Interview de Mme Olga Givernet, ministre déléguée, chargée de l'énergie, à LCP le 5 novembre 2024, sur le procès de huit personnes impliquées dans l'assassinat de Samuel Paty, l'élection présidentielle aux États-Unis, la taxe concernant l'électricité, le budget 2025, la vie politique et la politique de l'énergie.

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Média : LCP Assemblée nationale

Texte intégral

ORIANE MANCINI
Notre invité politique ce matin, c'est Olga GIVERNET. Bonjour,

OLGA GIVERNET
Bonjour,

ORIANE MANCINI
Merci beaucoup, ministre déléguée chargée de l'énergie. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale représentée par Christelle BERTRAND, du groupe La Dépêche, bonjour Christelle,

CHRISTELLE BERTRAND, DU GROUPE LA DEPECHE
Bonjour Oriane, bonjour Olivia GIVERNET.

ORIANE MANCINI
Et justement Olivia GIVERNET, on commence par la une de la Dépêche. On va la regarder la Dépêche qui fait sa une sur le procès de huit personnes impliquées dans l'assassinat de Samuel PATY. Le procès s'est ouvert, hier, devant la cour d'assises spéciale de Paris et la Dépêche qui pose cette question : " Comment protéger l'école de l'islamisme?. Comment ?

OLGA GIVERNET
Ecoutez, je crois qu'il y a eu cet hommage à Samuel PATY, tout le monde a pu se rappeler de cet événement tragique. Et chaque année, c'est important que l'école se rappelle les circonstances qui ont amené à cet événement tragique. Donc je ne suis pas ministre de l'Education nationale, mais effectivement, ça touche nos enfants, moi j'ai des enfants évidemment, qui…

ORIANE MANCINI
Vous êtes ministre, vous êtes élu, vous étiez député, est-ce les leçons étaient tirés ?

OLGA GIVERNET
… Évidemment, et les jeunes, les enfants ont compris, ils savent qu'on est attaché à cette laïcité, à ce respect de nos lois de la République et que si elles ne le sont pas respectées, eh bien ça peut amener des comportements de violence qui sont intolérables.

ORIANE MANCINI
Elles ont tiré les leçons, ce sont fini les pas de vagues, ils sont mieux protégés, nos professeurs aujourd'hui ?

OLGA GIVERNET
Écoutez, moi, je m'en remets à ma collègue de l'Education nationale, mais effectivement, je crois que chacun, on peut espérer que jamais, jamais nous aurons à revivre tout cela.

ORIANE MANCINI
L'autre sujet d'actualité, c'est évidemment, aujourd'hui, le jour de vote aux États-Unis, Kamala HARRIS, Donald TRUMP dans un duel qui s'annonce très serré. Les Etats-Unis, c'est le deuxième pays le plus émetteur de gaz à effet de serre. Est-ce que vous êtes inquiète du résultat de l'élection et de ses conséquences sur le climat ?

OLGA GIVERNET
Ecoutez, en fonction du candidat qui sortira, et on sait que ça va prendre des heures, des jours, même sur le comptage des votes. Mais on sait de quoi Donald TRUMP a déjà été capable, c'est-à-dire que les accords de Paris, il en est sorti. Et puis après, les Etats-Unis en sont rentrés de nouveau. Donc on va attendre de voir les résultats et de passer…

ORIANE MANCINI
Et si c'est Donald TRUMP, ça vous inquiète qu'il y a ait une régression des États-Unis sur la politique climatique ?

OLGA GIVERNET
… Effectivement, on sait que, d'un point de vue économique, d'un point de vue climatique et environnemental, Donald TRUMP est, sur la scène internationale, celui qui a un peu en faire n'en avoir rien à faire. Maintenant, je souhaite qu'avec les États-Unis, on puisse toujours travailler de concert pour résoudre et faire face à ces défis.

ORIANE MANCINI
On parle du budget, de la taxe électricité.

CHRISTELLE BERTRAND
Oui, c'est ça, un sujet qui vous concerne et qui fait beaucoup de vagues depuis quelques jours, le relèvement de la taxe sur l'électricité qui a été discutée à l'Assemblée nationale. Où en est le projet ?

OLGA GIVERNET
Alors, les questions qui se déroulent au travers du Parlement font évoluer le texte, mais ce qu'il faut savoir ce qu'est-ce que veut faire le Gouvernement ? Moi, ce qui m'intéresse pour l'énergie aujourd'hui, c'est que l'énergie baisse pour les Français…

CHRISTELLE BERTRAND
Le prix, vous voulez-dire ?

OLGA GIVERNET
… Le prix de l'électricité puisse baisser, et c'est ce que nous annonçons pour février prochain. Les Français ne sont pas idiots, ils ont bien compris que le bouclier tarifaire, c'est la fin, et donc que la fiscalité revient et qu'il va falloir trouver un bon curseur pour qu'on puisse bénéficier de la baisse des charges.

CHRISTELLE BERTRAND
Vous maintenez cette augmentation de taxe ?

OLGA GIVERNET
Le fait que ces Français voient leur facture baisser, c'est tout ce qui est important. Pour 20 % d'entre eux, ils l'ont déjà vu baisser parce que le prix du marché a baissé, pour 80 % d'entre eux, ils verront dès février, et les…

CHRISTELLE BERTRAND
Il y a différentes baisses possibles, moyennes, importantes, selon l'importance de la taxe que vous imposeraient, donc, vous maintenez l'augmentation d'une taxe sur l'électricité ?

OLGA GIVERNET
Je maintiens la baisse de 9% pour les Français à 80%, c'est ce que je peux vous dire, moi.

ORIANE MANCINI
Ca va coûter, mais non mais, parce que le Gouvernement dit : " On laisse les débats se faire, il n'y a pas de 49.3, on écoute les parlementaires ". Les parlementaires, ils ont supprimé la hausse de la taxe, est-ce que vous allez maintenir la suppression de la hausse de cette ?

OLGA GIVERNET
Non, la position du Gouvernement, c'est de pouvoir enlever le bouclier tarifaire, je crois que les Français ont bien compris que le déficit de la France aujourd'hui, parce que nous avons fait le quoiqu'il en coûte et nous ne regrettons rien sur le quoiqu'il en coûte. En revanche, les Français sont conscients de la situation de la France, aujourd'hui, et que la question de la fiscalité sur l'énergie doit revenir à un niveau normal. Moi, je tiens à rappeler qu'hier, j'ai relancé la programmation pluriannuelle de l'énergie, ça veut dire que c'est une planification de comment est-ce qu'on produit de l'électricité propre, des énergies propres, décarbonée pour les Français ? On a fait déjà de gros efforts, nous sommes en passe de réussir, de faire cette électricité propre. On va sortir en 2027 du charbon, donc on en est très fier, maintenant, la question, c'est comment on en fait bénéficier aussi à bas coût pour les Français ? Et ça c'est très…

ORIANE MANCINI
Mais juste sur la hausse de la taxe, vous demandez au Sénat de revenir dessus ou vous reviendrez dessus par 49.3 ?

OLGA GIVERNET
Alors là, je laisse Matignon faire les choix budgétaires et Bercy également. Mais la question qui va se poser déjà dans les prochains mois, les prochains jours, c'est : " Est-ce que le texte va arriver au bout sur cette première partie de recettes ? Et donc après, comment est-ce que cela va se passer ? Moi je ne sais pas…

ORIANE MANCINI
Mais est-ce que, par exemple, il peut y avoir un…

OLGA GIVERNET
Mais ce que je peux dire, c'est que je maintiens et c'est ma conviction, que l'énergie doit baisser en termes de prêt…

ORIANE MANCINI
Mais est-ce qu'il peut y avoir un compromis sur la hausse de cette taxe, est-ce qu'elle peut être moindre, même si on a compris qu'il y aura une hausse, c'est en tout cas le souhait du Gouvernement, mais est ce qu'elle peut être moindre qu'initialement prévue ?

OLGA GIVERNET
Oui, elle peut être moindre, pourquoi ? Parce qu'en fait, le dispositif proposé par le Gouvernement est en deux temps, une partie fixe à 25% et une partie variable qui permettra, en fait, de s'adapter au prix du marché au moment où nous aurons à arrêter cela pour début janvier. Donc, l'engagement de 9%, on peut le faire que parce qu'on a cette partie variable et qui pourra s'adapter…

ORIANE MANCINI
Mais est-ce que la taxe, elle, sera moindre qu'initialement prévue ?

OLGA GIVERNET
On a annoncé 9%, voilà, donc pour l'instant, moi, ce que je vais m'attacher à faire, c'est que cette baisse de l'énergie soit effective pour tous les Français, ceux qui ont déjà pu en bénéficier avant à hauteur, enfin 20% des Français et ceux qui vont en bénéficier dès le mois de février, à 80% des Français.

CHRISTELLE BERTRAND
Mais les Français ont déjà payé très cher l'électricité, ces dernières années. Est-ce qu'ils ne pouvaient pas espérer la payer vraiment, réellement moins cher cette année et non pas une taxe sur un domaine qui est extrêmement sensible pour les Français ? On sait que les questions de pouvoir d'achat, aujourd'hui, sont encore importantes.. Pourquoi avoir imposé cette taxe sur ce domaine essentiel à l'entrée de l'hiver ?

OLGA GIVERNET
Parce que les produits en France sont taxés effectivement, qu'il y a de la taxe sur les énergies fossiles, évidemment, que la question de la taxe sur l'électricité, elle se pose également. On sait qu'après la guerre en Ukraine, cela a été un sujet très sensible…

CHRISTELLE BERTRAND
Ça a été un sujet très sensible.

OLGA GIVERNET
… Et vous avez vu les prix ? On a rattrapé, également, notamment sur les entreprises, des situations qui étaient difficiles. Aujourd'hui, nous travaillons avec EDF pour qu'il puisse y avoir des contrats faites avec les industries, notamment celles qui ont besoin de beaucoup d'énergie. Nous travaillons également sur la question de nos réseaux pour pouvoir consolider notre approvisionnement, mais également s'assurer que nous puissions faciliter de manière.

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que ce n'était pas une erreur entrante ?

ORIANE MANCINI
C'est assuré qu'on passera l'hiver de manière durable, il n'y aura pas de problème d'approvisionnement d'électricité, cet hiver ?

OLGA GIVERNET
Alors, moi, je ne sais pas ce qui peut se passer en termes géopolitiques qui pourraient avoir un autre problème ou même en termes de météo. Pour l'instant, ce qu'on prévoit, c'est que nous avons notre parc nucléaire qui fonctionne à plein, nous avons nos cuves pleines au niveau du gaz, également pour venir en complément si nous avons besoin de faire de l'électricité et aussi évidemment pour approvisionner les foyers en gaz. Donc il n'y a pas de souci, il n'y a pas de sujet. Moi, encore une fois, ce que je fais, c'est plus nous allons produire de l'électricité, plus nous allons produire de l'énergie propre en France, plus nous aurons la main sur les prix et plus nous pouvons le faire.

CHRISTELLE BERTRAND
Excusez-moi de revenir deux minutes sur la taxe, pour finir…

OLGA GIVERNET
Et je pense que les Français ont bien compris…

CHRISTELLE BERTRAND
… Non, mais justement les Français…

OLGA GIVERNET
Les Français ont bien compris…

CHRISTELLE BERTRAND
Les Français ont réagi énormément sur cette taxe…

OLGA GIVERNET
Le bouclier tarifaire, c'est fini, on ne peut plus se permettre, la France ne peut plus se permettre. Donc en fait, on est en train de regarder à la baisse, le programme que vous faites avec ce discours d'augmentation de taxe et qu'ils croient, en fait à la fin du fin, qu'ils vont augmenter leur facture. Ce n'est pas vrai, la facture va baisser, la taxe…

ORIANE MANCINI
Mais moins qu'elle aurait pu baisser sans la taxe, elle va baisser moins que ce qu'elle aurait pu baisser…

OLGA GIVERNET
Notamment, Mais comme toutes les taxes qui s'appliquent sur tous les produits.

CHRISTELLE BERTRAND
Alors, les députés macronistes à l'Assemblée nationale se sont abstenus sur l'augmentation de cette taxe, craignant les conséquences dans l'opinion publique. Globalement, ils n'étaient pas très nombreux pour discuter de ce budget. Est-ce que vous comprenez cette politique de la chaise vide du groupe macroniste à l'Assemblée nationale dont vous êtes élu, que vous étiez lu avant de devenir ministre ?

OLGA GIVERNET
Alors vous savez, je faisais partie de ce groupe comme vous le dites, c'est Ensemble pour la République. Moi, je suis toujours très attachée, on reste très en lien. D'ailleurs, je participe aux réunions de groupe les mardis matin. On sait que la question du budget est difficile, il fait partie du socle commun, donc en soutien avec le Gouvernement mais on sait aussi que ce socle commun n'est pas majoritaire. Il est en majorité relative donc s'il y a une décision des autres groupes de faire coalition, et bien, ils peuvent complètement changer le texte et à la fin du faire renverser le…

CHRISTELLE BERTRAND
Surtout quand ces députés sont absents.

OLGA GIVERNET
Sur le fait qu'il y a un texte qu'ils ne voteront pas alors qu'en fait…

CHRISTELLE BERTRAND
Je vous ai interrogé sur l'absentéisme des députés macronistes.

OLGA GIVERNET
Alors moi, je ne suis pas comptable.

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que vous comprenez la politique de la chaise vide ?

OLGA GIVERNET
Je ne crois pas qu'il y ait une politique de la chaise vide. Je crois qu'il y a des députés qui sont à la tâche, qui sont aussi sur le terrain pour pouvoir expliquer ce qui est en train de se passer. Ça, je l'ai fait. Moi, je viens du département de l'Ain et donc, de trouver le bon équilibre entre les sujets qui les concernent à l'Assemblée nationale mais je ne crois pas qu'ils soient plus absents que les autres. Je veux dire,…

CHRISTELLE BERTRAND
Eux disent, pour en avoir rencontré, un certain nombre se disent dégoûtés, j'emploie les mots qu'ils prononcent par ce budget qui ne correspond pas à ce qui a été fait pendant sept ans, voire qui détricote ce qui a été fait pendant sept ans. Est-ce que vous comprenez ce point de vue ?

OLGA GIVERNET
Alors moi, je peux comprendre que ce que peuvent dire chacun des députés.

ORIANE MANCINI
Mais vous ne le dites pas en réunions de groupe si vous y êtes tous les mardis ?

OLGA GIVERNET
Mais chacun a pu s'exprimer sur certains des points et la déception, bien sûr que moi, j'ai une déception que sur mon budget, effectivement, j'ai eu une baisse notamment sur les aides à l'électrification des véhicules. Mais je crois que sur la question de la fiscalité notamment et des recettes, tout le monde est bien conscient qu'il va falloir faire tous des efforts. Voilà, donc on peut se dire que chacun, certains ont eu un peu plus, certains ont eu un peu moins. Il va falloir faire avec le budget que nous avons. Moi, je vais continuer de porter ma politique énergétique pour être en faveur des Français, faire baisser la fiscalité sur les Français, avoir un meilleur pouvoir d'achat.

ORIANE MANCINI
Vous l'auriez voté vous ? Vous l'auriez défendu ce budget si vous étiez encore députée ?

OLGA GIVERNET
Ecoutez-moi, j'aurais participé évidemment à tous les débats et je ne les suis pas complètement. Je m'en remets au compte et au budget, ce sont mes collègues de Bercy qui le font. Mais effectivement, en fait, on le comprend. Il y a une position également de ne pas augmenter les impôts sur les Français, de ne pas augmenter les impôts sur les entreprises également, de ne pas arrêter tous les efforts qui ont été faits en terme d'économie.

CHRISTELLE BERTRAND
De l'allègement de charges, notamment sur les entreprises.

OLGA GIVERNET
Et justement, de faire en sorte que la dynamique de l'emploi, qui était portée par ces allègements de charges, permette toujours de se poursuivre et de pouvoir maintenir les recettes.

CHRISTELLE BERTRAND
Eux se plaignent beaucoup des relations avec les LR à l'Assemblée nationale. Est-ce que vous, ministre macroniste, au sein de ce Gouvernement composé de macronistes et de républicains, vous avez le sentiment d'être écoutée, entendue, de peser ?

OLGA GIVERNET
Alors moi, je suis sur mon portefeuille auprès d'Agnès PANNIER-RUNACHER, qui est ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat et de la Prévention des risques. Nous avons ce pôle-là à notre main en fait puisqu'on vient toutes les deux du groupe Ensemble pour la République.

CHRISTELLE BERTRAND
Agnès PANNIER-RUNACHER qui a une relation tendue avec Michel BARNIER.

OLGA GIVERNET
Et de pouvoir aussi continuer de porter une politique, de l'adapter en fonction du contexte et de faire valoir aussi dans ce pôle une position forte, une position qui incarne la gauche. C'est ce qu'elle souhaite faire et moi, je la suis complètement sur ce sujet-là puisque nous souhaitons faire passer des messages, mettre en place…

CHRISTELLE BERTRAND
Auprès de Matignon vous voulez dire, faire passer des messages auprès de Matignon.

OLGA GIVERNET
Auprès de Matignon et parmi voilà, dans les échanges qu'il peut y avoir avec d'autres ministres.

ORIANE MANCINI
Comment ça s'est passé hier, le séminaire gouvernemental ?

OLGA GIVERNET
J'allais vous en parler.

ORIANE MANCINI
Comment ça s'est passé ?

OLGA GIVERNET
On a eu … C'était un format un peu différent que le précédent séminaire, puisqu'on est resté tous autour de la table. Et puis, les thématiques sont venues. Malheureusement, la thématique sur laquelle moi j'étais… à intervenir, qui était les outre-mer, il va falloir qu'on reprogramme parce que les discussions ont pris longtemps sur les différentes thématiques. Mais je pense que c'était important pour réussir cette mise en place d'une feuille de route d'un Gouvernement finalement de coalition. Enfin, il n'y a pas forcément d'identité, si ce n'est celle de Michel BARNIER et de quelques ministres individuels qui vont pousser leurs sujets et parfois, on ne se retrouve pas forcément.

ORIANE MANCINI
C'est trop à droite pour vous ?

OLGA GIVERNET
Il y a des tendances qui sont difficilement rééquilibrables, c'est pour ça que sur le pôle que nous tenons avec Agnès PANNIER-RUNACHER, … politique de maintien et de soutien en faveur du pouvoir d'achat.

ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il y a eu des messages qui ont été passés par Michel BARNIER ? Est-ce qu'il y a eu des recadrages notamment qui visaient votre pôle ?

OLGA GIVERNET
Alors, moi, je ne les ai pas reçus en direct. Je laisse les discussions se faire, donc je…

ORIANE MANCINI
Vous ne vous êtes pas sentie visée par d'éventuels recadrages ?

OLGA GIVERNET
Je n'en ai pas pris du tout connaissance et non pas du tout. Je crois qu'il est toujours… En tout cas, le message qu'il a voulu dire, c'est qu'on fait toujours attention aux Français. On est beaucoup dans l'humilité et…

ORIANE MANCINI
Il n'a pas appelé à plus de solidarité gouvernementale ?

OLGA GIVERNET
Alors, cette question de la solidarité, mon ministère doit travailler avec le transport. Nous devons décarboner, donc décarboner les transports, ça veut dire que je suis en discussion avec eux, avec les transports, je suis en discussion avec l'industrie, je suis en discussion avec la mer puisque le maritime dépend de la mer. Je suis en discussion aussi sur les questions économiques et numériques. Même je disais, je suis en discussion avec la culture puisque les architectes des bâtiments de France sont souvent sollicités sur des rénovations.

CHRISTELLE BERTRAND
Puisqu'on parle de culture, vous avez l'impression qu'il y a une culture différente entre vous, ministres Renaissance et les ministres républicains ?

OLGA GIVERNET
Je pense qu'il y a une différence d'approche, oui. Ils ont un historique bien plus long mais nous, on a quand même l'exercice du pouvoir depuis sept ans, avec des réformes, une volonté de continuer, de pousser les réformes pour donner aux Français cette capacité d'émancipation, cette capacité de trouver un travail et de pouvoir mieux vivre.

CHRISTELLE BERTRAND
Vous allez être reçue aujourd'hui par Anne GENETET, au ministère de l'Education, pour un déjeuner ?

OLGA GIVERNET
Alors non, moi, je suis sur la visite d'Etat du Kazakhstan, voilà.

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que vous étiez citée pour être reçue parmi les invités du jour. Donc, elle reçoit des ministres macronistes aujourd'hui. En tous les cas, êtes-vous au courant d'une volonté de constituer un groupe de ministres macronistes afin de peser sur la politique ? Est-ce que c'est quelque chose qui n'est pas dans le projet ?

OLGA GIVERNET
C'est dans notre volonté, on se voit régulièrement effectivement, soit au moment des réunions de groupe à l'Assemblée nationale, soit même ensemble dans d'autres circonstances pour échanger nos différends parce que sinon, on reste en fait un peu dans nos ministères, sur nos déplacements, sur le terrain mais on n'a pas forcément l'occasion de beaucoup se voir. Vous savez, le Conseil des ministres, par exemple, et bien, il y a les ministres de plein exercice qui y assistent, mais les ministres délégués n'y assistent pas de la même manière que les questions au Gouvernement. On n'est pas forcément toujours ensemble, donc on a peu d'occasions de se retrouver tous ensemble. Et puis, dans un contexte qui nous permet d'échanger plus particulièrement.

ORIANE MANCINI
Christelle.

CHRISTELLE BERTRAND
Oui alors pour reparler du budget, on voit qu'il crée pas mal d'émotions aujourd'hui parmi les Français. Notamment, on en entend parler, peut-être le 16 novembre, d'une reprise des mouvements des gilets jaunes. Est-ce que le Gouvernement est particulièrement attentif à ce dossier-là ?

OLGA GIVERNET
Sur une reprise des mouvements potentiellement ?

CHRISTELLE BERTRAND
Notamment des fonctionnaires, ça a été annoncé, mais éventuellement des gilets jaunes et notamment sur la taxe électricité.

OLGA GIVERNET
Rien n'est à exclure…

CHRISTELLE BERTRAND
On vous a appelé à la vigilance.

OLGA GIVERNET
On est vigilant sur nos prises de parole, sur faire très attention, de bien expliquer pourquoi on fait les choses et puis, quand on les a trop expliquées, de faire attention aussi ne pas prendre les Français pour des imbéciles en leur faisant croire autre chose. Donc, on a une vigilance et on va sur notre parole publique…

CHRISTELLE BERTRAND
On voit que pour voter la taxe d'habitation par exemple, ça crée beaucoup d'émotion. Est-ce que c'était une erreur politique ?

OLGA GIVERNET
Je ne sais pas d'où c'est sorti mais je crois que Catherine VAUTRIN a dit qu'il n'était pas question de revoir venir la taxe d'habitation donc parfois,…

ORIANE MANCINI
Et dans le même temps, elle parle d'une participation possible au fait de vivre dans une ville et dans un village. On n'a pas très bien compris. Vous allez me dire que ce n'est pas votre ministère.

OLGA GIVERNET
Non, voilà.

ORIANE MANCINI
On va parler de votre ministère, vous avez présenté hier votre stratégie bas carbone et la programmation pluriannuelle de l'énergie avec des objectifs confirmés, ces objectifs annoncés de réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. On va rentrer dans le détail mais d'abord, il y a un texte qui a été voté au Sénat il y a quelques jours, qui reprend grosso modo ce que vous avez annoncé hier. Est-ce que le Gouvernement va l'inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée ?

OLGA GIVERNET
Alors, c'est la proposition de loi de l'année dernière. On a beaucoup travaillé, nos équipes ont beaucoup travaillé avec les sénateurs, les corapporteurs, l'auteur également, parce que c'était un texte qui, au début, ne rentrait pas du tout dans la stratégie gouvernementale, trop déséquilibrée. Et voilà, moi, j'ai décidé, c'est ce que j'ai proposé à Matignon et au Premier ministre, qu'on puisse quand même aller au bout des discussions, des négociations et de savoir ce qu'on pouvait se donner. Il faut un véhicule législatif pour qu'on puisse voir adopter ensuite la programmation pluriannuelle de l'énergie. Le gros texte, c'est la programmation pluriannuelle de l'énergie, c'est ça qui est important. Et ça, ça ne passe pas en texte législatif, c'est du réglementaire. En revanche, il nous faut des adaptations législatives et on a vu potentiellement une opportunité de trouver un chemin. On l'a trouvé au Sénat. Est-ce qu'on le trouvera à l'Assemblée nationale ? Pour l'instant, on le cherche.

ORIANE MANCINI
Ça veut dire que vous n'allez pas l'inscrire…

OLGA GIVERNET
J'étais en discussion…

ORIANE MANCINI
Vous n'êtes pas parti pour l'inscrire ?

OLGA GIVERNET
J'étais en discussion avec Yaël BRAUN-PIVET, hier, voilà, pour évoquer la question de savoir, en fonction de nos avancées de discussions avec les différents groupes, du socle commun, évidemment, mais au-delà, puisque si on veut que ça passe, il faut qu'il y ait une majorité absolue. Et, donc, je sais qu'il y a aussi d'autres textes à passer, notamment la fin de vie, et puis, alors, pour le coup, ce n'est pas mon sujet non plus mais, je suis tout à fait attaché à soutenir un texte qui puisse être, de nouveau, déposé à l'Assemblée pour la fin de vie. Et donc il faut trouver le bon calendrier pour pouvoir se positionner et continuer les débats. Je crois que, moi je suis une parlementaire, donc je suis attachée au débat parlementaire, et si cette loi de programmation vient au travers d'une initiative parlementaire, eh bien, mois, je ne vois pas plus d'inconvénients que cela.

ORIANE MANCINI
Au moment des débats, il s'est posé la question, évidemment, du financement, vous aviez parlé d'une concertation, elle sera lancée quand, cette concertation ?

OLGA GIVERNET
Sur la concertation sur…

ORIANE MANCINI
Sur le financement de tout ça.

OLGA GIVERNET
Ah sur le financement, de quoi ? Du nouveau nucléaire ?

ORIANE MANCINI
Oui.

OLGA GIVERNET
Les discussions sont en train d'avancer avec EDF pour pouvoir, d'abord, arrêter un prix puisqu'il y a déjà eu un devis, il faut pouvoir l'ajuster, maintenant nous avons Flamanville et donc la question de savoir comment on va pouvoir financer ? L'Etat a participé à ce financement, elle est importante. Là, on a juste…

ORIANE MANCINI
Pardon, sur Flamanville, il commencera quand à produire de l'électricité, concrètement, Flamanville ?

OLGA GIVERNET
Flamanville a déjà commencé à fonctionner, ce sont des périodes de rodage qu'on ne peut comprendre que sur une infrastructure comme cela, il va se lancer. D'ailleurs, on espère pouvoir faire une inauguration très prochainement et qu'elle puisse, voilà…

ORIANE MANCINI
Très prochainement, c'est quand ?

OLGA GIVERNET
Pour l'instant, ce n'est pas arrêté mais vu que c'est un…

ORIANE MANCINI
C'est d'ici la fin de l'année ou c'est 2025 ?

OLGA GIVERNET
Alors là pour le coup, comme tout le monde veut y participer, c'est-à-dire du président de la République au Premier ministre, là je ne m'engage pas à coordonner les agendas des uns et des autres. Donc ce sera ce sera, je l'espère, dans les meilleurs délais. L'objectif, c'est de nous de démontrer que le nucléaire existant fonctionne et qu'il puisse nous apporter suffisamment d'énergie et d'électricité dans les années et les décennies à venir, parce que le nouveau nucléaire, le temps qu'il arrive, on n'est pas avant 2035.

ORIANE MANCINI
Juste, parce que là on a compris, il y a une relance du nucléaire, vous l'avez dit, lancement d'un programme de construction de réacteurs nucléaires de nouvelle génération, ça veut dire qu'il n'y aura pas de fermetures de réacteurs ?

OLGA GIVERNET
Alors tous les réacteurs viendront à fermer un jour, la question, c'est quand ? Un réacteur…

ORIANE MANCINI
Parce que dans la précédente PPE, il y avait, Programmation Pluriannuelle de l'Energie, il y avait inscrit fermeture de quatorze ans.

OLGA GIVERNET
Ce sont des fermetures de site, moi, ce que je souhaite, c'est qu'aujourd'hui, il y a des sites qui sont identifiés, sont déjà avec des réacteurs existants qui vont potentiellement fermer, également, dans les dans les années ou décennies à venir, mais qui voient arriver de nouveaux réacteurs. Ce sont les EPR 2, il y a 6 EPR qui ont été déjà attribués, huit qui doivent être de nouveau attribués. Donc là, je crois qu'il faut prendre en compte qu'il y a un cycle de vie de nos infrastructures de production. On ferme les centrales à charbon, là, c'est fini, on brûlera plus le charbon en 2027 et bien, il y a des centrales, quand elles sont vieillissantes, à quel moment est ce qu'on les ferme ?

ORIANE MANCINI
Mais à quel moment ? Ça veut dire, est-ce qu'on attend que les nouveaux EPR soient livrés en ordre de marche pour fermer des réacteurs ou il y aura des fermetures de réacteurs avant ?

OLGA GIVERNET
C'est le principe de la concertation autour de la programmation pluriannuelle de l'énergie, c'est de voir, en fait, quelles seront nos infrastructures qui sont disponibles en fonction de leur état d'entretien, de maintenance et de sécurité. Evidemment, moi, je tiens à rassurer les Français, nous maintenons à un plus haut niveau de sécurité nos centrales nucléaires. Elles étaient prévues pour 40 ans, on peut les pousser à 50 ans. J'avais demandé un rapport qui les pousse également à 60 ans. Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, elles vont jusqu'à 80 ans, donc la question, c'est de savoir, est-ce qu'on n'est capable, quand on fait de la maintenance, de remplacer l'ensemble des pièces au fur et à mesure qu'elles puissent…

ORIANE MANCINI
Est-ce que, par exemple, d'ici 2030, il y aura de nouvelles fermetures de réacteurs ?

OLGA GIVERNET
Alors, je ne les ai pas en tête, les réacteurs, exactement, mais je ne crois pas, parce qu'en fait, la plus vieille, elle est chez moi, c'est Bugey. On est sur ce qu'on appelle un grand carénage, c'est-à-dire une grande maintenance, une grande visite décennale. Tous les dix ans, on refait cette grande visite, est repartie pour dix ans donc elle n'a pas de près, 2030 n'est pas la date prévue et la question ce sera de savoir réellement après un rapport d'expert, ce ne sera pas le ministre qui dira oui, on prolonge ou on ne prolonge pas, ce sera rapport d'experts, ce sera ensuite l'ASNR qui est la nouvelle agence de sécurité nucléaire qui devra se positionner et, nous, nous suivrons les rapports d'experts. Je suis un scientifique, je suis très attachée à ce qu'il y ait une vraie analyse scientifique, technologique et de savoir comment on peut poursuivre l'utilisation de nos infrastructures.

ORIANE MANCINI
Un dernier mot, vous nous en avez un peu parlé tout à l'heure, puisque dans ce que vous avez présenté hier, il y a aussi une volonté de plus de véhicules électriques. L'objectif, c'est deux tiers de ventes de voitures électriques d'ici 2030, 15 % de voitures électriques dans le parc. En 2030, on en est loin, on est un petit peu plus de 2 %. Et dans le même temps, il y a une diminution du bonus à l'achat. Est-ce que vous regrettez cette diminution ? Est-ce que ces deux objectifs ne sont pas complètement contradictoires ?

OLGA GIVERNET
Arrêtez, je vous l'ai dit tout à l'heure sur le budget, je peux regretter qu'il y ait une baisse, bon, on participe à l'effort collectif de…

ORIANE MANCINI
Est-ce que vous demandez à Matignon de revenir sur cette décision ?

OLGA GIVERNET
Oui, on a fait tous nos demandes, notre liste de courses pour pouvoir avoir plus d'argent, parce qu'on pense que notre dispositif est le plus important dans la politique que l'on veut mener.

CHRISTINE BERTRAND
Pour l'instant, on vous répond non ?

OLGA GIVERNET
Mais pour l'instant, il y a des arbitrages, nous, on a identifié les dispositifs qui étaient les plus percutants, le leasing social, donc, c'est de pouvoir relancer, à l'attention des ménages les plus modestes, la possibilité de louer de manière longue durée, un véhicule à 100 euros par mois pour pouvoir se déplacer, le leasing social, puis le bonus écologique également, qui permet d'avoir une baisse du prix parce qu'on sait que les véhicules électriques sont encore plus chers que les véhicules thermiques. C'est en train de baisser, mais le salon de l'automobile, on a vu les efforts qui étaient faits et la capacité à baisser les prix des véhicules électriques. Et donc avec ces deux dispositifs, de pouvoir toujours soutenir cette demande. Et enfin, il y a un troisième point qui m'est particulièrement cher, c'est le verdissement des flottes professionnelles, on sait que les professionnels achètent pour 50 % les véhicules de demain. Ce sont les véhicules d'occasion de demain, ils ont des obligations d'acheter des véhicules propres, des véhicules électriques et ne sont pas au rendez-vous, ils ne font pas marcher l'économie, d'ailleurs, Ça met en difficulté les constructeurs automobiles. Moi, j'en appelle à une vraie solidarité dans le milieu économique pour pouvoir faire tourner, justement, cette économie du véhicule électrique.

ORIANE MANCINI
Merci Olga GIVERNET.

OLGA GIVERNET
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 novembre 2024