Interview de M. Gil Averous, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative, à Sud radio le 28 octobre 2024, sur le comportement des supporters de football dans les stades (chants racistes et homophobes), la mis en œuvre des 30 minutes d'activités sportives quotidienne à l'école et le service national universel.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8h35. Avec nous, Gil AVEROUS qui est ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Et je suis très heureux de le recevoir, de vous recevoir, Gil AVEROUS. Bonjour.

GIL AVEROUS
Bonjour.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes aussi maire de Châteauroux et président de la communauté de communes…

GIL AVEROUS
Exactement, du comité d'agglomération en fait

JEAN-JACQUES BOURDIN
De la métropole en fait. Qu'est-ce que je raconte.

GIL AVEROUS
Comité d'agglomération qui s'appelle Châteauroux Métropole.

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ailleurs, vous n'allez pas démissionner ?

GIL AVEROUS
Pas du tout.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais en revanche, vous laissez les indemnités liées à vos mandats ?

GIL AVEROUS
Exactement. J'ai renoncé évidemment à mes indemnités de maire et de président d'agglomération. J'ai redonné des compétences supplémentaires, des délégations supplémentaires à mes adjoints et je les ai augmentés avec une partie de mon indemnité. Et le reste restera dans les caisses de la commune.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Gil AVEROUS, « j'aime trop le sport pour en accepter les dérives. » C'est ce que vous dites. Vous adorez le sport.

GIL AVEROUS
Comme vous.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes ministre des Sports. Est-ce que vous avez regardé OM-PSG hier soir ?

GIL AVEROUS
Je l'ai écouté à la radio. J'étais à Lens la veille. Hier soir, j'ai écouté effectivement OM-PSG.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Soirée gâchée selon vous, par la rage, par…

GIL AVEROUS
Sportivement, effectivement, certains vont dire ça puisque le résultat n'était pas à la hauteur des attentes des Marseillais, évidemment. Mais en dehors, si ce que vous voulez évoquer est la situation, ce qui s'est passé sur le parvis, les chants qu'on a pu entendre pendant le match.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Encore une fois, oui.

GIL AVEROUS
Encore une fois, oui. Ce qui s'est passé ce week-end, ça se passera d'autres week-ends. Ça démontre qu'on a du chemin à faire là-dessus. Et moi, ça va être mon cheval de bataille de lutter contre les violences dans le sport, les violences verbales qui amènent quelquefois des violences physiques…

JEAN-JACQUES BOURDIN
…racistes et homophobes.

GIL AVEROUS
Racistes, homophobes, tout sujet confondu. La difficulté c'est qu'aujourd'hui on est sur, avec certains supporters… Et je ne mets pas du tout en cause les supporters. Ça va sûrement vous surprendre mais je pense qu'on est arrivés… Alors, certains parlent de folklore ; moi, je considère qu'effectivement, on a une sorte de culture qui s'est imposée au fil des ans, qui amène les clubs de supporters à s'affronter de plus en plus violemment, verbalement. Et qu'on est arrivé à un point quasiment de non-retour. C'est-à-dire que pour eux, leur dire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est à un point de non-retour, là, aujourd'hui, Gil AVEROUS ?

GIL AVEROUS
Alors si on ne fait rien, oui, on est à un point de non-retour. Moi, je suis convaincu qu'on peut inverser les choses. Et vraiment, ça va être mon cheval de bataille. Je reprends cette expression. Ça me prendra le temps qu'il faut. Je fais le tour des clubs concernés parce que ce n'est pas tous les clubs, non plus, ce n'est pas tous les stades. Ce n'est pas généralisé dans le sport. Mais il faut qu'on arrive à baisser en intensité sur la violence des armes utilisées.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas vu parce que vous n'avez pas regardé les images. Il y avait des banderoles hier au Vélodrome. Que lisait-on ? Parcage fermé, huis clos, places nominatives, déplacements limités. On ne veut pas de tout ça. C'est ce que disaient les supporters de l'OM. Or, ce sont des mesures qu'il faudra prendre, qu'il faut prendre, qui sont prises d'ailleurs.

GIL AVEROUS
Bien sûr. Il y a des règles dans le foot, il y a des règles dans la société et il y a des règles dans le foot. Et les règles du foot, c'est la FIFA qui les a édictées. Elles doivent s'appliquer.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites qu'il faut appliquer les règles de FIFA ?

GIL AVEROUS
Évidemment, il faut appliquer les règles de la FIFA. Vous savez qu'elles sont graduées. Vous avez d'abord une suspension.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Suspension du match…

GIL AVEROUS
Ensuite, vous avez un arrêt temporaire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Arrêt définitif du match.

GIL AVEROUS
Arrêt temporaire du match déjà avec la rentrée au vestiaire des joueurs. Ensuite, arrêt définitif si l'arbitre estime que la situation est telle que ce n'est pas possible de continuer. Mais ça se fait aussi en concertation avec les autorités publiques sur le terrain. Mais il ne faut pas en arriver à ça. Même déjà, rien quand on arrive à la première mesure ; la suspension, c'est un échec. Ça veut dire que les comportements n'ont pas évolué. Il faut qu'on travaille à ça. Moi, vraiment, je pense qu'on peut discuter avec les associations de supporters pour arriver à faire évoluer les choses. Dans un répertoire de chants, vous savez, 90 % de leurs chants sont entendables. Et il y a 10 % de chants qui dérivent et qui, aujourd'hui, ne sont plus acceptables.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut aller jusqu'au match perdu pour l'équipe qui reçoit ?

GIL AVEROUS
Si l'arbitre en décide ainsi, il faut le faire. Moi, ce n'est pas ma demande.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'arbitre qui doit…

GIL AVEROUS
La FIFA… C'est la règle qui est fixée. C'est que l'arbitre, s'il estime que le match ne peut pas se poursuivre, il peut solliciter, en accord, en discussion avec les autorités locales, l'arrêt du match. Mais très honnêtement, il ne faut pas arriver à ça. Mais très clairement, il ne faut pas arriver à ça. Aujourd'hui, il faut qu'on travaille ensemble pour changer les mentalités. Encore une fois, ce n'est pas tous les clubs, ce n'est pas tous les supporters. Il y en a certains qui ont une idéologie nauséabonde. Et ceux-là, il faut les combattre. Ceux qui tiennent des chants homophobes, racistes, il faut individuellement aller les repérer, les identifier, les interpeller et les interdire de match.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais lorsqu'on entend un chant homophobe et raciste dans un stade, faut-il arrêter le match ? Je me pose franchement la question.

GIL AVEROUS
Très clairement… Aujourd'hui, quand on entend, il faut faire un rappel à la loi, c'est-à-dire à la loi du foot.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc arrêter le match ?

GIL AVEROUS
Non, c'est une suspension qui permet au speaker d s'exprimer

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le speaker a hier… A Marseille et dans tous les stades, le speaker lance des messages contre les chants homophobes. Ces messages sont copieusement sifflés dans les stades.

GIL AVEROUS
Exactement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Gil AVEROUS, vous le savez bien.

GIL AVEROUS
Je le sais, je le sais et je le condamne. Il faut vraiment changer cette culture. Et là, ce n'est pas parce qu'hier, on n'a pas arrêté le match ou suspendu qu'on ne va pas aller chercher ceux qui sont à l'origine de ça. Vous l'avez vu la semaine d'avant, les auteurs ont été identifiés, ils ont été interpellés après. Et il faut, aujourd'hui, qu'on accepte d'aller dans l'interdiction de matchs plus qu'on ne le fait aujourd'hui en France. On a, en France, à date 200 personnes qui sont interdites de match et qui doivent pointer les soirs de match…

JEAN-JACQUES BOURDIN
3 000 en Angleterre

GIL AVEROUS
3 000 en Angleterre, 1 500 en Allemagne. C'est là où on se dit qu'effectivement, on n'a pas pris en compte la mesure de la situation. Et donc on a un travail à faire là-dessus et il faut le faire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont les clubs qui n'ont pas suffisamment pris en compte…

GIL AVEROUS
Ce n'est pas que les clubs. Les clubs aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les clubs sont responsables.

GIL AVEROUS
Mais tout le monde est responsable : les clubs, la ligue de football. Mais tout le monde est aujourd'hui conscient de ça et tout le monde est volontaire. Très honnêtement, la semaine dernière, on a eu une réunion avec tous les intervenants, y compris l'Association nationale des supporters. Tout le monde était volontaire. Personne n'a contesté le fait que ça ne pouvait pas continuer, qu'on ne pouvait pas entendre des chants racistes, que ça amenait de la violence derrière, de la violence physique. Donc concrètement, tout le monde, aujourd'hui, est décidé à travailler.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, qu'allez-vous faire concrètement ?

GIL AVEROUS
Aujourd'hui, il faut qu'on arrive à individualiser les peines.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut, il faut, il faut… Mais qu'allez-vous faire, Gil AVEROUS ?

GIL AVEROUS
Oui, mais bien sûr ! Moi, très concrètement, mais très concrètement… Vous savez qu'il va y avoir la billetterie nominative. Ça ne va pas être l'alpha et l'oméga du suivi…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Billetterie nominative…

GIL AVEROUS
Mais ça va nous permettre, pour les matchs de l'OL, de l'OM et du PSG, les matchs entre eux…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez que ça existe déjà ?

GIL AVEROUS
On va le généraliser l'année prochaine.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que ça existe déjà. Je le sais.

GIL AVEROUS
Ce que je veux vous dire, monsieur BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous, chez nous à Nîmes, il n'y a que des billets pris sur internet, et donc c'est nominatif.

GIL AVEROUS
Eh bien, quand on a ça, quand on a la billetterie nominative…. Et c'est parce qu'on a des clubs qui l'appliquent déjà et qu'on a cet exemple de réussite, qu'on va le généraliser. Eh bien, on arrive à sanctionner et aller chercher ceux qui sont vraiment à l'origine des troubles. Donc c'est ça, il faut individualiser…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la fin des guichets physiques.

GIL AVEROUS
…la peine collective. Les clubs vont s'organiser pour. Est-ce que c'est la fin des guichets physiques ? Est-ce qu'il y aura un endroit où on pourra aller aussi retirer son billet ? Parce que certains ne sont pas tous vraiment à l'aise avec internet et tout ça. Ça, c'est le sujet annexe. Mais ce qu'il nous faut faire, c'est individualiser les peines pour vraiment cibler les auteurs. Et après, il faut travailler sur une évolution, un peu de la culture sur ces clubs-là pour redescendre en intensité. Pourquoi ? Parce que ces comportements violents verbalement et après physiquement qu'on a dans les stades avec nos plus jeunes qui sont là… Et je l'ai constaté encore personnellement la semaine dernière ; ils se reproduisent dans les cours d'école derrière. On a un vrai sujet d'éducation. Donc il faut qu'on prenne le dossier à bras le corps. Et moi, concrètement, je vais aller faire le tour des clubs concernés. Je vais aller à la rencontre des associations de supporters. Ça va prendre le temps qu'il faut, mais c'est vraiment mon cheval de bataille.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je comprends, je comprends. Sauf que Bruno RETAILLEAU n'est pas du tout d'accord avec l'interruption des matchs. C'est ce qu'il vous a dit.

GIL AVEROUS
Mais on est d'accord. Encore une fois…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, vous êtes d'accord, non…

GIL AVEROUS
Si, si, si… Mais bien sûr que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne vous a pas dit ça ?

GIL AVEROUS
Non, non, non.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?

GIL AVEROUS
Non, mais absolument pas. Il a dit « L'interruption des matchs n'est pas la solution. » Et je dis exactement la même chose. L'interruption des matchs, c'est l'application du règlement. Ce n'est pas la solution au problème. C'est la solution à un problème ponctuel ; mais ce n'est pas la solution au problème conjoncturel qui s'est vraiment instauré. Aujourd'hui, on a un problème, certains disent du folklore ; moi, je dis de culture. On a une culture dans le foot, sur certains clubs de supporters qui les enferment. Ils le disent eux-mêmes. Quand vous les interrogez individuellement, ils disent « Les propos qu'on tient collectivement, on ne les tiendrait pas individuellement. » Sauf qu'ils sont arrivés au paroxysme et il semble que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez rencontrer les associations LGBT ?

GIL AVEROUS
Je rencontrerai toutes les associations qui voudront venir me rencontrer.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles le demandent.

GIL AVEROUS
Alors puisqu'elles le demandent, je vais évidemment les recevoir. Mais on a conscience… - quand je dis on, c'est le Gouvernement dans sa généralité - de la situation, de la gravité de la situation et de la nécessité d'agir. Donc moi, je vais en faire mon cheval de bataille et je veux être jugé là-dessus. Je veux que dans quelques mois, on me dise « Alors, vous en êtes où ? Est-ce que ça a avancé ? Est-ce qu'aujourd'hui, le…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que dans quelques mois, il n'y aura plus de chants racistes ou homophobes dans les stades ?

GIL AVEROUS
Je ne dis pas qu'il y en aura zéro. Mon objectif, c'est que ça tende vers le fait qu'il y en ait plus. Evidemment, il pourra toujours y en avoir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc identifier les auteurs et les interdits de stade ?

GIL AVEROUS
Exactement. Quand il y en aura, il faut les interdire de stade. Et quand on sera arrivé à 1 000 ou 2 000 interdits de stade, vous verrez que ça aura baissé en intensité dans le public.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le rugby… Vous rencontrez Florian GRILL, le président de la fédération…

GIL AVEROUS
Mais vous êtes bien informé !

JEAN-JACQUES BOURDIN
…juste après cette intervention. Là aussi, j'ai lu l'interview de Fabien GALTHIE qui veut instaurer un nouveau cadre de vie, une charte, un nouveau cadre de vie pour le XV de France. Oui, JAMINET, AURADOUR, JEGOU, l'alcool après les matchs, les sorties après les matchs, la cocaïne dans le rugby. Vous allez lui parler de tout cela, j'imagine ?

GIL AVEROUS
Evidemment. Et Fabien GALTHIE…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous attendez de la fédération ?

GIL AVEROUS
Il a raison. J'attends des fédérations qu'elles soient exemplaires sur ces sujets-là, évidemment. Parce que là, encore une fois, c'est une question d'image et de reproduction par les plus jeunes. Ce ne sont pas les valeurs du rugby ce que vous venez de citer, et particulièrement pour l'équipe de France qui porte les valeurs et les couleurs de la République. Donc on doit être intransigeant là-dessus, comme on doit être intransigeant sur les violences sexuelles et sexistes dans le sport en général. Le rugby n'est pas à montrer plus du doigt que les autres. Il y a une actualité sur le rugby qui fait qu'effectivement, aujourd'hui, je crois qu'il faut rappeler les règles et on n'est pas contre la troisième mi-temps. Bien évidemment. On est tous… Je suis un élu local, c'est pour ça que j'ai été choisi dans le Gouvernement, parce que je passe mes week-ends au bord des terrains de foot, de rugby, dans les gymnases, au bord des pistes d'athlétisme. Donc il y a besoin de prendre du plaisir dans un sport. Mais on ne peut prendre du plaisir sans aller dans les excès que vous venez de citer.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous venez de parler des terrains du dimanche ou du samedi et de tous ces bénévoles.

GIL AVEROUS
C'est là que ce fait le sport en France.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est sport-là qui souffre, c'est ce sport-là qu'il y a de moins en moins de moyens. Gil AVEROUS, j'ai vu votre budget en baisse de 268 millions d'euros. Comment allez-vous faire ?

GIL AVEROUS
Je vais vous rassurer. Le budget est effectivement en baisse de 268 millions d'euros. Mais quand on enlève la partie liée aux Jeux olympiques et les crédits qu'on n'a pas consommés l'année dernière, notamment ceux liés aux équipements, il y a 100 millions d'euros sur les 268 qui sont les subventions versées par l'Etat aux communes pour la construction d'équipement ; le plan qui a été lancé en 2024 jusqu'en 2027. Et donc ceux-là, on a attribué les dernières 100 millions d'euros de subventions, on n'en a dépensé que 4, on aura des reports. Donc, je n'ai pas de problème de budget. Et l'année prochaine, on soutiendra avec la même vigueur nos associations. Par contre, on a besoin de les accompagner pour faire face au nombre de licenciés supplémentaires. On a besoin de trouver des créneaux supplémentaires dans des gymnases.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment allez-vous faire ?

GIL AVEROUS
Je vais travailler avec les départements et surtout avec les régions. Parce qu'on a énormément de gymnases dans les lycées qui, le soir, ne sont pas utilisés. Ils sont utilisés dans la journée…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les départements et les régions voient leur budget diminuer. C'est le sport qui va trinquer.

GIL AVEROUS
Mais pas du tout. Pas du tout monsieur BOURDIN. Non, non, non, non. Quand on connaît bien le dossier, l'équipement, il existe déjà. L'objectif, c'est de le mettre à disposition le soir, après la fermeture de l'école auprès de la commune et des clubs, pour qu'il puisse être mutualisé à l'échelle du territoire, de l'agglomération ou de la commune concernée.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez relever la taxe sur les paris sportifs ?

GIL AVEROUS
Moi, je dis que si on veut donner plus d'argent au sport, il ne faut pas hésiter à utiliser les moyens qui sont proposés d'ailleurs par les députés puisque c'est un amendement de l'Assemblée nationale du député benjamin DIRX qui propose d'augmenter la taxe sur les paris sportifs. Je pense que le sport…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien l'augmentation ?

GIL AVEROUS
Il a déposé plusieurs amendements. Mais l'objectif, c'est de ramener un peu plus d'argent dans le sport. Moi, je pense que c'est sanitaire… Vous verrez ce que l'Assemblée décide

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais combien l'augmentation en pourcentage ? 10% ? Je ne sais pas moi.

GIL AVEROUS
C'est plus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est plus ? C'est combien alors ? 25%…

GIL AVEROUS
Je vais vous donner un chiffre exact, monsieur BOURDIN. Je sais que vous aimez être précis.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'aime être précis.

GIL AVEROUS
L'Agence nationale du sport perçoit aujourd'hui 166 millions d'euros qui proviennent de cette taxe. Il est prévu que l'année prochaine, on ne lui en affecte que 160 millions. Donc, moi, je souhaite que l'Agence nationale du sport, elle récupère les six millions qui lui manquent. Et donc, c'est au minimum six millions d'euros qu'il faudrait pouvoir affecter à l'Agence nationale du sport.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Au minimum six millions, bien. Trente minutes de sport à l'école, ça reste malheureusement exceptionnel, Gil AVEROUS ?

GIL AVEROUS
Oui, alors les trente minutes par jour…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que c'est appliqué à Châteauroux ? Est-ce qu'à Châteauroux, dans chaque école, on fait trente minutes de sport ?

GIL AVEROUS
Dans les écoles, les trente minutes, elles fonctionnent plutôt bien.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et au collège.

GIL AVEROUS
Exactement. Ce qui a moins bien marché peut-être, et où, là, l'évaluation devra nous dire si on doit continuer sous ce format-là ou modifier le format, c'est les deux heures de sport par semaine dans les collèges. Là, il faut avoir le courage d'évaluer le dispositif et de le modifier, de réaffecter les crédits peut-être ailleurs ou différemment, si on estimait que ce n'était pas suffisamment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous nous garantissez qu'avant la fin de l'année, les trente minutes de sport seront effectives dans tous les collèges et lycées, les écoles de France ?

GIL AVEROUS
C'est dans le primaire, les trente minutes de sport.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais étendues aux collèges et lycées ?

GIL AVEROUS
La volonté, ce n'est pas celle-là.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ? D'accord.

GIL AVEROUS
Non, il n'y avait pas de programme d'extension aux collèges et lycées.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il faudrait, non ?

GIL AVEROUS
Pour des questions de santé publique, il faudrait, bien évidemment, parce que le sport, c'est salutaire. Moi, j'en suis convaincu, vous savez, le sport, ça peut tout changer, ça peut changer une carrière professionnelle, ça peut changer la vie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, les trente minutes étendues au collège ?

GIL AVEROUS
Il faut réinspecter le fonctionnement des deux heures et redécider après. Je ne ferai pas une annonce bête et méchante de dire « on va faire ». Il faut inciter à la pratique du sport, on le sait, c'était la grande cause nationale 2024. Il ne faut pas que ça s'arrête au 31 décembre 2024, c'est ça le sujet. Il faut qu'en 2025, la pratique qui a été initiée, et tous les chiffres démontrent que les Français ont joué le jeu, qu'il y a beaucoup plus de pratiquants cette année que l'année dernière, il faut que ça se poursuive l'année prochaine. On le voit sur les courses à pied, ceux qui font de la randonnée, des trails, des courses, des semi-marathons, des marathons, il y a de plus en plus de participants.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur le statut des bénévoles, vous allez évoluer ?

GIL AVEROUS
Oui, là, il faut qu'on évolue.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'allez-vous proposer ?

GIL AVEROUS
Il faut qu'on évolue. Il y a des réflexions qui sont en cours. Il faut qu'on arrive à inciter des gens qui ne le sont pas aujourd'hui à devenir bénévole, et sur la durée. On a vu, là, en 2024, notamment pour les Jeux olympiques que quand on faisait appel à des volontaires, on avait des volontaires de présent et qu'ils étaient exemplaires. Ils le sont toujours pour des missions ponctuelles, moins sur des engagements en longue durée. Donc, il faut qu'on arrive, et j'ai rencontré, depuis que je suis arrivé au Ministère, j'ai fait plusieurs déplacements en province, et à chaque fois que j'ai rencontré les présidents de clubs sportifs, pour leur demander quelles sont vos solutions ? Quelles sont vos attentes ? Eux, ils demandent de la simplification administrative. Aujourd'hui, une association, quand elle veut demander une subvention, elle va sur le compte national de l'État, qui s'appelle « Mon Compte Asso », et elle va devoir aller sur la plateforme numérique de la ville, du département, de la région, pour demander ses subventions. Ils perdent un temps fou, ça les décourage. Il faut peut-être aussi aider ceux qui vont s'engager pour la première fois. Vous savez, on a un dispositif qui s'appelle le Pass Sport, qui permet de financer une partie de la licence des jeunes qui veulent pratiquer un sport, et dont les revenus des parents sont les plus faibles. Pourquoi pas avoir un Pass Sport pour le bénévole qui s'engage pour la première fois ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un Pass Sport du bénévolat, quoi ? En quelque sorte, oui.

GIL AVEROUS
Exactement, pour celui qui va prendre des fonctions de secrétaire, de trésorier, de président dans un club, ou qui va vouloir encadrer des jeunes dans le club. Ce ne serait pas un effort énorme, mais on pourrait travailler à ça.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est intéressant, ça concerne des dizaines de milliers de bénévoles, et je les salue.

GIL AVEROUS
Exactement, on a besoin d'eux. Samedi, en allant courir à côté du Ministère, je tombais sur des joueurs de boule, c'était tous les dirigeants des clubs de boule de Paris, qui étaient là en train de se faire un petit tournoi entre eux, puis après un repas. Il y a ces moments de convivialité aussi, qu'il faut encourager. On a besoin des bénévoles pour soutenir le sport en France.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauvez le club de Montmartre, entre parenthèses, puisque vous parlez du club de pétanque.

GIL AVEROUS
Oui, vous parlez du club de Montmartre, mais dans tous les quartiers, dans chaque petit village, vous avez un club. C'est pour ça que j'ai été choisi, je suis un élu local, je connais cette réalité du terrain, et je vais aller défendre ces petits clubs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le SNU, je sais bien que c'est le ministère de l'Éducation nationale, mais en fait ça concerne la jeunesse. Pardon, mais vous avez beaucoup défendu le SNU, Service National Universel. Sera-t-il généralisé en 2026 ?

GIL AVEROUS
Très clairement, aujourd'hui, on n'a pas les moyens de le faire. Financièrement, on n'a pas les moyens de le faire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était ce qu'avait promis Emmanuel MACRON, je le rappelle.

GIL AVEROUS
La volonté d'Emmanuel MACRON, elle est forte et elle est louable, mais financièrement, moi, j'ai une partie des crédits du SNU dans mon ministère, donc je peux en parler. Aujourd'hui, je n'ai pas les moyens pour une généralisation du SNU, c'est clair.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est clair, il ne sera donc pas généralisé, 40 000 SNU…

GIL AVEROUS
En 2025, il ne le sera pas. En 2026, j'imagine mal qu'il puisse l'être.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 40 000 en 2023, sur 64 000 SNU attendus, donc, pas un gros succès. Cette année, ça va donner quoi le SNU ? Et en 2025 ?

GIL AVEROUS
On va attendre le vote du budget, pour l'instant…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le SNU va être supprimé ?

GIL AVEROUS
Non, non, il n'est pas prévu de le supprimer, mais pour répondre précisément à votre question, au budget 2025, j'ai les crédits aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, du même montant que l'engagement 2024.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire pour 64 000 ?

GIL AVEROUS
Pour 64 000 maximum.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Maximum 64 000, c'est-à-dire que ça ne progressera pas le SNU ?

GIL AVEROUS
Aujourd'hui, on n'a pas les moyens, dans le budget tel qu'il est discuté à l'Assemblée nationale, d'aller plus loin.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est en panne, si j'ai bien compris, il est en panne.

GIL AVEROUS
Il est en panne, je crois que le modèle doit aussi être réinterrogé, parce qu'on a des remontées sur les conditions d'organisation, sur le coût individuel, donc il y a aussi besoin de revoir les modalités de tenue des stages.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, j'ai deux-trois petites questions. Première question, comment se fait-il que les primes des médailles olympiques ne soient pas défiscalisées ?

GIL AVEROUS
Ah, bonne question, parce que je pense que, vu de Bercy, on ne veut pas faire de différence entre les primes des salariés du privé, de ceux qui travaillent toute l'année et qui sont fiscalisés. Donc, on a tous un grand attachement à nos sportifs, mais pour l'instant, Bercy n'a pas voulu les exonérer fiscalement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui va présider les Jeux 2000 d'hiver ? Les fameux Jeux d'hiver des Alpes françaises ?

GIL AVEROUS
On s'est réunis cette année sous l'autorité du Premier ministre. Tous les acteurs du dossier ont été réunis. C'est un sujet qui a été évoqué.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Martin FOURCADE ?

GIL AVEROUS
Il y aura un appel à candidature.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Martin FOURCADE ? Des candidats, il y en a déjà ?

GIL AVEROUS
Et il y aura des candidats, vous avez vu la déclaration de candidature de Martin FOURCADE. C'est quelqu'un qui coche toutes les cases, à mon sens. Il y en aura sûrement d'autres, aussi, de candidats et puis à la fin, il n'y en aura rien de choisi. Vous savez, notre chance, c'est qu'il y ait des candidats. Le succès des Jeux a sûrement rassuré et donné des envies à beaucoup, mais tant mieux, tant mieux. S'il faut le choisir, tant mieux, c'est un problème de riche que de devoir choisir.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Gil AVEROUS, j'ai une dernière question. Vous êtes maire de Châteauroux. Vous êtes président de la métropole. Donc, vous avez beaucoup de fonctionnaires territoriaux sous vos ordres.

GIL AVEROUS
Absolument.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le gouvernement, ministère du Budget, ministère de la Fonction publique, envisage trois jours de carence pour les fonctionnaires. C'est indispensable.

GIL AVEROUS
Je vais vous dire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'allez-vous dire à vos fonctionnaires ?

GIL AVEROUS
C'est très clairement une mesure d'équité entre le privé et le public. On aurait dû le faire depuis longtemps. Je suis dans une collectivité qui a appris à bras-le-corps le problème de l'absentéisme, parce que derrière ces trois jours, c'est le sujet de l'absentéisme. Je le dis de manière d'autant plus à l'aise que c'est mon prédécesseur qui a pris cette mesure à la tête de la ville de Châteauroux et de l'agglomération. Nous, on a institué une ponction sur le régime indemnitaire en fonction de l'absentéisme et l'absentéisme a forcément, fortement, très fortement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?

GIL AVEROUS
C'est-à-dire que quelqu'un qui est absent dans l'année, l'année d'après il a une réduction de ses primes en fonction de l'absence qu'il a eue l'année précédente.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et c'est efficace ?

GIL AVEROUS
Et c'est très fort. On a divisé presque par deux l'absentéisme, et aujourd'hui, on en retrouve 40 % en dessous.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que beaucoup de fonctionnaires sont des tirs au flanc ?

GIL AVEROUS
Pas du tout. Ça veut dire que pour certains, non, non, non. La grande majorité des fonctionnaires sont des gens travailleurs et bien au-delà de leurs heures.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pourquoi ?

GIL AVEROUS
Là, on ne parle que de ceux qui abusent, que de quelques-uns.

JEAN-JACQUES BOURDIN
De certains qui abusent.

GIL AVEROUS
Mais bien sûr, on ne parle pas du tout des fonctionnaires dans leur généralité, bien évidemment. Et donc, cette mesure, elle est très efficace sur ceux qui avaient tendance à utiliser effectivement l'arrêt de travail comme une solution de vacances complémentaires, c'est clair.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Merci Gil AVEROUS.

GIL AVEROUS
Merci à vous.

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.

GIL AVEROUS
Et au plaisir de revenir.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un plaisir de vous recevoir, évidemment.

GIL AVEROUS
C'est parfait. Merci beaucoup.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8h56, vous êtes sur Sud Radio, merci. Patrick ROGER sera là après les informations de 9h.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 octobre 2024