Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, à BFM TV le 11 juin 2024, sur les élections législatives et la politique gouvernementale.

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Média : BFM TV

Texte intégral

ADELINE FRANÇOIS
Tout de suite, " Le face à face ", Apolline de MALHERBE, votre invité ?

APOLLINE DE MALHERBE
C'est Bruno LE MAIRE, toujours ministre de l'Economie, mais un ministre en campagne.
Il est 08h32, et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Bruno LE MAIRE.

BRUNO LE MAIRE
Bonjour Apolline de MALHERBE.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions. Elles sont nombreuses, mes questions, mais aussi celles des auditeurs qui peuvent à tout moment intervenir en nous appelant au 32.16. Vous êtes ministre de l'Economie encore. Vous êtes ministre en sursis, puisque l'on est en campagne, à 19 jours d'un premier tour surprise des élections législatives. Est-ce que vous êtes candidat d'ailleurs, vous-même ?

BRUNO LE MAIRE
Je le dirai ce soir, parce que je vais dans l'Eure ce soir, dans mon ancienne circonscription, et donc je réserverai l'annonce aux habitants de mon ancienne circonscription. Après, vous savez, je suis un homme de parole…

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, si vous y allez, ce n'est pas pour leur dire : je viens, mais je ne viens pas ?

BRUNO LE MAIRE
Non, c'est pour leur annoncer en premier ma décision. Mais ils me connaissent, je suis un homme de parole. Quand je dis qu'il faut limiter le nombre de mandats de députés à trois, en général, je tiens parole. Quand je dis qu'il faut que les hauts fonctionnaires, qui font de la politique, démissionnent de la Haute Fonction publique, je l'ai fait il y a des années, ce qui fait que si le 8 juillet, je me retrouve sans fonction ministérielle, eh bien, je n'ai pas de point de chute, je n'ai pas de parachute. Et je pense que c'est comme ça qu'on doit mener sa vie politique. Libre, sans protection particulière, et surtout, en respectant sa parole.

APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, vous êtes le seul à se risquer quand même à ce point, pardon, mais c'est vrai que c'est assez rare pour être souligné…

BRUNO LE MAIRE
Oui, Apolline de MALHERBE, mais tous les Français prennent des risques…

APOLLINE DE MALHERBE
On sent bien, là, en ce moment, que tout le monde…

BRUNO LE MAIRE
Donc comment est-ce qu'on peut expliquer aux Français qu'ils doivent prendre des risques, et soi-même, quand on est responsable politique, se garder son petit parachute dans le dos de haut fonctionnaire, c'est pathétique. C'est aussi ça qui explique la montée des extrêmes dans notre pays. Des politiques qui ne tiennent pas parole. Des politiques qui demandent des risques aux Français, mais qui n'en prennent pas pour eux. Quand on est haut fonctionnaire et qu'on veut faire de la politique, on fait comme je l'ai fait, comme l'a fait d'ailleurs le président de la République, on démissionne de la Haute Fonction publique.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc je comprends que vous ne serez vraisemblablement pas candidat, donc vous-même, dans la première circonscription de l'Eure, dans laquelle vous aviez été élu, vous ne vous y étiez pas représenté précisément, disant que l'on ne faisait pas plus de trois mandats, que vous vous l'appliquiez à vous-même. Entre temps, c'est une candidate Rassemblement national qui a été élue précisément dans votre circonscription.

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais vous savez, Apolline de MALHERBE…

APOLLINE DE MALHERBE
Au fond, c'était peut-être déjà le présage…

BRUNO LE MAIRE
J'ai 55 ans, il peut y avoir aussi des jeunes générations qui sont prêtes dans l'Eure, comme partout ailleurs, et qui peuvent reprendre le flambeau, et qui sont complètement consacrées à la vie politique, et qui, par ailleurs, partagent les idées que je défends, pas plus de trois mandats. Démission de la Haute Fonction publique quand on fait de la vie politique, et surtout, pas le rétablissement du cumul des mandats, parce que j'entends qu'on veut revenir à la vieille politique, rétablir le cumul des mandats, pour moi, c'est une erreur.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, on va parler dans un instant aussi des mesures précises que vous pourriez encore prendre. Parce que, je le disais, il reste 19 jours. Il y a un certain nombre de points, comme la réforme de l'assurance-chômage, comme la hausse du gaz. Vous êtes encore au moment où on se parle aux manettes. Mais d'abord, la politique, vous dites : pas de retour de la vieille politique. Comment vous jugez les accords électoraux qui sont en train de se nouer à gauche, d'abord, au RN et LR peut-être également, la gauche qui, donc, hier soir, a annoncé, par un communiqué commun, une résurgence d'un Front populaire avec un candidat unique, PS, LFI, PC, Europe Ecologie les Verts dans toutes les circonscriptions ?

BRUNO LE MAIRE
Enfin, il y en a qui doivent avoir du mal à dormir. Le spectacle que donnent aujourd'hui les oppositions est un spectacle pathétique. Vous savez, c'est Dostoïevski qui disait : Si Dieu n'existe pas, tout est permis. Si les valeurs n'existent pas en politique, tout est permis. Alors, oui, on peut avoir des élus qui défendent le Hamas comme une organisation de résistance, alors que c'est une organisation terroriste, qui a perpétré le pire massacre en Israël depuis des décennies, s'allier avec des gens du PS qui soi-disant sont attachés à la sécurité d'Israël. Plus de valeurs, tout est permis. Donc, oui, monsieur GLUCKSMANN nous avait dit qu'il n'y a plus de Nupes, plus d'alliance, et on voit se reconstituer autour de valeurs qui sont irréconciliables, qui touchent à la vie humaine, qui touchent à la géopolitique, qui touchent à l'idée même que l'on se fait de la personne, qui se rassemblent pour le bénéfice de quelques points électoraux et de quelques places. Et du côté droite, je vois que monsieur CIOTTI nous dit que jamais, ô grand jamais, il ne fera d'accord avec la majorité présidentielle. Moi, je demande gravement, solennellement ce matin à monsieur CIOTTI : est-ce que vous pouvez dire avec la même clarté que vous ne ferez, vous, et que votre parti, ne fera jamais d'accord avec le Rassemblement national, comme l'ont toujours défendu Jacques CHIRAC, Nicolas SARKOZY, parce que l'origine de ce parti, c'est le Gaullisme, et que le Gaullisme, c'est l'opposition totale à l'extrême droite. Est-ce que monsieur CIOTTI peut le dire avec la même clarté, avec la même gravité ? Et j'en appelle à tous les députés que je connais, Les Républicains…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est votre ancienne famille évidemment politique…

BRUNO LE MAIRE
C'est mon ancienne famille politique, qui sont des gens bien, des femmes et des hommes qui sont engagés. Est-ce que vous allez renier l'engagement d'une vie ? Est-ce que vous allez renier vos valeurs ? Est-ce que vous allez renier l'idée même que vous vous faites de la France en acceptant qu'il y ait le moindre lien, la moindre discussion, les moindres préalables, les moindres accords entre vous et l'extrême droite ? Le moment est un moment de clarté, et c'est le moment où il faut savoir défendre, pas simplement des projets, pas simplement un programme, les valeurs les plus profondes qui fondent un engagement et une vie politique.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous imaginiez que le Macronisme, ça allait accoucher de ça ?

BRUNO LE MAIRE
Mais ce que ça doit accoucher le 7 juillet…

APOLLINE DE MALHERBE
De cette France-là dans laquelle vous vous retrouvez ?

BRUNO LE MAIRE
Mais c'est tout l'enjeu. Vous avez parfaitement raison de poser la question. C'est tout l'enjeu de l'élection du 30 juin et du 7 juillet. Et moi, j'ai un appel ce matin…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que ce n‘est pas l'enjeu aussi des dernières élections présidentielles ?

BRUNO LE MAIRE
Je ne vais pas regarder dans le rétroviseur. Je vais plutôt regarder devant moi, à un moment où l'élection qui se joue est celle qui aura les conséquences les plus graves de l'histoire de la 5ème République, depuis 1958. Et je voudrais lancer ce matin un appel à toute la majorité, à tous les présidents de nos partis – j'ai vu la position claire, courageuse qu'a prise Edouard PHILIPPE ce matin – à Stéphane SEJOURNE, à François BAYROU, à tous les anciens premiers ministres, à Elisabeth BORNE, à Gabriel ATTAL, à tous les ministres de premier plan, à tous les députés : affirmons sans faille l'unité du bloc majoritaire dans cette élection, où, une fois encore, ce n'est pas simplement le programme économique ou le programme de sécurité pour le pays qui se joue. Ce sont les valeurs les plus essentielles de la République et de la nation française. Affirmons l'unité de notre famille politique, parce que quand je regarde, soit, sur l'extrême droite, soit, sur l'extrême gauche, je ne vois que marchandages et tripatouillages. Et il n'y a que notre majorité qui fait preuve de clarté sur son projet comme sur ses valeurs.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais la manière dont vous le dites laisse entendre que quand même, il y a un doute, qu'il faut sonner le tocsin.

BRUNO LE MAIRE
Oui, il ne faut pas simplement sonner le tocsin, mais sonner la mobilisation générale de toute la majorité, qui, lorsque je regarde à l'extrême droite, comme à l'extrême gauche, est la seule qui est unie sur son projet et sur ses valeurs. Et la seule, je le rappelle…

APOLLINE DE MALHERBE
Et pardon, c'est quoi votre projet ?

BRUNO LE MAIRE
Eh bien, le projet, c'est la sécurité et l'autorité. Priorité numéro 1, parce que nos compatriotes, et là, je reconnais bien volontiers…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais, vous avez vu que c'est précisément sur ces points-là qu'ils ont, pour nombre d'entre eux, été voter RN.

BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire que vous ne les avez pas convaincus sur ces points-là précisément ?

BRUNO LE MAIRE
Si nous avions tout fait parfaitement, Apolline de MALHERBE, nous n'aurions pas eu les résultats électoraux que nous avons eus. Il faut faire preuve d'humilité. Il faut reconnaître les messages que nous adressent nos compatriotes. Vous savez, moi, je ne vis pas enfermé dans Bercy autour de mes douves, je circule en France, je me promène, j'écoute, je discute, j'entends les critiques, j'entends les interrogations. Oui, nos compatriotes ne supportent plus, et ils ont raison, le laisser-aller, les règles qui sont bafouées, l'impunité pour ceux qui ne respectent pas les règles, et parfois, les sanctions pour ceux qui les respectent. Ils ne supportent plus que dans les transports publics…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous faisiez quoi depuis 7 ans ?

BRUNO LE MAIRE
Que dans l'hôpital, que dans les écoles, que dans les collèges, l'autorité soit remise en cause. Il y a beaucoup de choses qui ont été faites, là…

APOLLINE DE MALHERBE
On nous dit qu'Emmanuel MACRON, ce soir, qui va donc tenir une conférence de presse, devrait précisément s'adresser aux Français en proposant un programme avec ces questions de société d'autorité…

BRUNO LE MAIRE
Mais je le souhaite !

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous faisiez quoi depuis 7 ans…

BRUNO LE MAIRE
Je le souhaite, je souhaite par exemple… Mais je souhaite que nous puissions prendre des mesures très fortes, par exemple, sur la délinquance des mineurs, qui est devenue aujourd'hui partout où vous circulez en France, un vrai sujet. Gérald DARMANIN s'est beaucoup mobilisé sur le sujet. Les forces de l'ordre se sont pleinement mobilisées sur le sujet. Est-ce qu'il ne faut pas changer notre politique pénale ? Voilà la question que je pose. Si on avait tout fait parfaitement…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais plus précisément là-dessus, sur ce point-là, il y a eu des discussions les dernières semaines, il y a eu des propositions, elles n'ont pas convaincu.

BRUNO LE MAIRE
Eh bien, c'est le moment de décider, c'est le moment de décider. Une nouvelle politique pénale…

APOLLINE DE MALHERBE
Il faut aller plus loin ?

BRUNO LE MAIRE
Pour les mineurs, pour aller plus loin et répondre…

APOLLINE DE MALHERBE
On peut envisager de supprimer l'excuse de minorité.

BRUNO LE MAIRE
Je ne vais pas rentrer dans le détail, je dis simplement…

APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, eh bien, c'est le moment, on n'a que 19 jours.

BRUNO LE MAIRE
Je pense être très clair sur le fait que je suis favorable à une nouvelle politique pénale pour les mineurs, pour durcir les sanctions, et surtout, surtout, surtout, s'assurer que quand un policier, au risque de sa vie, a arrêté un mineur délinquant, le mineur délinquant est immédiatement, je dis bien, immédiatement, sanctionné. Je sais que le ministre de l'Intérieur partage cette vue. Il est convaincu comme moi que nous avons besoin de durcir sur ce sujet. Si nous avions tout fait parfaitement, il n'y aurait pas besoin d'avoir une nouvelle élection et une clarification…

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a un autre point de préoccupation des Français. Oui, allez-y, allez-y ?

BRUNO LE MAIRE
Je pense que ça va être votre point pour l'inflation, j'imagine…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, c'est le pouvoir d'achat.

BRUNO LE MAIRE
C'est le pouvoir d'achat, bien sûr…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est le pouvoir d'achat, et le pouvoir d'achat, pour le coup, c'est vous.

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais, nous avons… le pouvoir d'achat, c'est quoi, c'est le travail, et la cohérence de notre ligne politique depuis 7 ans…

APOLLINE DE MALHERBE
Edouard PHILIPPE ce matin dit : le travail doit vraiment payer.

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais…

APOLLINE DE MALHERBE
Sous-entendu, ce n'est pas vraiment le cas…

BRUNO LE MAIRE
Mais non seulement, nous le disons, mais nous le faisons. Et là aussi, je voudrais qu'on regarde, cartes sur table, les projets des uns et des autres, c'est effectivement le deuxième point du projet que nous devons porter, l'autorité, la prospérité pour chacun, par le travail, d'abord, par le travail, ça suppose qu'on crée des emplois. On en a créé deux millions. Moi, je veux bien qu'on dise que cette majorité a été totalement incapable, qu'elle n'a rien fait. On a créé deux millions d'emplois, on a ouvert 600 usines, on a recréé des filières industrielles. Personne ne l'avait fait avant nous. Maintenant, il faut que le travail paye. Est-ce qu'on n'a rien fait ? Non. On a fait des choses. D'abord, on a fait l'exonération des charges sur les heures supplémentaires. Je le dis, parce que toute l'extrême gauche veut supprimer les exonérations de charges sur les heures supplémentaires. Je dis aux ouvriers, aux salariés, aux employés, avant qu'ils aillent mettre un bulletin de vote pour la Nupes, qu'ils sachent qu'on va leur retirer 200, 400 euros par an. Qu'ils le sachent ! Parce que ça, c'est du pouvoir d'achat bien concret que nous avons mis en place. La prime Macron, totalement défiscalisée, 500 euros en moyenne par an, pour des millions de salariés. Si l'extrême gauche demain a une majorité, ou l'extrême droite, qui a voté contre, elle est supprimée, c'est 500 euros en moins de pouvoir d'achat par an. Voilà des choses très concrètes. Alors après, est-ce qu'il faut aller plus loin ? Oui, je souhaite qu'il y ait de nouvelles mesures pour le pouvoir d'achat qui soient annoncées par le président de la République et par notre majorité dans les jours qui viennent. Je souhaite qu'on accélère les travaux sur la question des charges qui pèsent encore sur les bas salaires. Je souhaite qu'on apporte des réponses claires sur la diminution de l'écart entre le salaire brut et le salaire net, parce que ça décourage tous les petits salariés, et c'est là-dessus qu'il faut qu'on travaille dans les jours qui viennent…

APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, le lendemain matin de ce coup de tonnerre, on apprend que les factures de gaz vont augmenter de 12%. Il n'y a pas un petit problème de timing. On a Sébastien CHENU, vice-président du RN, qui, ici-même, hier matin, nous disait qu'une de ses premières mesures, s'ils arrivaient au pouvoir, ce serait de supprimer cette hausse en baissant les taxes…

BRUNO LE MAIRE
Mais il est grandiose, Sébastien, mais bien sûr, en baissant les taxes. Il est grandiose, Sébastien CHENU, enfin, tout le Rassemblement national est grandiose. Ils vont faire comment pour entretenir les réseaux de gaz ? J'ai entendu ce matin une spécialiste sur votre antenne qui disait, à très juste titre, que l'augmentation du prix du gaz qui, je le rappelle, reste…

APOLLINE DE MALHERBE
C'était la personne en charge des questions d'énergie à l'UFC-Que Choisir qui répondait chez moi sur RMC…

BRUNO LE MAIRE
Oui, reste jusqu'à présent en dessous du bouclier tarifaire que nous avions mis en place, elle l'a dit très bien, il faut rénover les réseaux de gaz, ils vont faire quoi, le Rassemblement national, ils ne vont pas rénover les réseaux de gaz ? Par ailleurs, le Rassemblement national a dit très clairement par la voix de Marine LE PEN qui, il me semble, a un rôle important dans ce parti, qui ne croyait pas dans les énergies renouvelables. Donc ils vont faire quoi ? Ils vont laisser les Français aux mains des producteurs de gaz et de pétrole avec, pas le risque, la certitude que le prix du gaz demain et le prix du pétrole explosent, soit, parce que leur ami Vladimir POUTINE a attaqué l'Ukraine, soit, parce qu'il y aura une demande forte en pétrole, et que le prix augmentera. Autrement dit, Marine LE PEN et tout le Rassemblement national sont en train d'exposer tout le pouvoir d'achat des Français, la facture de gaz, la facture d'essence à la pompe à une flambée dans les années qui viennent sans apporter de solution puisqu'ils refusent le véhicule électrique et qu'ils refusent les énergies renouvelables en nous disant : ce n'est pas renouvelable et ce n'est pas propre. Donc d'un côté, vous avez notre majorité qui s'engage totalement pour l'indépendance énergétique, le nucléaire, les énergies renouvelables, et donc à terme, des factures beaucoup, beaucoup moins chères. Et de l'autre, vous avez le Rassemblement national qui vous expose être le parti de la capitulation ou de la dépendance aux producteurs de gaz et de pétrole, et donc qui expose le pouvoir d'achat des Français. Et je terminerai en vous disant que sur l'électricité, comme nous, on a investi, nous, on croit au nucléaire, contrairement à Marine LE PEN qui vous explique que c'est dangereux. En février prochain…

APOLLINE DE MALHERBE
Qui expliquait et qui aujourd'hui dit que…

BRUNO LE MAIRE
Oui, mais bien sûr, de toute façon, elle change d'avis tous les quatre matins…

APOLLINE DE MALHERBE
Non, non, mais c'est important de préciser…

BRUNO LE MAIRE
Le Rassemblement national, c'est l'air du temps. Un jour, ils sont pour l'euro, un autre, ils sont contre, un jour, c'est la retraite à 62 ans, un autre jour, c'est 60. Là, c'est une élection, on va mettre cartes sur table, que chacun arrive avec ses propositions, et qu'ils nous expliquent comment ils vont faire pour nous sortir de la dépendance des pays du Golfe, du gaz et du pétrole qui sont en train de plomber le pouvoir d'achat des Français. Nous, on apporte des solutions, on produit de l'électricité, on rouvre des centrales nucléaires. En février 2025, la facture d'électricité de chaque Français baissera de 10 à 15 %…

APOLLINE DE MALHERBE
En 2025, 10 à 15 %…

BRUNO LE MAIRE
En février 2025, c'est l'engagement que je prends ce matin. En février 2025, la facture d'électricité de tous les Français baissera de 10 à 15%. Pourquoi ? Parce que nous avons relancé le nucléaire. Parce que nous avons produit 330 térawattheures d'électricité nucléaire l'année dernière, parce qu'on a investi sur les renouvelables. Parce que nous, nous croyons à l'indépendance de la France et à son indépendance énergétique. Contrairement au Rassemblement National qui nous met pieds et poings liés dans les mains des pays du Golfe et de la Russie.

APOLLINE DE MALHERBE
Entre temps, est-ce que vous allez réformer l'assurance-chômage par décret, vous n'avez pas besoin de l'Assemblée nationale pour ça ?

BRUNO LE MAIRE
C'est le président de la République et le Premier ministre qui le décideront. Mais moi, je suis favorable à cette réforme. Il faut inciter le retour au travail…

APOLLINE DE MALHERBE
Maintenant ?

BRUNO LE MAIRE
Oui. Maintenant, on sait bien qu'un modèle social constant n'aura pas le plein emploi. Cette élection est un moment de grande clarification…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous souhaitez notamment rallonger le temps travaillé pour pouvoir enclencher les droits au chômage. L'exemple de Gabriel ATTAL, qui sera resté donc six mois à Matignon, par exemple, lui, n'aurait pas le droit au chômage dans un poste normal ? Eh bien, oui, six mois, c'est deux mois qui manquent pour pouvoir prétendre toucher au chômage…

BRUNO LE MAIRE
Je pense que Gabriel ATTAL saura rebondir très bien. Moi, je défends cette réforme. Je considère que réduire la durée d'indemnisation du chômage, tout en accompagnant mieux les chômeurs, est la meilleure solution pour que chacun reprenne vite un emploi et qu'on arrive enfin, après un demi-siècle de chômage de masse, au plein emploi qui se situe autour de 5%. Je suis favorable à ce que, à la fois, on accompagne mieux les demandeurs d'emploi, qu'on les forme mieux, qu'on les qualifie, mais qu'on réduise la durée d'indemnisation pour inciter le plus possible au retour à l'activité, et le plus rapidement possible le retour à l'activité.

APOLLINE DE MALHERBE
La réforme des retraites On a Marc sur Direct Studio, qui nous envoie cette question : Est-ce que vous êtes prêt à revenir sur des réformes très impopulaires, comme la réforme des retraites, par exemple, au moment même où la Commission, le COR, la commission de consultation sur les retraites, dit que le déficit est en réalité bien pire encore que ce que vous n'imaginiez ?

BRUNO LE MAIRE
Mais qui paiera ? Je comprends parfaitement que ce ne soit pas populaire, mais être responsable, c'est expliquer des choses le plus clairement, le plus sereinement possible et le plus gravement aussi. Qui va payer ? Nous avons un pays qui vieillit. Nous avons de plus en plus de personnes qui sont à la retraite, de plus en plus de personnes qui sont dans une situation de dépendance, et qui ont droit à une vie digne, dont il faut bien payer les retraites, payer l'accompagnement, payer la situation de dépendance…

APOLLINE DE MALHERBE
Et dans le même temps, vous n'avez pas complètement laissé entendre que vous ne désindexeriez pas les retraites pour trouver des milliards ?

BRUNO LE MAIRE
Je n'ai jamais dit que c'était la bonne solution pour rétablir les comptes publics…

APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas la bonne solution, celle-là, on…

BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas certain que ce soit la meilleure solution pour rétablir les comptes publics.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous pouvez rassurer les retraités qui vous écoutent…

BRUNO LE MAIRE
Oui, moi, je rassure les retraités, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure solution. Je dis simplement qu'à partir du moment où on a moins de gens qui travaillent et une population qui vieillit, oui, il était responsable et raisonnable de réformer les retraites. Et quand j'entends le Rassemblement national, l'extrême droite et l'extrême gauche qui, main dans la main, parce que, dans le fond, ils ont à peu près la même vision de l'économie, le programme du Rassemblement national est un programme marxiste, purement et simplement marxiste, qui veut le retour à la retraite à 62 ou 60 ans. Je pose la question, qui va payer ? Qui va payer la facture ? C'est des milliards d'euros. Qui va payer la baisse de TVA que propose Marine LE PEN ? Qui va payer la suppression de tout impôt pour les moins de 30 ans ? Mais c'est formidable le cadeau soi-disant juste du Rassemblement national, un jeune startuper qui a créé sa boîte à 28 ans, qui est millionnaire grâce à Marine LE PEN, il ne paiera pas d'impôts. Qui va payer la facture ? C'est les ouvriers et les salariés modestes qui vont payer la facture du jeune, qui aura réussi et qui n'aura plus d'impôts grâce à Marine LE PEN. Mettons cartes sur table. Je souhaiterais savoir qui va payer la facture du programme marxiste de Marine LE PEN. Et j'en appelle au monde économique. J'en appelle aux chefs d'entreprise, aux artisans, aux commerçants, aux indépendants, je ne vous demande pas de prendre des positions politiques, je dis juste à la CPME, je dis juste au MEDEF, je dis juste à l'Association française des grandes entreprises de dire clairement ce qu'elle pense des programmes économiques des uns et des autres, parce que les paroles d'estrade, c'est très bien, mais la réalité économique, c'est autre chose, il est bon de la rappeler.

APOLLINE DE MALHERBE
En fait vous voulez que les gens se mouillent.

BRUNO LE MAIRE
Mais que les gens se mouillent, enfin, c'est l'élection la plus grave, je le redis depuis 1958, que les gens se mouillent, que les chefs d'entreprise à qui ils auront baissé l'impôt sur les sociétés, les industriels à qui nous avons supprimé les impôts de production pour qu'ils soient compétitifs face à l'Allemagne, pour qu'on puisse rouvrir des usines de voitures, des usines d'avions, des usines de batteries électriques, fasse comprendre au reste de la population, c'est vous qui décidez mais sachez que si ce programme-là passe, on ferme nos usines et on supprime des emplois.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez regardé, j'imagine, les premières estimations, alors certes il y a 19 jours de campagne, mais enfin c'est à la fois très peu, ça peut certes changer les choses, mais c'est très peu, au moment où on se parle les différentes projections montrent que personne n'aurait en vérité la majorité absolue. Le RN serait très largement en tête mais sans majorité absolue, donc sans moyen réellement de gouverner, est-ce qu'il n'y a pas un risque tout simplement que le pays soit ingouvernable et qu'il faille carrément retourner à nouveau aux urnes pour une présidentielle ?

BRUNO LE MAIRE
Vous aurez une crise de régime.

APOLLINE DE MALHERBE
Une crise de régime, cela veut dire que le président sera obligé de démissionner.

BRUNO LE MAIRE
Vous aurez une crise de régime. C'est bien pour cela que l'élection des 30 juin et 7 juillet prochain, alors même que l'économie française se redresse, que nous créons des emplois, que la croissance est là, que le pays a accompli des choses absolument exceptionnelles, les salariés, les entrepreneurs. Ce qui se joue dans quelques semaines, c'est l'avenir de la nation française, c'est de savoir si nous avons une majorité qui a, je les redis, les mêmes valeurs, les mêmes convictions, le même projet, l'autorité, la prospérité. J'ajouterai un troisième volet de ce projet que je mets sur la table la défense de la culture française qui n'a pas à être pris en étau entre le wokisme d'un côté et l'islam politique de l'autre. Mais soit il y a une majorité claire.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'il y a des mesures différentes à apporter les questions de l'immigration puisque vous dites, vous parlez….

BRUNO LE MAIRE
Je vais y venir mais soit il y a une majorité claire, soit effectivement, nous courons le risque de la crise de régime, c'est ce qui se joue.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce à dire que vous estimez qu'il y a une culture française menacée aujourd'hui, qui n'a pas été suffisamment prise en compte là-dessus.

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr que la culture française est attaquée de toutes parts, au coeur de la culture française, vous avez la laïcité, la laïcité, c'est très simple, la loi religieuse ne l'emporte pas sur la loi de la République, est-ce que vous croyez que c'est vrai sur tous les territoires français ? On sait bien tous que non. Réaffirmer cette culture, réaffirmer que la loi de la République l'emporte partout, dans les services publics, dans la rue, partout dans l'espace public, sur la loi de la religion, ça fait partie de la défense de la culture française. La culture française, c'est une mémoire, c'est une histoire, c'est les grandes figures. Ce n'est pas se jeter des sacs de sable sur la tête tous les quatre matins en expliquant qu'on a tout fait mal dans le passé, c'est réaffirmer que nous sommes une grande nation qui a un grand passé et c'est pour ça qu'elle a un grand avenir.

APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, toujours ministre de l'Economie donc, merci d'être venu répondre à mes questions. On retiendra, tiens, pour notre pouvoir d'achat, que la facture d'électricité des Français, vous nous l'annoncez ce matin baissera de 10 à 15% en février 2025.


source : Service d'information du Gouvernement, le 12 juin 2024