Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, bonjour.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour Apolline de MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes candidate de fait, forcément, candidate aux législatives dans les Bouches-du-Rhône…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais c'était une évidence…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais c'est d'abord à la secrétaire d'Etat à la Ville, ministre de la Ville que je parle ce matin. Alors, je ne sais pas si on doit dire : ex-ministre, ministre toujours…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, toujours, non, non, toujours…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous l'êtes, de fait…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Toujours membre du gouvernement, oui, oui, oui. On l'est toujours…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous l'êtes, de fait, comme Bruno LE MAIRE hier, ministre de l'Economie. Vous l'êtes jusqu'au bout, même si évidemment, on le comprend bien, vous êtes en suspens. Foutez-nous la paix, foutez-nous la paix ! C'est un député de chez vous, on le disait un ce matin à 6h10, c'est monsieur RAMOS, qui est député de la majorité, député du Loiret, qui dit : Fichez-nous la paix, laissez-nous faire campagne ! Et il le dit à Emmanuel MACRON et il le dit aux ministres. Est-ce que ce n'est pas une erreur, là, de la part d'Emmanuel MACRON de redescendre dans l'arène et de vouloir lui-même, en vrai, mener cette campagne avec la conférence de presse à 11h ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, plusieurs choses. Faire campagne, chacun dans sa circonscription, et moi, la première, tout le monde fera campagne sur son nom, évidemment, puisque c'est les premières élections où on vous dit : vous faites campagne sur votre nom. Ça, c'est la première chose. L'autre chose, il me semble bien que c'est bien le président de la République qui a pris la décision de dissoudre. C'est un acte de courage. Il fallait le faire à ce moment-là. Personne ne s'y attendait. Vous voyez bien la sidération et la surprise…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous-même, vous faisiez partie des sidérés, il faut quand même être honnête…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Pas des sidérés, non, quand vous connaissez le président de la République un petit peu, et quand vous voyez les combats, alors, j'ai mené deux combats, trois même, puisqu'on a fait 2017, on fait 2022. Je mène le combat des législatives en 2022. Non, ce n'était pas surprenant quand on connaît Emmanuel MACRON. Et la réalité, c'est qu'il a voulu envoyer un message. Et ce message, moi, je l'ai compris. Mais les Français l'ont compris. Parce que, moi, je ne parle pas aux politiques, je ne parle pas aux députés, je ne parle pas non plus aux ministres…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, vous parlez notamment aux Marseillais…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je vais parler aux Marseillais, mais on va parler aux Français. C'est de dire : vous nous avez mis devant nos responsabilités aux européennes, le 9 juin, on vous remet devant vos responsabilités le 30 juin et le 7 juillet, et il va falloir, on parlait de clarification. Moi, je parle plutôt de clarification, ce que fera le président de la République tout à l'heure, et il avait dit le soir du 9 juin : je veux que les Français s'expriment sur ce qu'ils veulent. C'est l'heure de vérité. Regardez Eric CIOTTI…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais enfin, moi, j'ai envie de vous dire…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, mais ça a permis une clarification. Eric CIOTTI, qui, depuis des années, faisait du pied au Rassemblement national…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, au fond, c'est plus clair…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, mais c'est d'une logique implacable. Et aussi, si, juste, vous me le permettez, par rapport aux élections qui arrivent, et par rapport à la parole du Président de la République, le président de la République est toujours président de la République, et il a l'obligation, on va dire, politique, morale d'impulser des choses. Pourquoi il ne pourrait pas s'exprimer et au nom de quoi ?
APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, au nom d'une chose, c'est que ça fait quand même sept ans qu'il est au pouvoir et que ça fait sept ans qu'il dit : votre vote m'oblige. Qu'a-t-il fait de ces sept ans ? Et je vous pose la question à vous, Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, vous êtes en première ligne à Marseille…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Sur le terrain de Marseille…
APOLLINE DE MALHERBE
Marseille dont on sait qu'elle concentre aussi un certain nombre des problématiques qui ont vraisemblablement, quand on croit les analyses à posteriori de la plupart des sondeurs, de personnalités comme Jérôme FOURQUET, comme Christophe GUILLUY, qui disent, au fond, pourquoi est-ce que les gens ont été voter RN ? C'est sur des questions de pouvoir d'achat, mais c'est aussi sur des questions de sécurité, de violence, de services publics…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et de sentiment d'impunité…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous étiez la première à dire : les services publics ne fonctionnent plus. Qu'avez-vous fait ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien, écoutez, merci de me poser enfin la vraie question. Qu'avons-nous fait ? Si on regarde, allez, puisque vous me permettez de parler de Marseille…
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y, allez-y !
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je parle de Marseille. Quand on fait le plan " Marseille en grand ", il me semble bien que c'est de l'argent…
APOLLINE DE MALHERBE
En tant que ministre, vous aviez la charge, votre portefeuille…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
En tant que ministre…
APOLLINE DE MALHERBE
De Marseille…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
J'avais la charge, j'ai toujours, non, j'ai toujours, j'ai toujours la charge de " Marseille en grand ". C'est 1 milliard pour les écoles pour le bâti scolaire. Vous savez ce qu'ils nous disent en Seine-Saint-Denis ? Ils nous disent : eh bien, nous aussi, on aurait aimé avoir 1 milliard pour notre bâti scolaire. Donc c'est sonnant et trébuchant. Quand on augmente les effectifs de police avec Gérald DARMANIN de 450 policiers en plus pour Marseille, quand on met trois compagnies de CRS, quand on met une compagnie de CRS 8, c'est sonnant et trébuchant. Et je dis quoi, au-delà du sentiment où justement les gens ont besoin de plus de sécurité, j'ai été la première à en parler, quand on nous reprochait des mots trop durs face à la délinquance, je porte la prévention de la délinquance, on fait des choses très concrètes. Je signe une circulaire dès ma nomination, ça date du 31 août 2023, où je dis : il faut aider les petites associations, à financer les petites associations en bas des immeubles. C'est sonnant et trébuchant, c'est concret. Nous n'avons pas cessé, et je n'ai pas cessé de faire des choses concrètes de la vie de tous les jours. Moi, le week-end, vous savez, j'étais à Air-Bel, à La Castellane, j'étais au milieu des gens. Je sais que vous me connaissez un petit peu, que vous suivez ce que je fais, je suis au milieu…
APOLLINE DE MALHERBE
Bien sûr, je suis…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et quand on a besoin de moi pour trouver un logement, pour trouver une école, pour trouver une place à l'AMDPH, on le fait. C'est la politique du quotidien. Rappelez-vous, j'avais dit…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais pardon, Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, c'est tout le problème, quand on a besoin de moi pour trouver un logement, un truc, eh bien, oui, mais…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais il y a des élus locaux, il y a quelque chose qui s'appelle élu local aussi, enfin, excusez-moi…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, bien sûr, mais on se retrouve…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais moi, je ne peux pas tout être en même temps…
APOLLINE DE MALHERBE
On se retrouve aujourd'hui dans une France où on a l'impression qu'il faut, pour trouver un médecin, pour trouver un rendez-vous médical, devoir passer des coups de fil…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Des décisions de long cours…
APOLLINE DE MALHERBE
Et dire : est-ce que tu connais quelqu'un, est-ce que tu peux…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Apolline de MALHERBE, les politiques publiques sont des politiques de long cours, de longue haleine. On ne peut pas former des médecins en deux ans. Vous le savez. Est-ce que le numerus clausus, on peut l'attribuer… Enfin, est-ce qu'on peut au moins attribuer ça au président de la République ? Est-ce qu'on peut au moins nous attribuer, 2017, moi, je viens d'un quartier où on a connu le chômage de masse. Mon père l'a connu. Nous sommes à deux points du plein emploi. 2 millions d'emplois en 7 ans et une baisse du chômage considérable…
APOLLINE DE MALHERBE
Tout ça, tout cela, Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, tout ça n'a visiblement pas convaincu les électeurs. Qu'est-ce que vous allez… Comment vous pouvez changer les choses ? Qu'est-ce que vous pouvez dire de différent pour réussir à convaincre cette fois-ci ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je l'avais dit, je l'avais écrit, que les électeurs, je l'avais écrit, et je l'assume, je l'ai écrit en 2021 dans mon premier livre. Les électeurs du RN ne sont pas nos ennemis, où j'expliquais que dans l'électorat, il fallait parler à cet électorat-là.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais vous leur parlez comment ? Allez-y !
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien, moi, je leur parle en disant que…
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y ! Qu'est-ce que vous leur dites ? Il y a plus de 30%…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Le vote extrême droite et gauche extrême ne peut pas être la solution. Le chaos et la haine ne peuvent pas être la solution.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous proposez quoi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je propose, eh bien, simple. Vous savez, on parle d'insécurité, il faut oser aller sur ces sujets-là, et de dire, moi, je l'avais assumé dix fois, quand les habitants des quartiers prioritaires, puisque je porte les politiques de la Ville, et on va peut-être essayer de parler de mon portefeuille, c'est de dire : les familles de délinquants qui sèment la pagaille et qui terrorisent les gens, on les expulse des HLM. Vous vous rappelez de la polémique que ça avait créé ? Moi, j'assume, parce que, moi, je viens de ces quartiers-là et je sais ce que c'est de vivre à côté d'une famille de voyous. Je le sais, et j'invite à tous ceux qui nous tirent dessus, et justement, c'est comme ça que vous faites monter les extrêmes, les extrêmes, que ce soit l'extrême gauche ou à l'extrême droite, vous les faites monter, parce que vous n'écoutez pas les Français, et qu'on a toujours peur de son ombre. Je n'ai jamais eu peur de mon ombre. Je sais d'où je viens. Je sais exactement comment ça se passe. Je le disais, moi, je suis une fille de la rue. J'ai toujours été dehors. Mais il faut savoir dire aussi quand on fait le quoi qu'il en coûte. Et là, je reviens sur le quoi qu'il en coûte. Il me semble bien que nous sommes le seul pays à l'avoir fait. J'invite tout le monde à aller regarder ce qui s'est passé dans tous les pays qui ne l'ont pas fait…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais, encore une fois, j'ai envie de vous dire, Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, dire ce qu'on a fait, visiblement, n'a pas suffi pour vous, il faut peut-être dire ce que vous ferez et que vous n'aviez pas fait…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, il faut évidemment aller plus loin…
APOLLINE DE MALHERBE
Et donc en première mesure, vous dites : expulser les familles de délinquants des HLM ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien, par exemple, entendre les gens sur leur ras le bol. Regardez le nombre d'auditeurs qui vous appellent et qui vous écrivent. On a vu des tas de cas. Et est-ce qu'on a réglé des problèmes ? Oui. L'école dont on avait parlé, vous vous rappelez, dans le 15ème, on a réglé le problème…
APOLLINE DE MALHERBE
L'école qui était au milieu des tours et des enfants qui recevaient les détritus, voire des médicaments…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Exactement… Je m'en suis occupée. Bien sûr que, oui. On a envoyé des effectifs de police. Les familles, donc les gens qui jetaient des détritus sur l'école, ont été mis en garde à vue. Enfin, ça…
APOLLINE DE MALHERBE
Mis en garde à vue, mais ensuite, qu'est-ce qui s'est passé, c‘est toute la question… ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien, qu'est-ce qui s'est passé, ça s'est arrêté. Ça s'est arrêté. La réalité, c'est que, je crois…
APOLLINE DE MALHERBE
On y retournera, on y retournera, on y retournera, on avait été avec nos reporters au coeur de Marseille…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, vous viendrez avec moi à Marseille, je pars justement tout à l'heure. Donc, qu'est-ce qu'on a mal fait ? Moi, j'aimerais aussi parler de ce qu'on a fait, et de dire que ce vote de colère, le Président l'a entendu, la dissolution est la conséquence de ce vote de colère.
APOLLINE DE MALHERBE
Et on entendra d'ailleurs le Président qui le dira…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et c'est un acte courageux, il fallait le faire…
APOLLINE DE MALHERBE
Qui le dira lui-même tout l'heure, puisqu'il tient cette conférence de presse à 11h. Merci Sabrina AGRESTI-ROUBACHE. Vous partez donc à Marseille tout à l'heure…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous…
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous êtes ministre, secrétaire d'Etat à la Ville.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 juin 2024