Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
07 h 36, bonjour Adrien GINDRE, votre invité, ce matin, François DUROVRAY, ministre délégué en charge des Transports.
ADRIEN GINDRE
Bonjour François DUROVRAY.
FRANÇOIS DUROVRAY
Bonjour Adrien GINDRE.
ADRIEN GINDRE
La ligne TVG Paris-Lyon-Marseille va fermer, ce week-end à partir de ce soir 23 h jusqu'à mercredi matin 5 h. La SNCF installe une nouvelle signalisation, je précise que ça n'impacte pas la ligne TER. Si on veut se déplacer ce week-end, la consigne, le conseil, c'est quoi, rester chez vous ?
FRANÇOIS DUROVRAY
D'abord, ce sont des voyages qu'on prépare généralement à l'avance. Il y a évidemment toujours des trains, mais des trains qui seront plus lents, ceux qui existaient il y a 40 ans. Donc Paris-Lyon ça sera un peu plus de 4h, Paris-Marseille 7h. Mais ce qui est surtout important, c'est de savoir pourquoi on fait ces travaux ?
ADRIEN GINDRE
Pour moderniser la signalisation, pour pouvoir faire passer plus de trains.
FRANÇOIS DUROVRAY
Exactement, en fait cette signalisation, ça va permettre à la fois de gagner en sécurité, en fréquence. On va passer de 13 à 16 TGV par heure sur l'axe Paris-Lyon qui est un des plus empruntés en Europe. Et ça va permettre également à tous les trains à l'échelle de l'Union européenne de communiquer avec la voie, ce qui est important pour développer les transports publics.
ADRIEN GINDRE
Vous avez entendu les critiques tout de même. Ce sont des travaux qui ont lieu sur un week-end prolongé, là où des familles sont touchées. Pour préserver " Le trafic d'affaires en semaine ".
FRANÇOIS DUROVRAY
D'abord, le week-end a été choisi parce que c'est un des week-end où il y a le moins de trafic. Et évidemment c'est impactant, ça a été prévu longtemps à l'avance. Vous savez que ce sont des travaux de quasiment un milliard d'euros qui vont mobiliser ce week-end.
ADRIEN GINDRE
C'était le bon choix de choisir un week-end branché comme ça ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Bien sûr, qui vont mobiliser 1 000 agents de la SNCF que je veux saluer. Un travail monumental, 57 000 branchements qui vont être vérifiés pendant le week-end. Je pense que les Français sont capables de comprendre que ça ne se fait pas d'un claquement de doigts.
ADRIEN GINDRE
Cette ligne TGV Paris-Lyon-Marseille, elle a une particularité, elle est très rentable pour la SNCF. Elle permet aussi de financer des dessertes qui sont moins rentables. Vous connaissez par coeur les inquiétudes autour de l'ouverture à la concurrence. Ça va modifier l'équilibre financier, dit-on. Est-ce que vous pouvez garantir que les TGV continueront de desservir avec la même fréquence toutes les gares ? Je pense notamment aux inquiétudes autour du Creusot, de Saint-Etienne, de Saint-Malo, de Chambéry ou encore Annecy.
FRANÇOIS DUROVRAY
Alors sur l'axe que vous venez d'indiquer, Creusot, je le garantis. L'ouverture à la concurrence c'est du bien et on le voit sur Paris-Lyon, c'est à la fois plus de trafic, plus de trains et des billets moins chers. En revanche, c'est vrai qu'il y a un enjeu d'aménagement du territoire. Et c'est la raison pour laquelle, avec mes équipes, je suis en train de travailler pour que les concurrents de la SNCF, lorsqu'ils prennent des lignes, assurent, comme la SNCF une forme de péréquation. C'est-à-dire que lorsqu'on fait Paris-Lyon, on s'arrête au Creusot. Lorsqu'on fait Paris-Rennes, on va jusqu'à Saint-Malo de temps en temps. Et ça, ça fait partie des règles auxquelles je suis très attaché en tant que ministre des Transports.
ADRIEN GINDRE
Si j'ai bien compris, vous dites aujourd'hui, " Je peux me porter garant sur le Creusot, mais pour Saint-Etienne, Saint-Malo, Chambéry, Annecy, par exemple, le travail reste à faire ".
FRANÇOIS DUROVRAY
Non, c'est simplement que pour le Creusot, c'est décidé. Et les prochaines lignes, ça sera les mêmes règles qui s'appliqueront.
ADRIEN GINDRE
Donc ça veut dire qu'en gros, ce que vous demandez, c'est que les futurs concurrents de la SNCF devront payer eux aussi. Il faut mettre la main au porte-monnaie.
FRANÇOIS DUROVRAY
Ah ben, c'est simplement à partir du moment où ils veulent venir sur le réseau, c'est à leur bénéfice. Mais aussi, il faut qu'ils assurent des certes d'aménagement du territoire. C'est une règle que je vais fixer pour l'ensemble des opérateurs de la SNCF comme ses concurrents.
ADRIEN GINDRE
Donc il sera contraignant, ce sera une obligation de desservir ces lignes.
FRANÇOIS DUROVRAY
En faites, rentrer dans les détails, on va mettre en concurrence des lots. Et lorsqu'une entreprise accepte un lot, elle doit l'accepter avec des éléments très positifs…
ADRIEN GINDR
En intégralité.
FRANÇOIS DUROVRAY
Puis, d'autres qui nécessitent une desserte.
ADRIEN GINDRE
Comme ça se fait ailleurs en Europe. Alors il y a quand même déjà un appel à la grève, à la SNCF, le 21 novembre, notamment contre cette ouverture à la concurrence, contre le démantèlement de FRET SNCF également. Je précise, l'intersyndical dit que c'est un ultimatum avant un mouvement de grève plus long et plus fort en décembre. Est-ce que vous pensez pouvoir éviter ce mouvement plus long et plus fort en décembre ?
FRANÇOIS DUROVRAY
D'abord, c'est la responsabilité de la direction de la SNCF que j'ai invité à dialoguer. Dans n'importe quelle grande entreprise, lorsqu'il y a des difficultés, on doit commencer par dialoguer.
ADRIEN GINDRE
Dialoguer et faire des concessions.
FRANÇOIS DUROVRAY
Je l'indique à la direction de la SNCF comme au syndicat. On a une très belle entreprise qui a eu de très belles réussites. Je voudrais que l'esprit des J.O. perdure. C'est une entreprise qui va bien, qui d'ailleurs l'a rendue à ses salariés au travers d'augmentation salariale. J'espère que les discussions qui vont être conduites dans les prochains jours permettront d'aboutir à un accord.
ADRIEN GINDRE
Sauf que François DUROVRAY, là, ce n'est pas une grève pour demander des augmentations de salaire. Là, c'est une grève pour protester contre des règles européennes qui nous sont imposées. Est-ce que vous êtes convaincu sur le fond du bien-fondé de cette ouverture à la concurrence et de la disparition de FRET SNCF ? Est-ce que vous dites, on le subit ou on le choisit ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Alors, excusez-moi, ce n'est pas la disparition de FRET SNCF c'est la transformation de fret de SNCF…
ADRIEN GINDRE
C'est la transformation de FRET SNCF tel qu'elle n'existera plus.
FRANÇOIS DUROVRAY
Ben, il y a deux nouvelles entreprises qui vont être créées à partir du…
ADRIEN GINDRE
Ça ne suffit pas à rassurer les syndicats ?
FRANÇOIS DUROVRAY
… Non, mais ça suffit pas, et malheureusement, parce que, et concrètement, aujourd'hui, FRET SNCF est une entreprise qui a un potentiel extraordinaire parce que les entreprises veulent davantage faire circuler leurs marchandises par le fret que par la route, par exemple. Et donc, on a un potentiel important avec la capacité de développer cette action. Et moi, j'invite évidemment les agents de la SNCF à s'engager dans ce beau challenge.
ADRIEN GINDRE
En creux, dans ce que vous dites, je ne vois pas la solution pour éviter la grève en décembre.
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais encore une fois, je suis ministre des Transports. Je ne suis pas patron de la SNCF et c'est au patron de la SNCF et à ses équipes de discuter avec ses salariés.
ADRIEN GINDRE
L'intersyndical vous fait tout de même, vous, un appel. Ils disent : " Le ministre peut abandonner son plan CarExpres, c'est un plan pour connecter des villes entre elles pour 2025, et se consacrer au service public ferroviaire et à son financement ". Qu'est-ce que vous leur répondez ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Pourquoi opposer le train que j'ai envie de développer ? Le train de voyageurs, le train de fret, avec les CarExpress qui n'ont absolument pas le même objet. Les CarExpress, c'est quoi ? C'est tout simplement offrir des transports publics à ceux qui n'en ont pas. On a, en France, 10 millions de personnes qui, tous les jours, font plus de 50 kilomètres en voiture sans avoir d'alternative au transport. Ma responsabilité de ministre, c'est aussi d'offrir des transports à ceux qui n'en ont pas. Et donc, on va essayer de développer les CarExpress avec les régions, avec les métropoles qui sont très intéressées par ce dispositif. Et je peux vous dire que c'est à la fois une très bonne mesure de pouvoir d'achat parce que lorsqu'on monte dans des CarExpress, on peut diviser jusqu'à dix le prix de ces transports et c'est une bonne mesure écologique.
ADRIEN GINDRE
C'est-à-dire que c'est un peu, le prix des billets ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Le prix des billets, ce n'est pas à moi de le déterminer, c'est aux autorités qui l'organisent, aux régions, aux métropoles. Mais vous savez que les tarifs sont très faibles, il y a des abonnements, et donc, c'est très accessible. Ça permet de gagner en pouvoir d'achat. Ça permet de gagner également en termes de gaz à effet de serre, on divise par dix. Et ça permet de gagner aussi en temps.
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi ? Parce que vous dites qu'il y a moins de voitures qui circulent ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Eh bien, évidemment, quand vous prenez.
BRUCE TOUSSAINT
Mais le car, ce n'est pas un car propre, ce n'est pas un car électrique ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Les cars, il y a de plus en plus des cars propres, mais lorsqu'on monte dans un car, généralement, on n'est pas seul, on est une trentaine, et on divise jusqu'à dix, les émissions de gaz à effet de serre. Et il y a un dernier point, je me permets de le dire, c'est quand même aussi du temps gagné. Quand vous êtes dans votre voiture dans les embouteillages, vous ne pouvez rien faire d'autre. Lorsque vous êtes dans un car assis confortablement, vous pouvez lire, vous pouvez regarder « Bonjour sur TF1 », vous pouvez dormir, vous pouvez faire d'autres choses…
ADRIEN GINDRE
Il y aura combien de lignes ? À quelle date ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Les lignes, encore une fois, c'est aux collectivités de le décider, moi, je souhaite qu'il y en ait des centaines à travers le pays et les premières dès l'an prochain.
ADRIEN GINDRE
Un tout petit mot rapidement. Vous avez lancé une consultation en ligne sur le futur des transports. Je l'ai regardé, il y a toute une série de propositions très intéressantes, financer un plan vélo, puisqu'il supprimé, interdire la publicité pour des véhicules thermiques, électrifier des lignes de train qui ne le sont pas encore. Ces propositions-là, c'est oui, c'est non ?
FRANÇOIS DUROVRAY
D'abord, toutes les propositions sont intéressantes. Moi, ce que je note, c'est qu'en 4 jours, on a déjà 2 500 personnes qui se sont connectées, principalement sur des sujets de transport, parce que ça intéresse et c'est la vie quotidienne des Français. Et lorsque la consultation sera terminée dans 6 semaines, on va analyser tout ça. Moi, ce que je note, c'est qu'il y a déjà beaucoup de propositions intéressantes.
ADRIEN GINDRE
Sur le plan vélo notamment, deux milliards promis par Elisabeth BORNE, ils ont disparu.
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais il y a des difficultés, en responsabilité, on fait des choix. L'État aménage les pistes cyclables le long des routes nationales, ce qui est sa responsabilité. Les collectivités locales doivent le faire le long de leur route communale ou départementale, ce qui est également leur responsabilité.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup, François DUROVRAY, merci à Adrien GINDRE. On va se retrouver dans quelques instants pour la suite.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 novembre 2024