Texte intégral
SAMUEL OLLIVIER
C'est l'heure de « L'interview politique ». Bonjour Guillaume DARET.
GUILLAUME DARET
Bonjour Samuel.
SAMUEL OLLIVIER
Ce matin, quelle est votre invitée ?
GUILLAUME DARET
Je reçois Amélie OUDEA-CASTERA, la ministre démissionnaire qui est en charge des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, puisque pour elle également, c'est le jour J.
SAMUEL OLLIVIER
Ce sont « Les 4V ».
GUILLAUME DARET
Et voilà, on s'installe. On est en direct sur ce plateau spécial pour les Jeux Olympiques et paralympiques. Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour Guillaume DARET.
GUILLAUME DARET
Alors, pour vous aussi, on le disait, c'est le jour J aujourd'hui. Dans quelques heures, en bas de ces Champs Elysées va se dérouler la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Dans quel état d'esprit vous êtes ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Eh bien on est impatients, on est heureux de retrouver ces vibrations-là. C'est les premiers Jeux paralympiques d'été de notre histoire. Et cette cérémonie d'ouverture à partir de 20h00 ce soir, elle va porter un message très fort d'inclusion, ça va être une cérémonie joyeuse. Une cérémonie aussi élégante, qui va mettre en lumière, à l'honneur une forme de chic à la française, et porter, je l'ai dit, des messages qui sont très importants : la place des personnes en situation de handicap. Cette chorégraphie qui est préparée par Alexander EKMAN, sous la direction de Thomas JOLLY, avec la notion de Discord, qui devient, sur la place de la Concorde, tout un message, tout un programme, quelque chose d'harmonieux. Ces enjeux d'égalité, ces enjeux d'inclusion, c'est vraiment ça qu'on veut aussi porter, en plus d'un spectacle sportif de toute beauté, avec ces Jeux paralympiques.
GUILLAUME DARET
Alors, combien de billets ont été vendus pour ces Jeux paralympiques ? On sent qu'il y a eu un véritable engouement.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, absolument. Plus de 2 millions, déjà. Il reste encore quelques opportunités. On a pu relâcher encore quelques nouvelles catégories de billets sur des sites qui étaient vraiment pris d'assaut, je pense au stade Tour Eiffel pour le cécifoot…
GUILLAUME DARET
Et on peut encore en acheter.
AMELIE OUDEA-CASTERA
... en para-dressage à Versailles. D'autres exemples aussi, comme l'escrime fauteuil au Grand Palais, le para-tir à l'arc aussi, qui a fait absolument un carton aux Invalides. Mais il reste en effet quelques opportunités sur, on va dire, les plus grandes jauges et sur des très beaux sports d'équipe, je pense au basket fauteuil, notamment à Bercy.
GUILLAUME DARET
Alors, on le disait, aux Jeux de Tokyo en 2021, 54 médailles pour l'équipe de France, 11 en or, 15 en argent, en bronze…
AMELIE OUDEA-CASTERA
55 même, puisqu'on en avait récupéré une en aval.
GUILLAUME DARET
55. Voilà. Alors, sur le plan sportif, est-ce que ce sera des Jeux paralympiques réussis ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors, Top 8, c'est l'objectif qu'on s'est donné. C'est un objectif qui est très exigeant, puisqu'on ne l'a pas atteint depuis les Jeux de Sydney en 2000. On avait réussi par le passé aux Jeux de Barcelone, à vraiment exploser tous les records avec 105 médailles, et on était à l'époque dans le Top 4. Mais depuis 2000, en raison d'investissements qui n'ont pas été suffisants pendant un certain nombre d'années, en raison aussi d'une concurrence qui a énormément progressé sous l'effet de la professionnalisation des para-sports, sous l'effet de leur internationalisation, avec de plus en plus de délégations engagées, sous l'effet aussi du développement technologique, de tout cela, on avait vraiment reculé au tableau des médailles. A Tokyo, on était 14?.
GUILLAUME DARET
Top 8, ça veut dire…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Donc ça, Top 8, ça veut dire…
GUILLAUME DARET
... combien de médailles d'or ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
... puisque tout ça, comme pour les Jeux olympiques, se mesure à l'or, ça veut dire doubler notre nombre de médailles d'or. On en avait eu 11 à Tokyo, donc allez, on va essayer d'en chercher 22, 23, peut être un tout petit peu plus. On a des athlètes féminines masculins très forts dans une série de disciplines. Ils se sont extrêmement bien préparés, avec des moyens très forts mobilisés par l'Etat, puisqu'on a multiplié par 4 le soutien au mouvement paralympique. Donc on est à fond derrière eux et on aura à coeur, bien sûr à moyen terme, à la fois d'ancrer ces moyens dans la durée et de viser aussi, pour les Paralympiques, le Top 5 qu'on a obtenu pour les Jeux olympiques.
GUILLAUME DARET
Alors, la maire de Paris s'est à nouveau baignée dans la Seine, hier, on l'a vue. Est-ce que vous, vous allez plonger à nouveau ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, moi j'ai eu beaucoup de travail là, donc non. Je serai ravie de le faire à nouveau. C'était une expérience absolument fantastique. C'est un grand chantier, et se dire que le 1er, le 2 septembre, nos para-triathlètes…
GUILLAUME DARET
Est-ce que vous êtes optimiste, justement ? Le para-triathlon dans la Seine…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, tout à fait.
GUILLAUME DARET
Ce sera bon ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Les indicateurs sont au vert sur la qualité de l'eau. On surveille aussi bien l'évolution du courant, mais pour l'instant, on est absolument serein sur la bonne tenue de ces épreuves à partir de dimanche.
GUILLAUME DARET
Alors, on parle beaucoup de l'héritage de ces Jeux olympiques et paralympiques. Concrètement, ces Jeux paralympiques, qu'est-ce que ça va changer durablement pour les personnes handicapées en France qui veulent faire du sport et même toutes les autres ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, ça doit d'abord changer notre regard collectif sur le handicap. Et moi je veux souligner qu'on a, à l'occasion de ces Jeux paralympiques, une initiative portée par l'Etat qui est absolument exceptionnelle, c'est à dire le fait d'emmener presque 200 000 jeunes scolaires assister à des épreuves paralympiques avec leurs enseignants. C'est un programme qu'on a appelé « Ma classe aux Jeux », qui va permettre d'avoir cette visibilité accrue pour notre jeunesse des para-sports, et de porter ces messages très éducatifs en matière d'inclusion. On a aussi un enjeu majeur, pour ne pas seulement changer le regard, mais la vie, le quotidien des personnes en situation de handicap. Donc on a fait des efforts considérables en matière de transports. Tout ne peut pas être transformé. On sait que le métro parisien, ça prendra plus de temps, des moyens extrêmement importants, mais il faudra y aller. On a des services qui ont été vraiment considérablement améliorés, pour tous les types de handicaps, et ça, je le souligne, c'est vraiment une accessibilité universelle, y compris pour les déficients visuels, pour les personnes sourdes et malentendantes.
GUILLAUME DARET
Parce que le message c'est : « On n'est pas des superhéros ».
AMELIE OUDEA-CASTERA
Exactement.
GUILLAUME DARET
C'est ce qu'ils ont dit, ils veulent être traités comme les autres.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument. Donc, ce volet transports, et le volet aussi de mise en accessibilité des petits commerces, des hôtels, des cafés, des restaurants, pour lesquels l'Etat a mobilisé une enveloppe de 100 millions d'euros à proximité de tous les sites de compétition. Et puis c'est évidemment la faculté qu'on doit donner aux personnes en situation de handicap, ils sont un peu plus de 12 millions en France, d'inscrire le sport dans leur cœur de vie. Les bienfaits qu'on évoque à longueur de journée pour vous et moi, il n'y a aucune raison d'en priver ou d'en éloigner les personnes en situation de handicap. Une sur deux aujourd'hui ne fait pas de sport ou très peu, donc c'est vraiment tout le sens là aussi de la formation qu'on a assurée, d'un certain nombre de clubs à l'accueil des personnes en situation de handicap, plus le déblocage d'enveloppes dédiées pour mettre en accessibilité les équipements sportifs. Et moi j'ai pris une mesure dont je suis fière, au ministère des Sports, on a décidé qu'il n'y aurait plus une seule subvention accordée à des grands événements sportifs, s'il n'y a pas une mise en accessibilité universelle des équipements et des infrastructures sur ce site, mais aussi une démonstration des para-sports, car on sait que cet enjeu de visibilité, il est majeur.
GUILLAUME DARET
L'héritage, c'est évidemment les installations, mais c'est aussi des choses extrêmement symboliques qui ont marqué les Français et le monde entier. La vasque olympique, par exemple. Ce matin, la maire de Paris, Anne HIDALGO, explique dans les colonnes du journal l'Equipe qu'elle souhaite garder cette vasque olympique et qu'elle aimerait aussi que les anneaux olympiques restent sur la Tour Eiffel. Est-ce que vous y êtes favorable ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
En tout cas, on a mis tout ça à l'étude. Vous savez, depuis le premier jour, le président de la République, il a vraiment à cœur qu'on garde une trace, y compris mémorielle, très forte. L'héritage, c'est ça aussi. C'est la raison pour laquelle il nous a demandé, au lendemain des Jeux olympiques, de mettre cela à l'étude. On le fait en liaison avec le ministère de la Culture, les architectes des Bâtiments de France. Il y a des enjeux artistiques, il y a des enjeux aussi de sécurité. Ces anneaux pèsent lourd.
GUILLAUME DARET
Vous y êtes favorable ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Eh bien on a envie, en tout cas, que ces magnifiques symboles que les Français ont tant aimés. Il va y avoir un nouveau pendant ces Jeux paralympiques, et y compris ce soir, 30 000 personnes qui vont se rendre à proximité de la vasque pour la voir à nouveau s'élever comme cela dans le ciel. Oui, on a à cœur que d'une manière ou d'une autre, ces grands symboles puissent faire partie pour de bon de notre patrimoine.
GUILLAUME DARET
Ces Jeux paralympiques, ces Jeux olympiques, ça va susciter des vocations. Il y a plein de jeunes enfants, jeunes garçons, jeunes filles qui nous regardent peut-être ce matin, qui veulent être les Léon MARCHAND, les frères LE BRUN de demain. Est-ce que fin août, début septembre, les clubs de sport en France sont prêts à faire face à cet engouement ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument. On les y a préparés. On y travaille depuis le mois de mai. On avait anticipé…
GUILLAUME DARET
Avec plus d'éducateurs.
AMELIE OUDEA-CASTERA
On sait qu'un événement réussi, c'est de l'ordre de + 10 à plus 15 % de licenciés dans les clubs.
GUILLAUME DARET
C'est ce que vous attendez.
AMELIE OUDEA-CASTERA
On a aujourd'hui à peu près une base de 16 millions de licenciés en France. Aller chercher ces 15 %, ça veut dire aller chercher 2 à 3 millions de nouveaux licenciés. Il y aura aussi une pratique dite libre, qui va se développer, des gens qui vont avoir envie de continuer à courir, à marcher, à faire du vélo. Toutes ces activités, qu'avec la grande cause nationale, qui est pour la première fois dédiée à la promotion de l'activité physique et sportive, eh bien on va continuer de porter, continuer d'encourager, continuer de soutenir. Nos clubs sont préparés. On a investi 1,2 milliards d'euros…
GUILLAUME DARET
Il y aura suffisamment d'éducateurs ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
... dans les équipements sportifs. C'était très important, parce qu'il y avait dans certaines régions, des enjeux de saturation qu'il fallait absolument surmonter. On a progressé là-dessus, et le plan sur les 5 000 équipements proximité permet déjà d'absorber, allez, presque 1,5 million de pratiquants supplémentaires. Oui, des éducateurs en plus. Des bénévoles aussi. Il y a une plateforme qui s'appelle, vous savez, «jeveux.aider.fr », qui montre qu'il y a une vraie dynamique sur le bénévolat. Les volontaires de Paris 2024 sont aussi un exemple extrêmement inspirant. On a plus de 20 % de mises en relation sur cette plateforme, qui montre que les Français ont envie de s'investir. Le sport est le premier secteur d'engagement en matière bénévole, c'est formidable, y compris auprès de notre jeunesse. Et il y a aussi des aides financières importantes. Le passeport, à la fois pour les enfants en situation de handicap, mais pour les enfants aussi issus de familles modestes, qui leur permet d'accueillir une licence dans un club.
GUILLAUME DARET
Merci beaucoup Amélie OUDEA-CASTERA.
AMELIE OUDEA-CASTERA
On sera au rendez-vous, nos athlètes sont…
GUILLAUME DARET
... à la cérémonie d'ouverture ce soir. J'allais vous demander si vous serez à la cérémonie de clôture, vous n'allez pas me répondre, j'imagine, vu la situation du gouvernement.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Nous verrons, mais je la suivrais quoi qu'il arrive.
GUILLAUME DARET
Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 septembre 2024