Texte intégral
FAUSTINE MAUERHAN
Aurore BERGE, bonjour ! Merci d'être avec nous sur France Bleu Bourgogne. Avant justement d'évoquer cette visite très très symbolique avec le lancement du Téléthon, j'aimerais savoir quel est votre rapport justement au Téléthon ? Est-ce que vous êtes toujours mobilisée évidemment pour cet événement ?
AURORE BERGE
Alors évidemment, et puis c'est aussi lié beaucoup, je crois, à des souvenirs d'enfance. C'est la 37e édition et vu mon âge, en fait, j'ai grandi avec le Téléthon et moi, je me souviens avoir accompagné des parents, avoir accompagné des amis parce que c'est d'abord 20.000 manifestations partout en France et donc ça veut dire une implication de tous les citoyens, des associations en général qui créent des événements. Et donc c'est à la fois de la fête, mais c'est aussi au travers de cette fête, donner une signification à tout ce qui se passe, faire avancer la recherche évidemment, soutenir les familles, soutenir les enfants, les adultes en situation de handicap et les accompagner dans leur parcours. Donc, c'est toujours une fête qui a une signification particulière mais le fait que ce soit une fête, je crois que ça permet aussi de parler au plus grand nombre.
JOURNALISTE
Aurore BERGE, je rappelle que vous êtes justement avec nous pour parler de votre visite ce matin dans une crèche inclusive, quartier des Bourroches, ministre des Solidarités et de la Famille. Vous restez avec nous, on vous retrouve d'ici quelques instants.
(…)
JOURNALISTE
On continue aussi notre discussion avec la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore BERGE est notre invitée ce matin. Elle vient ce matin visiter la crèche Tarnier dans le quartier des Roches, une crèche inclusive. Aurore BERGE, combien de bébés, d'enfants en situation de handicap sont accueillis au sein de cet établissement ?
AURORE BERGE
Alors l'objectif avec Fadila KHATTABI que vous connaissez bien évidemment, mais qui est surtout maintenant ministre en charge des personnes handicapées, l'objectif, c'est qu'en vérité, toutes les crèches, évidemment, puissent accueillir des enfants en situation de handicap. C'est d'ailleurs pour cela qu'on finance plus et qu'on finance mieux les crèches qui permettent cet accueil, tout simplement parce que c'est ce qu'on doit évidemment aux familles, c'est ce qu'on doit évidemment aux enfants. Et donc c'est la raison pour laquelle dans cette crèche Tarnier pour les citer, on a en effet des enfants régulièrement qui sont en situation de handicap et qui sont accueillis avec un personnel qui est formé à cet égard.
JOURNALISTE
Vous le disiez, il le faut, malheureusement, c'est un exemple finalement assez rare. Il faut rappeler que ça tient à la volonté de la direction de ces établissements. C'est ça ?
AURORE BERGE
Alors, ça tient déjà à des enjeux de formation. On a un enjeu majeur au sein du secteur de la petite enfance, c'est recréer des vocations dans un secteur qui est à la fois formidable parce que c'est permettre tout simplement l'accueil de nos petits bébés, de nos jeunes enfants, leur éveil, leur épanouissement, leur sécurité mais c'est aussi des métiers qui, pendant trop longtemps, n'ont pas été assez revalorisés, assez reconnus. C'est pour ça qu'à partir d'ailleurs de janvier de l'année prochaine, dans quelques semaines à peine, on va revaloriser ce métier. Concrètement, ça sera l'équivalent d'un 13e mois pour celles qui travaillent dans le secteur et je crois qu'il y a une volonté de plus en plus forte, quels que soient les groupes de crèches, qu'ils soient associatifs, privés, publics, municipaux évidemment d'accueillir des enfants en situation de handicap, parce qu'encore une fois, c'est ce qu'on doit aux parents. Il n'y a rien de pire, imaginez, d'être parent d'un enfant en situation de handicap et s'entendre dire : non, ce n'est pas possible…
JOURNALISTE
Ça on l'entend Aurore BERGE mais aujourd'hui, combien de places réellement sont disponibles ici par exemple chez nous en Côte-d'Or comme partout en France ? Parce que la demande, on le sait, est très forte.
AURORE BERGE
… Vous savez bien qu'en cours d'année, on a des enfants qui rentrent, des enfants qui sortent de crèche. Ce qu'il faut, c'est qu'encore une fois, on mette les moyens, on mette les moyens sur la formation, on mette les moyens sur la revalorisation des professionnels et encore une fois parce que ça demande aussi des personnels parfois supplémentaires en fonction des types de handicaps évidemment. C'est-à-dire qu'on rémunère mieux, qu'on soutient mieux concrètement les crèches qui permettent cet accueil-là, mais moi, systématiquement, c'est évidemment des questions que je pose, c'est des engagements aussi qui sont pris par les groupes de crèches, de pouvoir continuer à accueillir et surtout d'améliorer encore et encore l'accueil des enfants en situation de handicap.
JOURNALISTE
Mais ça, Aurore BERGE, c'est une volonté. Aujourd'hui, qu'est-ce que vous pouvez faire pour remédier par exemple au manque de personnel ? Vous l'avez dit, il y aura donc l'annonce d'un 13e mois début janvier mais comment est-ce qu'on peut faire pour ouvrir davantage de places ? Est-ce qu'il faut imposer des places prioritaires ?
AURORE BERGE
Déjà, il y a un sujet en France en général, parce que nous manquons de places. Nous manquons de places pour tous les enfants, qu'ils soient en situation de handicap ou pas. Donc notre premier défi est là : comment faire pour recréer des vocations, recréer de l'envie tout simplement de pratiquer, d'exercer ces métiers, de se former à ces métiers. Je pense que pendant longtemps, on n'a pas considéré que c'était des métiers à part entière. Je pense qu'il faut aussi se remettre dans ce contexte-là. Pendant longtemps, on s'est dit qu'après tout, c'était une forme de garderie. En fait, ce n'est pas totalement ça ce qui se passe en crèche…
JOURNALISTE
Non, ce n'est pas du tout ça même et les personnels le disent régulièrement. On a souvent suivi ici sur France Bleu Bourgogne des mouvements justement de ces personnels pour dire « nous ne sommes pas simplement une garderie », mais comment faire pour les former mieux, pour les garder et pour offrir ces places supplémentaires ?
AURORE BERGE
C'est ce que je vous dis, c'est-à-dire que ce que j'ai fait, c'est un, une revalorisation historique. Nous, Etat, on n'emploie pas de personnels de crèche et pourtant, on va venir rémunérer et revaloriser les rémunérations de ces professionnels. Ça ne s'est jamais fait. C'est la première fois dans notre pays que l'Etat directement va revaloriser, mieux rémunérer les professionnels de crèches. Sauf que ce que j'ai dit, c'est qu'il n'y aurait pas un euro d'argent public qui serait attribué si dans le même temps, les conventions collectives, elles n'étaient pas revalorisées par le haut parce que c'est aussi du donnant-donnant, c'est-à-dire OK, l'Etat va venir financer, va venir accompagner un soutien qui est nécessaire pour les professionnels de crèche mais la contrepartie, c'est que les groupes, qu'ils soient, encore une fois, publics, associatifs ou privés, fassent en sorte de mieux considérer, mieux valoriser, mieux former leur personnel. Je vous donne un exemple très concret : si vous avez travaillé pendant dix ans dans le secteur public et que vous voulez basculer dans le secteur privé, c'est comme si vous n'aviez jamais travaillé, votre ancienneté n'est pas prise en compte, alors qu'évidemment, votre ancienneté est extrêmement importante, c'est elle qui crée aussi de la compétence, de la professionnalisation. Donc ça, c'est ce que j'ai imposé : vous n'aurez pas de revalorisation si vous ne prenez pas en compte l'ancienneté, vous n'aurez pas de revalorisation si vous ne créez pas des temps collectifs qui permettent aux professionnelles entre elles de pouvoir débriefer, de pouvoir se former, de pouvoir améliorer la prise en charge de nos enfants.
JOURNALISTE
Encore un petit mot parce qu'on sait qu'il va y avoir des places supplémentaires qui vont être annoncées par le gouvernement ; rapidement je voudrais savoir… vous avez peut-être entendu sur notre antenne ce matin, que des crèches ici à Dijon ont dû réduire leurs effectifs faute de personnels, parce qu'on n'accueillait plus les enfants dans de bonnes conditions. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on peut faire pour mieux former ? Pour ne pas arriver à cette situation, ce rappel à l'ordre de la préfecture ?
AURORE BERGE
Ce rappel à l'ordre de la préfecture, c'est ce que j'ai demandé à toutes les préfectures. Là encore, ça n'existait pas, c'est-à-dire qu'il y ait concrètement des contrôles beaucoup plus effectifs qui soient mis en place pour garantir la qualité d'accueil et donc la sécurité de nos enfants. Donc c'est une bonne chose, la décision de la préfecture et ça doit poser une alerte pour continuer à mieux former et du coup, à avoir plus de personnes qui ont envie de s'engager dans ce métier parce que vous n'aurez pas envie de vous engager dans ce métier si on ne revalorise pas les salaires - c'est ce qu'on fait à partir de l'année prochaine et dès le mois de janvier - si vous n'avez pas plus de formations qualifiantes et si vous n'avez pas aussi une meilleure reconnaissance et ça, c'est aussi finalement à nous tous de le faire, c'est-à-dire de parler de ces métiers au quotidien, pour ce qu'ils permettent, pour l'éveil, pour l'épanouissement, pour la sécurité de nos enfants parce que c'est des métiers qui font grandir nos enfants, qu'on ne parle pas d'eux qu'en période de crise…
JOURNALISTE
Aurore BERGE, merci beaucoup. Vous restez avec nous évidemment, je rappelle que vous êtes ministre des Solidarités et de la Famille et que vous êtes à Dijon ce matin pour visiter cette crèche inclusive, crèche Tarnier, dans le quartier des Bourroches à Dijon. On va aussi parler avec vous du Téléthon et avec nos auditeurs et auditrices.
(…)
JOURNALISTE
On est toujours avec la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore BERGE, qui vient ce matin à Dijon pour visiter une crèche inclusive quartier des Bourroches, la crèche Tarnier, mais qui participe ce soir au Téléthon avec son lancement à Rambouillet. On a entendu tout à l'heure sur notre antenne cette Dijonnaise expliquer que c'était difficile cette année de donner parce qu'on donne pour d'autres associations, il y a les fêtes de fin d'année et puis il y a l'inflation et ce n'est pas forcément toujours évident. Est-ce que vous avez le sentiment que c'est assez général, ce sentiment partagé par cette Dijonnaise ?
AURORE BERGE
Je crois qu'il y a une volonté en France de donner, c'est-à-dire qu'on a quand même des gens qui s'engagent parce que souvent on a un peu cette image-là, d'une société qui s'engagerait moins, on dit régulièrement que les jeunes s'engagent moins. C'est faux. On a des engagements qui sont majeurs dans la vie associative. Il y a des gens qui ne donnent peut-être pas de l'argent mais qui donnent du temps. C'est sans doute encore plus précieux, du temps sur leur vie personnelle, familiale ou professionnelle. Et donc je crois qu'il y a mille manières de donner et puis je pense qu'il faut aussi dire aux gens qu'il n'y a pas de dons qui ne compteraient pas… c'est-à-dire donner un ou deux euros parce qu'on va participer à une fête de village, parce qu'on va acheter un gâteau, parce qu'on va acheter un jeu pour un enfant, en fait c'est déjà donner et c'est déjà une preuve de solidarité, de générosité qui est formidable.
JOURNALISTE
En un mot, très très court, c'est quoi le Téléthon ? Qu'est-ce que ça représente pour vous en tant que ministre mais aussi en tant que citoyenne ?
AURORE BERGE
Je crois que ça représente et les familles et les solidarités, accompagner toutes les familles et donc y compris les familles qui traversent des moments qui sont difficiles parce qu'elles sont confrontées à l'annonce du handicap et qu'il faut que la recherche continue à avancer. C'est ce qu'on fait évidemment. Et la solidarité, parce que c'est tous les Français qui pendant tout un week-end se mobilisent partout en France.
JOURNALISTE
Merci beaucoup Aurore BERGE, ministre des Solidarités et de la Famille.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 décembre 2023