Interview de M. Emmanuel Macron, président de la République, à France 2 le 8 mai 2024, sur les Jeux olympiques.

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Circonstance : Arrivée de la Flamme Olympique en France

Média : France 2

Texte intégral

Journaliste
Bonsoir Monsieur le Président, merci d'être avec nous en direct sur France 2 ce soir.
Ça y'est, la flamme brûle sur le sol français ici à Marseille, fête populaire. Qu'attendez-vous de ces 69 jours de relais à travers la France ?

Emmanuel Macron
Bonsoir. Écoutez, je suis là parmi les Marseillaises et les Marseillais, mais les Française et les Français, c'est la fin de plusieurs années de préparation et j'ai avec beaucoup d'émotion le souvenir encore de juillet 2017 quand on gagnait à Lausanne et on était là en septembre, quelques semaines après, il n'y avait rien qui était prêt.
Et aujourd'hui, voilà, la Flamme arrive, les Jeux arrivent et rentrent dans la vie des Français. Et cette Flamme Olympique, elle va maintenant passer à travers 400 communes jusqu'à la cérémonie d'ouverture. Ce seront les Jeux les plus décentralisés de notre histoire. Ce sera Marseille, ce sera Paris, la Seine-Saint-Denis, ce sera Tahiti pour la vague, Châteauroux et tant et tant d'autres communes. La Flamme est là, les Jeux Olympiques et Paralympiques sont là dans la vie du pays, dans la vie de la France, on peut être fier.

Journaliste
Monsieur le Président, vous n'ignorez pas que ces dernières semaines encore, beaucoup de Français étaient sceptiques sur ces Jeux parce que ça coûte de l'argent, parce que ça complique leur quotidien aussi. Est-ce que vous pensez que toutes ces images qu'on a vues aujourd'hui, elles vont finalement lancer un élan populaire ou est-ce que ça va rester comme ça ?

Emmanuel Macron
Je le crois très profondément. D'abord, dans tous les pays qui organisent les Jeux, il y a même parfois du rejet juste avant. Il n'y en a pas eu vraiment dans notre pays. Il y a toujours des doutes parce qu'il y a toujours une France qui doute ou une partie d'entre nous qui voulons voir uniquement les problèmes. Il y a aussi une France qui était impatiente. Et puis ça paraissait loin pour beaucoup de nos compatriotes, ce qui est normal, parce que parfois, le quotidien est difficile, parce qu'il y a une actualité qui est déjà chargée.
Là, je crois maintenant qu'on rentre dans les Jeux. Les Jeux sont là, la Flamme est là, elle est à Marseille et elle est sur le sol français. Elle va rester avec nous jusqu'au bout de ces Jeux Olympiques, puis Paralympiques, parce que, je vous le rappelle, ça dure jusqu'au 8 septembre. Et donc, je crois maintenant que c'est l'enthousiasme populaire, et c'est pour ça que je voulais être au milieu de tous ici. C'est la fête des Françaises et des Français. Et je veux qu'ils en soient fiers.

Journaliste
Est-ce que vous ne craignez pas que cette flamme ravive quelques contestations?? Vous l'avez dit, plus de 400 villes à travers le pays. Il y a forcément un enjeu de sécurité derrière tout ça.

Emmanuel Macron
Il y a un énorme enjeu de sécurité.

Grégory Naboulet
Si les Policiers, aujourd'hui à Marseille ?

Emmanuel Macron
Écoutez, il y a un énorme enjeu de sécurité, mais on est prêts, parce qu'on se prépare depuis 7 ans. Aujourd'hui, vous avez 200 000 Françaises, Français, mais aussi spectateurs du monde entier qui sont là. 200 000 autour du Vieux-Port et dans la Canebière et toutes les avenues qui sont alentours. Nos forces de sécurité intérieure sont mobilisées, nos militaires aussi, notre sécurité civile. Je veux vraiment les en remercier. On a plusieurs milliers de forces, près de 7 000 au total. Elles ont déjoué des projets ; elles ont fait ce qu'il fallait. Tout se passe bien.
Au moment où je vous parle, tout s'est bien passé pour cette arrivée de la Flamme et du Belem, ce qui est un formidable succès. Et donc, je veux vraiment remercier nos policiers, nos gendarmes, nos militaires, nos sapeurs-pompiers et l'ensemble des équipes, aussi la sécurité privée et toutes les collectivités qui sont avec nous. C'est un effort inédit. Il faut aussi se représenter que pour beaucoup, ce sont des vacances décalées ou annulées pour que les Jeux se fassent en sécurité. Ces premières heures se passent bien, on sera attentifs jusqu'à la dernière seconde. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mers est avec moi, avec la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques. On est vigilant et on tiendra.

Journaliste
Le pays est divisé sur beaucoup de questions aujourd'hui, que ce soit sur Gaza, sur des questions de racisme, d'antisémitisme, sur des questions sociales aussi. Est-ce que vous pensez que ces Jeux vont représenter une parenthèse ou même que ça peut faire du lien plus durablement ?

Emmanuel Macron
Je voudrais qu'ils fassent du lien plus durablement, comme on a voulu pour ces Jeux un héritage. C'est-à-dire, ces Jeux, évidemment, ça va être un formidable moment sportif. On veut un maximum de médailles. J'étais à la Marina avec nos athlètes et la Fédération française de voile. On espère faire le maximum de médailles.
Mais derrière, il y aura un leg, une nation sportive, avec des enfants qui auront appris le sport à l'école, appris cette pratique. Avec la Marina qui reste, ici, mais un centre aquatique olympique à Saint-Denis, avec un Village olympique qui laissera du logement, des bureaux. Et donc, il y aura un héritage de ces Jeux en termes de valeur, d'éducation, d'installations. Et je veux qu'il en soit de même aussi, parce que je veux que nos compatriotes se représentent que c'est un moment d'unité et qu'on en est capable et qu'on peut en être fiers.
Et se représenter à nous-mêmes, nous représenter à nous-mêmes, que nous savons organiser cela, que quand on se met tous ensemble autour de la table, qu'on mêle nos énergies, le sport, la culture, les plus grands artistes, les plus grands sportifs, la sécurité, la gastronomie, l'art, nos paysages, nos élus, on fait ce qu'il y a de plus beau au monde. Et ça, on doit être fiers.
Vous savez, j'ai cette petite pièce dans les mains, je voulais vous la montrer aujourd'hui à Marseille. C'est une pièce qu'on a faite avec la Monnaie de Paris, spécialement. Il y a 24 millions de ces pièces qui ont été battues. Et elle a été offerte à nos enfants. Je ne sais pas si on peut faire le gros plan dessus. Il y a 2 millions, qu'est-ce que je dis, 4 millions d'enfants à l'école primaire qui l'ont eue avec un petit kit qu'on a fait sur les Jeux Olympiques et Paralympiques. Et vous avez représenté la Tour Eiffel qui court, Notre-Dame qui est là représentant Marseille, la fleur de Tahiti, la Basilique de Marseille, la cathédrale, la fleur des Outre-mer et surtout de Tahiti et la vague. C'est ça la France qui unit sa première, sa deuxième ville, même si parfois, elles sont en compétition ou divisées sur un terrain de foot ou ailleurs, la France métropolitaine et ultramarine derrière ces Jeux et les 73 villes qui vont accueillir des épreuves et des athlètes. C'est notre force, cette unité, c'est l'esprit des Jeux. Et c'est aussi pour ça qu'on a voulu cette trêve olympique autour des Jeux Olympiques et Paralympiques. Et ce sera l'initiative diplomatique qu'on va déployer. Des Jeux pour la paix.

Journaliste
Merci, Monsieur le Président. Merci d'avoir répondu à nos questions sur France Télévisions et TF1.

Emmanuel Macron
Merci d'être là. Je remercie beaucoup notre ministre, le directeur général du COJO, Tony ESTANGUET, toutes les équipes, tous les bénévoles, le monde sportif. C'est derrière un travail immense qui a été fait par des milliers de professionnels, de bénévoles. Et je veux vraiment que ce soit des millions de Français ce soir qui puissent être fiers de cela. Merci beaucoup.

Journaliste
Merci, Monsieur le Président.

Emmanuel Macron
Merci à vous.