Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques, à Europe 1 le 11 octobre 2024, sur le prix de l'électricité, l'augmentation du malus à l'achat d'une voiture neuve thermique, le budget 2025, la politique économique et la vie politique.

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Média : Europe 1

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Romain DESARBRES.

ROMAIN DESARBRES
Invitée de la grande interview, Cnews-Europe 1, vous êtes ministre de la Transition écologique. On va parler de tous les sujets évidemment, mais on va parler beaucoup du budget et du prix de l'électricité parce que les Français veulent savoir si leur facture va augmenter ou pas. Vous allez augmenter la TICFE. Alors, c'est un nom barbare comme on dit, c'est la Taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité ; une grosse taxe sur l'électricité. Elle avait baissé à 50 centimes par mégawattheure pendant la crise de l'énergie. Est-ce que vous allez l'augmenter et de combien ? On lit que vous allez augmenter de jusqu'à 50 euros… Qu'elle va augmenter de 50 euros.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, cette taxe va effectivement augmenter. Il y a d'abord une première chose qui est la fin du bouclier énergétique. Vous savez, comme vous le disiez, que lorsque le coût de l'électricité, le coût de fournitures pour l'énergéticien qui, ensuite, va vous vendre de l'électricité, à vous particuliers, s'est envolé. Nous avions baissé toutes les taxes de façon à limiter l'impact sur la facture des Français. Aujourd'hui, cette taxe revient à son niveau initial. Ça, c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est que, comme le prix de l'électricité - cette fameuse fourniture - a énormément baissé ; nous utilisons… Plutôt ce qui est proposé dans le texte du Gouvernement qui va passer au Parlement, c'est d'aller un peu plus loin avec un objectif très simple : c'est que tous les Français qui sont aujourd'hui aux tarifs réglementés - c'est plus de la moitié d'entre nous - auront une baisse de 9% au 1er février.

ROMAIN DESARBRES
Une baisse qui aurait été plus importante si vous n'aviez pas augmenté autant la taxe… mais le Gouvernement a besoin d'argent. C'est ça l'idée ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà. Exactement. C'est exactement ça.

ROMAIN DESARBRES
Mais le Gouvernement a besoin d'argent. C'est ça l'idée ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ça l'idée. Alors, moi, je vais être très précise. Je suis ministre de l'Energie, j'ai été ministre de l'Industrie et je suis cette aile gauche de ce gouvernement. Je serai très vigilante dans la discussion avec les parlementaires pour m'assurer de trois choses. La première chose, c'est que la façon dont nous le faisons permette de ne pas handicaper les industriels. Les industriels paient aussi l'électricité et ils paient aussi des taxes.

ROMAIN DESARBRES
Il ne faut pas que ça a un impact sur la croissance.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Et surtout sur leur compétitivité relative par rapport à d'autres pays. Donc on va regarder ça. La deuxième chose, c'est évidemment le pouvoir d'achat des Français. Ceux qui sont aux tarifs réglementés, ils vont avoir une bonne nouvelle. Mais il y en a qui ont déjà bénéficié de la baisse. Et donc, il faut être attentif à ce que cette baisse qu'ils ont eu leur facture en 2024 se traduise par, ensuite en 2025, par un rebond qui serait désagréable. Et puis, la troisième chose, c'est l'écologie. Il ne faut pas que l'électricité coûte plus cher que les énergies fossiles. Personne ne comprendrait.

ROMAIN DESARBRES
C'est ça, effectivement. Le tarif réglementé, en quelques mots pour bien comprendre, parce qu'on ne sait pas toujours si on est aux tarifs réglementés ou pas.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Le tarif réglementé, c'est le tarif dont vous bénéficiez lorsque vous ne vous occupez pas trop de votre contrat d'électricité, c'est 60% des Français ; c'est le fameux tarif EDF. Les gens disent…

ROMAIN DESARBRES
Entre guillemets, à l'ancienne.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est le tarif EDF à l'ancienne. Vous pouvez avoir un autre fournisseur d'électricité qui va voir un tarif dont les règles du jeu sont à peu près celles d'EDF et donc qui vont suivre les évolutions de ce tarif, c'est-à-dire qu'ils vont également baisser l'année prochaine. Et puis, si vous êtes très agiles, si vous suivez les contrats, si vous allez chercher le contrat le moins cher, là, vous avez bénéficié probablement déjà d'une baisse du coût de l'électricité. Et c'est là où vous pouvez avoir une petite remontée.

ROMAIN DESARBRES
Le malus à l'achat d'une voiture neuve, il est alourdi pour les voitures thermiques. Le bonus, lui, est réduit pour les voitures électriques. Vous taxez de partout l'achat de voitures.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors non. Il faut remettre les choses en perspective. On a des enveloppes pour accompagner l'électrification des véhicules.

ROMAIN DESARBRES
Oui, mais l'enveloppe baisse.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais ça s'appelle une subvention, Romain DESARBRES.

ROMAIN DESARBRES
De 1,5 milliard, elle passe à 1 milliard.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça s'appelle une subvention, ce n'est pas une taxation. Il ne faut pas dire ça aux Français ; ce serait leur mentir. En revanche, mais ça, pour le coup…

ROMAIN DESARBRES
Ça, c'est pour le bonus. Pour le malus ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Le malus… Si vous achetez une voiture qui émet peu de CO2, vous n'avez pas de malus, évidemment. Si vous achetez une voiture - et c'est particulièrement vrai pour les gros SUV à essence ou diesel - eh bien, ça fait un impact sur la planète. Cet impact, vous l'avez près de chez vous. Moi, j'étais en Seine-Maritime où vous aviez les gens qui étaient sous l'eau à cause des inondations. Eh bien, à un moment, on fait payer les pollueurs. C'est de ça qu'il s'agit. Et je veux être très clair, c'est impactant pour les grosses voitures.

ROMAIN DESARBRES
Vous allez tuer l'industrie automobile.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non. On va soutenir l'industrie des voitures les moins polluantes.

ROMAIN DESARBRES
Vous soutenez l'industrie avec des taxes ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais non, Romain DESARBRES. Vous ne pouvez pas dire ça. On a, d'un côté, la carotte, c'est le bonus ; et de l'autre côté, vous avez le bâton, c'est le malus. Donc si vous achetez une voiture qui émet très peu de CO2, non seulement vous ne payez rien en malus, mais en plus vous avez une aide. Donc c'est une incitation à ne pas payer le malus. C'est de ça qu'il est question. Si maintenant, vous voulez absolument avoir un gros véhicule qui pollue beaucoup, vous payez le prix de cette pollution. Parce que cette pollution, aujourd'hui, elle va se traduire par de la mise en danger du patrimoine d'autres Français qui sont près des côtes ou qui font face à des inondations. Et il faut que tout le monde soit responsable.

ROMAIN DESARBRES
Une question sur le budget global : qu'est-ce qui s'est passé l'année dernière ? Pierre MOSCOVICI était incapable de l'expliquer. On est parti d'un déficit de 4,4%, on arrive à 6,1% ; les comptes ont totalement dérapé. Qu'est-ce qui s'est passé dans les comptes publics l'année dernière ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, il y a un phénomène que l'on voit très nettement, qui explique une grosse partie de ce dérapage, c'est que les prévisions de recettes de l'année dernière ne sont pas du tout au niveau attendu. C'est-à-dire que…

ROMAIN DESARBRES
Pardonnez-moi l'expression, mais qui s'est trompé, pour être poli ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je n'étais pas en charge du budget, donc c'est un travail que va faire Antoine ARMAND, c'est de bien comprendre pourquoi le modèle économique qui est utilisé pour prévoir les recettes, c'est-à-dire qu'on dit " on va avoir 1% de croissance " on a 1% de croissance. On a le bon niveau de croissance, on a le bon niveau de chômage tel qu'il était prévu dans le budget. Et on n'a pas le bon niveau de recettes. Pourquoi cette croissance fait qu'on n'a pas autant d'impôt sur les sociétés et autant de TVA qu'attendue ? C'est ça qu'il faut comprendre. Mais l'écart, il est déjà de plus de 20 milliards d'euros, ne serait-ce que sur ces deux lignes. Et donc, il y a probablement un problème de capacité de notre croissance à soutenir la production de recettes ; charges sociales d'un côté et TVA, IS, IR (impôt sur le revenu) de l'autre.

ROMAIN DESARBRES
Impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu. C'est la grande interview, Cnews-Europe 1, d'Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique. L'augmentation des pensions de retraite repoussée de janvier à juillet ; ça, vous l'assumez parfaitement ? Vous nous disiez que vous étiez l'aile gauche de la Macronie.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, moi je suis députée du Pas-de-Calais. C'est un point dont on a discuté avec un certain nombre de personnes sur le terrain. Je crois que les gens se disent si, effectivement, les efforts sont vraiment partagés, si effectivement on va… tout le monde se prend en main et ça nous évite d'avoir à payer plus cher nos intérêts, les intérêts qui sont liés à la dette financière. Ce qui serait une catastrophe parce que cet argent qu'on paie aux investisseurs qui portent notre dette, on ne l'utilise pas pour des politiques publiques. On peut faire cet effort-là, mais il faut qu'il soit ciblé, ponctuel et que tout le monde joue le jeu. Donc c'est très exactement de ça qu'il est question. Maintenant, c'est une proposition…

ROMAIN DESARBRES
Tout le monde doit jouer le jeu, y compris les retraités ? C'est ça le message ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout le monde peut, effectivement, prendre sa part. C'est une proposition, encore une fois, qui est mise par le Gouvernement sur la table. Si les groupes politiques qui sont autour de l'hémicycle, à l'Assemblée nationale et au Sénat ont de meilleures propositions, on les examinera volontiers.

ROMAIN DESARBRES
Vous aviez probablement vu ce que dit Jean-Philippe TANGUY, député Rassemblement national ? Il dit que ce budget est inacceptable.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais Jean-Philippe TANGUY dit à la fois qu'il faut baisser les dépenses, mais en même temps qu'il ne faut pas baisser chacune de ses dépenses individuellement. Donc qu'il nous explique comment on arrive à baisser le déficit avec l'équation que nous avons. Parce que, ne lui en déplaise, mais l'essentiel des dépenses dans un budget de finances publiques, ce sont toute la partie… c'est la partie sociale : c'est les retraites, c'est l'assurance maladie, c'est l'assurance pour les accidents, les maladies professionnelles, c'est la famille, c'est tout ce chapitre-là qui représente plus de la moitié des dépenses publiques. Donc, nous, on est prêts à travailler de bonne foi, avec tous les groupes politiques, pour trouver les meilleurs réglages dans un objectif de justice sociale, de justice fiscale et surtout de vérité sur le budget.

ROMAIN DESARBRES
Ça va passer par 49.3. Vous n'aurez pas de majorité pour voter ce budget.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais moi, je ne fais pas les questions et les réponses avant de rentrer dans la mêlée. On m'a, plusieurs fois, dit que des textes que j'ai portés ne seraient pas…

ROMAIN DESARBRES
Vous voyez une majorité pour le voter ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
On m'a plusieurs fois dit que des textes que je portais n'avaient aucune chance d'être votés et j'ai réussi à les faire voter. Donc je n'ai aucune raison, aujourd'hui, d'injurier l'avenir et surtout de ne pas compter sur la responsabilité de l'ensemble des groupes politiques.

ROMAIN DESARBRES
On parlait des SUV tout à l'heure, du malus sur les SUV. Des Français ont subi des inondations. Vous êtes allée sur le terrain d'ailleurs en Seine-et-Marne.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, à Coulommiers.

ROMAIN DESARBRES
A Coulommiers, avec les restes de l'ouragan Kirk. Sandrine ROUSSEAU a dit que c'était de la faute de la croissance économique s'il y avait des inondations. C'est en gros ce que vous disiez à l'instant. C'est à cause de ceux qui roulent en SUV. Vous êtes d'accord avec elle ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, il ne faut pas confondre croissance économique et émission de CO2.

ROMAIN DESARBRES
L'idée est la même.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, rien à voir. Rien à voir, Romain DESARBRES. Je vous donne un exemple : en 2023, on a baissé nos émissions de CO2 de 5,8% et nous avons eu de la croissance économique. Donc surtout, ne racontons pas que la baisse des émissions de CO2, c'est la décroissance et c'est le malheur. Ça n'a rien à voir. Ce que nous sommes en train de construire, c'est une trajectoire où on change les modes de déplacement, de logement, de chauffage. Je vous donne un exemple : nous avons la chance d'être dans un pays où l'électricité est décarbonée à 90%. Pour les gens, qu'est-ce que ça change ? Rien. Ils ont de l'électricité. Et elle n'émet pas de CO2 comme le charbon, comme le gaz, comme le fioul. Donc ne confondons pas croissance et baisse des émissions de CO2. En revanche, et c'est tout le travail que nous faisons, comment nous accompagnons chaque Français pour pouvoir avoir accès à des solutions qui n'émettent pas du carbone ? C'est notre écologie, elle doit être populaire. Elle doit s'adresser à tout le monde. Moi, j'habite dans la ruralité ; comment je fais pour chauffer ma maison ? Est-ce que j'ai une solution qui fonctionne ? Est-ce que la température… Est-ce que la pompe à chaleur, ça va fonctionner dans ma maison ? Est-ce que je peux avoir accès à des aides pour la rénovation thermique ? C'est ça le sujet que se posent les Français. Et c'est là où nous devons être au rendez-vous.

ROMAIN DESARBRES
On parlait de croissance à l'instant. Vous avez probablement entendu ou lu Gérald DARMANIN qui dit que l'un des vrais problèmes de l'économie française, c'est qu'on ne travaille pas assez. On ne travaille pas assez. On ne travaille pas assez dans le public, on ne travaille pas assez dans le privé. Qu'est-ce vous en pensez ? Vous êtes d'accord avec lui ou pas ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je pense que le sujet c'est qu'on ne produit pas assez de richesse.

ROMAIN DESARBRES
Attendez, si on travaille plus, plus longtemps, on produit plus de richesses ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce dont on s'est aperçu, c'est que la productivité française a baissé. Et donc…

ROMAIN DESARBRES
C'est un gros souci, ça ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et c'est un gros souci, vous avez parfaitement raison, c'est-à-dire que la somme de travail que nous faisons ne crée pas autant de croissance qu'elle le faisait par le passé. Est-ce que c'est parce qu'on n'est pas positionnés sur des activités à valeur ajoutée suffisante ? Et c'est tout l'enjeu de la réindustrialisation. C'est tout l'enjeu de pouvoir remettre en France des activités qui créent beaucoup de richesses.

ROMAIN DESARBRES
Donc, est-ce qu'il faut que les Français travaillent plus ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un sujet qui doit être travaillé avec les partenaires sociaux, mais là aussi, ne lançons pas…

ROMAIN DESARBRES
Mais vous pouvez avoir une idée sur le sujet.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Si je puis me permettre, moi, ce qui m'intéresse surtout, c'est que les Français soient positionnés sur des métiers qui créent de la richesse, créent de la richesse pour eux, c'est-à-dire qui soient mieux rémunérés et qui créent de la richesse pour le pays. Et c'est tout l'enjeu de la réindustrialisation. Si vous voulez une idée qui fonctionne pour créer de la croissance et créer de la richesse, c'est ce combat de la réindustrialisation. Je pense qu'il est plus porteur que de savoir si on travaille une heure de plus, une heure demain. Je vous dis pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, les Français travaillent 38 à 39 heures en moyenne avec les heures supplémentaires.

ROMAIN DESARBRES
Bruno RETAILLEAU veut abroger la circulaire VALLS qui permet la régularisation d'environ 30 000 sans-papiers, chaque année. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez, on a déjà tous les outils pour lutter contre l'immigration illégale et surtout pour lutter contre les passeurs. Et donc, de quoi parle-t-on avec la circulaire VALLS ? On parle de femmes et d'hommes qui travaillent en France, qui travaillent dans les cuisines de nos restaurants, qui travaillent pour garder nos enfants, pour prendre soin de nos aînés. Et ce sont souvent les mêmes qui s'inquiètent de la régularisation de ces personnes qui ont choisi la France et qui prennent leur part de la charge de la collectivité, qui n'accepteraient à aucun prix d'exercer les métiers indispensables qu'ils exercent en France.

ROMAIN DESARBRES
Bruno RETAILLEAU dit qu'il y a 500 000 étrangers qui sont au chômage en France et qui ont des papiers, eux. Pourquoi ne pas commencer par leur donner du travail à eux, plutôt qu'à des gens qui sont en situation illégale en France ? Ça s'entend comme argument.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais personne ne les empêche d'avoir accès à du travail. Donc il faut peut-être se poser la question : pourquoi vous avez des gens, aujourd'hui, qui n'acceptent pas les conditions de travail et les métiers difficiles ? Et peut-on reprocher à quelqu'un qui travaille, qui est installé depuis des années, qui paie ses cotisations sociales, qui fait le choix de la France, qui s'est intégré, qui parle le français, peut-on lui reprocher d'être ce qu'il est et de demander à être naturalisé ? Moi, je suis pour que les gens qui font, qui choisissent la France, qui choisissent ses valeurs, qui prennent leur part de l'effort collectif, puissent être reconnus. Je pense que l'effort et le mérite doivent être reconnus. Ça n'a rien à voir avec des gens…

ROMAIN DESARBRES
Qui doivent permettre d'obtenir des papiers. Vous n'êtes pas d'accord avec Bruno RETAILLEAU alors ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
S'ils font leur part du travail, s'ils nous aident, y compris parce qu'il y a beaucoup de l'hypocrisie. Comment faites-vous ?

ROMAIN DESARBRES
Mais si, je vous suis, Agnès PANNIER-RUNACHER…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais Romain DESARBRES…

ROMAIN DESARBRES
Vous n'êtes pas d'accord avec Bruno RETAILLEAU ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, je ne suis pas d'accord avec Bruno RETAILLEAU comme sur plusieurs sujets. Je ne suis pas d'accord avec Bruno RETAILLEAU. Et c'est pour ça que nous sommes un Gouvernement de coalition avec des familles politiques différentes et que notre objectif, c'est de trouver des points d'équilibre, non seulement entre nous, au sein du Gouvernement, mais surtout à l'Assemblée nationale et au Sénat. Parce qu'encore une fois, celui qui fera les lois, ceux qui feront les lois, ce sont les députés et les sénateurs.

ROMAIN DESARBRES
Une dernière question, Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique, vous avez refusé de serrer la main d'un député RN, Flavien TERMET qui a dû démissionner depuis. Vous regrettez ou pas, de ne pas serrer la main d'un autre député ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous rassure, non seulement, je lui dis bonjour parce que je suis quelqu'un de poli, mais je lui ai serré la main en dehors de l'hémicycle. Mais je ne sers pas la main aux idées du Rassemblement national. Et je vous invite à regarder cette séquence très intéressante de 2012. En 2012, François FILLON, Jean-François COPE, Gérald DARMANIN, ne serrent pas la main à Marion MARECHAL LE PEN. C'est un acte politique. Bien sûr qu'ils disent bonjour à Marion MARECHAL LE PEN à l'extérieur de l'hémicycle. Mais ce qu'ils manifestent par-là, c'est de dire « Les idées du Rassemblement national ne me conviennent pas et je ne mets pas en scène dans une forme de compromission avec le Rassemblement national. » Ça n'empêche pas que ce soient des élus qui ont été élus par les Français, qui ont une légitimité démocratique.

ROMAIN DESARBRES
Et dont vous allez avoir besoin pour voter des textes.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et dont je n'aurai peut-être pas besoin si le Nouveau Front populaire assume ses responsabilités et prend toute leur part dans l'examen des textes. S'ils bloquent pour bloquer, forcément les textes passeront avec d'autres voix. S'ils font le travail de passer des amendements et de créer le rapport de force qu'on a à l'Assemblée nationale en disant « je vote votre texte à condition qu'on l'améliore sur tel ou tel aspect, alors, bien entendu, on le votera sans les voix du Rassemblement national. » Le Rassemblement national, ce sont 140 députés ; le Nouveau Front populaire, à peu près 190 ; le bloc central, 160 ; la droite républicaine, 50. C'est ça les rapports de force à l'Assemblée nationale.

ROMAIN DESARBRES
Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique, était l'invitée de « la Grande Interview » Cnews Europe 1, merci beaucoup, bonne journée à vous.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci à vous Romain DESARBRES.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 octobre 2024