Texte intégral
JOURNALISTE
Bonjour Madame la ministre.
MAUD BREGEON
Bonjour.
JOURNALISTE
Alors, vous connaissez bien la région puisque vous êtes née à Poitiers, vous avez grandi à Beaulieu, vous vous deviez de faire votre premier déplacement en tant que ministre dans le Poitou ?
MAUD BREGEON
Oui, c'était important pour moi de revenir là où tout a commencé. Je suis née ici, j'ai grandi ici, au collège Théophraste Renaudot, au lycée du Bois d'Amour, pour ceux qui connaissent, jusqu'à mes 18 ans, mes parents sont là, ma sœur vit là, mon neveu vit là, donc c'était pour moi capital de pouvoir retourner à mes racines. C'est un symbole pour un premier déplacement ministériel et une façon aussi de dire à ce territoire toute l'affection que je lui porte.
JOURNALISTE
Et on va voir que le monde est petit puisqu'on recevait juste avant le président de l'Alterna State Poitevin Volleyball pour l'arrivée d'Ervin NGAPETH, Ervin NGAPETH que vous connaissez.
MAUD BREGEON
Ervin NGAPETH que je connais, on était au collège ensemble, 5e B, collège Théophraste Renaudot, j'embrasse tous mes anciens camarades de classe au passage, et c'est une grande fierté de voir qu'il revient ici, ça va apporter, je pense, beaucoup au territoire, beaucoup au club, et à mon avis on est tous très fiers ce matin, Poitevins, Pictaviens, de cette grande annonce.
JOURNALISTE
Il était comment en 5e ?
MAUD BREGEON
Il avait déjà beaucoup de caractère, et il passait déjà beaucoup de temps au volley.
JOURNALISTE
Vous étiez hier présente au Futuroscope pour un salon dédié aux collégiens autour du numérique et à l'occasion d'un atelier autour des idées préconçues vous avez dit ça.
MAUD BREGEON
Quand j'étais en école d'ingénieur, sur un domaine qui est, en l'occurrence les technologies numériques, sur 70 personnes, dans ma promotion, combien il y avait de filles à votre avis ?
INTERVENANTES
15. 13…
MAUD BREGEON
Six, six sur 70.
JOURNALISTE
Six filles sur 70 étudiants dans votre promo, dans votre école d'ingénieur il y a dix ans, en 10 ans ça a changé ?
MAUD BREGEON
Pas suffisamment. Les jeunes filles, les femmes, sont encore largement, largement, sous-représentées dans les filières scientifiques, techniques et technologiques, et c'est vraiment une cause que je veux porter aux côtés du Premier ministre. On a besoin de former davantage d'ingénieurs et on a besoin que les femmes s'engagent dans ces filières. Les femmes sont, et on le sait bien, tout aussi compétentes, tout aussi compétentes que les hommes, mais pour autant il y a besoin de changer les mentalités, il y a besoin de changer les mentalités à l'école, dans les familles, dans les entreprises, pour dépasser cette autocensure qui perdure encore aujourd'hui. Donc ça passe, à mon avis, par l'incitation dès l'enfance, et puis tout au long du parcours scolaire, tous les acteurs doivent s'y mettre, et moi j'y contribuerai modestement, à la place qui est la mienne, mais je pense que c'est aussi important d'avoir des femmes qui ont fait des études scientifiques, comme ça a été mon cas en devenant ingénieure, et qui aillent voir les plus jeunes pour leur dire à quel point elles peuvent s'engager.
JOURNALISTE
Et des femmes en politique également. Vous portez la parole d'un gouvernement avec 20 femmes et 19 hommes, parité respectée, en revanche aucune femme à des postes régaliens, aucune femme à des postes clés.
MAUD BREGEON
Je suis toujours stupéfaite qu'on se focalise sur ce qu'on appelle les ministères régaliens. Est-ce qu'au fond le ministère de la Justice est plus important que le ministère de l'Education nationale ? Je ne pense pas. Est-ce que le ministère de l'Intérieur est plus important que le ministère de la Santé ? Je pense pas non plus. Je prends ces deux exemples parce qu'on a des femmes à la Santé et à l'Education nationale. Donc, on a aujourd'hui des femmes de premier plan, qui sont dans des ministères de premier plan, Agnès PANNIER-RUNACHER qui est à l'Ecologie, qui est probablement le défi le plus important du siècle à venir, donc voilà, c'est bien la preuve, je pense, que le Premier ministre ne fait aucune différence.
JOURNALISTE
Le fait que le ministère à l'Egalité femmes-hommes ne soit plus qu'un secrétariat d'État, vous regrettez ?
MAUD BREGEON
Je m'attache peu aux dénominations et aux grades des uns et des autres…
JOURNALISTE
Ça change quand même beaucoup de choses.
MAUD BREGEON
Encore une fois, ce qui compte pour moi, c'est l'engagement du Premier ministre. Quand j'ai eu le Premier ministre au téléphone, lorsqu'il m'a proposé de rentrer au Gouvernement, une des choses dont il m'a parlé c'est l'importance, pour lui, de la parité au sein de son Gouvernement, de la place des femmes au sein de son Gouvernement, et de cette cause-là qu'il voulait porter, et c'est, à mon sens, le plus important, et puis il faudra suivre avec des actes.
JOURNALISTE
Alors, vous portez la parole d'un Gouvernement jugé par certains conservateur, Bruno RETAILLEAU, par exemple, le nouveau ministre de l'Intérieur, a voté contre l'inscription de l'IVG dans la Constitution, contre l'interdiction des thérapies de conversion. Comment on fait pour être porte-parole d'un Gouvernement quand on ne partage pas forcément toutes les idées de ses membres ?
MAUD BREGEON
D'abord, tous les Français ne pensent pas pareil. Et on l'a vu avec le résultat des élections ; ils n'ont pas fait le choix de la pensée unique. Michel BARNIER a constitué le Gouvernement le plus large possible avec des gens qui n'ont pas toujours été d'accord, qui ont eu des divergences par le passé, qui parfois se sont affrontés durement, qui ont des histoires et des cultures politiques différentes, mais qui s'inscrivent dans un cadre qui est celui fixé par le Premier ministre. Et notamment sur les questions sociétales, Michel BARNIER a rappelé qu'évidemment, évidemment, il n'y aurait aucun recul. Moi, je vais vous dire, je n'aurais pas rejoint ce Gouvernement si je n'avais pas l'absolue certitude des convictions de Michel BARNIER en la matière. Et il nous a dit l'autre jour que c'est un Gouvernement qui sera progressiste pour rappeler l'importance qu'il porte à ces questions-là. Donc, on s'inscrit dans un cadre et puis, on a la volonté de s'accorder. Vous savez, moi, j'entends beaucoup de gens, ici comme dans ma circonscription… mon ancienne circonscription en Ile-de-France, qui me disent "Au fond, on a envie que ça marche. On n'a pas envie d'instabilité, on n'a pas envie d'immobilisme. Et donc, mettez-vous d'accord." C'est ce qu'on essaie de faire en se mettant autour d'une table pour faire avancer le pays.
JOURNALISTE
Justement, qu'est-ce que vous pensez de la décision de Sacha HOULIE, député du camp présidentiel de la Vienne, qui a décidé de quitter la majorité ?
MAUD BREGEON
J'ai d'abord beaucoup d'amitié pour Sacha HOULIE, mais j'ai aussi, avec lui, des divergences politiques. On le sait, ça ne nous empêche pas de discuter, ça ne nous empêche pas de débattre. Je respecte la position qui a été la sienne parce que je pense qu'il s'est trouvé trop éloigné, à un moment, de ce qu'on portait. Et on peut ne pas être d'accord mais c'est quelqu'un qui a le courage de ses convictions. Et moi, j'ai beaucoup de respect pour ça.
JOURNALISTE
Vous êtes d'accord quand même pour reconnaître que c'est un Gouvernement qui penche à droite avec dix membres issus des Républicains ?
MAUD BREGEON
C'est un Gouvernement qui a été créé, composé par le Premier ministre, en tendant la main à la droite et à la gauche. Certains, à gauche, ont saisi la main tendue. Didier MIGAUD, ministre de la Justice, vient du Parti socialiste.
JOURNALISTE
Un seul.
MAUD BREGEON
Certains ont refusé de le faire. Moi, je m'en désole, mais on ne peut pas être tenu comptable de leur refus.
JOURNALISTE
Un gouvernement donc, je le disais, qui penche à droite, pour une partie des Français. Qu'est-ce que vous répondez aux Français qui ont voté pour le Nouveau Front populaire, qui ont placé le Nouveau Front populaire en tête des dernières élections législatives et qui ne se sont peut-être pas représentés aujourd'hui ?
MAUD BREGEON
Moi, je veux dire aujourd'hui que c'est un Gouvernement qui écoutera tous les Français. On n'écoutera pas uniquement ceux qui ont voté pour Renaissance ou Les Républicains. On écoutera les millions d'électeurs qui ont voté pour le Nouveau Front populaire, de même qu'on écoutera les millions d'électeurs qui ont voté pour le Rassemblement national. On peut combattre le programme des uns et des autres mais on ne combat pas leurs électeurs. Et aujourd'hui, il y a des Français qui ont besoin d'être entendus. Il y a des attentes, il y a des colères sur les questions de service public, sur les questions d'écologie, sur les questions de sécurité. Et donc, le Premier ministre sera le Premier ministre de tous les Français, peu importe d'où, lui, il vient.
JOURNALISTE
Une dernière question… Alors, évidemment, on va laisser le soin à Michel BARNIER de détailler sa déclaration de politique générale. Mais sur les impôts, vous voulez augmenter les impôts des plus aisés ; quelles sont juste les pistes étudiées ?
MAUD BREGEON
C'est au Premier ministre de le préciser lors de sa déclaration de politique générale. Moi, ce que je veux redire très clairement ici, c'est qu'on ne fera pas la poche des classes moyennes. Il n'y aura pas d'augmentation généralisée des impôts en France. Ce n'est pas aux Français qui travaillent, qui ont souvent du mal à boucler les fins du mois, ce n'est pas à eux qu'on doit demander l'effort aux multinationales aujourd'hui. Merci.
JOURNALISTE
Merci beaucoup Maud BREGEON, porte-parole du Gouvernement. Merci d'être venue dans notre studio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er octobre 2024