Texte intégral
SEBASTIEN GIRAUD
Un ministre en visite aujourd'hui en pays catalan, Olivier VERAN, le porte-parole du Gouvernement, ministre délégué aussi chargé du renouveau démocratique. Il va passer son après-midi à Perpignan et à Millas. Mais ce matin, il est sur France Bleu Roussillon, il est votre invité Xavier PONROY.
XAVIER PONROY
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour aux auditeurs de France Bleu Roussillon.
XAVIER PONROY
D'abord une question, on va vous demander de mettre votre casquette de porte-parole du Gouvernement, une question. On a entendu sur votre antenne ce matin des reportages avec des habitants du département pas franchement convaincus par l'arrivée de l'essence à prix coûtant dans de nombreuses grandes surfaces aujourd'hui avec cet argument : pourquoi l'État ne renonce pas à une partie de ses taxes sur le carburant ?
OLIVIER VERAN
Il faut savoir que sur l'augmentation des taxes perçues avec l'augmentation du prix de l'essence par le Gouvernement, en fait on en a versé trois à quatre fois plus pour la transition écologique notamment ou pour des mesures de pouvoir d'achat. L'année dernière par exemple, l'État, le Gouvernement a perçu deux milliards de plus de recettes fiscales et en a dépensé huit. Donc en fait ça veut dire que même si on renonçait à des recettes fiscales, en fait c'est des dépenses de moins qu'on ferait et donc ça se ressentirait sur le pouvoir d'achat. Par ailleurs, j'attire l'attention sur le fait que 30 % par exemple des recettes du carburant, des recettes fiscales, elles vont directement aux régions. Donc on peut aussi demander aux régions ce qu'elles font de ces recettes fiscales. Ce que je crois, c'est que dans la bataille pour le pouvoir d'achat sur le carburant, il faut, c'est ce que nous faisons d'ailleurs, travailler sur toute la filière, notamment faire baisser le coût du raffinage. Tout le monde fait un effort dans la filière de carburant aujourd'hui, et notamment la grande distribution, on le voit, mais aussi quelques producteurs d'essence. On continue de pousser vraiment tous les feux pour arriver à baisser ce prix de l'essence mais, je le redis, il ne suffit pas de supprimer des recettes fiscales parce qu'en fait ces recettes fiscales, l'argent des Français, il leur est redistribué.
XAVIER PONROY
Autre question d'actualité, Olivier VERAN, le RSA conditionné à 15 ou 20 heures de travail par semaine, mesure votée hier à l'Assemblée nationale. Vous allez arriver aujourd'hui dans les Pyrénées-Orientales, un des départements les plus pauvres de France. Alors concrètement, ça veut dire quoi ? Vous entendez quoi par travail ? Et si je fais que 10 heures de travail dans la semaine, est ce que je ne toucherai rien ? Comment ça va se passer ?
OLIVIER VERAN
Alors il faut vraiment comprendre le truc, la mesure de manière très pratique. D'abord 1/ ce qu'on veut, c'est promouvoir l'emploi pour tout le monde. C'est le premier moyen de sortir de la pauvreté, c'est la première des solidarités. Ça, j'y tiens. Il y a des gens qui aujourd'hui ne suivent pas en ce moment, à l'heure à laquelle on se parle, ni formation ni emploi. Certains, parce qu'ils rencontrent des difficultés dans leur quotidien pour s'occuper de leurs enfants, ont créé le service public de la petite enfance pour donner une solution à chaque parent. D'autres parce qu'ils ont perdu pied avec le travail et avec le milieu professionnel, ils ont eu des expériences de vie parfois compliquées et ils considèrent qu'aujourd'hui ce n'est plus fait pour eux. Et c'est justement eux qu'on va aller soutenir en réalité avec cette mesure. Il y a des milliers d'entreprises qui sont prêtes à accueillir des personnes sans emploi…
XAVIER PONROY
Oui, mais est-ce que ce n'est pas surtout de la main-d'œuvre pas chère pour les entreprises ?
OLIVIER VERAN
Mais non ! Mais attendez, demandez à un chef d'entreprise si accueillir 15 heures quelqu'un qui n'a pas travaillé parfois depuis des mois, il considère que c'est de la main-d'œuvre. Bien sûr que non. On est là dans la capacité à remettre le pied à l'étrier pour des personnes qui sont éloignées du milieu de l'emploi. Et on va faire découvrir d'ailleurs des métiers à des gens qui ne pensaient peut-être pas que ça leur plairait. Prenez quelqu'un qui est depuis deux ans et demi au RSA mais qui avait travaillé pendant des années auparavant, vous lui proposez de faire par exemple un stage de 15 heures en boulangerie, plusieurs semaines. Il y prend goût. L'employeur, le boulanger, dit "en fait moi, ça m'intéresse de continuer à le former parce que c'est la personne que je recherchais, et en plus j'avais du mal à trouver quelqu'un jusqu'à présent". Vous faites d'une pierre deux coups. Vous mettez un salarié là où il faut et vous donnez un emploi à quelqu'un qui n'en avait plus. Donc au contraire, ce qui serait extrêmement lâche, c'est de continuer à faire comme si ce n'était pas grave, on donne 450 euros par mois à des gens comme s'ils pouvaient vivre avec et on leur disait "on ne va rien vous demander". Non, au contraire. Notre politique, c'est de permettre à tout le monde d'accéder à l'emploi.
XAVIER PONROY
Revenons sur la raison de votre visite aujourd'hui en pays catalan. Vous allez rencontrer des étudiants de l'Université de droit de Perpignan pour parler avenir de la démocratie – vaste programme – et présenter un nouveau dispositif, une application sur le téléphone. Ça s'appelle Agora que vous présentez comme un outil de démocratie directe. C'est quoi exactement Agora ?
OLIVIER VERAN
D'abord, on a du numérique et des applications sur nos smartphones pour à peu près tout. Vous êtes d'accord avec moi, vous en avez sur votre téléphone, vos auditeurs aussi.
XAVIER PONROY
Je vous confirme. L'application ICI notamment.
OLIVIER VERAN
Il n'y a pas de raison que la démocratie soit en dehors du champ du numérique. Donc c'est une appli gouvernementale, qui n'est pas politisée mais qui est une appli gouvernementale, qui permet chaque semaine de faire des questionnaires, des consultations auprès des Français sur des thèmes importants. Cette semaine par exemple, c'est l'écologie, la sobriété énergétique, la démocratie. Il y en aura d'autres sur l'emploi, sur la santé, les solidarités, l'immigration. Bref, on interroge les Français, ils répondent via des QCM. C'est simple, c'est rapide, c'est anonyme, c'est gratuit. Ça nous permet d'avoir une base de réponse des Français très importante, de revenir vers eux pour leur dire "voilà ce que vous nous dites de ces sujets et voilà comment est-ce qu'on va en tenir compte". Donc ça recrée du lien entre les citoyens et le Gouvernement.
XAVIER PONROY
Est-ce que vous allez vraiment en tenir compte ? On se rappelle des cahiers de doléances, c'était un peu le même principe. Ça n'avait amené à rien au final.
OLIVIER VERAN
L'un des problèmes de cahiers de doléances, c'est que beaucoup étaient sous format papier et en fait, il y a eu des difficultés pour extraire la totalité des données. Et justement, moi je suis parti du constat qu'il y avait des difficultés pour me dire qu'avec le numérique on y arrivera mieux. Puis il y a une autre option sur Agora, c'est que vous êtes capables de poser des questions au Gouvernement, de voter pour là ou les questions qui vous semblent les plus pertinentes, et moi je m'engage à ce que le Gouvernement réponde par vidéo dans l'appli et moi-même. Et moi même en compte rendu de Conseil des ministres, chaque semaine, je répondrai à des questions qui auront été posées sur Agora. Ç'a commencé hier matin, on a déjà plusieurs milliers de réponses aux premières consultations. On a près d'un millier de questions déjà qui ont été posées par les Français, ça veut dire que ça correspond à un besoin. Moi je suis convaincu que ça va marcher dans la durée.
SEBASTIEN GIRAUD
Notre invité, Xavier PONROY, est Olivier VERAN, porte-parole du Gouvernement et ministre du Renouveau démocratique.
XAVIER PONROY
Et qui est en visite aujourd'hui en Pays catalan. Olivier VERAN, vous étiez à Beaucaire il y a quinze jours, ville dirigée par le Rassemblement national. Vous êtes à Perpignan aujourd'hui, ville aussi dirigée par le RN. Ce n'est pas le hasard, j'imagine.
OLIVIER VERAN
Non, ce n'est pas un hasard. D'abord je suis ministre de la République et j'ai vocation à aller sur tout le territoire national. Ensuite je suis à la fois mis du Renouveau démocratique et donc j'écoute ce que les gens ont à dire. Je me mets, entre guillemets, à portée d'engueulades, de discussions, d'échanges et de propositions, ce que je vais faire notamment à l'université à l'invitation du président de l'université, pour aller dans le cours de droit public de Christophe HEUZE. Et je suis aussi porte-parole et donc là, je dois promouvoir aussi l'action de l'État dans les territoires, et on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Et j'ai pu constater qu'à certains endroits, si ce n'est pas nous qui faisons la promotion de ce que nous faisons, ce n'est pas nous qui expliquons aux Français en fait où va l'argent de leur impôt et pourquoi c'est utile dans leur quotidien, personne ne le fait. Donc j'ai décidé d'aller aussi dans les territoires où les ministres, où les politiques se rendaient parfois moins.
XAVIER PONROY
Mais alors, vous allez rencontrer Louis ALIOT et les quatre députés du Rassemblement national qu'il y a dans le département ?
OLIVIER VERAN
Moi, je suis très républicain et donc évidemment, je les ai invités et je crois qu'il n'y a eu aucun problème et que le maire de Perpignan sera là. Outre le déplacement à l'université, je vais aller visiter un logement. Une dame nous ouvre les portes de son logement parce qu'elle a fait une rénovation globale de son logement pour réduire sa facture énergétique, aidée par l'État avec MaPrimeRenov.
XAVIER PONROY
MaPrimeRenov, et ensuite vous allez à Millas justement pour l'inauguration d'un centre de santé pluridisciplinaire, projet porté notamment par la région Occitanie. Pourquoi ce déplacement ? C'est que c'est un bon exemple ?
OLIVIER VERAN
Porté justement, vous voyez pourquoi je vais aussi inaugurer le centre de Millas : c'est qu'on ne dit jamais quand l'État soutient quelque chose. L'État soutient à plus de 40 % ce projet et la région est importante mais elle soutient à 30 %, donc c'est un projet… Mais c'est pour ça que je vous dis parce que des fois les gens nous disent "mais qu'est-ce que vous faites en fait pour nous, en fait c'est les collectivités, etc". Les collectivités font leur part, c'est important. En fait, l'État c'est l'argent des impôts et donc c'est vraiment fondamental de rappeler qu'en fait l'argent des impôts des Français, on l'investit pour la santé, pour l'éducation et pour l'énergie. Les trois étapes de mon déplacement du jour.
XAVIER PONROY
Merci Olivier VERAN, porte-parole du Gouvernement, ministre du Renouveau démocratique. Vous étiez notre invité ce matin sur France Bleu Roussillon dans le cadre de ce déplacement que vous faites aujourd'hui à Perpignan et à Millas. Merci à vous, bonne journée.
OLIVIER VERAN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2023