Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques, à France Bleu Nord le 24 septembre 2024, sur le parti présidentiel et le gouvernement dirigé par Michel Barnier et la politique de l'énergie.

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Intervenant(s) : 
  • Agnès Pannier-Runacher - Ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques

Média : France Bleu

Texte intégral

JEAN-MARC PEREZ
C'est l'invitée d'ici matin. C'est une députée du Pas de Calais, membre du parti présidentiel, qui représentera l'écologie au sein du nouveau gouvernement. Agnès PANNIER-RUNACHER a été choisie par le Premier ministre Michel BARNIER. Et nous sommes en direct, Thomas, avec la ministre de la Transition écologique, chargée également de l'Energie, du Climat et de la Prévention des risques.

THOMAS SCHONHEERE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.

THOMAS SCHONHEERE
Il y a quelques jours, avant que vous soyez nommée au sein de ce gouvernement, vous n'excluiez pas de voter une motion de censure si les lignes rouges fixées par votre camp étaient franchies par un éventuel gouvernement Barnier. Désormais, ce gouvernement a été formé, vous êtes à l'intérieur. Qu'est ce qui a changé dans l'intervalle ? Vous avez été rassurés sur des points précis ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, mais mon groupe Ensemble pour la République, qui est présidé par Gabriel ATTAL, l'ancien Premier ministre, a discuté avec Michel BARNIER et s'est engagé à soutenir avec exigence le nouveau gouvernement. Et c'est ça qui nous a permis à un certain nombre de ministres de rejoindre ce gouvernement, puisque ce gouvernement est un gouvernement qui réunit près de sept partis politiques différents de la droite jusqu'à des divers gauche et c'est à ce titre que nous pouvons continuer à avancer. Les Français attendaient un gouvernement, ils attendent que nous nous mettions au travail et donc nous sortons de ce moment où nous avions besoin de gouvernement pour maintenant avancer. Ça sera au Parlement de voter chaque loi avec exigence et nous ferons tout notre travail à Ensemble pour la République.

THOMAS SCHONHEERE
Mais est ce que les lignes rouges qui étaient défendues par votre camp, par votre groupe Ensemble pour la République, existent toujours ? Je pense notamment aux impôts, ça a été évoqué.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Alors je rappelle que dans le pacte législatif, dans le pacte que nous avions travaillé cet été avec l'ensemble des députés, nous indiquions qu'il fallait ne pas augmenter les impôts sur les classes moyennes, ceux qui travaillent, les classes populaires également, mais que nous étions ouverts à des taxations, par exemple des surprofits ou des rentes. C'est écrit noir sur blanc. Donc je crois que Michel BARNIER a été très clair sur ces sujets-là lors de ses premières prises de parole et en tout cas, il nous a confirmé que nous sommes dans une situation de finances publiques qui peut appeler à des bouger sur la fiscalité, mais que ces bouger ne peuvent pas renforcer la fiscalité des classes moyennes et des classes populaires.

THOMAS SCHONHEERE
Et est ce qu'une réforme éventuelle de l'aide médicale d'Etat, est ce que c'est une ligne rouge ? Bruno RETAILLEAU, le ministre de l'Intérieur, l'a de nouveau évoqué hier soir.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je m'attendais à ce que vous me passiez Bruno RETAILLEAU, c'est pour ça que j'ai marqué le silence, pardon.

THOMAS SCHONHEERE
On aurait pu reprendre l'extrait, mais il en a parlé hier, il était l'invité du JT de TF1.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon. Et donc, sur l'aide médicale d'Etat, nous avons été également clairs. C'est à dire que cette aide médicale d'Etat, une suppression ne serait pas acceptable. Pourquoi ? Parce que l'aide médicale d'État, au-delà de venir en aide d'étrangers sur le territoire, est un dispositif de santé publique. Vous savez qu'un certain nombre de foyers de maladies infectieuses. Sont liés à la circulation de ces maladies, je pense à la tuberculose et que, en santé publique, il faut traiter très vite. De même, lorsqu'on travaille dans les hôpitaux, on connaît ça très bien. Il faut traiter les gens avant qu'ils arrivent en situation d'urgence. Lorsque les gens arrivent en situation d'urgence, pour des raisons humanitaires, on les traite. Alors autant les traiter avant qu'eux-mêmes soient en difficulté. Et ça ne sert à rien de submerger les hôpitaux, ou en tout cas de leur demander de prendre en charge des situations qui auraient pu être traitées en amont. Je rappelle une chose. L'aide médicale d'État a été réformée à plusieurs reprises et ce n'est pas du tout comme on le fantasme un dispositif qui financerait des soins de confort. Ce sont vraiment des soins qui sont très clairement définis et qui correspondent à des soins importants à prendre en charge, le plus rapidement possible.

THOMAS SCHONHEERE
Donc il n'y a pas lieu, selon vous, de la supprimer.

AGNES PANNIER-RUNACHER
De la supprimer, non, certainement pas. Ensuite, tous les dispositifs peuvent être améliorables.

THOMAS SCHONHEERE
Agnès PANNIER-RUNACHER, avec la prévention des risques, justement cela rentre a priori dans vos attributions. Au mois de mai dernier la cour d'appel de Douai a condamné l'Etat à indemniser une cinquantaine de riverains de l'ex-fonderie METALEUROP dans le bassin minier pour les rejets qui ont été opérés par l'usine pendant plusieurs décennies, l'Etat, a priori, conteste cette décision puisqu'un pourvoi en cassation a été formulé. Vous assumez cette décision ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est une décision qui n'a pas été prise par mes soins, puisque je suis nommée ministre que depuis deux jours, et d'ailleurs le maire qui est concerné l'a bien redit, ce n'est pas une décision de Michel BARNIER et de son gouvernement, donc je vais me mettre en relation avec le maire, c'est une situation que je connais, qui plus largement montre l'importance de l'écologie, c'est-à-dire l'écologie ce n'est pas une question abstraite, c'est comment on prend des dispositions pour éviter que le type de pollution qui est arrivé à METALEUROP se répète, et, en gestion des risques c'est comment, aussi, on tire les conséquences de pollutions et on s'assure que les citoyens, les habitants, en l'occurrence du bassin minier, soient correctement accompagnés, donc je prendrai ce dossier en main très rapidement.

THOMAS SCHONHEERE
Autre dossier que vous allez devoir prendre en main, Agnès PANNIER-RUNACHER, la France s'est fixé pour objectif d'augmenter dans les prochaines années le nombre de parcs éoliens offshore, alors ces éoliennes en mer des projets sont en cours, il y a un débat public actuellement concernant Dunkerque, mais y en aura-t-il d'autres, faut-il des éoliennes, par exemple, au large de la baie d'Authie, dans le Pas-de-Calais, c'est un secteur qui a été évoqué à un moment ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, vous savez qu'il y a un travail qui a été engagé il y a un an, puisque c'est moi qui l'ai engagé lorsque j'étais au ministère de la Transition énergétique, qui vise à définir les zones les plus appropriées pour implanter des éoliennes marines…

THOMAS SCHONHEERE
A l'échelle des façades maritimes françaises.

AGNES PANNIER-RUNACHER
A l'échelle de chaque façade maritime, quand on dit les plus appropriés, on va prendre en compte les enjeux de paysage, on va prendre en compte les enjeux de biodiversité, on va prendre en compte le travail des pêcheurs, parce que les pêcheurs doivent continuer à pouvoir faire leur travail, on va prendre en compte, évidemment, et c'est important pour notre territoire des Hauts-de-France, les liaisons de transport, notamment entre la France et le Royaume-Uni, et on va définir aussi les zones qui sont les plus propices d'un point de vue, de vents, pour produire de l'électricité. Pourquoi on a besoin d'éoliennes marines ? Parce que les éoliennes marines produisent de l'électricité à un coût très compétitif et qu'elles le produisent de manière beaucoup plus continu que d'autres dispositifs de renouvelables, je pense aux éoliennes terrestres, et même au photovoltaïque, donc ça a beaucoup de valeur, mais effectivement ce n'est pas n'importe où et c'est tout l'enjeu de ce débat qui s'est poursuivi sur presque une année, et qui doit aboutir aujourd'hui avec la concertation de toutes les parties prenantes et notamment des élus locaux, et c'est sur cette base-là qu'on définira les zones.

THOMAS SCHONHEERE
Puisqu'on parle d'électricité, Agnès PANNIER-RUNACHER, l'Union française de l'électricité publie ce matin une étude, elle craint que les objectifs de sobriété qui sont imposés aujourd'hui aux fournisseurs d'énergie se répercutent sur les factures des consommateurs à partir de 2026, on parle d'une hausse d'un millier d'euros par an par ménage, vous allez faire quelque chose pour éviter ça, l'étude sort ce matin ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, là aussi, je vais regarder cette étude en profondeur. Je rappelle ce qu'est la sobriété. La sobriété c'est d'éviter le gaspillage et c'est la mesure qui a le plus d'efficacité, au sens où ça ne suppose pas d'investissement et ça permet de baisser les factures, au contraire, donc les politiques de sobriété sont très importantes, elles ne visent pas à se serrer la ceinture, elles visent à faire la chasse au gaspi, et on l'a vu, le plan sobriété, il y a deux ans, qui ne reposait sur aucune forme de contrainte, avait permis de baisser de 12 % notre consommation de gaz et d'électricité combinés sur un an, c'était bon pour la facture et c'était bon pour le climat. Donc, là aussi, moi mon objectif c'est que la transition écologique elle soit mise à la portée du portefeuille de chacun, que lorsqu'on fait des efforts, ce soit rémunéré, que chacun puisse bénéficier d'un air qui soit de meilleure qualité, d'une alimentation de meilleure qualité, d'une eau de meilleure qualité, l'écologie elle doit être populaire et ça sera très clairement ma ligne, elle ne doit être ni trop normative, ni surtout punitive.

THOMAS SCHONHEERE
Ce sera donc votre feuille de route Agnès PANNIER-RUNACHER, merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous ce matin sur France Bleu Nord, ministre de la Transition écologique, avec également dans votre portefeuille l'énergie, le climat et la prévention des risques. Bonne journée.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci, bonne journée à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2024