Texte intégral
Quelques mots sur ce Conseil. Nous allons évidemment parler de la situation au Proche-Orient. Et sur ce sujet, vous avez vu que les 27 ont rendu publique une déclaration hier soir, qui est précise et complète : condamnation du terrorisme, protection des populations civiles et demande de pauses humanitaires, et le plus rapidement possible. De notre point de vue, ces pauses devraient être immédiates et de longue durée. J'appelle aussi votre attention sur le fait que ce document est pleinement en phase avec la Conférence de Paris sur l'aide à la population civile de Gaza et également en phase avec le communiqué du G7 de la veille, de mercredi. Et c'est important parce que pour peser, nos efforts doivent être évidemment convergents. Je voudrais aussi appeler votre attention sur le fait que ce texte mentionne évidemment la nécessité de libérer tous les otages. Et c'est, vous le savez, pour nous la première des préoccupations : protéger nos compatriotes, protéger nos ressortissants. Donc c'est une bonne chose que tous ensemble, à 27, nous passions ce message pour évidemment demander la libération immédiate et sans condition de l'ensemble des otages détenus par les groupes terroristes. Enfin, nous sommes le 13 novembre, triste anniversaire des attentats de Paris, huit ans déjà. Je voudrais dire à cette occasion que nous n'oublions pas et nous n'oublierons pas toutes les victimes du terrorisme, nos compatriotes et tous les autres qui ont été frappés. Ajouter bien sûr que la lutte contre le terrorisme, c'est un combat de longue durée et c'est un combat qui doit nous unir, qui que nous soyons.
Le Conseil permettra aussi de parler de la guerre que fait la Russie contre l'Ukraine depuis plus d'un an et demi et de travailler concrètement aujourd'hui à avancer sur les engagements de sécurité européens, de façon à donner au Haut représentant le mandat dont il a besoin pour discuter avec les Ukrainiens de leurs besoins, en vue d'une décision au Conseil européen de la mi-décembre. Très concrètement, il s'agit de poursuivre notre soutien à l'Ukraine par la Facilité européenne de paix, mais aussi par la poursuite des actions de formation de déminage, la lutte cyber et d'autres. Nous sommes aux côtés de l'Ukraine, nous le resterons, donc rendez-vous après ce Conseil et après le mandat donné aux représentants, au Conseil européen de la mi-décembre. Nous saluerons aussi, bien sûr, et je tiens à le faire, les progrès qui ont été faits par l'Ukraine dans sa marche vers l'Union européenne, des efforts importants, des efforts particulièrement remarquables pour un pays en guerre, qui est agressé, qui est jour après jour bombardé, l'objet des attaques russes dans son territoire, sur ses infrastructures civiles, sur les civils. Donc, être capable de mener à bon rythme ces réformes est un effort qui mérite notre considération. Le rapport de progrès de la Commission l'a souligné, nous souhaitons bien sûr que l'Ukraine poursuive ses réformes et poursuive sa marche en avant. Puisque je parle de l'Ukraine, je voudrais dire combien il serait important que la 8ème tranche soit débloquée, je ne comprends pas l'obstruction continue d'un Etat membre, elle n'est pas justifiée. Et parallèlement, nous devons avancer sur le 12ème paquet, avec de nouvelles sanctions et aussi avec une lutte plus résolue contre le contournement des sanctions.
Le troisième sujet à l'ordre du jour, sur lequel je veux appeler votre attention, c'est la situation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Il est important que ce Conseil Affaires étrangères aujourd'hui affirme clairement son soutien à l'Arménie, c'est-à-dire son soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Arménie, avec un renforcement de la mission européenne, utile, mais que nous voulons, vous le savez, renforcer à la fois dans son mandat et dans ses moyens et avec aussi un soutien à l'Arménie par le canal de la Facilité européenne de paix. Je crois que c'est un message qu'il serait opportun que notre Conseil passe aujourd'hui clairement et fermement. Il est temps de le faire. Nous en parlons depuis maintenant déjà quelques semaines.
Q - Concernant la situation à Gaza, Israël n'accepte pas les efforts entrepris par les Européens pour l'aide humanitaire, quelle est la solution ?
R - Il le faut. D'abord, je crois que nous avons progressé avec la Conférence de Paris du 9 novembre, avec des pays de beaucoup de régions du monde, et pas seulement de la région, pour insister sur la nécessité absolue de faire parvenir l'aide humanitaire aux populations civiles de Gaza, qui n'ont pas à subir les conséquences des crimes des terroristes. Il est extrêmement important de distinguer la population civile et les organisations terroristes, de ne pas faire de confusion entre les deux. C'est un mouvement très clair qui se dessine pour demander des pauses humanitaires. Du côté français, nous disons : une pause de longue durée, durable, conformément au vote qui a été le nôtre à l'Assemblée générale des Nations unies, pour permettre à l'aide d'arriver en plus grand nombre. Elle a commencé à arriver, mais pas à la hauteur des besoins, pour permettre la distribution de l'aide et pour permettre aussi que s'engage sans plus tarder un travail qui permettra de mener à un cessez-le-feu et de relancer aussi une solution politique. Voilà en quelques mots, sur une situation difficile.
Q - Comment expliquez-vous la différence d'approche entre la France et l'Allemagne sur la question israélienne ? Et surtout, pourquoi l'Allemagne est isolée aujourd'hui au milieu des 27 ?
R - Je voudrais surtout retenir - c'est pour ça que je commençais par cela - la déclaration des 27 rendue publique hier : des termes dans lesquels nous nous reconnaissons en tant que France et dans lesquels l'Allemagne, ainsi que tous les autres partenaires, les 25 autres partenaires, se reconnaissent. Unissons-nous et progressons pas à pas. Je voudrais insister sur ce qui nous rassemble, plus que sur ce qui est entre nous telle ou telle nuance. Il faut rapidement améliorer la situation humanitaire à Gaza, nous le disons depuis déjà plusieurs semaines, je l'ai dit moi-même, le Président de la République l'a répété l'autre jour : il y a trop de victimes civiles, cela ne peut pas durer ainsi. Et au demeurant, le droit d'Israël à se défendre, qui est rappelé et qui est indispensable - parce que ce pays a été frappé par des attaques terroristes affreuses, abominables, de grande ampleur et inacceptables, que nous condamnons tous - doit s'exercer dans le cadre du respect du droit international, évidemment.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2023