Entretien de M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué, chargé de l'Europe, avec France 3 Nord Pas-de-Calais le 29 mars 2024, sur les pêcheurs du Boulonnais et les interdictions de pêche venues des gouvernements britannique et belge.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France 3

Texte intégral


Q - Les pêcheurs du premier port de France vont-ils encore longtemps pouvoir exercer leur métier ? C'est la question qu'ils se posent. Après les nouvelles interdictions venues du gouvernement britannique, mais aussi de Belgique, ils ne pourront plus poser leurs filets dans treize aires marines protégées. Bonjour et merci d'être en direct avec nous, Jean-Noël Barrot, vous êtes le ministre délégué à l'Europe. Vous êtes allé à leur rencontre, ce matin. Quels ont été vos mots pour rassurer les pêcheurs du Boulonnais ?

R - Je suis allé à leur rencontre, accompagné par Olivier Leprêtre, le président du comité régional des pêches, ainsi que les parlementaires, sénateurs et députés, qui sont extrêmement mobilisés pour faire entendre à Paris, comme à Bruxelles, la voix des pêcheurs boulonnais, venus pour les écouter et les entendre, pour écouter leurs propositions, mais aussi pour leur dire que nous ne les laisserons pas être les otages du Brexit, et que dans les semaines qui viennent, après avoir déjà manifesté à plusieurs reprises, de ma part ainsi que de celle de mes collègues au Gouvernement, en particulier le ministre de la pêche, à Bruxelles, notre opposition à ces fermetures arbitraires par le Royaume-Uni de zones de pêche, que nous allons désormais travailler avec les huit autres pays européens dans lesquels se trouvent des pêcheurs qui sont eux aussi victimes de ces mesures arbitraires, pour que notre voix s'amplifie et que les intérêts de nos pêcheurs soient protégés.

Q - Jean-Noël Barrot, quelle est clairement la position de la France dans ce dossier ? La semaine passée, le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a carrément enjoint à la Commission européenne de prendre des mesures de rétorsion envers les Britanniques. Est-ce que vous partagez son avis ?

R - La France a dénoncé ces fermetures dès le 27 mars 2023, c'est-à-dire il y a un peu plus d'un an, un an quasiment jour pour jour, lorsque les Britanniques ont ouvert une consultation sur ces décisions de fermeture. Ils ont décidé d'avancer avec ces fermetures. Ce que nous souhaitons désormais, c'est que la Commission [européenne] instruise ou examine dans le plus grand détail ces fermetures et leur caractère très vraisemblablement discriminatoire, pour qu'elle puisse par la suite prendre des mesures de rétorsion, notamment celles qui sont prévues dans l'accord de coopération et de commerce, c'est-à-dire, par exemple, des droits de douane sur les importations britanniques. C'est ce à quoi j'ai appelé la Commission européenne, à deux reprises, depuis ma prise de fonction, il y a un peu plus de six semaines.

Q - Vous parliez de l'accompagnement de M. Leprêtre à vos côtés, j'imagine qu'il a évoqué aussi avec vous la disparition de la flottille : depuis quinze ans, la moitié des bateaux de Boulogne-sur-Mer n'existe pas. Que faire ?

R - Sur ces questions, nous avons, la semaine dernière, grâce à la mobilisation du Président de la République, obtenu une décision historique de la part de la Commission européenne, que nous attendions depuis six ans, c'est-à-dire l'autorisation pour la France de financer le renouvellement des flottes de pêche dans ses outre-mer, où vous avez des segments de pêche qui étaient très détériorés et qui nécessitaient, pour que la pêche puisse se poursuivre, pour que ces activités puissent être maintenues, des subventions de renouvellement. Cette décision a été obtenue de haute lutte par le Président de la République, ce qui ouvre la voie à ce que nous puissions, pour l'avenir, obtenir de la part de l'Europe, dans le cadre de la mandature qui va s'ouvrir, après les élections du 9 juin prochain, un aménagement de manière à soutenir le maintien et le renouvellement des flottilles dans nos régions côtières.

Q - Merci beaucoup, Jean-Noël Barrot, ministre délégué à l'Europe, d'avoir été en direct avec nous depuis Boulogne-sur-Mer, ce midi.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 avril 2024