Texte intégral
Merci beaucoup, Monsieur le Ministre, cher Radek,
Nous nous retrouvons donc, à nouveau, dans nos fonctions respectives. Vous l'avez évoqué.
Je voulais tout d'abord te remercier de m'accueillir ici, à Varsovie, dans les premiers jours suivant ma prise de fonctions. Merci pour cette invitation.
J'ai tenu à ce que Varsovie soit avec Berlin et avec Kiev parmi les premiers déplacements. J'en suis convaincu : la France et la Pologne ont énormément à faire ensemble. C'est une conviction ancienne. Elle correspond d'ailleurs à un moment politique et diplomatique de notre Europe. La volonté politique existe. Il nous faut maintenant travailler à des convergences sur des dossiers très concrets. Notre relation bilatérale est d'ailleurs clé et, tu l'as dit toi-même, le Triangle de Weimar reprend vie, et je pense que c'est une bonne chose.
La Pologne est de retour en Europe et avec ceci, l'espoir aussi d'avancer vite sur des réformes européennes essentielles pour nos concitoyens.
Nous allons bien sûr parler de l'Ukraine, où j'étais samedi. Je veux redire toute mon admiration pour la solidarité dont ont fait preuve la Pologne et les Polonais. Ensemble, nous devons fournir à l'Ukraine tout le soutien dont elle a besoin. Ce soutien s'illustre notamment par l'action conjointe de formation de soldats ukrainiens, ici en Pologne, dans le cadre de l'EUMAM-Ukraine [Mission d'assistance militaire de l'Union européenne en soutien à l'Ukraine]. Tu l'as également noté.
Et en décembre, le Conseil européen a pris des décisions fortes sur l'élargissement de l'Union européenne, avec en particulier l'ouverture des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie. L'adhésion de nouveaux membres est dans l'intérêt stratégique de l'Europe. Il nous faut y travailler dès maintenant.
Mais qui dit élargissement, dit également réforme de l'Europe : une Europe à plus de 27 doit être plus efficace et nous devons conduire ce chantier ensemble.
C'est aussi ensemble que nous devrons faire avancer l'Europe dans les grands domaines qui conditionnent son avenir. J'en ai listé certains pour notre discussion. Je pense notamment à la défense, qui exige que nous renforcions nos investissements en la matière - c'est le cas de nos deux pays - mais aussi la base industrielle de défense dans toute notre Europe. C'est la condition pour que cet effort soit efficace, soit durable, et que nous puissions mieux soutenir également nos partenaires. Les ressources européennes doivent financer, et c'est la position de la France, prioritairement l'industrie européenne. Ce n'est pas une question de protectionnisme, c'est une question de souveraineté pour nous.
Un deuxième point très important qu'il faudra souligner, c'est la protection de l'Etat de droit, question majeure pour toute notre Europe, et je sais que je peux compter sur votre action pour que l'Etat de droit reste un pilier de la construction européenne. Et je sais que je peux compter particulièrement sur ton engagement, cher Radek, sur cette question.
La transition énergétique. Je suis heureux que la Pologne participe à l'Alliance du nucléaire, qui a un rôle essentiel à jouer pour l'avenir décarboné. Le soutien polonais aux ambitions européennes de 2040 est un signe notamment supplémentaire que des convergences sont possibles sur la transition énergétique.
Et puis, il y aura aussi les questions migratoires qui se posent, évidemment, à l'échelle de l'Union européenne.
Nous allons échanger sur ces principaux enjeux d'actualité, comme sur la situation au Proche-Orient et la guerre à Gaza, ou encore la mer Rouge.
Bref, vous l'avez compris, j'ai voulu rapidement venir ici à Varsovie car nous n'avons pas de temps à perdre. À quelques mois des élections européennes, notre partenariat est essentiel sur les enjeux clés que je viens de citer, et dont j'ai parlé hier avec notre collègue allemande Annalena [Baerbock], pendant ma visite à Berlin.
La Pologne prépare aussi sa présidence du Conseil de l'Union européenne, qui interviendra à un moment crucial, au premier semestre 2025. Ce sera le début d'ailleurs du nouveau mandat de la nouvelle Commission européenne. Dans ce contexte, nous espérons avec vous, sous votre impulsion au Conseil, ouvrir ainsi un nouveau chapitre du projet européen.
La France se tient aux côtés de la Pologne pour préparer cette échéance et oeuvrer ensemble à une Europe plus forte et plus souveraine. Nous le devons à nos concitoyens, ici et en France.
Merci encore de cette invitation. Nous allons maintenant échanger sur tous ces sujets. Merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 février 2024