Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et notre invité politique ce matin c'est Stanislas GUERINI, bonjour, merci beaucoup d'être avec nous, ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques, on est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale représentée par Stéphane VERNAY de " Ouest France ", bonjour Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Bonjour Oriane, Stanislas GUERINI bonjour.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
ORIANE MANCINI
On va évidemment parler de la réforme de la fonction publique, des européennes, Stanislas GUERINI, mais d'abord Stéphane a une première question à vous poser sur un sujet d'actualité.
STEPHANE VERNAY
Oui, j'ai vu que vous aviez participé au sommet Choose France hier, en quoi votre présence est-elle requise dans ce genre de rendez-vous, qu'est-ce que le ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques a à dire aux patrons étrangers qui veulent investir en France ?
STANISLAS GUERINI
Eh bien vous voyez, souvent, quand on parle de l'administration française c'est plutôt mis dans les colonnes des moins parce qu'on a le sentiment, les entreprises, peuvent avoir le sentiment que l'administration est là pour leur compliquer la vie. Hier moi je suis venu dire l'inverse aux chefs d'entreprise que j'ai rencontrés, dire que l'administration est là pour faciliter les choses, pour permettre justement à des entreprises qui se posent la question d'investir en France, de faire que pour la cinquième année consécutive notre pays est le plus compétitif en Europe, eh bien nous mettons tout en oeuvre pour créer un cadre de confiance, un cadre de confiance avec l'ensemble des administrations, les administrations fiscales notamment, pour que l'investissement en France ne soit pas empêché pour des mauvaises raisons, et la complexité ça a un coût dans notre pays, et je crois que toutes les actions qu'on peut mener en matière de simplification, en matière de confiance, en matière de droit à l'erreur, eh bien ça fait partie, c'est une pièce du puzzle de la compétitivité du pays.
STEPHANE VERNAY
Là vous êtes au bout du bout, vous avez réussi à simplifier les choses, ou est-ce que l'administration française est toujours aussi tatillonne, complexe ?
STANISLAS GUERINI
On a simplifié beaucoup de choses, moi j'invite ceux qui nous regardent à s'enquérir de leurs droits sur notamment le droit à l'erreur, le droit à l'erreur ce sont des centaines de milliers de Français, et d'entreprises, qui en ont bénéficié, il s'avère que j'étais rapporteur de cette loi dans le premier quinquennat, ça a changé la vie d'un certain nombre de nos concitoyens, d'entreprises françaises, et si vous me posez la question de savoir s'il y a encore du boulot de simplification…
STEPHANE VERNAY
C'est ça.
STANISLAS GUERINI
Oui, il y a encore du boulot de simplification, on va continuer ce qu'on a annoncé il y a quelques jours, avec le Premier ministre, avec Bruno LE MAIRE, on va notamment supprimer un certain nombre de Cerfa, vous voyez, ces documents administratifs qui parfois…
STEPHANE VERNAY
Je vois bien.
STANISLAS GUERINI
Vous voyez, je pense que chacun qui nous écoute voit à peu près de quoi il s'agit. Il y en a certains qui sont inutiles, on va les supprimer complètement, il y en a d'autres qu'on va simplifier, il y en a qu'on va dématérialiser, il y a 1800 Cerfa qui sont concernés, ce sont des centaines de milliers d'actes administratifs qu'on va ainsi supprimer ou totalement simplifier, donc on continue le travail de simplification.
ORIANE MANCINI
On parle de la réforme de la fonction publique, vous souhaitez lever le tabou du licenciement, développer la rémunération au mérite, entre autres, on veut en parler. Une réunion avec les syndicats est prévue la semaine prochaine, les syndicats qui sont réticents sur cette réforme, vous pensez réussir à les convaincre ?
STANISLAS GUERINI
En tout cas je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour créer les conditions d'une concertation qui soit une concertation transparente. Moi j'ai tout mis sur la table depuis le début, on a commencé, on a ouvert officiellement cette concertation mi-mai, sur tous les sujets, et je pense que la question qu'il faut qu'on se pose, parce qu'on a un peu de temps pour préparer cette réforme, donc on a vraiment le temps de la concertation, c'est est-ce que cette réforme de la fonction publique elle est nécessaire ou pas ? Moi je crois qu'elle l'est. Je pense qu'il y a un certain nombre de blocages aujourd'hui dans notre fonction publique qui sont des freins, à un moment où notre premier défi c'est celui de l'attractivité, à pouvoir embaucher plus facilement, à pouvoir permettre à des agents publics de se projeter plus facilement dans une carrière où ils évoluent, où ils puissent grimper les échelons plus facilement dans la fonction publique, à ce qu'on puisse aussi mieux rémunérer le travail, l'engagement…
ORIANE MANCINI
Vous pensez qu'en disant qu'on lève le tabou du licenciement ça va aider à embaucher plus facilement ?
STANISLAS GUERINI
Une partie, mais moi j'assume totalement ce que j'ai dit là-dessus, je pense qu'il faut pouvoir entrer, bouger, c'est-à-dire être promu plus facilement dans la fonction publique, et sortir plus facilement de la fonction publique, et donc je pense que si on veut garder, au fond une grande ambition pour notre fonction publique, et c'est mon cas, un statut qui distingue la fonction publique du privé, c'est mon cas aussi, alors il faut avoir le courage de moderniser ce statut, et moi ce que je vois c'est que beaucoup d'agents publics ont envie de travailler différemment, ont envie de pouvoir évoluer plus facilement dans la fonction publique, et au fond le coeur du problème, le coeur du sujet, c'est de parfois, quand on est dans le public, pouvoir passer d'une case administrative à une case administrative plus facilement, pouvoir se décoller un peu…
ORIANE MANCINI
Juste un dernier mot sur les syndicats, on va parler du projet avec Stéphane, mais sur les syndicats, est-ce qu'ils sont vraiment prêts à la concertation, il y en a qui ne sont pas autour de la table ?
STANISLAS GUERINI
Les syndicats participent à l'ensemble des concertations, j'ai ouvert trois grands chantiers, ils participent parce que je pense que ces trois grands chantiers répondent au fond à nos défis, celui des rémunérations, c'est essentiel, si on regarde ailleurs et on considère qu'il n'y a pas de sujet de rémunération, forcément on a un regard qui est un peu biaisé, donc on a une négociation, et c'est la première fois qu'on a ouvert une négociation sur le champ salarial, il y a l'immense sujet des conditions de travail, travailler différemment, la qualité de vie au travail, les questions de temps de travail, les questions d'aménagement, de télétravail, d'espaces de travail, de logement des agents publics, d'égalité entre les femmes et les hommes, et puis je dirais les règles du jeu dans la fonction publique et la concertation sur la réforme, c'est ce sujet qui est mis sur la table, les trois fonctionnent ensemble, je concerte, je négocie avec les organisations syndicales, on le fait très activement, jusqu'à l'été, pour pouvoir prendre les décisions et avancer parce que notre fonction publique en a besoin, et derrière la fonction publique ce sont nos services publics, c'est-à-dire que l'enjeu c'est celui de l'efficacité, au fond c'est la question que vous me posiez initialement, l'efficacité de nos services publics pour nos concitoyens.
STEPHANE VERNAY
Vous avez-vous-même employé le terme de " immense chantier " quand vous parlez des conditions de travail dans la fonction publique, vous avez un certain nombre de représentants syndicaux qui estiment qu'en fait se donner jusqu'à l'été pour trouver un premier accord de méthode c'est trop court, le timing sera trop serré, qu'il faudrait plus de temps pour négocier.
STANISLAS GUERINI
Moi je crois que c'est raisonnable et je crois qu'il faut avancer. Voyez, on est en train de se dire…
ORIANE MANCINI
Donc vous gardez ce timing, on ne change pas le calendrier ?
STANISLAS GUERINI
J'ai dit que je mettrai autant de réunions, dans tous les formats, bilatéral, multilatéral, avec tous les syndicats, tous les partenaires sociaux, les employeurs publics également, qu'il faudrait pour que cette concertation elle soit à la hauteur, et je pense que le défi est très grand et donc on doit chacun prendre nos responsabilités. Mais vous voyez, on est en train de se dire qu'on se laisse le temps pour la partie conditions de travail, avant l'été, d'avoir un accord de méthode, c'est-à-dire au fond de décider des sujets qu'on met sur la table, de la façon de les discuter… on va écouter pour pouvoir avancer, pour que d'ici la fin de l'année, moi parfois j'ai des fourmis dans les jambes, j'aimerais avancer plus vite sur un certain nombre de sujets, on puise acter, décider et proposer aux agents publics des avancées, en matière d'aménagement du temps de travail, en matière de télétravail, etc., etc..
STEPHANE VERNAY
Vous parlez de la fin de l'année…
STANISLAS GUERINI
Donc, oui, je crois qu'il faut avancer.
STEPHANE VERNAY
Mais votre objectif c'est toujours d'intégrer un certain nombre d'éléments dans votre futur projet de loi sur l'efficacité de la fonction publique, on est toujours sur l'automne.
STANISLAS GUERINI
C'est parfaitement ce qu'on est en train de discuter. Moi, le projet de loi pour la fonction publique, pour l'efficacité de la fonction publique, je souhaite le présenter à l'automne, c'est ce qu'on a indiqué, c'est ce que le Premier ministre a indiqué, et donc c'est dans ce calendrier-là que je m'inscris.
STEPHANE VERNAY
Une fois que les négociations sont terminées ou… ?
STANISLAS GUERINI
Donc s'il y a des éléments, j'essaie de bien répondre à votre question qui, sur les questions de conditions de travail, nécessitent d'avoir des dispositions législatives, alors je proposerai effectivement qu'on puisse les intégrer au projet de loi. Je vais vous donner un exemple très concret. On a négocié, avec les organisations syndicales, sur la protection sociale complémentaire, comment est-ce qu'on protège mieux les agents publics sur les enjeux de santé et qu'on puisse apporter une mutuelle sur les enjeux de prévoyance aux agents publics, c'est un enjeu qui est extrêmement important, il s'agit de cancer qui arrive tôt dans la vie, il s'agit de décès, il s'agit d'invalidité, les grands risques, au fond, qui peuvent toucher les agents publics. Rendez-vous compte, il y a 1 million d'agents de l'Etat aujourd'hui qui n'ont pas de mutuelle, c'est aussi simple que ça. Cet accord, c'est une grande avancée sociale, je dis même que c'est peut-être la plus grande avancée sociale de ces dix dernières années dans la fonction publique, eh bien il y a des dispositions qui peuvent nécessiter qu'on bouge la loi, moi je suis prêt à le faire, et typiquement, dans la concertation sur les conditions de travail, on est en train de discuter de ça, si les syndicats me disent « ça mettez-le dans la loi », eh bien je suis prêt à bouger sur ces sujets-là. Il faut qu'on puisse avancer dans l'intérêt des agents publics.
STEPHANE VERNAY
Vous évoquez des avancées sociales importantes, intéressantes, mais en même temps, ce que tout le monde a retenu, c'est vos propos sur la fin du tabou de l'emploi à vie dans la fonction publique, la rémunération au mérite, un certain nombre de choses qui ont pu crisper vos partenaires. Pourquoi est-ce que vous avez fait ces déclarations avant l'ouverture des négociations ?
STANISLAS GUERINI
Moi je crois qu'il ne doit pas y avoir de tabou sur ces sujets-là…
STEPHANE VERNAY
Ça n'a pas créé un certain nombre de tensions initiales avec vos interlocuteurs ?
STANISLAS GUERINI
Non, je ne crois pas. Bien sûr qu'on a un dialogue, mais moi je considère que le respect pour les organisations syndicales notamment, c'est de ne pas avoir de projet caché, c'est de pouvoir mettre les sujets sur la table.
STEPHANE VERNAY
Donc vous avez tout mis sur la table ?
STANISLAS GUERINI
Une concertation, on met tous les sujets sur la table, j'ai toujours dit que je ferai comme ça et j'ai agi exactement selon cette méthode. Donc moi je préfère, pour vous répondre très directement, qu'on s'engueule un peu au début, qu'on se dise les choses…
STEPHANE VERNAY
Vous crevez l'abcès en préambule.
STANISLAS GUERINI
Et puis qu'on avance, et puis qu'on travaille ensemble.
ORIANE MANCINI
Sur le tabou de la fonction publique, Stanislas GUERINI, parce que vous citez les chiffres de la fonction publique d'Etat, quand vous avez donné les chiffres de treize licenciements, qu'est-ce qu'il en sera de la fonction publique territoriale ?
STANISLAS GUERINI
Moi, toutes les dispositions que je souhaite qu'on examine dans le cadre de cette réforme, je souhaite qu'elles soient pour les trois versants de la fonction publique, le versant de l'Etat, le versant territorial et le versant hospitalier. En méthode, je considère qu'on a trop souvent fait l'erreur de raisonner d'abord pour l'Etat et puis de commencer, une fois qu'on avait pris des décisions pour l'Etat, à se poser la question de savoir comment on allait faire pour la fonction publique hospitalière ou pour la fonction publique territoriale. Donc les mesures, que je mets sur la table, elles concernent les trois versants de la fonction publique.
ORIANE MANCINI
Ça veut dire que les employeurs territoriaux ils sont prêts à vous suivre ?
STANISLAS GUERINI
Mais bien sûr…
ORIANE MANCINI
Les élus locaux ils sont prêts à vous suivre ?
STANISLAS GUERINI
J'échange… Vous savez, en ce moment je vais deux fois par semaine sur le terrain échanger avec des agents publics, échanger avec des employeurs de terrain, et les employeurs territoriaux, nos élus locaux, ce sont des employeurs locaux, ce sont des employeurs qui sont dans la plus grande proximité de leurs concitoyens et de leurs agents…
ORIANE MANCINI
Il y a eu combien de licenciements dans la fonction publique territoriale ?
STANISLAS GUERINI
Voyez, c'est un chiffre qu'on n'a pas aggloméré, parce que dans la fonction publique territoriale c'est assez difficile, au fond, d'avoir même cette statistique-là…
ORIANE MANCINI
Ce qui révèle un problème.
STANISLAS GUERINI
Ce que je peux vous dire c'est qu'il y en a peu, il y en a peu, j'ai cité le chiffre qui est à ma disposition, qui est très constant d'ailleurs depuis dix ans, qui est une grosse dizaine de licenciements pour insuffisance professionnelle dans l'Etat. Ce n'est pas, vous l'avez rappelé, l'alpha et l'oméga…
ORIANE MANCINI
Mais est-ce que vous demandez aux employeurs territoriaux de faire remonter les chiffres ?
STANISLAS GUERINI
Bien sûr, il faut qu'on puisse… moi je pense qu'il faut toujours partir de la réalité des faits, et un moment de concertation ça doit servir à ça, à regarder les choses telles qu'elles sont. Est-ce que tout fonctionne bien dans la fonction publique ? Moi je crois qu'il y a des choses à améliorer, notamment, mais pas seulement, vous l'avez rappelé, mais notamment sur cette question du licenciement. Et je veux le préciser, j'ai eu l'occasion d'avancer, de le dire aux syndicats, j'ai eu l'occasion de le dire, moi ce n'est pas l'emploi à vie au sens où on va changer les règles de statut que je remets en cause. Qu'est-ce qu'elles disent les règles de statut ? elles disent que quand on supprime, par exemple un service administratif, on propose aux agents publics de faire autre chose, pour ainsi dire on dit qu'il n'y a pas de licenciement économique dans la fonction publique, comme dans une entreprise, ça je propose de le garder, ça me semble être singulier pour le public. Ce que je dis, c'est que le statut, tel qu'on l'a pensé à l'origine, n'a jamais dit qu'on ne pouvait pas licencier un agent qui ne faisait pas son travail. Mais je vais vous dire quelque chose, moi les agents publics que je vois sur le terrain, ils ne sont pas du tout choqués par ces propos-là, ils me disent au fond, « nous on a envie que notre travail, nous qui sommes engagés, qui faisons notre boulot, il soit mieux rémunéré », ils me disent au fond…
ORIANE MANCINI
Alors vous dites qu'il faut licencier un agent qui ne fait pas son travail…
STANISLAS GUERINI
Exactement…
ORIANE MANCINI
Selon les données de votre ministère il y a 200 000 agents qui n'honorent pas leur temps de travail et qui ne font pas leurs 1607 heures qu'ils doivent à la fonction publique, est-ce que ça c'est un motif de licenciement ?
STANISLAS GUERINI
Non, bien entendu, parce que c'est une décision, et c'est une organisation, qui est prise avec leur employeur, en l'occurrence leur ministère, donc moi je ne mets pas en cause les agents publics…
ORIANE MANCINI
Mais vous voulez lutter, vous, contre les agents qui ne font pas leur temps de travail.
STANISLAS GUERINI
Je dis juste il faut que tous les employeurs publics respectent la loi, c'est aussi simple que ça. La loi elle dit que l'ensemble des services administratifs doivent travailler 1607 heures, c'est-à-dire 35 heures par semaine.
ORIANE MANCINI
Mais 200 000 agents c'est énorme comme chiffre !
STANISLAS GUERINI
Mais, aujourd'hui dans l'Etat, et j'ai fait exprès de dire dans l'Etat, parce qu'au fond l'Etat employeur doit être le premier exemplaire sur ces questions-là, on a demandé aux collectivités de se mettre en conformité avec la loi de 2019 et que tous les agents publics - je pense que ceux qui nous écoutent doivent trouver ça normal - travaillent 35 heures parce que c'est la loi, et donc, oui, je travaille avec les employeurs, avec les ministères, donc ce n'est pas les agents qui sont en cause dans cette question-là, pour qu'effectivement on puisse se mettre en conformité dans l'ensemble des ministères…
ORIANE MANCINI
Mais il y a encore des réticences.
STANISLAS GUERINI
En fait c'est souvent des questions d'organisation, et au fond une forme de pacte social, parce que dans tel ou tel service administratif on s'est organisé comme ça, que c'était souvent lié à la rémunération, qu'on était un peu moins bien rémunéré, mais qu'on avait quelques semaines de congés en plus, et donc ça a été la vie des administrations, mais oui je pense, tout simplement pour une question d'équité, de justice, et je crois que c'est ça que nous demandent nos concitoyens aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on puisse à la fois appliquer la loi de la même façon pour tout le monde et qu'on puisse retrouver, c'est peut-être ce qu'il y a en filigrane de nos échanges, cette capacité à distinguer, et moi je crois que c'est une notion, la notion de distinction, qui était au coeur du statut, qu'on a un peu perdue, de pouvoir mieux récompenser ceux qui s'engagent, ceux qui travaillent, qui mouillent le chemin sur le terrain…
ORIANE MANCINI
Avec quels indicateurs juste, quels indicateurs vont être la jauge de la rémunération au mérite ?
STANISLAS GUERINI
Ceux qui seront définis au plus près du terrain. Moi je vais vous dire une chose…
ORIANE MANCINI
C'est-à-dire ?
STANISLAS GUERINI
Je vais vous répondre. Je pense que ce n'est pas au ministre de la Fonction publique de définir le même indicateur pour tous les agents publics, c'est évident…
ORIANE MANCINI
Donc ce sera différencié ?
STANISLAS GUERINI
Bien sûr, et il faut laisser la main aux employeurs, moi je ne peux pas dire à un moment donné il faut redonner les marges de manoeuvre aux employeurs, notamment locaux, et puis ensuite tout fixer depuis mon bureau à Paris, moi je pense qu'il faut laisser ces marges de manoeuvre, mais évidemment qu'on peut trouver des indicateurs pour mesurer, notamment la qualité du service public…
ORIANE MANCINI
Donc il n'y aura rien d'inscrit dans la loi ou ce sera… ?
STANISLAS GUERINI
Non, ce que je proposerai, on verra quand on sera effectivement à la partie la plus législative, ce que je proposerai c'est qu'on puisse notamment créer des plans d'intéressement collectifs pour les agents publics, pour pouvoir mieux récompenser les collectifs de travail, je pense que c'est un outil qui nous manque aujourd'hui, et qu'on puisse effectivement ensuite, pour les indicateurs, laisser la main, mais quand j'entends qu'on ne peut pas mesurer la performance dans le service public, je me dis que c'est un manque d'ambition pour le service public. Moi je crois qu'on peut mesurer beaucoup de choses, notamment la qualité du service au public, parce que n'oublions jamais que derrière la fonction publique ce sont les services publics.
ORIANE MANCINI
Dernière question là-dessus, est-ce que vous allez supprimer les catégories A, B et C dans la fonction publique ?
STANISLAS GUERINI
C'est un sujet que je mets sur la table, je l'ai mis dans la concertation. Aujourd'hui je constate que les catégories elles enferment souvent les agents publics, elles créent des plafonds de verre au-dessus de la tête des agents qu'il est très difficile de casser. On a eu un exemple récent parce qu'on a travaillé sur les secrétaires de mairie, les secrétaires de mairie, pour deux tiers d'entre elles, je dis « elles » parce que ce sont extrêmement majoritairement des femmes, elles ont été recrutées en catégorie C, parfois sur la base d'un diplôme qu'elles avaient il y a 20 ans, il y a parfois 30 ans, et ensuite elles sont complètement coincées dans leur catégorie parce que les règles de promotion sont fixées de façon nationale et que c'est extrêmement difficile de se décoller l'étiquette collée sur le front…
ORIANE MANCINI
Donc on les supprime ?
STANISLAS GUERINI
Donc moi je crois que c'est une question qu'il faut mettre sur la table, j'y suis prêt, à pouvoir au fond…
ORIANE MANCINI
Mais vous y êtes favorable ?
STANISLAS GUERINI
Oui j'y suis favorable, et à introduire dans la fonction publique davantage l'idée de métiers et de compétences pour pouvoir avoir des outils qui permettent de mieux valoriser la formation, de mieux valoriser les acquis de l'expérience, pour pouvoir évoluer plus rapidement et plus facilement, en un mot, il faut qu'on puisse casser les plafonds de verre.
ORIANE MANCINI
Dernière question avant de parler des Européennes, Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Alors moi j'avais une question d'actualité, on a parlé des 200 000 agents qui n'honorent pas leur 1607 heures, mais en fait la plupart des agents font leurs heures, il y en a beaucoup qui font beaucoup plus que leurs heures au service du public, vous avez aussi besoin de valoriser les agents de la fonction publique territoriale, vous allez le faire dans le cadre des JO notamment, il y a 182 agents qui ont été sélectionnés pour porter la flamme, je voulais savoir quel profil vous avez retenu pour faire et pour faire passer quel message ?
STANISLAS GUERINI
Des agents de toutes catégories et de tous versants de la fonction publique, pour moi c'est extrêmement important de montrer, puisque ce moment des Jeux olympiques, au fond c'est une vitrine pour le monde et puis une vitrine pour notre propre pays, pour qu'on puisse se regarder avec fierté, moi ce que je veux c'est qu'on puisse regarder la fonction publique avec fierté, et les agents de la fonction publique ils font notre fierté au quotidien. On ne peut pas simplement les applaudir quand il y a des crises, il faut pouvoir montrer qu'au quotidien il y a 1000 métiers dans la fonction publique, les métiers les plus quotidiens, ceux qui assurent la propreté dans les rues, ceux qui vous délivrent les services administratifs dont vous avez besoin pour votre vie quotidienne, ceux qui vous protègent, ceux qui vous soignent, ceux qui élèvent et enseignent à vos enfants, eh bien c'est ces agents-là, dans toute leur diversité, dans toute leur pluralité, dans tout leur engagement, que j'ai souhaité mettre en avant à l'occasion de ce parcours de la flamme, qui sera, je le dis, un grand moment de fierté pour notre pays, et un grand moment de fierté pour notre fonction publique.
ORIANE MANCINI
On va dire quelques mots des européennes. Jordan BARDELLA est toujours largement en avance dans les sondages, largement devant Valérie HAYER. Emmanuel MACRON a proposé un débat avec Marine LE PEN, ce qu'elle a refusé, en tout cas avant les européennes, est-ce que proposer un tel débat ce n'est pas acter que vous faites de cette élection un référendum pro ou anti-MACRON ?
STANISLAS GUERINI
C'est bien dommage de refuser de débattre sur les européennes. J'entendais encore ce matin Jordan BARDELLA dire, « oui il veut bien débattre mais pas que les sujets européens, il faut à peu près parler de tout sauf de l'Europe » en réalité dans cette élection. Moi je vous dis qu'il faut parler d'Europe dans cette élection parce que la question qui est posée à nos concitoyens, c'est quelle Europe on veut ? Et d'ailleurs, avant même de se poser la question de l'Europe qu'on veut, c'est est ce qu'on veut continuer avec l'Europe ou est ce qu'on veut sortir de l'Europe ? Il y a beaucoup de déviations, il y a beaucoup de sujets cachés. Au fond, nos concurrents dans cette élection ne veulent pas parler d'Europe. Et vous m'interrogez sur cet épisode récent de Marine LE PEN qui refuse le débat au fond, mais c'est toute la symbolique d'un rassemblement national qui se cache. Et nous, nous voulons parler d'Europe parce que nous voulons dire que depuis cinq ans, l'Europe a changé comme jamais. Elle n'avait pas changé comme ça depuis 50 ans, elle a trouvé des réponses à des grands défis. On a fabriqué des vaccins en européen, on a exporté. On a créé un endettement commun pour pouvoir fabriquer un plan de relance. On a fait un pacte.
ORIANE MANCINI
Pourquoi Marine LE PEN….
STANISLAS GUERINI
Sur l'écologie.
ORIANE MANCINI
Qui n'est pas candidate à cette élection européenne ? Est-ce que vous même vous refusez de parler d'Europe dans cette élection ?
STANISLAS GUERINI
Vous voyez bien que vous m'interrogez sur le parti qui est en tête dans ces élections, dans les sondages en tout cas de cette élection européenne. C'est bien normal qu'on souhaite pouvoir débattre et confronter des points de vue sur l'Europe et le président de la République, il a toujours dit que son investissement dans cette élection européenne serait maximum et il a bien raison de le faire parce que ce qui se joue…
ORIANE MANCINI
Il faut qu'il fasse des meetings pour vous ?
STANISLAS GUERINI
Au fond, je ne suis pas sûr que ça se joue à travers des meetings ou de la participation partisane. Mais ce que fait le président de la République, ce qu'il a fait à travers le discours de la Sorbonne, en posant les grands enjeux, en disant que oui, l'Europe est en danger de vie, en disant que nous pouvons faire mieux, nous pouvons bâtir une Europe puissance pour répondre aux grands enjeux, notamment économiques ou grands enjeux géopolitiques, pour acquérir cette capacité à nous protéger par nous-mêmes. Rendez-vous compte, ce sera peut-être bientôt le retour de Donald TRUMP. C'est ça qui se joue. C'est ça la question qui est posée à nos concitoyens. Et donc le premier message qu'il faut passer, c'est d'aller voter aux élections européennes. Moi, je ne me résous pas à ce qu'on puisse avoir une élection qui est aussi importante pour notre avenir en commun et qu'au fond on donne le sentiment de passer à côté. Et donc je crois que c'est pour ça que moi je suis optimiste, y compris sur notre capacité. Je vois bien à chaque fois qu'on m'interroge sur les européennes, si on parle de sondages, bah soit on se lamente sur les sondages, soit on se remonte les manches et on va faire campagne. Et puis on va d'abord….
ORIANE MANCINI
Vous pensez vraiment pouvoir rattraper Jordan BARDELLA ?
STANISLAS GUERINI
Moi je pense que c'est faisable. Je pense qu'on peut remonter, je ne sais pas dans quelle mesure, mais on peut remonter l'écart. Et plus on parlera d'Europe, plus on aura des chances de pouvoir gagner la confiance dans ces élections européennes. Moi, vous le savez, j'ai été chef du parti En Marche en 2019, quand on a mené cette élection européenne., je me suis impliqué totalement et nous avions fait la promesse aux Français que s'ils choisissaient la liste Renaissance, ils auraient un groupe influent et qui ferait les majorités au Parlement européen. Depuis cinq ans., c'est exactement ce qui s'est passé et nous devons continuer parce que nous avons besoin d'Europe.
STEPHANE VERNAY
Cette année, vous vous impliquer totalement aussi. Vous faites campagne aux côtés de Valérie HAYER. Combien ont dit combien de meetings besoin d'Europe vous avez fait ? Est-ce que vous tracter le samedi ? Est-ce que vous allez coller des affiches la nuit comme le fait Prisca THEVENOT ?
STANISLAS GUERINI
Oui, oui et oui.
STEPHANE VERNAY
Les affiches la nuit aussi ?
STANISLAS GUERINI
Non je n'ai pas fait pardon…
STEPHANE VERNAY
Parce que Prisca THEVENOT, la porte-parole du Gouvernement elle le fait.
STANISLAS GUERINI
Et elle a bien raison. Non mais moi je m'applique évidemment à 1 000% dans cette élection, je crois que j'en suis à peu près une dizaine de réunions pour répondre à votre question, j'en ferai deux cette semaine, une dans ma circonscription, parce que je pense que tous les élus doivent se mobiliser dans leur territoire. Ça, ce sera donc aussi des meetings.
(inaudible)
STANISLAS GUERINI
En Indre-et-Loire avec Elisabeth BORNE vendredi soir, je serai sur le terrain samedi, dimanche et lundi. Vous voyez, je suis extrêmement mobilisé, pas pour un camp, mais tout simplement pour notre pays. Parce que je crois que ce qui se joue, et c'est de ça au fond, dont il faut convaincre nos concitoyens, c'est vraiment l'avenir de nos enfants dans cette élection européenne et donc je le dis de toutes mes forces et avec toute la sincérité de mon engagement. Il ne faut pas qu'on passe à côté de cette élection, elle est trop importante. Ne vous laissez pas avoir par ceux qui veulent parler de tout sauf d'Europe, parce qu'au fond ils se sont trompés, sur tout, pas sur des sujets. Mais pardon, vous me parlez de BARDELLA et LE PEN, ils ont été successivement pro Brexit, pro-russe, anti VAX, anti-nucléaire, je ne parle même pas de leur politique économique qui est passée de Margaret THATCHER à Jean-Luc MELENCHON. Donc on voit bien qu'ils n'ont pas intérêt à parler d'Europe parce qu'on verrait bien quel est leur bilan à eux. Ils se sont trompés sur tout. On serait encore avec l'hydroxyzine chloroquine si on les avait écoutés. Donc nous nous portons un projet, nous l'avons présenté aux Français, nous allons le diffuser, il faut le faire connaître pour bâtir une Europe puissante économiquement, qui est capable de se protéger et qui est capable aussi de défendre ses valeurs. C'est ces sujets-là dont il faut parler. Et par pitié, pas que des sondages toute la journée. Parlons d'Europe, d'Europe, d'Europe, d'Europe, d'Europe.
ORIANE MANCINI
Merci Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Merci.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'avoir été notre invité.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2024