Texte intégral
JEROME CHAPUIS
Bonjour Roland LESCURE.
ROLAND LESCURE
Bonjour.
JEROME CHAPUIS
Ministre délégué chargé de l'Industrie et invité d'actu de France Info. Beaucoup de dossiers à voir avec vous, notamment l'usine BUITONI de Caudry dans le département du Nord, qui va être vendue par NESTLE. On l'a appris hier soir, le groupe suisse est en négociations exclusives avec ITALPIZZA. Quelles seront les conséquences pour les 125 salariés ?
ROLAND LESCURE
Oui, c'est une bonne nouvelle. Vous voyez, il y a huit mois, il y a eu deux coups de tonnerre dans le territoire, pas un, mais deux, l'usine TEREOS qui fermait et l'usine BUITONI dont on annonçait la fermeture également, donc depuis huit mois, on a mis beaucoup de pression sur les deux entreprises d'ailleurs, un, pour qu'ils soient au rendez-vous vis-à-vis des salariés, vous l'avez dit, c'est notre priorité avec des PSE, des plans de sauvegarde de l'emploi qui ont été adoptées à l'unanimité des organisations syndicales. On a investi dans le territoire et on a créé 200 emplois dans d'autres entreprises du territoire et on a travaillé pour trouver des repreneurs.
JEROME CHAPUIS
Ça veut dire que, pour l'instant donc, je vous repose la question, 125 salariés pour l'instant, on dit que seuls quarante seraient repris ?
ROLAND LESCURE
Alors, quarante en 2024, l'avantage d'ITALPIZZA, c'est qu'ils ont besoin de produire très vite et donc ils vont produire dès 2024 des pizzas à Caudry, puis 70 en 2025 et à terme 140.
JEROME CHAPUIS
Ça ce n'est pas des promesses qu'on fait quand en général on veut les bonnes grâces des pouvoirs publics dans un moment comme celui-ci ?
ROLAND LESCURE
Non, non, non, c'est des engagements à faire, ah non, les grâces des pouvoirs publics, il n'y a pas d'aides publiques là-dessus. Il y a eu de la pression pour trouver un repreneur, mais ITALPIZZA veut vendre des pizzas en Europe du Nord, évidemment, Caudry est bien placé, les salariés ils savent puisqu'ils faisaient des pizzas avant, faire des pizzas. Donc, on a vraiment un engagement ferme, mais qui est un engagement, je dirais, volontaire.
JEROME CHAPUIS
Et au-delà, ça pourrait même aller…
ROLAND LESCURE
Au-delà.
JEROME CHAPUIS
A un niveau d'emploi plus important que ces 125 salariés ?
ROLAND LESCURE
Plus important. Ce qu'on espère, c'est en 2026 ou 2027 140 salariés. Donc, il y a des investissements à faire, ITALPIZZA va investir plus de dix millions d'euros dans les lignes de production. Vous savez qu'une des deux lignes de production avait été entachée d'un scandale alimentaire et donc, on a à la fois un repreneur Italien, c'est ça l'Europe aussi, vous savez, certains disent que l'Europe n'apporte que des maux. En fait, TEREOS, l'usine est vendue à un producteur de frites belges et BUITONI, c'est un producteur de pizza italien. L'Europe, ça a aussi du bon, et notamment pour l'industrie.
JEROME CHAPUIS
Un autre dossier industriel en Dordogne, les PAPETERIES DE CONDAT, 187 salariés sont toujours menacés. Est-ce que vous avez du nouveau ?
ROLAND LESCURE
Non, on y était il y a trois semaines pour rencontrer à la fois les élus et les organisations syndicales. Ce qu'on fait là, c'est qu'on travaille pour redynamiser le territoire. CONDAT, il y avait deux lignes de production, ils en ferment une, mais ils investissent dans l'autre pour produire du papier qui se vend bien aujourd'hui, qui est du papier, qui est sur les étiquettes. Vous savez qu'aujourd'hui on fait de moins en moins de papier livre parce qu'on lit de moins en moins de livres, et on fait de plus en plus d'étiquettes parce qu'on en livre de plus en plus des objets, des produits AMAZON, etc. Et donc cette nouvelle ligne, elle, elle va continuer à se développer. Et moi, j'espère, on a discuté avec l'entreprise pour qu'elle le fasse, que très vite que la ligne qui a été fermée, puisse être basculée vers du papier qui a de l'avenir. Donc il y a de l'avenir à CONDAT, il y a de l'avenir à Caudry, il y a de l'avenir pour l'industrie française.
JEROME CHAPUIS
Roland LESCURE, selon des informations de presse aujourd'hui, un accord a été trouvé sur le prix de l'électricité nucléaire, c'est très important. Est-ce que vous confirmez ce qui est sur le point d'aboutir ?
ROLAND LESCURE
Oui, on est, j'allais dire minuit moins cinq, après cette interview, je file à Bercy avec Bruno Le MAIRE et Agnès PANNIER-RUNACHER. On va recevoir Luc REYMONT, le PDG d'EDF, et on va finaliser cet accord qui a deux objectifs très simple. Le premier, c'est d'éviter les pics de prix de l'énergie qu'on a eu l'année dernière, qui ne sont pas liés à la production en France, mais qui sont liés à ce qui se passe ailleurs, en l'occurrence, c'était la crise en Ukraine. Donc, il y aura un plafond qui sera absolu et qui protégera les consommateurs, les ménages et les industriels.
JEROME CHAPUIS
À quel niveau ce plafond ?
ROLAND LESCURE
Mais ça, on en discutera tout à l'heure, on finalisera les chiffres et ce sera public à 9h30.
JEROME CHAPUIS
Pour le moment, il y a des informations de presse, c'est important, le tarif de référence d'EDF qui passerait de 42 euros de mégawattheure à 70 euros. Est-ce qu'on est sur cet ordre de grandeur ?
ROLAND LESCURE
On est sur ces ordres de grandeur pour un prix cible, ça veut dire qu'il y a des moments où l'on paiera moins, il y a des moments où on paiera plus, mais ce plus il sera, quoi qu'il arrive, plafonné pour éviter les pics qu'on a eu l'année dernière.
JEROME CHAPUIS
Mais ça veut dire très concrètement que le prix de référence augmenterait de 66 % ?
ROLAND LESCURE
Non, parce qu'aujourd'hui le quarante euros dont vous parlez, il ne concerne que la moitié de la production. Tout ça est un peu technique mais la moitié de la production est protégée à quarante euros et l'autre, on l'a vu l'année dernière, quand le marché fait le yoyo, elle fait aussi le yoyo. Donc là, on va aussi protéger l'ensemble de la production sur un prix moyen que vous avez cité, de l‘ordre de 70 euros, ce qui va se traduire quand même par des hausses du prix de l'énergie mais qui vont être limitées et surtout des prix moins volatils que par le passé. Il est hors de question que ce soit les consommateurs - industriels ou ménages - qui payent les frais, en l'occurrence de la guerre en Ukraine.
JEROME CHAPUIS
Mais vous entendez déjà les critiques : c'est déjà, c'est la fin de l'électricité nucléaire pas chère ?
ROLAND LESCURE
Non. Écoutez, on a de l'électricité nucléaire qui va rester peu chère par rapport à des concurrents, notamment des autres pays européens. Il faut aussi qu'on investisse. Moi, ce que je souhaite, c'est qu'EDF fasse bénéficier aux consommateurs de prix de l'énergie pas trop chers, mais qu'elle puisse aussi investir. Vous le savez, on a un programme d'investissement dans le nouveau nucléaire qui va permettre là encore aux industriels de se fournir de l'électricité pas trop cher. Donc, c'est cet équilibre qu'on est en train de trouver, réponse à 9h30, encore une petite heure de patience.
JEROME CHAPUIS
Mais vous entendez bien, si le slogan qu'on a en tête, si c'est vert, c'est que c'est cher ?
ROLAND LESCURE
Non mais ça, ce n'est pas vrai ! Moi je suis convaincu, grâce à l'industrie, qu'on peut réconcilier économie et écologie si on développe de l'industrie verte en France, si on développe de l'emploi en France, dans les territoires, tout ceux qui nous jettent à la figure le fait que l'écologie ce n'est qu'une histoire de décroissance d'un côté ou les autres qui disent : " Vous désindustrialiser la France et c'est un scandale ", non, on peut réconcilier les deux. On fait des usines de batteries dans le Nord, on sauve les pizzas et les frites dans le Pas-de-Calais. On va continuer à développer le ciment propre. Hier, j'étais en Isère, VICAT…
JEROME CHAPUIS
Vous êtes critiqué d'ailleurs sur sujet. On n'a plus le temps mais il faudra revenir sur ce sujet.
ROLAND LESCURE
On avance, on avance, on avance, non mais, arrêtons les critiques, avançons. Faisons en sorte que l'industrie verte soit une réalité, On y travaille.
JEROME CHAPUIS
Merci beaucoup, Roland LESCURE, ministre délégué à l'Industrie, on vous laisse filer à cette réunion, donc, conclusive.
ROLAND LESCURE
Merci.
JEROME CHAPUIS
On l'a bien compris, sur cet accord qui s'annonce très important sur les prix de référence d'EDF.
ROLAND LESCURE
Merci.
JEROME CHAPUIS
Il est 7h18.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 novembre 2023