Texte intégral
Monsieur le Ministre des affaires étrangères,
Monsieur le Vice-ministre des sciences et des technologies,
Mesdames et Messieurs,
Alors que nous sommes réunis aujourd'hui dans cette prestigieuse Université de Pékin pour célébrer les échanges humains entre nos pays, il était important d'accorder une place particulière à un enjeu prioritaire pour nos sociétés, au coeur de la relation voulue par nos deux présidents : celui de la préservation de la planète.
Les conclusions du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) sont implacables et claires. Elles doivent guider nos actions, nos décisions. La science nous démontre que les impacts des changements climatiques s'aggravent et s'accélèrent. Aucune région du monde n'est épargnée par le changement climatique et les populations, y compris dans nos deux pays, en subissent déjà les conséquences.
Le constat est extrêmement préoccupant, on le sait, et rapport après rapport, le GIEC nous le rappelle. Mais la science nous démontre aussi qu'il est encore possible de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, si tous les Etats et les acteurs privés prennent leur part et si tous les secteurs, bâtiments, transports, énergie, industrie, agriculture, font leur transition. Cette transition est indispensable. La France et ses partenaires européens l'ont engagée à travers la mise en oeuvre du pacte vert pour le climat et en se fixant un objectif de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport à 1990 et de neutralité climatique d'ici 2050.
Depuis l'adoption de l'accord de Paris, de multiples efforts et initiatives ont été engagés à l'échelle mondiale. Mais nous devons collectivement aller plus loin, et plus vite aussi, pour avoir une trajectoire compatible avec les 1,5°C. Nous devons collectivement faire preuve d'ambition, renforcer les contributions nationalement déterminées et travailler à la sortie des énergies fossiles. L'énergie nucléaire civile sera indispensable dans cette perspective nous le savons, tout comme le développement des énergies renouvelables.
Depuis la déclaration bilatérale publiée en 2007, la France et la Chine ont fait de la lutte contre le changement climatique, et de la préservation de la biodiversité, un axe stratégique de leur coopération. Cette priorité fut fortement réaffirmée il y a quatre ans par l'Appel de Pékin sur la conservation de la biodiversité et le changement climatique, adopté lors de la visite d'Etat en Chine du Président de la République Emmanuel Macron.
C'est un défi immense, qui implique des choix politiques et une mobilisation de tous. Mais c'est également une opportunité de faire une nouvelle fois la preuve de notre capacité à innover et à mettre notre intelligence collective au service du bien commun.
De ce point de vue, le rôle de la science est évidemment fondamental. Nos deux dirigeants ont affirmé en avril dernier leur "volonté commune d'une transition vers un système énergétique décarboné" et la nécessité, pour ce faire, de "favoriser les coopérations scientifiques et technologiques". Notre feuille de route est fixée. Et c'est toute l'ambition du Centre franco-chinois de neutralité carbone, annoncé alors et que je suis fière d'inaugurer aujourd'hui à vos côtés.
Des coopérations entre nos communautés scientifiques existent de longue date en matière de neutralité carbone. Face à l'ampleur du défi, elles doivent cependant être encore plus activement encouragées. Elles doivent également être mieux fédérées afin de permettre l'émergence d'un véritable réseau franco-chinois d'experts scientifiques consacrés à cette priorité commune. Ce réseau regroupe d'ores et déjà 320 chercheurs, 100 doctorants, 60 laboratoires de recherche, 9 structures de recherche conjointes et 5 projets financés dans le cadre du Partenariat Hubert Curien "Cai Yuanpei".
Grâce au centre virtuel que nous inaugurons aujourd'hui, leur travail sera mieux valorisé, autour de trois axes majeurs : l'agriculture, la biodiversité et l'environnement. Des rencontres scientifiques seront organisées. La formation de jeunes talents sera encouragée. Le développement de nouveaux programmes de recherche sera favorisé.
L'engagement pour la neutralité carbone n'est cependant pas qu'une affaire d'experts. Nous devons veiller à ce que le grand public se sente pleinement impliqué et mobilisé dans cette entreprise commune.
L'ambassade de France organise chaque année depuis dix ans le Mois franco-chinois de l'environnement pour sensibiliser le public à ces enjeux et valoriser la coopération franco-chinoise dans ce domaine. Je tiens à remercier l'ensemble des partenaires chinois qui contribuent chaque année à la réussite de ce moment important de notre coopération, qui permet l'organisation de plus d'une centaine d'événements partout en Chine. Là encore, notre centre de neutralité carbone aura un rôle à jouer, en contribuant à organiser des événements de sensibilisation, à destination du grand public.
Cette dynamique bilatérale forte devra être mise au service de notre ambition commune pour la planète. Nous devons nous assurer à cet égard que les financements nécessaires à l'atteinte des objectifs de développement durable soient mobilisés.
C'est l'objectif du sommet pour un "Nouveau pacte financier mondial" organisé à l'initiative du Président de la République à Paris en juin dernier, en présence du Premier ministre Li Qiang. Inscrit dans le "Pacte de Paris pour les peuples et la planète" qui en est issu, et réaffirmé à l'occasion de la dernière édition du Forum de Paris sur la paix, notre objectif est clair : mobiliser toutes les sources de financement, publiques et privées, pour mener de front la lutte contre la pauvreté et celle contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Nous appelons tous les Etats à endosser ce Pacte. 41 l'ont déjà fait, tout récemment le Maroc et l'Allemagne.
Nous sommes huit ans après l'Accord de Paris, à la veille de la COP28, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, et avant la Conférence des Nations unies sur les Océans, que nous organiserons à Nice en juin 2025 avec le Costa Rica.
Le lancement de ce Centre de neutralité carbone porte la promesse d'une action résolue de la France et de la Chine, ensemble, pour la planète. Faisons la vivre. Il y a urgence.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 novembre 2023