Interview de Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État, chargée de la citoyenneté et de la ville, à Europe 1/CNews le 17 novembre 2023, sur l'antisémitisme.

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Média : Europe 1

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES
Bienvenu à tous. La Grande interview avec Sabrina AGRESTI-ROUBACHE. Bonjour.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour Romain DESARBRES.

ROMAIN DESARBRES
Sur CNEWS et sur Europe 1. Vous êtes secrétaire d'Etat à la Citoyenneté et à la Ville, énormément de sujets à voir avec vous. Evidemment, on va commencer par la grande marche contre l'antisémitisme de dimanche dernier. Pourquoi commencer par ça ? Parce qu'hier soir, Patrick BOËL a dit sur France 5 qu'une semaine après, il n'avait toujours pas compris pourquoi le président de la République n'avait pas participé à cette marche. Est-ce que vous avez compris ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je l'ai entendu. J'ai regardé hier Patrick BROEL. Alors, on, j'entends le rôle du président de la République. Regardez, moi, j'étais-là, mon rôle, c'était de tenir la banderole, je l'ai tenu, je pense que le rôle du président de la République est, et il l'a rappelé et il a bien fait, c'était de travailler ardemment à la libération des otages. Je pense que les… On ne peut pas constamment tout mélanger et il serait venu…

ROMAIN DESARBRES
Mais en quoi ça l'empêche d'aller marcher contre l'antisémitisme et pour la République ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Parce que toutes les marches sont légitimes, toutes les marches sont légitimes et que si on doit considérer que le président de la République, à chaque fois que nous organisons et ça a été organisé par la présidente de l'Assemblée nationale et par le président LARCHER, président du Sénat, une grande partie…

ROMAIN DESARBRES
S'il y accordait une force à cette marche à cette initiative…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
La Première ministre, le Gouvernement qui s'est mobilisé massivement. Moi, je vous disais, je tenais la banderole de l'autre côté et Haïm KORSIA de l'autre côté, je veux dire c'est… La réalité, c'est qu'on ne peut pas toujours tout demander et tout faire et on fait tout inscrire avec le président de la République. Le Président de la République est le garant de l'unité de la Nation et le rôle du président de la République, et moi, je le réaffirme, je l'avais déjà dit avant, on m'avait déjà questionné…

ROMAIN DESARBRES
Mais il aurait mis en danger l'unité de la Nation en allant participer à cette marche ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Il n'aurait pas mis en danger. Je pense que, parce que, non... On attend, non parce que de toute façon, en participant, on lui aurait reproché exactement le contraire, c'est-à-dire que quoi qu'il fasse dans cette situation, on lui reprochait tout.

ROMAIN DESARBRES
Qui aurait pu lui reprocher quoi que ce soit ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Tous les médias, les uns, les autres. Moi, ce que je pense, et je le dis en tant que membre du Gouvernement, mais aussi en tant que citoyenne, c'est que les Français aussi attendent du président de la République, nous avons, et je le rappelle, c'est très important, encore des otages détenus par le groupe terroriste du Hamas. Et je pense que c'est là que le président de la République, tous les jours, sans relâche, travaille à leur libération et que la marche contre l'antisémitisme a été pour moi, c'était important d'y être, donc, on s'est mobilisé, je vous le redis, la Première ministre était là, beaucoup de membres, même, une très grande majorité de membres du Gouvernement étaient là, beaucoup de monde, il nous semble que les chiffres étaient à peu près 100 000 personnes. J'aurais évidemment beaucoup aimé qu'on soit allés 500 000, un million, dix millions. Mais la réalité, c'est que cette marche est une grande réussite, que ce soit sur le plan de la sécurité ou sur le plan de la mobilisation. Donc le rôle, mon rôle, c'était de tenir la banderole. Je l'ai tenue, j'étais là, aux côtés de tous ceux qui ont manifesté contre l'antisémitisme.

ROMAIN DESARBRES
Mais ma question c'était sur l'absence du président de la République.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je pense avoir largement répandu, et c'est ma conviction profonde, le rôle du Président de la République est d'être à sa tâche quand nous avons des Français, des concitoyens, nos concitoyennes qui sont otages, son rôle est là.

ROMAIN DESARBRES
L'humoriste controversé, Yassine BELATTAR, a été consulté par l'Elysée pour savoir si Emmanuel MACRON devait aller ou non à la marche contre l'anti, à cette marche. Il aurait déconseillé qu'Emmanuel MACRON s'y rende. Est-ce que vous avez été choqué d'apprendre que l'Elysée demandait la vie d'un humoriste, certes, accessoirement condamné pour menaces de mort ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, moi, je ne sais pas les liens des, ni de Yassine BELATTAR avec les conseillers, parce que là, on parle de conseiller. Si on pense, très sincèrement, nous sommes la sixième puissance mondiale. Si on pense que l'un des hommes les plus puissants du monde se fait conseiller par Yassine BELATTAR pour savoir s'il doit venir ou pas…

ROMAIN DESABRES
Effectivement, son avis compte auprès de certains qui conseillent le Président en tout cas ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Auprès de certains qui conseillent le Président mais pas le Président directement. Donc les conseillers prennent leur part, le président de la République, on le laisse en dehors de tout ça.

ROMAIN DESARBRES
Il vous a consulté, vous qui êtes sa secrétaire d'Etat à la Ville ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors écoutez, et à la citoyenneté… Et à la Citoyenneté et à la Ville. Moi de toute façon, c'est de notoriété publique. Je connais depuis longtemps le président de la République. J'ai toujours… Je donne mon avis quand il me le demande et là il ne me l'a pas demandé, donc je ne l'ai pas donné.

ROMAIN DESARBRES
Emmanuel MACRON a eu peur d'envoyer quel message en marchant pour la République et contre l'antisémitisme ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
A voulu donner quel message en ne venant pas ?

ROMAIN DESARBRES
Il a eu peur d'envoyer quel message ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, il n'y a pas, il n'a pas peur. Le président de la République n'a pas peur. Le président de la République est le garant de la Nation. De quoi a-t-il peur ? Il a peur pour le sort de nos otages. Je le répète, il a peur de ce qui est en train de se passer au Proche et au Moyen-Orient. Il n'a pas peur d'envoyer tel ou tel message. La réalité, c'est qu'il s'oppose et il a raison, et il a raison, parce que vous savez, l'antisémitisme n'est que le prélude, le prémices des autres haines qui arrivent derrière. Et le président de la République, c'est le président de tous les Français. Donc je pense que préserver, essayer autant que faire se peut, il le fait avec beaucoup de force. L'unité de la Nation, vous savez, il n'y a pas de Français préféré…

ROMAIN DESARBRES
« Est le Président de tous les Français », c'est-à-dire qu'il y aurait, cela aurait pu être mal interprété par une communauté par exemple, c'est ce que vous suspectez ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais, de toute manière, non, pas du tout, ce que je dis, c'est que l'universalisme avec lequel il a tenu, il tiens des propos universalistes et il a raison et ce sont aussi mes propos, je l'avais écrit il y a longtemps et j'ai beaucoup travaillé sur ces sujets-là. Je pense que de commencer à faire des distinctions et des catégories entre Français, c'est le début de notre malheur. Donc moi, ce que je dis, et je le réaffirme, l'antisémitisme n'est que le prélude des autres haines. Et ne pas se leurrer, vous savez, l'antisémitisme, le racisme, l'islamophobie, la xénophobie, la haine des personnes LGBT, tout ça n'est qu'une concordance de haine.

ROMAIN DESARBRES
Là, en l'occurrence, c'était contre l'antisémitisme.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et attention ! Il n'y a pas… Voilà, absolument. Absolument, parce qu'en ce moment, nos concitoyens de confession juive…

ROMAIN DESARBRES
À l'exclusion d'aucun autre combat, mais là, en l'occurrence, c'est…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument. Vous savez, on ne règle jamais une injustice avec une autre injustice. Et tous les combats sont légitimes, contre l'islamophobie, contre l'antisémitisme, contre le racisme. Donc la réalité, c'est que nous sommes la République, nous sommes une République, et ce qui tient à la République, c'est que tous les Français soient traités exactement à même échelle, au même niveau. Et on appelle ça l'universalisme. Et c'est notre grandeur, c'est la grandeur de notre pays.

ROMAIN DESARBRES
Le RN a marché contre l'antisémitisme, il a gagné des galons de respectabilité ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Vous savez, que tous ceux… Alors c'est ma position. Que tous ceux qui ont envie de marcher contre l'antisémitisme et pour la République le fassent. Je ne suis pas là pour distribuer les bons et les mauvais points. Vous savez, on me connaît pour mes…

ROMAIN DESARBRES
Mais c'est une bonne chose pour vous qu'il ait été là ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Disons que j'aurais… C'est très bien qu'il soit là. C'est très bien que tous les gens… Vous savez, moi, je fais une distinction entre les électeurs du RN et le RN. Je l'avais écrit, - Les électeurs du RN ne sont pas nos ennemis. - que tous ceux qui veulent lutter, marcher contre l'antisémitisme, contre le racisme, je le répète, contre la xénophobie, se sont mobilisés. Et tant mieux. Et tant mieux. Mais la réalité, c'est que moi, je ne suis pas là pour dire tel parti doit faire si, tel parti doit faire ça sans les normaliser. Parce que je n'oublie pas mon combat. Ce qui m'a fait m'engager en politique, c'est la lutte contre le Rassemblement National, que j'ai battu aux premières élections, auquel je m'engage. Je les bas, donc je fais la distinction, mais ce n'est pas le rôle ni de ministre ni encore moins le mien, à mon modeste niveau, de dire : " Est-ce qu'ils ont bien fait ? Est-ce qu'ils n'ont pas bien fait ? " Beaucoup de gens se sont mobilisés pour faire ce fameux cordon sanitaire avec le Rassemblement National dont… Personne n'oublie quand même la genèse, personne n'oublie la transformation. Et quand j'entends Marine Le PEN dire : " Je ne suis pas antisémite, j'irai marcher. "

ROMAIN DESARBRES
Marine Le PEN est antisémite, pour vous ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, puisqu'elle l'a dit qu'elle ne l'était pas.

ROMAIN DESARBRES
Jordan BARDELLA est antisémite, pour vous ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Jordan BARDELLA n'a pas tenu des propos dignes en disant que Jean-Marie Le PEN qui… Vous savez, moi, je fais une distinction entre la filiation politique et la filiation filiale, si je puis dire. Donc la réalité…

ROMAIN DESARBRES
Mais est-ce que lui l'est ? Ou c'est une formule maladroite ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il n'a pas été clair. Quand vous êtes condamné pour antisémitisme, c'est que vous êtes un de ces, c'est que vous avez tenu des propos et que vous êtes antisémite.

ROMAIN DESARBRES
Ça, c'est Jean-Marie Le PEN, mais Jordan BARDELLA ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ce n'est pas à moi de le dire. Ce n'est pas à moi de le dire. Jordan BARDELLA, je ne suis pas là pour commenter ce qu'il est et ce qu'il n'est pas, ce n'est pas mon job, ce n'est pas mon travail. Et je pense que les Français ne m'attendent pas là.

ROMAIN DESARBRES
Sur la difficulté à nommer les choses, je voulais revenir sur un tweet que vous avez publié le 13 novembre. On va le relire ensemble, ça apparaît à l'écran sur CNEWS, et on va le relire pour les auditeurs d'Europe 1. " 13 novembre 2015, il y a 8 ans, la France et ce qu'elle représente étaient frappés en plein coeur. Une effroyable nuit d'horreur gravée dans nos mémoires. Face à la haine et à l'obscurantisme, nous ne céderons rien, nous resterons debout et unis. Fluctuat nec mergitur. Il ne manque pas un mot ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il ne manque pas un mot ? C'est que toute ma vie… Oui, il doit manquer un mot.

ROMAIN DESARBRES
Pourquoi ne mas nommer l'islamisme ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ah, l'obscurantisme et l'islamisme ? Ah, j'ai été la première ? Ben parce que je trouvais que c'était une formule plus simple. Mais l'islamisme, je suis quand même l'une des premières, je l'ai écrit. Je l'ai écrit, j'ai produit des documentaires pour dénoncer et pour faire la différence. Attention, on ne fait pas… on fait la différence entre les musulmans et les islamistes, et les obscurantistes. D'accord ? Obscurantistes et islamistes… Ce n'est pas grave, je ne vois pas où est-ce qu'on veut m'emmener, mais j'ai été toujours celle qui a dénoncé. Non, on ne me fera pas ce procès.

ROMAIN DESARBRES
Il n'y a aucune ambiguïté ? C'est…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument, il n'y a pas d'ambiguïté. Et mes combats, pour ceux qui me connaissent…

ROMAIN DESARBRES
C'est aujourd'hui de le dire. D'accord.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, c'est toujours… Vous savez quoi ? Ça va mieux en le disant, mais je trouvais que l'obscurantisme, rajouter, ça faisait un peu lourd, donc j'ai choisi d'utiliser cette formule.

ROMAIN DESARBRES
1500 actes antisémites en France, plus de 1500 actes.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
1518.

ROMAIN DESARBRES
1518, dernier chiffre fourni, d'ailleurs, par le ministre de l'Intérieur sur CNEWS et Europe 1.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument.

ROMAIN DESARBRES
Est-ce que vous êtes étonnée par ce nombre ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je suis effrayée par ce nombre. Je ne suis pas étonnée, je suis effrayée.

ROMAIN DESARBRES
Est-ce que vous soupçonniez que l'antisémitisme était là, tapi en France, j'allais dire, prêt à se réveiller, en tout cas prêt à se révéler ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Prêt à se révéler ? Alors écoutez, on n'apprend rien. Regardez ce qui se passe en Allemagne. Je pense que ça ne touche pas que la France.

ROMAIN DESARBRES
C'est vrai.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Malheureusement, ça touche l'Europe. Et regardez, ça touche le monde entier. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis. Enfin, il suffit juste de lire correctement les journaux. Donc c'est pour ça que pour moi, dimanche, c'était très important d'être là. Le soutien, vous savez, à la communauté juive qui vient de… Regardez ce que Israël vit des attentats terroristes du Hamas du 7 octobre. Enfin, le monde est en train d'exploser au Proche et au Moyen-Orient. Et la réalité, c'est que c'est pour ça que pour moi, c'est important de dire : « Faire nation ? Attention ! On est ensemble, les Français, quelle que soit la confession, quelle que soit l'origine, la croyance ou la non-croyance. On est français avant tout, et on est républicain. Et la République doit protéger et protège. Et c'est ce qui fait qu'on fait nation ». Vous savez, moi, je crois beaucoup aux valeurs de notre République.

ROMAIN DESARBRES
D'où il vient, l'antisémitisme ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je ne saurais pas dire exactement d'où il vient, parce qu'après… Vous saurez, vous, m'expliquer ce qui s'est passé pendant la Seconde Guerre Mondiale précisément ? On le sait, c'est la haine, c'est ça. Je l'ai toujours dit, je reprends les propos du Président de la République que je fais mien, mais je l'ai toujours pensé, je l'ai toujours dit, je l'ai écrit, encore une fois. L'antisémitisme n'est que le prélude des autres haine.

ROMAIN DESARBRES
Je veux vous entendre sur d'autres sujets évidemment.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bien sûr.

ROMAIN DESARBRES
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, secrétaire d'État à la Citoyenneté et à la Ville, sur CNEWS et sur Europe 1. La mère de Naël, le garçon de 17 ans qui a été tué à la fin du mois de juin, et son décès a provoqué des émeutes. Il était au volant d'une voiture, il ne voulait pas s'arrêter, et un policier a tiré. La mère de Naël crie à l'injustice après la libération sous contrôle judiciaire du policier qui a tiré sur son fils. Qu'est-ce que vous lui dites ce matin, à la mère de Naël ? " Non, ce n'est pas de l'injustice " ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, écoutez, elle, c'est une maman qui a perdu son enfant. Donc on ne commente pas la perte d'un enfant. Quel que soit les faits, on ne commente pas.

ROMAIN DESARBRES
Elle doit ressentir une peine immense, zéro doute.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je suis maman, donc là, ce n'est plus la ministre qui vous parle. Elle a perdu son fils, donc elle, elle est… Comment dire ? Encore une fois, elle peut dire toute la tristesse, toutes les… Enfin, c'est effroyable, je veux dire, de perdre un enfant. En revanche, je ne commente jamais une décision de justice. Moi, je crois profondément, déjà un, à la présomption d'innocence ; deux, au travail de notre justice. Trois, ce n'est pas le rôle ni d'un membre du Gouvernement ni d'un parlementaire de commenter une décision de justice. Je ne l'ai pas commenté quand il a été incarcéré. Je ne commenterai pas quand il a été libéré au bout de quatre mois.

ROMAIN DESARBRES
Est-ce qu'elle ne fait que défendre son fils ? Ou est-ce que vous suspectez qu'elle vise un autre objectif plus politique aidé et, j'allais dire, voire manipulé par des militants ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, ça… Ecoutez, moi, je ne sais pas, je ne la connais pas. Ce que je sais, c'est que je vois une mère qui a perdu son enfant. Et vous savez, dans des conditions, vous les connaissez… et qui…

ROMAIN DESARBRES
Et qui doit ressentir une peine immense, on n'a aucun doute.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Voilà. Donc moi, honnêtement, je ne sais pas commenter la peine d'une maman qui a perdu son enfant. Et je ne veux pas le commenter.

ROMAIN DESARBRES
Les rencontres de Saint-Denis, c'est aujourd'hui. Éric CIOTTI, Manuel BOMPARD, Olivier FAURE n'y vont pas ; pourtant, ils avaient été invités par le Président de la République à discuter, tout le monde autour de la table. Ça va être un flop ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Pas du tout, écoutez, d'autres sont là, d'autres sont là, enfin, pas du tout. Moi, je pense que c'est une erreur, alors, stratégique fondamentale, une faute, une vraie faute politique selon moi, alors, on parlait des partis de Gouvernement, que ce soit Olivier FAURE ou que ce soit Éric CIOTTI, ceux les mêmes qui viennent vous expliquer qu'il manque de dialogue, qu'on ne les écoute pas assez, qui veulent discuter du référendum, refusent de venir discuter à la table du président de la République, aux côtés d'autres partis tout aussi Républicains qu'eux, c'est une faute, une vraie faute.

ROMAIN DESARBRES
Jordan BARDELLA y va. Ça, l'installe comme seul opposant de Droite ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, c'est, vous poserez la question à Éric CIOTTI, c'est Éric CIOTTI qui devrait vous répondre.

ROMAIN DESARBRES
Je voulais vous parler également du projet de loi sur l'immigration. Il a été très durci par les sénateurs Les Républicains, il arrive le 11 décembre à l'Assemblée nationale. Vous souhaitez revenir à la version initiale avec la régularisation des illégaux dans les métiers en tension ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, non, alors, je vais vous dire quelque chose, vos collègues du Point avaient utilisé une formule dans un article, très bon article qui disait : « La loi immigration - donc, ils parlaient du texte du ministre de l'Intérieur, Gérald DARMANIN - la loi qui met d'accord tous les Français, sauf les partis politiques ». Donc moi, ce que j'espère et ce que je voudrais sur ce texte, et c'est normal, d'être à la hauteur de ce que les Français attendent de nous, c'est-à-dire un texte ferme là où il doit être ferme donc, notamment, allez, on va parler rapidement, juste les trois axes, si vous le permettez : pouvoir expulser les délinquants étrangers dans notre pays, cela représente 4 000 personnes par an, avec cette loi même, que ce soit l'ancien texte ou le nouveau texte le permettra. L'autre chose, c'est la simplification sur les recours. Vous savez très bien que nous avons beaucoup trop de recours auprès de la CNDA, donc douze, nous voulons les réduire à quatre, parce que moins vous laissez de temps sur les recours et moins vous laissez les étrangers irréguliers sur le territoire, plus vous aurez des facilités à les expulser. Et l'autre chose, et je le dis par exemple, cet article, personne n'en a parlé. L'article cinq de ce texte de loi permet maintenant, puisque Bercy l'avait autorisé, quelqu'un qui n'est ni, qui est irrégulier pouvait venir s'inscrire sur une plateforme de livraison, les mêmes qui vous livrent les repas, à partir de ce texte, plus personne ne pourra être inscrit sur une plateforme de livraison sans avoir des papiers réguliers. Vous voyez, je vous parle de l'article…

ROMAIN DESARBRES
Ce que Sacha HOULIE, le président de la commission des lois donc à l'Assemblée, dit : « On va revenir à la version initiale ».

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Sacha HOULIE, non…

ROMAIN DESARBRES
Donc, je ne vois pas comment on va éviter le 49.3.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, non, on appelle ça, non, Sacha HOULIE, c'est le Parlement, c'est le débat des députés, c'était au Sénat, ce sont des parlementaires. Moi je, le texte, qu'ils reviennent ou pas, restera ce texte-là, parce qu'encore une fois, sur la régularisation, rappelez-vous ce qu'avait dit les LR, qu'ils ne voulaient pas entendre parler de ce fameux article trois. Il a été réécrit dans le quatre bis en permettant donc de régulariser les gens qui travaillent sur nos territoires de manière irrégulière. Et c'est toute la dignité de la France quand même de permettre à des gens qui sont sur le territoire, qui ne posent pas de problème, qui travaillent, qui font des métiers en tension comme on dit. Et la réalité, c'est que ça a été réécrit, donc moi, ce que ce que je vois, c'est que le débat parlementaire va pouvoir amender, enrichir, j'ai été député, j'ai été député pendant un an et je sais bien comment tout ça peut se passer, mais je pense quand même qu'in fine, on aura un texte qui fera non seulement consensus et je l'espère de tout mon coeur parce que c'est encore une fois répondre aux attentes des Français. On ne fait pas des textes de loi pour faire plaisir, on fait des textes de loi pour répondre à une urgence du moment, c'est l'urgence du moment, celle-là, c'est l'urgence du moment puisque tout le monde vous parle de ça et regardez ce qui s'est passé : les attentats d'Arras, je reviens encore sur ce sujet, de pouvoir expulser des étrangers qui ont commis des délits même s'ils sont arrivés avant l'âge de treize ans, c'est important, donc, le Parlement va faire son travail et fera son oeuvre.

ROMAIN DESARBRES
C'était la grande interview de Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, secrétaire d'Etat de la Citoyenneté et de la Ville. Merci beaucoup d'être venue ce matin sur CNEWS et sur Europe 1.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous, Romain DESARBRES. Merci infiniment.

ROMAIN DESABRES
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 novembre 2023