le soir de me dire que la journée n'a pas été aussi bonne que ce que je pouvais espérer. Et il y a des moments, je vous le confirme, de désillusion. Mais à côté de ça, l'enjeu est tellement important, la nécessité qu'on a de réussir pour préserver la vie sur la planète telle qu'on la connaît, ça mérite de s'y mettre vraiment.

STEPHANIE DE MURU
Alors vous allez faire un tour de France pour parler écologie avec les Français, septième rencontre la semaine prochaine à Paris. Vous le savez, une partie des Français sont parfois fâchés avec la manière dont les gouvernements gèrent l'écologique qu'ils jugent punitive comme débat notamment sur les zones à faible émission ou les passoires thermiques. Que leur répondez-vous ?

CHRISTOPHE BECHU
Je leur réponds que la vraie punition, c'est si on ne fait rien. La vraie punition, c'est les conséquences d'un dérèglement climatique qui, en termes de coûts, avec la sécheresse parce qu'on se retrouvera avec des secteurs sans eau…

STEPHANIE DE MURU
Il y a faire, mais il y a à punir aussi. Il y a la manière de faire. On ne vous reproche pas de faire, on vous reproche la manière.

CHRISTOPHE BECHU
Sauf qu'on finit par oublier pourquoi on le fait et pourquoi dans un certain nombre de cas, on pose des règles qui peuvent être contraignantes. Il y a un dérèglement climatique qui n'est pas lié à une décision qu'on prendrait demain matin on qu'on aurait prise hier qui est la conséquence de nos activités humaines et industrielles depuis les années 90. Par rapport à ça, on propose une planification écologique qui ne s'appuie pas sur la contrainte. Moi mon écologie ce n'est pas celle qui consiste à taxer, ce n'est pas celle qui consiste à faire du greenwashing de la lutte contre les riches, ce n'est pas celle qui consiste à penser que c'est par la réduction des libertés qu'on va y arriver. On préfère de beaucoup accompagner les Français en leur donnant les moyens de changer. Et typiquement le lancement dans quelques jours du leasing à 100 euros pour les voitures électriques correspond à ce que nous souhaitons en matière d'écologie. Offrir des solutions aux gens, pas se contenter de dire que ça doit bouger.

STEPHANIE DE MURU
Concrètement, c'est quoi Christophe BECHU ? Concrètement, c'est quoi qui est éligible à ce leasing ?

CHRISTOPHE BECHU
Concrètement, dans les jours qui viennent une plateforme de réservation de sa voiture à 100 euros va voir le jour. C'était une promesse d'Emmanuel MACRON et ça permettra aux Français qui respectent des conditions de revenus de pouvoir s'inscrire pour bénéficier de cette voiture à 100 euros.

STEPHANIE DE MURU
Combien de Français ? Combien de revenus ?

CHRISTOPHE BECHU
Ça, c'est ce qui sera précisé dans les prochains jours. Pour être clair, la première année nous n'aurons pas autant de véhicules qu'il y a sans doute de gens qui le souhaitent pour une raison : c'est qu'on a décidé que ne seraient éligibles à cette aide que les véhicules produits en France ou en Europe, et qu'on n'allait pas utiliser l'argent public…

STEPHANIE DE MURU
Et on n'en produit pas assez.

CHRISTOPHE BECHU
Et nous n'en produisons pas assez pour le moment. Et en même temps, le leasing va être un moyen de pousser ces constructeurs automobiles à en faire davantage. Mais si on commence à distribuer des primes pour acheter des voitures qui sont fabriquées en Chine dans des usines alimentées par du charbon, on est très hypocrite d'un point de vue écologique. Donc nous assumons le fait qu'on souhaite flécher cette prime, ce qui veut dire sans doute une vingtaine de milliers de véhicules disponibles dans un premier temps, et comme on s'attend à ce qu'il y ait potentiellement bien plus de Français qui soient intéressés par cette voiture à 100 euros, le sujet de savoir si on va réserver ce bénéfice par exemple aux ZFE ou à des territoires ruraux dans lesquels on n'a pas les mêmes alternatives à la voiture individuelle que ce qui peut exister en ville, fait partie des ultimes arbitrages qui vont être rendus par le gouvernement.

STEPHANIE DE MURU
Donc 25 000 Français environ au début qui vont pouvoir s'inscrire très prochainement, c'est ça, sur les plateformes.

CHRISTOPHE BECHU
Exactement. Et je le dis, voyez typiquement autour de la voiture électrique, la voiture électrique elle est bonne pour la planète mais elle est bonne aussi pour le pouvoir d'achat. Elle vous permet d'économiser l'équivalent de 1 200 euros d'essence par an, donc très concrètement…

STEPHANIE DE MURU
Combien de coût pour l'Etat ?

CHRISTOPHE BECHU
Le coût pour l'Etat, il est évidemment élevé. Je vous rappelle qu'on a des aides qui nous permettent d'accompagner ceux qui changent de voiture jusqu'à 12, 13, 14 000 euros en fonction des cas. Pour quelqu'un qui bénéficie à la fois du bonus écologique et d'une prime à la conversion, on sera sur des niveaux de soutien de l'Etat à ces dispositifs de leasing qui seront comparables aux sommes que je vous donne.

STEPHANIE DE MURU
Alors est-ce qu'un tel dispositif quand même vous permettra de passer à cet objectif 2025, la fin du moteur électrique selon vous ?

CHRISTOPHE BECHU
2035 à l'échelle européenne.

STEPHANIE DE MURU
2035, pardon.

CHRISTOPHE BECHU
Vous savez, il y a une chose qui est très remarquable : tous les mois, la part des immatriculations aux voitures électriques augmente. On était à 19% le mois dernier, on était à 18 il y a 3 mois, on était à 17 en début d'année et on était sur une moyenne qui était proche des 15 sur l'année précédente. Donc les consommateurs, les Français, les automobilistes ont compris qu'il y avait à la fois un enjeu climatique mais y compris, je le redis, un enjeu en termes de pouvoir d'achat.

STEPHANIE DE MURU
En tout cas, 100 euros plus, on le rappelle quand même, les assurances et les frais de réparation à la fin si on veut rendre la voiture, donc ce n'est pas exactement 100 euros.

CHRISTOPHE BECHU
Mais je le redis, c'est au moins 100 euros d'économie par mois sur son essence.

STEPHANIE DE MURU
Alors il y aura des bornes électriques évidemment, on en parle souvent. Il y a un travail qui est fait en ce sens-là, mais enfin il faut les fabriquer ces batteries. Emmanuel MACRON lors de la présentation de la planification écologique avait évoqué ses ambitions en matière de ressources minières comme le lithium. Nos confrères du Parisien ce matin évoquaient ces projets d'ouverture de mines dans l'Allier notamment, c'est un projet qui préoccupe beaucoup d'ailleurs les habitants et les élus locaux, inquiets notamment pour la gestion d'eau. Vous confirmez ces projets ?

CHRISTOPHE BECHU
Je confirme que nous avons besoin de réouvrir des mines. On a besoin de faire en sorte que ces métaux rares, on puisse faire en sorte de les extraire ici, évidemment en étant le plus précautionneux possible mais j'aimerais qu'on s'arrête juste une seconde. Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? On est dans une totale hypocrisie, c'est-à-dire qu'on laisse des pays loin de nous exporter pour ensuite importer l'ensemble de ces produits. On dépend en particulier de la Chine qui concentre des monopoles dans beaucoup de minéraux rares. Ça n'est pas une bonne nouvelle pour notre souveraineté, ce n'est pas une bonne nouvelle pour nos valeurs ou pour nos convictions. Ce n'est pas non plus une bonne nouvelle pour notre pouvoir d'achat et pour notre économie. Si on vous retrouver cette maîtrise, si on veut faire en sorte de réindustrialiser notre pays pour sortir d'une hypocrisie environnementale qui a consisté à fermer les usines pour baisser nos émissions, nous devons faire en sorte d'avoir une maîtrise qui commence aussi par les minerais.

STEPHANIE DE MURU
Christophe BECHU, un petit mot parce que le temps file, c'est terrible. Le temps file ! Sur les pneus neige, les automobilistes roulant dans 34 départements, plus de 4 000 communes, doivent s'équiper des pneus neige ou d'équipements spéciaux. Pas de sanctions pour le moment, vous confirmez ?

CHRISTOPHE BECHU
L'objectif, ce n'est pas d'abord de la répression, c'est de la sécurité. L'absence de pneus neige est la première cause d'accidents en montagne. Il y aura des contrôles. Si ces contrôles montrent que les consignes d'équipement systématique de ces pneus neige à compter du 1er novembre ne sont pas suffisamment respectées, nous prendrons le décret qui déclenche la sanction. Mais à la minute où je vous parle, je le redis, c'est un enjeu de sécurité, pas de répression.

STEPHANIE DE MURU
Alors Christophe BECHU, vous êtes aussi un proche d'Edouard PHILIPPE, secrétaire général d'ailleurs du parti Horizons. Un sondage IFOP pour Sud Radio récemment montre qu'Edouard PHILIPPE tire plutôt son épingle du jeu par rapport aux potentiels futurs candidats à la présidentielle, 26% d'intentions de vote. Vous souhaitez qu'il soit candidat ?

CHRISTOPHE BECHU
Je souhaite que ce sujet, on n'en parle pas dès 2023. J'ai évidemment lu ces sondages…

STEPHANIE DE MURU
C'est un peu hypocrite, tout le monde en parle, vous le savez bien.

CHRISTOPHE BECHU
Non, je vais vous répondre. Je me réjouis de ces sondages, tout le monde dit qu'on ne les regarde pas, le fait est que forcément, on les regarde, mais c'est dans tellement longtemps cette élection présidentielle, et je pense que c'est une des maladies de notre démocratie, c'est d'être concentré sur le coup d'après au lieu d'être concentré sur les réformes dont les pays ont besoin, et à court terme, dans ce pays, entre la guerre en Ukraine qui se poursuit, entre ce qui est en train de se passer en Israël, la montée des actes antisémites absolument abjects dans notre pays, la nécessité de faire en sorte de réformer nos règles en ce qui concerne l'immigration, à court terme, de doter la France d'un budget, on a tellement à faire que l'on doit concentrer toute notre énergie sur ces enjeux.

STEPHANIE DE MURU
Justement, l'immigration, j'y viens, la loi immigration va être présentée au Sénat le 6 novembre, Naïma MOUTCHOU députée Horizons s'est exprimée ce week-end sur cette loi, et notamment sur l'article 3, vous savez, cet article donc qui concerne la régularisation des métiers sous tension des sans-papiers donc, l'article 3, sur lequel, elle se dit défavorable y voyant comme la droite une forme d'encouragement à l'immigration clandestine, elle est également favorable à la transformation de l'AME en AMU, ça présage des tensions, vous partagez le même jugement qu'elle, qui n'est pas le même que celui de Gérald DARMANIN ?

CHRISTOPHE BECHU
Ça présage des débats, et c'est toujours souhaitable en démocratie qu'on ait des débats, il y a aujourd'hui plusieurs lignes, il y a ceux qui considèrent qu'il faudrait effectivement plutôt passer par une circulaire plutôt que par un article législatif, mais le message global de ce texte, c'est quoi ? On se concentre sur cet article 3, essentiel du texte, c'est de dire que nous devons durcir nos règles en termes d'immigration, qu'on doit sortir d'une forme de déni, qu'on ne peut pas se retrouver avec une impuissance à expulser des gens qui n'ont rien à faire sur notre territoire, qu'on ne peut pas continuer à subir du regroupement familial ou des arrivées sur le territoire qui ne correspondent pas à des besoins, il faut qu'on sorte d'une forme d'angélisme et de laxisme sur ces questions. A titre personnel, je pense que ça n'est pas parce qu'on durcit les règles, qu'on fait en sorte d'ouvrir les yeux, d'être plus lucides sur la nécessité de restreindre cette immigration qu'il ne faut pas un équilibre, et que des gens qui travaillent dans notre pays depuis des années, dans des métiers en tension, qu'on les régularise à partir du moment où ils sont intégrés. C'est un sujet qui n'est pas le sujet principal…

STEPHANIE DE MURU
Oui, mais ça veut dire que la majorité se déchire, elle est divisée ?

CHRISTOPHE BECHU
Mais par définition, quand vous avez un texte aussi sensible qui arrive à l'Assemblée et au Sénat, il faudra un débat, il faudra une majorité à la fin, et c'est la discussion législative qui permettra de faire en sorte que ça arrive, j'ai pleine confiance en Gérald DARMANIN pour qu'il y parvienne.

STEPHANIE DE MURU
Merci beaucoup Christophe BECHU. Merci à vous d'être passé dans nos studios de Sud Radio…

CHRISTOPHE BECHU
Merci Stéphanie De MURU.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 novembre 2023