Interview de Mme Olivia Grégoire, Ministre déléguée, chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, à France Bleu Corse le 15 décembre 2023, sur la vie économique en Corse.

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Intervenant(s) : 
  • Olivia Grégoire - Ministre déléguée, chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme

Média : France Bleu

Texte intégral

CAROLINE SAGLIONE
Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.

CAROLINE SAGLIONE
Vous êtes la première représentante du gouvernement à venir en Corse depuis la visite du chef de l'Etat, c'était fin septembre. Alors au-delà de vos multiples casquettes, est-ce que vous êtes aujourd'hui en mission commandée ?

OLIVIA GREGOIRE
Je suis en mission tout court et c'est d'ailleurs un plaisir de pouvoir échanger avec vous ce matin. Deux jours pleins ici en Corse, Corse du Sud et aujourd'hui Corse du Nord. Effectivement, ça s'inscrit dans le cadre du processus de Beauvau et de la visite de fin septembre dernier du président de la République. Ça s'inscrit aussi plus globalement dans ma mission : écouter les entrepreneurs corses, être aux côtés des acteurs du tourisme mais aussi des acteurs nombreux de l'économie sociale et solidaire dans cette belle terre corse, avant que d'autres membres du gouvernement ne reviennent au mois de janvier. Donc c'est effectivement un point d'étape et je suis en mission toujours pour les entreprises, et encore plus en ce moment au service des entreprises corses.

CAROLINE SAGLIONE
Vous allez rencontrer justement aujourd'hui à Bastia des chefs d'entreprises sur une île où les défaillances d'entreprises sont en hausse. Mauvaise trésorerie, difficultés de paiement, PGE à rembourser ; les perspectives pour 2024, selon les professionnels, sont peu optimistes. Êtes-vous venue leur apporter des aides ?

OLIVIA GREGOIRE
Je suis déjà venue leur rappeler les aides qui existent, parce que j'ai deux messages importants à partager ce matin pour les entrepreneurs de Corse. D'abord comme vous le savez, il y a énormément d'entreprises en Corse qui sont de toutes petites entreprises. Les TPE, on a à peu près 70% des entreprises corses qui ont moins de dix salariés. Et effectivement dans certains secteurs, j'en ai parlé avec les chefs d'entreprise hier, il y a des difficultés de trésorerie dans certains secteurs particuliers. Moi ce que je remarque pour avoir échangé avec notamment les tribunaux de commerce ici en Corse, c'est qu'on a un premier sujet : c'est qu'il n'y a pas assez ce qu'on appelle de procédures de prévention ici en Corse. Vous savez, quand on a une entreprise – moi, j'en ai eu une il y a quelques années - on peut avoir des difficultés, et l'important c'est de dire aux entrepreneurs qu'ils peuvent être aidés avant que leur entreprise ne soit à terre et ne connaisse une défaillance. Ces procédures de prévention, je pense aux mandats ad hoc, je pense à la conciliation, sont des procédures qui sont à la disposition des entrepreneurs en difficulté avant que leur entreprise ne défaille. Et j'appelle les entrepreneurs corses qui connaissent des difficultés à ne pas hésiter à se rapprocher des conseillers aux entreprises en difficulté. Vous en avez en Corse du Nord, vous en avez aussi en Corse du Sud, vous pouvez les contacter directement en trouvant leurs coordonnées sur le site des impôts, sur la page d'accueil des impôts. Il y a cinq fois moins de procédures de prévention en Corse que sur le continent. Il est indispensable que les entrepreneurs sachent qu'on est à leurs côtés avec l'Etat, par exemple, pour suspendre pendant quelques mois, le temps qu'une trésorerie aille mieux, des échéances fiscales ou des échéances sociales. On peut aussi suspendre des échéances fiscales ou sociales pour faire passer ses échéances de PGE. La seule chose qu'il faut dire aux entrepreneurs, c'est « n'attendez pas le dernier moment, l'Etat peut être à vos côtés avant que l'entreprise n'aille mal et n'aille très mal ». Il faut se saisir de ces dispositifs.

CAROLINE SAGLIONE
Olivia GREGOIRE, vous êtes aussi ministre déléguée au Tourisme, secteur clé pour l'économie en Corse. Vous avez reconnu fin août que 2023 était un grand cru en termes de bilan, sauf pour la Corse. L'INSEE parle également d'une baisse de la fréquentation française surtout. Alors qu'est-ce qui pêche selon vous dans la politique touristique insulaire ?

OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, je suis modeste et je n'ai pas vocation à apprendre au peuple corse, qui fait depuis des décennies du tourisme le moteur économique de l'île, ce qu'il y a à faire ou à ne pas faire. Qu'est-ce que je remarque ? Je remarque que d'abord, ce n'est pas toujours facile ici, parce que la problématique de l'insularité fait que mécaniquement, on a des prix plus élevés. Vous le savez, en moyenne 7% de plus sur les prix en Corse d'après l'INSEE. Je sais bien que ç'a été difficile pour les hôteliers, pour les restaurateurs, mais je veux leur dire qu'il n'y a pas de fatalité. Il y a dans cette île des opportunités, des trésors qui doivent permettre à la saison touristique d'être vivante aussi au printemps, à l'automne, jusqu'en hiver. J'étais hier à Bonifacio, à Porto Vecchio, avec les marchés de Noël, avec des animations touristiques, et donc il faut qu'on soit, nous l'Etat, aux côtés des acteurs corses qui ont la compétence touristique pour pouvoir les aider en termes de moyens et d'outils à pouvoir, je dirais, étendre leur offre touristique tout au long de l'année. C'est pour ça que j'ai rappelé par exemple aux acteurs du tourisme que l'État était à leurs côtés sur la problématique de la gestion des pics de fréquentation. Pour pouvoir faire découvrir des coins de Corse qu'on ne connaît pas encore, pour aussi éviter trop d'afflux touristique dans certaines zones de Corse, pour pouvoir faire découvrir des endroits qui sont encore méconnus, l'État et la Banque des territoires est aux côtés des acteurs de l'économie corse pour pouvoir leur permettre de se doter d'outils.

CAROLINE SAGLIONE
Olivia GREGOIRE, vous comprenez donc la politique de l'ATC, l'Agence du tourisme de la Corse, qui craint le surtourisme et qui veut réguler les flux et qui ne veut plus promouvoir la Corse juillet-août, alors que les professionnels sont vent debout ?

OLIVIA GREGOIRE
Écoutez, ça a fait l'objet de pas mal de débats cet été, que j'ai suivis évidemment de près. J'ai eu l'occasion de rencontrer la présidente de l'Assemblée corse, mais aussi les acteurs hier soir du tourisme corse. Je crois que si les mots ne sont pas tout à fait les mêmes et les expressions les mêmes, dans le fond du fond, il y a quelque chose en commun. La réalité, c'est que les acteurs du tourisme corse savent qu'il y a la capacité ici pour avoir un tourisme plus attractif, plus fort et plus rémunérateur économiquement pour l'île sur la pré-saison, sur l'arrière-saison, mais aussi sur la saison de Noël. Est-ce à dire qu'il faut dire moins de tourisme juillet-août ? Je ne suis pas certaine que ce soit à moi de dire ça, je ne suis même pas certaine qu'il faille le dire. Ce que je crois, c'est qu'il faut être positif. Moi, la question que je pose et la mission que je me donne, c'est comment faire en sorte qu'il y ait des offres agritourisme, oenotourisme, tourisme vert, tourisme durable qui puisse permettre aux vacances de Pâques, aux vacances de la Toussaint, aux vacances de Noël ou de février, aux Français mais aussi aux clients internationaux de venir découvrir la Corse. C'est là-dessus qu'on se concentre.

CAROLINE SAGLIONE
Merci Olivia GREGOIRE d'avoir été en direct avec nous ce matin. Je rappelle que vous poursuivez votre visite aujourd'hui à Bastia avec une entreprise de robotique et également la rencontre avec les chefs d'entreprise. Merci à vous.

OLIVIA GREGOIRE
Merci, belle journée


source : Service d'information du Gouvernement, le 18 décembre 2023