Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Guillaume KASBARIAN, bonjour.
GUILLAUME KASBARIAN
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes député, député d'Eure-et-Loir, du groupe Ensemble pour la République, l'ancienne majorité macroniste. Et puis vous êtes le ministre, peut être encore pour quelques heures, peut-être même allez-vous être prolongé, ministre démissionnaire du Logement. Hier soir, vous étiez à l'Élysée avec les autres membres du gouvernement en sortant, avec aussi les membres de l'une des minorités, donc la minorité macroniste. Ça s'est passé comment ? Qu'est-ce qu'il vous a dit Emmanuel MACRON ?
GUILLAUME KASBARIAN
Eh bien écoutez, c'est l'occasion de nous retrouver, de faire un peu le bilan, le point sur ce que nous avions réalisé au sein du gouvernement de Gabriel ATTAL. C'était l'occasion pour le président aussi de nous remercier pour ce que nous avons fait, à la fois en tant que ministre, mais aussi parfois en termes de combat électoral, puisque certains d'entre nous sont allés au combat électoral. Certains ont gagné, d'autres ont perdu. Et puis c'était aussi l'occasion d'évoquer ensemble quel sera le rôle de notre groupe dans le futur dispositif et dans la construction en tout cas de cette coexistence, entre…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça va être quoi votre rôle ? Est-ce que c'est une, vous dites coexistence ?
GUILLAUME KASBARIAN
C'est le terme qui a été utilisé par le président de la République. Je le trouve juste. C'est-à-dire que nous avons des différences, bien évidemment, au sein de ce bloc central, de la droite, de cette future coalition ou j'allais dire coexistence de différents groupes. Et nous allons essayer de faire vivre ces sensibilités là, mais pour l'intérêt des Français, pour le bien du pays, nous souhaitons éviter le blocage. Nous souhaitons éviter qu'il n'y ait pas de budget. Nous souhaitons éviter que la difficulté politique du moment atteigne le quotidien des Français et donc nous avons un rôle et nous souhaitons être du côté de la solution plutôt que du côté du problème, et donc celui de l'huile dans les rouages plutôt que celui du verrouillage. Donc, c'est cette…
APOLLINE DE MALHERBE
Votre nom, il va travailler avec Michel BARNIER ?
GUILLAUME KASBARIAN
Alors, écoutez, moi je souhaite en tout cas que EPR travaille bien sûr avec le Premier ministre…
APOLLINE DE MALHERBE
EPR, c'est Ensemble pour la République, ce n'est pas l'EPR.
GUILLAUME KASBARIAN
Ensemble pour la République, tout à fait.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord.
GUILLAUME KASBARIAN
Et je souhaite que, en tout cas, notre groupe, et c'est à notre président de groupe, Gabriel ATTAL, de le décider, en discussion avec l'ensemble des membres de notre groupe. Mais je souhaite que nous puissions travailler bien sûr pour faire vivre nos projets, pour faire vivre nos valeurs, pour faire vivre nos combats, et de le faire dans cet esprit de responsabilité au service des Français. Je souhaite que nous ne soyons pas spectateurs et que nous puissions effectivement mettre notre patte au sein...
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous pourriez rester, si jamais Michel BARNIER décide de garder quelques ministres sortants, notamment sur les questions de logement, on sait bien qu'il y a urgence, il peut peut-être se dire, eh bien, au fond, vous aviez déjà les mains dans la patte, est-ce que vous restez ?
GUILLAUME KASBARIAN
Alors, ma situation personnelle, je ne pense pas que c'est ce qui intéresse vos auditeurs, en tout cas, et en plus ce n'est pas ma décision, c'est une décision du Premier ministre en lien avec les différents présidents de groupe et bien sûr une décision du président de la République qui nomme à la fin des fins. Mais je vous le redis, de façon collective, je souhaite que notre groupe participe à l'élaboration de ce nouveau gouvernement, de sa feuille de route et des projets qu'il va mener devant le Parlement. Et donc…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous allez soutenir, vous allez soutenir, mais ceux dont le soutien était absolument vital pour Michel BARNIER, c'est le RN, et je voudrais qu'on accueille Yannick qui nous a appelés au 32.16.
(…)
APOLLINE DE MALHERBE
Guillaume KASBARIAN, sur le logement, vous aviez une loi qui était dans les tuyaux, qui était dans le tiroir, il n'y avait plus qu'à le signer.
GUILLAUME KASBARIAN
En réalité, nous en avons plusieurs qui sont et qui étaient dans…
APOLLINE DE MALHERBE
Laquelle est la plus prêtes à l'emploi, si je puis me permettre ?
GUILLAUME KASBARIAN
Alors, il y en a deux qui sont complètement prêtes à l'emploi. Il suffirait juste de convoquer une commission mixte paritaire de députés et sénateurs pour s'accorder. La première, c'est la régulation des meublés de tourisme, Airbnb, sur lesquels il y a eu un vote positif des deux chambres, la droite sénatoriale, l'Assemblée nationale que nous avons connue. Et on n'est pas loin d'avoir un accord. Donc il suffirait de convoquer cette CMP pour qu'on régule un peu mieux les meublés de tourisme dans les zones notamment tendues ou très touristiques.
GUILLAUME KASBARIAN
On a une deuxième loi qui est toute prête à l'emploi, c'est l'accélération de la conversion de bureaux en logements. Vous savez qu'en Ile-de-France, on a 4,5 millions de mètres carrés vides qui pourraient servir à faire du logement.
APOLLINE DE MALHERBE
En fait, vous êtes dans la dernière étape. Il n'y a plus qu'à aller voter.
GUILLAUME KASBARIAN
Ensuite, il y a le projet de loi que nous portions avec Gabriel ATTAL, qui permet de remettre de l'ordre dans le logement social, qui permet de mettre fin au logement social à vie, qui permet aussi de donner aux maires plus de pouvoir en termes de construction mais aussi d'attribution de logements sociaux. Ces projets de loi, ils avaient été adoptés par la commission des affaires économiques du Sénat. Il allait passer en hémicycle du Sénat. Et nous avions la possibilité… nous étions prêts à avoir une majorité, donc au Sénat, pour pouvoir le voter. Et donc là, reste à voir ce que souhaite faire le Premier ministre sur ce texte-là puisqu'il n'a pas encore été formellement voté. Souhaite-t-il le reprendre ? Souhaite-t-il redéposer un nouveau projet de loi ? Souhaite-t-il reprendre les avancées du Sénat pour le faire prospérer ? En tout cas, nous étions prêts à continuer son examen au Parlement. C'est le deuxième sujet. Puis après, nous avons la période budgétaire. Au-delà des questions législatives, vous avez aussi la question du budget. Et le budget compte beaucoup pour le logement puisque c'est un budget non négligeable et qu'il y a des leviers fiscaux qui permettraient, sur certains sujets, éventuellement, de débloquer…
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, les leviers fiscaux… Il y a notamment le dispositif Pinel. C'est cet abattement fiscal sur les investissements locatifs pour débloquer le parc immobilier locatif qui est, aujourd'hui, en très grande tension. Ce dispositif prend fin à la fin de l'année. Est-ce que si vous étiez resté, vous l'auriez prolongé ? Est-ce que vous appelez votre successeur ou peut-être vous-même, si vous restez encore quelques mois, à prolonger le dispositif Pinel ?
GUILLAUME KASBARIAN
Nous avions prévu d'étendre effectivement le dispositif Pinel à la fin de l'année. Et nous ne le faisons pas par plaisir ou parce que nous avons envie de l'étendre. C'est parce que de nombreux rapports, y compris de la Cour des comptes, soulignent le coût parfois très important du Pinel par rapport à son bénéfice, y compris même en termes de recettes.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous n'invitez pas les sujets suivants à le prolonger ?
GUILLAUME KASBARIAN
A titre personnel, je suis réservé. Surtout qu'il existe d'autres dispositifs fiscaux qui permettraient probablement, je pense notamment aux PTZ, mais je pense aussi à la diminution de frais de notaire…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous pouvez nous expliquer le PTZ ?
GUILLAUME KASBARIAN
Alors le PTZ, c'est un prêt à taux zéro. C'est un prêt qui est en réalité subventionné et qui permet aux ménages les plus modestes de bénéficier d'un taux réduit par rapport au taux du marché. Vous savez qu'une principale cause de la crise immobilière vient du taux d'intérêt qui a largement augmenté ces deux dernières années et qui est en train de baisser…
APOLLINE DE MALHERBE
Qui est en train de baisser. C'est ce que disait d'ailleurs Maël BERNIER de Meilleurtaux.com.
GUILLAUME KASBARIAN
Exactement. Et c'est ça qui permettra, à la fin la baisse des taux d'intérêt, de débloquer le marché. Quand vous allez voir votre banquier, une simulation à 2%, ce n'est pas la même qu'une simulation à 4%. Et donc en réalité, tous les pays européens de la zone euro sont concernés par la crise immobilière, notamment du fait de ces taux d'intérêt. Le prêt à taux zéro permet de subventionner, notamment pour les ménages les plus modestes, le taux d'intérêt ; réduire donc la facture, les échéances mensuelles, ce qui vous est prélevé tous les mois sur le compte bancaire pour faire en sorte que votre projet immobilier puisse se réaliser. Donc un ajustement du PTZ est une option par exemple, qui peut être intéressante. La diminution des frais de notaire est aussi une autre option. C'est ce qui permet de rendre la facture un peu moins chère pour que, malgré des taux d'intérêt qui sont quand même plutôt élevés, les ménages y arrivent. Troisième dispositif qui peut arriver, c'est celui de la succession, de la donation et de la succession qui permet, par exemple, à des familles de donner à des enfants, des neveux et nièces, des petits-enfants, un pécule qui permet d'arriver à la banque avec un apport un petit peu plus important qui permet, là aussi, de diminuer la facture bancaire. Vous voyez que ce sont des dispositifs qui seront débattus par les parlementaires au budget et qui permettraient de mettre de l'huile dans les rouages dans un secteur qui est grippé, avec des acteurs qui souffrent, avec effectivement nombreux dépôts de bilan et avec des acteurs de la construction ou des promoteurs qui souffrent énormément.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc il y a une certaine urgence. Guillaume KASBARIAN, je vais recevoir tout à l'heure le patron de La France insoumise, Manuel BOMPARD. Il est vent debout contre la nomination de Michel BARNIER. Ils appellent d'ailleurs à se mobiliser à partir de demain dans toute la France, contre ce nouveau Gouvernement. Vous-même, vous avez été élu face au RN et il y avait un candidat écolo qui s'est retiré pour faire barrage au RN. Est-ce que vous, vous ne vous dites que vous vous êtes trompé de camp ?
GUILLAUME KASBARIAN
Non, je ne pense pas. Parce qu'aujourd'hui, Michel BARNIER, c'est…
APOLLINE DE MALHERBE
En allant chercher un ministre de Droite ?
GUILLAUME KASBARIAN
Mais, pardon, mais c'est un ministre républicain, un homme d'Etat, qui pendant de très nombreuses années a servi notre pays, qui s'est présenté au suffrage universel, qui a servi la France et l'Europe. Qui a réussi, avec ses talents de négociateur, de faire avancer des sujets. Et jusqu'à présent, tout le monde a reconnu le caractère républicain et gaulliste de Michel BARNIER. Et donc moi, je me sens tout à fait à l'aise à soutenir, où que ce soit, ma place personnelle, où que nous soyons, mais soutenir un homme qui me semble profondément républicain et gaulliste et qui me semble à même de réussir à rassembler très largement, comme il l'a fait dans son territoire, comme il l'a fait en France, comme il l'a fait au niveau européen, des sensibilités différentes, sans sectarisme et de façon assez ouverte dans la fidélité aux valeurs gaullistes et républicaines. Et je me sens tout à fait à l'aise d'expliquer à mes électeurs que pour éviter le blocage, même si nous avons des sensibilités qui peuvent être différentes, eh bien je souhaite soutenir cette personne, ce Premier ministre, qui a la charge de la France, et dont je souhaite encore une fois sincèrement le succès pour le bien des Euréliens, pour le bien des Français, et je souhaite qu'il réussisse.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci Guillaume KASBARIAN d'être venu dans ce studio ce matin. Vous êtes donc député d'Eure-et-Loir du groupe UPR, Ensemble pour la République.
Source : service d'information du Gouvernement, le 10 septembre 2024