Texte intégral
Bonsoir, mesdames et messieurs, merci d'être présents aujourd'hui.
Je suis heureux de vous retrouver dans ce cadre magnifique du palais de Blenheim, chargé d'histoire. Et je veux ici remercier le Premier ministre britannique, Keir STARMER, et remercier aussi Sa Majesté le Roi Charles, qui nous a accueillis cet après-midi à l'occasion d'un moment plus particulier.
C'est aujourd'hui, en effet, la quatrième fois en deux ans que se réunit la Communauté Politique Européenne, après les sommets de Prague, de Chișinău et de Grenade. Je crois que maintenant, ce que nous avions proposé au mois de mai 2022 s'installe comme un format de discussion singulier et utile.
Et je me félicite que l'ensemble des dirigeants se l'approprient. D'abord parce que c'est le seul format qui permet cette conversation européenne, à proprement parler, de la façade atlantique jusqu'au Caucase. Et en réunissant des chefs d'État et de gouvernement qui ne se verraient pas sinon dans un format entre pairs - qu'ils soient ou non membres de l'Union européenne, qu'ils l'aient quittée récemment ou qu'ils aspirent à la rejoindre.
Et c'est un format très utile pour discuter d'abord des grands enjeux stratégiques, mais aussi de la manière de régler quelques-uns de ces enjeux. Je pense aux questions migratoires, je pense aux questions énergétiques, aux questions de défense, aux questions aussi de préservation de notre démocratie et de lutte contre les attaques cyber et la désinformation - autant de sujets qui, en plus des crises régionales qui nous occupent, nourrissent depuis Prague la discussion avec des avancées concrètes.
Et je veux vraiment remercier nos amis britanniques pour l'excellente organisation de ce sommet. L'engagement avait été pris par Rishi SUNAK, il est parfaitement mis en oeuvre par Keir STARMER et je l'en remercie à nouveau.
Alors, de manière plus spécifique, durant ce sommet, d'abord, nous avons pu échanger avec le président ZELENSKY et - après la rencontre bilatérale qui s'était faite en marge de la célébration du Débarquement en France, les 6 et 7 juin dernier, puis au sommet de l'OTAN à Washington il y a quelques jours - nous avons réaffirmé notre soutien au président ZELENSKY et au peuple ukrainien. Et très clairement, la place de l'Ukraine au sein de cette famille européenne est totalement justifiée.
Notre soutien a vocation à s'intensifier - comme l'a rappelé le Premier ministre STARMER dans son allocution d'ouverture - et ce, d'autant que c'est bien la question de l'Europe et de sa sécurité qui est en jeu en Ukraine.
À ce titre, je veux soutenir l'appel qui a été lancé par le Premier ministre STARMER et qui regroupe une quarantaine d'États membres de la communauté politique européenne de renforcer notre action contre ce que l'on appelle la flotte fantôme, ces navires qui permettent à la Russie de contourner nos sanctions visant le commerce de pétrole russe. Comme vous le savez, l'Union européenne a adopté récemment, dans le cadre du 14? paquets de sanctions, des sanctions spécifiques contre certains des navires de cette flotte.
Il y a ensuite eu plusieurs travaux dont nous avons fait restitution cet après-midi, qui ont permis d'évoquer les questions de migrations, les questions d'énergie et les questions également de lutte contre les manipulations de l'information et les ingérences étrangères.
J'ai à ce titre, coprésidé une de ces sessions de travail avec la Présidente de Moldavie, Maïa SANDU, et nous avons acté, au-delà de la consolidation et de l'élargissement des mécanismes déjà inventés par l'Union européenne au-delà de ses frontières - c'est-à-dire les équipes d'intervention rapide de mesures hybrides - les propositions de bouclier démocratique européen, qui s'inspirent du modèle français de Viginum, et qui ont été faites par Ursula VON DER LEYEN.
Nous avons aussi décidé de la mise en place d'un réseau parmi tous les États volontaires de la CPE - et nous avons déjà une trentaine de volontaires qui vont dès à présent mettre en place un réseau d'experts, de coordination, d'experts - pour définir des standards et des protocoles communs d'identification des manipulations de l'information et attaques cyber et de réaction de celles-ci, à la fois pour bénéficier des meilleures pratiques, pour étendre aussi ce qui a été, ce qui a pu être fait ces derniers mois par l'Union européenne, mais pour faire bénéficier tous les collègues sur ce point.
Nous avons aussi acté la volonté d'avancer ensemble pour la transparence et la clarté des algorithmes des réseaux sociaux qui peuvent contribuer à ces manipulations de l'information. Je pourrais répondre à vos questions sur ce sujet qui peut paraître technique, mais qui est à mes yeux profondément structurant.
Nous avons aussi poursuivi une initiative qui avait été précédemment prise à Chisinau, dans le cadre de la CPE, c'est les initiatives de soutien à l'intégrité territoriale de la Moldavie.
Nous avons donc ainsi tenu un format spécifique avec le Premier ministre STARMER, le chancelier SCHOLZ, le Premier ministre TUSK, le président IOHANNIS et le président du Conseil européen Charles MICHEL, autour de la présidente Maia SANDU pour réaffirmer notre soutien indéfectible à la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Moldavie et renforcer nos efforts se faisant.
Au-delà de ces éléments, j'ai pu aussi avoir une série de rencontres bilatérales, en particulier avec le Premier ministre ORBAN, le Président Vučić et le Premier ministre arménien Nikol PASHINYAN.
Et je veux ici redire notre soutien à l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Arménie et notre soutien et appui aux discussions qui se poursuivent entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour parvenir à un traité de paix en vue d'une paix juste et durable, dans le respect du droit international.
Je crois que tout cela montre combien la Communauté Politique Européenne est un cadre pertinent, dans lequel nous pouvons rassembler tous les Européens et travailler ensemble à l'échelle du continent sur les sujets que j'ai évoqués et au-delà, permettre aussi de continuer à suivre les crises régionales comme je l'évoquais.
Les prochains sommets, nous l'avons acté, se tiendront donc en Hongrie le 7 novembre prochain, puis en 2025 en Albanie au premier semestre et au Danemark au deuxième semestre, continuant l'alternance entre des pays membres de l'Union européenne et des pays non-membres pour poursuivre ce travail.
Je me réjouis également, dans quelques instants, de pouvoir entamer une phase plus bilatérale et je retrouverai donc le Premier ministre STARMER pour avoir un dîner de travail avec nos équipes et évoquer les sujets bilatéraux et notre agenda franco-britannique et également européen.
Je vais maintenant répondre à vos questions.
Journaliste
Monsieur le Président, bonjour. Le 7 juillet dernier, vous aviez fait savoir que vous attendiez la structure de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre des décisions.
Quelle initiative prendrez-vous à l'issue du vote de ce soir ? Recevrez-vous les chefs de parti ? Les Français passeront-ils l'été avec un Premier ministre démissionnaire ?
Enfin, dernière chose, Laurence TUBIANA a fait acte de candidature pour Matignon. Vous l'avez approchée à plusieurs fois. Est-ce un profil intéressant pour Matignon ? Ou est-ce que vous excluez d'office un nom soumis par le Nouveau Front populaire ? Je vous remercie.
Emmanuel MACRON
Je ne ferai, comme vous le comprendrez, aucun commentaire sur une situation d'abord qui est en train encore d'être votée par les parlementaires français et depuis l'étranger. C'est une…
Journaliste
Vous aviez pourtant accepté de répondre à des questions sur la situation nationale au G7 ou encore au Conseil Européen.
Emmanuel MACRON
Non, je vous confirme que je ne vais pas répondre sur cette situation. Mais je suis preneur de toutes vos questions sur le sujet du jour. Ce qui peut être aussi une manière efficace de faire collectivement. Je vous en prie.
Journaliste
Merci Monsieur le Président. En anglais, s'il vous plaît.
[Traduit de l'anglais]
Le rapport de la France avec le Royaume-Uni fait partie en fait du rapport entre Union européenne et Royaume-Uni. Keir STARMER a dit qu'il veut rétablir en fait les rapports avec l'Union européenne. Qu'est-ce que la France aimerait que le Premier ministre fasse ?
Et deuxièmement, au niveau de la migration, STARMER aussi nous a dit au cours de la dernière conférence de presse qu'il voulait organiser un accord au niveau des retours. Vous allez dîner avec lui : est-ce que c'est une façon sage de le faire ?
Emmanuel MACRON
Merci beaucoup. I'm a strong believer in the Entente Cordiale and this very special relationship we have together. And I agree with you that, I mean, we did our best during the past few years to work very actively and to preserve the relation. And I want to pay tribute as well to all the predecessors. And we had a summit together with Prime minister SUNAK in Paris a few months ago, and we did deliver very concrete results.
At the same time, a big part of our bilateral relation was and is not contingent to the relation with the EU. If I take energy, if I take defense, I mean, we do have, I think, a unique and a very strong bilateral relation. So I think this evening we will work in order to improve everything in this bilateral relation and to be loyal to this long history of Entente Cordiale and indeed to improve the situation in terms of migration, energy, defense, fisheries, economy, technology, and so on.
And I think this is a very important moment, as well, to have this reset and to invent altogether, but it's not just a bilateral situation, a new relation with the EU. This one obviously has to respect what was decided and signed and should not be a sort of cherry-picking in order to improve this on this topic.
But if this is a comprehensive approach in order to reset the relation, I think this is a very important moment. By the way, migration is part of it, because as I mentioned several times, if we want to fix the situation in the Channel, it's not just a bilateral situation. It's how to work much more efficiently with the European countries of first entry and with all the different countries in order to clearly fight efficiently against all the smugglers. This is what we did months ago with this Calais format, if you remember, involving the Germans, the Dutch, the Belgians, and so on. And this is what we improved. And this format of the ECP is a very efficient one. Your Prime minister, by the way, was part of the migration session and I think worked concretely on this issue.
Journaliste
Bonsoir Monsieur le Président de la République, Une question sur la relation transatlantique : puisque le candidat TRUMP a choisi son vice-président en la personne de Monsieur VANCE, comment est-ce que vous interprétez ce signal ? Quel genre de relation transatlantique est-ce que ça laisse présager ? Et en quels termes est-ce que vous en avez discuté avec votre homologue britannique ?
Et une deuxième question, puisque vous avez évoqué dans vos propos liminaires votre bilatéral avec Monsieur Vučić. Il est question d'un contrat de vente de Rafale qui est encore en discussion, mais qui est contingent à des garanties politiques. Où en sont ces discussions et quelles sont vos exigences ? Merci.
Emmanuel MACRON
Merci beaucoup. Sur votre première question, je me garderai bien de faire des commentaires de politique intérieure américaine ni faire quelques pronostics que ce soit. J'ai trop de respect pour la vie politique et démocratique de chaque pays et des États-Unis d'Amérique évidemment. Et donc, je pense que la vie politique américaine suit son cours, comme elle doit être organisée.
Pour ce qui nous concerne, nous prendrons ce que le peuple américain nous donne et nous ferons en sorte que les intérêts de la France et de l'Europe soient préservés et que les grands équilibres dans lesquels nous vivons soient maintenus. C'est ce que, d'ailleurs, j'ai tâché de faire de 2017 à 2020 quand j'ai été confronté à cette situation et je l'ai fait ensuite avec l'administration BIDEN entre 2020 et les prochaines élections. Nous verrons ce que le peuple américain choisit et je pense qu'il faut tous se garder de préempter ce choix ou donner le sentiment que quoi que ce soit serait fait.
Pour ce qui est des discussions que nous avons avec la Serbie, c'est une discussion extrêmement riche, économique, militaire, énergétique, etc. Les questions militaires font partie de l'agenda, et j'aurai l'occasion, dans les prochaines semaines, prochains mois, de me rendre en Serbie pour finaliser ces discussions qui font l'objet d'échanges classiques qui sont techniques, financiers, politiques entre nos deux pays. Mais la relation est forte, elle est sincère, elle est, je crois, structurante pour nos deux pays et pour toute la région.
Journaliste
Monsieur le Président, bonjour.
[Inaudible]
Emmanuel MACRON
Look, I think all of us are equipping ourselves precisely to avoid war. And if you look at the past decades, it seems that Azerbaijan did equip itself much more than Armenia. And if my memory is right, but correct me if I am wrong, Azerbaijan did launch a war, a terrible one, in 2020. So I think it would be a mistake.
Journaliste
[Inaudible]
Emmanuel MACRON
We can have a debate, but I thought it was a press conference.
So to be very fair, it's normal that allies and partners send weapons, ammunitions, and did equip a territory to protect itself, as we do, by the way, with a lot of other European countries. And it's normal, not, I mean, to just answer the request of a sovereign country which wants to equip itself and feels it can be aggressed by another one. And I never heard the Prime minister PASHINYAN that he had any project of war or aggression.
I did have the feeling, and I do have the feeling, that there is still a negotiation in terms of delimitation of borders, and I'm very proud that we signed, we conclude in the margin of the ECP in Prague, the reference to Almaty limitations and borders.
And till now, the problem was much more the fact that Azerbaijan was taking some parts of the borders. I do hope they will conclude a good negotiation. So I think cooperating from a military point of view with the country is something totally normal in the international life between two sovereign states.
The perspective of Armenia is peace. The perspective of France is peace. I do hope the perspective of Azerbaijan is peace. And if the two countries finalize a peace treaty and a peace discussion, we will back such a treaty.
Journaliste
[Traduit de l'anglais]
Merci beaucoup Monsieur le Président. Vous semblez avoir établi une très bonne relation avec Keir STARMER. Vous lui avez parlé le soir de l'élection, le lendemain aussi. Qu'y a-t-il chez Monsieur STARMER qui vous fait penser que vous pouvez avoir une bonne relation avec lui et progresser sur la question de l'immigration illégale ? Et est-il possible que cette relation entraîne un accord de retour entre la France et le Royaume-Uni éventuellement ?
Emmanuel MACRON
I think this is a new momentum for your political life and domestic politics, and I think this is a great occasion for all of us to deliver concrete results and positive results. I think we do our best and, you know, we financed a lot of infrastructures, we did a lot of efforts with the different and successive prime ministers. So we will follow up.
I don't want to just go directly to the conclusion. I do hope we will collectively improve the situation but, as I told your colleague, I do believe that the best answer is to enlarge as well as the discussion and have a comprehensive work on migration with a lot of other countries and not just the bilateral countries because I don't know a lot of people coming from France to go to UK through these roads. We speak about people coming from the rest of the world and we will not take the full burden of those who are just going through France to join UK. It's normal and it's a loyal discussion. But I do hope and I do believe we will improve.
I'm sorry because now, he is waiting for me. So I would have to go. But I want to thank you.
Merci infiniment de votre présence pour cette communauté politique européenne. Je vais maintenant en effet retrouver le Premier ministre pour notre session bilatérale. Bon retour à tous et bonne continuation pour celles et ceux qui restent sur le sol britannique. Merci beaucoup.
SERVICE DE PRESSE DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE, le 2 août 2024