Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Clément BEAUNE.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être dans ce studio. De nombreuses questions à vous poser. Vous êtes le ministre des Transports, je vais vous interroger dans un instant sur les prix des trains, sur le pataquès des JO mais d'abord sur la question des autoroutes. Est-ce que les prix des péages vont augmenter ?
CLEMENT BEAUNE
Les prix des péages, ils augmentent chaque année au 1er février depuis des décennies et c'est notamment lié à l'inflation. Cette année, il y a une hausse qui a été importante, qui a été de 4,8% et je veux le dire, parce qu'il y a eu beaucoup de fake news, l'année prochaine il y aura une hausse qui sera limitée, une hausse qui sera inférieure à 3% à partir du 1er février, donc rien avant, rien notamment pour les vacances de Noël et ceux qui partent en voiture en famille, elle sera inférieure à 3%. Je vous le dis parce qu'il y a eu beaucoup d'intox, il y a eu beaucoup parfois de mensonges liés à cette taxe sur les sociétés de concessionnaires d'autoroutes. Elle n'a aucun impact sur l'évolution des péages. Certaines sociétés d'autoroutes ont dit : ça va faire augmenter ou exploser les péages…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est le cas de VINCI qui dit " non, non, ce sera 5% parce qu'il faudra bien compenser la taxe sur les superprofits des sociétés d'autoroutes. "
CLEMENT BEAUNE
C'est non, je vous le dis clairement. C'est pour ça que je voulais vous le dire tôt. Il y aura une augmentation qui est chaque année au 1er février en vigueur, elle sera beaucoup moins forte que l'an dernier et elle sera inférieure à 3%.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc si VINCI vous dit " nous on augmente de 5% ", vous l'en empêcherez ?
CLEMENT BEAUNE
Absolument.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous en avez les moyens ?
CLEMENT BEAUNE
Oui, parce que c'est l'Etat qui, à la fin, prend un texte juridique qui valide cette évolution des péages. On est liés par un contrat, c'est ça qui fait qu'il y a une augmentation chaque année pour tenir compte des investissements. Les sociétés d'autoroutes, elles font un boulot pour déployer des bornes électriques, pour entretenir nos routes, pour plus de sécurité - c'est bien - pour payer des gens qui nous dépannent qu'on a une difficulté. Il faut rémunérer tout ça, c'est normal. Mais il faut trouver un équilibre entre la transition écologique, les investissements et le pouvoir d'achat. Donc pas de 5% et tous ceux qui ont dit ça et qui ont parlé de répercussion de la taxe ne disent pas la vérité aux Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc moins de 3 % et pas avant février…
CLEMENT BEAUNE
Au 1er février.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais qu'en est-il de l'année suivante ?
CLEMENT BEAUNE
Alors c'est chaque année déterminé, notamment en fonction de l'inflation.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais on a déjà un chiffre de 5 % qui circule pour l'année 2025.
CLEMENT BEAUNE
Non. Écoutez, on verra ce qu'est l'inflation de 2024. Les indications qu'on a et la prévision officielle pour 2024, c'est une inflation qui tourne autour de 2,5 %. Donc on aura peut-être des hausses l'année suivante, mais qui seront modérées aussi, mais on ne le sait qu'à la fin de l'année.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais on ne voudrait pas se dire "vous nous gardez à 3 % là mais pour compenser l'année d'après".
CLEMENT BEAUNE
Non, non, non. Je veux être très clair, Apolline de MALHERBE. Chaque année, il y a une revalorisation et chaque année, c'est au 1er février. Elle dépend notamment de l'inflation donc tant qu'on ne la connaît pas, on ne peut pas la déterminer pour les années qui viennent.
APOLLINE DE MALHERBE
Tout est dans le notamment. Quand vous dites "notamment l'inflation", donc ça veut dire l'inflation et quoi d'autre ?
CLEMENT BEAUNE
Pour être très précis, c'est l'inflation et le programme d'investissements qu'on demande aux sociétés d'autoroutes. Il n'y a pas d'autre paramètre et notamment pas la taxe. C'est très important. On demande une contribution sur les sociétés d'autoroutes et sur les aéroports par exemple pas pour le plaisir, pas pour pointer du doigt mais parce que ça va aussi financer les investissements dans les bornes électriques. Ça va aussi financer le leasing social pour que ça soit moins cher d'avoir une voiture électrique. Ça va aussi financer l'achat de nouveaux trains. C'est 600 millions d'euros par an de taxes qu'on assume pour financer la transition écologique et que les transports, dans les années qui viennent, soient plus verts et moins chers.
APOLLINE DE MALHERBE
On va en parler des transports mais d'abord, les Jeux olympiques, c'est en train de virer au fiasco.
CLEMENT BEAUNE
Non. Non, non ! Ce n'est pas un fiasco du tout.
APOLLINE DE MALHERBE
Non ?
CLEMENT BEAUNE
Non.
APOLLINE DE MALHERBE
Les places, elles sont quasiment inatteignables, les logements, les prix explosent et pour les transports, on nous dit que ça va doubler.
CLEMENT BEAUNE
Non. Alors je vais être précis sur les transports.
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y.
CLEMENT BEAUNE
Parce que les Jeux olympiques, c'est une offre de transport renforcée. Pourquoi ? Parce qu'on a fait une promesse qu'aucune ville olympique n'avait faite avant qui était que pour tous les sites et pour tous les spectateurs, on peut avoir accès en transports publics. On parle beaucoup de Londres, etc, ce n'était pas du tout la même promesse et le même engagement. C'est cet engagement, je le maintiens, qu'on tiendra avec des nouvelles lignes, avec plus de conducteurs…
APOLLINE DE MALHERBE
Malgré le fait qu'Anne HIDALGO nous dit qu'elle a un gros doute sur le fait que les transports seront prêts ?
CLEMENT BEAUNE
Oui. Oui, bien sûr. Moi je n'ai pas de doute et surtout il y a du boulot. Derrière, il y a 70 000 agents de la RATP.
APOLLINE DE MALHERBE
Pourquoi elle dit ça alors ?
CLEMENT BEAUNE
Pour faire un contre-feu sur ces polémiques, c'est son problème. Ça ne m'intéresse pas beaucoup, ce n'est pas elle qui va déterminer l'offre de transport, c'est Valérie PECRESSE et la Région qui le font, et surtout ce sont les équipes de nos services publics qui sont engagées pour tenir cette promesse importante.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc l'offre qui sera à la hauteur…
CLEMENT BEAUNE
L'offre sera à la hauteur.
APOLLINE DE MALHERBE
Les transports seront prêts. Est-ce qu'ils seront plus chers ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, Valérie PECRESSE et la Région qui fixe les tarifs a annoncé ce Pass olympique pour les usagers qui seront là pendant la période - les touristes, les visiteurs - qui sera de 10 euros par jour quand on prend le Pass pour une semaine. J'insiste sur ce point parce que l'offre renforcée pour les JO, ça coûte à peu près 200 millions d'euros. Rien n'est gratuit, ç'a un coût. La question, c'est qui le paye ce coût. Soit c'est le contribuable national qui paye pour les JO, on a toujours dit qu'il n'y aurait pas d'impôt pour les JO, on tient cette promesse. Soit c'est les usagers, peut-être vous qui avez un Navigo, qui payez toute l'année pour les JO. Je trouve que ce serait injuste, on voit à quel point c'est sensible la question des transports publics. Je vais donner un ordre de grandeur : 200 millions d'euros, ça ferait 6 euros de Navigo toute l'année pour tout le monde en plus. Donc moi je pense que ça serait insoutenable.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc ça, il n'y aura pas.
CLEMENT BEAUNE
Valérie PECRESSE a bien fait de ne pas choisir cette option et ce qu'a choisi Valérie PECRESSE comme option, c'est d'avoir pour les touristes, pour les visiteurs, un Pass.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est de faire payer les étrangers, en fait, qui viennent spécialement pour les JO.
CLEMENT BEAUNE
Oui, d'accord, et je trouve que c'est plus juste que de faire payer tous les franciliens. Il y a eu une communication qui n'est peut-être pas très bonne, on a l'impression que c'est les Franciliens qui vont payer. C'est exactement l'inverse, c'est pour ne pas augmenter le Navigo qu'il y a un Pass olympique pour les visiteurs et pour ceux qui vont assister. Il faut le dire.
CHARLES MAGNIEN
Et juste pour ceux qui ont un Navigo mensuel, je parle pour moi, le Navigo du mois d'août coûtera le même prix qu'au mois de mai. Ça, ça ne bouge pas.
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr. C'est très important, Valérie PECRESSE l'a précisé et je le dis, ça ne bouge pas. Et justement…
APOLLINE DE MALHERBE
Le mensuel ne bouge pas.
CLEMENT BEAUNE
L'annuel et le mensuel ne bougent pas. C'est-à-dire vous êtes abonné, c'est quand même le cas mot la majorité, on estime qu'il y a plus de 5 millions de personnes qui ont un abonnement d'une façon ou d'une autre. Vous avez un abonnement, pas un euro de plus, c'est très important pour les JO. Donc c'est justement pour préserver les usagers du quotidien qu'on fait ce Pass.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'on pourra circuler dans Paris pendant les JO ?
CLEMENT BEAUNE
Alors il y aura des restrictions de circulation, ça c'est clair. C'est aussi pour ça qu'il faut plus de transports publics, ça ne peut pas être la double peine. On ne peut pas vous dire " c'est compliqué de circuler en voiture parce qu'il y a des compétitions, il y a de la sécurité ", c'est normal, et il n'y a pas de transports publics, donc on ne fait pas la double peine. Et aujourd'hui, le préfet de police et la maire de Paris vont annoncer les restrictions jour par jour de circulation dans Paris autour des sites olympiques, les plus restreintes possibles évidemment.
APOLLINE DE MALHERBE
Clément BEAUNE, ministre des Transports, il y a Julien qui nous appelle ; et vous savez pourquoi il nous appelle ? Il nous appelle parce qu'il a le temps : son train est en retard. Bonjour Julien.
JULIEN, AUDITEUR.
Oui, bonjour Madame de MALHERBE, bonjour Monsieur le ministre.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Si j'ai bien compris, vous faites Arras-Lille mais là, vous êtes en rade.
JULIEN
Voilà. Alors ça va, je vais arriver à l'heure au boulot parce que je prévois de prendre un train limite de nuit pour justement arriver au travail. J'ai la chance entre Arras-Lille/Lille-Arras d'être plutôt très, très bien desservi. Le problème c'est que là on n'est que mercredi et j'ai déjà eu quatre retards. Quatre retards en trois jours. Alors moi je ne pense pas que ce soit forcément la faute du gouvernement parce que ça fait 30 ans que c'est comme ça. Je le prenais déjà quand j'étais étudiant. Moi je pense que c'est un problème interne effectivement de la SNCF. Je pense qu'effectivement les gens, ils n'existent pas. Le problème, c'est qu'il y a des retards, on ne sait pas pourquoi. Alors ça ne changera rien à ma vie, on ne sait pas pourquoi. Et maintenant c'est tellement habituel qu'ils ne les annoncent même plus. Ils ne les annoncent même plus ! Ça m'arrive des fois que je sais à l'avance qu'il va y avoir un retard. Il est affiché à l'heure mais je sais qu'il y aura un retard parce qu'à telle heure sur telle voie, il y a un train de marchandises qui va passer, et à partir de là je sais qu'il va être en retard, et à chaque fois je tombe dans le mille.
APOLLINE DE MALHERBE
Et il vous coûte combien, Julien ?
JULIEN
Alors 138,40 euros par mois. J'ai la chance que mon entreprise me rembourse la moitié des transports.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord.
JULIEN
Au début où je prenais le train, je payais un peu plus de 100 euros. Je suis monté à 126,36 euros par mois et là, 138 euros. En fait, plus le prix augmente, moins le service est compétent. Alors on a un président de Région qui est compétent et qui se bat comme un chiffonnier…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est Xavier BERTRAND chez vous, Julien.
JULIEN
Voilà. C'est ça, c'est Monsieur BERTRAND qui est plutôt compétent comme président de Région, je n'ai pas à dire. Grâce à lui, j'ai un certain confort avec les trains mais le problème, c'est que là, je vais être encore en retard. Vous savez que j'ai perdu des CDD pour manque de ponctualité !
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez perdu un CDD à cause de ça ?
JULIEN
Plusieurs, plusieurs ! En fait ce qui s'est passé, c'est que j'avais des félicitations de la hiérarchie, je travaillais bien, pas de problème. Mais ce qui se passe, c'est que " oui Julien, manque de ponctualité ". Je les comprends.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous faites quoi dans la vie ? Vous faites quoi dans la vie, Julien ?
JULIEN
Je suis conseiller commercial dans les assurances.
APOLLINE DE MALHERBE
Julien, je voudrais que le ministre puisse réagir à votre témoignage de ce matin et puis que, quand même, vous puissiez attraper le train. Monsieur le ministre ?
CLEMENT BEAUNE
Oui, c'est le sujet des retards des trains et du prix du train.
APOLLINE DE MALHERBE
Et on voit, il n'a même pas de colère Julien, il a une sorte de fatalisme.
CLEMENT BEAUNE
D'abord je veux le dire, je rends d'ailleurs hommage aux régions, ce n'est pas pour moi. Là c'est Xavier BERTRAND, c'est d'autres et l'État organise certains autres trains. Heureusement, il y a des millions de Français qui prennent chaque jour le train et ça se passe quand même globalement bien, il faut le dire aussi. Je dis aussi quand même qu'en France, on ne paye que 20% du coût réel du train. Le coût réel du train, ce sont les personnels, c'est la sécurité, c'est le matériel. Qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui pour qu'il y ait moins de cas comme ça ? Pour être très clair, il faut acheter plus de trains et il faut investir notre réseau. Ça, c'est le boulot de l'Etat. L'Etat, je ne vais pas renvoyer la balle aux régions, il est en train d'investir pour qu'on change les rails, les caténaires, etc. On avait sous-investi dans notre réseau, notamment sur les lignes régionales, notamment sur les lignes Corail, Intercités aujourd'hui, pendant 40 ans parce qu'on avait privilégié le TGV. Et donc c'est pour ça qu'il y a des galères du quotidien qui sont importantes.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui mais dans le même temps, les prix augmentent donc c'est quand même ça le paradoxe. C'est-à-dire que si ça marchait mieux et que les prix augmentaient, on pourrait comprendre.
CLEMENT BEAUNE
Non. Alors d'abord, au total, les prix du train, je rappelle, c'est toujours à peu près ça. On paye 20% du coût réel. Les régions, et là aussi, toutes sensibilités politiques confondues, font de gros efforts sur les abonnements. Et je rappelle aussi que l'employeur - ç'a été dit par Julien très honnêtement - rembourse 50 %. Est-ce qu'il faut faire mieux ? Oui. Est-ce qu'on a besoin de moyens pour faire mieux ? Oui. Donc je vous dis, moi, très franchement, je préfère mettre le paquet sur l'achat de trains, l'investissement dans le réseau que tout de suite sur une baisse des prix parce que sinon, l'offre qu'on va proposer à Julien - le retard des trains, etc - ça ne va pas s'améliorer. Donc le paquet doit être mis sur l'investissement aujourd'hui, c'est ça qui est dans tous les pays européens notre grand défi, et en France on a pris du retard sur le réseau. On a fait très bien le TGV, on a fait un peu moins bien sur les autres lignes.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci beaucoup, Clément BEAUNE, d'être venu nous donner toutes ces précisions ce matin.
CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes ministre des Transports et donc je rappelle que vous venez de nous annoncer sur RMC que le prix des péages allait, oui, augmenter, mais de moins de 3% et seulement en février.
CLEMENT BEAUNE
Oui.
APOLLINE DE MALHERBE
Dans un instant, Expliquez-nous, Nicolas POINCARE.
NICOLAS POINCARE
Et je vous explique le contexte de la violente passe d'armes qui a opposé hier Eric DUPOND-MORETTI au Rassemblement national.
APOLLINE DE MALHERBE
Ah tiens ! Justement Clément BEAUNE, il doit rester ou pas Eric DUPOND-MORETTI s'il est condamné ?
CLEMENT BEAUNE
On est à quelques heures d'une décision donc je ne ferai vraiment aucun commentaire qui serait interprété.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous n'en avez pas discuté entre vous ?
CLEMENT BEAUNE
Ah non, je vous confirme qu'on n'en a pas discuté. Je sais que c'est une journée forcément difficile pour mon collègue, donc je lui apporte ce matin plutôt un soutien moral.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 novembre 2023