Texte intégral
FLAVIE FLAMENT
C'est maintenant l'heure – merci beaucoup Axel de TARLE – du rendez-vous politique. Et Julien, c'est justement Catherine VAUTRIN, ministre du Partenariat avec les Territoires et de la Décentralisation, qui est votre invitée ce matin.
JULIEN ARNAUD
Oui, Catherine VAUTRIN qui est la numéro 3 du gouvernement, c'est dire l'importance de votre portefeuille, Madame la Ministre. Merci beaucoup d'être avec nous ce matin. Bonjour.
CATHERINE VAUTRIN
Merci à vous. Bonjour.
JULIEN ARNAUD
Alors, il y a eu donc ce fameux discours de déclaration de politique générale prononcé hier par le Premier ministre, vous y étiez pour l'écouter. Il y a eu plein de sujets abordés. On va commencer, si vous voulez bien, par un sujet qui est le sujet de la sécurité, parce qu'il concerne l'ensemble des ministères évidemment, et c'est aussi un sujet très important pour les territoires, et puis, en plus, c'était très attendu après le meurtre de Philippine, il y a eu une minute de silence très émouvante qui a été respectée, à la demande de Yaël BRAUN-PIVET, la présidente, juste avant le discours. Le Premier ministre, il demande – pour être concret – des peines plus courtes, mais qui seraient exécutées dans des prisons spéciales. Est-ce que, de votre point de vue, on peut mettre ça en place rapidement, parce que ce n'est pas du tout le système français ?
CATHERINE VAUTRIN
Alors, je crois que ce qui est très important tout de suite à mettre en avant, c'est qu'effectivement, nos concitoyens le disent régulièrement, ce qu'ils souhaitent, c'est, d'abord, souligner le travail de la police, de la gendarmerie, et c'est, ensuite, bien évidemment, la réponse pénale, et finalement…
JULIEN ARNAUD
Qui ne suit pas…
CATHERINE VAUTRIN
Qui est ce qu'a dit…
JULIEN ARNAUD
Qui ne suit pas ?
CATHERINE VAUTRIN
Qui peut être améliorée en tout cas, et qui peut être améliorée avec notamment une réflexion qui a été évoquée par le Premier ministre hier, qui a été celle des prisons. Le Premier ministre est revenu sur ce sujet comme il est revenu sur un autre sujet, qui est celui de l'excuse de minorité, qui était un point qui a été très souvent évoqué, parce qu'évidemment, un mineur de 16 ans aujourd'hui n'a rien à voir, vous montriez des images des années 70, rien à voir avec les années 70. Et donc tout ça nécessite concrètement des réponses, avec, derrière, bien évidemment, un accompagnement. Parce que le sujet, c'est aussi comment on permet à notre société que chacun puisse vivre en liberté. C'est vraiment la sécurité, la liberté, c'est la première des libertés.
JULIEN ARNAUD
Alors, sur l'immigration, il veut, le Premier ministre, augmenter aussi le temps de rétention. Aujourd'hui, c'est 90 jours maximum. Il veut pouvoir aller plus loin. Mais sauf que, pour ça, il faut des centres de rétention, pour les prisons aussi, il faut en construire. Et dans les territoires, les élus, eh bien, ils n'en veulent pas.
CATHERINE VAUTRIN
Alors, il y a plusieurs sujets, sur le sujet de l'immigration, je crois qu'il faut toujours avoir deux idées en tête. La première, c'est, effectivement, mieux organiser l'immigration pour mieux intégrer. Parce que le sujet, c'est très concrètement que celles et ceux qui arrivent dans notre pays dans des conditions régulières soient accompagnés, intégrés pour faire leur vie, on ne choisit pas d'immigrer comme ça, quand on vient, on arrive, on arrive en situation régulière, et à partir de là, on a un projet en France. Pour ça, il y a une qualité d'intégration qui est très importante…
JULIEN ARNAUD
Alors juste, sur ce point, Nicolas SARKOZY, il dit – le Premier ministre a dit : il faut de la fermeté et de l'humanité, c'est ce que vous nous dites aussi – Nicolas SARKOZY, il dit : non, il faut choisir entre les deux. C'est ça la politique. Et Bruno RETAILLEAU a raison de choisir la fermeté. Est-ce que vous diriez la même chose ?
CATHERINE VAUTRIN
Moi, je pense qu'un des gros sujets, et nos concitoyens en entendent parler tous les jours, c'est cette fameuse notion d'OQTF, l'Obligation de Quitter le Territoire. Et la difficulté aujourd'hui, c'est qu'effectivement, il y a trop de temps entre le moment où la personne reçoit cette obligation de quitter le territoire et le moment où la personne est effectivement sortie du territoire…
JULIEN ARNAUD
Il n'y a jamais…, enfin, elle n'est pratiquement jamais sortie du territoire…
CATHERINE VAUTRIN
Et ça… alors, jamais, il ne faut pas non plus exagérer…
JULIEN ARNAUD
C'est moins de 10%…
CATHERINE VAUTRIN
Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que sur ce point, il faut être plus clair, tout comme il faut être plus clair, et c'est ce qu'a dit le Premier ministre, sur l'organisation de nos frontières. D'autres pays en Europe l'ont fait, je pense à l'Allemagne, je pense à la Pologne. Très concrètement, mieux accueillir pour mieux intégrer, pour, ensuite, permettre un parcours de vie.
JULIEN ARNAUD
Il n'a pas été très concret quand même, le Premier ministre, sur tous ces sujets. Il va falloir quand même qu'il nous donne des précisions sur ces sujets, comme sur…
CATHERINE VAUTRIN
On était dans un discours de politique générale, maintenant, nous avons notre feuille de route, et chacun des ministres doit appliquer maintenant le travail qui est le sien.
JULIEN ARNAUD
Il y a eu un grand flou aussi sur les impôts, même s'il a confirmé des hausses pour…
CATHERINE VAUTRIN
Ce n'est pas le grand flou. Je crois que c'est important…
JULIEN ARNAUD
Ce n'était pas très précis, hier, franchement…
CATHERINE VAUTRIN
Non, mais c'est important qu'on le dise à nos concitoyens. Je crois qu'il faut qu'on reprenne. Ça a été les deux points extrêmement importants sur la dépense publique. Ce qu'a dit le Premier ministre, c'est que nous avons une situation très élevée en matière de dépense publique. On dépense en moyenne en France 57% de la richesse nationale, quand ailleurs en Europe, on dépense 49…
JULIEN ARNAUD
Mais ça, le constat, tout le monde l'a fait…
CATHERINE VAUTRIN
La question, c'est comment on fait maintenant. Et ça passe par des économies…
JULIEN ARNAUD
Oui, sur quoi ? Sur quoi ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais sur le fonctionnement de notre pays. Vous parliez des normes, il y a un instant, vous parliez des histoires de DPE, par exemple, très concrètement, il y a un élu, le maire de Charleville-Mézières, Boris RAVIGNON, qui vient de faire un rapport…
JULIEN ARNAUD
Vous avez rendez-vous avec lui à 10h, tout à l'heure…
CATHERINE VAUTRIN
Ah, vous connaissez même mon agenda ! Et pourquoi j'ai rendez-vous avec lui ? Parce que c'est ça qui est intéressant, tout simplement parce que dans son rapport, il démontre qu'il faut qu'on regarde les normes par leurs coûts. Combien coûtent toutes ces normes qui sont pondues chaque année ? Plus de 6 milliards dans l'économie du pays. Pourquoi je le vois tout à l'heure ? Parce que son rapport propose des solutions concrètes. Moi, ce qui m'intéresse, maintenant, on regarde la norme, on regarde son coût et on voit comment effectivement on peut faire des économies. Ce qu'a dit en matière de finances publiques le Premier ministre, hier, est très important. Deux tiers d'économies, ça veut dire très concrètement, enlever tout ce qui coûte, la norme sur la norme, le fonctionnement…
JULIEN ARNAUD
Alors, c'est ce qu'on appelle le mille-feuille administratif. Le rapport du maire de Charleville est effectivement là-dessus, lui, il dit : il y a un gisement d'économies de sept milliards et demi. Est-ce que vous nous dites ce matin : je vais le voir, et je vais suivre ses recommandations, parce que le rapport, vous avez eu le temps de le lire, il a été publié il y a quatre mois déjà…
CATHERINE VAUTRIN
Alors, il a été publié avant l'été. Mais non seulement, on va regarder, mais, on ne va pas le faire tout seul. Moi, j'ai un ministère qui s'appelle Partenariat avec les collectivités. Donc, quelle est la méthode ? Très concrètement, c'est de prendre les différents éléments, de discuter avec les élus pour regarder effectivement quelles sont les normes sur lesquelles on peut revenir, et revenir rapidement, et quelles sont les mesures de progrès en matière de dépenses.
JULIEN ARNAUD
Et vous pensez pouvoir économiser combien sur la base de ce rapport ?
CATHERINE VAUTRIN
Je n'ai pas commencé, donc je ne vais pas déjà vous dire combien je vais faire. Annonçons des choses que l'on tient. C'est important, la confiance, et elle est sur la capacité à faire ce que l'on dit.
JULIEN ARNAUD
Est-ce que ce n'est pas quand même bizarre pour les impôts d'entendre un Premier ministre de droite annoncer des hausses d'impôts comme ça ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais vous savez, c'est un effort que chacun doit faire pour redresser nos comptes publics. Je crois que les Français le savent, ils en entendent parler tous les jours. Mais c'est important que chacun mesure la dette qui est la nôtre. 3.228 milliards de dette. On paie chaque année 51 milliards d'intérêts de la dette. C'est plus que le budget de l'Education nationale. Ce n'est pas possible.
JULIEN ARNAUD
Qui sont ces ménages fortunés qui vont payer davantage ? Il est fixé où le seuil ?
CATHERINE VAUTRIN
Pour l'instant, à ce stade, il n'est pas encore fixé. La question, c'est de demander à nos concitoyens les plus aisés de participer au redressement de notre pays, comme, d'ailleurs, c'est également demandé à certaines entreprises.
JULIEN ARNAUD
Axel de TARLE nous expliquait, il y a quelques instants, que le Premier ministre avait annoncé un recul sur la zéro artificialisation nette. On va pouvoir construire à nouveau des logements, c'était…
CATHERINE VAUTRIN
Pourquoi recul ?
JULIEN ARNAUD
Eh bien, parce que la mesure, elle était prise, et finalement, eh bien, il dit : on va s'en affranchir désormais. Est-ce que ça n'est pas un recul écologique ?
CATHERINE VAUTRIN
Alors, vous avez entendu, les mots ont un sens. On va regarder et on va regarder par territoire. Ce n'est pas l'abrogation ni le grand soir. Tout le sujet, moi, je suis une élue locale, je vois bien comment ça se passe sur mon territoire, à certains endroits, il y a probablement besoin d'un peu d'allégements, à d'autres, pas. On a deux sujets. On a, d'un côté, effectivement, cette norme, et on doit trouver de la souplesse, parce qu'on a un énorme besoin de logements. Et le logement, c'est un levier de croissance. D'un autre côté, personne n'oublie, 1°) : la dette écologique, le Premier ministre l'a mise en avant, 2°) : notre souveraineté alimentaire, et on ne sait pas encore faire autrement pour produire que d'utiliser nos terres.
JULIEN ARNAUD
Il y a quand même un recul là-dessus, comme il y a un recul sur la Nouvelle-Calédonie. Ça, c'est un sujet évidemment qui vous concerne directement. Il a expliqué que les élections seraient reportées, et le projet qui a mis le feu aux poudres, qui est le dégel du corps électoral, ne sera pas soumis au Congrès. Est-ce que ça veut dire que cette réforme, elle est purement et simplement enterrée ?
CATHERINE VAUTRIN
On voit très bien qu'aujourd'hui, on a un sujet absolument majeur en Nouvelle-Calédonie, et notamment un sujet économique, avec le coût de ce qui s'est passé, un coût humain extrêmement important. Et c'est évidemment le premier auquel je pense, et l'idée de la mission qui est confiée tant au président du Sénat qu'à la présidente de l'Assemblée nationale, c'est de retrouver les voies du dialogue, et donc d'arriver avec une capacité à regarder ce que nous pouvons faire pour ce territoire, qui est un territoire auquel notre pays est particulièrement attaché.
JULIEN ARNAUD
Ça veut dire que les émeutiers ont gagné ?
CATHERINE VAUTRIN
Le sujet, c'est de regarder comment ensemble on reconstruit et comment on s'inscrit dans un avenir partagé.
JULIEN ARNAUD
On est pragmatique ce matin, visiblement, du côté du gouvernement, quitte à assumer certains reculs quand même. Merci beaucoup, Catherine VAUTRIN, Madame la Ministre, d'être venue dans « Les 4 V ».
CATHERINE VAUTRIN
Merci à vous.
FLAVIE FLAMENT
Merci, merci à tous les deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 octobre 2024