Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Excellent réveil à tous. Merci d'avoir choisi RMC. Il est 7 h 39 et on est avec François DUROVRAY. Bonjour.
FRANÇOIS DUROVRAY
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes le nouveau ministre des Transports, l'examen du budget qui entre dans le vif du sujet aujourd'hui à l'Assemblée. On va voir que se déplacer va en réalité coûter plus cher et puis on va revenir aussi sur votre tentative pour réconcilier les automobilistes et les cyclistes. Mais je voudrais d'abord qu'on parle des taxes parce qu'elles vont notamment se concentrer sur l'automobile. La prime à la conversion, cette aide, qui pouvait aller jusqu'à 5 000 euros pour changer sa vieille voiture pour une nouvelle, est-ce que d'abord ça, c'est terminé ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Non, vous dites " ça va coûter plus cher ", je ne suis pas forcément d'accord avec votre affirmation. L'Etat accompagne les automobilistes, accompagne également le changement des modes de déplacement, l'acquisition de véhicules électriques, vous savez que l'an dernier le leasing social a été un grand succès, qu'il y a la prime à la conversion qui est utile notamment pour les automobilistes qui doivent se rendre dans les zones à faible émission, qu'il y a également le bonus-malus, simplement les règles du jeu…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais tout ça va baisser ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Non mais les règles du jeu évoluent tout simplement parce que, et c'est une bonne nouvelle, le parc automobile évolue, que les constructeurs construisent des voitures qui aujourd'hui sont plus écologiques qu'auparavant, et donc, nous subventionnons, nous accompagnons les automobilistes sur des véhicules plus vertueux.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire que par exemple la prime à la conversion sur laquelle je vous interrogeais à l'instant, c'est une aide qui pouvait aller jusqu'à 5 000 euros pour changer sa vieille voiture pour une nouvelle, est-ce que cette prime à la conversion va être maintenue ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Alors, les choses sont en débat, notamment avec ma collègue Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de l'Écologie, avec laquelle nous disons que le sujet de la prime à la conversion, c'est principalement de rendre accessibles les villes sur lesquelles il y a une mise en place de zones à faible émission, Paris et Lyon. Je suis actif également à ce qu'on puisse aider, quand vous dites prime à la conversion, le rétrofit des véhicules. Je ne sais pas si vos téléspectateurs savent de quoi il s'agit, c'est lorsque vous avez une voiture que vous avez envie de conserver, mais changer le moteur, passer d'un moteur thermique à un moteur électrique.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ça, c'est autre chose, là vous me parlez d'autre chose François DUROVRAY. J'entends bien, ça, c'est autre chose et c'est très intéressant, mais la prime à la conversion, c'est la prime à la conversion et la prime à la conversion, elle pouvait aller jusqu'à 5 000 euros. En fait, vous êtes en train de me dire qu'elle va peut-être être maintenue uniquement si vous vivez près d'une zone à faible émission ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ça fait partie des sujets qui sont sur la table, qui ne sont pas encore tranchés.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, elle ne va plus être une prime nationale ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Peut-être. Non mais sincèrement, aujourd'hui, je vous ai indiqué, il y a trois dispositifs. Nous sommes en train, avec mes collègues du Gouvernement, de définir les règles du jeu pour l'an prochain avec possiblement.
APOLLINE DE MALHERBE
Comment vous définissez ? C'est-à-dire que moi, je veux bien qu'on définisse, mais comment vous allez définir ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Bien sûr, mais que ce soit le plus juste possible.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a ceux qui vont bosser dans les centres-villes de ces villes-là, mais qui n'y habitent pas forcément. Comment vous allez définir qui sont ceux qui pourraient y prétendre ? Est-ce que c'est ceux qui vivent géographiquement dans les centres de Paris ou de Lyon ? Ou est-ce que c'est ceux qui, potentiellement, vont être amenés à les traverser ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ceux qui doivent, pour se rendre à leur travail, aller dans une zone à faible émission. Là aussi, je pense que c'est une question de justice, c'est de toucher les automobilistes qui sont concernés par les règles de diminution de pollution.
APOLLINE DE MALHERBE
Pareil, vous parliez du leasing social. Le leasing social, on s'est rendu compte dans les faits que ça n'était pas vraiment prolongé, c'est-à-dire qu'il y a eu un coup d'envoi, d'ailleurs avec beaucoup de difficultés pour les concessionnaires à se faire payer, les voitures qu'ils avaient déjà commencé à délivrer. Est-ce que vous allez le poursuivre ?
FRANÇOIS DUROVRAY
De la même façon, le leasing sera poursuivi avec des règles qui vont s'en tout évoluer notamment pour les raisons que vous venez d'évoquer. Les concessionnaires, ça a été un grand succès, mais avec aussi des difficultés de mise en oeuvre sur lesquelles les concessionnaires et les constructeurs nous alertent. Et il est normal que nous adaptions le dispositif pour le rendre plus efficace, à la fois pour l'écologie, parce que l'enjeu c'est de réduire les gaz à effet de serre, mais aussi qu'on touche les bons publics et que, notamment, les Français les plus modestes.
APOLLINE DE MALHERBE
Augmenter le malus, diminuer le bonus ? Le malus pour les véhicules thermiques, le bonus pour les véhicules électriques ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Par exemple.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça, c'est une des pistes également ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Les choses seront arrêtées d'ici la fin de cette année. Vous comprenez que le Gouvernement a été nommé il y a un mois et que…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais on entendait tout à l'heure un certain nombre d'auditeurs qui disaient : " Mais moi, je n'aurais pas acheté la voiture électrique si je n'avais pas été aidée ". Ça, ça reste un luxe aujourd'hui ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Et comme vous le voyez aussi, le mondial de l'auto vient de se terminer. Vous voyez que les constructeurs mettent sur le marché des véhicules qui sont beaucoup moins coûteux qu'ils ne l'étaient auparavant. Et fort heureusement, le prix du véhicule électrique va continuer à diminuer, c'est une bonne nouvelle. On doit s'adapter à cette nouvelle donne.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc on n'a plus besoin en fait, d'aider ?
FRANÇOIS DUROVRAY
L'État, il est là pour impulser les marchés. Après, à mesure que le marché se construit, il est normal que nous adoptions le contrôle au niveau des aides.
APOLLINE DE MALHERBE
Avec une question que j'ai trouvée très intéressante posée tout à l'heure par Lionel. Lionel, il nous appelait de Brive-la-Gaillarde. Il était garagiste. Il a fini par fermer son garage parce qu'il dit qu'il y a un décalage entre les promesses et la réalité. La réalité, c'est que les Français achètent peu de voitures électriques, qu'ensuite, ils en sont quand même déçus quand ils en ont, et qu'ils viennent chez nous, mais nous, on ne peut rien faire parce que les garagistes, en réalité, n'ont pas la main et il avait cette expression. Il disait que ça a été un choix politique, mais pas un choix industriel, avec des conséquences industrielles très graves. Est-ce que vous répondez à ça ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ce qui est clair, c'est que la politique doit s'appuyer sur l'évolution industrielle et les constructeurs avaient alerté sur les risques de démarches en termes de calendrier ou d'électrification trop rapide du parc. Les décisions ont été prises à l'échelle européenne voici quelques temps. Désormais, il y a une course contre la montre qui est engagée. Le sujet, encore une fois, c'est d'accompagner les Français. Vous disiez que la vente de véhicules électriques baisse, ce n'est pas vrai, s'agissant des Français, c'est vrai, s'agissant des flottes d'entreprises et donc, vous voyez dans les mesures…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais qui était quand même un des points qui tirait le marché ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. 25% des véhicules sont électriques pour les particuliers, 15% seulement pour les entreprises. Nous avons regardé de quelle façon on accompagne et comment les entreprises accompagnent ce mouvement d'achat de véhicules électriques.
APOLLINE DE MALHERBE
En particulier pour les entreprises. Je parlais à l'instant des conséquences industrielles d'un choix politique sur l'électrique, c'est Lionel qui nous en parlait depuis Brive-la-Gaillarde. Il y a aussi Sylvain qui est en ligne avec nous. Bonjour Sylvain.
SYLVAIN, AUDITEUR DE BRIVE-LA-GAILLARDE
Bonjour Apolline.
APOLLINE DE MALHERBE
Sylvain, j'allais dire comment ça va parce que c'est difficile. Je crois que vous travaillez pour VALEO. VALEO, on le sait, est dans une situation extrêmement périlleuse, notamment dans son usine de la Sarthe où les ouvriers sont en grève aujourd'hui. VALEO, c'est ce sous-traitant automobile. Vous avez une question, je crois, pour le ministre des Transports qui vous écoute, Sylvain ?
SYLVAIN
Oui, bonjour Monsieur le Ministre. Ma question, moi, c'est du coup, que comptez-vous faire pour maintenir les emplois des salariés Valeo en France aujourd'hui, avec tous les mouvements de grève auxquels on assiste, et en fin de compte, l'un des sites qui est plus que compromis, notamment celui de la Suze-sur-Sarthe, dont moi je fais partie.
APOLLINE DE MALHERBE
Monsieur le Ministre ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Alors, Sylvain, d'abord, je partage les inquiétudes qui peuvent être manifestées par un certain nombre de salariés. C'est vrai que l'industrie automobile aujourd'hui est face à une transformation inconnue depuis des années. L'Etat est là pour accompagner l'ensemble des industriels, les constructeurs, mais également les équipementiers comme VALEO. La France a la chance d'avoir une industrie automobile qui reste forte, avec cet enjeu de l'électrification qui va changer la donne, mais sur lesquels il y a aujourd'hui aussi beaucoup d'espoir. On voit que des gigafactories sont en train de s'installer en France.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais il y a des gigafactories d'un côté, et puis il y a l'usine de la Sarthe qui fait des refroidisseurs de batterie notamment.
FRANÇOIS DUROVRAY
Oui, mais c'est l'opprobre de n'importe quelle transformation qu'il y ait des entreprises dont le volume évolue à la baisse et d'autres qui évoluent à la hausse.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous lui dites quoi à Sylvain ? Tant pis, il n'y a qu'à s'installer dans la vallée des batteries ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Non. Le rôle de l'Etat, c'est justement d'accompagner et de faire en sorte que des industries, en l'espèce industrie qui est dans la Sarthe, puissent continuer à produire, mais produire peut-être des choses qui seront différentes demain que celles qui ont été produites par le passé. Et moi, encore une fois, ce que j'ai vu notamment lors du mondial de l'auto est plutôt rassurant sur la capacité des entreprises françaises à s'appuyer sur les innovations technologiques.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils sont en grève et ils envisagent la grève illimitée à La Suze-sur-Sarthe. Qu'est-ce que vous leur dites ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Je leur dis tout simplement que nous allons avec le Gouvernement et notamment le ministère de l'Économie regarder la situation que je ne connais pas précisément s'agissant de l'entreprise de la Sarthe, mais que le rôle de l'Etat, encore une fois, c'est d'accompagner ce mouvement et de faire en sorte qu'il y a…
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous pourriez emmener le ministre de l'Industrie là-bas ? J'imagine, Sylvain, que vous seriez prêt à les accueillir ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais bien sûr, je suis prêt à y aller. Je suis prêt à m'y rendre.
SYLVAIN
On vous attend. On est en débrayage et en mouvement depuis 13 h 20 hier et du coup, ce n'est pas près de s'arrêter, sachant qu'il faut dire quand même que l'Etat est actionnaire de VALEO à hauteur de 7%. Donc, je pense que vous avez aussi votre rôle à jouer là-dedans.
FRANÇOIS DUROVRAY
Bien sûr, notre mot à dire.
SYLVAIN
Bien sûr, et que nous, on constate quand même depuis quelques années des choix voulus et stratégiques de la part du groupe, on va dire, de plutôt délocaliser les productions vers des pays low-costs. Ça, on sait que c'est aussi à la demande des constructeurs, comme Monsieur TAVARES du groupe STELLANTIS qui dit clairement aux équipementiers : " Nous, nous ne voulons plus travailler avec des sites par exemple français. On va plutôt aller se tourner vers des sites low-costs pour la réduction des coûts ". Donc, on dit, c'est bien, oui, il faut faire baisser le coût des véhicules électriques, en effet. Par contre, c'est à quel prix quoi ?
APOLLINE DE MALHERBE
Ça ne doit pas être au détriment d'usines de sous-traitants comme la vôtre. Sylvain, merci en tout cas d'être passé par le 32 16 et bon courage à vous et à tous ceux avec qui vous travaillez qui sont donc en grève, je le rappelle, depuis hier 13 h. François DUROVRAY, vous avez reçu hier les associations de cyclistes. C'est une semaine après la mort de Paul, qui est ce cycliste qui a été écrasé, semble-t-il délibérément par un conducteur en plein Paris, sur une voie cycliste, le conducteur d'un SUV. Vous espérez pouvoir réconcilier automobilistes et vélo. Est-ce qu'aujourd'hui, vous en avez les moyens ? C'est-à-dire, est-ce qu'on n'a pas développé une forme de jungle ou en tout cas de loi du plus fort, notamment dans les centres villes ?
FRANÇOIS DUROVRAY
D'abord, cette mort de Paul VARRY a suscité une émotion immense et légitime et il est normal qu'en tant que ministre des Transports, je reçoive les associations cyclistes quelques jours après cet événement pour voir les leçons que nous en tirerons collectivement. Il y a la question des aménagements, des aménagements cyclables qui sont réalisés aujourd'hui par de nombreuses collectivités. On voit les pistes cyclables se réaliser, se construire un peu partout en France. Mais il y a aussi des sujets comportementaux. Et comme vous l'indiquez à l'instant, c'est vrai que parfois ça donne le sentiment de la jungle. Or, la route, ça ne doit pas être la jungle. Ça doit être un espace qui doit être davantage apaisé.
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous allez faire comment ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Et il faut que les automobilistes, les cyclistes, les piétons apprennent à vivre davantage ensemble. Comment ? Ben par l'éducation. Et il y a sans doute à revoir de quelle façon, dès le plus jeune âge, nous apprenons aux uns, aux autres à partager la route, par la question de la répression également. Et il faut être très vigilant lorsqu'il y a des comportements violents à ce que…
APOLLINE DE MALHERBE
Côté automobile ou aussi côté vélo qui ne respecte pas ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais il ne s'agit pas de stigmatiser un usager de la route par rapport à un autre. Il faut tout simplement que chacun respecte les règles du jeu. Et c'est vrai que ce qui s'est passé à Paris la semaine dernière, comme je pense que vous citez, les spectateurs en sont témoins malheureusement très régulièrement, c'est que tout le monde ne respecte plus les règles de la route. Et avec mon collègue Bruno RETAILLEAU, ministre de l'Intérieur, nous souhaitons mettre en place, j'ai annoncé la mise en place d'une mission contre les violences et pour protéger tous les usagers de la route. C'est de voir de quelle façon nous pouvons faire évoluer les règles pour que la route soit un espace apaisé où tout le monde se sent protégé.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci beaucoup François DUROVRAY. Une dernière question parce qu'on a parlé de l'écotaxe ce matin. Elle revient par l'Alsace, qui vient de voter le retour de l'écotaxe : quinze centimes par kilomètre pour les poids lourds. Est-ce que c'est une chose dont vous pourriez vous inspirer sur le reste du pays ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Alors d'abord, c'est, la loi permet aujourd'hui aux collectivités locales - ce n'est pas le cas de l'Etat - aux collectivités locales de mettre en place une écotaxe. Vous avez vu qu'en Alsace, c'est la situation est très particulière parce qu'il y a une autoroute en Allemagne où est le coût.
APOLLINE DE MALHERBE
Parallèle ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Parallèle sur la rive droite du Rhin ou le coût de passage pour un camion est de cinquante centimes du kilomètre. Alors qu'aujourd'hui, en France, en Alsace, c'est gratuit avec un effet de déport. Donc beaucoup de camions, qui aujourd'hui polluent, usent l'autoroute française. La collectivité alsacienne a souhaité mettre en place cette écotaxe.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est plutôt une bonne chose si je vous entends, enfin c'est plutôt équilibré quoi ?
FRANÇOIS DUROVRAY
C'est à la fois une bonne chose pour éviter effectivement ces passages de véhicules et il y a des mesures compensatoires qui doivent être discutées pour tous les acteurs économiques.
APOLLINE DE MALHERBE
Au-delà de l'Alsace, pour l'instant, rien n'est prévu ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Rien de prévu donc.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci beaucoup, Monsieur.
FRANÇOIS DUROVRAY
Merci à vous
APOLLINE DE MALHERBE
Le ministre donc délégué aux Transports, François DUROVRAY, d'avoir répondu à toutes mes questions et aussi à celles des auditeurs. On pense particulièrement à Sylvain. Il est 7 :51 sur RMC.
Source : service d'information du Gouvernement, le 23 octobre 2024