Déclaration de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, sur les efforts du gouvernement en faveur de l'économie numérique et la politique économique, à Paris le 12 février 2024.

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  • Bruno Le Maire - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique

Circonstance : Cérémonie de passation de pouvoir entre Jean-Noël Barrot et Marina Ferrari

Texte intégral

Mesdames les directrices générales,
Messieurs les directeurs généraux,
Madame la secrétaire générale,
Mesdames et messieurs,


Je suis très heureux de vous retrouver pour la passation de pouvoir entre Jean-Noël Barrot et Marina Ferrari qui arrive ici avec toutes les compétences qu'on lui connaît et qui va, je le sais, être une grande ministre du numérique, de l'intelligence artificielle et de toutes les technologies de rupture sur lesquelles nous travaillons.

Je voudrais d'abord avoir un petit mot pour Jean-Noël Barrot. D'abord pour lui dire de bien s'occuper du bureau que j'ai occupé il y a maintenant une dizaine d'années aux Affaires européennes, lui dire surtout qu'il a fait ici un travail tout à fait remarquable.

Et je pense qu'on retiendra trois choses de Jean-Noël. D'abord, son très grand sérieux dans son travail, son très grand professionnalisme sur des sujets qui sont très techniques et qui nous demandent à tous, avec beaucoup d'humilité, d'apprendre des sujets, d'écouter des scientifiques, des ingénieurs pour mieux comprendre de quoi il retourne et essayer de prendre à bras le corps les défis du numérique et de l'intelligence artificielle. Et il l'a fait avec, je le redis, beaucoup de sérieux, beaucoup de constance et beaucoup de détermination.

La deuxième chose qu'on retiendra, c'est des résultats très concrets qui concernent très directement nos concitoyens.

Je pense à ce qui a été fait sur les influenceurs, le projet de loi sur les influenceurs qui a permis d'encadrer et de valoriser aussi le travail des influenceurs. Il doit énormément à Jean-Noël Barrot.

Je pense que tout ce qui a été fait sur DSA et DMA doit aussi beaucoup à Jean-Noël Barrot.

Tout ce qui a été fait sur la régulation du numérique et sur le soutien à l'innovation lui doit aussi énormément. Donc je voudrais le remercier aussi pour cela.

Enfin, la troisième chose que l'on retiendra, c'est un caractère. Un caractère ouvert, un caractère amical qui ne cède jamais à la tentation de la querelle inutile ou à la tentation du rapport de force inutile entre les uns et les autres, cherchant toujours la voie du compromis et la voie de l'intérêt général. Donc, pour tout cela, je veux très sincèrement te remercier et je pense que nous pouvons tous applaudir très chaleureusement.

Alors, Marina Ferrari, vous la connaissez toutes et tous. Elle a été une remarquable parlementaire. Marina Ferrari, c'est d'abord une Savoyarde. Donc une femme avec du caractère, des convictions, de la solidité.

Et je suis très heureux de t'accueillir ici d'abord parce que nous avons très bien travaillé ensemble, chère Marina, quand tu étais parlementaire et ensuite parce que ça rétablit un élément auquel je suis profondément attachée dans notre ministère : la parité de la base au sommet.

Vous aurez désormais la parité entre les ministres de Bercy et je pense que c'est une excellente chose. Je rappelle que nous sommes un des ministères, et je remercie la secrétaire générale, qui a le taux d'encadrement où la parité se rapproche le plus des objectifs. On était à 26% de parité dans les directions générales. On est à 41 % désormais. Ce sera le cas aussi entre les ministres délégués de Bercy et je pense que c'est une excellente chose.

Marina Ferrari, tu as un point commun avec Jean-Noël, c'est ton sérieux, c'est ta connaissance des dossiers, on en a besoin, c'est ta détermination, on en a absolument besoin aussi.

Sam Altman vient d'annoncer qu'il allait lever 7 000 à 8 000 milliards de dollars pour l'intelligence artificielle, tu dois faire aussi bien, et de préférence sans argent public, cela va de soi.

En tout cas, la feuille de route, puisque c'est l'occasion aussi de rappeler quelles sont les feuilles de route qui nous ont été fixées par le président de la République, par le Premier ministre, et que je fixe ici à ce ministère, c'est d'abord l'innovation, l'innovation, l'innovation. Je n'ai aucun doute que nous régulerons.

La tendance européenne est de toujours ajouter des normes et des régulations, et elles sont évidemment nécessaires. En revanche, tu dois innover matin, midi et soir.

Nous sommes les champions de l'intelligence artificielle en Europe. Nous avons l'entreprise la plus avancée avec Mistral. Nous avons des supercalculateurs qui sont de classe mondiale.

Nous devons continuer à innover avant de réguler pour pouvoir livrer la compétition, à jeu égal, avec les États-Unis et avec la Chine.

C'est donc ton premier poste ministériel. C'est un défi absolument considérable dont va dépendre la puissance française au XXIe siècle.

Je suis vraiment heureux que le président de la République et le Premier ministre t'aient choisi parce que je sais que tu es la bonne personne, à la bonne place. Merci, chère Marina Ferrari, et on compte bien sur toi.

Alors ensuite, nous avons trois autres compagnons de route, dans la stabilité que j'ai toujours défendue et qui me paraît un gage d'efficacité au service de nos compatriotes.

Je vais commencer par un absent, Roland Lescure, qui est retenu sur un déplacement à l'extérieur. Lui, sa feuille de route est extrêmement claire, c'est poursuivre et accélérer l'industrialisation de notre pays. Nous avons, dans ce domaine, marqué des points majeurs avec le président de la République depuis 2017.

Je viens d'avoir ce matin même, les résultats du cabinet Trendeo sur les ouvertures d'usines en France depuis 2017. Fin 2023, 628 usines nouvelles ont été ouvertes sur notre territoire.

C'est le fruit de la politique du président de la République. C'est le fruit d'une majorité qui a eu le courage de baisser les impôts de production, là où beaucoup montaient sur leur tonneau en disant “Il faut de nouvelles usines, mais on continue à augmenter les impôts de production”. Nous les avons baissés.

C'est le fruit d'une politique de formation, de qualification très déterminée. C'est le fruit de l'apprentissage. C'est le fruit de l'investissement, avec France 2030, dans l'innovation, parce que la guerre industrielle que se livrent le continent européen, le continent chinois et le continent américain justifie de mettre de l'argent public pour ouvrir de nouvelles usines.

Cela permet pour la première fois depuis plusieurs décennies de créer de nouvelles filières à partir de rien, comme nous l'avons fait sur les batteries électriques avec les gigafactories. 628 usines ouvertes depuis 2017, plus de 100 000 emplois d'ouvriers, nous avons la base, nous avons inversé la tendance.

Maintenant, il faut accélérer cette industrialisation, nous ferons un certain nombre de propositions avec Roland Lescure dans ce domaine.

Mais pour industrialiser, il faut beaucoup d'énergie, de l'énergie morale, mais de l'énergie physique aussi, c'est-à-dire de l'électricité décarbonée. Et c'est bien pour cela que cela a du sens de mettre ensemble l'industrie et l'énergie, l'économie et l'énergie.

Et croyez-moi, ce n'est pas parce que l'énergie est à Bercy qu'on va abandonner les énergies renouvelables. Au contraire, on va les déployer plus vite et on va les déployer plus fort.

Mais notre responsabilité, avec Roland Lescure, sera de garantir que la France reste indépendante en matière énergétique et bascule totalement vers de l'énergie décarbonée en faisant preuve de sobriété, en construisant plus vite les capacités d'énergies renouvelables et en réussissant à lancer un programme nucléaire de 6 nouveaux EPR, dont je rappelle qu'il est le plus grand défi industriel fixé à la France depuis les années 80. Voilà quelle sera la responsabilité de Roland Lescure.

Ensuite, on a un sujet sur les PME, les TPE, les artisans, tout ce qui fait la vie économique de la nation, les commerçants. Et là, la feuille de route, elle se résume en un seul mot pour Olivia Grégoire : simplification.

C'est probablement la chose la plus compliquée dans une administration et pour un ministre. Je reçois une foule de notes me faisant des propositions sur la simplification. C'est bien les passations de pouvoir parce que ça permet de se dire les choses très franchement et de le dire aussi à nos compatriotes. Nous n'y sommes pas.

Nous n'y sommes pas parce qu'on continue à proposer la suppression d'une petite norme ici, d'une petite règle là, d'arracher deux ou trois pages du code du travail et surtout de faire des commissions de simplification ou des comités de simplification ou des concertations sur la simplification. Très bien.

La tabula rasa, voilà quel doit être notre maître mot. Si on veut réussir en matière de simplification : tabula rasa de ce qui ne marche pas ; tabula rasa de ce qui est inutile ; tabula rasa de ce qui coûte à nos entrepreneurs, à nos commerçants, à nos artisans et qui ne rapporte rien à nos compatriotes ; tabula rasa de la complexité qui donne des migraines, c'est peut-être très bien pour l'industrie pharmaceutique, mais ce n'est pas bien pour nos compatriotes ; tabula rasa de tout ce qui crée de l'anxiété administrative chez ceux qui créent de la richesse.

Soyez audacieux en matière de simplification. Voilà la ligne de conduite que je te fixe, chère Olivia : la simplification par la tabula rasa et par la capacité à oublier les vieux réflexes de nos administrations qui, trop souvent, entravent la liberté de nos compatriotes.

Je ne vais pas dire que je garde le meilleur pour la fin quoi que... En tout cas, je suis très heureux, cher Thomas Cazenave, que nous puissions continuer ensemble.

Je vais être très bref sur le sujet des finances publiques, car j'aurai l'occasion de m'exprimer sur le sujet dans les prochains jours. Donc, inutile d'en dire trop long.

Chacun sait qu'après la crise du Covid, nous avons massivement et efficacement protégé les Français. Après la relance qui nous a permis de retrouver notre niveau d'activité d'avant-crise, les premiers dans la zone euro, après l'inflation que nous avons réussi à briser en moins de deux ans, tout en protégeant nos compatriotes avec le bouclier sur le gaz, sur l'électricité, maintenant, il faut revenir à la normale.

Il faut réduire les dépenses et il faut désendetter. Donc, ça demande quelques décisions sur lesquelles nous travaillons depuis des semaines, activement, avec Thomas Cazenave et ses équipes, avec l'ensemble des services des ministères, mais je l'ai déjà dit, je préfère travailler, proposer au Premier ministre et au président de la République avant que nous puissions présenter des choses en bonne et due forme, de manière très complète, très sérieuse, très professionnelle, à nos compatriotes.

Donc, en la matière, vous ferez preuve d'un tout petit peu de patience et vous verrez que la marque de fabrique de cette majorité reste le sérieux et la constance, y compris en matière de finances publiques.

D'un point de vue plus personnel, je termine pour redire que mon enthousiasme, mon énergie et mon plaisir à diriger cette équipe sont les mêmes qu'au premier jour, il y a maintenant 7 ans.

C'est une fierté quotidienne, c'est un honneur de servir à ce poste et c'est une chance d'avoir une équipe de cette qualité-là. Alors parfois, on est triste.

Aujourd'hui, j'ai une petite pointe de tristesse de voir partir Jean-Noël Barrot, parce que c'est un ami, et qu'on n'aime jamais voir les amis s'éloigner, même si c'est pour des rivages qui ne sont pas trop lointains. C'est compensé par le bonheur d'accueillir Marina Ferrari, qui est un excellent choix du Premier ministre et du président de la République.

Nous sommes une belle équipe. Nous sommes au service des Français. C'est notre fierté et c'est notre honneur.


Merci à toutes et à tous.


Source https://www.economie.gouv.fr, le 13 février 2024