Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur l'OTAN, à Paris le 24 juin 2024.

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Circonstance : Déclaration conjointe de M. Emmanuel Macron, Président de la République, et de M. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général, cher Jens,

Merci beaucoup pour votre venue à Paris en amont du sommet de l'OTAN qui se tiendra dans moins de trois semaines à Washington. Et je veux vous dire ici combien j'étais heureux de vous accueillir à Paris avec vos équipes pour pouvoir préparer ce sommet et discuter des enjeux de fond de notre alliance.

Ce sommet aura un caractère tout particulier pour vous, puisque ce sera le dernier, après dix années passées à la tête de notre alliance. Dix années marquées par des bouleversements profonds, par le retour de la guerre sur le sol européen, et je veux le dire ici, par le rôle absolument crucial que vous avez joué pour l'OTAN, que vous avez fait émerger à la hauteur des défis en maintenant le cap, en préservant l'unité des Alliés, et aussi en acceptant de vous réengager personnellement durant ces toutes dernières années où d'autres propositions vous étaient pourtant faites.

Et donc je tiens, je dirais institutionnellement et personnellement, à vous remercier pour ce sens de l'intérêt général et de l'Alliance.

Il y a 75 ans, l'OTAN était fondée pour assurer notre défense et notre sécurité collective au lendemain d'un conflit mondial sans précédent. Et de 12 membres fondateurs, l'OTAN s'est élargie à 32 alliés aujourd'hui, avec en particulier l'adhésion de la Finlande, puis celle de la Suède conclue en mars dernier.

Nous sommes aujourd'hui, vous le savez, à un tournant stratégique, celui du retour de la guerre en Europe et de la guerre d'agression lancée par la Russie. Et l'OTAN joue à cet égard un rôle fondamental par sa capacité de dissuasion collective, par la clarté et l'unité de tous les Alliés, grâce à la force de notre soutien collectif, à l'interopérabilité qui existe entre nos équipements - nous aurons l'occasion de revenir lors du sommet de Washington sur ce sujet.

Nous en avions discuté durant tous les derniers mois, notre soutien à l'Ukraine demeure et demeurera constant, et nous continuerons de nous mobiliser pour répondre aux besoins immédiats de l'Ukraine, porter le message de notre détermination sans équivoque pour nous tenir aux côtés des Ukrainiens dans la durée. En Roumanie, en Pologne, dans les pays baltes, la France assume également pleinement ses responsabilités et prend sa part à l'effort et continuera de le faire, vous le savez.

J'ai eu l'occasion aussi d'échanger avec le Président Zelensky récemment à Paris sur la poursuite de notre action, et je vous l'ai redit aujourd'hui. L'agenda de renforcement de notre aide à l'Ukraine - élaboré à partir aussi de la conférence que nous avions tenue le 26 février ici même - a avancé dans de nombreux domaines dont nous avons ici, ensemble, parlé à nouveau. Je veux vous remercier, Monsieur le Secrétaire général, d'avoir agi aussi avec beaucoup de force pour développer des idées robustes pour ancrer encore davantage l'Ukraine dans la famille euro-atlantique, et nous aurons à les concrétiser, en les articulant avec les efforts menés par ailleurs, notamment par l'Union européenne.

Il faudra envoyer un signal fort à Washington sur la progression de l'Ukraine dans le processus d'intégration euro-atlantique et vers l'Alliance, où elle a toute sa place et la contribution de l'Ukraine à la sécurité euro-atlantique, nous le savons, tout particulièrement ici même, est existentielle.

Plus largement, le partage du fardeau de la sécurité euro-atlantique, c'est-à-dire la manière dont nous nous répartissons, entre nous, la charge de notre sécurité, sera à nouveau un des enjeux clés du sommet. La vitalité du lien transatlantique s'incarne dans l'unité que nous affichons, mais aussi dans l'équilibre entre nos capacités respectives à investir dans notre défense de chaque côté de l'Atlantique.

Je crois que la prise de conscience de cet impératif et l'urgence de renforcer nos capacités nationales de défense est indéniable. Plus de 20 alliés, dont la France, ont annoncé qu'ils atteindraient cette année le seuil des 2% de dépenses. C'est un chiffre dont il faut relever la portée. Pour ce qui est de la France, nous aurons, d'ici à la fin de la loi de programmation actuelle, doublé le budget de nos armées. Il faut naturellement continuer dans cette voie ; c'est ainsi que nous consoliderons notre cadre de sécurité en nous projetant vers l'avenir et dans une logique de long terme.

Et les Européens doivent pouvoir assumer leurs responsabilités pour assurer leur propre sécurité ; c'est le sens même aussi du développement d'une défense européenne plus forte, plus opérationnelle qui sous-tend le pilier européen de l'OTAN et qui, à cet égard, doit être notre juste contribution aux efforts de l'Alliance. L'Union européenne, avec ses outils financiers et juridiques, a un rôle naturel à jouer comme étant ce pilier indispensable de l'OTAN et nous l'avons rappelé en renforçant le partenariat stratégique entre l'Union européenne et l'OTAN, et je vous remercie aussi pour tous vos travaux ces dernières années en la matière.

Nous aurons, enfin, la responsabilité de décliner l'adaptation de l'Alliance aux évolutions de son environnement stratégique avec la mise en cohérence des plans de défense actés lors des derniers sommets et le renforcement de notre propre posture.

Sur tous ces aspects, le sommet de Washington doit avant tout être l'occasion d'afficher notre mobilisation, notre unité, et je sais combien vous y veillez.

Merci à nouveau, Monsieur le Secrétaire général, cher Jens, pour votre présence à Paris, nos échanges et surtout pour cette décennie de travail et d'engagement au service de notre Alliance.