Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bonjour, bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous. Les Français veulent savoir " Parlons vrai " ce matin avec Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, bonjour.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Les finances publiques, la situation s'aggrave pour 2023. Le déficit public va passer à 5,6%. C'est bien ça ? C'est 5,6% ?
STANISLAS GUERINI
On sera exactement la semaine prochaine puisqu'on attend les publications des chiffres de l'INSEE. Mais ce qui est certain, c'est que ce sera plus que ce qu'on avait prévu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de 4,9 ?
STANISLAS GUERINI
Très directement, ce matin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va dépasser 5, largement.
STANISLAS GUERINI
Le ministre de l'Economie et ministre des Comptes publics l'ont déjà dit, ça sera plus. Et ce n'est un secret pour personne. Moi, je pense qu'il faut se dire les choses, en vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il faut dire les choses.
STANISLAS GUERINI
Exactement, la situation des finances publiques, elle est grave, elle est préoccupante. Je pense qu'on a fait les choix qu'il fallait faire depuis 2017. On a, de 2017 à 2019, réduit les déficits très nettement. On était sortis à ce moment-là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais ça s'est le passé.
STANISLAS GUERINI
…de la situation de mauvaise élève de l'Europe. C'était la première fois qu'on sortait de la situation de déficit excessif en Europe. Et ensuite, il y a eu des crises, il faut le dire aux Français ; il y a des crises sanitaires notamment. Je pense qu'on a bien fait de faire le quoiqu'il en coûte. J'entends des voix qui, aujourd'hui, refont le match en disant qu'il n'aurait pas fallu faire le quoi qu'il en coûte. Moi, je pense que la situation aurait été bien plus grave si on n'avait pas fait ça. Et donc, ce sont des choix qu'il faut assumer collectivement. Mais maintenant, il y a une situation en Europe de croissance qui est en train de se ralentir. Nos voisins et amis allemands ont une situation qui est encore plus préoccupante que la nôtre. En France, ça tient.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le déficit des Allemands sera moins important que le déficit public français.
STANISLAS GUERINI
Certes, le point de départ n'était pas le même.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le point de départ n'était pas le même.
STANISLAS GUERINI
Mais par contre, la détérioration de la situation est bien plus forte que nos voisins Allemands. Eux, par rapport à leurs prévisions, ils ont perdu plus d'un point de croissance. Ce n'est pas le cas de la France. Et donc il faut continuer à maintenir les moteurs allumés. Mais il faut aussi, en face de cette situation, prendre des décisions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que je vous donne le chiffre de 5,6% du PIB ? Parce que c'est un chiffre donné par la mission de contrôle du Sénat donc c'est un chiffre plus ou moins officiel. Donc ce chiffre, vous ne le contestez pas ?
STANISLAS GUERINI
Je ne le conteste pas. On verra, il sera peut-être confirmé la semaine prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne le contestez pas, il sera à 5,5 – 5,6.
STANISLAS GUERINI
En tout cas, vous voyez, on se dit des choses directement ce matin, je crois. C'est l'esprit de votre émission.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'esprit de l'émission : Parlons vrai.
STANISLAS GUERINI
On a déjà dit des choses sur un déficit qui va s'aggraver et quand il y a moins de recettes, il faut qu'il y ait moins de dépenses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement, moins de dépenses. Bruno LE MAIRE veut couper dans les dépenses sociales. Il faut remettre à plat les dépenses sociales. C'est ce qu'il dit. Donc remettre à plat les dépenses sociales, ça veut dire faire des économies. Faire des économies où, Stanislas GUERINI ?
STANISLAS GUERINI
Vous voyez quand…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais prendre quelques exemples.
STANISLAS GUERINI
Allez-y.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas, moi, par exemple, revenir sur l'indexation automatique de toutes les prestations sociales ?
STANISLAS GUERINI
Non, ça, c'est non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ? C'est non ?
STANISLAS GUERINI
Et on a déjà dit des choses clairement là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ni SMIC, ni pensions de retraite, on ne touche pas ?
STANISLAS GUERINI
Il y a eu des rumeurs qui ont couru ces derniers jours, ces dernières semaines, sur un certain nombre de décisions de cette nature. Et le Gouvernement, le Président de la République a tordu le cou à ces rumeurs-là. Donc, on peut dire les choses clairement : ce n'est pas ça qui est au…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne toucherez pas aux prestations sociales.
STANISLAS GUERINI
On a parlé de désindexation, notamment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
STANISLAS GUERINI
Les retraites sur l'inflation, ça n'est pas au programme. Je le dis clairement devant vous, Jean-Jacques BOURDIN, ce matin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Suppression des APL ?
STANISLAS GUERINI
On ne va pas jouer à ce petit jeu-là. Non aussi, si vous voulez que je vous dise les choses très clairement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, quelles précisions ont-ils ?
STANISLAS GUERINI
Ce n'est pas un jeu, c'est une tordons le cou.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tordez le cou à toutes les rumeurs et tout ce qui dit.
STANISLAS GUERINI
Tordons le cou aux rumeurs et aux choses qui n'existent pas. Parce qu'on laisse tourner beaucoup de choses. Ce qui est certain, c'est qu'on a une situation et un déficit qui s'aggravent. Quand on regarde la structure des dépenses en France, c'est vrai que les dépenses de transferts, les dépenses sociales, ce sont celles qui ont le plus augmenté sur beaucoup de politiques publiques. Il y en a qui accompagnent très directement des gens qui sont en difficulté, il y a des politiques pour aider pour la question du logement par exemple. Donc, ce qu'il faut faire… Moi, je ne viens pas… - je ne suis pas, en plus, ministre de l'Economie et des Finances - devant vous, avec des scoops pour vous dire c'est exactement sur ce champ là, vous vous en doutez bien, qu'on va bouger. Mais ce qu'il faut faire très sérieusement et très collectivement, c'est regarder politique publique par politique publique, celles qui marchent et l'efficacité des euros qu'on investit. Et puis, il faut regarder autre chose, c'est de l'organisation de notre système aujourd'hui, de toutes les couches de responsabilité, entre tous les acteurs. Et ça, Président de la République a confié une mission à Éric WOERTH qui est très importante, pour essayer très clairement de dire qu'au fond, on prend une politique publique et on se dit qui est responsable. En face de celle-là, qui a le budget pour pouvoir la mener, qui doit être associée ? Et ce travail-là, pour moi, il est très important parce qu'il doit nous permettre de déboucher sur une organisation plus efficace.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous me dites aujourd'hui « on ne sait pas où l'on va faire des économies » ?
STANISLAS GUERINI
On est en train d'y travailler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes en train d'y travailler.
STANISLAS GUERINI
Je ne veux pas donner l'impression qu'il y a un flou, là non plus. Il y a une décision qui a été prise dès l'année 2024, là, en urgence, si je puis dire, de faire 10 milliards d'euros d'économies en plus. On sait très bien où on les fait, ça a été documenté, c'est clair. Et puis, on est en train de travailler pour être clair, à l'année prochaine. On sait que l'effort doit être important. C'est plutôt 20 milliards qu'il faut aller chercher, là aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
50 milliards dit-même la Cour des comptes, jusqu'en 2027.
STANISLAS GUERINI
Oui, je donne des chiffres que le ministre de l'Economie et des Finances a donnés. Et donc ce travail-là, il se fait maintenant pour l'année prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, il y aura des efforts demandés aux Collectivités locales, j'imagine ; nous verrons.
STANISLAS GUERINI
Quand je pars, d'organisation générale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai compris, j'ai compris…
STANISLAS GUERINI
Non mais, là aussi… moi, je fais partie d'une majorité où on se dit les choses directement. Il y a beaucoup de gens qui nous font des leçons aujourd'hui, qui sont ceux - je pense au quinquennat de François HOLLANDE - qui ont diminué, année après année, les ressources des collectivités territoriales. Ça n'est pas notre cas. Et donc, s'il y a des économies à faire, il faut aller les mains dans le moteur, voir comment on organise les choses. Ce qui est certain, c'est que je crois que sur certaines politiques publiques, les responsabilités sont beaucoup trop dispersées. Et donc à nous de prendre nos responsabilités, de dire comment on organise les choses et à ce moment-là, comment on génère les économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, alors nous allons entrer dans le détail. Puisqu'on ne se cache rien, nous allons parler des fonctionnaires.
STANISLAS GUERINI
Mais je suis là pour ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez baisser le nombre de fonctionnaires ?
STANISLAS GUERINI
Ce n'est pas le programme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas le programme ? Moi, je me souviens quand même d'Emmanuel MACRON en 2017, promesse, oui, " nous supprimons 120 000 postes de fonctionnaires. "
STANISLAS GUERINI
On a le droit de dire qu'on a changé. On a le droit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut dire aussi qu'on n'avait pas tenu aux promesses.
STANISLAS GUERINI
…d'apprendre de nos expériences, d'apprendre d'un premier quinquennat. Oui, c'est vrai, le programme du Président de la République qui a été candidat réélu en 2022, n'était pas le même en 2022 qu'en 2017. C'est vrai, en 2017, le programme que j'ai porté, de notre majorité, j'ai fait une campagne législative pour ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
STANISLAS GUERINI
Et j'ai été élu, c'était 120 000 suppressions de fonctionnaires, 50 000 pour l'Etat, 70 000 pour les collectivités territoriales. Et puis, on a bougé sur cette question-là. On s'est rendu compte dans le premier quinquennat, qui est un quinquennat de crise, qu'on a besoin de remettre de l'humain sur nos territoires : derrière les guichets de services publics parce que les gens, ils veulent (quand ils ont des besoins) voir des voix et des visages. Et donc notre programme, il a changé. Et le Président de la République, candidat à sa réélection en 2022, il a dit les choses clairement. Il a dit " stabilité de l'emploi public sur ce quinquennat. " Stabilité, donc moi je suis un ministre de la Fonction publique, donc peut-être pour la première fois, le mandat ne repose pas sur des suppressions de postes mais une stabilité des postes. Est-ce que ça ne veut pas dire qu'il y a des endroits où l'on doit mieux faire ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2024 donc, stabilité ou augmentation du nombre de fonctionnaires ?
STANISLAS GUERINI
Non, stabilité des postes, réinvestissement sur certains…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez créer ?
STANISLAS GUERINI
On crée des postes de policiers, de gendarmes, de magistrats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Globalement, il n'y aura pas de fonctionnaires en plus ?
STANISLAS GUERINI
Globalement, pas de suppressions de postes. Mais je vais ajouter une chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pas d'augmentation du nombre de fonctionnaires ?
STANISLAS GUERINI
Pas d'augmentation du nombre, pas de diminution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord.
STANISLAS GUERINI
Mais là où je veux ajouter un point, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
STANISLAS GUERINI
C'est que notre sujet aujourd'hui et au fond le débat sur plus ou moins de fonctionnaires, il est quasiment un peu derrière nous. Notre sujet aujourd'hui, c'est de pourvoir les jobs qui sont ouverts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est votre problème.
STANISLAS GUERINI
Je l'ai dit ce matin à votre antenne, il y a, au moment où on se parle, 70 000 postes que moi, je sais pourvoir aujourd'hui et que je propose aux Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et que vous n'arrivez pas à pourvoir ?
STANISLAS GUERINI
Des postes de toutes natures, des postes pour venir faire carrière dans la Fonction publique et…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous proposez 70 000 postes que vous n'arrivez pas à pourvoir ?
STANISLAS GUERINI
Et aujourd'hui, ils ne sont pas pourvus. Donc, moi, mon sujet, c'est un sujet d'attractivité, c'est un jeu de fidélisation évidemment aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
STANISLAS GUERINI
Ça veut dire qu'il faut agir sur tous les leviers : les leviers salariaux. Je les regarde en face.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir.
STANISLAS GUERINI
On en parlera. La partie conditions de travail, qui est évidemment essentielle aussi et puis, donner des perspectives de carrière. Puisqu'il y a une semaine de ça, j'ai fait un Salon national de l'emploi public. Il y a 6 000 personnes qui sont venues, donc ça intéresse. Et ce qui intéresse aujourd'hui les gens, c'est de pouvoir faire toute une carrière très diverse dans la Fonction publique. Et je crois que les employeurs publics, ils savent proposer ça. Et donc, il faut le dire aussi à votre antenne : venez faire carrière dans la fonction.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, pour rendre les postes de fonctionnaires attractifs, il y a les traitements, les salaires. Est-ce que le point d'indice des fonctionnaires sera gelé en 2024 ?
STANISLAS GUERINI
Je vais vous donner un scoop : la rémunération indiciaire (c'est-à-dire le fixe) des fonctionnaires, je l'ai augmentée il y a…
JEAN-JACQUES BOURDIN
3,5 en 2023.
STANISLAS GUERINI
…il y a deux mois de ça, janvier 2024. J'ai pris des décisions. Certaines se sont appliquées en juillet 2023, d'autres en octobre, les dernières…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En janvier.
STANISLAS GUERINI
En 2024. Donc, j'entends beaucoup parler de l'année 2024. Je vais être très factuel à votre antenne ce matin, Jean-Jacques BOURDIN : la rémunération moyenne des fonctionnaires, des agents publics dans notre pays, en 2024 par rapport à 2023, elle augmente de 5,7% en moyenne. On a fait face à une situation d'inflation qui était très forte et je n'en tire pas gloriole. C'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'inflation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne toucherez pas à la rémunération des fonctionnaires en 2024 ?
STANISLAS GUERINI
J'ai augmenté la rémunération des fonctionnaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, je le sais, j'ai vu.
STANISLAS GUERINI
On a pris des décisions en 2022, en 2003, dont certaines s'appliquaient encore en janvier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,5% en 2022.
STANISLAS GUERINI
… en janvier 2024. Et je vous dis ce matin, à votre antenne, que la rémunération moyenne des fonctionnaires en 2024 - je ne parle pas de 2023, je parle de 2024 – elle augmente de 5,7% par rapport à 2023. Ce sont des choses qui sont très concrètes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elle ne bougera plus d'ici la fin de l'année 2024 ?
STANISLAS GUERINI
J'ai fait une proposition qui est, là aussi, inédite aux syndicats, qui est de venir se mettre autour de la table et de construire une négociation salariale, adoptée avec les syndicats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes prêt aujourd'hui…
STANISLAS GUERINI
Je suis prêt à discuter des rémunérations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
… à discuter des rémunérations sur l'année 2024 et les années qui viennent ?
STANISLAS GUERINI
Les années qui viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour avoir, comme dans le privé, si j'ai bien compris, Stanislas GUERINI, pour avoir, comme dans le privé, une négociation salariale annuelle ?
STANISLAS GUERINI
Ça n'existe pas dans la fonction publique, c'est totalement anormal. En réalité, on a un système qui ne marche pas bien, où la seule responsabilité c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous voulez mettre en place ?
STANISLAS GUERINI
Oui, c'est ce que je veux mettre en place. Et c'est pour ça que je vous dis que c'est une proposition qui est inédite aujourd'hui. Le paradoxe, c'est que le salarial, ça n'entre pas dans le champ de la négociation dans la Fonction publique. Et donc moi, j'ai dit aux syndicats " Chiche, construisons exactement, ça existe, on parle des NAO dans le public, des Négociations annuelles obligatoires. " On peut mettre en place une négociation salariale annuelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Obligatoire.
STANISLAS GUERINI
On a l'obligation de s'asseoir autour de la table où on met l'ensemble des organisations syndicales, où on met l'ensemble des employeurs aussi. Parce que dans la Fonction publique, il y a des employeurs qui sont diverses : il y a des collectivités territoriales, il y a des hôpitaux, les administrations de l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a trois Fonctions publiques français.
STANISLAS GUERINI
Moi, je suis ministre des trois Fonctions publiques. Donc je mets autour de la table l'ensemble des syndicats, l'ensemble des employeurs. On construit une vraie négociation, on partage la situation, on s'interroge sur les bons leviers à mettre en face, on parle chiffres, on est d'accord, on n'est pas d'accord et on prend nos responsabilités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, c'est pour 2025. On est bien d'accord ?
STANISLAS GUERINI
Voilà, le système que je propose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2024, on ne touche à rien, c'est pour 2025 ?
STANISLAS GUERINI
Mais aussi pour une raison, que vous allez parfaitement comprendre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais que tout soit précis.
STANISLAS GUERINI
Tout est précis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2024, je suis fonctionnaire, j'ai été augmenté deux fois ou trois fois en 2023 et en janvier encore 2024.
STANISLAS GUERINI
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ici fin 2024, je ne verrai pas mon traitement augmenter. On est bien d'accord ?
STANISLAS GUERINI
Moi, les discussions que je mets en place, c'est effectivement pour l'application 2025.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc en 2024, mon traitement n'augmentera pas.
STANISLAS GUERINI
Je vous ai répondu là encore, et je le fais pour la troisième fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais moi, je vous pose la question pour la troisième fois ou la quatrième. Le traitement n'augmentera pas en 2024.
STANISLAS GUERINI
Le salarié, l'auditeur qui nous écoute il regarde sa rémunération d'une année sur l'autre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il regarde sa fiche de paie. Donc la fiche de paie ne bougera pas, ne bougera plus d'ici la fin 2024.
STANISLAS GUERINI
Ne bougera plus mais ne dites pas " ne bougera pas ".
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ne bougera plus d'ici à fin 2024.
STANISLAS GUERINI
Ne dites pas " ne bougera pas ". Janvier 2024 par rapport à janvier 2023, je le redis pour la troisième fois, il y a des augmentations de salaires qui ont été conséquentes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous me l'avez dit, mais donc ça ne bougera plus d'ici 2024, la fin 2024. Est-ce que vous voulez une grande réforme de la Fonction publique ?
STANISLAS GUERINI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous préparez une grande réforme de la Fonction publique ?
STANISLAS GUERINI
Oui, je crois qu'elle est nécessaire pour plus d'efficacité de notre Fonction publique. Je crois qu'elle est nécessaire pour pouvoir entrer dans la Fonction publique plus facilement, bouger dans la Fonction publique plus facilement, en sortir parfois. Je crois qu'elle est nécessaire pour que le travail, l'engagement paye plus dans la Fonction publique. Je crois qu'elle est nécessaire pour mieux valoriser les compétences et les métiers dans la fonction.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc rémunération au mérite.
STANISLAS GUERINI
Je suis en train de préparer entre autres, entre autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc rémunération. Ça peut être quoi une rémunération au mérite dans la Fonction publique ?
STANISLAS GUERINI
D'abord de pouvoir évoluer plus facilement dans sa propre carrière, d'avancer. Je vais vous prendre un exemple très concret, un métier qui existe dans la Fonction publique, dans nos mairies - je sais que vous y êtes très sensible. Dans les mairies de petite taille, il y a des secrétaires de mairie. Nos secrétaires de mairie, elles sont rentrées bien souvent il y a 20 ans, il y a 30 ans, beaucoup vont partir à la retraite dans les années qui viennent. Je dis elles parce qu'à 94% sont des femmes. Elles ne sont pas très bien rémunérées. Elles sont catégorie C parce qu'on leur a mis une étiquette sur la tête sur la seule base du diplôme qu'elles avaient il y a 20 ou 30 ans et il y a un plafond de verre au-dessus de leur tête. Moi je veux, et c'est le coeur de la réforme que je suis en train de préparer, qu'on puisse faire péter les plafonds de verre. Qu'on puisse sur la base…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais être très clair…
STANISLAS GUERINI
Moi aussi mais laissez-moi finir et je vous réponds. Sur la base des compétences et de la valorisation des métiers de se dire « quand on exerce un métier qui est reconnu par tous comme utile, comme à forte responsabilité, et je crois qu'il y a un consensus pour les secrétaires de mairie, il faut qu'on puisse évoluer plus facilement ». Eh bien, posez-vous la question. On a eu besoin d'une loi à l'Assemblée nationale pour revaloriser un métier. Il y a 1 000 métiers dans la Fonction publique. Est-ce qu'on a besoin de 1 000 propositions de loi pour le faire ? Voilà, moi ce que je veux faire avec un projet de loi, c'est pouvoir nous donner des moyens pour pouvoir plus facilement revaloriser des métiers et valoriser les compétences. Ça, c'est le coeur de ce projet de loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ce projet de loi ? Quand ?
STANISLAS GUERINI
Je veux le faire après l'été, donc je concerte. J'ouvre une concertation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc grand projet de loi de réforme de la Fonction publique.
STANISLAS GUERINI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Après l'été.
STANISLAS GUERINI
Ç'a été confirmé par le président de la République et par le ministre qui en a parlé dans sa déclaration de politique générale. Avant l'été, je verrai évidemment très régulièrement les organisations syndicales, comme vous l'avez compris pour négocier sur les salaires et les conditions de travail, pour concerter aussi sur la réforme de la Fonction publique. Et puis, je ferai comme je fais depuis maintenant quasiment deux ans, j'irai sur le terrain. J'étais hier à Nice, vous voyez, à réunir des agents des trois versants de la Fonction publique de toutes catégories, parce que cette réforme elle doit être construite à partir du terrain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors Stanislas GUERINI, grande réforme, projet de loi. Grande réforme, ça veut dire remise en cause des fameuses catégories.
STANISLAS GUERINI
C'est des questions qu'on va mettre sur la table.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous préparez à une remise en cause des catégories, des différentes catégories A, B, C ? Vous venez de me prendre un exemple de la secrétaire de mairie qui est bloquée parce qu'elle est en catégorie C.
STANISLAS GUERINI
Ce qui est certain…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes favorable à la remise en cause de ces catégories ?
STANISLAS GUERINI
Ce qui est certain, c'est qu'il faut pouvoir changer beaucoup plus facilement. Je ne m'en suis jamais caché. On a voulu revaloriser nos secrétaires de mairie en disant " elles sont C, tout le monde est d'accord pour dire que c'est un métier qui devrait correspondre plutôt à B ". Mais résultat des courses, la seule solution qu'on avait, c'est de leur dire " attendez madame - 94% de femmes - allez passer pendant un an de cours du soir à un concours administratif, qui parfois n'a pas grand-chose à voir avec le contenu réel de votre métier pour pouvoir changer de catégorie ". Il y a un truc qui ne tourne pas rond, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans notre système.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faut remettre en cause les catégories.
STANISLAS GUERINI
Donc il faut beaucoup plus de fluidité. Les catégories aujourd'hui, elles sont parfois pour les agents de la Fonction publique des plafonds de verre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est obsolète ?
STANISLAS GUERINI
Ecoutez, on a un système qui a été pensé en 1946, les statuts de la Fonction publique, à un moment où il y a dix % des gens d'une classe d'âge qui avaient le bac. Et à ce moment-là, le diplôme ça rangeait très bien les métiers au-delà de la Fonction publique dans la société.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
STANISLAS GUERINI
Vous aviez le brevet, il y avait la catégorie D d'ailleurs à l'époque dans la Fonction publique, on l'a supprimé des années 90, et puis tout se rangeait comme ça. Moi, ce que je constate aujourd'hui, mais vos auditeurs, ils le savent très bien, c'est qu'il y a une distorsion très forte entre la valorisation des métiers et notre système de rangement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc Stanislas GUERINI, c'est obsolète.
STANISLAS GUERINI
Je pense qu'il faut faire bouger ce système, oui, je le dis. Aujourd'hui, on a des agents publics qui veulent me dire bouger.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça veut dire mettre à bas cette histoire de catégories.
STANISLAS GUERINI
On a des agents publics qui veulent bouger, qui sont pleinement dans le XXIème siècle mais le système autour d'eux est resté bloqué dans les années 80. Et donc moi, je veux m'attaquer au système qui empêche les mobilités. Je vais prendre un deuxième exemple.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous vous attaquez aux catégories A, B, C.
STANISLAS GUERINI
Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir et je le dis, je ne fais pas le match avant le match : je vais concerter, réunir des organisations syndicales, pour pouvoir bouger plus facilement. Je vais prendre un deuxième exemple. Il y a plein de métiers aujourd'hui dont on a besoin dans la Fonction publique. On a besoin de faire la transition écologique, on a besoin de gens qui connaissent bien les systèmes énergétiques, qui vont venir nous aider à faire le plan de sobriété. On n'arrive pas à recruter. Mais résultat des courses, vous avez des gens, des énergéticiens qui ont un CAP, qui sont rentrés et qui sont catégorie C, qui sont totalement enfermés dans le système. Je vais dire un truc qui va parler à certains de vos auditeurs. Dans des mairies aujourd'hui, des maires qui me disent " moi, je suis tellement coincé que je demande à mes agents de démissionner pour pouvoir les réembaucher le lendemain en agents contractuels ". On est chez les fous ! Il y a un système qui ne marche pas très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faut une remise en cause de ce système.
STANISLAS GUERINI
Moi jusqu'au bout de ce quinquennat, je pense qu'il faudra réformer et donc je veux réformer la Fonction publique et lui donner beaucoup plus de mobilité dans l'intérêt de nos agents publics. Moi, je me bats et c'est le coeur du projet politique du président de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ne me dites-vous pas que vous voulez remettre en cause les catégories ?
STANISLAS GUERINI
Je suis assez direct avec vous ce matin pour dire que les catégories telles qu'elles fonctionnent aujourd'hui, je le dis prudemment, elles bloquent beaucoup de mobilités. Donc il faudra en concertation, moi c'est ce que je fais depuis le premier jour où je suis ministre, en concertation voir comment est-ce qu'on peut décoincer un système qui est aujourd'hui, je le dis, trop coincé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Est-ce que les Hauts fonctionnaires sont un obstacle à la simplification administrative ?
STANISLAS GUERINI
Non, je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je dis ça parce que le président de la République l'a dit, lui.
STANISLAS GUERINI
Non, il ne l'a pas dit comme ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a incité les Hauts fonctionnaires à simplifier plus vite l'action publique.
STANISLAS GUERINI
Ce n'est pas pareil. Il ne leur a pas dit qu'ils étaient un obstacle. Il leur a demandé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus qu'incité quand même. Il les a rappelés à l'ordre.
STANISLAS GUERINI
Pardon, j'y étais, je crois, et tous les jours je suis avec tous les fonctionnaires, les hauts – je n'aime pas tellement le terme - comme les bas d'une certaine façon, mais tous les fonctionnaires sont engagés pour l'efficacité de l'action publique. Et donc, ça doit démarrer par nos Hauts fonctionnaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut simplifier.
STANISLAS GUERINI
Evidemment, Jean-Jacques BOURDIN, qu'il faut simplifier. Il faut simplifier en partant du terrain. Je vais vous dire avec beaucoup d'humilité, on a fait plein de lois de simplification, etc. D'une certaine façon, j'en ai pris ma part, j'ai été rapporteur d'une loi dans le précédent quinquennat sur le droit à l'erreur. C'est formidable, mais est-ce que ça s'applique partout, à tous les acteurs, à toutes les entreprises, à tous les citoyens ? La réponse, c'est non. Ce n'est pas totalement vrai aujourd'hui. Donc il faut changer de méthode. Et changer de méthode, ça veut dire faire beaucoup plus confiance au terrain. Ça veut dire partir de nos fonctionnaires de terrain, qui eux voient bien la complexité et qui d'ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Partir d'en bas au lieu de partir d'en eux.
STANISLAS GUERINI
Bien sûr. Et qui d'ailleurs eux-mêmes la subissent. Vous savez, j'ai été très marqué. On a vécu une colère de nos agriculteurs, ils ont exprimé leur colère, elle était très légitime. Il y a beaucoup de fonctionnaires de nos administrations - je pense au Ministère de l'Agriculture, je pense à des administrations qui appliquent notamment des normes environnementales - qui ont vécu cette colère en première ligne. Et ç'a été dur et moi, je le dis, je suis à leurs côtés aussi parce que ce n'est pas de leur faute d'une certaine façon. Eux, ils ont senti… Moi, je suis le ministre des agents publics parce qu'ils ont senti ça comme une forme de double peine. Parce qu'eux-mêmes, ils appliquent des règles qui sont complexes, qu'ils n'ont pas choisies et ensuite ils se prennent en première ligne la colère sur le terrain. Et donc à nous, responsables politiques, Hauts fonctionnaires, de simplifier parce qu'on va d'abord aider les agents publics qui eux, sont sur le terrain et qui vont aider nos concitoyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les Jeux olympiques, préavis de grève déposé par la CGT et Force Ouvrière. Dites-moi, primes promises, vous avez annoncé entre 500 et 1 500 euros. 1 900 pour les policiers, pourquoi cette différence ?
STANISLAS GUERINI
Parce qu'il y a un dispositif qu'on assume parfaitement de primes supplémentaires pour des forces de l'ordre à qui on demande d'annuler tout simplement toutes leurs vacances d'été de façon très large. Il n'y a quasiment aucune autre catégorie de fonctionnaires à qui on va demander le même effort. Et d'être sur le terrain, je ne dis pas en permanence, mais de façon extrêmement intense pendant toute la durée des Jeux olympiques et paralympiques. Donc je pense que chacun qui nous écoute aujourd'hui peut comprendre que les Jeux, cet événement extraordinaire qui arrive une fois tous les cent ans dans notre pays, il va impacter les agents publics un peu différemment en fonction de leurs missions, donc ce n'est pas illogique. J'ai entendu madame BINET dire " c'est indigne qu'il y ait des primes qui soient différenciées en fonction des agents publics ". Moi je pense c'est un propos qui est totalement déplacé. Totalement à côté de la plaque. La réalité, c'est que nos agents publics, ils vont vivre une situation différente. Ils vont être impactés de façon différente dans leur quotidien, donc c'est logique de pouvoir avoir des primes qui sont échelonnées. Là aussi, vous m'interrogez sur le mérite. C'est une façon de récompenser l'engagement qui est plein et entier de nos agents publics. J'assume parfaitement le système qu'on a mis en place.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne comprendriez pas que la CGT et Force Ouvrière, que des agents publics fassent grève pendant les Jeux.
STANISLAS GUERINI
Au-delà de moi, la question qu'il faut se poser, c'est est-ce que ceux qui nous écoutent ce matin, ils comprendraient ? Je pense que la réponse est non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous leur demandez de ne pas faire grève.
STANISLAS GUERINI
Bien sûr. Et je m'engage à répondre. Vous savez, moi je suis bon élève, c'est comme ça que depuis deux ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
À répondre ? C'est-à-dire s'ils demandent 500 euros de prime en plus, vous dites oui, c'est ça ?
STANISLAS GUERINI
On a fait avancer les choses. À l'ensemble des préoccupations des organisations syndicales. Il n'y a pas que la CGT dans la vie ; moi, je discute avec toutes les organisations syndicales représentatives de la Fonction publique et qui ont des revendications tout aussi précises, et donc nous répondons. J'entends dire qu'il n'y a aucun dialogue social sur la question des Jeux, c'est vraiment des foutaises. Je le dis très directement à votre antenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y aura pas de grève pendant les Jeux, vous vous engagez, il n'y aura pas de grève ?
STANISLAS GUERINI
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour répondre aux préoccupations légitimes des agents, primes, garde d'enfants, aménagement du temps, prise en compte des congés pour les enfants avec des centres de vacances, on est en train de débloquer des places, etc., etc., pour qu'il n'y ait pas de raison de faire grève. C'est un engagement exceptionnel, celui que nous demandons à nos agents publics, et je le redis, la fonction publique elle est toujours au rendez-vous quand il y a des grands moments de crise ou de mobilisation dans le pays, elle le sera à nouveau, et je crois que la réalité des choses c'est qu'on puisse ne pas avoir de grève au moment des Jeux, je l'ai déjà dit, je crois que tout le pays le souhaite de cette façon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stanislas GUERINI, j'ai une dernière question. Expérimentation à partir d'aujourd'hui de la semaine de quatre jours…
STANISLAS GUERINI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans la fonction publique…
STANISLAS GUERINI
La semaine en quatre jours, c'est-à-dire qu'on aménage le temps de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aménagez le temps de travail.
STANISLAS GUERINI
On garde le même temps de travail, mais on propose aux agents publics de s'organiser un peu différemment. C'est le Premier ministre qui a demandé qu'il y ait des expérimentations de cette nature-là et je pense qu'il a bien raison.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la semaine différenciée pour les parents divorcés, c'est une idée que vous aviez, qui a été reprise par Gabriel ATTAL…
STANISLAS GUERINI
En tout cas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était votre idée au départ !
STANISLAS GUERINI
Mais c'est une idée à laquelle je crois. Je pense qu'on peut travailler différemment. Moi j'interroge les agents publics et ils me disent leurs volontés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez mettre en place, dans la fonction publique, cette semaine différenciée ?
STANISLAS GUERINI
Oui, je vais le proposer en tout cas. Moi j'envoie, aujourd'hui, un document de cadrage à toutes nos administrations, pour leur dire " voilà comment on va réfléchir à la question. " La semaine prochaine, autour du Premier ministre, on réunit l'ensemble du gouvernement pour travailler globalement à la question des conditions de travail, comment le travail est en train de changer, comment on s'organise différemment. Et donc, oui, je pense qu'on peut mettre en place un cadre, qui doit être un cadre collectif, je le dis, parce que je pense que c'est très important d'appréhender cette question de façon collective, de se poser la question de comment est-ce qu'on organise un service, un collectif de travail, que, je le précise aussi, on ne perde jamais en efficacité, de nos services publics, je pense à la question notamment des horaires d'ouverture, et qu'on puisse effectivement proposer, collectivement, aux agents publics, de s'organiser différemment. Moi je pense qu'il y a des questions très intéressantes, la semaine, que vous avez appelée différenciée, c'est intéressant, vous avez des parents divorcés qui ont une semaine leurs gamins et puis la semaine suivante les gamins sont avec le papa ou avec la maman, eh bien posons-nous la question de travail un peu plus d'heures la semaine A, un peu moins d'heures la semaine B, on travaille le même nombre d'heures au final, et puis on a organisé sa vie un peu différemment. Moi je pense qu'être un employeur moderne, et je crois que la fonction publique peut l'être, elle peut être l'employeur le plus attractif de notre pays, j'y crois, je pense qu'il n'y a aucune fatalité, c'est aussi s'intéresser à ces questions-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stanislas GUERINI…
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'être venu nous voir
source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2024