Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur l'action de personnalités de différents domaines en faveur de la Guyane, à Cayenne le 25 mars 2024.

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Circonstance : Déplacement en Guyane : première journée à Cayenne, Matoury et Camopi

Texte intégral

Mesdames, messieurs les élus,
Mesdames, messieurs les ministres,
Mesdames, messieurs les maires,
Mesdames, messieurs les élus,
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités,


D'abord, je vous prie de m'excuser de vous avoir fait attendre. Mais en fait, depuis ce matin, je suis le mouvement, si je puis dire, et donc je suis la première victime de tout cela. Plus sérieusement, j'ai essayé d'honorer chacun des rendez-vous prévus et en effet, le temps à Camopi a pris un peu plus que prévu. Je voulais quand même remercier les jeunes qui sont là et remercier l'Encre et l'ensemble des personnels du conservatoire de musique, de théâtre et de danse de nous accueillir dans ce lieu, ainsi que les responsables de celui-ci.

Nous avons 11 vies guyanaises ce soir, 11 destinées exemplaires, 11 chemins d'innovation et d'excellence. Ce qui me frappe quand je lis vos parcours, c'est de voir à quel point cette excellence, chez vous, si je puis dire, est double : être excellent individuellement et collectivement dans chacun des engagements qui sont les vôtres - et je vais y revenir rapidement - et avoir à chaque fois le talent d'en créer chez les autres, et ça n'est pas toujours évident.

À cet égard, c'est une certaine vision de l'excellence à la française que vous incarnez, ce panache que vous partagez en vos 11 chemins singuliers. Plusieurs d'entre vous ont choisi de s'engager dans différents secteurs et je vais essayer, en cohérence, de dire quelques mots avant de vous remettre la médaille devant vos familles, vos proches, ce soir.

Plusieurs ont commencé par vouloir s'engager pour la jeunesse et l'éducation. C'est votre cas, chère Josiane HERSI. Votre combat, c'est celui d'une école plus inclusive. Institutrice, professeur, directrice, vous avez dédié votre carrière à l'intégration des élèves en difficulté, malades, en situation de handicap ou non francophones. Et à travers ce chemin qui est ô combien celui de la République, celui de la transmission, celui d'une excellence à hauteur de chacun, je peux dire ce soir que nos écoles, nos collèges ici vous doivent beaucoup. Soyez en remerciée.

Qui dit jeunesse dit aussi développement du sport comme vous le faites, chère Katia BENTH. Le grand public vous connaît comme ancienne championne d'athlétisme, mais pour nombre d'élèves et de jeunes espoirs guyanais, vous êtes surtout une enseignante et une entraîneuse hors pair. Vous aussi, vous n'avez pas simplement excellé, mais vous avez fait le choix de transmettre, de repérer les talents, de les organiser pour les emmener le plus haut possible. Je me réjouis à cet égard que la flamme olympique brille le 9 juin prochain sur Cayenne et fasse honneur à la course de relais, discipline qui, je le sais, vous est chère.

Je n'oublie pas, bien sûr, les pratiques artistiques, surtout entre ces murs que j'évoquais du Conservatoire de Cayenne. Chère Norma CLAIRE, vous savez mieux que quiconque que la danse peut être un support d'expression de l'identité créole. Grâce à votre engagement pour le multiculturalisme, les danses hip-hop et métisses qui se diffusent en Guyane comme à l'international, vous avez en effet œuvré pour là aussi transmettre et pour aider à créer, à inventer et, vous aussi, pour enseigner et former notre jeunesse. Au fond, de l'éducation inclusive, au sport jusqu'à justement l'art et la danse comme expression d'une identité dans la République, vous êtes toutes trois des incarnations vivantes de ce que j'évoquais à l'instant. Chère Norma, pour ce parcours exceptionnel aussi, soyez ce soir remerciée.

Notre jeunesse sait aussi ce qu'elle vous doit. Et justement, l'identité créole guyanaise ne sert pas simplement de support artistique. D'autres personnes ici présentes s'en sont emparées, par exemple pour faire une thèse. Chère Isabelle HIDAIR-KRIVSKY, la richesse de votre carrière universitaire en anthropologie aurait suffi à beaucoup d'autres - tant ce parcours par lui-même était déjà exceptionnel - mais vous avez décidé d'aller au-delà de celui-ci et de vous impliquer aussi dans la vie associative, dans la vie de la République, en particulier dans la défense de l'égalité femmes-hommes. Ce n'est assurément pas à vous que l'on pourra reprocher de préférer la solitude d'une tour d'ivoire à la vie réelle de la cité, mais votre parcours est ô combien exemplaire. Vous aussi, vous avez décidé de continuer à transmettre, mais pas simplement de chercher et d'enseigner, mais de vous battre pour cette égalité. Pour ce parcours hors du commun et pour votre engagement aussi associatif, je tenais ce soir à vous rendre hommage. Merci beaucoup.

D'autres femmes, aujourd'hui, font honneur à la recherche française. Madame Mariana ROYER, votre passion à vous, c'est la chimie. Votre expertise scientifique porte sur la valorisation de la biodiversité guyanaise, qui est pour partie une des explications de mon retard ce soir, et notamment celle des ressources forestières de l'Amazonie française. Cette difficile science du bois que vous portez et tous ces travaux que vous avez menés sont aussi une manière de célébrer à travers vous pas simplement l'excellence académique, mais celle qui permet de mieux comprendre notre territoire et d'améliorer sa préservation, sa conservation, sa valorisation et de participer à la fois à la défense et la protection de sa singularité, mais à sa valorisation pleine et entière. Merci pour vos travaux et pour cet engagement.

Je parlais à l'instant de cette difficile science du bois. Elle est partagée par l'une de vos consœurs ici présentes. Chère Nadine AMUSANT, la biodiversité guyanaise doit aussi beaucoup à l'ingénieure et chercheuse agronome que vous êtes. Aussi experte en bois de rose qu'en bois rouge ou cèdre noir, vous façonnez le paysage de la Guyane de demain. Il y a dans vos destins, l'une et l'autre, comme une parfaite continuité, celle de la recherche académique, scientifique, celle de l'ingénieur, de la chercheuse agronome qui, elle aussi, conduit à bâtir à la fois la préservation, la résilience, la pleine valorisation de notre territoire. Soyez aussi remerciée pour vos travaux.

L'engagement n'a pas de forme imposée et vous le savez bien, chère Céline RÉGIS, vous dont la carrière s'est écrite en Guyane et en métropole, en mairie et en entreprise. Un fil rouge, pourtant, tresse cette vie d'engagement, c'est votre capacité à fédérer les énergies pour accomplir l'impensable, comme entamer le redressement d'une commune endettée. Je sais tout ce que nous vous devons à la tête de la commune d'Iracoubo, tout ce que vos administrés vous doivent, ainsi que les équipes ici présentes et les élus que vous avez invités, qui sont à vos côtés ce soir, savent aussi qu'ils ont avec vous une femme d'engagement, de caractère, qui sait dire les choses comme il faut pour pouvoir avec exigence conduire un peu de la vie en commun. Je veux ce soir, madame la maire, vous remercier tout particulièrement pour l'engagement qui est le vôtre et pour avoir accepté de relever un défi qui avait tant effrayé. La République vous doit.

Cette terre guyanaise a une force magnétique qui en a rappelé plusieurs parmi vous, même lorsqu'ils étaient loin. Et c'est votre cas, chère Christine CHUNG WONG HING. En 2009, vous retrouviez la Guyane, et je dis bien vous la retrouviez, pour y fonder avec votre époux l'opérateur en télécommunication Guyacom. Là aussi, rien n'était écrit. Ce sont les amours au pluriel qui vous ont ramené sur cette terre et vous avez ainsi, avec cet opérateur, déployé la fibre optique parce que vous avez désenclavé en élargissant l'accès à Internet. Vous avez œuvré à cette si précieuse cohésion des territoires qui profite à tous et, ce faisant, contribué aussi à une des ambitions de la République et des collectivités ici présentes. Le sénateur le sait ô combien, qui s'est tant battu sur ces sujets à Paris ; je me suis moi-même engagé derrière ces sujets et je veux saluer l'engagement successif des préfets et de l'ensemble des équipes de l'État. Vous, vous l'avez fait du côté de l'entreprise. C'est une mission essentielle et je tiens à vous remercier pour cet engagement, sa réussite et votre fidélité au territoire guyanais.

Alors, oui, l'ambition de quelques-uns peut en effet changer la dynamique d'un territoire et je pense ici à vous, cher monsieur Yann DU. Votre pari aura été d'implanter les premiers Super U ainsi qu'un Hyper U ici à Cayenne. Rien n'était écrit là non plus. Plusieurs vous ont dit dès le début que vous étiez un peu fou ou inconséquent. Ces années passées, c'est un succès et là aussi, pas seulement pour vous. Ce sont des résultats pour l'emploi, pour les circuits courts, pour l'attractivité, des résultats positifs qui aujourd'hui permettent à beaucoup de familles, ici en Guyane, de vivre grâce à vous, mais qui donnent aussi des perspectives de développement à nos filières agricole et alimentaire aux côtés desquels nous étions ce matin en assurant justement des possibilités de distribution. Et donc, pour ce pari entrepreneurial, mais surtout pour l'engagement qu'il y a derrière, vous, les vôtres, l'ensemble de vos collaborateurs, la République, ce soir, vous remercie et est reconnaissante.

Nos deux derniers récipiendaires ont une chose en commun : la pierre. Monsieur Jean-Jacques STAUCH, vous êtes directeur général des sociétés immobilières de Kourou ainsi que de la Guyane, mais vous êtes surtout un partenaire essentiel des politiques publiques du gouvernement. En pleine crise migratoire, vous avez été au rendez-vous et vous continuez à porter des projets de construction ambitieux pour la Guyane. Chacun ici reconnaît votre maîtrise des dossiers, précieuse à tous les acteurs du secteur. Et vous n'êtes pas simplement un entrepreneur d'exception, vous êtes véritablement un de ceux qui avait décidé de vous engager aux côtés du territoire, avec l'ensemble de vos collaborateurs et collaboratrices. Et dès que l'urgence sonne, vous êtes là, reconnu de tous, pour apporter votre concours, votre connaissance, et celui de vos entreprises.

Quant à vous, cher Franck HO-WEN SZÉ, comme président de la Fédération régionale du bâtiment et des travaux publics de Guyane, vous avez développé une capacité de rebond plus qu'admirable au milieu des crises qui frappent votre secteur. Sans jamais vous cantonner à la gestion de l'urgence, Vous développez une vision innovante pour l'économie du territoire tout en amenant aussi, et je vous en remercie, la filière du bâtiment à se renouveler, à continuer d'innover, à adopter les techniques les plus innovantes, à croire dans la bataille de l'adaptation climatique et de la résilience des territoires. Là aussi, pour votre engagement, pour avoir choisi, comme d'autres ici, de donner de votre temps et celui de vos entreprises les plus directes pour la cause commune et la représentation de toute une filière, soyez remercié.

Tant de hauts faits émaillent vos parcours. Je ne pourrai pas les citer tous, mais n'ayez crainte, la France et les Guyanais savent parfaitement ce qu'ils vous doivent. Alors, non, la métropole et la Guyane n'ont pas le même climat, c'est certain, mais l'excellence française y fleurit avec la même vigueur. Je veux vous dire combien, ce soir, je suis fier de pouvoir célébrer les parcours d'exception qui sont les vôtres et, devant les élus, les ministres, vos familles et amis, vous dire combien la République est reconnaissante de l'action que vous avez déjà conduite, mais en sachant aussi pouvoir compter sur tout ce qui reste à venir pour notre jeunesse, pour le savoir, pour la vie économique de la République et tout particulièrement la Guyane.


Merci à toutes et tous. Vive la République, vive la France.