Entretien de M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué, chargé de l'Europe, avec France 3 Bretagne le 2 mai 2024, sur les élections européennes et l'Union européenne.

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Média : France 3

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Q - Les inscriptions via Internet sont closes. Mais qui dit inscrit ne veut pas forcément dire votants. Alors mobiliser, c'était un peu le mot d'ordre du déplacement aujourd'hui à Rennes, de Jean-Noël Barrot, ministre délégué à l'Europe. Il a rencontré ce matin des jeunes étudiants, des agriculteurs aussi, à la Maison de l'Europe. Une rencontre est également prévue cet après-midi avec des entreprises et des jeunes européens, des entreprises qui bénéficient de financement de l'Europe. Jean-Noël Barrot, bonjour.

R - Bonjour.

Q - Alors les jeunes que vous avez rencontrés ce matin sont sans doute très convaincus par l'Europe. Ils sont convaincus aussi d'aller voter. Ce n'est pas le cas de la majorité des Français. Un récent sondage de l'Ipsos dit que seulement 45% des Français ont l'intention de participer. Donnez-nous aujourd'hui une bonne raison de se déplacer le 9 juin.

R - Pour décider de notre avenir et face aux grandes menaces, aux lourdes menaces qui pèsent sur l'avenir de la Bretagne, de la France comme de l'Europe, le dérèglement climatique, la guerre et la sécurité, le décrochage économique, face à ces grandes menaces et à ces grands risques, c'est l'Europe qui est notre assurance-vie. Et l'Europe, c'est nous qui en détenons la clé. Et c'est le 9 juin, le dimanche 9 juin, que cela se joue.

Q - Sauf que finalement, on se rend compte que le sentiment d'attachement à l'Europe, d'être concerné, de comprendre sur quoi elle agit, il n'est pas forcément présent. Concrètement, aujourd'hui, qu'est-ce qu'elle fait, l'Europe, pour les Bretons et les Bretonnes ?

R - D'abord, le sentiment d'être un peu éloigné de l'Union européenne et de ses institutions, il est atténué par l'action des Maisons de l'Europe, et en particulier de la Maison de l'Europe à Rennes, où je me suis rendu ce matin. Ce sont 14 relais territoriaux qui, au quotidien, décryptent le fonctionnement européen et cultivent cette soif d'Europe dont nous avons besoin pour mieux protéger la France et les Français.

Q - Ils touchent vraiment les Bretons et les Bretonnes ?

R - Je crois que les Maisons de l'Europe jouent un rôle très important pour cultiver, pour tisser ce lien entre l'Europe à Bruxelles et à Strasbourg, et nos concitoyens. Maintenant pour la Bretagne, ce sont évidemment des aides. Vous parliez des agriculteurs tout à l'heure. La politique agricole commune, c'est 5.500 exploitations en Ille-et-Vilaine qui bénéficient de 125 millions d'euros l'année dernière, c'est-à-dire à peu près, un peu plus de 20.000 euros par exploitation. C'est, toujours pour l'agriculture, des mesures que la France a obtenu récemment de la part de la Commission européenne pour protéger le revenu de nos agriculteurs, comme on a commencé de le faire au niveau français avec la loi Egalim, pour protéger le prix, mais aussi les protéger contre la concurrence déloyale des agriculteurs d'autres grandes régions du monde.

Q - Sauf que les agriculteurs, on l'a vu ces derniers mois, étaient très en colère. Finalement, ils perçoivent l'Europe plus comme une contrainte que comme une protection ou comme un soutien. Finalement, est-ce qu'ils ont tort ?

R - L'agriculture, c'est le premier budget de l'Union européenne et la France en est le premier bénéficiaire. Je vous ai donné à l'instant les chiffres de la politique agricole commune pour les agriculteurs d'Ille-et-Vilaine. Mais c'est aussi, l'Europe, une protection contre les pratiques commerciales déloyales des agriculteurs dans d'autres régions du monde. Nous avons imposé, dans les accords commerciaux qui sont signés désormais par l'Union européenne avec d'autres régions du monde, le principe de la réciprocité, des clauses miroirs, pour que les règles que nous nous imposons, que nous imposons à nos agriculteurs, elles s'imposent aussi à celles et ceux qui veulent faire commerce avec l'Union européenne.

Q - Alors il y a des intentions, ça c'est une évidence, ce n'est pas toujours facile de se mettre d'accord à 27 quand il y a des intérêts aussi divergents. Peut-être un autre sujet, celui de la pêche, qui vous a mobilisé cette semaine. Depuis le Brexit, on sait que les pêcheurs français et bretons, forcément, souffrent, avec des zones de pêche qui leur sont interdites. Et puis le Royaume-Uni, qui ne respecte pas les accords passés lors du Brexit. Est-ce que l'Europe a du mal à se faire respecter ?

R - Le Royaume-Uni a créé des aires marines protégées, ce qui est naturel, puisque nous avons une obligation morale de protéger les ressources halieutiques et les océans. Le Royaume-Uni l'a fait sans respecter un certain nombre de grands principes inscrits dans l'accord que nous avons conclu avec eux après le Brexit : le principe de proportionnalité, l'idée que ces créations d'aires marines protégées soient fondées sur les résultats de la science ; et le principe de non-discrimination, c'est-à-dire le principe de ne pas créer des aires marines protégées pour uniquement désavantager les pêcheurs.

Q - Et ça, ce n'est pas respecté.

R - Je me suis rendu à Boulogne il y a quelques semaines, où j'ai rencontré les pêcheurs qui m'ont fait état des difficultés dans lesquelles ils se trouve plongés. Je m'étais engagé auprès d'eux à réunir mes homologues européens des sept autres pays concernés par ces aires marines protégées, ce que j'ai fait cette semaine. Nous allons saisir la Commission européenne pour qu'elle fasse entendre notre voix et qu'elle puisse intimer au Royaume-Uni la nécessité de prendre en compte ces réalités, et que ces aires marines protégées respectent bien la lettre et l'esprit de cet accord Brexit.

Q - Jean-Noël Barrot, juste un mot : le 9 juin donc, élections européennes, il n'y a qu'un tour, pas de deuxième chance ?

R - C'est une élection proportionnelle, chaque voix compte, il n'y aura qu'un tour, et ce tour, c'est le nôtre.

Q - Merci à vous d'être venu sur ce plateau, Jean-Noël Barrot. Vous poursuivez votre déplacement à Rennes cet après-midi et la rencontre d'acteurs économiques sur le territoire. Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 2024