Déclaration de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à deux questions sur la situation au Moyen-Orient, à l'Assemblée nationale le 8 octobre 2024.

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Circonstance : Questions au Gouvernement, en séance publique, à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député [Jérémie Patrier-Leitus],

Vous avez raison de rappeler que la France se tient aux côtés d'Israël, pays auquel elle attache tant de liens, et dans lequel vivent 180.000 de nos compatriotes. Et la France est indéfectiblement attachée à la sécurité d'Israël. Et ce ne sont pas que des mots. Ce sont, comme vous le rappeliez, Monsieur le député, des actes.

Quand Israël est la cible d'attaques balistiques de l'Iran, la France mobilise ses moyens militaires pour aider Israël à les parer. Ce fut le cas en avril. Ce fut encore le cas ce mois d'octobre. Quand le programme nucléaire iranien menace la sécurité d'Israël, c'est la France qui est en première ligne des efforts internationaux pour lui faire échec. Et quand le Hamas se rend coupable, comme ce fut le cas l'année dernière, du pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah, c'est encore la France qui sanctionne les dirigeants du Hamas et qui entraîne les Européens à faire de même.

Aujourd'hui, la seule force ne peut suffire à garantir la sécurité d'Israël, à ramener les otages, à permettre le retour des populations déplacées dans le nord d'Israël. Le recours à la force doit donc céder la place au recours au dialogue et à la diplomatie. Et des solutions politiques existent, Mesdames et Messieurs les députés, mais il reste peu de temps. C'est pourquoi nous avons, il y a dix jours, mis sur la table une proposition de trêve permettant de négocier un cessez-le-feu durable, garantissant la souveraineté et l'unité du Liban d'un côté, et la sécurité d'Israël, et notamment des villages du nord du pays. Et s'agissant de Gaza, notre approche, comme je l'évoquais à l'instant, est celle de soutenir ce cessez-le-feu le plus rapidement possible pour obtenir la libération des otages et l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire et faire avancer la solution à deux Etats, qui garantit la sécurité d'Israël et l'existence d'un Etat de Palestine à ses côtés.


Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député Michel Herbillon,

Merci pour votre question sur ces sujets que vous connaissez parfaitement. Merci d'évoquer le sort des otages et des otages français, arrachés à leurs familles et jetés dans les caves du Hamas, au matin du 7 octobre. Au terme d'efforts considérables, quatre ont été libérés en fin d'année dernière. Deux autres ont été assassinés cet été. Deux autres enfin sont toujours plongés dans l'enfer noir de la captivité : Ofer Kalderon, 52 ans, père de famille ; Oha Yahalomi, 50 ans, père de famille. Leurs familles ont été reçues par le Président de la République et le Premier ministre hier, qui leur ont redit avec force que nous ne les abandonnerons jamais.

C'est dans ce contexte que je me suis rendu, vous l'avez dit, après un déplacement au Liban lundi dernier, en Arabie saoudite, au Qatar, en Jordanie, en Israël et dans les territoires palestiniens. Pourquoi ? D'abord pour mobiliser l'ensemble de nos partenaires régionaux en faveur d'une désescalade, et d'une cessation des hostilités au Liban comme à Gaza, dans l'intérêt de ces pays, dans l'intérêt de la région. J'ai exposé aux autorités israéliennes ma conviction, dont j'ai compris que vous la partagiez, que la force militaire ne pouvait seule garantir la sécurité d'Israël, et qu'après un an de guerre, le temps de la diplomatie était venu. J'y suis aussi allé pour obtenir l'appui de tous pour la conférence internationale de soutien au Liban que nous organiserons bientôt, pour apporter de l'aide humanitaire nécessaire à la population, renforcer l'armée, les institutions libanaises, oeuvrer à un règlement diplomatique. Et nos partenaires s'engagent, embrayent, à nos côtés : aujourd'hui même, un vol humanitaire franco-qatarien atterrira à Beyrouth.

Enfin, j'ai marqué notre soutien à nos ressortissants et à nos agents dans des pays aujourd'hui confrontés à la guerre. Leur sécurité est notre priorité, et le réseau diplomatique est pleinement mobilisé. J'ajoute le soutien moral à nos militaires de la FINUL, 700 au Sud-Liban. Bravo à eux et merci pour leur courage.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 octobre 2024