Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
8h34, notre rendez-vous politique, les Français veulent savoir, tous les matins parlons vrai avec notre invitée, ce matin Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville, bonjour.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Le Proche-Orient, 58 otages libérés depuis vendredi, 117 prisonniers palestiniens libérés, pour l'instant, parmi les otages, aucun Français, pourquoi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, la première chose c'est que les huit Français, ou disparus, ou en otages, la réalité c'est que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne sait pas.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
On ne sait pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne sait pas s'ils sont morts ou s'ils sont toujours otages du Hamas.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou du Djihad islamique, je le précise.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ou du Djihad islamique, absolument. La chose qui est sûre, et ça je viens l'affirmer devant vous et devant tous les Français qui nous écoutent, c'est que le président c'est le dossier sur lequel il passe tout son temps, la ligne en ce moment c'est de dire " libérer les Français encore détenus en Israël ", en Israël, enfin pas le Hamas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne sait pas si les huit Français sont vivants !
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, on ne sait pas, la réalité c'est que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On n'a pas d'informations là-dessus.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Pas plus d'informations que ça, et puis quand même bien j'en aurais, je pense que ça serait très délicat que je vienne à votre micro le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je comprends.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais c'est l'obsession du président de la République, et qu'une chose est sûre, et il l'a dit, et moi je reprends ses mots, la France n'abandonne et n'abandonnera jamais ses enfants, où qu'ils soient.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La trêve…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et une pensée, pardon, vraiment particulière pour les familles parce qu'on a rarement l'occasion de leur dire, moi je leur dis que tous les jours j'y pense, tous les jours je partage leur peine, la France c'est ça, la France c'est partager la douleur, et de dire on sera toujours à leur côté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La trêve s'achève demain à 6h, est-ce que la France souhaite que la trêve soit prolongée ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il me semble que le président de la République s'est exprimé, il a eu raison de dire qu'une trêve humanitaire était indispensable, la réalité c'est que cette trêve humanitaire permet aussi la libération des otages au fur et à mesure, regardez, vous venez de citer le nombre d'otages libérés, donc tout ce qu'on peut souhaiter c'est que cette trêve entraîne la libération de tous les otages détenus par le groupe terroriste du Hamas, ça c'est la première chose, et l'autre chose de dire, les populations civiles à Gaza doivent être aussi préservées, moi je l'avais dit plusieurs fois, et je suis parfaitement alignée sur la ligne du président de la République, et de mon gouvernement, du gouvernement auquel j'appartiens, de dire on doit préserver toutes les vies civiles à Gaza, c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toutes les vies civiles à Gaz. Le meurtre aveugle de civils innocents dans les territoires palestiniens est-il inacceptable ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, chaque vie perdue, de civils…parce que, qu'est-ce qui est juste inacceptable ? c'est que, comme d'habitude, le Hamas vient de créer, c'est le… il faut revenir au départ. Qui provoque ça à la base ? c'est quand même l'attaque odieuse, enfin moi je n'ai pas de mots assez forts pour qualifier ce qui s'est passé le 7 octobre, et la réalité c'est que, encore une fois, les populations civiles à Gaza se retrouvent prises en otage, en réalité, par le Hamas, elles se sentent bouclier humain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais moi je vous ai parlé du meurtre aveugle de civils innocents dans les territoires palestiniens.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce acceptable ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ce n'est pas acceptable. Ce n'est pas acceptable, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que dit le Premier ministre espagnol.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, mais… ce n'est pas acceptable, mais à la fois le droit d'Israël de se défendre, et ce n'est pas moi qui, comment dire… vous m'aviez déjà interrogée, j'avais répondu très franchement, le droit d'Israël de se défendre dans le cadre des règles de la guerre, et dans le cadre du droit international.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La mort de Thomas, à Crépol, aucune minute de silence pour Thomas sauf sur les terrains de rugby ce week-end, pourquoi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je ne sais pas vous dire, mais en tout cas Thomas mérite sa minute de silence parce que déjà, première chose, je voulais, et j'en profite, tous les mots que je pourrai prononcer à votre micro, à l'endroit de ses parents, ne pourront jamais être à la hauteur de la peine et de la douleur provoquée par la perte d'un enfant, ça c'est la première chose, de leur dire que mes pensées les accompagnent et leur présenter toutes mes sincères condoléances, première chose. Et Thomas, oui, moi je pense que Thomas, comme tous les enfants, c'est un enfant de 16 ans qui a perdu la vie, 16 ans ce n'est pas un âge pour partir, donc oui, vous avez raison, on m'a déjà questionnée, oui, bien sûr, une minute de silence pour Thomas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il l'a faut.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il l'a faut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Samedi soir, à Romans-sur-Isère, des militants d'extrême-droite, plusieurs dizaines, certains armés de barres de fer ou de battes de baseball, ont défilé à proximité du quartier de la Monnaie, derrière une banderole " Justice pour Thomas, ni pardon, ni oubli ", mais j'ai vu aussi d'autres mots, " La rue, la France nous appartient ", " La rue, la France nous appartient ", " Islam hors de France. " A qui appartient la rue ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
La rue elle appartient à tous les Français, la rue appartient à tous les Français…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous condamnez cette manifestation ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non seulement je la… alors, non seulement je la condamne, je rappelle juste, et vous me permettez aussi de saluer les forces de l'ordre qui ont, et anticipé, donc je rappelle juste, 20 interpellations, avant que des drames arrivent à nouveau, donc ça c'est la première chose. La mobilisation exceptionnelle, de nos forces de l'ordre, sur lesquelles certains partis tapent sans arrêt, s'ils n'étaient pas là il y aurait eu des drames, oui, donc moi je salue déjà leur courage et leur sens de l'anticipation, c'est la première chose. Evidemment que je la condamne, parce que vous imaginez bien que les mots qui ont été prononcés… vous savez, on ne répare jamais une injustice par une autre injustice. On peut demander, et on a le droit de demander la justice pour Thomas, mais on la demande dans des règles. Nous sommes un Etat de droit, nous sommes un Etat de droit, et moi je ne peux pas accepter que dans mon pays des propos pareils soient tenus, d'un côté comme de l'autre, et évidemment que je condamne cette manifestation parce que c'était…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eric CIOTTI ne la condamne pas.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est son problème, c'est son problème, pas le mien, moi je pense qu'à un moment donné on ne peut pas non plus tout accepter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais lorsque vous entendez " La rue, la France… "
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est l'extrême-droite, ce sont des groupes d'extrême-droite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, l'extrême-droite.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument, d'extrême-droite, qui sont venus en découdre… alors, là, Thomas n'est qu'un prétexte. Vous savez, prendre la mort d'un jeune, vraiment, en prétexte pour venir exprimer tout ce qu'il y a de plus horrible, de plus méchant, de tout ce qu'il y a de plus haineux en soi, non seulement je le condamne, et la justice fera son travail, puisque la police a fait le sien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, certains quartiers n'appartiennent-ils pas aux trafiquants de drogue ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, ils n'appartiennent pas, ils sont investis par des trafiquants de drogue, non, non, non, ils sont investis par des trafiquants de drogue, et moi, par contre, sur ce sujet je sais d'où je parle. La réalité c'est qu'il faut sans relâche, avec beaucoup de courage, avec tous les outils que le droit nous permet, ne rien lâcher, ne rien abandonner. C'est ce qu'on fait, vous savez, moi je le vois, et je répète souvent ce chiffre, parce que c'est une réalité, quand à Marseille on arrive à pilonner et à stopper complètement sans que ces points de deal se reproduisent ailleurs, 70 points de deal en deux ans, évidemment vous créez une tension chez les trafiquants de drogue, qui deviennent de plus en plus violents parce que vous leur réduisez leur part de marché. La réalité, c'est ça, c'est une guerre impitoyable contre les trafiquants de drogue. Et moi je l'avais dit, il va falloir aller beaucoup plus loin, notamment sur les mères nourrices qu'on oblige à cacher de la drogue, et j'avais dit il faut un statut spécial, sur le modèle par exemple du repenti, ça c'est mon idée, je la mets sur la table, j'en ai beaucoup parlé, c'est de dire si vous voulez que les gens parlent, il faut qu'ils soient protégés, et des gens qui ne sont pas protégés ne parlent pas, c'est comme ça, on appelle ça la terreur, donc si les gens se sentent protégés ils parleront plus facilement, et là la police pourra encore mieux faire son enquête parce que, de quoi vivent… comment travaillent nos policiers ? c'est avec le renseignement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, les consommateurs, parlons des consommateurs…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
J'en ai souvent parlé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des amendes délictuelles sont en place…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord, mais pourquoi ne pas inscrire ces condamnations, ces amendes, au casier judiciaire ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi je suis favorable, c'est un délit, c'est un délit, ce n'est pas rigolo de consommer de la drogue, ce n'est pas drôle, ce n'est pas anodin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez le proposer, le gouvernement va le proposer ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je ne sais pas si le gouvernement va le proposer, mais en tout cas moi, dès que c'est mis sur la table, et je vous dis, c'est le rôle du Parlement aussi, de s'emparer du sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez mettre ça sur la table, au Parlement ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je pense que ça va être mis sur la table au Parlement, et je le souhaite, en tout cas je le souhaite, moi je le souhaite sincèrement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire qu'une amende délictueuse, une amende pour consommation de drogue, sera inscrite au casier judiciaire ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je demande à ce que ça le soit, moi en tout cas c'est ma position et puis, vous soyez, on est quand même, avec le ministre de l'Intérieur, et on ne peut pas dire, enfin on peut reprocher beaucoup de choses, mais on ne peut pas dire que le ministre de l'Intérieur, Gérald DARMANIN, sur ces sujets, hésite ou ne sait pas exactement où il va, moi je pense très sincèrement que si on ne va pas aussi loin, on ne pourra pas, on ne pourra jamais agir sur les consommateurs. Mais autre chose, à côté de ça, je veux parler en face de prévention, sujet qui a complètement disparu, mot qui a complètement disparu, parce que la réalité c'est que la prévention c'est important, parce qu'on sait très bien que sur les consommateurs, ceux qui ne sont pas encore complètement, on va dire, envahis et complètement irrécupérables, il y a plein de gens sur lesquels on peut faire ce travail de prévention, mais de l'autre côté, oui, consommer de la drogue ce n'est pas drôle, il y a une implication, il y a des conséquences sur notre société, sur la santé des gens en premier, des consommateurs eux-mêmes, et sur le trafic de drogue. Je l'avais dit, pas de consommateurs, pas de dealers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La mort de Thomas est instrumentalisée selon vous ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Elle est instrumentalisée par deux extrêmes, et je trouve ça non seulement indigne, j'ai honte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous comprenez qu'on publie les prénoms des agresseurs potentiels ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, vous savez, publier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soupçonnés ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je vais vous dire. Moi ce que je réponds à ça, et je m'attendais à ce que vous me posiez la question, ce qui fait que c'est ces individus décérébrés, complètement débiles, crétins, enfin je n'ai pas assez de mots pour les nommer, irresponsables, assassins, tout ce que vous voulez, ce n'est pas leur origine ethnique, c'est leur bêtise, c'est la bêtise en fait. Le truc c'est que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas de racisme anti-blancs là ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Là il y a eu un assassinat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si certains d'entre eux auraient, j'emploie le conditionnel, toujours…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est pour ça qu'il faut laisser la justice faire son travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'emploie toujours le conditionnel.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Auraient dit " on est là pour planter des blancs ", " tuer des blancs " ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Vous savez, moi je ne me positionne jamais à la place de la justice, et je crois profondément…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, la justice le dira.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument. La justice, non, mais… la justice non seulement le dira, non seulement j'espère que la justice sera d'une sévérité absolue envers ceux qui ont commis cet assassinat, parce que c'est un assassinat, et la réalité c'est que, encore une fois, si on part du principe que c'est l'origine ethnique qui fait provoquer tel ou tel crime, mais d'un côté comme de l'autre, on se trompe. La réalité c'est que c'est la bêtise humaine, c'est la haine qui emmène à ce genre de comportements et qui emmène à des drames pareils.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il y a aussi une volonté d'installer le chaos chez certains ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Regardez, clairement, clairement. Vous savez, de cette situation naîtra le néant, du chaos naît le néant, c'est ça la réalité, c'est que la conséquence sera le néant, mais nous on est un grand pays, on est une grande nation, On est la sixième puissance mondiale, j'aime mon pays et je l'ai suffisamment dit, je pense qu'on est capable de transcender tout ça, la réalité c'est que les gens… vous savez, moi vois me connaissez un petit peu, je suis tout le temps dehors, les gens, la police fait son travail, regardez ce qui s'est passé justement à Romans-sur-Isère, où la police a su, et anticiper, et interpeller, tous ceux qui étaient venus en découdre. Mais de l'autre côté, qu'est-ce que vous demandent les gens ? ils vous demandent de la justice. Et je demande, moi, vraiment c'est mon souhait, que la justice soit à la hauteur du crime qui a été commis, et des crimes qui sont commis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et je sais qu'elle le sera, moi j'ai confiance en la justice de mon pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gérard COLLOMB a démissionné du ministère de l'Intérieur en 2018, il disait, le jour de sa démission, de son discours de départ, " aujourd'hui on vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face. " Est ce que la prophétie est en train de se réaliser ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Il avait le bon diagnostic, et j'en profite pour présenter mes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais le lire.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Allez-y.
JEAN-JACQUES BOURDIN
" Si j'ai un message à faire passer, je suis allé dans tous les quartiers nord de Marseille, au Mirail, à Toulouse, à ceux de la couronne parisienne, Corbeil, Aulnay, Sevran, c'est que la situation est très dégradée, et le terme de reconquête républicaine prend là tout son sens parce qu'aujourd'hui, dans ces quartiers, c'est la loi du plus fort qui s'impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux qui a pris la place de la République. " Il a raison ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Quel constat. Alors, il a raison dans son constat pour certains quartiers…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il avait raison ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui, il avait raison, puisque la réalité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il a toujours raison ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ? ah non !
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, quand je dis non c'est… vous savez on peut partir, et c'est une enfant de Marseille qui vous répond, moi qui ai produit un documentaire qui s'appelle " Territoires perdus de la République ", ce n'est pas moi qui vais venir à votre micro dire le contraire de ce sur quoi j'ai travaillé pendant des années. La réalité, c'est que plusieurs choses, déjà la France perd un grand homme d'Etat, un grand homme politique, et il a été un grand ministre de l'Intérieur, donc ça c'est la première chose, et j'en profite, pareil, je profite d'être à votre micro pour présenter mes condoléances à sa famille, je n'avais pas eu l'occasion de le faire. La deuxième chose c'est que, si vous considérez que tous nos combats sont perdus, vous savez, les combats perdus c'est ceux qu'on ne mène pas… moi j'ai décidé qu'on devait, moi dans ma vraie vie, avant de faire de la politique, et quand je vois Gérald DARMANIN à la tâche en disant " on ne va plus jamais les laisser tranquille ", la réalité, c'est que c'est un combat difficile. Première chose, moi je plaide pour un désarmement financier massif des narcotrafiquants, on sait où aller les chercher et il faut taper là où ça fait mal, c'est-à-dire leur porte-monnaie. La deuxième chose, on parlait des consommateurs, prévention, et oui, je pense qu'il faut s'inscrire, oui c'est un délit, c'est un délit de consommer de la drogue, et l'autre chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on inscrit ce délit au casier judiciaire, du consommateur.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument, et l'autre chose, et l'autre chose, quand je vous disais de protéger les gens pour qu'ils parlent, la réalité c'est que, si on ne donne pas un cadre juridique suffisamment protecteur, aux mères de famille notamment, qui sont les plus exposées, je vous rappelle que 30% de familles monoparentales dans les quartiers prioritaires, ce n'est pas un chiffre que j'invente, c'est la réalité, et qu'il faut maintenant aller beaucoup plus loin, moi je plaide pour ça, pour qu'on puisse protéger ces femmes mieux pour qu'elles puissent parler. Et vous savez, s'ils ne savent plus où mettre leur drogue dans le quartier, ils partiront…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un statut.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Un statut, moi je plaide pour un statut, je l'ai toujours dit. Vous savez, c'est un sujet que je connais par coeur, combien de mes amis d'enfance ont perdu des enfants dans des règlements de compte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça aussi ça va être inscrit, ça va être inscrit dans la loi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Là, pour l'instant j'ai posé l'idée, j'en parle avec bien sûr le ministre de l'Intérieur, qui est quand même mon ministre de tutelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y est favorable ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Favorable, et j'en ai parlé aussi à la Première ministre, j'en ai parlé avec Eric DUPOND-MORETTI…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Favorables ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Favorables en disant " oui, c'est une piste ", je n'ai pas dit que ça se fera, c'est une première piste, et je pense qu'on doit, et c'est notre responsabilité, la mienne en tout cas, moi c'est le sens de mon engagement, tout ce que je pourrai essayer de faire pour aider et pour que tout cela cesse, tous les jours on a des gens, vous savez, à Marseille, on a eu la petite Socayna, et maintenant on a Dijon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on a Dijon.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Petite Socayna c'était la fille d'une amie à moi, AVS, une AVS de l'école de ma fille, c'était la fille de Leïla, et la réalité c'est, comment pouvoir se dire le matin quand je me lève, " non j'ai tout perdu ", non, moi je dis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tuée par les balles d'un trafiquant de drogue.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument, donc moi je dis que rien n'est perdu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors qu'elle était en train d'étudier dans sa chambre.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Une étudiante en droit, absolument, et la réalité c'est que face à eux on ne tremblera pas, face à ces criminels, ces dealers, ces trafiquants de drogue, on ne tremblera pas, et c'est eux qui perdront in fine, et on gagnera le combat, j'en suis sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, projet de loi immigration, vous faites un lien entre l'immigration et ce qui s'est passé à Crépol ? certains l'ont fait.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, moi non, non, je vous dis, le seul lien que je fais, non, non, c'est la bêtise humaine, regarder où nous mène la bêtise humaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, projet de loi immigration, qui arrive ce lundi en commission des lois à l'Assemblée nationale. Vous pensez que vous allez éviter le 49.3 ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui, moi, honnêtement, je pense qu'en responsabilité, je me permets juste de reprendre l'expression de vos confrères, vraiment du point qui avait très bien résumé la situation, et j'ai adoré ce titre. C'est la loi Immigration, la loi sur laquelle tous les Français sont d'accord, sauf les partis politiques. Moi, j'appelle tout le monde, quel que soit le bord politique, d'un côté et de l'autre de l'hémicycle, de prendre leurs responsabilités. Les Français attendent quoi ? De la fermeté. Les Français attendent quoi ? De la cohérence. Les Français attendent quoi ? A ce qu'ils soient entendus sur ce sujet. La réalité, c'est que je ne vois pas comment, vous savez, après, toutes les lois, on peut les améliorer, et c'est le rôle du Parlement, regardez, c'est passé au Sénat, ça revient. Alors, moi, j'étais commissaire aux lois, et aujourd'hui, ça arrive chez mes anciens collègues commissaires aux lois de l'Assemblée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le texte sera ramené à sa version initiale ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Le Parlement..., l'Assemblée nationale le dira. Moi, honnêtement, alors, sur ça, je n'ai vraiment pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le texte du Sénat vous va ? Est-ce qu'il vous convient ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, le texte du Sénat, c'est un texte, alors, je reprends, pareil, les propos de Gérald DARMANIN, c'est un Sénat qui est à droite. Donc, c'est un texte de droite qui a été voté. Et moi, ce que je dis, c'est que sur notamment quelques sujets, par exemple, on va parler des métiers en tension, qu'il soit réécrit dans l'article 4 bis, c'était l'article 3, rappelez-vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui a été transformé en article 4 bis…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, de l'automaticité, de la régularisation, nous passons à une automaticité à la main du préfet. Ça, l'Assemblée nationale, et le travail de mes anciens collègues, députés, députés que j'ai été, va être de trouver un consensus. Moi, je suis sûre qu'on peut trouver un consensus sur un sujet aussi primordial. Il n'y a pas que la France qui est touchée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais que changeriez-vous du texte du Sénat ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, je pense qu'il faut revenir réécrire sur l'article 3. Je pense qu'il y a…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'article 3 ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
L'article 4 bis, je pense qu'il faut revenir probablement à une version plus initiale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est tout ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
De notre ADN, vous savez, nous sommes...
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'AME, la suppression de l'AME ? Suppression de l'AME ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, alors, l'AME, alors, je vais vous dire. Alors, moi, j'ai toujours pensé déjà, c'est un cavalier législatif, vous verrez que le Conseil constitutionnel va le retoquer à tous les coups.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on se demande ce qu'il fait dans ce…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Voilà, on se demande ce qu'il fait, mais moi, je comprends des collègues comme d'un côté comme de l'autre, de dire : est-ce qu'on a le droit de discuter de l'AME ? Et je dis juste que la Première ministre, en anticipation, et je pense qu'elle a pris une excellente décision de confier un rapport, parce que, vous savez, on ne peut pas prendre juste des décisions parce qu'on l'a décidé, de confier un rapport à l'ancien ministre EVIN et à monsieur STEFANINI sur ce sujet de l'AME. Donc, un grand spécialiste de l'immigration, et l'autre, grand spécialiste des sujets de santé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous interroger sur Marseille. Il va nous rester trois minutes, mais j'ai un mot quand même, parce que je me mets à la place des Français. Eric DUPOND-MORETTI, Garde des sceaux, devant la justice. Olivier DUSSOPT, ministre du Travail devant la justice, ça ne fait pas un peu trop ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ça fait que la justice..., ça démontre quelque chose. Moi, j'écoute ce que les gens m'ont dit, notamment à Marseille, c'est drôle que vous me parliez de ça, tout le monde…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien évidemment qu'ils vous en parlent…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, tout le monde est justiciable, tout le monde..., écoutez-moi, la justice fait son travail, et je suis de celle qui dit attention, présomption d'innocence, je ne parle jamais ni je ne commente jamais ni une condamnation, ni une mise en examen. La justice fera son travail. Et je vous le redis, moi, je pense, enfin, j'ai une profonde…
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'ils sont condamnés, ils doivent démissionner ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est ce qu'avait dit peut-être la Première ministre, il me semble. Et puis, je pense qu'en responsabilité, et vous verrez, et vous verrez. Vous savez, je n'aime pas parler ni à la place de mes collègues ni à la place de personne, en responsabilité, ils sauront prendre la bonne décision au bon moment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Terminons avec Marseille. L'Etat a fait un effort considérable pour Marseille…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Colossal…
JEAN-JACQUES BOURDIN
5 milliards d'euros, on est bien d'accord. Est-ce que si en 2026, ça n'avance pas, vous reprenez l'argent ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est l'Etat. Oui, oui, absolument, ça repart directement à Bercy. La réalité, c'est que vous me permettez, trois sujets...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous reprenez l'argent si les chantiers ne sont pas…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ne sont pas avancés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ne sont pas avancés…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ne sont pas faits. La réalité, c'est que c'est un plan de sauvetage inédit décidé par le président de la République en septembre 2021. Ça, c'est la première chose. Les écoles, vous le savez, c'est un domaine absolument municipal. Un maire, quel que soit le maire, pas seulement celui de Marseille, tous les maires ont la charge de leurs écoles. L'Etat met 1 milliard sur les écoles à Marseille, 188 écoles, 400 millions d'euros en subventions, et 650 millions d'euros en prêts garantis par l'Etat. Ça veut dire que si demain, ils n'arrivent pas à payer, c'est l'Etat qui paye. Bon, moi, tout ce que je suis venue demander, et je vais vous parler aussi des projets ANRU, donc de la rénovation urbaine, sur les écoles, j'attends que les chantiers s'accélèrent, et que tout le monde se mette enfin en ordre de bataille pour faire avancer, pas pour me faire plaisir, pas pour faire plaisir au président de la République, pour que les petits Marseillais aillent dans des écoles décentes. Et moi, je fais partie des petits enfants marseillais qui sont allés dans des écoles pas correctes. Donc je voudrais que les petits Marseillais aillent dans des écoles correctes. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, sur la rénovation urbaine, 650 millions d'euros conventionnés, on est d'accord, depuis à peu près... je crois que c'est 2019-2020. Les concertations ont démarré à peine, parce que j'ai tapé du poing sur la table et que j'ai dit : il va falloir concerter avec les habitants. Et la réalité, la réalité, c'est que je déclenche, je déclenche, et c'est ce qui est en train de se passer, j'ai demandé à ce qu'il y ait des opérations d'intérêt national. Ça veut dire, en gros, que l'Etat, donc ça sera instruit par le préfet, reprenne la main sur l'instruction de certains dossiers primordiaux. Je parle de cités, les gens comprendront, la Castellane, Air-Bel, par exemple, qui sont deux grandes cités, deux grands groupes de logements sociaux où l'état est tellement dégradé, c'est-à-dire, leur état de... comment dire... enfin, l'état des bâtiments…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des immeubles, des bâtiments…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
L'état des immeubles est tellement dégradé que c'est..., bon, enfin, c'est catastrophique. La réalité, c'est que l'argent est là, et j'attends qu'il soit instruit. Donc maintenant les OIN, Opérations d'Intérêt National, on vient…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quand même extraordinaire, l'Etat est prêt à engager 5 milliards d'euros, et ça n'avance pas. C'est quand même extraordinaire !
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien, vous voyez, non, alors, non, mais c'est encore... le sujet, c'est 1°) : est-ce que, à la ville, alors, à la ville de Marseille, et moi, j'ai vu le maire de Marseille, et vous voyez comment s‘est passée quand même ma venue de vendredi, c'est qu'on est tous d'accord, et on s'est dit les choses les yeux dans les yeux. Que ce soit avec la présidente de la métropole et du département, Martine VASSAL, et le maire de Marseille, Benoît PAYAN, à partir d'aujourd'hui, on ne dira plus c'est la faute du voisin. Donc moi, tout ce que je leur ai demandé, c'est de dire : l'argent est là, il faut qu'il soit déployé, pas pour se faire plaisir, mais pour que la vie des Marseillais change. Enfin !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, un mot sur les dérives sectaires. Est-ce que vous avez créé un délit de provocation à l'abandon ou à l'abstention de soins, à l'adoption de pratiques exposant à un risque grave pour la santé ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui, absolument, absolument…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, Didier RAOULT aurait pu être poursuivi si ce délit avait existé alors ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oh, là, vous me posez... c'est une excellente question. C'est une excellence question…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, c'est une excellente question.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais je pense que le Covid, très sincèrement, alors, c'était ma collègue Sonia BACKES, qui avait beaucoup travaillé sur ce sujet. C'est même elle qui prépare le texte de loi avant que j'arrive. Je pense que la première chose, c'est que 25 % des signalements à la Miviludes concernent la santé. Donc ça veut dire que sur la santé, on a un vrai sujet. La réalité, c'est que, c'est quoi l'abandon de soins ? Je prends un exemple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rapide, parce qu'on est pressé par le temps…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Qu'est-ce qu'on crée, on crée... voilà, vous êtes malade, vous avez une maladie très grave, et vous avez un gourou, comme je les appelle, 2.0, qui vous explique que vous allez abandonner par exemple votre chimiothérapie, et que de prendre un jus de légumes, ça va vous soigner…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou la vaccination…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
La vaccination, c'est un peu différent parce que, non, la coordination, c'est différent. Dire à quelqu'un : ne te vaccines pas contre la grippe, ce n'est pas la même chose que de dire : abandonne ta chimio. Enfin, ça, les Français…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais je parle du Covid…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien, le Covid, c'était une obligation, et c'était un intérêt général. Ce n'est pas la même chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Eh bien, merci Sabrina AGRESTI-ROUBACHE…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je vous en prie Jean-Jacques BOURDIN. Il y aurait encore plein de choses à dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez parlé des yeux dans les yeux, eh bien, jeudi matin, dix ans après « Les Yeux dans les yeux », Jérôme CAHUZAC sera ici, avec moi…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est vrai...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8h58. Merci d'être avec nous sur l'antenne de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 novembre 2023