Texte intégral
JOURNALISTE
Et d'abord, la parole à la ministre. Bonjour Sarah EL HAÏRY.
SARAH EL HAIRY, MINISTRE DE L'ENFANCE, DE LA JEUNESSE ET DES FAMILLES
Bonjour !
JOURNALISTE
Ministre de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles. On parle des crèches parce que vous annoncez, vous, ministre, des contrôles dans les micro-crèches, un grand programme de contrôle. Et vous dites carrément – Et c'est là qu'on s'inquiète un peu. - : « Je ne veux pas d'un scandale à la ORPEA ». Est-ce que c'est si grave que ça ? est-ce que nos bébés sont en danger dans les micro-crèche.
SARAH EL HAIRY
Non. Soyons très clairs, quand je dis : « Je ne veux pas de scandale à l'ORPEA », c'est que je pense qu'il ne faut pas avoir de drame ou de scandale avant de lancer des contrôles. Je crois que plus que jamais, pour construire et pour garantir cette confiance entre les parents et les structures, et surtout les enfants, il est nécessaire d'avoir des grandes campagnes de contrôle par prévention. Moi, je préfère largement qu'on puisse identifier peut-être des difficultés, ou des risques, et qu'on en tire les conclusions, et on change la situation pour qu'il n'y ait pas de drame, que de réagir d'ailleurs à votre antenne, après un drame en disant : « On se désole, mais maintenant, on va faire quelque chose ». Je ne veux pas de ça, je veux qu'on prenne de l'avance.
JOURNALISTE
Sarah EL HAIRY, il y a quand même eu des alertes, il y a eu ces livres-chocs, notamment à la rentrée, et c'est vrai que ça rappelle ORPEA. On parlait de crèche privée avec des couches rationnées, avec des repas rationnés, des personnels épuisés. Donc ça existe vraiment. Est-ce que vous avez des retours là-dessus ?
SARAH EL HAIRY
Bien sûr que ça existe.
JOURNALISTE
Mais c'est grave.
SARAH EL HAIRY
Mais c'est très grave. Et c'est pour ça que nous avons fait évoluer la loi. Quand il y a eu le premier rapport sur les micro-crèches ?
JOURNALISTE
L'année dernière.
SARAH EL HAIRY
Il y a plus d'un an. Exactement, il y a plus d'un an. On en a tiré quoi comme action ? Parce que bon, on n'a pas attendu. On a fait changer la loi d'abord pour permettre, par exemple, ce que je suis en train de faire en ce moment, c'est-à-dire une campagne de contrôle sur les groupes. Donc on ne va pas contrôler individuellement une crèche, on va essayer de comprendre est-ce qu'il y a un système, est-ce qu'il y a des règles de management, de rationnement, est-ce que toutes les conditions de travail, pour les salariés, sont de qualité, ou est-ce que c'est – Malheureusement, ça peut arriver et ça existe. – une action individuelle spécifique. Moi, ce que je souhaite mettre en évidence, c'est que s'il y a le moindre risque que ce soit organisé, alors j'aurai une fermeté sans nom. Et c'est là où j'ai dit que j'engagerai la responsabilité des uns et des autres, si je venais à voir qu'il y avait un système.
JOURNALISTE
Ça veut dire quoi ?
SARAH EL HAIRY
Moi, je ne veux pas prendre le risque qu'il y ait, par exemple, dans les règles managériales, un exemple. Mais ça peut toucher le privé, le public, l'associatif. Attention, statut ne fait pas vertu.
JOURNALISTE
Oui, micro-crèche, ça peut être public aussi, mais c'est surtout du privé.
SARAH EL HAIRY
C'est tout le monde.
JOURNALISTE
Alors un exemple, qu'est-ce que vous faites ? Vous constatez un manquement dans une crèche ou une micro-crèche, vous faites quoi ? Vous fermez tout ?
SARAH EL HAIRY
Soyons très clairs, s'il y a un manquement, moi, je peux engager, avec un article A40, saisir le procureur de la République. Soit il n'est pas hyper grave, et là, on fait une injonction pour corriger typiquement. Il n'y a pas de salle de pause pour les professionnels. On sait que la qualité d'accueil dépend de la qualité des conditions de travail des professionnels, on le sait. Et donc s'il n'y a pas de salle de pause pour les professionnels et qu'on l'a identifié, on va laisser, parce qu'il n'y a pas de danger imminent pour les enfants, le temps pour la structure de prendre les décisions et mettre en oeuvre ce qu'il faut pour qu'il y ait cet espace de pause. Mais si ce n'est pas fait, ou si la situation est grave, parce que je vois qu'il y a une alerte, alors on fermera si c'est nécessaire. Et je sais que c'est très dur de dire ça en ce moment, mais je ne me payerais pas de mot parce que c'est la sécurité des enfants qui est en jeu. Et puis je vais aller plus loin. Les enfants, ils ne nous racontent pas quand ils rentrent d'une crèche, ils ne te disent pas ce qui s'est passé, c'est des nouveau-nés, ils ne savent pas encore parler ; eh bien, c'est à nous de les protéger.
JOURNALISTE
Il y a des mastodontes dans le secteur des crèches privées, je pense à BABILOU, il y a la MAISON BLEUE, PETIT CHAPERON ROUGE, PEOPLE AND BABY. Je vous repose la question, Sarah EL HAIRY, est-ce que vous en avez un dans le viseur, un, deux ou trois où vous avez eu des alertes ?
SARAH EL HAIRY
Non, mais soyons très clairs. Moi, je ne vais pas faire de chasse aux sorcières, je ne veux pas de ça, je fais exactement le contraire.
JOURNALISTE
Mais vous avez eu des alertes ou pas d'un groupe particulier ?
SARAH EL HAIRY
Mais il y a des alertes chez tout le monde, et c'est normal. Et c'est même le rapport de l'IGAS que j'ai rendu public parce que je ne veux pas de fantasme.
JOURNALISTE
Inspection Générale des Affaires Sociales, qui a rendu un nouveau rapport hier.
SARAH EL HAIRY
Exactement. Et il est public. Moi, en clair, je ne veux pas de fantasme, je veux de la vérité et de la transparence. Le rapport, il dit quoi ? Il dit que dans les micro-crèches, il y a des dérogations. C'est vrai. Les dérogations, c'était pour permettre de créer des places. On sait à quel point, aujourd'hui, c'est difficile d'avoir une place.
JOURNALISTE
Dérogations, moins de personnel, et personnel moins qualifié aussi.
SARAH EL HAIRY
Moins qualifié, mais il y a moins d'enfants. Et pourquoi on avait donné ces dérogations ? C'était pour permettre, par exemple, l'installation de micro-crèches dans le monde rural. Aujourd'hui, les micro-crèches, elles se sont plutôt concentrées dans les grandes villes. D'ailleurs, ici à Paris…
JOURNALISTE
Il y en a beaucoup.
SARAH EL HAIRY
Il y a dix fois plus de micro-crèches que partout en France. Et encore une fois, ce n'est pas un sujet. Attention, micro-crèches, c'est un sujet. Quelles règles ? Quel management ? Quelle qualité de formation ? Moi, j'ai envie de faire bouger, maintenant, ces règles dérogatoires vers le droit commun. Ça veut dire quoi ? Que ce soit les mêmes règles pour tout le monde.
JOURNALISTE
Donc autant de personnels qu'ailleurs dans une autre crèche ?
SARAH EL HAIRY
Autant de personnels, de la formation un peu plus accrue que ce qu'on a aujourd'hui. Mais ça veut dire quoi ? Il faut accompagner ça. Je vais vous dire pourquoi il faut accompagner ? Parce qu'aujourd'hui, on manque de 10 000 professionnels.
JOURNALISTE
Oui, c'est ce que j'allais dire.
SARAH EL HAIRY
Bien sûr !
JOURNALISTE
Et ça risque aussi de plomber, finalement, l'accueil des enfants.
SARAH EL HAIRY
10 000 professionnels. Moi, j'ai comme objectif et comme mission de créer 200 000 places. Aujourd'hui, il manque 200 000 places. Il y a 160 000 femmes qui ne retournent pas au travail parce qu'elles n'ont pas de mode de garde. Enfin, c'est quand même lunaire. Et donc pour recréer des places, il faut deux choses, de l'argent, et on en a, puisque je suis à la veille d'un investissement massif de 6 milliards d'Euros. Au moment où l'argent public est rare et précieux, on investit dans l'enfance et la petite enfance.
JOURNALISTE
6 milliards pour la petite enfance ?
SARAH EL HAIRY
6 milliards pour la petite enfance. C'est un investissement comme on n'a jamais fait, mais parce qu'on manque, mais cruellement… Je veux dire, aujourd'hui, on arrive à des inégalités. Ça veut dire que tu peux, tu ne peux pas, tu as les moyens, tu n'as pas les moyens. C'est quand même fou, à ce point-là. Et parce qu'il y a cette urgence, on va investir, mais, un, on n'investira pas à n'importe quel prix de la qualité. Ça, c'est non. Ça, c'est absolument non. Et puis deux, il y a un enjeu qui est « Si on augmente la qualité d'accueil, les conditions de travail, alors les jeunes vont venir. Si on garde des qualités de travail qui sont dégradées, parce que tu es en sous nombre, parce que tout le monde n'est pas qualifié, parce qu'il y a que des jeunes, ou il y a trop d'intérim, alors tu t'épuises, et donc tu t'en vas ». Moi, je veux fidéliser ceux qui sont encore là, je ne veux pas les laisser partir. Et pour ça, eh ben il faut les reconnaître. Première action que j'ai faite, revaloriser les salaires.
JOURNALISTE
Première action ? Ça fait trois semaines.
SARAH EL HAIRY
Ça vient d'être annoncé. Ça fait trois semaines que j'étais ministre de la Petite enfance, 150 € en moyenne net pour les salariés des crèches, quels que soient d'ailleurs les statuts, mais des crèches, ou des collectifs.
JOURNALISTE
Alors les syndicats, on les a entendus ce matin, disent que ce n'est pas suffisant.
SARAH EL HAIRY
Ecoutez, soyons honnêtes. Les employeurs, ils peuvent continuer à augmenter plus. Moi, je vous dis qu'aujourd'hui, on augmente, l'Etat finance une augmentation de salaire, enfin, ça fait quand même longtemps qu'on n'a pas vu ça. Moi, je veux bien qu'on me fasse la leçon sur « Ce n'est pas suffisant » ; mais en attendant, qui a fait ? Qui a fait cette augmentation ? Ben Personne avant. Donc la leçon, c'est bien, les actions, c'est mieux.
JOURNALISTE
Madame la ministre Sarah EL HAIRY, ministre déléguée chargée de l'Enfance, est en direct avec nous sur France Bleu Paris. Il y a quelqu'un qui a une question pour vous, Madame la ministre.
SARAH EL HAIRY
Bien sûr !
JOURNALISTE
Elle s'appelle Emilie PHILIPPE, elle est du collectif Pas de bébés à la consigne. Elle défend ben la qualité d'accueil pour les jeunes enfants, vous connaissez, dans les crèches, dans les halte-garderie aussi. On est allé la voir. Justement, elle parle du personnel, elle demande justement…
SARAH EL HAIRY
Ben super !
JOURNALISTE
On va l'écouter.
EMILIE PHILIPPE, DU COLLECTIF PAS DE BEBES A LA CONSIGNE
Sur la question de l'amélioration du taux d'encadrement dans les modes d'accueil collectifs et le fait de tendre à un professionnel pour cinq enfants, qu'on ne voit pas apparaître dans les premières annonces qui ont été faites et qui nous semblent vraiment indispensables pour rendre les métiers plus attractifs et améliorer les conditions d'accueil. Donc quand ce nouveau taux d'encadrement est prévu d'être mis en oeuvre ?
JOURNALISTE
Votre réponse, madame la ministre, on en parlait à l'instant de ce taux d'encadrement. Plus d'encadrants, il en faut plus ? C'est pour quand ?
SARAH EL HAIRY
La réponse, en fait, et je l'ai déjà donnée, pour une raison toute simple, je souhaite aller des règles aujourd'hui, des micro-crèches vers les règles des crèches. Donc c'est un pour cinq adultes. Encore une fois, par contre, il faut l'accompagner. Si aujourd'hui, je dis de manière un peu précipitée, je veux le rendre obligatoire, aujourd'hui. Vous savez ce qui va se passer ? Il y a des crèches qui vont fermer et des parents qui vont se retrouver sans solution. Moi, je ne suis pas quelqu'un qui est… Je ne suis pas dans l'immobilisme, jamais. Je suis quelqu'un de courageux et je pense qu'il faut faire cette évolution. Mais je pense qu'il faut la faire avec intelligence et donc avec les professionnels, en se donnant juste un calendrier. Parce que si je n'ai pas les professionnels pour encadrer, eh bien, on va simplement fermer et on va mettre des familles dans la difficulté.
JOURNALISTE
Donc on aligne moins de dérogations pour les micro-crèches pour améliorer l'accueil des enfants.
SARAH EL HAIRY
Oui, par contre, ça, c'est nécessaire. Et la qualité de formation.
JOURNALISTE
Un autre problème, madame la ministre : faire garder son enfant.
SARAH EL HAIRY
C'est le premier frein, aujourd'hui.
JOURNALISTE
Aujourd'hui c'est horriblement cher quand on n'a pas de passant en crèche publique. C'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent, sans doute ; des papas, des mamans peut-être, qui élèvent leurs enfants tout seuls, leurs bébés tout seuls
JOURNALISTE HOMME
Ou qui sollicitent les grands-parents.
JOURNALISTE
Qui sollicitent les grands-parents…
SARAH EL HAIRY
Et quand ils sont loin, je vous assure que c'est notre cas. Nos grands-parents ne sont pas en Ile-de-France et à Paris ; eh bien, c'est extrêmement difficile.
JOURNALISTE
Très difficile… Et qui se saignent donc parfois tous les jours, tous les mois pour faire garder leurs enfants. Il n'y a pas quelque chose qui cloche quand même ? On parle d'un besoin fondamental : faire garder son enfant.
SARAH EL HAIRY
Moi, je vais aller même plus loin. Aujourd'hui, il y a des écarts de prix énormes entre ce qui est conventionné, ce qui ne l'est pas, ce qui est tarification libre. Sauf que t'es tellement heureux quand tu peux parfois d'avoir une place, qu'en fait, tu fais un effort financier énorme. Moi, ce que je souhaite et c'est ce que je suis en train de mettre en place, c'est qu'il n'y ait plus d'écart entre le mode de garde assistante maternelle et le mode de garde crèche collective. Pourquoi ?
JOURNALISTE
Ça veut dire quoi ?
SARAH EL HAIRY
Ça veut dire que le reste à charge pour la famille doit être le même, qu'on choisisse le mode d'accueil individuel ou le mode de garde collectif. On est en train de refaire une réforme. Je suis en train de la faire en ce moment-même. Elle sera opérationnelle dès 2025. Donc c'est après-demain, c'est le début de l'année prochaine, qui s'appelle « la réforme du complément de mode de garde » pour que, quel que soit le choix individuel de mettre son enfant, eh bien, le reste à charge soit le même.
JOURNALISTE
On paie pareil ?
SARAH EL HAIRY
Et donc que ce ne soit plus soutenable. Il faut qu'on puisse payer pareil, que ce soit chez une assistante maternelle ou une crèche. Pourquoi ? Parce qu'en général, il faut dire la vérité, on ne choisit pas. C'est très rare qu'on puisse dire « Non, mais c'est ma décision libre et consentie. » La vérité, c'est qu'on va là où on trouve un accueil, un accompagnement. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a encore trop d'écarts financiers. Pour éviter ces écarts, eh bien, je suis en train de réformer et d'augmenter du coup le soutien aux assistantes maternelles.
JOURNALISTE
Et ça pèse forcément sur le budget des ménages.
Les auditeurs ont la parole sur le sujet des crèches. Vous pouvez interpeller, on le rappelle, la ministre chargée de l'Enfance, Sarah EL HAIRY.
JOURNALISTE HOMME
La Jeunesse et les Familles. 01 42 30 10 10. C'est toute la force de France Bleu Paris : faire les remontées du terrain. Leïla, bonjour.
LEÏLA, AUDITRICE
Oui. Bonjour.
JOURNALISTE HOMME
Leïla, vous travaillez pour un groupe privé, vous. Et vous dites que l'augmentation de salaire, pour l'instant, vous n'avez pas vu la couleur ?
LEÏLA
Non. Elle a été annoncée, mais visiblement elle a été bloquée par la CNAF. Il y a un vote qui doit être fait le 1er avril. On attend. Pour l'instant, il n'y a rien de validé sur l'augmentation de salaire annoncée par madame EL HAIRY.
JOURNALISTE
Donc, on rappelle l'augmentation de 150 € nets dans le secteur privé pour les crèches. Votre réponses, madame le ministre ?
SARAH EL HAIRY
Leïla, juste pour apporter cette information complémentaire : l'augmentation a été validée, elle sera confirmée par le vote de la CNAF, vous avez raison. Sauf que nous avons déjà l'accord des organisations. Il se trouve que je les ai tous reçus. Et il y a une étape interne à la CNAF qui est déjà passée parce que l'Etat a décidé de valider et de consolider plus de 250 millions d'euros qui financent les 66% d'augmentation de salaire. Parce que, encore une fois, qui fait l'augmentation ? L'employeur. Mais pour les aider et pour que cette augmentation, elle aille vite, l'Etat - et c'est quand même assez historique et assez nouveau - prend en charge une partie de l'augmentation de salaire. Et c'est ça la nouveauté.
JOURNALISTE
Leïla, vous êtes convaincue depuis Vitry-sur-Seine ?
LEÏLA
Alors est-ce que oui, on va être augmentés de 150 € bientôt ?
SARAH EL HAIRY
150 € nets en moyenne pour, aujourd'hui, les salariés des crèches.
JOURNALISTE
Et pour quand ? Pour quand, du coup ?
SARAH EL HAIRY
En réalité, je vais être très claire. Il y a des employeurs… Parce que cet engagement, je l'ai pris même avant d'être ministre. Il y a des employeurs qui ont décidé de faire cette augmentation dès le 1?? janvier. Et je me suis engagée que l'aide, elle, soit rétroactive. Donc maintenant, c'est chaque employeur prend sa responsabilité. Moi, je mets les moyens financiers. Si les employeurs veulent le faire, ils peuvent et ils ont la garantie qu'on reviendra en arrière pour accompagner. Mais il ne faut pas changer la responsabilité des uns et des autres. Moi, je mets les moyens ; maintenant, chaque employeur doit pouvoir le faire. Après le vote de la CNAF, c'est vrai, ce sera accessible à tout le monde. Mais encore une fois, j'invite tous les employeurs à le faire pour fidéliser leurs salariés, parce qu'elles en ont besoin, parce que ce sont majoritairement des femmes.
JOURNALISTE HOMME
Leïla, puisqu'on vous tient ce matin, vous qui travaillez dans un groupe privé. Bonheur d'aller travailler, chaque jour, au sein de ce groupe privé, ou vous sentez une tension au quotidien parce que pas assez de personnel ?
LEÏLA
C'est un peu comme partout ; ça dépend des crèches, ça dépend des conditions. Moi, j'ai la chance de travailler dans un groupe très structuré et qui a fait ce qu'il avait à faire en termes d'augmentation de salaire. On travaille chaque jour… on se bat chaque jour pour ça. Maintenant, on attend les 150 € de la CNAF. En ce qui concerne le groupe privé où je travaille, et j'y travaille depuis dix ans, je suis très satisfaite parce qu'il y a une vraie pédagogie, il y a un vrai accompagnement qui est fait auprès des professionnels, auprès des parents, pour qu'on ait des formations et qu'on fasse un accueil de qualité. On n'est pas lâchés que dans la nature, on est écoutés, on est accompagnés.
JOURNALISTE
Leïla, est-ce que vous pouvez nous dire quelle formation vous avez ? Parce que moi, j'ai aussi besoin de faire connaître les formations dans le monde de la petite enfance. Et aujourd'hui il y a plein de profils. On peut être éducateur de jeunes enfants, on peut avoir un CAP petite enfance, on peut être puéricultrice.
LEÏLA
Exactement. Moi je suis… Alors, j'ai commencé en tant qu'APE, enfin comme on dit dans le jargon. Ensuite, j'ai passé la formation d'auxiliaire de puériculture. Et grâce à l'accompagnement de ce groupe privé pour lequel je travaille, j'ai pu obtenir le diplôme d'éducatrice de jeunes enfants.
SARAH EL HAIRY
C'est génial. Et c'est pour ça que je voulais aussi mettre en lumière les passerelles…
LEÏLA
Franchement, ils accompagnent à la progression, à l'évolution. Ils m'ont proposé un poste de direction, ils proposent des postes tout le temps.
SARAH EL HAIRY
Leïla, vous êtes la meilleure ambassadrice de votre groupe, dis donc.
JOURNALISTE
Merci Leïla. C'est bien, on inverse les questions. Du coup, c'est la ministre qui pose les questions aux auditeurs.
SARAH EL HAIRY
Mais non, mais c'est un échange… Mais c'est utile.
JOURNALISTE HOMME
Vous pouvez, vous êtes ici à la maison.
JOURNALISTE
Mais c'est bien, c'est bien finalement.
SARAH EL HAIRY
Non, mais je pense que c'est important aussi parce qu'aujourd'hui, on dit qu'il y a la crise de l'attractivité des métiers de la petite enfance, mais on ne les connaît pas, on les connaît peu. Et donc du coup, c'est aussi l'occasion, quand il y a des auditeurs qui sont des professionnels, qui nous racontent. Vous savez, c'est un métier qu'on fait avec passion. Ça demande beaucoup d'énergie. C'est un magnifique métier que de s'occuper des enfants. Mais il faut dire les choses, il y a… Aujourd'hui, il est peut-être moins connu, extrêmement caricaturé, il est stigmatisé aussi. Moi, je ne veux pas qu'on reste dans ça. Je veux que les gens puissent témoigner. Et c'est pour ça qu'on prévoit aussi une sorte de choc d'attractivité ; mais le mot est fort.
JOURNALISTE
Merci Leïla de nous avoir appelé ce matin. Et merci à vous, madame la ministre, Sarah EL HAIRY, d'être venue dans nos studios France Bleu Paris, ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Et donc cette annonce, ce grand programme de contrôle dans les micro-crèches. Bonne journée à vous.
SARAH EL HAIRY
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 avril 2024