Interview de Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, à Sud Radio le 12 août 2024, sur les Jeux Olympiques, le résultat des élections législatives et "le traitement des affaires courantes" par le Gouvernement de Gabriel Attal, démissionnaire.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

JEAN-MARIE BORDRY
Il est 08h35 sur Sud Radio, tout de suite on accueille notre invitée politique. Prisca THEVENOT bonjour.

PRISCA THEVENOT
Bonjour à tous.

JEAN-MARIE BORDRY
Et bienvenue sur Sud Radio, porte-parole du Gouvernement, ministre déléguée en charge du Renouveau démocratique. Vous êtes par ailleurs députée Ensemble des Hauts de Seine, à peine réélue il y a quelques semaines au second tour des élections législatives.

PRISCA THEVENOT
C'est cela.

JEAN-MARIE BORDRY
Quelle image, une seule image vous garderez de ces Jeux olympiques ?

PRISCA THEVENOT
Oh, il y en a tellement. C'est dur.

JEAN-MARIE BORDRY
Justement.

PRISCA THEVENOT
Mais je pense que celle que je garderai, c'est celle de cette vasque qui s'élève dans le ciel de Paris, avec ses monuments qui sont sublimés juste en contrebas. Et puis…

JEAN-MARIE BORDRY
Ça, c'était le soir de la première soirée, la cérémonie d'ouverture, Céline DION.

PRISCA THEVENOT
Exactement, mais aussi parce que ça s'est répété tous les soirs…

JEAN-MARIE BORDRY
C'est vrai.

PRISCA THEVENOT
Et que chacun a pu revivre cette cérémonie d'ouverture tous les soirs, en compagnie de ses proches, de ses amis, en famille, avec des jeunes, moins jeunes. Et je pense que c'est ça aussi, c'est cette capacité à continuer à faire vivre cette flamme olympique qui nous a fait vibrer pendant deux semaines.

JEAN-MARIE BORDRY
Sauf qu'elle s'est éteinte hier. Malgré tout, le ballon est toujours là. Elle se rallumera pour les Jeux paralympiques. Est-ce qu'il faut la garder cette vasque ? Beaucoup de Parisiens le demandent.

PRISCA THEVENOT
Eh bien je vous dis justement, sauf que non, nous devons continuer à garder cette flamme olympique, je parle de celle qui a vibré au sein de nos foyers…

JEAN-MARIE BORDRY
Oui, ça c'est pour la métaphore.

PRISCA THEVENOT
Mais oui, mais je pense que c'est important. Je pense que c'est important. Ensuite, ce qu'il adviendra de la vraie vasque dont je parlais juste avant, ça, ça ne m'appartient pas, mais effectivement, si on peut garder aussi…

JEAN-MARIE BORDRY
La citoyenne que vous êtes.

PRISCA THEVENOT
Mais si on peut la garder aussi, d'une façon ou d'une autre, je trouve que c'est bien, c'est heureux, il doit y avoir un héritage, et d'ailleurs c'était un des points importants du président de la République, c'est que nous puissions vivre ces Jeux olympiques et paralympiques qui arrivent dans deux semaines, mais qu'il y ait aussi un héritage, un héritage dans les infrastructures, un héritage également dans les symboles et dans cette capacité de nous souvenir que nous sommes capables, ensemble, de grandes choses.

JEAN-MARIE BORDRY
Exactement. Alors il faut travailler ensemble. Ça, c'est ce que dit Emmanuel MACRON ce matin dans une interview fleuve accordée au journal sportif L'Équipe. "Travaillons ensemble", c'est le message qu'on doit garder de ces J.O., sous-entendu on est capable de tout quand on est tous ensemble. Travaillons ensemble, c'est un peu un clin d'œil aussi à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il ne pousse pas un tout petit peu loin la récupération politique là-dessus ?

PRISCA THEVENOT
Alors, regardons factuellement les choses. Je pense qu'il n'y a pas de récupération à avoir, mais simplement regarder les faits tels qu'ils sont. Emmanuel MACRON, Anne HIDALGO, Valérie PECRESSE. Trois personnalités politique qui, il y a à peine deux ans de cela, se présentaient à une élection, l'élection la plus importante en France, l'élection présidentielle, les uns contre les autres. Force est de constater qu'ils se sont mis ensemble, main dans la main, pour œuvrer, avec d'autres, bien évidemment, avec le COJO, avec de nombreux élus locaux, avec des bénévoles, etc.

JEAN-MARIE BORDRY
Le Comité d'organisation des J.O.

PRISCA THEVENOT
... pour faire que ce moment que nous venons de vivre, puisse exister. Donc c'est possible.

JEAN-MARIE BORDRY
Ça ne s'est pas passé de la meilleure des manières à chaque fois. Souvenez-vous de Valérie PECRESSE, il y a quelques semaines, qui disait : "Je veux bien donner de l'argent, mais pas pour me faire taper sur la gueule". Je cite.

PRISCA THEVENOT
Oui, elle parlait de ça sur un échange avec Anne HIDALGO. Je pense que…

JEAN-MARIE BORDRY
Vous imaginez ce que ça donnerait au Conseil des ministres ?

PRISCA THEVENOT
Regardez, regardez, on est déjà au lendemain de la cérémonie de clôture des Olympiques ; les Paralympiques arrivent. S'il vous plaît, essayons de ne pas retomber tout de suite dans nos travers polémiques.

JEAN-MARIE BORDRY
C'est vrai.

PRISCA THEVENOT
Et ce n'est pas ce que vous faites. Mais je pense que tout en débattant très fort, de façon très âpre sur le fond, nous devons pouvoir garder cette flamme olympique qui nous explique qu'ensemble nous sommes capables de tout. Nous sommes capables de relever des défis immenses. Parce que quoi ? Parce que nous sommes Français.

JEAN-MARIE BORDRY
Oui, sauf que conduits par qui précisément ? Parce que les Français ont placé l'extrême droite en tête au premier tour et la gauche en tête au second tour. Concrètement, c'est, vous n'êtes ni l'extrême droite ni la gauche. Pourquoi ce serait vous ?

PRISCA THEVENOT
Je pense qu'il faut se rappeler qu'il n'y a pas de gagnant à cette élection législative. Il y a trois blocs qui se sont mis en place, maintenant le temps effectivement de trouver une personnalité capable de faire coalition et de faire en sorte que les chambres, aussi bien l'Assemblée nationale et le Sénat, qui est un peu moins diversifié, puissent continuer à travailler simplement pour défendre des idées et pas simplement pour flatter des egos. Je pense que nous sommes capables, ensemble, en Français, de trouver cette personnalité.

JEAN-MARIE BORDRY
Sauf que quand vous parlez par exemple de Valérie PECRESSE et HIDALGO, sous-entendu une majorité pourrait aller de l'une à l'autre en passant par votre camp, ça exclut de fait le Rassemblement national arrivé loin devant les autres au premier tour. Et ça exclut de fait aussi la France Insoumise qui a réalisé des scores impressionnants au premier tour également.

PRISCA THEVENOT
Écoutez, je vais le dire de façon très claire, enfin, sur le Rassemblement national, effectivement on s'attendait à avoir, n'oublions pas, Jordan BARDELLA à Matignon, ceux qui ont décidé que Jordan BARDELLA ne pouvait pas aller à Matignon ce sont les Français, puisqu'ils n'ont pas eu la majorité absolue.

JEAN-MARIE BORDRY
Ce n'est pas pour autant qu'ils ont décidé que Xavier BERTRAND deviendrait Premier ministre.

PRISCA THEVENOT
Non, ce n'est pas pour autant, mais je réponds à votre question dans l'ordre. Ensuite vous me parlez de La France Insoumise, La France Insoumise, et je le dis en tant que parlementaire depuis 2022, ils nous ont répété, en long, en large et en travers, pendant deux ans, que nous étions la minorité présidentielle, alors que nous avions 250 sièges à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'ils en ont 250 ? Est-ce qu'ils en ont 200 ? Non. Donc je pense qu'il faut être en capacité aussi de regarder les choses telles qu'elles sont, c'est qu'aujourd'hui il n'y a pas eu de gagnant et que nous devons pouvoir faire une coalition avec les forces républicaines, qui font effectivement de la social-démocratie au LR canal historique.

JEAN-MARIE BORDRY
Donc pas avec La France Insoumise quoi qu'il arrive ?

PRISCA THEVENOT
Mais, La France Insoumise… enfin, ce n'est pas simplement additionner des noms et des sièges pour faire une majorité.

JEAN-MARIE BORDRY
Et pourtant vos candidats se sont retirés pour faire élire des députés Insoumis.

PRISCA THEVENOT
Attendez, nos candidats se sont retirés, et certains ne se sont pas présentés dès le premier tour pour ne pas que le Rassemblement national arrive au pouvoir en France…

JEAN-MARIE BORDRY
Ça c'est vrai, et aussi pour faire élire des députés Insoumis de temps…

PRISCA THEVENOT
Ensuite ce sont les Français qui ont mis en œuvre leur vote pour faire barrage au Rassemblement national. Ensuite, sur La France Insoumise, vous me posez la question, enfin je veux bien, mais qu'est-ce qui nous rapproche aujourd'hui de La France Insoumise, qu'est-ce qui nous rapproche, le rapport à la laïcité ? Non. Le rapport aux forces de l'ordre ? Non. La rapport à la justice ? Non. Le rapport au fonctionnement démocratique au sein d'un même mouvement politique ? Non plus.

JEAN-MARIE BORDRY
Dans ce cas-là pourquoi vous les avez fait élire ?

PRISCA THEVENOT
On ne les a pas fait élire, s'il y a…

JEAN-MARIE BORDRY
Pourquoi vous les avez fait réélire ?

PRISCA THEVENOT
Écoutez, si les Français…

JEAN-MARIE BORDRY
Mais j'arrête pas d'écouter. Combien de députés Insoumis, pardon de crier Prisca THEVENOT, combien de députés Insoumis ont été réélus grâce au retrait des candidats de la majorité ?

PRISCA THEVENOT
Nous avons été très simples, ni RN, ni LFI, et vous êtes en train de faire un raccourci, qui franchement est pas terrible, c'est que… au sein de la gauche il n'y a pas que LFI !

JEAN-MARIE BORDRY
Bien sûr, je vous parle de ceux…

PRISCA THEVENOT
Il y a aussi la social-démocratie qui est encore là, c'est vrai qu'elle se cherche un peu et je suis sûre qu'elle va réussir à se trouver parce qu'il y a quand même beaucoup de choses sur lesquelles nous devons être capables de travailler ensemble, et je pense qu'aujourd'hui il ne faut pas réduire le débat politique entre une querelle stérile, entre d'un côté l'extrême droite et de l'autre l'extrême gauche, au milieu il y a un bloc central qui est divers, qui a des nuances et qui a un socle commun, qui sont les valeurs de la République, et ce socle commun qui est au centre, eh bien on doit pouvoir aussi le faire exister dans le débat politique et médiatique.

JEAN-MARIE BORDRY
Alors justement, parlons du bilan de ces Jeux olympiques. "Ceux qui n'ont pas cru aux J.O. se sont trompés", ça c'est Emmanuel MACRON aujourd'hui…

PRISCA THEVENOT
Et il a raison.

JEAN-MARIE BORDRY
On peut regarder vers la social-démocratie, comme vous le dites, Anne HIDALGO il y a quelques jours, qui parlait des "pisse-froid", je la cite encore, "ceux qui étaient contre les J.O. et qui râlaient tout le temps" par exemple, qui sont ces gens qui ne croyaient pas aux J.O. pour vous ?

PRISCA THEVENOT
Il y avait différents types de discours qu'on a pu entendre, il y avait le "boycott J.O." à un moment, le hashtag qui était apparu, il y avait des personnes qui pensaient que…

JEAN-MARIE BORDRY
Plutôt à gauche d'ailleurs.

PRISCA THEVENOT
Je ne vais même pas rentrer là… il y en avait de toute sorte qui pensaient que ce n'était pas possible, que c'était trop compliqué, que c'était trop extraordinaire ce qu'on prévoyait, et puis force est de constater c'est que nous y sommes arrivés ensemble, et c'est ça que je veux rajouter aujourd'hui. Je ne vais pas commencer à vous dire qu'on doit continuer à garder la flamme olympique pour venir maintenant à votre micro pointer les uns du bout du doigt. Ce que je dois dire, c'est que nous y sommes arrivés et nous devons pouvoir continuer à le faire, et ça ne veut pas dire oublier les défis et les préoccupations qui sont celles de nombreux Français. Nous devons pouvoir le faire, même si nous avons effectivement vibrés à l'unisson pendant quinze jours, et n'oublions pas que nous allons continuer à le faire puisque les Paralympiques arrivent dans deux semaines.

JEAN-MARIE BORDRY
Ça, les Paralympiques, c'est bien noté, effectivement ils arrivent dans deux semaines…

PRISCA THEVENOT
Merci.

JEAN-MARIE BORDRY
Et il n'est pas question de les oublier, malgré tout la France se cherche un gouvernement. Vous êtes, je le disais, porte-parole du Gouvernement, Prisca THEVENOT, et ministre en charge du Renouveau démocratique, est-ce que dans le titre il n'y a pas un petit paradoxe malgré tout, à être la ministre du Renouveau démocratique dans un gouvernement qui malgré tout s'éternise, ça commence à faire longtemps que le Gouvernement est démissionnaire ?

PRISCA THEVENOT
Écoutez, il faut être très simple aussi, c'est que le Président de la République s'est exprimé devant les Français à la veille des Jeux olympiques et paralympiques, justement pour expliquer cette feuille de route et expliquer que, étant donné la situation et le contexte politique dans lequel nous sommes aujourd'hui en France, nous devons pouvoir mettre en place une coalition, une coalition ne se fait pas en quelques jours, de nombreuses autres démocraties le font et ça prend un peu de temps. Je pense qu'on doit aussi pouvoir accepter que le temps politique n'est pas le temps médiatique qui est celui de l'urgence, commenter pour commenter, et je ne dis pas ça… je dis ça factuellement pour avoir été aussi bien porte-parole du Gouvernement, porte-parole à l'Assemblée nationale et porte-parole d'un mouvement politique, je pense que nous avons besoin de ce temps et ce temps nous le prenons, tous ensemble, pas simplement pour nous, et surtout pas pour nous, mais pour être en capacité de faire fonctionner nos institutions, au premier rang desquelles le Parlement.

JEAN-MARIE BORDRY
À partir du moment où aucune majorité se dessine, tout le monde peut prétendre à la construire la coalition. Qu'est-ce que vous dites à Lucie CASTETS, par exemple, qui a été désignée par la coalition du Nouveau Front populaire comme prétendante à Matignon et qui continue à faire campagne en rappelant à Emmanuel MACRON qu'il est censé l'appeler à Matignon ?

PRISCA THEVENOT
Je lui rappelle simplement le fonctionnement des institutions de notre pays, ce n'est pas Jean-Luc MELENCHON qui désigne le candidat à Matignon, c'est le président de la République…

JEAN-MARIE BORDRY
Il ne l'a pas désignée seul pour le coup, les socialistes, vos alliés sociaux-démocrates, ceux que vous vouliez voir alliés, l'ont désignée aussi.

PRISCA THEVENOT
Oui, mais visiblement pas tous sont d'accord, j'entendais il n'y a pas si longtemps que ça Anne HIDALGO qui expliquait que ce n'était pas forcément la meilleure candidate, alors ce n'est pas exactement dans ces termes qu'elle l'a dit, mais elle a pu s'exprimer de façon très respectueuse sur cette candidature. Je pense qu'aujourd'hui ce n'est pas simplement d'avoir une personne qui est capable effectivement d'aller faire des visites officielles improvisées en tant que potentielle Première ministre, je pense qu'il s'agit aujourd'hui de savoir comment on gère un pays, comment on le fait au regard de son expérience politique et comment…

JEAN-MARIE BORDRY
Elle semble bien savoir le faire, elle semble savoir le faire, c'est ce qu'elle dit en tout cas.

PRISCA THEVENOT
Au regard de son expérience à la mairie de Paris ?

JEAN-MARIE BORDRY
Oui, mais enfin, qu'est-ce qu'on aurait dit avant que vous entriez vous-même, Prisca THEVENOT, au Gouvernement, il faut bien la construire à un moment ou un autre ?

PRISCA THEVENOT
Mais moi déjà je ne candidate pour être Première ministre, pardon, je reste à ma place, et ensuite, je le redis encore une fois, au moment où effectivement nos démocraties sont extrêmement fragilisées par un certain nombre de sujets, il faut plus que jamais en France se rappeler du fonctionnement de nos institutions et s'y coller, c'est le Président de la République, et lui seul, qui nomme le Premier ministre.

JEAN-MARIE BORDRY
Mais sans trop tarder non plus, parce que ça commence à être un record de longévité pour un gouvernement démissionnaire sous la Ve République.

PRISCA THEVENOT
Oui, et les affaires courantes sont gérées, le Gouvernement reste au travail sur les affaires courantes et c'est important de le dire.

JEAN-MARIE BORDRY
Mais même pour vous, je le dis pour vous Prisca THEVENOT, vous ne pouvez pas éternellement gérer les affaires courantes, concrètement ce n'est pas confortable.

PRISCA THEVENOT
Mais vous l'avez très justement dit, ça ne sera pas éternel, je veux dire attention…

JEAN-MARIE BORDRY
C'est rassurant.

PRISCA THEVENOT
Non mais, c'est factuel, c'est factuel. Qu'est-ce que vous voulez, vous voulez rapidement nommer quelqu'un et finalement se rendre compte que le gouvernement qui l'aura nommé, ou la personne qui sera désignée, ne tiendra pas, n'arrivera pas à faire de coalition, et vous direz, vous, de la même façon, la semaine d'après, "en fait, on n'aurait pas pu attendre un peu plus, on n'aurait pas pu prendre le temps de le faire ?"

JEAN-MARIE BORDRY
Non mais, on pourra se permettre de vous le dire, Prisca THEVENOT, dans la mesure où, à l'heure où vous parlez aujourd'hui, et vous le savez vous-même, il n'y a pas de majorité qui se dessine à ce stade, ça n'existe pas.

PRISCA THEVENOT
À ce stade.

JEAN-MARIE BORDRY
Oui, à ce stade.

PRISCA THEVENOT
Les mots ont leur importance.

JEAN-MARIE BORDRY
Exactement.

PRISCA THEVENOT
À ce stade. Faisons confiance en notre capacité collective à faire ensemble. Souvenons-nous de ce qui s'est passé pendant quinze jours juste avant, on est capable de faire de grandes choses ensemble, laissons-nous le temps de préparer cela et de mettre cela en œuvre.

JEAN-MARIE BORDRY
Alors, parlons aussi de ce qui s'est passé pendant quinze jours avec certaines polémiques qui ont été lancées. La France, ça n'a échappé à personne, a été le seul pays à interdire à ses athlètes, aux athlètes de sa délégation, à porter le voile, "la France est un pays islamophobe" dit votre collègue députée Ersilia SOUDAIS, députée France Insoumise, qu'est-ce que vous lui répondez ?

PRISCA THEVENOT
Je crois qu'il y a une médaille d'or qu'on a oublié d'attribuer, c'est celle de l'indécence et de l'anti-France…

JEAN-MARIE BORDRY
De l'anti-France ?

PRISCA THEVENOT
Pour La France insoumise. Franchement, j'ai vu ce tweet d'Ersilia SOUDAIS, est-ce qu'il m'a choquée ? Oui. Est-ce qu'il m'a surprise ? Non. C'est éternellement les mêmes rengaines, éternellement, je me suis même demandée si elle ne le faisait pas exprès pour d'un seul coup qu'on reparle d'eux, qu'on reparle de La France Insoumise et qu'on leur reparle de leur indécence et de la violence de leurs propos vis-à-vis de la France. La France est un pays laïc et je pense qu'il est important de le respecter en ces termes.

JEAN-MARIE BORDRY
Cela étant dit aussi, c'est un pays qui est apparu isolé, par exemple on voyait…

PRISCA THEVENOT
Vous avez vraiment eu l'impression que pendant les quinze derniers jours la France a paru isolée ?

JEAN-MARIE BORDRY
Mais pardon, mais on parle du port du voile pour les athlètes, effectivement la France est le seul…

PRISCA THEVENOT
La laïcité est importante, ne mélangeons pas tout.

JEAN-MARIE BORDRY
Non, mais je suis d'accord, je n'ai pas dit que ce n'était pas important, je parle de l'isolement, je dis qu'on est les seuls à le faire. Est-ce que vous pensez qu'on arrivera à convaincre d'autres pays de faire la même chose ?

PRISCA THEVENOT
Non mais, attendez, déjà avant de convaincre les autres pays, déjà respectons notre pays.

JEAN-MARIE BORDRY
Ça a été fait.

PRISCA THEVENOT
Bah voilà ! donc ce n'est pas une polémique que de dire que la France est laïque et que, en ce terme, nous devons respecter la laïcité, et d'autant plus celles et ceux qui sont en train de siéger à l'Assemblée nationale, ils sont les garants aussi des valeurs et des repères que nous avons…

JEAN-MARIE BORDRY
Là vous parlez des députés…

PRISCA THEVENOT
Pas du tout, mais vous m'avez parlé…

JEAN-MARIE BORDRY
Bien sûr, mais vous venez de dire qu'Ersilia SOUDAIS faisait partie de l'anti-France lorsqu'elle disait ça, c'est un…

PRISCA THEVENOT
Non, elle ne fait pas partie de l'anti-France, elle fait partie de ces discours anti-France, et pardon, si, La France Insoumise a un discours anti-France en permanence, surtout sur les forces de l'ordre, sur la justice, sur le rapport aux médias, sur la laïcité maintenant, sur tout, en permanence, en permanence, et je pense qu'ils l'assument complètement puisque Jean-Luc MELENCHON a lui-même théorisé le principe de tout conflictualiser, eh bien il conflictualise tout, au point, finalement, de se mettre en marge de ce qui est notre République, lui-même qui a pourtant été plus de 30 ans cumulés représentant, d'une façon ou d'une autre, de la France…

JEAN-MARIE BORDRY
Sénateur notamment.

PRISCA THEVENOT
Sénateur, élu local, conseiller régional, eurodéputé, député à l'Assemblée nationale, et aujourd'hui il nous explique que non, la France ça ne fonctionne pas, et il faudrait aller ailleurs. Enfin, c'est assez étonnant.

JEAN-MARIE BORDRY
Depuis le début de cette interview, on a beaucoup parlé de la France Insoumise. On n'a pas du tout parlé du Rassemblement national…

PRISCA THEVENOT
On peut en parler.

JEAN-MARIE BORDRY
... étonnamment discret d'ailleurs pendant ces deux semaines. Est-ce qu'au moins vous vous en félicitez ou pas de cette discrétion ?

PRISCA THEVENOT
Je constate, je constate. Je n'ai pas à venir me féliciter ou pas de la discrétion d'un groupe politique qui, pardon, mais sait très vite faire aussi de la politique du silence. Ils l'ont fait aussi dans leur première période à l'Assemblée nationale de 2022 à pas si récemment que ça en 2024, où ils ne parlaient pas, ils ne disaient rien, ils portaient beau, ils mettaient de belles cravates, ils faisaient de beaux sourires, mais surtout ils ne parlaient pas. Et puis dès l'instant où ils se sont mis à parler, en campagne, c'est à dire pendant les européennes et pendant les législatives, on a vu la catastrophe républicaine que ça pouvait être. Ils nous ont expliqué que les binationaux n'avaient finalement pas les mêmes droits que les autres en France. Ils nous ont expliqué aussi pendant les européennes que siéger, ce n'était finalement pas si important que ça et que travailler le goût de l'effort, ce n'était pas forcément quelque chose qu'il fallait qu'on mette en avant avec Jordan BARDELLA en premier lieu. Donc on comprend aujourd'hui qu'effectivement ils savent très bien faire une chose, c'est à dire la politique du silence pour faire oublier ce qu'ils ont à dire.

JEAN-MARIE BORDRY
On a bien compris en tout cas que vous ne voulez ni le Rassemblement national ni la France Insoumise dans une nouvelle majorité…

PRISCA THEVENOT
Tout à fait.

JEAN-MARIE BORDRY
... si jamais elle est faisable. Et si un gouvernement est nommé dans les prochains jours, quelle doit être sa priorité, sans tenir compte de sa couleur politique ?

PRISCA THEVENOT
Travailler pour les Français.

JEAN-MARIE BORDRY
Non mais ça d'accord, ça c'est le principe…

PRISCA THEVENOT
Eh bien oui, mais…

JEAN-MARIE BORDRY
Mais quelle doit être la priorité concrète ? Est-ce que ce sont les comptes publics ? Est-ce que c'est une nouvelle réforme des retraites alors qu'il y a un nouveau trou dans les caisses de retraite ?

PRISCA THEVENOT
Eh bien je pense que vous avez un peu tout dit, c'est à dire qu'il y a des priorités d'agenda aussi. Il y a les textes budgétaires qui sont à l'ordre du jour de la rentrée parlementaire. Ça, ce n'est pas moi qui le dis, mais c'est comme ça que c'est fait. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et le projet de loi de finances pour l'année suivante. Mais dans tout cela, ici aussi les sujets de pouvoir d'achat des Français. Cette capacité à pouvoir bien vivre de son travail, avec les enjeux de sécurité, avec les enjeux bien évidemment d'écologie, de santé, d'éducation. La rentrée scolaire arrive prochainement. Donc tout ceux-là font partie des priorités des Français. C'est des priorités du quotidien, c'est du basique et on doit être capable de travailler sur l'ensemble de ces sujets.

JEAN-MARIE BORDRY
Sauf que pour tout cela, justement, il faudra voter un nouveau budget. Concrètement, c'était l'impossibilité de faire passer le budget sous la précédente législature, qui a notamment conduit à la dissolution. Et est ce qu'on peut se retrouver sans un nouveau budget pendant un an ? Est-ce que c'est un scénario possible ?

PRISCA THEVENOT
Ah non non, la dissolution n'a pas été mise en œuvre suite à un budget.

JEAN-MARIE BORDRY
Non, elle a été mise en œuvre…

PRISCA THEVENOT
La dissolution a été mise en œuvre par le président de la République, et il avait raison, suite au vote des Français aux européennes ou un Français sur deux…

JEAN-MARIE BORDRY
Ça c'est la version officielle. Mais il y a aussi le fait que l'Assemblée nationale n'aurait pas voté le budget, puisque les Républicains ne voulaient pas la voter…

PRISCA THEVENOT
Non mais attendez, écouter, non, non, non, non, je pense qu'il ne faut pas refaire l'histoire. Il est important…

JEAN-MARIE BORDRY
Mais on l'a fait.

PRISCA THEVENOT
Non mais je pense qu'il est important de se rappeler dans quel contexte s'inscrit la dissolution. Un Français sur deux aux élections européennes a voté pour un des extrêmes, et ça il faut l'entendre. Sinon pendant des semaines et peut être même aujourd'hui, vous auriez été parmi les premiers à me dire…

JEAN-MARIE BORDRY
Bien sûr.

PRISCA THEVENOT
Mais, un Français sur deux a voté pour les extrêmes et vous n'avez rien fait. Donc le président de la République a eu raison de dissoudre. Maintenant, ce que nous devons faire, c'est regarder devant et voir quelles coalitions dégager pour travailler pour les Français, et effectivement avec les enjeux budgétaires qui arrivent.

JEAN-MARIE BORDRY
Sauf que votre manière d'y répondre, c'est de dire justement qu'aucun des deux extrêmes pour lesquels un Français sur deux a voté, vous le rappelez, aucun de ces deux extrêmes ne sera au gouvernement.

PRISCA THEVENOT
Oui, mais ils ne sont pas en majorité aujourd'hui, au niveau national, et ça il faut le rappeler.

JEAN-MARIE BORDRY
Mais vous non plus, pour l'instant, en tout cas.

PRISCA THEVENOT
Oui, mais n'oublions pas encore une fois, comme je l'ai dit en début d'interview, ne réduisons pas le débat politique médiatique à une querelle entre les deux extrêmes. Il y a un bloc central qui existe aujourd'hui, qui va de la social-démocratie à la droite républicaine et sur lesquels nous avons un socle commun qui s'appelle les valeurs de la République.

JEAN-MARIE BORDRY
C'est la rentrée, en tout cas politique. Merci beaucoup Prisca THEVENOT, d'être venue la faire sur Sud Radio, sur le plateau de Sud Radio.

PRISCA THEVENOT
Merci à vous.

JEAN-MARIE BORDRY
Je rappelle que vous êtes la porte-parole du Gouvernement, ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique et par ailleurs députée Ensemble des Hauts de Seine. À bientôt sur Sud Radio.

PRISCA THEVENOT
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 août 2024