Texte intégral
GUILLAUME CERIN
Et à 8 h 22, place à notre invité politique. Bonjour Jean-Noël BARROT.
JEAN-NOËL BARROT
Bonjour.
GUILLAUME CERIN
Vous êtes le ministre délégué chargé de l'Europe. Notre dernier sondage quotidien IFOP Fiducial pour LCI nous montre que 47% des Français seulement comptent se rendre aux urnes pour les Européennes. Je précise qu'en 2019, c'était 52%. Est-ce que le premier constat à faire, ce n'est pas un constat d'échec justement sur la mobilisation pour cette élection ?
JEAN-NOËL BARROT
Pas du tout. L'abstention, ce n'est pas une fatalité. En 2019, elle est passée sous la barre des 50% pour la première fois en 25 ans et nous ferons mieux cette année, j'en suis convaincu. Et d'ailleurs nous mettons tout en oeuvre pour que ce soit le cas, avec une campagne d'information de nos concitoyens par tous les canaux : les nouveaux médias, les influenceurs, les séries télévisées, et même les salles de sport.
GUILLAUME CERIN
C'est une question que vous n'allez pas forcément apprécier, mais jusque-là, le RN vous distance, vous, Renaissance, dans cette campagne. Est-ce qu'on est sûr d'avoir misé sur le bon cheval avec Valérie HAYER ?
JEAN-NOËL BARROT
Vous savez, les sondages ne font pas l'élection. L'élection, elle appartient au peuple français.
GUILLAUME CERIN
Ça donne une indication quand même.
JEAN-NOËL BARROT
Et il me semble qu'hier, dans le débat qui l'a opposé au candidat du Rassemblement national, ça a été une victoire par K.O. et que Jordan BARDELLA, en est sorti sonner parce que le Premier ministre a démonté ces arguments un à un et qu'il a fait la démonstration éclatante que Jordan BARDELLA est un faussaire à la solde des intérêts étrangers et que le seul bulletin de vote pour servir les intérêts français, des intérêts de la France dans cette élection, c'est celui de Valérie HAYER.
GUILLAUME CERIN
Mais ça veut dire que pour ça, il aura fallu l'intervention du Premier ministre. Valérie HAYER, seule, n'arrive pas suffisamment, en tout cas, à imprimer pour passer devant Jordan BARDELLA dans les intentions de vote justement de cette Européenne ?
JEAN-NOËL BARROT
Pour nous, pour la majorité présidentielle, cette élection est essentielle et c'est la raison pour laquelle tous les responsables de la majorité présidentielle, des militants jusqu'au Premier ministre, en passant par les parlementaires et les élus locaux, tout le monde est sur le pont.
GUILLAUME CERIN
Pourquoi, selon vous, ça n'arrive pas à décoller du côté de Valérie HAYER ?
JEAN-NOËL BARROT
Ça, c'est une campagne qui est la plus dynamique de toutes celles que je constate sur le terrain. Vous savez, je suis quasiment tous les jours dans des actions militantes, dans des réunions publiques et des tractages. Les seuls militants que je vois sur le terrain, ce sont ceux de la majorité présidentielle.
GUILLAUME CERIN
Alors, vous l'avez dit, du côté du RN, on est largement en tête, mais on tente, et notamment du côté de l'exécutif, de bien montrer qu'il y a des relations entre la Russie et le RN. Sauf que jusque-là, à en croire les sondages, encore une fois, ça n'a pas l'air de vraiment impacter le RN. Est-ce que selon vous, on manque de pédagogie vis à vis de ça ou est ce qu'il faut utiliser un autre filon peut-être pour essayer de décrédibiliser le RN du côté de Renaissance ?
JEAN-NOËL BARROT
Je crois que notre obligation morale, c'est de rappeler que Jordan BARDELLA et Marine Le PEN, ce sont des patriotes de pacotille, ce sont des déserteurs ; les premiers à capituler devant les dictateurs et à manger dans la main de la Chine et de la Russie. D'ailleurs, si nous les avions écoutés ces dernières années, l'épargne des Français se serait évaporée avec la sortie de l'euro. Nous aurions encore tous le Covid faute d'avoir disposé des vaccins européens et la France ne serait plus la France, elle serait un satellite de la Russie.
GUILLAUME CERIN
Le fait aujourd'hui que par exemple, on voit le RN se distancer d'un parti comme l'AFD en Allemagne qui a tenu des propos révisionnistes, selon vous, ça ne va pas participer justement à cette dédiabolisation qu'on a vu déjà mise en oeuvre depuis plusieurs années et qui fait qu'on crédibilise encore une fois le parti et qu'on en arrive à des scores comme celui-ci aujourd'hui pour des élections européennes ?
JEAN-NOËL BARROT
Ça témoigne de la très grande fébrilité du Rassemblement national qui tente par tous moyens de se dédiaboliser, mais que tout ramène à son dégoût de la démographie, de la démocratie, à son dégoût de l'Europe et à sa fascination pour les régimes autoritaires et pour les tyrans.
GUILLAUME CERIN
Alors, voilà pour le RN, mais il y a aussi, si j'ose dire, dans la course aux Européennes, un certain Raphaël GLUCKSMANN ; lui aussi, il est plutôt bien placé, très bien placé, même à quelques points seulement de Valérie HAYER. Est-ce que ça vous fait peur ? Est-ce que c'est un nouvel ennemi à prendre en compte désormais ?
JEAN-NOËL BARROT
Raphaël GLUCKSMANN, c'est le candidat de la NUPES, de la décroissance et du wokisme. Ses amis et ses alliés à Strasbourg, au Parlement européen, ce sont les opposants au nucléaire et les partisans du MERCOSUR. Et puis en votant pour Nicolas SARKOZY en 2007, en étant absent, en se débitant lorsque, pour la première fois dans son histoire, l'Union européenne s'est accordée sur un plan de relance commun, sur des objectifs climatiques communs, sur un pacte migratoire commun, c'est simple Raphaël GLUCKSMANN, il a trahi la gauche européenne, il a trahi la mémoire de Michel ROCARD et de Jacques DELORS.
GUILLAUME CERIN
Et pourtant, ça fonctionne, regardez dans les sondages. Encore une fois, si on se base là-dessus, sur ce sondage quotidien qu'on fait ici, à LCI, il est bien placé. Donc, ça veut dire que quelque part, on a peut-être aussi cherché une gauche relativement modérée, qu'on ne l'a pas trouvé évidemment chez Jean-Luc MELENCHON, et qu'aujourd'hui, on essaye de la mettre en place grâce à lui et peut-être qu'on l'attendait ça, qu'est-ce que ça vous fait justement de savoir qu'aujourd'hui, des gens, peut-être, sont tentés par la gauche ?
JEAN-NOËL BARROT
Les sondages ne font pas l'élection, pas plus que les hirondelles ne font le printemps.
GUILLAUME CERIN
Non, mais encore une fois, ça indique une tendance.
JEAN-NOËL BARROT
Et je le redis, dans cette campagne, Raphaël GLUCKSMANN a montré son vrai visage, celui d'un Européen en toc qui se pare du drapeau européen pour faire joli sur Instagram, mais qui laisse aux autres, et en particulier à Valérie HAYER, le soin de faire avancer l'Europe.
GUILLAUME CERIN
Je voudrais, Jean-Noël BARROT, aussi qu'on parle de la situation en Nouvelle-Calédonie, puisqu'Emmanuel MACRON était donc sur place il y a encore quelques heures, il y a encore la ministre des Outre-mer qui est encore là-bas. Est-ce que la réponse qui a été apportée, selon vous, est suffisante ? C'est-à-dire un déplacement présidentiel avec des ministres, du dialogue, même si on a encore du mal à savoir ce qui en ressort, parce qu'encore une fois, tout ça s'est fait quasiment à huis clos. Est-ce que ça va suffire, selon vous, à calmer la colère, à faire en sorte que les barrages soient levés, que la situation redevienne paisible sur l'Archipel ?
JEAN-NOËL BARROT
La visite inédite du Président de la République en Nouvelle-Calédonie a permis de créer les conditions du retour de l'ordre, du calme et du dialogue. Et il est venu avec des solutions, des solutions pour la sécurité des Calédoniens, avec un renforcement des forces de l'ordre sur place, des solutions pour la reconstruction économique.
GUILLAUME CERIN
Lesquelles ?
JEAN-NOËL BARROT
Avec des financements pour les entreprises, avec des financements pour la reconstruction des bâtiments publics et des écoles et, enfin, des solutions politiques avec l'installation d'une mission qui va permettre d'ouvrir le dialogue pour obtenir, dans les prochaines semaines, un accord global qui inclut à la fois les questions politiques, mais aussi les questions de citoyenneté de questions sociales.
GUILLAUME CERIN
Elle va durer combien de temps, cette mission ?
JEAN-NOËL BARROT
Elle aura un point d'étape dans un mois, et le souhait du Président de la République, c'est qu'elle puisse converger d'ici l'été.
GUILLAUME CERIN
Ça veut dire que, selon vous, à partir de maintenant, cet épisode de violences en Nouvelle-Calédonie est terminé, grâce à la visite du Président ?
JEAN-NOËL BARROT
Le Président de la République, il a placé sa confiance dans les responsables locaux en leur demandant de tout faire pour que les barrages soient levés et que le dialogue puisse reprendre. Je pense que c'était salutaire et que cela permettra effectivement de résoudre la crise.
GUILLAUME CERIN
Sauf qu'avant de partir, le Président a quand même dit qu'il ne fallait pas que la Nouvelle-Calédonie devienne le Far-West. Est-ce qu'en disant cela, on ne risque pas de mettre un petit peu de l'huile sur le feu ?
JEAN-NOËL BARROT
Non, comme je le disais, il est venu avec des solutions sur les questions de sécurité, sur les questions de reconstruction économique, sur les questions de dialogue politique, et que les conditions sont désormais réunies pour que la Nouvelle-Calédonie sorte de la crise.
GUILLAUME CERIN
Vous êtes donc ministre délégué chargé de l'Europe, je crois que le discours de la Sorbonne vous a beaucoup marqué. Selon vous, il faut absolument revenir dessus parce que ce discours est littéralement fondateur, mais est-ce que ça va suffire, ce discours, à mobiliser les Français ? Comme je le disais au début de cette interview, les Français n'ont pas l'air de vouloir beaucoup se mobiliser pour cette élection. Est-ce que ce discours a réellement imprimé ?
JEAN-NOËL BARROT
L'objectif du discours de la Sorbonne, c'était de faire entendre partout en Europe la voix de la France et les grandes idées et priorités de notre pays. C'est la raison pour laquelle nous l'avons converti dans toutes les langues de l'Union européenne, et nous publions les vidéos cette semaine de manière à ce que tous nos concitoyens puissent y accéder, nos concitoyens européens, en effaçant la barrière de la langue grâce à l'aide de l'intelligence artificielle. Voilà une première qui démontre que la puissance des outils numériques et de l'intelligence artificielle peut être mise au service de la démocratie et du sentiment d'appartenance européenne.
GUILLAUME CERIN
Mais la puissance de l'Europe justement face à Vladimir POUTINE, par exemple, en Ukraine, est-ce que vous estimez qu'elle est suffisante aujourd'hui, et que ce sont encore les Etats, un par un, qui doivent faire des déclarations, faire des dons, livrer des armes ? Est-ce que l'Europe a plus un rôle encore plus important à jouer à partir de maintenant, dans des cas, comme celui-ci, internationaux ?
JEAN-NOËL BARROT
L'Europe a joué un rôle décisif pour soutenir la résistance ukrainienne face à la guerre d'agression russe déclenchée par Vladimir POUTINE. Vous voyiez les images tout à l'heure, si l'Ukraine est encore debout après deux ans de guerre, c'est grâce au courage du peuple ukrainien, mais c'est grâce aussi au fait que, pour la première fois dans son histoire, l'Union européenne a su s'accorder pour prendre des sanctions en commun, pour apporter un soutien militaire en commun, pour apporter un soutien civil. Et cela, c'est notamment grâce à l'action du Président de la République qui a su convaincre un certain nombre de nos partenaires qui étaient moins allants que se jouer, sur le front ukrainien, l'avenir et la sécurité de l'Europe.
GUILLAUME CERIN
Merci beaucoup Jean-Noël BARROT d'avoir été notre invité ce matin sur LCI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 mai 2024