Texte intégral
ADRIEN GINDRE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Adrien GINDRE.
ADRIEN GINDRE
Avant de parler, bien sûr, agriculture dans un instant, en détail, un mot tout de même de cette élection en Russie. Vladimir POUTINE réélu jusqu'en 2030, à la tête de la fédération de Russie avec près de 88% des voix hier soir. La France reconnaît-elle cette victoire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais d'abord, avant toute chose, rendre un hommage à l'immense courage des opposants de monsieur POUTINE qui ont manifesté comme ils le pouvaient…
ADRIEN GINDRE
En allant voter à la mi-journée…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Avec une très grande dignité, et en allant voter à la mi-journée. Effectivement, c'est un simulacre d'élection, puisque toute opposition a été muselée, et, on le sait, avec quelle violence.
ADRIEN GINDRE
Il y aura un message de félicitations formel, comme on le fait souvent pour des élections à l'étranger ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je n'ai pas cru voir de réaction officielle du Président de la République et du ministre des Affaires étrangères. Et au fond, le sujet n'est pas là. Le sujet, c'est de continuer à agir pour faire en sorte de protéger l'Europe et les Français contre une puissance qui est agressive, qui fait la guerre à nos portes, qui essaie d'influencer nos démocraties par une guerre informationnelle, des attaques cyber, des menaces en mer, des menaces aériennes, et qui essaie de déstabiliser nos intérêts européens et français en Afrique. Donc voilà, on sait à qui on a affaire, et on agit en conscience.
ADRIEN GINDRE
Avec également, et on l'a vu tous ces derniers mois, des conséquences également sur les marchés agricoles. Bien sûr que ce n'est pas la seule explication, mais elle y a contribué cette guerre en Ukraine. Je rappelle qu'il y a trois semaines, le chef de l'Etat annonçait une réunion avec les agriculteurs à l'Elysée, on est trois semaines après le Salon de l'agriculture. La réunion aura finalement lieu demain avec le Premier ministre, pourquoi pas le Président ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce qu'on continue à avancer sur les 62 engagements du Premier ministre. Et donc la réunion se tiendra au niveau du président de la République, quand on fermera cette séquence, quand on sera au bout des travaux que nous avons engagés avec les organisations professionnelles agricoles…
ADRIEN GINDRE
Donc ça veut dire que ce n'est pas allé assez vite, comme le dit pour le coup la FNSEA. Ça confirme que le rythme n'est pas le bon.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors si, puisque le gouvernement a agi fort et rapidement. Je note d'ailleurs avec intérêt que la FNSEA et son leader, Arnaud ROUSSEAU, saluaient l'ouverture très forte qu'a faite l'Union européenne et la Commission vendredi sur des avancées que personne n'imaginait, il y a encore quelques mois, ces avancées…
ADRIEN GINDRE
Alors, des avancées… pour simplifier, renoncent à certains engagements écologiques…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ces avancées, elles ont été le fait de Marc FESNEAU et de la France pour pouvoir faire bouger les lignes au niveau de l'Union européenne, ça, nous le mettons à notre crédit…
ADRIEN GINDRE
Donc vous soutenez ces avancées, comme vous dites. Mais quand votre président d'une Commission au Parlement européen, Pascal CANFIN, qui est un eurodéputé de votre majorité, dit : si la Commission va au bout de sa proposition, elle détricotera le verdissement de la PAC. D'accord pour la simplification, pas pour le détricotage ; vous êtes en porte-à-faux avec votre propre député ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas du tout, pas du tout. Ce que nous disons, c'est qu'il faut aller vers une bonne…
ADRIEN GINDRE
Enfin, pas du tout, vous dites, c'est une bonne chose, il dit : c'est une mauvaise chose…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon, si vous me laissez aller jusqu'au bout, Adrien GINDRE…
ADRIEN GINDRE
Allez-y…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que nous disons très simplement, c'est, la simplification, c'est ce que nous portons de nos voeux. La jachère, elle ne va pas contre les simplifications que nous avons obtenues pour 2024 sur la jachère, elle ne va pas contre l'intérêt de l'écologie. Elle permet aux agriculteurs de gérer aujourd'hui une situation où ils doivent produire plus tout en respectant les terres et en faisant en sorte qu'elles soient protégées. C'est ce que nous faisons. Et sur les ouvertures qu'a fait l'Europe, elle ouvre un certain nombre de textes correspondant à nous, les bougés que nous voulions, qui sont des bougés de simplification. Mais il n'a jamais été question pour le gouvernement français de revenir en arrière sur la transition agroécologique que nous avons portée. Et pourquoi ? Parce que les agriculteurs sont les premières victimes de cette transition, ou plutôt du dérèglement climatique et de l'effondrement de la biodiversité. Ce sont les premières victimes, et donc nous allons agir et continuer à agir. En revanche, avoir des textes qui s'appliquent sur le vivant, je vais prendre un exemple, dire qu'au 15 mars, on ne peut plus couper les haies, alors que depuis quatre mois, il n'arrête pas de pleuvoir dans le Pas-de-Calais, et que du coup, eh bien, les haies n'ont pas été entretenues, vous voyez bien que là, il faut trouver des espaces de souplesse…
ADRIEN GINDRE
Et simplifier…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qui ne remettent pas en cause fondamentalement notre combat pour le climat et pour la biodiversité.
ADRIEN GINDRE
Sur le rythme, puisque vous contestez le fait que le rythme ne soit pas le bon. Est-ce que, déjà, un point de calendrier très simple, vous pouvez nous confirmer que 100% des aides liées à la PAC ont bien été versées au 15 mars, comme c'était l'engagement ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que je peux vous confirmer, c'est que les aides qui correspondent au premier pilier et une partie du deuxième pilier, qui étaient notre engagement, ont effectivement été versées au 15 mars, et que, donc, les autres aides, mais qui doivent être déployées dans les jours qui viennent.
ADRIEN GINDRE
Par exemple pour le bio…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, elles vont être versées dans un calendrier qui démarre maintenant, mais ça, c'était bien l'engagement du Premier ministre et du Président de la République…
ADRIEN GINDRE
… Versées avant quelle date ? La date butoir, y compris par exemple pour les aides qui concernent le bio ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, l'essentiel doit être versée d'ici le mois de juin. Mais là encore, conformément au calendrier sur lequel nous nous étions engagés.
ADRIEN GINDRE
Vous n'avez pas d'inquiétude. On voit qu'il y a quand même des mobilisations sporadiques un peu partout. Il y a encore la FDSEA départementale qui appelle à un rassemblement à Compiègne ce matin dans l'Oise. Vous n'avez pas peur que le mouvement reprenne ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je crois que la crise n'est pas terminée, tout simplement, parce que les agriculteurs doivent vivre de leur travail, et les Français doivent avoir accès à une alimentation qui soit saine. Et nous devons être souverains sur l'alimentation. C'est ça les trois priorités que nous portons, et ces priorités, il faut continuer à se battre pour elles. Ce mouvement des agriculteurs, il n'est pas propre à la France. On le retrouve en Europe, et on le retrouve ailleurs dans le monde. Pourquoi ? Parce que le dérèglement climatique a affolé les marchés agricoles et a déstructuré notre capacité à avoir une agriculture qui soit correctement rémunérée…
ADRIEN GINDRE
Mais le fait est que vous avez engagé une réponse, on voit qu'il y a toujours une colère, qu'il y a toujours des mouvements. On a vu les images à Bordeaux vendredi, notamment la Coordination rurale. On voit que la FNSEA se mobilise toujours. Ce n'est pas propre à quelques actions isolées. Il y a toujours une colère dans le monde agricole, des semaines après l'engagement de vos réponses ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Et c'est pour ça que nous agissons fort et vite aujourd'hui. Tout simplement, parce que le sujet de nos agriculteurs, c'est de lutter contre le dérèglement climatique. Le dérèglement climatique ne va pas se résoudre en deux jours. La viticulture dans les Pyrénées-Orientales, qui souffrent de la sécheresse, ce n'est pas la faute du gouvernement. En revanche, c'est à nous, en responsabilité d'abord, de les aider, ce que nous avons fait. Les aides à la trésorerie, elles sont aujourd'hui payées sur le terrain. Je rappelle que plus de 4.000 exploitations ont bénéficié des différentes aides d'urgence, et que près de 42.000 exploitations ont bénéficié de l'avance sur trésorerie du GNR. Il faut continuer à aller plus loin. 42.000 exploitations qui bénéficient de l'avance de trésorerie, une précision, sur les 400.000 exploitations en France. Ça veut dire qu'il y en a encore beaucoup qui n'ont pas activé ce levier. Moi, je compte sur les organisations professionnelles aussi pour dire ce qui se passe sur le terrain et pour aider les agriculteurs à bénéficier de ces aides.
ADRIEN GINDRE
Merci beaucoup, Agnès PANNIER-RUNACHER. On a donc entendu, le travail continue, et continue à un rythme soutenu de votre point de vue. Merci d'avoir été sur TF1 ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2024