Interview de Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux olympiques et paralympiques à France info le 17 avril 2024 sur l'organisation des Jeux Olympiques (sécurité, cérémonie d'ouverture...).

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Média : France Info

Texte intégral

JEAN-REMI BAUDOT
Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.

JEAN-REMI BAUDOT
On va se parler des Jeux Olympiques, ouverture dans 100 jours, mais d'abord un mot de ce match hier soir, le PSG qui arrache une très belle victoire face au Barça, qui se qualifie pour les demi-finales de la Ligue des champions, même quand c'est mal parti, parfois ça passe pour les Français.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, absolument, s'accrocher jusqu'au bout, dans ce match retour qui était compliqué forcément, mais ils s'en sont super bien sortis, ce 4-1, gros match de DEMBELE, qui a été en plus confronté un peu à des sifflets tout au long du match, donc je trouve qu'il a fait preuve, on va dire d'une vigueur particulière, et puis Kylian au rendez-vous, c'est là qu'on voit aussi les grands champions, il a été critiqué à l'aller, là il sort le grand jeu, il est là, et puis c'est toute une équipe. Moi je suis très très heureuse pour eux, maintenant voilà, cap sur la suite. Il y a en plus, voilà, dans la perspective de jouer le Borussia Dortmund, une opportunité, il faut qu'ils soient bien concentrés, on sera avec eux le 30 avril, le 7 mai au retour, on a envie d'y croire, un peu plus de 30 ans après on a envie de se dire qu'un nouveau club français…

NATHALIE IANNETTA
30 ans après, c'est-à-dire 30 ans après l'Olympique de Marseille, qui pour le moment est toujours le premier club.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Voilà…

JEAN-REMI BAUDOT
Juste un mot de MBAPPE qui a fait un doublé hier soir, ce serait une grosse perte s'il quittait Paris ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, je pense qu'il a donné déjà énormément, il a inspiré, je pense, ce championnat, il nous a fait tous vibrer, évidemment on est toujours frustré, on a envie de le voir plus, d'avoir plus d'exposition à son jeu, etc., mais, voilà, il faut qu'il continue à construire sa carrière, c'est ses choix, et puis moi ce que je retiens c'est qu'il reste notre capitaine en équipe de France, j'ai très envie qu'il joue aux JO.

NATHALIE IANNETTA
J'aime beaucoup l'optimisme de Jean-Rémi qui émet une hypothèse au fait que Kylian MBAPPE parte, alors que c'est sûr qu'il partira.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ça semble compris, mais…

NATHALIE IANNETTA
Ils ont mis le feu les Parisiens, on l'a dit, vous vous avez rallumé la flamme à Olympie hier avec notamment Tony ESTANGUET, cette flamme c'est le début en fait des Jeux, c'est comme le coup d'envoi, est-ce qu'on a enfin besoin de ça sur notre territoire pour emballer un peu le public français, parce que pour le moment c'est un peu mou ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que dans toutes les éditions, et ça tous ceux qui ont vécu ces aventures olympiques vous le disent, ça se matérialise en effet quand la flamme arrive sur le sol de manière vraiment éclatante…

NATHALIE IANNETTA
Ce sera donc le 8 mai à Marseille, on le rappelle.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Donc ça c'est une certitude, mais c'est vrai que l'étape qu'on a franchie hier, avec l'allumage de la flamme à Olympie, là où tout a commencé il y a 2800 ans, c'est chargé d'histoire, c'est-à-dire une belle cérémonie, il y avait à la fois de l'élégance, de la sobriété, et puis c'était chouette aussi de voir Laure MANAUDOU, notre première relayeuse, qui a récupéré comme ça la flamme de notre sportif grec champion d'aviron, ce « Torch Kiss » comme l'appellent les Anglais, cette première rencontre entre les deux flammes, ce passage et puis la perspective, voilà, maintenant la flamme va circuler pendant une dizaine de jours, pendant dix jours, à travers la Grèce, ces liens entre la France, la Grèce, puisque nous a cette histoire très particulière avec les Jeux, on les a réinventés dans cette ère moderne, et puis le 26, moi j'y serai, à Athènes, au Pirée, la flamme qui va monter à bord de ce magnifique trois mâts qu'est le Belem, qui va suivre ce périple dans la Méditerranée, et puis une arrivée qui s'annonce assez grandiose à Marseille le 8 mai, il y aura à peu près 150 000 personnes, les équipes localement sont extrêmement dans les préparatifs, ça va être magnifique, une grande parade nautique, un concert, beaucoup de fêtes, et derrière ça marque le coup d'envoi en effet de cette traversée dans plus de 450 villes de France.

JEAN-REMI BAUDOT
Alors, avec 68 étapes, le parcours de la flamme dans des lieux emblématiques en métropole et en Outre-mer, ce sont des lieux qu'il va falloir sécuriser, est-ce que vous avez des craintes d'actions, d'activistes par exemple, sur le parcours de la flamme ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Tout a été, je pense, extrêmement bien anticipé, sous la houlette de Gérald DARMANIN il y a vraiment un dispositif de sécurisation de ce relais qui est très poussé, je pense même d'ailleurs inédit, on peut le dire, donc une anticipation des différents types de menaces, leur analyse, mais surtout derrière la définition de tout un dispositif de sécurité, avec une bulle de sécurité, autour du ou des porteurs de la flamme, parce qu'il y aura aussi des relais collectifs…

JEAN-REMI BAUDOT
Très concrètement, des policiers qui vont courir…

AMELIE OUDEA-CASTERA
18 policiers, gendarmes, qui seront en civil pour entourer le ou la porteur de flamme, et puis autour un convoi d'à peu près 115 forces de sécurité intérieure, puis des unités de forces mobiles, à l'avant, à l'arrière, il y aura même des équipes du GIGN qui seront positionnées si besoin en était, et un concours des services de police départementaux de la police municipale, une anticipation d'itinéraire bis si jamais il devait y avoir des difficultés, donc je pense qu'on est vraiment prêt à ce que ce relais soit magnifique.

JEAN-REMI BAUDOT
Donc les images comme on avait vu, on se souvient, à Paris en 2008, la flamme, pour Pékin à l'époque, qui avait été perturbée par des manifestants pro-tibétains, ça, on ne devrait pas le revoir ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On sait toujours qu'il peut y avoir ce risque-là, et nous, notre travail a été de l'anticiper au maximum, un énorme travail a été fait, encore une fois, par toutes les équipes du ministère de l'Intérieur et les préfets localement, en lien avec les élus locaux, moi je veux rendre hommage vraiment à tous ces élus à travers les plus de 65 départements ou territoires qui se sont mobilisés pour ce relais et qui se réjouissent vraiment de la perspective de voir ce parcours de la flamme, donc on a anticipé les choses, on sera très réactif, le risque zéro n'existe pas, mais on a tout fait pour qu'il y ait à la fois la sécurisation de ce relais et la capacité à le vivre. La France est magnifique, on va voir des paysages absolument incroyables, la fin de la traversée, des endroits incroyables de notre patrimoine culturel..

NATHALIE IANNETTA
C'est un peu comme un Tour de France en fait, c'est un peu comme le Tour de France

AMELIE OUDEA-CASTERA
Naturel, historique

NATHALIE IANNETTA
Mais, Madame la ministre, juste quand même, sur la sécurisation. On sait aujourd'hui que 97 % des contrats avec les sociétés privées ont été signés par les organisateurs, sauf que, une fois qu'on a signé un contrat ça ne veut pas dire qu'on a les bras qui sont formés, là il y a, en gros, 10 000 agents qui ont été formés, il en faut 22 000, comment on fait là, est-ce qu'on sera dans les temps, parce que ça va commencer, y compris sur certains moments du relais de la flamme ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Là-dessus on a mené vraiment en équipe un énorme travail. Il y a déjà 18 000 entrées en formation, 10 000 recrutements qui ont été sécurisés, on a rehaussé nos objectifs de manière aussi à, on va dire pallier le risque qu'on appelle de « no-show », qu'il n'y ait pas de présentations le jour J…

NATHALIE IANNETTA
Oui, c'est-à-dire des gens qui ne viennent pas.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Mais on est complètement en ligne avec notre plan de charge, on travaille beaucoup avec les équipes de France Travail pour justement sécuriser que tout ceux qui arrivent sur cette filière puissent être bien alloués en priorité aux entreprises qui sont attributaires des marchés du comité d'organisation. Donc il n'y a pas de raison de s'inquiéter, maintenant chaque semaine compte, et moi je lance un appel à tous ceux qui ont envie de rejoindre ces filières, on travaille aussi envers la population, avec la population étudiante, on travaille avec des bénévoles, on travaille avec des retraités.

JEAN-REMI BAUDOT
Il y a encore des places à prendre, il y a encore des emplois à pourvoir.

AMELIE OUDEA-CASTERA
On travaille avec des jeunes en service civique, on travaille avec les jeunes qui sont aussi dans les filières de la sécurité privée, en BTS, en CAP, donc on fait en sorte qu'il y ait vraiment tous ces viviers qui viennent pour qu'on soit parfaitement au rendez-vous des volumes, des effectifs, mais pour l'instant pas d'inquiétude, on connaît nos besoins, on aura en moyenne besoin d'à peu près 18 000 agents de sécurité privés quotidiens, des pics à 22 000, on sera au rendez-vous.

JEAN-REMI BAUDOT
Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques, on se retrouve dans un instant.

(…)

NATHALIE IANNETTA
Et à J-100, la ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie OUDEA-CASTERA, on va en venir à cette fameuse cérémonie du 26 juillet qui doit avoir lieu sur la Seine, sur 6 km. On savait déjà qu'il y avait un plan que vous, vous avez qualifié de bis, et le président de B. Mais alors, depuis lundi, le président de la République a parlé d'un plan C, repli au Stade de France. Qu'a-t-il pris au président de la République, d'évoquer un scénario, dont on sait que ce serait un scénario ultime, c'est-à-dire qu'il y aurait quasiment menace sur les Jeux si on en arrive là, Madame la Ministre ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, le président de la République, il a été concret et il a retraduit cet esprit de responsabilité qu'il nous demande d'avoir en prévision de cet immense moment que sera l'ouverture de nos Jeux. Qu'est-ce qu'il a dit ? Il a d'abord dit qu'on ne devait pas laisser un contexte complexe, une menace protéiforme, terroriste, nous priver de nos rêves, de notre envie de construire une grande cérémonie qui inspire le monde entier, qui rend notre pays fier. Donc notre plan central reste…

NATHALIE IANNETTA
On ne fait pas preuve de naïveté, mais on est prêt à se replier, dit-il.

AMELIE OUDEA-CASTERA
... reste la Seine, et nous travaillons là-dessus, sur ce scénario qui est notre plan, qui est notre scénario central. Maintenant, il faut être lucide, il faut être sans naïveté. On est dans un monde qui est complexe, qui est parfois dangereux. Ce qu'attendent les Français de nous, c'est d'anticiper, d'être prévoyant, d'être responsable. Moi, j'avais évoqué des plans bis, au sens où dans le plan central, nous avons certaines variables d'ajustement. On en a activé une récemment…

NATHALIE IANNETTA
La jauge.

AMELIE OUDEA-CASTERA
... qui était ce système d'invitation, c'est-à-dire le fait qu'il y ait des billets offerts, à des publics désignés par des tiers de confiance. Après, il y a autre chose. Il y a une gradation dans la menace ; si la menace venait à s'intensifier, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, il n'y a pas de menace spécifiquement tournée vers les Jeux, pas de menace non plus terroriste anticipée sur notre sol, à ce moment-là, on doit concevoir des scénarios de repli. Il en a cité un, au Trocadéro, qui permet d'avoir une dimension artistique préservée. Et après, encore une fois, il y a une gradation dans la menace. Si…

JEAN-REMI BAUDOT
Mais le Stade de France, c'est comme si personne n'était vraiment au courant.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Si à J-3, il devait y avoir une catastrophe absolue, il faut imaginer qu'il y ait une cérémonie, on va dire plutôt d'ordre strictement protocolaire…

NATHALIE IANNETTA
Oui, c'est ça, il faut expliquer aux auditeurs, Madame la Ministre…

AMELIE OUDEA-CASTERA
... et là différents lieux sont possibles, et le Stade de France peut en faire partie.

NATHALIE IANNETTA
Ça veut dire qu'il n'y a pas de fête.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Donc tout ça est extrêmement cohérent.

NATHALIE IANNETTA
Il y a juste le discours du président du CIO, le discours du président de la République et le serment des athlètes. Point final.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Mais ça c'est vraiment le scénario, où encore une fois, deux jours, trois jours avant la cérémonie, une menace exponentielle venait à s'exprimer. C'est tout à fait dans l'ordre des choses de travailler sur ces solutions-là. Cela ne veut pas dire que c'est ça qui va se passer, bien au contraire. Moi, il y a quelque chose qui finalement dans cet épisode me fait plaisir, c'est que pendant des semaines, tous, on était rivés sur le plan A, et on nous disait « Mais vous êtes irresponsables de ne pas avoir un plan B, un plan C, etc. ». Le chef de l'Etat expose ce que nous avons, tout en gardant la discrétion nécessaire, parce qu'il faut que sur ce genre de plan, il y ait cette confidentialité qui demeure, les hypothèses, les dates auxquelles on les active, etc. Là, jamais personne n'a autant réclamé qu'il y ait vraiment en fait la réaffirmation du plan. Je prends ça comme une très bonne nouvelle.

JEAN-REMI BAUDOT
Oui, mais ce qui est étonnant, c'est étonnant que c'est qu'au moment, à la minute…

NATHALIE IANNETTA
C'est très français, et je m'en réjouis.

JEAN-REMI BAUDOT
A la minute où le président de la République évoque ce plan C au Stade de France, Paris 202, l'Organisation commence à passer des coups de fil en disant : ce n'est pas sur la table. Donc il y a eu quoi ? Il y a eu un petit couac, il y a eu un petit coup de pression ?

NATHALIE IANNETTA
On a passé 48 h ensemble, on est parfaitement alignés sur tout ça. Un plan central, en responsabilité, la conception de plans de repli alternatifs, avec des gradations, et donc différents lieux correspondant à ces gradations de la menace et aux dates auxquelles ces menaces verraient le jour. Encore une fois, ce n'est pas. Ce n'est pas le scénario aujourd'hui central dans lequel on se place. Pour l'instant, on est rivés sur cette cérémonie, sur la Seine, qui promet d'être grandiose. Il y a beaucoup d'équipes qui travaillent, ça va être un spectacle magnifique.

JEAN-REMI BAUDOT
Amélie OUDEA-CASTERA, le comité d'organisation des JO avait promis des jeux à Paris à contribution neutre pour le climat. Je cite : « Si les Jeux de Paris sont deux fois moins émetteurs de carbone que Londres ou Rio, il y a une étude de l'ONG Carbon Market Watch, qui dit que c'est insuffisant. Est ce qu'on aurait pu faire plus pour avoir des Jeux plus vertueux ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Là encore, arrêtons de voir le verre à moitié vide.

JEAN-REMI BAUDOT
En l'occurrence, elle dit : c'est très bien sur les infrastructures, quasiment tout était là, la nourriture ce sont des produits français…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non mais écoutez, on s'est engagé à diviser par deux l'empreinte... Personne ne l'a jamais fait. Ça va être les Jeux les plus écologiques de l'histoire. C'est des progrès considérables. D'abord, la sobriété qui est au coeur du concept des Jeux, puisqu'on 95 % des infrastructures qui sont éphémères ou déjà existantes, ce qui éloigne de très loin tout le spectre des éléphants blancs et des constructions, qui seraient extrêmement consommatrice en carbone.

JEAN-REMI BAUDOT
Ce qui est saluée par l'ONG, d'ailleurs.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ensuite, il y a toute une série de choses qui ont été faites, je pense notamment au fait que tous les sites soient raccordés aux transports en commun, 100 % d'entre eux. Je pense au fait que tous les sites soient raccordés au réseau d'électricité en énergies renouvelables, 100 %. Je pense aussi au fait que là où on a dû construire des ouvrages, la facture carbone, l'empreinte carbone a été divisée massivement, je pense notamment au village des athlètes. Ça a été la construction en Europe, le plus grand chantier mono-site d'Europe. 45 % de l'empreinte carbone habituelle pour ce type de chantier. C'est extraordinaire.

JEAN-REMI BAUDOT
La question qui est posée, en réalité…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Une baisse dans l'alimentation, on a baissé, on divise par deux l'empreinte carbone de l'assiette.

JEAN-REMI BAUDOT
Madame la Ministre, la question qui est posée derrière, elle est plus large, en fait, la question, c'est un peu la question qui fâche, c'est : à l'heure du réchauffement climatique, est ce qu'on peut encore se permettre d'avoir des grands rassemblements qui font venir, on va le dire, quasiment à 100 % des gens en avion, 15 millions de spectateurs, des milliers de touristes…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Mais c'est l'occasion aussi de faire de la pédagogie, ça va être les premiers Jeux alignés sur l'accord de Paris. C'est des Jeux où on va éliminer de moitié le plastique à usage unique. C'est des Jeux où avec plus de végétal, avec un sourcing à 80 %, de produits français dans l'assiette de nos athlètes…

JEAN-REMI BAUDOT
C'est beaucoup d'avions, en tout cas.

JEAN-REMI BAUDOT
C'est beaucoup d'avions en tout cas.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Avec 25 % sourcé à moins de 250 kilomètres, sur tous ces éléments ont est extrêmement précis et engagé pour justement démontrer qu'on peut oeuvrer à cette transformation écologique sans renoncer au plaisir de vivre, sans renoncer à la qualité de l'expérience et sans renoncer au plaisir du partage.

NATHALIE IANNETTA
Alors, ceux qui polluent le plus, on l'a dit, ce sont les transports et donc les voyageurs, les touristes et tous ceux qui seront sur notre territoire pendant toute cette période…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Transports internationaux…

NATHALIE IANNETTA
Oui, transports internationaux.

AMELIE OUDEA-CASTERA
C'est à peu près un peu plus de 35 % de la facture carbone de ces Jeux.

NATHALIE IANNETTA
Puisqu'on en est aux transports, on a entendu tout à l'heure Jean CASTEX, désormais patron de la RATP, dire qu'il surveille comme le lait sur le feu le petit grain de sel des dernières livraisons pour notamment la ligne 14, ça c'est une grosse inquiétude pour les Franciliens, en dehors des Jeux olympiques, ils souffrent beaucoup d'un réseau qu'ils considèrent être défaillant et complexe pour la vie quotidienne. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire, vous êtes comme Anne HIDALGO, vous leur dites « ne partez pas, restez, et tant pis s'il faut marcher un peu », comme dit pour le coup Valérie PECRESSE ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non. Je leur dis d'abord, on est au rendez-vous, sur les infrastructures, sur les plans de transports, et je leur dis anticipons, organisons-nous et adaptons-nous. On a pour ça, avec le ministère des Transports, déployé un site, qui s'appelle « anticiperlesjeux.gouv.fr », moi j'invite chacun à aller le consulter, et qui permet de retrouver la météo des gares et des lignes chaque jour des Jeux Olympiques, chaque jour des Jeux Paralympiques, pour voir, quand on a besoin d'utiliser les transports, qu'est-ce qui va être encombré, à quelle heure, pour éventuellement modifier un petit peu son itinéraire, ajuster son horaire de départ ou d'arrivée, peut-être une matinée se mettre en télétravail, en accord avec son employeur, et avoir ces facultés d'anticipation. Cette solution-là elle avait fonctionné à Londres, elle avait permis de baisser le trafic routier de 30 %, et le trafic dans les transports en commun de 15 %, et Londres avait été au rendez-vous de la fluidité. Nous, on a étoffé les infrastructures, vous avez évoqué la ligne 14, le travail remarquable qui est fait sous la houlette de Jean CASTEX, de Jean-Pierre FARANDOU, la RATP, la SNCF, tous les acteurs seront prêts, on n'a pas de retard dans la livraison de nos infrastructures clés, et après on a la capacité en effet à avoir un petit peu de diversification modale, avec, oui, du vélo, la possibilité de marcher si besoin. Ce sera un été, ce sera un été de sport, ça fait partie de la palette des solutions qui peuvent être activer.

JEAN-REMI BAUDOT
Donc il faudra avoir quand même de bonnes chaussures.

AMELIE OUDEA-CASTERA
… Tout ira bien.

JEAN-REMI BAUDOT
Amélie OUDEA-CASTERA, on se retrouve dans un instant, juste après le Fil info.

(…)

NATHALIE IANNETTA
La billetterie, Madame la ministre Amélie OUDEA-CASTERA, c'est effectivement une réouverture aujourd'hui pour une remise en ligne de 250 000 billets. Vous entendez toujours cette éternelle critique de « C'est trop cher, ce n'est pas des jeux populaires, etc. ». Alors je vais vous laisser répondre sur le côté populaire, mais objectivement l'inquiétude, elle se situe plutôt sur la billetterie paralympique. Est-ce qu'on risque d'avoir des stades vides fin août à Paris ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non. Alors d'abord sur la billetterie olympique, il y a cette belle relâche ce matin de 250 000 nouveaux billets.

NATHALIE IANNETTA
Vous appelez ça une relâche ? C'est-à-dire que vous aviez fait de la rétention et vous les rendez ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non mais voilà, il faut phaser les choses. C'est bien, ça fait partie des étapes. On a 50 % des billets qui vont être mis en ligne à partir de 10 heures ce matin à 100 euros ou moins, et on a même 20 000 billets à 24 euros. Il faut profiter de tout ça parce que c'est la dernière fois qu'on a tous les sports qui vont être couverts. On aura les 31 sports qui vont être proposés.

NATHALIE IANNETTA
Y compris les finales de natation première semaine et d'athlé deuxième semaine.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Exactement, et de nos plus grands champions, des matchs extraordinaires. On va avoir, y compris en basket, en foot, des choses absolument géniales avec des matchs de poule qui sont extrêmement prometteurs ; et en même temps, en effet, un accès à différentes phases finales. Nos plus grands champions, je veux anticiper les choses, Léon MARCHAND, Teddy RINER…

JEAN-REMI BAUDOT
Ça c'est pour les Jeux olympiques. Il n'y a pas beaucoup d'inquiétudes en réalité sur l'affluence des Jeux olympiques.

NATHALIE IANNETTA
Jean-Rémi a raison : ça, on n'est pas inquiet.

AMELIE OUDEA-CASTERA
C'est un moment important. Ensuite, il y a le sujet de la billetterie. Je veux quand même répondre sur l'accessibilité parce que je veux rappeler que les collectivités et l'Etat, au global, financent un million de billets gratuits, offerts à des publics prioritaires.

NATHALIE IANNETTA
Donc ce sera quand même du public populaire.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Pour l'Etat, c'est 400 000 personnes que nous embarquons dans les Jeux. La jeunesse, des personnes en situation de handicap, les bénévoles du mouvement sportif, des agents de catégorie B et C qui depuis des années travaillent comme des dingues pour faire réussir les Jeux. C'est quand même important de le rappeler. Ensuite, la billetterie paralympique.

JEAN-REMI BAUDOT
Alors, parlez-nous.

AMELIE OUDEA-CASTERA
On a déjà 900 000 billets qui ont été vendus, donc c'est un bon résultat. On est déjà à plus de 30 %. On a libéré certaines possibilités techniques, notamment avec des billetteries de groupes qui peuvent être proposées aux comités d'entreprise, qui peuvent être proposées aux associations sportives, qui peuvent être proposées aussi aux universités. On est en train d'aller dans les grandes écoles, dans les facs pour proposer ces billets-là. Et il y a toute une campagne que nous prévoyons, qui sera enclenchée le 20 mai au soir pour le J-100 des Jeux paralympiques, qui se poursuivra à partir du 21 mai. Et puis après, on a besoin de vous. Je suis contente que vous me posiez cette question.

JEAN-REMI BAUDOT
Mas est-ce que ça ne dit pas quelque chose de…

AMELIE OUDEA-CASTERA
On a besoin des médias.

JEAN-REMI BAUDOT
Du regard des Français aujourd'hui encore sur le handisport.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Et on a besoin des athlètes eux-mêmes. C'est assez formidable de voir qu'à chaque fois qu'un athlète paralympique parle des Jeux paralympiques, il y a des pics de ventes parce qu'on ne se projette pas encore assez dans cette compétition mais ça va être exceptionnel. C'est spectaculaire, c'est des parcours de vie, des athlètes extraordinaires. Donc moi, je n'ai aucune inquiétude et on sera tous au rendez-vous pour faire en sorte que les tribunes soient pleines.

NATHALIE IANNETTA
On va faire un gros J – 100 sur les Jeux paralympiques.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Merci beaucoup.

JEAN-REMI BAUDOT
Parlons quand même un peu de sport, de médailles. La France était huitième, 33 médailles aux Jeux de Tokyo en 2021, on espère évidemment faire mieux à la maison. Cette semaine, Emmanuel MACRON a parlé de 40 à 50 médailles. Est-ce que c'est suffisamment ambitieux ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Il a surtout parlé de Top 5.

NATHALIE IANNETTA
Oui, mais il a dit 40 à 50 médailles, Madame la Ministre.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Top 5, on l'a fait une fois dans notre histoire.

NATHALIE IANNETTA
C'est divisé par deux par rapport à l'objectif qui était de 80.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, non, non. Non, parce qu'attention, le Top 5, ça se base sur un nombre de titres. Le président de la République, il a la gagne. Il veut des médailles d'or, il veut des titres. Le volume global de médailles, ça a au fond pas tant d'intérêt que ça. C'est important parce que ça représente pour chacun quelque chose d'extrêmement important.

JEAN-REMI BAUDOT
C'est important quand même.

AMELIE OUDEA-CASTERA
À chaque fois qu'on voit un Français sur un podium, on est profondément heureux, mais notre objectif de Top 5 correspond à un nombre de titres. Ce Top 5, on l'a déjà atteint une fois dans notre histoire à Atlanta en 96.

JEAN-REMI BAUDOT
Avec notamment Jean GALFIONE au saut à la perche.

AMELIE OUDEA-CASTERA
C'est difficile d'atteindre ça. Pour l'instant, toutes les anticipations, que ce soient les analyses qui sont faites par l'Agence nationale du sport qui fait un travail remarquable autour de tout ça ou des organismes indépendants - je pense aux Anglo-saxons qu'on ne peut pas suspecter de complaisance vis-à-vis des Français – Gracenote nous voit dans le Top 3 aujourd'hui. Nous on regarde tout ça avec beaucoup d'humilité.

NATHALIE IANNETTA
On parle de l'avantage à la maison qui a joué pour eux quand ils étaient à Londres.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, exactement. Et quand on analyse justement cet avantage de jouer à la maison, on voit que ça donne une sorte de coefficient multiplicateur de médailles au global de, allez, 1,5 à 2,3 selon les éditions olympiques.

NATHALIE IANNETTA
Alors on a qu'à dire 80.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Donc on s'est dit à Tokyo, dix médailles d'or ; là, on veut, voilà, on veut les multiplier par 1,6, 7, 8…

JEAN-REMI BAUDOT
Est-ce que la réussite des Jeux…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Et c'est ça qui est important. On est dans une super dynamique. Moi, je veux rendre hommage à nos athlètes parce qu'il y a une dynamique dans le sport français aujourd'hui qui est extrêmement encourageante. Ils font un travail depuis des années pour se préparer et réjouissons-nous qu'il y ait cette belle dynamique.

JEAN-REMI BAUDOT
Est-ce que la réussite des Jeux pour les Français passera forcément par un carton sportif ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On sait que c'est un ingrédient de la fête, bien entendu. Il ne faut pas se voiler la face là-dessus. Il faut, pour qu'on réussisse des grands Jeux, il faut qu'on ait quatre choses. Il faut qu'on ait une organisation qui soit aussi irréprochable que possible. Il faut qu'on ait un engagement de tous les territoires, que les Français - et on y travaille d'arrache-pied - sentent que c'est leurs Jeux. Tous, à travers tous les territoires. Et il faut qu'on ait un héritage qui soit bien pensé, bien préparé, à la fois sur le plan de l'accueil sportif au lendemain des Jeux, mais aussi sur toutes les transformations durables. La baignabilité de la Seine et de la Marne, la faculté à transformer le village des athlètes, le village des médias en des logements, des logements sociaux, des écoquartiers, des commerces, des services, etc. Et il y a une quatrième dimension qui est évidemment la réussite de nos athlètes. On l'a vu pendant la Coupe du monde, c'était difficile quand on a perdu en quarts…

JEAN-REMI BAUDOT
Là, quand on vous écoute, on se dit tout est formidable, tout est sur les rails, ça va, ça va être formidable.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, je dis on a J-100, il reste 500, 600, 700, 800 boulons à serrer, je le dis, il reste beaucoup de travail, il n'y a pas de jour de repos, c'est 100 jours qui sont absolument intenses en énergie, mais on est tous, en équipe, dans nos temps de passage, et déterminés à livrer au pays les plus grands Jeux de l'histoire, voilà, c'est ça qu'on veut.

JEAN-REMI BAUDOT
Peut-être juste un dernier mot sur le football, Nathalie.

NATHALIE IANNETTA
Oui, Kylian MBAPPE, on a dit qu'il allait quitter le Paris-Saint-Germain, potentiellement il va signer au Real Madrid, on sait que c'est difficile pour Thierry HENRY d'avoir des joueurs et de libérer, le président de la Fédération française fait un travail au corps auprès des présidents de clubs pour qu'ils relâchent, vous avez un message à passer vous aussi aux présidents de clubs, laissez-les venir jouer les Jeux ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Tous on y travaille, tous on le souhaite, le président de la République a aussi dit sa détermination sur le sujet. Moi j'ai adoré ce qu'a dit Thierry HENRY. Thierry HENRY nous a dit « voilà, vous savez, c'est comme des enfants face à un rêve, il faut parfois les laisser réclamer dix fois et puis à la onzième on accepte », alors…

NATHALIE IANNETTA
Drôle d'éducation parentale.

JEAN-REMI BAUDOT
Merci beaucoup Amélie OUDEA-CASTERA.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Merci à vous.

JEAN-REMI BAUDOT
Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, d'avoir été sur France Info à l'occasion de ces 100 jours avant la cérémonie d'ouverture.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 avril 2024