Texte intégral
MATTHIEU BELLIARD
C'est l'heure de l'invité politique. Ce matin, Alix BOUILHAGUET, vous recevez Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, c'est la secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté.
ALIX BOUILHAGUET
Oui, on va parler de la nouvelle carte des quartiers prioritaires, mais on va essayer d'enquêter sur ce remaniement qui serait dans l'air.
MATTHIEU BELLIARD
Eh bien allez-y, je vous en prie, c'est l'heure de " L'invité politique ".
ALIX BOUILHAGUET
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, bonjour.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour Alix.
ALIX BOUILHAGUET
Merci d'être avec nous ce matin.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous.
ALIX BOUILHAGUET
Je le disais à l'instant, on sent quand même comme une fébrilité en ce moment au gouvernement, on parle d'un remaniement qui pourrait être éminent. Certains parlent même dès ce week-end. Est-ce que vous ressentez la même chose ? Est-ce que c'est le cas ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Alors écoutez, bon, déjà meilleurs voeux, bonne année, enfin, je pense que c'est important de souhaiter en premier des voeux pour 2024. Non, fébrilité peut-être chez les journalistes, ça oui, je le vois, mais pas fébrilité dans le, enfin moi en tout cas dans le gouvernement ou de ce que j'entends. Je lis comme vous, je lis comme vous la Presse, mais non, ce n'est pas de la fébrilité. On a passé...
ALIX BOUILHAGUET
Vous êtes assez proche d'Emmanuel MACRON, vous ne sentez pas qu'il est avec son stylo en train de faire ses petits ... de Meccano ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien justement, c'est le président de la République qui prend ce genre de décision. C'est son, comment on dirait, c'est son job. Je ne parle jamais à sa place, pour ceux qui me connaissent, et lui le premier, il fera toujours ce qu'il a à faire, sans trembler. Ce qui est sûr, c'est que la seule obsession, que ce soit du président de la République ou du gouvernement ou la mienne, c'est de travailler, c'est d'être à la tâche, de bosser. On a bossé. Moi, par exemple, j'ai travaillé pendant toutes les vacances, j'ai eu très très peu de congés, et c'est de me dire surtout comment est-ce qu'on peut améliorer, ce qu'on n'a pas réussi peut-être à faire en 2023, ou même en se disant qu'on a fait beaucoup de choses.
ALIX BOUILHAGUET
On sent quand même un gouvernement qui est un petit peu à bout de souffle, notamment il y a eu cette loi immigration qui a été adoptée avec les voix du Rassemblement national…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, elle n'a pas été...
ALIX BOUILHAGUET
Non mais enfin bon…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Elle n'a pas été adoptée avec les voix du RN.
ALIX BOUILHAGUET
En tout cas, ça a troublé certains ministres issus de la gauche, qui ont un peu étalé leurs états d'âme en place publique. On dit qu'Emmanuel MACRON a été, a très peu apprécié, on va dire, que ces doutes et ces états d'âme soient mis comme ça sur la place publique.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, moi je l'avais, chère Alix, je l'avais dit, quand on est ministre, on n'a pas d'état d'âme à avoir. Et quand on est ministre, je le crois, moi en tout cas, c'est comme ça que je prends la fonction et la tâche qu'on m'a confiée, il n'y a pas de place pour les états d'âme. Le président de la République l'avait parfaitement dit sur une autre chaîne, à France 5, à " C à vous ", ce que je crois surtout, c'est que chacun est face à sa conscience, et je l'avais dit, moi je déteste, je ne commente jamais, quand j'ai quelque chose à dire, que ce soit un membre du gouvernement ou au président de la République ou à qui que ce soit, je le dis directement. Donc sur votre question, je vois bien et je la comprends parfaitement, c'est no comment et comprenne qui voudra.
ALIX BOUILHAGUET
Dimanche soir, Emmanuel MACRON, il a longuement remercié, enfin, remercié effectivement Elisabeth BORNE…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est normal.
ALIX BOUILHAGUET
... pour le travail accompli. Cela semblait quand même un petit peu comme un solde de tout compte. Est-ce qu'elle est sur le départ, Elisabeth BORNE ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, écoutez, moi, honnêtement, je n'en sais rien. Et celui qui viendra sur votre plateau, vous dire qu'il sait, est un menteur. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est de saluer l'action de la Première ministre. Il ne faut pas oublier, cette année on a fait quand même passer des lois très importantes, difficiles. On les rappelle : la loi sur les retraites, on a quand même fait passer la loi sur Pôle emploi, l'assurance chômage, et la loi immigration. La tâche a été rude. Je reconnais que cela a été très difficile, mais nous avons quand même réussi, le gouvernement, et c'est sous, toujours pareil, l'impulsion du président de la République qui n'a pas lâché sur la loi immigration. Et juste, si vous me permettez, sur la loi immigration, c'est quand même une loi, le président de la République l'a compris mieux que personne, et le ministre de l'Intérieur aussi, c'est une loi que tout le monde voulait, c'est-à-dire une très grande majorité des Français voulait, et où les partis politiques ne se sont pas entendus, en tout cas comme les Français l'auraient souhaité. Mais elle est quand même passée.
ALIX BOUILHAGUET
Gérald DARMANIN, il n'a pas réussi, concernant cette loi immigration, à rallier les députés républicains, notamment, puisque c'est eux qui ont fait défaut à l'arrivée. Est-ce que Sébastien LECORNU…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ils n'ont pas fait défaut, puisque la loi a quand même été votée.
ALIX BOUILHAGUET
Oui.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
La loi a quand même été votée, non mais enfin, on parle d'une loi quand même, qui est passée, qui arrive au Conseil constitutionnel...
ALIX BOUILHAGUET
Ce que je veux dire, c'est que…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
... qui a été bien sûr réformée au niveau parlementaire. Mais la loi est passée.
ALIX BOUILHAGUET
Le dialogue avec les Républicains n'a pas été suffisamment efficace. Est-ce que Sébastien LECORNU, qui lui, vient de la droite, qui lui a conservé pas mal d'amis du côté des Républicains, est-ce que ça pourrait être l'homme de la situation, l'homme qu'on pourrait mettre, qu'Emmanuel MACRON pourrait mettre à Matignon ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, je vais vous faire une réponse de Marseillaise, puisque vous le permettez, j'aime beaucoup Sébastien LECORNU, on s'entend très bien, j'ai beaucoup d'affection pour lui, mais encore une fois, je pense qu'il faut vraiment poser la question au président de la République, qui est Marseillais de coeur, je le rappelle.
ALIX BOUILHAGUET
Mais ça pourrait être un bon choix ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oh, moi je ne sais pas ce qui pourrait être un bon choix, encore une fois, si je savais faire et si je savais composer un gouvernement, et si c'était ma place de le dire, je le dirais, puisque je n'ai jamais peur de dire ce que je pense, au contraire, on me le reproche assez souvent. Je pense très sincèrement que le moindre des respects, quand on a les fonctions que j'occupe, c'est quand même de laisser à ceux qui savent, de le dire.
ALIX BOUILHAGUET
Et vous même, il paraît que vous avez le vent en poupe, qu'Emmanuel MACRON vous apprécie beaucoup. Vous pourriez avoir une promotion en cas de remaniement ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, je, comment vous dire, ce que je sais, c'est que j'ai un magnifique ministère, la Ville, la Citoyenneté. Je le répétais, on m'a beaucoup posé cette question. La ville, c'est la politique du quotidien et du vivant, tout ce que j'aime, Comment tous les jours je peux changer la vie des gens à mon échelle. La citoyenneté, c'est l'accueil des réfugiés, c'est l'asile, c'est l'intégration, c'est les naturalisations, c'est la lutte contre la radicalisation et c'est la prévention de la délinquance. J'occupe une fonction...
ALIX BOUILHAGUET
Vous dites que vous êtes heureuse…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ah, moi je suis magnifiquement heureuse...
ALIX BOUILHAGUET
Mais vous êtes ouverte à d'autres propositions.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, je suis juste ouverte à une chose, c'est vraiment d'essayer toujours de bien faire ce qu'on me confie. Je n'ai pas de, vous savez, je le disais encore tout à l'heure, à la base, je suis une intermittente du spectacle, moi. Après, je suis devenue chef d'entreprise, productrice télé. Donc moi, l'avenir ne me fait pas peur puisque j'ai grandi quand même avec une notion que ma grand-mère nous a inculquée : le meilleur est toujours devant nous. Donc le meilleur est toujours devant moi, devant nous, j'espère devant tout le monde, mais de se dire déjà, c'est de bien faire le peu qu'on m'a donné à faire. Et si franchement je réussis déjà ça, on pourra considérer que j'aurais fait le job.
ALIX BOUILHAGUET
On va parler des quartiers prioritaires, mais juste avant, Emmanuel MACRON nous parle d'un rendez-vous avec les Français courant janvier. Quand ? Sous quelle forme ? Un discours, une itinérance ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, un cap. Le président, lors de ses voeux, a quand même précisé un cap très fort. Il a rappelé...
ALIX BOUILHAGUET
Mais c'est quoi son cap ? Parce que beaucoup disent qu'il n'a pas de cap.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, mais non…
ALIX BOUILHAGUET
Pour vous, c'est quoi le cap, si vous deviez le résumer ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il est président de la République. Il a été réélu pour la deuxième fois. Vous vous imaginez, la seconde fois, il est réélu. Imaginez que les Français réélisent quelqu'un qui n'avait pas de cap, ça n'a pas de sens. Moi, ça me touche beaucoup quand j'entends ce genre de commentaire.
ALIX BOUILHAGUET
Mais on cap c'est quoi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Son commentaire, c'est, pardon, son cap, c'est quoi ? Son cap, en 2024, il l'a dit, c'est l'année quand même des fiertés françaises, les 80 ans du débarquement. On a quand même les Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Le monde entier va nous regarder. Et on a quand même, et c'est une fois tous les millénaires, il a eu raison de le rappeler, on bâtit une cathédrale, Notre-Dame de Paris, pour le 8 décembre, me semble-t-il. Donc son cap, c'est quand même aussi de réussir cette année 2024, qui va quand même être jalonnée par des événements internationaux...
ALIX BOUILHAGUET
Il y a les élections européennes aussi, il va beaucoup s'engager.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Les élections, si on veut parler bien sûr de politique. Moi, de toute manière, de partout et tout ce que je pourrais faire pour le Président de la République, pour mon gouvernement, pour le gouvernement auquel j'appartiens, pour les Français, je le ferai. Je suis quelqu'un, vous savez, comme on dit, je suis un bon petit soldat. Moi on me demande de faire blanc, je fais blanc. Si je ne suis pas d'accord, je le dis, mais je le dis en tête à tête, les yeux dans les yeux, jamais dans la Presse.
ALIX BOUILHAGUET
Depuis le 1er janvier, je le disais, il y a une nouvelle carte des quartiers prioritaires, 1 362 en tout, 111 quartiers ont fait leur rentrée, 40 en sont sortis. Est-ce que c'est bon signe, d'abord, de sortir de cette liste ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, écoutez, oui, c'est plutôt un bon... oui, 40 quartiers qui sortent, ça veut dire que les stats vont mieux. Alors, je donne juste les stats pour que les Français puissent comprendre. C'est quoi un quartier prioritaire, sur quels critères, sur quelles méthodes on fait rentrer un quartier prioritaire ? Le premier, c'est de dire : il faut un quartier prioritaire de 1 000 habitants, il faut une zone urbaine de 10 000 habitants et il faut un revenu médian de 12 900 €. Donc ça, c'est les critères pour rentrer. On en sort quand, donc, forcément les critères vont mieux, donc que le revenu médian a augmenté, que le quartier prioritaire a diminué en démographie et que la zone urbaine est moins grande. Mais sauf que parfois ce n'est pas de bonnes nouvelles. Donc qu'est-ce que j'ai décidé dès que j'ai été nommée en juillet ? C'est de demander aux préfets, j'ai rédigé une circulaire qui leur demande d'accompagner ces quartiers qui vont sortir, puisque nous étions déjà, moi j'étais déjà sur la quasi, le milieu on va dire, de la cartographie, et de dire...
ALIX BOUILHAGUET
Parce que, je fais une petite parenthèse, c'est vrai que quand on n'est plus un quartier prioritaire, on perd aussi beaucoup d'avantages…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Tous les moyens. Non, on perd tout.
ALIX BOUILHAGUET
Beaucoup d'aides financières…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, on perd tout, c'est vrai, vous avez raison de le rappeler. Donc j'ai demandé à ce que 25 % du BOP 147, donc des crédits ville, donc qui sont accordés au niveau départemental, puissent être affectés de manière dérogatoire aux élus et aux zones qui sortaient, pour les accompagner. Parce que, ce que j'ai vu aussi, dès que je suis arrivée à ce ministère, c'est de dire : les quartiers prioritaires que l'on sort de manière trop sèche, reviennent quelques années après. Donc de dire : accompagnez-les pour qu'ils aillent évidemment mieux. Et vous me permettez juste une chose, en 2017, 385 millions d'euros sur les politiques de la ville. 2024, 640 millions pour les politiques de la ville et ça n'aura échappé à personne, il me semble bien que jusqu'en 2017, c'était bien un gouvernement de gauche, et on était à 385 millions des politiques de la ville. Donc c'est une politique exceptionnelle pour des territoires exceptionnellement qui ont des besoins, exceptionnellement en difficulté. Mais c'est aussi de dire : le droit commun doit être peut-être mieux, plus mobilisé, et j'ai demandé, en accord avec les élus locaux, avec toutes les associations d'élus locaux, une évaluation par le Parlement, Sénat et l'Assemblée nationale, du droit commun sur les quartiers prioritaires.
ALIX BOUILHAGUET
Dans certains quartiers, qui sont pourtant classés prioritaires depuis longtemps, eh bien on remarque que le taux de pauvreté parfois reste stable. On peut se demander alors à quoi ça sert ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors écoutez, les difficultés d'un territoire à un autre, regardez par exemple Marseille, le président de la République a fait un plan de sauvetage de la deuxième plus grande ville de France, à 5 milliards d'euros, inédit sous la Ve République. Donc, chaque territoire a ses difficultés. Mais si je prends le cas par exemple de Marseille, le fameux Marseille en grand, que j'ai la chance et l'honneur en tout cas d'instruire, sous l'autorité de Gérald DARMANIN, c'est de dire : à un moment donné, on voit bien que des difficultés, selon les territoires, ne sont pas les mêmes. A Marseille, on a un problème avec les écoles. Le président de la République a décidé d'allouer 1 milliard d'euros. On a un problème avec les transports, pareil, 1 milliard d'euros. Sur l'ANRU, puisqu'on parle aussi du logement, de la rénovation urbaine, 650 millions d'euros. Mais encore une fois, ce sont les élus locaux qui instruisent, parce que la dernière fois, j'ai lu pendant les vacances que c'était la ministre qui devait instruire ces 5 milliards. Non, ce sont les élus locaux, les collectivités qui gèrent cet argent. Et je suis juste là pour faire des rappels, comme il a fallu le faire, et je ne vais pas hésiter à le faire au mois d'octobre, pour rappeler quand même à tous les élus locaux marseillais : il y a de l'argent, il faut le déployer et il faut changer tout de suite la vie des gens. Parce que vous savez, moi qui viens de là, moi qui viens d'un quartier pauvre de Marseille, ce que je sais, c'est que ce n'est pas rigolo d'habiter dans ce genre de quartier. Et que, lorsqu'on vient expliquer que les moyens ne sont pas suffisants, les moyens ne seront jamais suffisants, c'est sûr. Mais ce qui est sûr, c'est que la volonté politique des élus locaux et de l'Etat, est nécessaire, et l'Etat est toujours présent quand on en a besoin.
ALIX BOUILHAGUET
Merci beaucoup Sabrina AGRESTI-ROUBACHE.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous Alix.
ALIX BOUILHAGUET
Bonne journée et mes meilleurs voeux également.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi aussi. Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 janvier 2024